Préparation spirituelle d’un chapitre d’élection
Xavier Dijon, s.j.
N°2014-3 • Juillet 2014
| P. 163-171 |
Pour les communautés qui préparent un chapitre d’élections, la méditation trinitaire de l’auteur vient à point pour nous rappeler — dans la suite des deux articles magistraux du P. J. Lavigne, publiés dans nos deux derniers numéros — combien le chapitre met en œuvre l’écoute d’une Présence que l’Église nous aide à rencontrer. On remarquera en particulier qu’il s’agit d’échanger des paroles conformes à cet acte commun d’obéissance, et comment la pratique des vœux prépare à soutenir les personnes qui vont entrer en charge. Des vues profondes, qui pourraient désensabler quelques sources.
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Quand une congrégation religieuse se met en chapitre pour élire son/sa supérieur/e, elle entre intérieurement au Cénacle pour y vivre en commun l’attente active de l’Esprit. Car il s’agit de donner un visage à celui/celle qui permettra aux frères/sœurs de poursuivre la mission de la congrégation dans l’obéissance. Or, parce qu’elle est promesse faite à Dieu à cause du Christ, l’obéissance nous place d’emblée sous la mouvance de l’Esprit. Achevons le raisonnement : si l’obéissance s’exerce envers le supérieur à cause de l’engagement spirituel pris par chacun des membres de la congrégation à l’égard du Seigneur, il serait pour le moins étrange que l’élection de ce responsable se déroulât de manière seulement humaine, trop humaine. Sans doute les grands de ce monde aiment-ils faire sentir leur pouvoir mais il ne doit pas en être ainsi parmi vous (Mt 20, 26) : ni du côté du supérieur placé à la tête de la congrégation, ni non plus (donc) du côté du chapitre qui procède à l’élection de ce supérieur. Seule l’écoute commune de l’Esprit, creusée tout au long de la préparation du chapitre, délivre les religieux des considérations partisanes ou des craintes angoissées qui risqueraient de perturber, d’abord le processus de l’élection, ensuite la paix de l’obéissance au supérieur désigné.
Pour que la congrégation entre dans les dispositions adéquates du discernement, il est bon qu’elle se mette en présence de Dieu et qu’elle se rappelle les indications données par l’Église.
La mise en présence de Dieu
Puisque, au temps plénier de l’alliance, Dieu se révèle comme Père, Fils et Esprit, nous pouvons demander à l’Esprit de nous faire entrer davantage dans ce mystère trinitaire afin de mieux comprendre la grâce de l’obéissance.
Le don du Père
Pour prendre la mesure d’une bonne préparation spirituelle au chapitre d’élection, faut-il remonter jusqu’au Déluge ? Pas seulement ! Car il faut grimper six chapitres plus haut encore dans le livre de la Genèse, à l’endroit où Dieu, nous créant homme et femme, dit que c’est très bon (Gn 1, 31). Car si le Déluge sanctionne la désobéissance qui corrompt tous les liens, la Création fonde l’obéissance dans une bienveillance fondamentale sur laquelle il nous est bon de revenir. Mais quel rapport, demandera-t-on, avec l’élection d’un/e responsable de congrégation ? Celui-ci : pour donner à l’obéissance religieuse – et, corrélativement, à l’élection de la personne qui détiendra l’autorité – les meilleures chances de produire tous ses fruits spirituels, il convient d’enraciner l’obéissance quotidienne d’ici et de maintenant dans ce lien fondamental qui relie au Père créateur l’être que nous sommes : « je suis là, tu es là, nous sommes là, et c’est bien ».
L’obéissance, en effet, ne se vit convenablement que dans la confiance, qui, à son tour, suppose la bonté de la personne à laquelle, précisément, l’obéissant accorde sa confiance. Or n’est ce pas celui-là que Dieu veut être pour nous ? Il est Celui qui mérite notre confiance, à la fois quand Il nous donne à manger de tous les arbres du Jardin pour que nous en profitions, et quand Il nous défend de mordre dans le fruit de la Méfiance qui nous ferait décider par nous-mêmes la différence entre le bien et le mal. Tel que je suis, tels que nous sommes, nous n’avons pas été à l’origine de nous-mêmes ; nous provenons de la Bienveillance créatrice qui nous a voulus existants ici et maintenant. Bien sûr, dans la suite, est venu le péché, avec son cortège de dominations écrasantes, de rejets blessants et d’indifférences meurtrières mais, pour l’heure, nous voulons revenir en-deçà du chapitre 3 de la Genèse et du Serpent qui nous a enroulés autour de nous-mêmes : l’homme, la femme que Dieu a créé/e est celui-là/celle là que je suis au plus intime de moi-même : je suis son Enfant.
Avant donc d’obéir au supérieur qui va être élu, et pour mieux nous y préparer, nous entrons dans ce consentement fondamental à la vie qui nous a été donnée, si malmenée, si « cabossée » qu’elle fut. Consentir à la vie, donc aussi, logiquement, consentir à la vieillesse et à la mort. Quel être humain ne doit pas, finalement, se soumettre au réel tel qu’il est ? Pourtant, notre monde ne l’entend pas toujours de cette oreille. Par exemple, toutes les techniques biomédicales et toutes les lois « bioéthiques » qui touchent aujourd’hui à la vie, à l’amour et à la mort ne révèlent-elles pas davantage une volonté de maîtrise plutôt qu’une disposition à l’acceptation de la réalité ? Or si la vie religieuse veut donner le témoignage d’obéissance que le Seigneur Jésus attend d’elle, ne doit-elle pas descendre jusqu’à ce consentement fondamental à la vie telle qu’elle nous a été donnée ? « C’est ainsi, et c’est bien : que ta volonté soit faite ».
La reprise du Fils
Notre condition humaine appelait la reconnaissance de la Paternité créatrice mais, sitôt passés les deux premiers chapitres de la Bible, la suite de la Genèse nous a appris ce qu’il en fut : la Désobéissance a entraîné le premier couple humain et toute sa suite au pays de la Dissemblance.
Deux de ces malobéissants (comme on dit malentendants) se sont retrouvés au chapitre 15 de saint Luc : le cadet est parti et l’aîné est resté, mais pas plus celui-ci que celui-là n’ont compris la Bienveillance première qui aurait dû inspirer leur obéissance. Que faire ? Il a en tout cas fallu que le troisième Fils, ou plutôt le premier, l’Unique, refasse pour eux à grands cris et dans les larmes (cf. He 5, 7), le chemin de l’obéissance. Assumant les écarts du prodigue qui en était réduit à garder les porcs, il joue deux rôles puisqu’il revient vers le Père comme le Serviteur qui a tout pris sur lui, et il raconte le Père qui va au-devant du fils ingrat pour couvrir son projet de repentir avec l’ample manteau de la filiation : Qui me voit voit le Père (Jn 14, 9). Même scénario avec les fils aînés, les pharisiens qui l’écoutaient d’un air soupçonneux car il n’avait pas mis la Loi au-dessus de tout : Jésus leur raconte le Père qui sort à nouveau à la rencontre du fils irréprochable pour le supplier d’entrer (cf. Lc 15, 28) et il est lui-même ce Fils qui n’est pas venu pour abolir la Loi mais pour l’accomplir (cf. Mt 5, 17) dans la reconnaissance éperdue de la Bonté paternelle. L’Unique Fils a reconduit ses deux puinés à la fraternité en les ramenant au Père.
Dans la vie religieuse, nous voulons vraiment obéir, non pas donc comme le cadet ni comme l’aîné de la parabole, mais comme le Fils unique. En même temps, puisque cette obéissance est extrême, nous voulons non seulement obéir comme le Fils mais au Fils. Notre nourriture est de faire la volonté de Celui qui nous a envoyés (cf. Mt 4, 34). Mais qui nous a envoyés ? Le Père a envoyé le Fils, et le Fils nous envoie. Tous nos débats autour de l’obéissance (« et que faites-vous de la liberté ? » demandait une sœur l’autre jour) ne peuvent trouver leur réponse dernière que dans ce dialogue mystique entre Jésus et son Père. Dialogue d’agonie parfois, mais dont la finale est connue : Non pas ma volonté mais la tienne (Mt 26, 39).
Autre éclairage de cette même intimité : les tentations au désert (Mt 4, 1-11). Jésus vient d’entendre, au baptême, la voix du Père : mon Fils bien-aimé… Pour que cette parole s’enracine en lui, Jésus est chassé au désert. Il y fait, en son humanité, l’apprentissage de son obéissance filiale. En vue de cette initiation, le Malin se présente, ainsi qu’il l’avait déjà fait avec Eve, comme un judicieux instructeur. Au début de sa prodigieuse mission, Jésus pourrait s’enrouler lui aussi autour de lui-même : manger les pierres qu’il aurait transformées en pains, subjuguer les foules en tentant Dieu, acquérir tous les royaumes moyennant la prosternation devant le Prince de ce monde… Mais par trois fois Jésus casse la surface trop lisse de ce miroir qui ne lui renvoie que l’image de lui-même, en le coupant donc de son Père (et de nous). Volonté de plus en plus farouche, dirait-on : Pas seulement de pain…, Tu ne tenteras pas… Retire-toi… Envers et contre toute tentation, Jésus veut rester l’Écoutant du Père, donnant ainsi raison au Père de nous dire à son tour au Thabor : Écoutez-Le ! (Mt, 17, 5).
L’achèvement de l’Esprit
Jésus a tout dit et tout fait en l’espace d’une vie humaine. Encore fallait-il qu’il vînt habiter l’âme de chacun d’entre nous pour nous permettre de dire et de faire de plus grandes choses encore ; par exemple de parcourir le monde par obéissance à sa Parole. En s’effaçant de notre vue, Jésus nous promet l’Esprit qui va œuvrer en ces deux dimensions apparemment contradictoires : l’intimité la plus profonde de notre personnalité, d’une part ; l’universalité la plus large de notre terre, d’autre part. Comme la colombe qui plane sur les eaux pour y susciter la vie, comme le feu qui se divise en autant de langues parlées dans l’univers pour y faire lever la parole, l’Esprit allie tous les contraires ; il est la brise légère pour l’être accablé par le soleil, l’audace du pusillanime, la souplesse de l’esprit rigide, le souffle de chaleur pour l’être transi de froid, la prudence du fougueux, le redressement de l’esprit tordu, la source vive, le rayon de lumière…
L’Esprit rejoint ainsi chacun des baptisés en cet endroit de lui-même où Dieu est le seul à lui parler : chacun selon son visage spirituel d’ombre et de lumière, de fraîcheur et de sécheresse, de force et de faiblesse… En ce sanctuaire personnel, l’Esprit va rappeler les mots et les gestes du Seigneur Jésus pour inviter à la prière (Abba, Père) et à la charité (répandue en nos cœurs), à la justice et au pardon, à la conversion et au témoignage. Au cœur de chaque fidèle, il poursuit son œuvre dans le monde et achève toute sanctification.
Faut-il donc s’étonner si un chapitre d’élection commence par une invocation à l’Esprit Saint ? N’est-ce pas Lui qui nous dessaisit de nous-mêmes pour nous saisir dans le Christ ? N’est-ce pas Lui qui fait entre nous l’unité par le lien de la paix ? Lorsqu’elle se laisse conduire par l’Esprit, une congrégation religieuse ne verse ni dans l’anarchie des subjectivités débridées, ni dans l’enrégimentement de l’uniformité : elle est tout simplement fraternelle, suffisamment libre pour accepter un ordre, suffisamment ordonnée pour accueillir les libertés.
L’Esprit effectue en chacun ce qu’il accomplit en tous : l’alliance des (apparemment) contraires. Il ramène aux « vieilles histoires » de la Bible et des textes fondateurs de la Congrégation pour nous inviter à créer du neuf ; Il nous pousse au large des rencontres humaines (des pauvres en particulier) pour nous ramener à l’Évangile… L’Esprit se montre suffisamment humble pour laisser le supérieur prendre la décision qui s’imposera aux membres de la congrégation ; en retour, Il appelle le supérieur à se montrer suffisamment docile pour Le laisser lui, l’Esprit, inspirer cette décision à prendre pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Ignace d’Antioche disait à son successeur l’évêque Polycarpe : Que rien ne se fasse sans ton avis, et toi non plus, ne fais rien sans Dieu.
L’obéissance religieuse tâche ainsi d’épouser la ferveur du Feu et la fluidité de la Source. Car il faut croire qu’entre Jésus-Christ, notre Seigneur, qui est l’Époux, et l’Église, qui est son Épouse, il n’y a qu’un même Esprit qui nous gouverne et nous dirige pour le salut de nos âmes […]. (Ignace de Loyola, Exercices spirituels, n° 365).
Les indications de l’Église
Pour se préparer à la tenue de son chapitre d’élection, une congrégation religieuse trouvera intérêt non seulement à se mettre en présence de Dieu dont le mystère est la raison même du vœu d’obéissance, mais encore à suivre les indications données par l’Église sur ce sujet. On évoque ici les échanges de parole, le lien des trois vœux et l’imperfection de la médiation.
Échanger les paroles
Dans les conversations qui précèdent ou accompagnent la tenue du chapitre, on se souviendra du canon 626 du Code de droit canonique : Dans la collation des offices par les Supérieurs et les élections par les membres seront observées les règles du droit universel et du droit propre. Supérieurs et membres s’abstiendront de tout abus et acception de personnes et, ne considérant que Dieu et le bien de l’institut, ils nommeront ou éliront ceux qu’ils jugeront devant le Seigneur vraiment dignes et aptes. De plus, ils prendront garde, dans les élections, de ne pas solliciter directement ou indirectement de suffrages pour eux-mêmes ou pour d’autres.
Où l’on voit qu’un chapitre d’élection est au moins autant acte d’obéissance que de pouvoir. Contrairement aux pratiques en vogue dans la société politique, la congrégation religieuse ne connaît pas de campagne électorale qui viserait à promouvoir tel ou tel membre de la communauté à la charge de supérieur, ni non plus à en évincer tel ou tel autre. Dans les paroles qui s’échangent au sujet des mérites respectifs des personnes éligibles, le mot d’ordre est clairement celui du maintien de la liberté spirituelle des interlocuteurs. Les affects personnels – positifs ou négatifs –, à l’égard de la personnalité d’autrui n’y ont pas leur place car la double considération primordiale, selon le canon cité, est et reste : Dieu, et le bien de l’Institut. Les informations seront donc sollicitées auprès d’autrui par la personne qui souhaite s’éclairer, et non pas imposées d’initiative par celle qui entend faire partager son point de vue. Elles porteront sur les caractéristiques objectives de tel ou tel membre éligible, sans que celui qui les donne cherche à peser sur la liberté de l’interlocuteur qui cherche l’information.
Cette réserve commune manifestée dans l’échange suppose une ascèse où s’exprime déjà l’ouverture de chacun (et de tous) aux motions de l’Esprit. Car c’est Lui en fin de compte qui, ramenant les membres du chapitre au Fils et au Père, entend que le Christ lui-même dirige l’Institut. Informer objectivement autrui pour que sa conscience en soit éclairée, puis le laisser à son jugement propre, c’est entrer dans l’obéissance fondamentale sur laquelle repose l’élection du supérieur.
Lier les trois vœux
Puisque l’élection est d’abord et avant tout acte d’obéissance, les membres du chapitre s’y prépareront au mieux en vivant eux-mêmes, au quotidien de leur vie apostolique et communautaire, l’obéissance ordinaire aux supérieurs, y compris au responsable qui va être remplacé. L’obéissance se cultive en effet, au chapitre et ailleurs, par son exercice. On sera aussi attentif aux multiples connexions qui relient les trois vœux. Humainement, nous savons combien ces trois forces – du pouvoir, de la possession et de l’affection –, peuvent mobiliser les énergies humaines, et combien elles peuvent converger pour le meilleur, et pour le pire.
Or, dans la vie religieuse, nous avons reçu la grâce de faire tendre ces puissances vers la personne du Seigneur Jésus, l’unique Bien-aimé, le vrai Trésor (ou la vraie perle) et la seule Volonté qui nous soit souveraine. C’est du moins l’engagement que nous avons pris. Il nous est bon de nous le rappeler au moment où la démarche de discernement engagée dans la préparation du chapitre d’élection nous oblige à poser les questions les plus radicales sur l’identité de la congrégation, l’actualité de ses missions, ses perspectives d’avenir, etc. Comment porter paisiblement les interrogations soulevées dans ce processus, sinon en creusant en profondeur, par l’alliance des trois vœux, la raison d’être de notre consécration ? Transparence financière et affective, obéissance joyeuse et charité fraternelle, sobriété de vie et ascèse de l’affectivité, maîtrise de la parole et prière fidèle : tout renforcement de nos liens à la personne du Christ contribue à la préparation de cet acte spirituel d’obéissance qu’est le chapitre d’élection.
Si la double marque de la pureté d’intention dans les délibérations du chapitre est, comme l’a rappelé le code de droit canonique, Dieu, et le bien de l’Institut, la meilleure façon de mettre en œuvre ce critère n’est-elle pas d’expérimenter, dans la convergence des trois vœux, à quel point le bien de l’Institut se trouve précisément en Dieu ?
Soutenir la médiation
Un dernier mot sur la préparation spirituelle du chapitre, pour rappeler une évidence. Puisque, finalement, le véritable supérieur de la congrégation religieuse est le Seigneur Jésus lui-même, sa médiation qu’est le supérieur ne sera de toute façon jamais à la hauteur de la tâche. Cette mise en perspective de la personne du supérieur de congrégation et du Seigneur Jésus doit sans nul doute convier le supérieur à l’humilité ; doit-elle pour autant conduire au découragement les membres du chapitre qui vont l’élire ? Non car, ici encore, il s’agit de reconnaître les limites de l’humaine condition. Une petite dose d’humour peut d’ailleurs y aider, cette vertu si proche de l’humilité.
Sans doute le chapitre devra-t-il choisir pour supérieur la personne qui lui paraît la plus apte et digne. Ce choix se fera toutefois sans illusion sur l’inévitable imperfection de la médiation humaine que sera l’élu. Certes le supérieur fera de son mieux pour remplir sa mission, mais ce n’est jamais qu’en subordination à l’Esprit qui aura, espérons-le, le bon goût de combler les déficiences du malheureux supérieur en inspirant dans le cœur de ses frères l’attitude de foi qui permet d’entrer dans l’obéissance, non pas à cause des mérites de la personne qui indique la volonté de Dieu, mais à cause de Dieu lui-même.
Dans certaines formules de profession religieuse, on indique que les vœux sont prononcés en présence du supérieur qui tient la place de Dieu. La formule ferait sourire s’il n’y avait, derrière l’humiliation qu’elle représente pour le supérieur en question, le regard de la foi à l’égard du Seigneur Jésus qui a choisi de vivre l’obéissance de la manière la plus incarnée qui soit.
Pour conclure
Au terme de cette brève « récollection en vue d’un chapitre », on aimerait faire une suggestion. Puisqu’il s’agit, dans le processus du choix d’un nouveau supérieur, de garder l’intention droite et de faire du chapitre lui-même un acte commun d’obéissance, pourrait-on imaginer que chaque participant à la démarche de discernement remette au supérieur sortant un pli (fermé) à l’intention du supérieur qui sera élu ? Dans cette lettre, la personne s’adresserait au nouveau responsable dont, par hypothèse, nul ne connaît le nom, pour lui dire, à la fois, son allégeance, ses souhaits et sa prière. Rédigé sous un voile d’ignorance, ce mot pourrait sans doute soutenir le nouveau responsable élu ; il pourrait aussi permettre à la congrégation tout entière d’entrer plus librement en chapitre, sans autre préférence que le bon vouloir de l’Esprit.