Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Ouverture

N°2022-2 Avril 2022

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Ouverture

Voici le temps où Dieu fait grâce : « C’est Pâques ! jetons hors les poussières obscures / frottons de sable fin les clés et les serrures / pour que la porte s’ouvre en paix », écrivait Marie Noël, chantant Celui qui revient. Et le Patriarche Athénagoras de Constantinople, dont la grande voix résonne au début de ces pages : « Il n’y a pas de vraie joie sans la paix avec Dieu, avec soi-même et avec les proches. Il n’y a pas de vraie paix si elle reste sans joie : l’amour est la synthèse de ces deux dons de Pâques », et notre invincible espérance, Alleluia !

En ces temps de canonisation de Charles de Foucauld, la Rencontre de Petite sœur Claire-Nicole, archiviste des Petites sœurs de Jésus, permet d’approcher le nouveau saint dans des aspects peu connus de son actualité – comme si nous étions devant des vitrines, à regarder la scie ou la sandale de l’ami des Touaregs.

Le Kairos ecclésial tient aussi à ces « Orientations » offertes récemment aux ermites insérés dans les diocèses ; elles disent le noyau de toute vie consacrée. Pier Luigi Nava, s.m.m. et sous-secrétaire de la CIVCSVA qui les publie, a bien voulu nous présenter l’histoire, la structure et la portée du document. Un ermite diocésain dont nous respectons le désir d’anonymat – bien conforme à sa profession – nous en propose le commentaire, depuis son expérience et la sagesse de ses devanciers.

Beaucoup savent qu’un symposium s’est tenu à Rome, du 17 au 19 février 2022, sous la présidence du Cardinal M. Ouellet, pour promouvoir une théologie fondamentale du sacerdoce ; les actes sont en cours de publication. Nous remercions les organisateurs de nous avoir autorisés à publier déjà un extrait de la conférence d’Alexandra Diriart, c.s.j., sur la réciprocité des états de vie : la vie consacrée n’est-elle pas le tiers qui permet de détendre le binôme clercs-laïcs ?

Présentées par Frédérique Poulet, vierge consacrée bien connue dans les milieux liturgiques français, les adaptations de la traduction francophone du Missel romain – ne disons pas « le nouveau Missel » – montrent, toujours dans notre rubrique Orientation, leurs possibilités de renouvellement de la grâce baptismale et donc de la vie consacrée.

La Chronique annuelle sur la vie consacrée que propose Noëlle Hausman, s.c.m., directrice de notre revue, repart de l’année ignatienne et honore quelques figures inspirantes, tout en faisant droit aux nombreuses publications qui cherchent à affronter la question des abus en tous genres, dans une Église en marche vers plus de synodalité ; telle est la condition de son avenir.

Sur un autre ton, Alain-Marie de Lassus, c.s.j., développe son souhait que le magistère de l’Église expose bientôt les grandes lignes d’une doctrine théologique concernant les fondateurs, de manière à offrir aux communautés (anciennes et) nouvelles un point de référence autorisé – cela aussi serait source de vérité et de renouveau résolument évangélique.

La Résurrection du Christ éclaire, justifie et dépasse la Croix : aucune croix, aucune épreuve, aucune des réalités terrestres et infernales ne peut assombrir l’éclat, troubler la paix et la joie de la Résurrection (…). Le Christ est ressuscité. Dieu n’est pas mort. Dieu vit. L’homme ne mourra pas. Il ressuscitera pour vivre et pour être jugé. Nous avons la Résurrection, et nous possédons le salut ; nous avons la Résurrection et l’Église existe. La Résurrection donne sens à l’univers entier et à chacune de nos vies. Aux frontières de l’éternité et du temps se dresse le Christ ressuscité ; il surgit en vainqueur de l’enfer, écrasant d’un seul coup, pour toujours, par sa mort, l’aiguillon du mal, le péché et la mort : « Par sa mort il a vaincu la mort ! ». Contemplant son Seigneur ressuscité, l’Église participe à sa Passion, mais annonce sa Résurrection et célèbre sa puissance. En vivant la Résurrection nous vivons la joie et la paix, et nous avons Pâques dans nos cœurs, nous créons une atmosphère pascale autour de nous.Juste après sa Résurrection, le Seigneur a dit aux saintes femmes ; « Réjouissez-vous ! » ; aux disciples : « La paix soit avec vous ! » Transmettons à tous ces paroles du Seigneur, paroles de joie et de paix. Réjouissez-vous dans la paix ! Pacifiez-vous dans la joie ! Il n’y a pas de vraie joie sans la paix avec Dieu, avec soi-même et avec les proches. Il n’y a pas de vraie paix si elle reste sans joie : l’amour est la synthèse de ces deux dons de Pâques. La Résurrection elle-même a jailli de l’Amour, car l’Amour suprême, parce qu’il est suprême sainteté, a l’héroïsme de se faire chair quoique divin, d’être indigent quoique puissant, d’être persécuté en se taisant et en bénissant, et enfin de se sacrifier sur la Croix, et de donner la parole aux bourreaux, bien plus, la Résurrection. Le monde aujourd’hui a plus que jamais besoin de Pâques, du passage de la servitude à la liberté, de l’angoisse à la joie du Christ.
Olivier Clément, Dialogues avec le Patriarche Athénagoras, Fayard, 1976.

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