Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.
Docteur en droit canon, professeur à l’Université pontificale du Latran, ce canoniste laïc belge, membre du « Staff Généralat » de la Congrégation des Frères de la Charité, a collecté les modifications apportées à dix canons qui concernent directement les membres de la vie consacrée.
Prise dans la tourmente ecclésiale venue de France, la vie consacrée n’a-t-elle qu’à se laisser défaire par la révélation des impostures qui lui sont imputables ? Sous la plume de Noëlle Hausman, s.c.m., directrice de notre revue, commence une réflexion que d’autres pourraient poursuivre ou remoduler, en partageant ce qu’ils voient poindre des chemins où l’Esprit sépare de son souffle la balle et le grain.
Né en Lituanie dans une famille de militaires russes, catholique de conversion, le nouveau prieur du couvent dominicain de Marseille poursuit désormais un ministère de prédication, d’enseignement et d’accompagnement qui l’a déjà conduit à publier un bel ouvrage sur la paternité spirituelle et ses contrefaçons (voir la recension ici). Il nous rend ici le service de revenir sur un texte récent, encore mal connu.
Comme nous l’avons déjà découvert dans la formule de profession des Salésiens de don Bosco (Vies consacrées 79, 2007-4, p. 281-287), la liturgie des vœux éclaire singulièrement l’existence religieuse. Dans la Compagnie de Jésus, les premiers vœux engagent le profès temporaire à entrer dans la Compagnie, et demandent la grâce pour accomplir le désir ainsi offert. La manière dont saint Ignace conçoit l’intégration aux œuvres de son ordre et, plus profondément, à la mission de l’Église, peut donc être entendue comme un temps d’élection, et surtout, une demande instante de confirmation dans l’amour, lequel dépasse toute détermination humaine et spirituelle.
C’est avec l’accord de l’auteur que nous publions, enfin, en forme de « Courrier des lecteurs », ce texte (déjà ancien de deux ans) du Père Nothomb, m.a. Ses premières phrases le disent clairement, c’est en écho à l’article du P. Clodovis Boff (V.C. 1999, p. 377-395) que ces lignes ont été écrites. Il ne s’agit pas d’une polémique, mais d’un « je voudrais y ajouter quelque chose » et c’est à propos de « l’après », à propos de ce qui se vit suite à la sortie de la vie religieuse. On se souviendra en effet (et on le relira peut-être) que l’article « source » s’intitulait : « Considérations indignées » et proposait, en quelque sorte, un examen de conscience au vu de certains « abandons » surprenants et vécus douloureusement par le Père Cl. Boff. C’est aussi une réflexion personnelle et au titre d’une expérience exprimée en « je » que le P. Nothomb nous invite, qui ne le ferait, à redire que « Dieu est fidèle ». Avec la permission de l’auteur, nous donnons cette note pour prévenir une interprétation « laxiste » de ce « Courrier des lecteurs » qu’en aucun cas l’auteur ne cautionnerait. Dans ces quelques pages, il ne s’agit pas de déterminer le degré de responsabilité ni la culpabilité de la personne dont l’exemple relate une faute objectivement grave par laquelle – avant de quitter l’état religieux – le vœu de chasteté avait été lésé et la charité théologale blessée. La décision de sortir de l’Institut, elle-même, n’est pas l’objet de la réflexion qui suit (certaines Constitutions d’ailleurs font une obligation de quitter à celui qui s’est mis dans la situation évoquée). On ne cherchera donc pas à évaluer ce qui, dans la situation nouvelle où se trouve la personne, et qu’elle a assumée avec courage, est « plus humble » ou même « plus évangélique ». Sans doute, la fidélité ou l’infidélité ne se mesure pas – et qui le peut d’ailleurs ? – en séparant l’engagement baptismal (tendre vers la sainteté) des engagements des vœux (qui ne seraient que de l’ordre des moyens), ce qui a été parfois la doctrine enseignée, mais qui ne tenait pas assez compte de l’unité spirituelle de toute histoire personnelle. On pourra donc souligner, plus que ne le fait l’article, le lien entre le théologal et le moral dans la personne singulière qui répond librement à une vocation en choisissant tel état de vie et la pratique qui en découle du plus intime au plus « externe ». Il reste que l’on se laissera toujours inviter, par la croix du Christ, à la miséricorde qui fait vivre sans occulter la faute qui, reconnue et pardonnée, sera le lieu d’un « plus grand bien », dans une vie encore et toujours aimée et appelée à la sainteté, (ndlr).
Le titre modeste de cette méditation « en écho » qui accompagnait la Conférence des Supérieures Majeures de France en novembre 1996 ne doit pas cacher l’originalité de la formulation de ce qui est au centre de la spécificité de la vie religieuse apostolique. Et de son avenir. « Si notre Dieu est celui qui envoie, définitivement l’identité est devant, sans cesse en avant de nous. »
Les prophètes crient. L’annonce des malheurs, pour qu’ils n’arrivent pas, est une pédagogie de l’amour divin bouleversé par la souffrance de l’homme. Ainsi devons-nous entendre le texte du P. Cl. Boff. L’expression de ces « considérations indignées » sera peut-être jugée excessive, manquant de compréhension pour les richesses et les fragilités des vocations de notre fin de millénaire. Ce serait se tromper sur l’intention de l’auteur qui ne comporte aucun jugement des personnes si ce n’est en invitant les responsables de formation à s’interroger sérieusement sur ce qui se passe encore tous les jours quand tel ou telle « quitte » la vie religieuse. Nous disons à juste titre : « C’est le mystère, impénétrable, de leur existence ». Avons-nous tout dit, réfléchi, prié en ne disant que cela ?
C’est une contribution pénétrante de théologie biblique à théologie des vœux que nous propose cet article. Il approfondit aussi le sens que l’on peut donner à l’affirmation désormais établie fermement que la vie consacrée « ...n’est pas une réalité isolée et marginale... parce qu’elle appartient de manière intime à sa vie, à sa sainteté et à sa mission » (V.C. 3, citant L.G. 44). Par la profession spécifique qu’est l’engagement des vœux, la vie consacrée est kérygmatique, elle précise par conséquent sa mission propre à l’intérieur de la mission de l’Église.
Le ton parlé, que l’on perçoit, comme en écho, dans l’interligne de ce beau texte, n’affaiblit pas, bien au contraire, la pertinence de cette réflexion très suggestive sur la chasteté consacrée. Bien en prise avec l’air de notre temps, informée avec beaucoup de justesse des approches des sciences humaines, confronté avec réalisme au vécu (parfois étonnant, toujours douloureux) de certains points aveugles, enraciné surtout dans une paisible et profonde expérience spirituelle du corps et de sa mise en œuvre apostolique, le chant des Béatitudes résonne admirablement dans cette contemplation du célibat pour le Royaume et dit, par conséquent, à tous la sereine certitude d’un bonheur en genèse et dont les arrhes sont déjà présentes dans nos vies.
Encore revenir sur ce thème, dira-t-on ! Oui, car il importe chaque moment d’affiner et d’approfondir la perception que nous avons de cette réalité essentielle de la suite de Jésus. “Rempart de la vie religieuse”, au dire de saint Ignace, la pauvreté religieuse est un des points les plus délicats à aborder dans nos discours et nos pratiques. L’histoire en est témoin. Il n’y est pas seulement question de notre place dans la société, mais du lieu spirituel où demander la grâce de tout renouveau.
Situé assez directement au niveau des déterminations canoniques, l’article précédent préparait bien à la lecture de cette belle méditation proposée par le P. Maréchal. Augustinienne et donc trinitaire, elle montre combien la communauté doit être reconnue comme icône de l’agapè divine fondatrice. En cette profondeur, la communauté religieuse, avec les autres “modèles” communautaires, trouve son intimité féconde et la “forme” de son expression apostolique. Ici, se conjoignent l’“ad intra” et l’“ad extra” communautaires trop souvent, et paresseusement, opposés. Avec l’article précédent, nous ouvrons ainsi une réflexion importante en perspective synodale. Elle sera poursuivie.
Sans être limité par les contraintes d’une recension ou d’une chronique, l’auteur exprime ici pour elle-même son interprétation du Concile Vatican II au sujet de la vie religieuse et des vœux. Dans ces pages simples, concises, enthousiastes même, on cherchera moins à discerner la spécificité des diverses vocations chrétiennes qu’à toucher leur enracinement dans l’initiative divine, toujours à l’œuvre dans la création.