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« Vous êtes tous frères » (Mt 23,8). Le chemin de la fraternité universelle

Olivier Bonnewijn

N°2018-4 Octobre 2018

| P. 33-50 |

Orientation

Prêtre du diocèse de Malines-Bruxelles et membre de la Communauté de l’Emmanuel, professeur de théologie à l’I.É.T. (Bruxelles), Olivier Bonnewijn est également président de l’Institut Universitaire Pierre Goursat. Il nous offre une réflexion scripturaire vivifiante sur le chemin de fraternité qui s’ouvre devant toute forme de vie chrétienne, laïque ou consacrée.

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Selon le pape François, « dans le cœur de chaque homme et de chaque femme habite le désir d’une vie pleine, à laquelle appartient une soif irrépressible de fraternité, qui pousse vers la communion avec les autres, en qui nous ne trouvons pas des ennemis ou des concurrents, mais des frères à accueillir et à embrasser [...] Pour mieux comprendre cette vocation de l’homme à la fraternité, pour reconnaître de façon plus adéquate les obstacles qui s’opposent à sa réalisation et découvrir les chemins de leur dépassement, il est fondamental de se laisser guider par la connaissance du dessein de Dieu, tel qu’il est présenté de manière éminente dans la Sainte Écriture [1] ».

Dans cette étude, nous nous proposons d’explorer le chemin de la fraternité tracé par l’un et l’autre Testaments. « Vous êtes tous frères » (Mt 23,8), révèle le Christ à la foule et à ses disciples. Dans quel sens ? Comment ? Quel rapport cette fraternité de personnes rassemblées autour de Jésus entretient-elle avec un projet « laïque » de fraternité universelle ? Quels sont les traits de l’ethos fraternel spécifiquement chrétien [2] ? Ces questions – et bien d’autres que nous allons aborder – nous permettront d’ébaucher une « théologie des frères et sœurs [3] » dont notre temps a cruellement besoin. « La fraternité n’est-elle pas fondement et route pour la paix [4] ? »

Le chemin de la fraternité selon l’Ancien Testament

Le fait de naître de mêmes parents, de dépendre de la même tribu ou de choisir d’adhérer à une même corporation engendre spontanément une certaine fraternité. Dans les moments d’optimisme, on se surprend à rêver qu’une telle fraternité puisse être élargie à tous les humains. Ne partageons-nous pas tous la même humanité, la même origine ? En créant le genre humain « d’un seul principe » (Ac 17,26 ; cf. Gn 1-2), Dieu n’a-t-il pas déposé au cœur de tout humain le désir d’une fraternité universelle [5] ? La fraternité de sang comme celle liée à un choix ou une élection ne vont pas d’elles-mêmes pour autant. Caïn et Abel, les premiers frères de l’humanité, en sont les douloureux témoins, comme Ismaël et Isaac, Jacob et Ésaü, Joseph et ses frères et bien d’autres encore. À travers heurts et bonheurs, la fraternité a besoin d’être élaborée avec intelligence et générosité. Elle est « le fruit d’un projet éthique, pas seulement d’une donnée de nature [6] ». Toute la question est de savoir de quelle manière, au cœur d’une histoire marquée par la violence, la convoitise et la domination. Les stoïciens, les francs-maçons, les révolutionnaires de 1789, les marxistes et plus récemment, les tenants de la théorie radicale du gender apportent chacun leur réponse. Les auteurs des livres bibliques également.

En effet, l’Écriture sainte raconte quels chemins YHWH emprunte pour construire la fraternité entre les hommes. Selon la Bible, Dieu ne rédige pas du haut du Ciel une déclaration universelle de fraternité, déjà écrite dans les cœurs qu’il a créés. Non, il procède selon un mode électif. Il choisit Abel et donc pas Caïn, Noé et donc pas les autres humains, Jacob et donc pas Ésaü, le peuple d’Israël et donc pas les autres nations. Étrange attitude à première vue ! Pourquoi une telle « discrimination » qui semble exacerber les rivalités et les jalousies entre les choisis et les « non-choisis » ? Cette façon de procéder ne risque-t-elle pas de produire l’effet inverse de celui escompté ? Telle la crainte de ceux qui considèrent la religion judéo-chrétienne comme un obstacle à l’élaboration de la fraternité universelle et comme un facteur de division entre les humains. L’élection fait scandale, spécialement aujourd’hui dans une société occidentale éprise d’égalité.

En réalité, la manière divine d’opérer obéit aux lois d’un « amour qui agit », non à celles d’un « amour qui rêve », pour reprendre des expressions de Fédor Dostoïevski [7]. En s’occupant plus particulièrement de telle personne plutôt que de telle autre, Dieu entend manifester « concrètement » son amour envers tous. Il privilégie un frère particulier pour le bien de tous.

L’alliance gracieuse dont les fils d’Abraham bénéficient leur confère une responsabilité et une mission infinies à l’égard de l’ensemble des humains, quelles que soient leur race, leur langue, leur nation. « Qu’en toi soient bénies toutes les familles (ou les nations) de la terre » (Gn 12,3), déclare Dieu à Abraham qui intercédera bientôt pour Sodome (Gn 18,23-24). En ce sens, YHWH effectue une « discrimination positive » dirait-on aujourd’hui. « Je choisis ton frère Israël non à tes dépens, mais à ton avantage. C’est pour toi que je l’ai élu et comblé de grâces. Certes, mon élection a tracé une frontière entre ton frère et toi. Mais cette frontière a comme objectif la guérison et le développement progressif de relations réellement fraternelles entre vous. » « l’ethos de fraternité [8] » entre les élus n’est donc nullement clos sur lui-même. Au contraire, il est intimement ordonné à plus large que lui.

Cette élaboration divine de la fraternité universelle par élection est loin d’être idyllique. « Nul amour fraternel », clame Osée à un moment dramatique de l’histoire d’Israël (Os 4,2). « Personne n’épargne son frère » (Is 9,18). « On ne peut se fier à aucun frère, car tout frère veut supplanter l’autre » (Jr 9,3), se plaint Jérémie persécuté par ses propres frères (Jr 11,18 ; 12,6 ; cf. Ps 69,9 ; Jb 6,15). Le peuple de frères lui-même s’est scindé après la mort de Salomon (1 R 12,24), avec pour résultat des guerres fratricides (cf. Is 7,1-9). Ad extra, Israël se heurte violemment aux nations proches (cf. Dt 23,8) et éloignées.

Cependant, il convient de ne pas sortir ces paroles du contexte dans lequel elles ont été prononcées. Israël a d’abord et avant tout connu de belles réussites fraternelles au cours de son histoire. Ainsi, Joseph et ses frères ont finalement trouvé le chemin de la réconciliation en pays étranger. Le peuple saint s’est doté d’une législation soucieuse du petit et de l’émigré (Ex 22,20 ; 23,9 ; Dt 14,29 s. ; Lv 19,10 ; 19,33 s., 23,22 ; Nb 9,14 ; 15,14 s. ; 35,15). Il a développé une sensibilité très fine par rapport à la justice sociale. Souvent, il a éprouvé le pardon et la miséricorde, attitudes essentielles pour bâtir une communion fraternelle dans un monde rongé par le mal. Par ailleurs, il a peu à peu découvert que le Père d’Israël est l’unique Dieu créateur, que son « Dieu national » est le Dieu de tous et de tout.

Il n’en est pas moins vrai que de solides difficultés demeurent. Aussi les prophètes ne cessent-ils d’espérer que Dieu réunisse Juda et Israël en un seul peuple (Os 2,2 s. 25), qu’il rassemble Jacob tout entier (Mi 2,12), que Juda et Éphraïm ne se jalousent plus (Is 11,13 s.), que « les deux peuples marchent en accord » (Jr 3,18) et qu’il n’y ait plus qu’un seul royaume (Ez 37,22). Bien plus, ils attendent dans la foi le jour où cette communion fraternelle restaurée s’étendra à toutes les nations (Is 2,1-4 ; 66,18 s.). Bref, la logique divine dont témoigne l’Écriture sainte procède selon un mode sélectif spécifique : « toi, et pas moi » ou plus précisément « toi à côté de moi, toi pour moi ».

L’Église-Fraternité

● Les Douze

Nous retrouvons cette logique à l’œuvre dans le Nouveau Testament. Le Christ, l’Élu bien-aimé du Père (Mt 2,17), choisit douze disciples au cœur du peuple choisi. Le chiffre 12 est hautement symbolique : il se réfère aux douze fils de Jacob qui sont à l’origine des douze tribus d’Israël. Issus de quatre mères différentes (deux sœurs et deux servantes), ils sont sujets à des préférences diverses de la part de leur père et de Dieu lui-même. Leur fratrie, loin d’être paisible, est traversée par beaucoup de rivalité, de jalousie, de haine, mais également par un lent processus de pacification qui aboutit après cinquante-quatre ans à une profonde réconciliation et à une surabondance de vie [9].

En choisissant les Douze, le Christ Jésus inscrit ses apôtres dans cette lignée. Il fonde l’Église comme Fraternité et comme Fraternité missionnaire, ouverte à autre qu’elle-même. « Il en choisit douze pour être avec lui et les envoyer prêcher » (Mc 3,14). Chaque apôtre – c’est-à-dire « envoyé » – est à la fois égal et différent. Jean, par exemple, est souvent reconnu comme « le disciple que Jésus aimait ». Il bénéficie d’une certaine préférence parmi les Douze. De même en est-il pour Pierre et Jacques qui, avec Jean, ont reçu le privilège d’accompagner le Christ sur le mont Tabor et au mont des Oliviers. Notons qu’au sein de cette nouvelle Fraternité, la rivalité n’est pas absente (cf. Mt 20,20-28 ; Mc 9, 34 ; Jn 20,3-7). Bref, l’Église naissante est loin d’être une réalité qui uniformise et nivelle.

● Une communauté-de-frères

Parmi tous les textes du Nouveau Testament, la première lettre de saint Pierre décrit l’Église comme une adelphotès, c’est-à-dire comme une « communauté des frères [10] », appellation relativement peu étudiée en ecclésiologie au cours de ces cinquante dernières années. « Tous les hommes, respectez-les, écrit Pierre aux chrétiens ; quant à la Fraternité, aimez-la » (1 P 2,17). « Satan rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui, fermes dans la foi, sachant que les mêmes souffrances assaillent votre Fraternité dans le monde » (1 P 5,9). Les exégètes sont unanimes : la « Fraternité » dont il est question désigne l’Église (ecclèsia), terme par ailleurs absent de la lettre [11].

Adelphotès (fraternité) vient de adelphos (« frère »). Il se distingue de philadelphia (« amour fraternel ») comme « famille » se distingue de « familial ». Il désigne non pas une vertu ou une qualité, mais un être réel et institué, un type précis de communion existante, une communauté concrète.

Selon la vaste enquête de Michel Dujarier, adelphotès n’a jamais été employé en ce sens « substantiel » par les auteurs profanes préchrétiens [12]. En revanche, il a été abondamment utilisé chez les Pères des huit premiers siècles : « notre Fraternité [13] », « Fraternité dans le Christ [14] », « communion de la Fraternité rassemblée [...], humble concorde de la Sainte Fraternité [15] ». « Que nul ne trompe la Fraternité par le mensonge, écrit saint Cyprien [...]. Comment peut-il s’accorder avec un autre, celui qui ne s’accorde pas avec le corps de l’Église elle-même et avec toute la Fraternité ? [...] Celui qui possède des terres doit en partager les fruits et les revenus avec la Fraternité [...]. L’Évêque est élu par le suffrage de toute la Fraternité [...]. Il est élu pour diriger la Fraternité par ses conseils salutaires [...]. Dans le Royaume définitif, la charité durera toujours grâce à l’unité de la Fraternité en pleine harmonie [16] »

● Une communauté-de-frères-dans-le-Christ-frère

Cette ecclésiologie de communion fraternelle est fondée sur une théologie du Christ-frère, développée principalement au cours des premiers siècles. Elle s’enracine non dans un mythe, une idéologie ou une philosophie politique, mais dans un homme concret : Jésus de Nazareth, mort au début de notre ère, dans une province reculée de l’Empire romain.

En cet homme singulier, le croyant contemple le Verbe de Dieu fait chair, ressuscité le troisième jour et monté au Ciel auprès du Père. En cet homme historique déterminé, le Fils éternel et bien-aimé du Père s’est fait frère de sang de tout être humain. Il est devenu one of us. « En revêtant la chair, écrit saint Jean Chrysostome, il a revêtu ma fraternité [17] ». « Le sanctificateur et les sanctifiés ont tous même origine. C’est pourquoi, il [Jésus] ne rougit pas de les nommer “frères”, quand il dit : “J’annoncerai ton nom à mes frères” (Ps 21,12). [...] Il a dû devenir semblable en tout à ses frères, afin de devenir dans leurs rapports avec Dieu un grand prêtre miséricordieux et fidèle, pour expier les péchés du peuple » (He 2,11-12.17).

Par sa mort et sa résurrection, le Christ devient « le premier-né d’une multitude de frères », enseigne de son côté l’épître aux Romains (Rm 8,29). Il rend les hommes « cohéritiers » (Rm 8,17). Il les adopte comme frères pour leur donner d’hériter avec lui de sa vie de communion avec le Père dans l’Esprit (cf. Rm 8,14‑17) [18]. « Réjouis-toi donc, s’exclame saint Jean Chrysostome, car, par pure bonté, Dieu t’a donné la vie éternelle, la gloire, la fraternité, la filiation adoptive : il t’a fait cohéritier du Monogène [19] ».

La fraternité ecclésiale – la fraternité qu’est l’Église – se fonde donc d’abord sur la relation fraternelle que les chrétiens entretiennent ensemble et personnellement avec le Christ ressuscité, dans la grâce de l’Esprit Saint. Dans ce mouvement, elle renvoie au Père de Jésus, à l’intimité duquel ce dernier donne pleinement accès. « Va dire à mes frères : “je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu” » (Jn 20,17). Le Christ introduit ses frères dans sa relation avec le Père et avec l’Esprit. La communion trinitaire est ainsi au principe de la communion ecclésiale.

● Les frères et les non-frères

Cette « communauté-dans-le-Christ-frère » est elle-même constituée de frères, comme l’attestent les nombreuses occurrences de cette appellation dans le Nouveau Testament. Pour autant, il ne faut pas mettre celles-ci toutes sur le même pied : à l’intérieur des évangiles et des diverses épîtres coexistent plusieurs significations de ce titre. Dans la bouche du Christ [20], ce terme désigne tantôt le simple coreligionnaire hébreu [21], tantôt les disciples qui suivent le Christ, selon une manière rabbinique de parler [22], tantôt encore tout chrétien [23].

Le terme « frère » assume progressivement un contenu spécifiquement chrétien et tend à être réservé aux membres de l’Église. « Très cher », écrit saint Jean à Gaius, « tu agis fidèlement en te dépensant pour les frères » (3 Jn 5), c’est-à-dire pour les membres de l’Église, non pour les païens (cf. également 3 Jn 7). Une frontière avec les non-chrétiens est ainsi tracée. Est-elle aussi claire qu’elle en a l’air ?

Joseph Ratzinger fait remarquer que le Christ traverse cette frontière dans son grand discours eschatologique rapporté en Matthieu 25 [24]. « En vérité, je vous le dis, déclare le Roi qui préside au jugement dernier, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. [...] Dans la mesure où vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait » (Mt 25,40.45). Le frère de Jésus est ici identifié au « plus petit », que celui-ci soit baptisé ou non. Ce dernier partage avec le Christ le fait d’avoir faim et soif, d’être un étranger, d’être nu et malade, d’être prisonnier [25].

La fraternité universelle échapperait-elle dans ce cas à la logique d’élection dont atteste l’Écriture depuis le livre de la Genèse ? Prendrait-elle un chemin plus « immédiat », faisant fi de la médiation christique ? Nullement : le Christ demeure au cœur de la fraternité avec les plus petits. C’est lui qui choisit ceux dont il partage la fragilité extrême. Les plus petits contribuent ainsi à ouvrir de l’intérieur la Fraternité ecclésiale à plus qu’elle-même. Par leur simple existence, ils sont des garants privilégiés de la finalité universelle de cette Fraternité : qui respecte le plus petit frère de Jésus sera amené à respecter tous les autres.

En effet, de même que l’Alliance dans l’Ancien Testament n’est pas exclusivement réservée aux élus, le choix du Christ ne vise pas à créer un groupe d’individus vivant dans un cercle fermé. Les frères et sœurs choisis par Jésus « nouvel Adam » (1 Co 15,45-49 et Rm 5,12-20) sont foncièrement au service de la fraternité universelle. Ils ne sont pas contre « ceux du dehors » (Col 4,5), mais en leur faveur. La dualité Église/non-Église a comme but l’unité du genre humain. « La parenté du Seigneur n’est pas étroite, et son amour pour les hommes n’est pas limité à quelques-uns, écrit au IVe siècle Titus, évêque arabe de Bostra au sud de Damas. Il est venu, en effet, pour appeler le monde entier à une fraternité sans limite. [...] Maintenant, là où est l’Église de Dieu, là est la Fraternité du Christ [26] ». Comme l’observe Karl Barth, « l’élection de l’un est toujours la non-élection de l’autre. Mais toujours, l’élu est aussi élu par amour du non-élu [27] ». Bien plus, « il [l’élu] doit porter de manière vicaire, dans son propre destin, la non-élection [du non-élu], de telle manière que le non-élu soit l’élu et que l’élu soit le non-élu [28] ». Admirable échange, dans la grande tradition du serviteur souffrant !

l’ethos ecclésial fraternel est donc par nature un ethos serviteur, ouvert, non excluant, tourné vers les « non-frères ». Il est au service de la construction d’une fraternité universelle concrète, dans le mouvement même du Christ « venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa propre vie en rançon pour la multitude » (Mc 10,45). Il est « sacrement de fraternité » (sacramentum fraternitatis) [29] pour tous les humains. L’Église, déclare le concile Vatican II, est « mystère » et « en quelque sorte, dans le Christ, sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (Lumen gentium, 1).

Ce « sacrement » ne s’oppose nullement aux divers projets « laïcs » de fraternité universelle, que ceux-ci soient d’ordre politique ou philosophique. Dans la mesure où ces projets ne sont pas totalitaires, la fraternité ecclésiale reconnaît non seulement leur légitimité et leur pertinence, mais également leur nécessité. Tel est le sens authentique de sa « catholicité ».

Projets de fraternités universelles

Selon le judéo-christianisme, la fraternité universelle suit donc un chemin d’élection. De même en est-il – dans une certaine mesure – pour celle annoncée par Karl Marx. Les « marxistes » en effet se considèrent comme élus par l’Histoire et son processus « objectif et nécessaire » grâce auquel la « communion fraternelle » totale sur terre est en train d’advenir. « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous. Nous sommes tous frères, ou plus exactement tous camarades ! » Ce projet de « fraternité universelle » – c’est-à-dire d’une société socialiste égalitariste sans classes – possède selon nous deux limites majeures.

Tout d’abord, il convient de reconnaître son caractère idéaliste, assez abstrait et par conséquent peu pratique. Substituant à la divine Providence une dialectique historique impersonnelle, le marxisme génère un ethos de « camaraderie » sans doute généreux et enthousiasmant par certains côtés, mais fondamentalement froid et peu réaliste.

Ensuite, force est de constater que l’avènement de cette camaraderie universelle s’opère au prix de l’exclusion – sanglante ou non – de certains humains. Voulant abolir toute frontière entre les hommes, cette idéologie en trace une nouvelle : celle entre les marxistes et les non-marxistes, entre le prolétariat « messianique » et ses ennemis dont la disparition est programmée à plus ou moins brève échéance. On retrouve ainsi la théologie des deux frères chère à la Bible, mais qui est ici pensée en termes d’opposition et d’exclusion, non de dialogue et d’inclusion. Les « élus » marxistes, qu’ils aient une carte du parti ou non, entendent créer un ethos universel où toute différence par rapport à leur projet politique est bannie : soit camarade soit ennemi, soit révolutionnaire soit contre-révolutionnaire. La « fraternité » envers les uns implique une hostilité sans appel envers les autres. Leur « ecclésiologie de communion » est impérialiste et totalitaire.

Ceci nous amène à dégager trois critères pour aider à l’élaboration d’une fraternité universelle légitime, telle que la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 – par exemple – entend la protéger et promouvoir : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité [30] ».

Tout d’abord, l’égalité qui préside à la fraternité universelle doit respecter les différences et les frontières entre les hommes, non les uniformiser, les standardiser, les éliminer, les réduire à la « mêmeté » pour reprendre une expression d’Emmanuel Levinas. Elle doit être essentiellement ouverte et serviable, comme c’est le cas, par exemple, dans la proposition d’une « laïcité positive » dont les chrétiens sont les ardents défenseurs et promoteurs. Ce critère vaut non seulement pour les divers projets de fraternités universelles « laïques », mais aussi religieuses, tels qu’on peut les rencontrer, par exemple, dans certaines interprétations de l’islam.

Le deuxième critère dont il faut tenir compte pour bâtir une fraternité universelle est celui de son origine : Zeus et Héra dans la mythologie grecque, les forces cosmiques, le Logos impersonnel des stoïciens, le Père affectueux des chrétiens, le Grand Architecte ou le Grand Horloger des révolutionnaires de 1789, la Raison, l’Humanité commune, un Contrat social universel spontané ou délibéré. Pas de relations fraternelles sans relations filiales ; pas de relations horizontales sans relation verticale, pas de communauté sans une certaine hiérarchie ! En dernière analyse, qu’est-ce qui fonde la communion fraternelle entre les humains : exclusivement une décision de tous – ou de quelques humains dits « éclairés » – de devenir frères ou également une Réalité personnelle transcendante, qui invite et qui engendre à une telle communion fraternelle [31] ?

Le troisième critère est lié au second. Il consiste dans la qualité réelle de la fraternité à rechercher et de la manière d’atteindre celle-ci. Prenons une illustration. S’étant distancés du Père affectueux des chrétiens et du déisme, les héritiers de 1789 en sont venus à éviter le terme « fraternité » et à le remplacer par celui de « solidarité citoyenne » à laquelle préside un État-providence. « Embrassez-vous, multitudes [32] ! » chante le poète Schiller. Dans une telle dynamique, il nous paraît difficile, voire impossible, qu’un tel vœu puisse effectivement se réaliser, qu’un authentique « amour fraternel » (philadelphia) puisse s’établir entre les hommes. Tout au plus peut-on espérer une certaine « philanthropie » (philanthropia) comme c’était le cas chez les Anciens en dehors du cercle familial. Voilà pourquoi bien des projets politiques ont dû se résoudre à verser soit dans un pragmatisme résigné, soit dans une utopie qui ne manque pas de naïveté, soit dans les deux à la fois. Bref, tous les projets de fraternités universelles, aussi nécessaires soient-ils, possèdent des limites intrinsèques. La fraternité selon Athènes, Moscou, Paris, New York ou Pékin ne sera jamais en mesure de remplacer la fraternité en Jésus-Christ. Leurs finalités respectives sont différentes et génèrent des ethos différents, avec des comportements spécifiques, des droits et devoirs spécifiques, des coutumes, des cultes, des références et des mémoires spécifiques.

Quelques traits de l’ethos fraternel chrétien

l’ethos fraternel chrétien honore à sa manière ces trois critères : égalité dans la différence, origine commune et réalisme. Comme nous l’avons vu, il s’exerce d’abord et avant tout au sein de la communauté des croyants. « Honorez tout le monde, mais aimez vos frères » (1 P 2,17). « Pratiquons le bien à l’égard de tous, surtout envers le frère dans la foi » (Ga 6,10).

Cet ethos n’entraîne nullement la disparition des frontières qui existent entre les chrétiens, mais il subordonne celles-ci à la commune fraternité dans le Christ. Il ne vise pas à instaurer un égalitarisme pourfendeur de leurs différences, mais à promouvoir une égalité foncière qui relativise toute différence. Comme l’écrit saint Paul, « vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous qui avez revêtu le Christ, il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus ni homme, ni femme, parce que vous êtes un dans le Christ Jésus » (Ga 3,27‑28). Toutes ces distinctions perdent de leur force, ou plutôt de leur absoluité, à commencer par celle entre les Juifs et les païens.

Les frontières abrahamiques et mosaïques en effet passent au second plan. Cela ne signifie pas que les chrétiens issus du peuple élu et les chrétiens issus du paganisme doivent se confondre : le frère aîné ne s’identifie pas au frère cadet. La différence fraternelle est inscrite dans le « code génétique » de l’Église, même si cette différence n’a sans doute pas toujours été bien reconnue et respectée d’un point de vue historique. La particularité d’Israël ne s’évanouit pas dans la Fraternité ecclésiale. Au contraire !

Dans cette dynamique, les frontières nationales, culturelles et raciales passent également au second plan. Ce point a d’ailleurs causé bien des persécutions au cours de l’histoire, passée et actuelle. Un État, lorsqu’il est enclin à des dérives totalitaires, ne supporte pas que certains de ses citoyens échappent à son emprise qu’il imagine sans limite.

La fraternité chrétienne déplace aussi les frontières sociales et économiques : « Il n’y a plus ni esclave, ni homme libre » (Ga 3,28). La lettre de saint Paul à Philémon en offre un témoignage émouvant [33]. Peut-on imaginer une révolution plus radicale des rapports socio-économiques ?

De même en est-il pour les relations entre les sexes. « Il n’y a plus ni homme, ni femme, déclare saint Paul dans une formule audacieuse, parce que vous êtes un dans le Christ Jésus » (Ga 3,28). Qu’on ne s’y méprenne pas. L’Apôtre n’entend pas ici nier la différence homme-femme ou affirmer leur interchangeabilité. Il ne proclame pas l’avènement d’un gender neutre et indifférencié. Non, il subordonne cette différence fondamentale à l’union au Christ en qui la « guerre des sexes » trouve son principe de réconciliation et de paix [34].

Les liens familiaux opèrent eux aussi une révolution copernicienne.

Ne l’oublions pas, écrit Maxime de Turin à la fin du IVe siècle, la fraternité du Christ est supérieure à celle du sang. Car la fraternité de sang rappelle seulement la ressemblance du corps, tandis que la fraternité du Christ manifeste l’unanimité du cœur et de l’âme, comme il est écrit : « Or les croyants n’avaient qu’un cœur et qu’une âme » (Ac 4,32). Par conséquent, celui-là est vraiment frère qui est apparenté non pas tellement par le corps que par l’unanimité. Le vrai frère – je le dis – c’est celui dont le même esprit et la même vocation sont dans le frère.

Cette « conversion » de la fraternité de sang s’effectue tantôt dans une facilité déconcertante, tantôt au prix de persécutions intimes : « Le frère mettra à mort son frère, et le père son enfant, et les enfants s’insurgeront contre les parents et les feront mourir » (Mt 10,21).

L’articulation des différents états de vie dans l’Église est appelée à suivre le même chemin que celui des relations entre judéo-chrétiens et pagano-chrétiens, des races et des cultures, des classes sociales et économiques, des sexes et des liens familiaux. Les chrétiens sont avant tout frères et sœurs de Jésus. Le fait d’être laïc (célibataire ou marié), consacré ou ordonné est second. L’identité « paradigmatique [35] » de chaque état de vie n’est en aucune manière niée, mais elle est subordonnée aux liens fraternels dans le Christ.

Ainsi, selon Vatican II, « les fidèles sont rassemblés par la prédication de l’Évangile du Christ, et le mystère de la Cène du Seigneur est célébré afin que, par la nourriture et le sang du corps du Seigneur, toute la Fraternité soit resserrée [36] ». Les ministres de l’Église « rassemblent la Famille de Dieu comme Fraternité qui n’a qu’une âme [37] ». Leur sacerdoce et l’autorité qui en découle doivent être interprétés en ce sens.

De leur côté, les « frères et sœurs » consacrés témoignent à un titre spécial de la présence du Royaume de Dieu sur terre, c’est-à-dire de la réalisation ultime de la grande communion fraternelle à laquelle tous les humains sont conviés dans le Christ. Leur désignation habituelle par les titres de « frères et sœurs » est de ce point de vue hautement significative. « Quel trait saillant de la personne de Jésus le frère religieux incarne-t-il d’abord dans sa forme de vie ? » se demande le Cardinal Joao Braz de Aviz, préfet de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique. « Celui de la fraternité. Le frère religieux reflète le visage du Christ-Frère, simple et bon, proche des gens, accueillant, généreux et serviteur. Le document montre que l’identité et la mission du frère religieux se résument par la fraternité [38] ».

Ce service éminent de la fraternité n’est bien entendu pas réservé aux personnes consacrées, comme l’observe saint Jean Chrysostome : « Le frère c’est tout fidèle quel qu’il soit, et pas seulement le moine. En effet qu’est-ce qui fait la fraternité ? C’est le baptême de renaissance [39] ». Nous retrouvons ici la différence dans l’égalité. Tous frères, mais pas de la même manière. Ce travail de relativisation des frontières ne s’effectue pas dans un monde idéal et transparent. De facto, il est rendu difficile et douloureux par le mystère de l’iniquité. À proprement parler, le mystère du mal n’ajoute pas une nouvelle frontière aux six que nous venons d’évoquer, mais les contamine chacune de son poison. l’ethos chrétien est donc un ethos de miséricorde et de lutte, dans la grâce de l’Esprit Saint. Les lettres de l’Apôtre sont remplies de conseils à ce sujet : fuir les dissensions (Ga 5,15), se soutenir mutuellement (Rm 15,1), être délicats les uns vis-à-vis des autres (1 Co 8,12), se réconforter (cf. Ac 28,14‑15), faire attention aux « faux frères » (pseudoadelphoi, Ga 2,4 ; 2 Co 11,26). Ensemble, elles dessinent un ethos de salut.

*

« Vous êtes tous frères » (Mt 23,8). Oui, mais comment ? « Mes frères, moi je cherche ! » s’exclame le jeune Joseph dans le livre de la Genèse (Gn 37,16).

Les hommes et les femmes de ce monde ne pourront-ils jamais correspondre pleinement à la soif de fraternité, inscrite en eux par Dieu Père ? Réussiront-ils avec leurs seules forces à vaincre l’indifférence, l’égoïsme et la haine, à accepter les différences légitimes qui caractérisent les frères et les sœurs ?

Nous avons tâché de montrer comment le dessein divin de fraternité universelle passe par le mystère paradoxal de l’élection : une élection non pas fermée et dominatrice, mais passionnément ouverte et servante, non pas blessante et exclusiviste, mais délicatement guérissante et accueillante, non pas nivelante et uniformisante, mais respectueuse et promotrice des différences de chacun.

[1Pape François, Message pour la Journée mondiale de la Paix, 1er janvier 2014, n° 1 et 2.

[2Nous avons également traité ce sujet dans « La communion fraternelle : égaux et différents », dans Aa. Vv., L’ecclésiologie de communion et la collaboration entre laïcs et prêtres dans la mission, Paris, Éd. de L’Emmanuel, 2015, p. 21-50.

[3Nous exprimons notre gratitude envers le jeune théologien J. Ratzinger pour son étude dont nous nous sommes librement inspirés : « Die christlische Brüderlichkeit », Seelsorger (1958), p. 387-429 ; publié sous forme de livre chez Kösel-Verlag KG, Munich, 1960 (2004) ; trad. franç. : Frères dans le Christ, Paris, Cerf, 1962 ; trad. ital. à laquelle nous nous référerons : La fraternità cristiana, Brescia, Editrice Queriniana, 2005.

[4François, Message..., art. cit., n° 4.

[5« Soyez enlacés, Millions. / Ce baiser de toute la terre ! Frères ! / Au-dessus de la voûte étoilée / Doit habiter un très cher Père » (L. von Beethoven, Neuvième symphonie).

[6P. Ricœur, « Le paradigme de la traduction », Esprit 253 (juin 1999), p. 13.

[7F. Dostoïevski, Les frères Karamazov, livre II, chap. 24.

[8J. Ratzinger, La fraternità cristiana, p. 12.

[9Cf. O. Bonnewijn, La famille dans la Bible. Quand Abraham, Joseph et Moïse éclairent nos propres histoires, Paris, Mame, 2014, chap. II : « Frères de sang », p. 81-149 ; cf. A. Wénin, Joseph ou l’invention de la fraternité. Lecture narrative et anthropologique de Gn 37-50, Bruxelles, Lessius, 2005.

[10Cf. M. Dujarier, Église-Fraternité. L’ecclésiologie du Christ-Frère aux huit premiers siècles. T. I, L’Église s’appelle « Fraternité » Ier -IIIe siècle, Paris, Cerf, 2013.

[11En 95-96, Clément écrit de Rome une lettre aux chrétiens divisés de Corinthe : « Vous étiez en combat jour et nuit en faveur de toute la Fraternité, afin que soit sauvé le nombre des élus de Dieu, dans l’affection et l’accord des consciences » (Ep. ad Cor., 2, 4 ; SC 167).

[12Dion de Pruse, Vettius Valens et Claude Gallien ont utilisé adelphotès uniquement pour parler du lien entre frères de sang. Chez les Latins, le terme rare de fraternitas est employé dans un sens seulement juridique, à savoir un lien créé par alliance ou par contrat.

[13Eusèbe de Césarée, Martyrs de Vienne et Lyon (en 177), Histoire ecclésiastique V, 1, 32 ; SC 41.

[14Lettre anonyme de 230, venant de Syrie ou d’Égypte, EF I, p. 53-54.

[15Bède le Vénérable, De templo I, CCSL 119 A, p. 181 et 185.

[16Cyprien De Carthage, EF I, p. 84. Dans ses écrits, le mot « Fraternité » désigne l’Église près de 60 fois.

[17Jean Chrysostome, Hom. 4, 3-4, in Hb ; PG 63, 40-4.

[18Dans la Grèce antique, en Mésopotamie et à Rome, une personne pouvait adopter un ami comme frère et en faire ainsi son cohériter.

[19Jean Chrysostome, Hom. 6, 3, In 1 Th ; PG 62, 432.

[20Selon une analyse de K. H. Schelkle, reprise par Joseph Ratzinger, La fraternità cristiana, p. 31-39.

[21Cf. Mt 5,21 s. ; 7,3 ; 7,4.5 ; 18,15.21.35 ; Ac 2,29.37 ; 7,2 ; 13,15.26 ; 22,1.5 ; 28,15.21 ; Jc 1,9 ; 2,15 ; 4,11.

[22Cf. Lc 22,31 s. ; Mt 23,8 ; Mt 28,10. « Ne vous faites pas appeler “rabbi”, parce qu’un seul est votre maître et vous êtes tous frères » (Mt 238).,

[23Cf. Mc 3,31-35 ; Mc 10,29.

[24J. Ratzinger, La fraternità cristiana, p. 39-42.

[25Cf. aussi la parabole du bon Samaritain (Lc 10,29-37). Le « prochain » – qui remplace le vocabulaire du frère – ne désigne pas nécessairement un baptisé, mais un homme dans le besoin.

[26TU 21/1, p. 174-175.

[27K. Barth, Die Kirchliche Dogmatik II, 2 ; trad. it. : La dottrina dell’elezione divina, Turin, UTET, 1983, p. 176.

[28Ibid.

[29Hilaire de Poitiers, De Trinitate, XI, 15 ; SC 462, p. 322. Hilaire utilise aussi l’expression sacramentum in Eo fratrum, c’est-à-dire « mystère – ou sacrement – des frères en Lui [en Jésus-Christ] ».

[30Premier article de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.

[31« Une fraternité véritable entre les hommes suppose et exige une paternité transcendante. À partir de la reconnaissance de cette paternité, se consolide la fraternité entre les hommes » (François, Message..., art. cit., n° 1).

[32Cité par J. Ratzinger, La fraternità cristiana, p. 26.

[33« S’il [Onésime] a été éloigné de toi pendant quelque temps, c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement, non plus comme un esclave, mais mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé : il l’est vraiment pour moi, combien plus le sera-t-il pour toi, aussi bien humainement que dans le Seigneur. Si donc tu estimes que je suis en communion avec toi, accueille-le comme si c’était moi » (Phm 15-17).

[34Pour une exégèse de Ga 3,28 en ce sens, voir D. Janthial, « Saint Paul, apôtre du gender ? », dans Gender, qui es-tu ?, Paris, Éd. de l’Emmanuel, 2012, p. 259-268.

[35Jean-Paul II, Exhortation apostolique Vita consecrata, 25 mars 1996, n° 31.

[36Lumen gentium, n° 26.

[37Lumen gentium, n° 28, repris dans Presbyterorum ordinis, n° 6.

[38Présentation du document « Identité et mission du frère religieux dans l’Église », Rome, 15 décembre 2015.

[39Hom. 25, 3 in Hb ; PG 63, 177. Selon J. Braz de Aviz, le religieux « réalise de cette manière (celle de la fraternité) en plénitude le sacerdoce universel des baptisés (n° 16) » (ibid.).

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