Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Éditorial

Réjouissons-nous !

Noëlle Hausman, s.c.m.

Hors-série Septembre 2015

| P. 1-3 |

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Au terme de l’année qui lui est dédiée, la vie consacrée aura-t-elle trouvé un nouveau souffle, osé des commencements inédits, décidé des orientations aussi durables qu’originales, ou encore reçu une intégration enfin adéquate dans le grand mouvement des destinées chrétiennes ? Nous avons voulu, pour notre modeste part, offrir un peu de beauté à nos lecteurs – et, qui sait ?, futurs lecteurs – en sortant des sentiers habituels. Voici donc un hors-série, unique dans les annales de notre longue histoire rédactionnelle, alors que se profile, dans une dizaine d’années, un premier centenaire...

Pour l’heure, notre petite équipe de direction s’est ingéniée à concevoir de nouvelles rubriques, une mise en page et un format différents, des photographies et de la couleur, toutes choses qui, nous l’espérons, vous surprendront et vous réjouiront. C’est le moment de dire notre gratitude à la Communauté religieuse dont la générosité sans faille a soutenu un dessein que tout rendait inaccessible.

« Le témoignage de vie attire les vocations », disait le Pape François aux prêtres et consacrés de Naples (le 23 mars 2015). C’est pourquoi nous avons choisi de commencer par une rubrique Portrait. Ces quelques visages ne sont ni des modèles rêvés ni des figures légendaires : religieuse d’un pays ex-communiste, ermite et vierge consacrée tout ensemble, évêque dominicain, moniale grand-mère, consacrée séculière, tous incarnent la vie consacrée d’aujourd’hui en ce qu’elle a parfois d’insolite, alors même qu’elle rejoint l’authenticité de cheminements plus coutumiers.

Tous ces engagements se profilent sur le fond de questions parfois très complexes, réfléchies ici en forme d’Orientation. Si des leaders spirituels, avance un père abbé expérimenté, en arrivent à croire que tout ce qu’ils exigent des autres correspond sans reste à la volonté de Dieu, ou si des personnes consacrées identifient sans plus la volonté de l’autorité avec celle de Dieu, nous voici devant des dérives tyranniques ou infantiles qui dénaturent la liberté chrétienne, fondée dans la dignité de ceux que Dieu destine à lui rendre amour pour amour, grâce pour grâce.

D’un autre côté, notre culture résolument anti-eschatologique induit souvent des modes de vie commune individualistes et narcissiques. Dans ce contexte, les consacrés aujourd’hui ne sont plus seulement appelés à interpréter la parole de l’Évangile, mais en premier lieu à réinterpréter leur propre vie à la lumière de l’Évangile. On peut certes croire que « reformater » la vie des consacrés, c’est réformer l’Église ; mais il est plus nécessaire encore de commencer par prendre conscience de sa pauvreté.

À supposer que l’ordre des veuves attesté dans l’Antiquité chrétienne renaisse, ce serait nécessairement sous une forme nouvelle, estime un évêque émérite. Reste encore à voir si cette reviviscence ne devrait pas s’accompagner de l’institution d’un ordre des veufs : consacrer sa vie à Dieu dans l’état de veuvage, c’est aujourd’hui témoigner d’un amour plus fort que la mort, en même temps que donner à cette fidélité un sens ecclésial.

Une promenade réflexive à travers quelques films récents permet aux auteurs d’engager leur Opinion. C’est que la vie consacrée y sert de cadre et parfois de prétexte à des traversées intimes, personnelles, historiques ou nationales, et qu’elle met en scène, sous des formes apparemment dérisoires, des enjeux primordiaux : comment l’esprit accède-t-il au langage qu’il précède, qu’apporte la dévotion sensible, de quel poids la mémoire enfouie grève-t-elle nos identités perdues, l’amour l’emporte-t-il sur la banalité des jours, où trouver refuge quand l’errance procède de loyautés dénaturées ?

En point d’orgue, une Esquisse en forme de chant d’amour : l’arc va de l’Ancien au Nouveau Testament, dans la singularité de noces inattendues, la surprise d’une fécondité inespérée, la secrète beauté d’un champ juste ensemencé.

Réjouissons-nous de cet amour enfin partagé.

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