Chronique d’Écriture Sainte
Nouveau Testament
Véronique Fabre
N°2013-4 • Octobre 2013
| P. 292-300 |
Les ouvrages que les éditeurs ont bien voulu nous envoyer peuvent être regroupés en deux catégories : il y a d’abord ceux qui commentent un livre biblique, puis des ouvrages plus généraux. Pour la première partie, nous suivrons l’ordre du Nouveau Testament.
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Les ouvrages que les éditeurs ont bien voulu nous envoyer peuvent être regroupés en deux catégories : il y a d’abord ceux qui commentent un livre biblique, puis des ouvrages plus généraux. Pour la première partie, nous suivrons l’ordre du Nouveau Testament.
I
Dans la chronique 2010, nous avions commencé à lire l’évangile de Luc en pastorale, sous la conduite de Philippe Bacq (cf. Vs Cs 2010-4, p. 291). Voici la suite de cette lecture, avec la coopération d’Odile Ribadeau Dumas [1]. Une première étape présente une exégèse pastorale qui lit le texte évangélique dans une perspective narrative. Une deuxième étape propose une relecture plus synthétique de certains thèmes particuliers et dégage du récit quelques propositions plus pastorales qui s’appuient aussi sur le livre des Actes, inséparable de l’Évangile (cf. p. 6). L’ouvrage est très pédagogique, il s’adresse à tout lecteur désireux de découvrir l’évangile de Luc. Ainsi sont proposés au fil du texte, une traduction qui serre le grec au plus près, des remarques, des questions, des encadrés, de nombreuses notes à l’adresse des animateurs de groupes de lecture, une bibliographie complétée en finale de l’ouvrage. Merci pour ce bel outil !
Prologue de Jean. Harmoniques bibliques [2]. L’auteur, Jean Radermakers, professeur d’Écriture Sainte à l’IET (Faculté jésuite de théologie de Bruxelles) accompagne cette lectio divina des images d’une artiste, Anne Wouters, suggestives par leurs formes et leurs couleurs et invitant à la contemplation. Le texte du prologue est structuré en neuf unités, comme le chandelier à neuf branches de la fête de Hanoukkah ou Dédicace. A chaque étape, les paroles de l’Écriture retenues s’enfilent comme des perles pour souligner un point important du texte à méditer. Ainsi pouvons-nous contempler Jésus vivant à travers son corps évangélique, c’est-à-dire l’Écriture.
Un nouveau livre aux éditions Lumen Vitae : Les Actes des Apôtres en dialogue avec Vatican II [3]. L’équipe du Service biblique diocésain du Luxembourg sous la direction de Luis Martinez propose la lecture communautaire de plusieurs textes majeurs du Concile Vatican II à la lumière du livre des Actes des Apôtres. Ce parcours s’adresse particulièrement à ceux qui désirent entreprendre une telle lecture au cours de l’année de la foi. Il s’agit de plusieurs rencontres, chacune étant structurée en deux moments : la lecture attentive du texte choisi des Ac ; l’actualisation du texte dans la vie ecclésiale d’aujourd’hui par la lecture de deux passages du Concile qui interpellent notre vie communautaire. Réflexions et questions jalonnent l’ouvrage et constituent une aide bien précieuse pour les animateurs.
La revue Esprit avait publié en 2002-2003 une série d’articles bien précieux sur l’épitre aux Romains commentant l’ensemble de la lettre. Voici maintenant tout un livre du même auteur, Paul Bony, proposant une lecture de Rm sous un angle bien précis qu’évoque le titre : Un juif s’explique sur l’Évangile [4]. En effet, un certain juif, Paul de Tarse, devenu apôtre du Christ sans avoir conscience d’avoir perdu son appartenance au peuple juif, s’explique sur l’Évangile qu’il considère non pas comme une déviance, mais comme l’accomplissement de la foi d’Israël. Cette lecture suit de près le texte de l’Épître, chaque séquence étant ressaisie pour voir « comment l’Évangile est au travail sur la foi que Paul hérite de son judaïsme d’origine » (p. 25). Une conclusion générale répond aux questions suivantes : Paul s’exprime-t-il en termes d’accomplissement ? En termes de fidélité de Dieu à ses promesses ? En termes de confession de foi renouvelée au Dieu unique ? En termes de nouvelle fraternité ? Puis vient une réflexion juive contemporaine sur l’épître, due au rabbin Rivôn Krygier, véritable interpellation à la suite de laquelle l’Auteur ouvre des pistes de réponses chrétiennes. Un livre à recommander !
La seconde lettre à Timothée est l’objet du premier tome d’une nouvelle collection lancée par les Editions Olivetan : « Au fil de l’Écriture » [5]. François Vouga, professeur de NT à Bielefeld (Allemagne), entouré de collaborateurs, utilise un style bien particulier : « Selon une interprétation que nous espérons fidèle au texte dont nous tentons de montrer l’actualité, nous avons rédigé une sorte de manifeste. Nous l’avons écrit sous forme d’une explication que son auteur viendrait nous livrer de la préoccupation fondamentale qui fut la sienne et qui est devenue la nôtre : définir une stratégie spirituelle de fidélité vivante à la parole créatrice et libératrice de l’Évangile » (p. 7-8). L’interprétation est également particulière dans la mesure où l’épître est prise pour elle-même, dans son argumentation propre, et non interprétée à la lumière des autres épîtres pastorales. Le résultat est tout à la fois vivant et enrichissant, car il ouvre une réflexion et un dialogue qui fortifient l’espérance.
L’épître de Jacques est l’objet de deux ouvrages. D’abord le commentaire des éditions Labor et Fides écrit par Jacqueline Assaël, philologue à la Faculté des lettres de Nice-Sophia Antipolis et Elian Cuvillier, exégète à la Faculté de théologie protestante de Montpellier [6]. Les deux auteurs reprennent le dossier de cette « épitre de paille » selon Luther, qui l’opposait aux écrits pauliniens. À l’encontre du consensus exégétique actuel, il apparait, grâce notamment à l’analyse philologique, que cet écrit développe une authentique christologie. Les questions d’introduction, entre autres sur la christologie et la comparaison paulinienne, sont suivies de regards sur l’histoire de l’interprétation de l’épitre, et enfin d’une troisième partie présentant une traduction originale accompagnée de notes exégétiques et du commentaire du texte. Notons en finale de cet important ouvrage, un glossaire grec bien précieux.
Le second livre sur l’épître de Jacques opère comme un zoom sur le précédent puisqu’il s’agit d’un ouvrage collectif sur l’épître dans sa tradition d’exégèse [7]. Après avoir rappelé les grandes lignes de l’exégèse actuelle, il expose quatre étapes dans l’histoire de l’exégèse de Jc au fil de quatre chapitres, chacun étant rédigé par un spécialiste de la question : dans l’exégèse patristique, au Moyen Âge, dans le monde protestant du 16e siècle, dans le monde catholique du 16e au 18e siècle. L’ensemble comble une lacune puisque « l’épitre de paille » n’avait pas encore donné lieu à une telle recherche.
Enfin, un ouvrage sur l’Apocalypse de Dominique Janthial, professeur à l’IET de Bruxelles [8]. « La démarche que nous avons entreprise, à la suite d’autres lecteurs contemporains, dont Jacques Ellul, consiste à voir dans ce Livre la révélation de notre présent, celui de notre Église et notre humanité telles qu’elles existent dans l’éternel présent de Dieu ». L’A. s’appuie également sur René Girard qui n’a jamais écrit sur l’Apocalypse, mais dont les deux révélations majeures, le « désir mimétique » et le « bouc émissaire » semblent être directement inspirées de la révélation de Jean (cf. p. 16). Le texte est alors commenté au fur et à mesure de sa lecture, selon l’annonce du début de l’ouvrage : « À longueur de pages, l’Apocalypse ne nous révèle en fait qu’un seul événement : la mort-résurrection du Christ dont elle déploie toutes les conséquences théologiques en termes imagés. Il suffit en effet de contempler cet événement pour en déduire qu’il va inévitablement faire trembler sur ses bases une société des hommes dont la cohésion est cimentée par la peur de la mort. En retour, il est logique que la société, pour assurer sa pérennité, mette à son ban ceux qui témoigneraient d’un pareil événement » (p. 14).
II
Commençons cette seconde partie sur les ouvrages généraux par un nouveau tome de la collection « le livre et le rouleau » des éditions Lessius, sur la circoncision [9]. L’ouvrage ne veut pas aborder les multiples aspects de la question, mais plutôt contribuer à fournir quelques éléments expliquant pourquoi le christianisme s’est cru peut-être trop aisément débarrassé de la circoncision tandis que le judaïsme en a fait un marqueur d’identité emblématique. À cette fin, l’ouvrage revisite les sources bibliques et remonte aux origines de la séparation entre le judaïsme et le christianisme, en cinq articles qui reprennent les travaux d’un Séminaire d’exégèse de l’Université catholique de Louvain en 2011-2012 : circoncision et alliance dans la Genèse (A. Wenin) ; la circoncision du cœur de l’un à l’autre Testament (E. Di Pede) ; Çippora (Ex 4, 24-26) : un oiseau qui s’échappe du filet des interprètes (D. Luciani) ; la circoncision dans le Nouveau Testament (S. C. Mimouni) ; postface : expliquer la circoncision à l’Europe, et à nous-mêmes (D. Meyer). L’ensemble du parcours permet de mieux percevoir l’enjeu de l’annexe présentée dans l’avant-propos, à savoir l’appel lancé à Benoît XVI par six ecclésiastiques, exégètes et théologiens de renom, pour le « rétablissement de la fête de la circoncision du Seigneur le 1er janvier, associée à la fête de l’imposition du Nom de Jésus et de Marie, Mère de Dieu » (p. 10)
Un autre ouvrage aux éditions Lessius, dans la même collection, nous offre une véritable recherche sur la notion pharisienne de révélation [10]. Jean Massonnet, prêtre et enseignant du diocèse de Lyon, cherche à « retrouver ainsi l’humus dans lequel s’enracine le christianisme naissant » (p. 14). Une première partie montre le rôle prépondérant des pharisiens dans les derniers siècles du Second Temple. Une deuxième partie précise comment se manifeste l’oralité à l’époque du Second Temple. Dans une troisième partie, divers exemples illustrent la dépendance du Nouveau Testament vis-à-vis de la tradition rabbinique. Une solide conclusion reprend l’ensemble à travers trois points : le mystère de l’Église ; l’œcuménisme et Israël ; l’illumination de Sion. « Si nous voulons ressaisir en un mot les lignes essentielles de ces pages, c’est à l’oralité que nous aurons recours : la révélation s’exprime en un peuple dans lequel elle se développe et grandit et avec lequel elle fait corps ; elle se manifeste pleinement en Jésus, et informe le corps de ses disciples. Le Dieu Un veut se manifester dans un peuple un » (p. 364). Relevons enfin la richesse des index et bibliographies.
Pierre Mourlon Beernaert, professeur émérite de NT à l’Institut Lumen Vitae (Bruxelles) nous présente un nouveau petit livre dans la collection « Que penser de… ? » [11]. Pourquoi quatre évangiles ? D’une manière simple et accessible, ce petit ouvrage de synthèse met bien en lumière les différences et les ressemblances entre les récits. Retenons un mot sur chacun : Mc, le plus ancien, est l’évangile qui donne à voir, l’évangile du catéchumène en route vers la pleine foi ; Mt, qui tire du neuf de l’ancien, est l’évangile du catéchiste, l’évangile ecclésial ; Lc est l’évangile de la miséricorde, de la tendresse de Dieu ; En Jn, Jésus est présenté comme le chemin, la vérité, la vie (14,6) ; dans cet évangile de la rencontre, Jésus est le Maître du désir. Ce livre est un beau stimulant pour aller relire chacun des évangiles pour lui-même !
Un autre livre aborde l’ensemble des quatre évangiles, mais sous un angle tout-à-fait différent, puisqu’il se penche sur les paroles de Jésus difficiles, drastiques, dures à entendre [12]. Michel Wackenheim, archiprêtre de la cathédrale de Strasbourg, examine une vingtaine de ces paroles dont celle choisie comme titre de l’ouvrage : « Qui sont ma mère et mes frères ? » (Mc 3,33) : sept paroles en Mt ; six en Mc ; six en Lc ; seulement une en Jn : « Que me veux-tu, femme ? » (Jn 2,4). À la fin de chaque chapitre figure le commentaire d’un auteur ancien : principalement Jean Chrysostome, Ambroise de Milan, Hilaire de Poitiers, mais aussi Jérôme, Léon le Grand, Origène, Maxime de Turin. Un beau parcours biblique et spirituel.
Enzo Bianchi, prieur de la Communauté monastique de Bose (Italie) nous présente quant à lui une réflexion sur les Béatitudes [13]. Dans la « crise du sens » que notre société vit, les chrétiens ont pour tâche de « manifester à tous les hommes, humblement mais résolument, que la vie chrétienne n’est pas seulement bonne, c’est-à-dire marquée par les caractéristiques de la bonté et de l’amour, mais qu’elle est également belle et heureuse, qu’il s’agit d’un chemin de beauté et béatitude, de bonheur » (p. 13). L’A. commence par situer les deux récits des Béatitudes en Mt et en Lc, puis il suit dans son commentaire la version plus longue de Mt sans manquer de se référer à celle de Lc. Pour comprendre l’intention profonde des paroles de Jésus, il cherche à interpréter ces Béatitudes à la lumière de tout l’évangile et de toutes les Écritures. C’est sous un horizon « pratique » qu’il situe sa méditation : « Oui, il a toujours été possible et il sera toujours possible de vivre les Béatitudes » (p. 20).
Un autre angle d’approche de l’agir chrétien est proposé par le livre de Michel Istas, jésuite belge enseignant à Abidjan et à Nairobi, intitulé : « Maître, que dois-je faire ? » [14]. La question comporte plusieurs sens, et l’ouvrage se veut « une réflexion sur ce que le chrétien doit faire, aujourd’hui, menée à partir des exemples qui nous sont donnés dans le Nouveau Testament, sans pourtant en faire une simple transposition » (p. 12). Ainsi, plusieurs textes sont analysés d’un point de vue aussi bien moral que biblique ; il s’agit de divers moments où la question est posée, à Jean-Baptiste qui prêche dans le Jourdain, à Pierre le jour de la Pentecôte, à Jésus par un homme riche, par un légiste et par la foule après la multiplication des pains. Chaque fois, le contexte est différent, et chaque fois la réponse donnée appelle à un autre engagement. Ces réponses ouvrent des perspectives qui nous aident à répondre à notre tour à la question : « Maître, que dois-je faire ? »
La religion crucifiée. Essai sur la mort de Jésus. Tel est le titre du dernier livre de François Vouga aux éditions protestantes Labor et Fides [15]. Il s’agit d’un véritable manifeste dont voici la thèse : « L’interprétation sacrificielle et substitutive de la mort de Jésus, qui conserve une place centrale dans les liturgies et les catéchismes des Églises, que certains considèrent comme la vérité chrétienne, mais dont il semble bien difficile de rendre compte logiquement, résulte d’un malentendu. La gravité de celui-ci tient à la difficulté dans laquelle il place le christianisme d’expliquer simplement, clairement et distinctement le sens de l’événement qui fonde, mais aussi et surtout au poids qu’il fait peser sur des femmes et sur des hommes auxquels l’Évangile devrait être annoncé comme une puissance émancipatrice et créatrice de bonheur et de liberté » (p. 21). Une première partie est une enquête historique sur la lecture sacrificielle en passant par Anselme de Cantorbéry, Luther, Calvin et une œuvre musicale de Frank Martin, Golgotha (1945-1948). La seconde partie étudie la signification et l’interprétation de la mort de Jésus dans le NT : la croix est révélation de Dieu et de la personne humaine chez Paul, la mort de Jésus est manifestation de la vérité chez Mt et Jn, la symbolique du sang qui donne le sens de la mort de Jésus est présente en He, 1P et Ap ; enfin en Mc la mort de Jésus est salut de l’âme par la révélation de la gratuité. La conclusion sous forme d’envoi reprend les différents points du parcours en manifestant leur actualité pour nous.
Signalons simplement le numéro 22 de la revue Graphè sur Ponce Pilate [16], même s’il n’y a pas d’étude exégétique dans ce volume. Treize études rassemblées dressent un portrait contrasté du magistrat romain (et de sa femme Procula) qui mêle histoire, littérature et théologie ; suit une analyse de cette figure dans les domaines de la musique et du cinéma.
Notons encore l’ouvrage de Francis Lapierre, diacre permanent du diocèse de Nanterre (France), qui livre un résumé dans une langue accessible à tous, de ses principales découvertes depuis trente ans [17]. Un évangile araméen que l’on peut situer autour de l’année 45 et que l’A. reconstitue dans ses pages, précéderait les évangiles de Marc, Matthieu et Luc, et bien sûr celui de Jean, plus tardif. L’A. se demande ensuite ce que connaissait Paul des évangiles, puis aborde la question de l’auteur de Luc et des Actes des Apôtres. Beaucoup de remises en question intéressantes !
Un essai sur Paul est signé par René Lévy, directeur de l’institut d’études lévinassiennes à Jérusalem [18]. Pour comprendre Paul, l’A. lit les Épîtres de Paul à partir de données littérales antérieures à lui, c’est-à-dire à partir du Judaïsme pharisien, se refusant « de les porter à la lumière troublante du Christianisme qui n’existait pas encore » (p. 21). À l’origine il s’agit de séances de séminaires qui se déroulèrent dans l’institut nommé ci-dessus. Le résultat est bouleversant : devant l’hypocrisie que produit la loi, Paul veut en finir avec les lois mosaïques (mitsvôt) pour un retour à la Torah sainte et bonne. En ce sens, Paul est subversif : le paulinisme est une tentative d’arrachement à la religion. On comprend alors la difficulté du débat relaté en fin du livre avec une chrétienne, Agnès Baron. Un livre pas facile mais qui manifeste combien la vocation d’Israël est de témoigner de la gratuité de l’Amour de Dieu.
Mgr Pierre Debergé, recteur de l’Institut Catholique de Toulouse, nous livre une série de méditations de textes de saint Paul [19] : « C’est en relisant cette lettre à Timothée [2 Tm], à la suite de l’invitation du Saint Père à “ne pas être paresseux dans la foi”, qu’est née l’idée de cet ouvrage, comme une façon, en cette Année de la Foi, d’aller à la source de la foi, à la suite de Paul qui n’a jamais cessé de s’émerveiller de la grâce qui lui a été faite de connaitre le Christ, et qui, comme nul autre, a creusé les trésors de sens que la foi en Jésus-Christ, mort et ressuscité, recèle pour l’humanité et pour la vie de chacun » (p. 9). Le parcours commence par l’enfance et la jeunesse de Paul jusqu’à sa conversion, puis s’arrête au contenu de l’Évangile que Paul a reçu et transmet, et il continue en considérant la Croix dans ses dimensions ecclésiologiques, éthiques et apostoliques. Enfin, divers thèmes pauliniens sont abordés : le baptême, l’Église corps du Christ, la place de l’Esprit Saint dans la vie du baptisé et la grandeur du corps humain. La conclusion sur la postérité de Paul permet de dresser un bilan de tout ce qu’on lui doit tant du point de vue pastoral que théologique. Un ouvrage bien précieux pour percevoir toujours davantage la gratuité de l’amour de Dieu comme Paul nous la dit.
Restons en compagnie de saint Paul avec le livre de Loïc Berge, docteur de Théologie et de Littérature de l’Antiquité (Lyon) : Autorité et liberté dans les lettres de Paul de Tarse [20]. Précisons qu’il s’agit de la parution du mémoire de Maîtrise de l’A. qui tente « une exploration de la manière dont Paul à la fois exerce son autorité d’Apôtre, et, simultanément, promeut – ou entrave – le déploiement de la liberté et de la responsabilité, tant personnelles que communautaires » (p. 11). La question est abordée d’un point de vue pratique : la première partie étudie, par le biais d’une analyse essentiellement lexicale et thématique comment Paul exerce l’autorité apostolique ; la seconde partie montre, à travers le commentaire de 1 Co 12, 1-31 et Rm 8, 1-30, que Paul envisage le déploiement de la liberté chrétienne comme réponse aux appels de l’Esprit. La conclusion porte sur la pratique pastorale de l’autorité aujourd’hui. Cet ouvrage pourrait grandement aider, en particulier ceux qui exercent l’autorité dans l’Église.
De Paul, passons à Pierre, avec un ouvrage intitulé Les larmes de Pierre [21]. Le constat de Marina Copsidas, théologienne qui s’est formée à l’Institut catholique de Paris et à l’Institut orthodoxe Saint-Serge, est clair : « Si la primauté de Pierre, fondée sur l’évangile de Matthieu, continue de faire couler beaucoup d’encre, les larmes de Pierre trahissant le Christ, comme attesté dans les quatre évangiles, ont suscité beaucoup moins d’attention. C’est pourquoi nous pouvons nous poser la question de savoir si Pierre et l’authentique vocation à laquelle le Christ l’a appelé ne s’offriraient pas à notre connaissance autant selon les faiblesses et la pleine humanité du disciple que selon le concept de la pétrinité » (p. 15). Après avoir fait le point sur l’historicité et la modernité du christianisme, l’A. examine l’appel des disciples par Jésus-Christ, en s’attachant plus particulièrement à l’apôtre Pierre. Puis une troisième partie rappelle la formation et l’expansion de l’Église avant de tirer les conséquences de ce riche parcours : Vers une Église une et indivise au troisième millénaire ?Le premier sous-titre de cette partie est particulièrement évocateur : Le troisième millénaire, ou le temps des larmes. Nous ne pouvons manquer d’évoquer les récentes paroles du pape François selon lesquelles notre temps est celui de la miséricorde divine.
Achevons cette chronique avec un substantiel ouvrage sur la Vierge Marie écrit par Charles Perrot, professeur émérite à l’Institut catholique de Paris [22]. « Ce livre dédié à Marie de Nazareth poursuit un double but : situer la mère de Jésus parmi ses compagnes de l’époque et, d’après le Nouveau Testament seulement, distinguer quelque peu les regards des premiers croyants à son endroit ». Ainsi quatre parties se succèdent : Marie de Nazareth et les femmes de son temps ; les premières approches de la figure de Marie ; la Vierge Marie selon saint Luc ; la mère de Jésus selon saint Jean. Il s’agit d’une découverte progressive de la figure de Marie. La conclusion du livre présente des réflexions d’ordre méthodologique et historique sur une herméneutique mariale basée d’abord sur l’Écriture.
[1] Ph. Bacq, O. Ribadeau Dumas, Puissance de la Parole. Luc, un Évangile en pastorale, Luc 4,14 – 24,53, T. II, coll. « Écriture en pastorale » 3, Bruxelles, Lumen Vitae, 2012, 15 × 22,5 cm, 420 p., 29,00 €.
[2] J. Radermakers, A. Wouters, Prologue de Jean. Harmoniques bibliques, Namur, Fidélité, 2013, 23 × 31 cm, 160 p., 27,50 €.
[3] L. Martinez (dir.), Service biblique diocésain du Luxembourg, Les Actes des Apôtres en dialogue avec Vatican II, coll. « Sens et foi » 9, Bruxelles, Lumen Vitae, 2012, 15 × 21 cm, 92 p., 15,00 €.
[4] P. Bony, Un Juif s’explique sur l’Évangile. La lettre de Paul aux Romains, coll. « Chemins de dialogue », Paris, DDB, 2012, 15 × 23,5 cm, 448 p., 27,00 €.
[5] Fr. Vouga en dialogue avec H. Hofer, P. Hunsinger, La seconde lettre à Timothée. Transmettre la foi, coll. « Au fil des Écritures », Lyon, Olivétain, 2012, 14 × 20 cm, 144 p., 14,00 €.
[6] J. Assaël, E. Cuvillier, L’épitre de Jacques, coll. « Commentaire du Nouveau Testament » XIIIa, Genève, Labor et Fides, 2013, 17,5 × 23,5 cm, 298 p., 34,00 €.
[7] M. Arnold, G. Dahan, A. Noblesse-Rocher, L’épitre de Jacques dans sa tradition d’exégèse, coll. « Lectio divina » 253, Paris, Cerf, 2012, 13,5 × 21,5 cm, 162 p., 18,00 €.
[8] D. Janthial, L’Apocalypse. Ce qui doit être engendré bientôt…, Paris, Éditions de l’Emmanuel, 2013, 13 × 21 cm, 192 p., 18,00 €.
[9] R. Burnet, D. Luciani (dir.), La circoncision. Parcours biblique, coll. « le livre et le rouleau » 40, Bruxelles, Lessius, 2013, 14,5 × 20,5 cm, 160 p., 18,50 €.
[10] J. Massonnet, Aux sources du christianisme. La notion pharisienne de révélation, coll. « Le livre et le rouleau » 42, Bruxelles, Lessius, 2013, 15,5 × 23 cm, 39,50 €.
[11] P. Mourlon Beernaert, Les quatre évangiles, coll. « Que penser de… ? », Bruxelles, Fidélité, 2013, 12 × 19 cm, 128 p., 10,00 €.
[12] M. Wackenheim, « Qui sont ma mère et mes frères ? » Les intrigantes paroles de Jésus, coll. « Épiphanie », Paris, Cerf, 2012, 13,5 × 19,5 cm, 144 p., 12,00 €.
[13] E. Bianchi, Chemins d’humanité. Les Béatitudes, Paris, Cerf, 2013, 13,5 × 19,5 cm, 160 p., 14,00 €.
[14] M. Istas, « Maître, que dois-je faire ? » Leçons du Nouveau Testament, coll. « Écritures » 18, Bruxelles, Lumen Vitae, 2012, 15× 22,5 cm, 232 p., 25,00 €.
[15] F. Vouga, La religion crucifiée. Essai sur la mort de Jésus, coll. « Essais bibliques » 48, Genève, Labor et Fides, 2013, 15 × 22,5 cm, 200 p., 19,00 €.
[16] J.-M. Vercruysse (dir.), Ponce Pilate, « Graphè » 22, Arras, Artois Presses Université, 2013, 16 × 24 cm, 224 p., 18,00 €.
[17] Fr. Lapierre, L’évangile oublié, coll. « Religions et spiritualité », Paris, L’Harmattan, 2012, 15,5 × 24 cm, 82 p., 12,50 €.
[18] R. Lévy, Disgrâce du signe. Essai sur Paul de Tarse, coll. « Libelle », Lausanne (Suisse), L’Âge d’homme, 2012, 12,5 × 19 cm, 208 p., 12,00 €.
[19] P. Debergé, Je sais en qui j’ai mis ma foi, Perpignan, Artège, 2013, 13 × 21 cm, 166 p., 14,90 €.
[20] L. Berge, Autorité et liberté dans les lettres de Paul de Tarse, Lyon, Profac, 2013, 15 × 21 cm, 168 p., 15,00 €.
[21] M. Copsidas, Les larmes de Pierre, coll. « Catéchèse orthodoxe », Paris, Cerf, 2012, 16 × 22,5 cm, 290 p., 28,00 €.
[22] Ch. Perrot, Marie de Nazareth au regard des chrétiens du premier siècle, coll. « Lectio Divina » 255, Paris, Cerf, 2013, 13,5 × 21,5 cm, 400 p., 32,00 €.
