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Recevoir la disposition liturgique de Vatican II

Benoît Carniaux, o.praem.

N°2019-3 Juillet 2019

| P. 55-66 |

Orientation

Les questions de disposition liturgique valent-elles la peine qu’on y revienne encore ? Benoît Carniaux, père abbé prémontré de l’abbaye de Leffe et membre de notre rédaction, démontre la dynamique d’une mise en œuvre conciliaire encore à venir. Percutant.

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À l’exception de celui de Jean-Paul Ier, laissé de côté en raison de sa brièveté, on pourrait mettre en rapport d’ordre chronologique chacun des pontificats qui ont suivi le concile Vatican II avec une primauté donnée successivement à chacune des quatre constitutions qu’il a promulguées. Le pontificat de Paul VI a eu pour tâche première le renouvellement des livres liturgiques en accord avec la constitution Sacrosanctum Concilium. Le pontificat de Jean-Paul II a été principalement dominé par la réflexion sur l’Église et sa place dans le monde avec la constitution dogmatique Lumen Gentium. Le pontificat de Benoît XVI, si on dépasse l’illusion d’optique traditionnaliste d’un focus liturgique, s’est voulu un ressourcement en profondeur de la foi chrétienne à partir de la tradition et des Écritures, dans la ligne de la constitution dogmatique Dei Verbum. Enfin il semble que la constitution pastorale Gaudium et Spes oriente le pontificat du pape François.

Mais parce qu’elle a été mise en œuvre immédiatement après le concile, la réforme liturgique est sans doute la moins réfléchie par rapport au concile lui-même. En effet, l’urgence a conduit à miser sur les acquis du Renouveau liturgique qui a précédé et sur l’idéal un peu fantasmé et sans doute trop intellectualisé d’une mise à jour de la liturgie de l’époque grégorienne (VIe -VIIe siècles). C’est donc à partir de la liturgie, et plus exactement de la disposition liturgique, qui reste aujourd’hui problématique dans sa mise en œuvre concrète, que nous allons réfléchir ici. On gardera à l’Esprit que l’église de pierre est une mise en abyme de l’Église de chair et que par exemple, lorsqu’il sera question du baptistère, il sera aussi question de la vie baptismale, lorsqu’il sera question de la place de l’ambon, il faudra avoir en arrière fond Dei Verbum et Lumen Gentium, etc. En filigrane de notre réflexion, il y a l’idée que, quoi qu’il en soit de leur histoire rédactionnelle, chaque constitution doit être considérée comme intérieure aux trois autres.

L’orientation

Partons de la question de l’orientation qui fut une préoccupation particulière du cardinal Ratzinger. Celui-ci, devenu pape, se montra pourtant plutôt timide à cet égard.

On sait qu’il y a une différence entre symboles « symbolisants » et symboles « symbolisés ». Les systèmes symbolisants sont un « déjà là » qui précède la liberté et lui permettent de s’exercer. Les symboles symbolisés sont imposés aux libertés par d’autres libertés comme conventions arbitraires entre esprits. La question de l’orientation se veut symbolisante. Très souvent, la prière a été orientée, dirigée à l’est. Elle se tournait vers un point cardinal éminent dans l’expérience quotidienne : là, en effet, chaque matin, au lever du soleil, la lumière naît comme au premier jour de la création. Le cosmos est ainsi le cadre de toute célébration liturgique. L’espace, le temps et la matière en sont les constituants. Dans la Bible (Ex 35-40), le sanctuaire des hommes est présenté comme une copie miniature du cosmos. Mais on peut tout aussi bien inverser la représentation et affirmer que le cosmos a été prévu comme image du sanctuaire et comporte lui-même une dimension de célébration [1].

Cette dimension cosmique est en même temps « protologique », en rapport avec l’origine de l’univers, et « eschatologique », en rapport avec la fin, puisque le Christ glorifié reviendra à nouveau de l’Orient, pour juger les vivants et les morts. L’orientation de la prière représente donc, dans le geste du corps, l’orientation vers le retour du Christ de l’existence humaine et, tout à la fois, une dimension sacerdotale de la prière de l’assemblée. Cette venue du Christ dans le monde excentre l’assemblée et la célébration liturgique. La direction de la prière vers l’est inscrit les priants, l’assemblée, autour du célébrant, dans une dimension cosmique et représente l’Église comme inauguration du rassemblement eschatologique de l’humanité dans le règne de Dieu. L’orientation était donc expression de la dimension cosmique et historique de la liturgie.

Jadis inscrite dans une vision globale qui se voulait bien plus dépendante de la nature et des astres que la nôtre, l’orientation marquait donc bien l’ouverture eschatologique de façon symbolisante, mais le mouvement de transformation intérieure des églises après le concile de Trente est très exactement contemporain d’un abandon pratique de l’orientation astronomique. Les églises nouvelles ou reconstruites sont alors, surtout en ville, alignées sur les façades sur rue. Il y a comme une intériorisation : l’orientation commune du célébrant et de l’assemblée reste une évidence claire mais déconnectée de sa concordance réelle avec l’orient des points cardinaux. L’église est toujours tournée intérieurement vers le maître-autel, mais c’est désormais généralement le retable monumental et non plus la verrière ouverte sur le soleil levant qui manifeste cette orientation. On a pu à cet égard qualifier un peu outrageusement la liturgie tridentine de « théâtrale », surtout parce que cette nouvelle conception s’accompagne de la disparition des jubés médiévaux qui laissent place pour des chœurs ouverts au regard des fidèles. Malgré tout, le maître-autel des âges classiques est aussi un trône pour le Saint-Sacrement, avec l’installation visible de la réserve eucharistique en son centre. On a donc tout de même ici une réalité symbolisante, mais qui d’une part, efface quelque peu sur son fond de permanence la gratuité du jaillissement eucharistique dans la messe et d’autre part, risque de s’effacer elle-même dans ce qui devient un « décor » symbolisé pour la célébration. Cette disposition conjoint, presque jusqu’à les confondre, le « déjà là » et le « pas encore » sans vraiment faire entrer dans une dynamique de « toujours encore [2] ». Comment donc créer une telle dynamique du « toujours encore » ?

Le parvis, le narthex, la disposition de l’assemblée

Le parvis [3] se trouve à la croisée des chemins des hommes et du chemin de Dieu qui vient à leur rencontre. La porte de l’église doit y apparaître symboliquement comme une « ouverture » et non une « fermeture ». Cette ouverture donne sur le narthex. En tant que passage de l’extérieur vers l’intérieur, il rappelle et évoque un des moments importants du parcours de l’initiation chrétienne.

Pour exprimer cette dynamique, certains architectes ont récemment eu recours à la disposition en mandorle. La mandorle est une figure géométrique dessinée à l’aide de deux cercles. Dans l’iconographie des portails romans, à l’intersection de ces deux cercles est installé un Christ en gloire. La mandorle indique donc la personne par laquelle il faut passer pour parcourir le chemin entre les deux cercles, les deux hémisphères ou les deux mondes, l’un terrestre et l’autre céleste. L’implantation du Christ dans une mandorle sur le tympan de la porte de l’église révèle le symbolisme du passage de l’extérieur à l’intérieur de l’église et préfigure ainsi le passage des vivants du monde terrestre au monde céleste. Mais on ne passe pas d’un cercle à l’autre ! Dans les représentations romanes, le Christ se tient perpendiculairement à l’axiale qui conjoint les deux cercles : il conjoint le divin et l’humain. En quelque sorte, il faut qu’il grandisse en son corps ecclésial pour qu’à terme, les deux cercles se recouvrent entièrement l’un l’autre (cf. le « plérôme » en Éphésiens).

L’organisation de l’ensemble structure l’assemblée. Réalité essentielle de la liturgie, l’assemblée est le rassemblement du Peuple par Dieu et face à lui pour la célébration de l’Alliance. L’assemblée reflète et exprime tout à la fois les relations qui constituent ce corps : chacun y est une personne à part entière, unique, à sa place, mais en relation solidaire d’un ensemble qui ne peut fonctionner que dans la mesure où chacun accomplit la part active qui lui revient [4]. Dans l’action liturgique, toute l’assemblée agit comme le corps du Christ-Prêtre qui rend un culte au Père et se laisse sanctifier par sa grâce.

Part importante de cette assemblée, les fidèles occupent donc une place distincte dans l’espace liturgique, en lien dynamique avec les pôles liturgiques que nous allons évoquer ci-après. Le lieu qui accueille les croyants doit exprimer ce lien en constant ajustement, distinguant les rôles des divers membres, mais unifiant le corps entier. En fin de compte, la disposition de l’assemblée doit manifester que l’espace liturgique est lieu de recueillement où le Peuple de Dieu vient se restaurer aux sources divines de la Parole et de l’Eucharistie. La liturgie n’est pas un événement seulement verbal, mais global : en priant, l’assemblée s’ouvre, brise le cercle d’une communauté humaine simplement fermée sur elle-même, en se tournant vers un « centre excentrique ». Ici, l’orientation corporelle commune de la prière ne présuppose plus nécessairement l’idée de la localisation de Dieu dans un endroit donné ou vers un point cardinal déterminé.

L’autel, l’ambon, la présidence

Dans la disposition en mandorle, l’espace central est laissé à la manifestation de Dieu. S’y organisent, en référence mutuelle, l’autel, l’ambon et le siège de présidence.

L’autel est le haut lieu de l’action liturgique. À la jonction du ciel et de la terre, il est la représentation terrestre de l’autel céleste où trône l’agneau, immolé et pourtant vainqueur, debout [5]. L’autel signale le point d’attraction, de convergence et de transfiguration de la prière et atteste un affleurement du mystère de Dieu par une certaine mise à distance qui est bien plus intégration que détachement. L’autel chrétien où l’on invoque et attend le Christ est le « centre excentrique » de l’assemblée. Sans pour autant être physiquement au milieu de l’édifice, il en est le point de convergence. Tout et tous lui sont articulés car il est le lieu qui reste ouvert à la fin de l’histoire et à l’avènement en gloire du Christ, anticipé symboliquement dans la célébration eucharistique. L’autel est configuré comme le trône du Christ en chemin vers nous et comme le portail de notre montée vers Dieu son Père. L’autel est, pour ainsi dire, le lieu du ciel déchiré ; il ne ferme pas l’espace de l’église, mais l’ouvre au contraire à la liturgie éternelle.

Si l’autel est la table de l’eucharistie, l’ambon est comme un deuxième pôle de l’unique table où se nourrissent les chrétiens. Plus qu’un simple pupitre, l’ambon est le lieu de la proclamation de la Parole à tout l’univers, le lieu où le Christ se manifeste comme celui qui parle. Il est comme le trône d’une parole vivante, la table où elle s’offre et se dévoile, comme en dialogue permanent avec ceux qui l’entendent. Dans son articulation, même géographique, à l’autel, l’ambon renvoie à la fois au recueillement et au cheminement d’un peuple qui écoute pour se mettre en marche, au mouvement constant d’une parole qui veut prendre chair dans ceux qui l’écoutent, demeurer dans le cœur de ceux qui l’accueillent pour se laisser porter par eux plus loin encore. L’ambon amplifie pour ainsi dire la prononciation d’un événement de parole. C’est pourquoi il est relatif. L’autel est en effet le vrai trône de l’Évangile, sur lequel il est posé et duquel il est ensuite enlevé pour être porté solennellement à l’ambon. Par rapport à l’autel, l’ambon comporte une dimension fonctionnelle plus déclarée. L’autel est signe du Christ, l’ambon pas. Comme l’autel au début de la liturgie, c’est l’évangéliaire qui est encensé puis vénéré lors de la proclamation de la Parole, non l’ambon. Le rapport entre l’autel et l’ambon est un rapport de lieux, sur le mode processionnel. Mis à distance, l’autel et l’ambon sont comme les extrémités d’un chemin toujours à reprendre de l’écoute à l’action de grâce.

La présidence est en conjonction dynamique avec l’autel et l’ambon. Le célébrant s’y tient face à Dieu et face à l’assemblée dont il reste un membre, tenant la place de la tête du corps articulé qu’elle constitue et manifeste. Il y prie au nom de l’Église autant qu’il y guide l’action liturgique au nom du Christ. Avec la communauté rassemblée, il y écoute la Parole de Dieu proclamée et la médite ; pour l’assemblée, il y prêche et enseigne. Le siège de présidence indique un décentrement de l’assemblée vers Celui qui l’habite : le Christ dont elle attend le retour glorieux. C’est en référence au mot d’Augustin : « Pour vous je suis évêque, avec vous je suis chrétien », qu’il faut articuler la place du président, à la fois bien distincte de l’espace de l’autel et de celui de l’ambon, et en position de dialogue avec la congrégation des fidèles comme avec Dieu.

Le lieu de la présence

Comme on l’a dit plus haut, la liturgie terrestre nous place dans un temps intermédiaire. Et c’est de cette extériorité que nous prenons une vive conscience lorsque nous continuons d’adorer le Christ dans sa présence eucharistique à l’extérieur de nous-mêmes et lorsque de nouveaux membres sont agrégés à l’Église par le baptême. La célébration et la communion n’ont pas encore pleinement réalisé la présence totale de Dieu en tous les participants. Et ceux-ci ne constituent pas encore le tout de l’humanité. De ce point de vue, les extrémités de la mandorle se trouvent à l’extérieur du mur de l’église. Nous sommes donc mis en présence de ce qui reste encore extérieur au Christ, en nous-mêmes et dans l’humanité.

Le tabernacle rappelle que le Christ a planté sa tente parmi nous en prenant notre humanité. Il est le signe concret de sa présence. Autant que possible, le tabernacle sera placé en un lieu organiquement et symboliquement relié à l’autel. Sur ce dernier en effet, est célébrée l’action de grâce pour ce salut dont la réserve eucharistique manifeste qu’il nous précède toujours déjà. Le tabernacle rappelle que toute célébration doit conduire l’assemblée au-delà d’elle-même dans un accueil toujours nouveau des dons que Dieu lui fait en permanence. Ce n’est pas un lieu où on met en valeur un objet symbolisé comme une croix, une icône, une peinture, une statue, qui ne sont que des représentations, c’est un endroit où on conserve une Réalité symbolisante, à quoi tout se réfère et par quoi tout se transforme, une Réalité vivante, active qui est un point de convergence de tout ce qui se passe dans une église. Le tabernacle ne doit pas être une « représentation » du mystère qu’il contient et désigne, au sens où c’est finalement ce mystère, cette Réalité qu’il abrite qui « contient » en quelque sorte toute l’église, tout ce qui s’y fait et ceux qui y demeurent ou y passent.

Dans la relation du tabernacle aux autres pôles majeurs de l’église et de ces derniers entre eux, tout tient dans un équilibre subtil entre les divers lieux évocateurs de la Présence. Dans la célébration de la messe, les principaux modes de présence du Christ dans son Église se manifestent successivement : tout d’abord, il est là présent dans l’assemblée des fidèles réunie en son nom ; ensuite dans sa parole, lorsqu’on lit et qu’on explique l’Écriture dans l’église ; mais aussi dans la personne du ministre ; enfin et surtout sous les espèces eucharistiques [6].

Si l’eucharistie est action de grâce, c’est aussi qu’elle est célébration d’un « déjà là » symbolisé par la Présence au tabernacle. Et en même temps cette présence qui perdure rappelle que toute célébration doit conduire au-delà d’elle-même dans un « toujours plus encore ». C’est de ce surcroît que nous prenons une plus vive conscience lorsque nous adorons le Christ dans sa présence eucharistique, à l’extérieur de nous-mêmes. La célébration et la communion eucharistiques n’ont pas encore pleinement réalisé la présence totale de Dieu en tous les participants. Et ceux-ci ne constituent pas non plus encore le tout de l’humanité destinée à entrer dans l’éternité de Dieu.

Le baptistère

C’est pourquoi, si le tabernacle rappelle que le Christ nous précède toujours déjà, le baptistère quant à lui, apparaît toujours comme signe de la promesse de Dieu et de sa fidélité envers son peuple qu’il souhaite voir croître et multiplier. Le baptistère marque l’orientation et la tension de toute l’église vers l’accomplissement final de la rédemption qui est déjà par ailleurs tout entier contenu, mais en gage, dans le tabernacle. L’ensemble de l’organisation de l’église doit pouvoir souligner comme une interaction féconde et dynamique entre ces deux extrémités. Le tabernacle est comme le barycentre, le centre de gravité, de l’église qui recueille le poids de la gloire divine et le tient miséricordieusement en équilibre avec la pesanteur de l’ignorance humaine des choses divines, dont le baptistère est à la fois comme le témoin et le remède.

Le baptistère en tant que lieu propre de la célébration du baptême « ouvre » l’église puisqu’il donne accès à la foi et marque ainsi le début du parcours du chrétien. Il s’articule autant avec le narthex (l’entrée dans l’église, voir le plan de l’église Saint-François, Bonn, p. 59) qu’avec l’ambon (lieu où est proclamée la Parole qu’il faut entendre pour accéder à la foi) et l’autel (table où est invité le chrétien qui se nourrit de la vie nouvelle du Christ) ou encore la « doxa » (voir le plan de l’église Saint-Christophe, Sylt, p. 62), le lieu symbolique qui reste vide en dehors de la prostration lors de la profession ou de l’ordination (épanouissements particuliers de la vie baptismale), de l’échange des consentements lors du mariage, ou encore de la déposition du corps lors des funérailles (la pâque du chrétien est une plongée dans la mort du Christ, initiée dans les eaux du baptême). Ce lieu peut être au milieu d’une déclivité dans le sol (pour marquer la plongée dans la mort et l’émersion hors de celle-ci grâce à la résurrection du Christ). Le baptistère apparaît toujours comme signe de la promesse de Dieu et de sa fidélité envers son peuple qu’il souhaite voir croître et multiplier. Ce lieu marque l’orientation et la tension de toute l’église vers l’accomplissement final de la rédemption qui est déjà par ailleurs tout entier contenu, mais en gage, dans le tabernacle.

Là où c’est possible, il faut tout faire pour qu’apparaisse clairement la progression symbolique (« sacramentelle ») du baptême en quatre lieux : entrée (accueil), lieu de la Parole, baptistère et autel. Mais par ailleurs, il faut souligner l’importance de la communauté elle-même comme lieu, milieu et acteur de l’initiation chrétienne. Aujourd’hui en effet, une communauté se doit d’être initiatrice et intègre les catéchumènes en son sein dans un parcours initiatique au milieu de l’assemblée. Si le baptême est bien une « entrée », un « passage », on évitera cependant de le concevoir de façon trop dialectique comme une entrée dans le sacré qui serait fuite du profane (pro-fanum, ce qui est devant, en dehors du temple).

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A-t-on progressé en cinquante ans dans le domaine liturgique ? Dans la réflexion théologique, il est encore trop peu fait place à la liturgie comme source pour l’ecclésiologie et comme ressource pour l’herméneutique et la méthodologie, sans même parler de l’aspect tropologique. L’adage de Prosper d’Aquitaine, « Lex orandi lex credendi », est devenu aujourd’hui un mantra, mais comme pour tous les mantras, sa répétition en a occulté le sens. Beaucoup se plaisent à dire que la liturgie est un lieu théologique fondamental, mais tout comme en ce qui concerne l’Écriture sainte, cette assertion a du mal à devenir réalité dans les cursus et la façon d’entreprendre une recherche en théologie. Ces quelques réflexions voulaient en indiquer la direction.

[1Voir François, Encyclique Laudato Si, 235-236.

[2Le tabernacle rappelle que le Christ nous précède toujours déjà et que toute célébration doit conduire l’assemblée au-delà d’elle-même dans un accueil toujours nouveau des dons que Dieu lui fait en permanence.

[3Du latin paradisus : paradis.

[4Voir 1 Co 12,12-30.

[5Ap 5,6.

[6Voir Sacrosanctum Concilium, 7.

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