Chronique de la Vie Consacrée
Dominique de la Fenêtre, f.s.j.
N°2013-1 • Janvier 2013
| P. 59-67 |
Traditionnellement, la nouvelle année s’ouvre par une rétrospective de l’année écoulée. Toute sélection est partielle, tant les publications concernant la vie consacrée sont variées. Les témoins choisis pour représenter l’année 2012 sont des figures de sainteté, quelques compagnons pour la prière, divers livres de spiritualité, des études bibliques et historiques, et surtout une série de monographies constituant des apports appréciables à la théologie de la vie consacrée.
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Traditionnellement, la nouvelle année s’ouvre par une rétrospective de l’année écoulée [1]. Toute sélection est partielle, tant les publications concernant la vie consacrée sont variées. Les témoins choisis pour représenter l’année 2012 sont des figures de sainteté, quelques compagnons pour la prière, divers livres de spiritualité, des études bibliques et historiques, et surtout une série de monographies constituant des apports appréciables à la théologie de la vie consacrée.
Figures de sainteté
Les Éditions du Carmel présentent la correspondance complète de la bienheureuse Marie de Jésus Crucifié (Mariam Baouardy), soit 215 lettres écrites entre 1867 et 1878, classées par année [2]. L’ouvrage est conçu comme un outil de travail efficace. Des notices présentent les correspondants de Mariam et les personnages évoqués dans les lettres, les communautés citées, le contexte politique et religieux. Des index et un classement d’archivage achèvent de rendre ce recueil adapté à la recherche. Cette présentation, académique, ne rend pas austère la Bienheureuse : le caractère candide et attachant de cette mystique exceptionnelle se révèle au fil de la lecture des mille péripéties de sa brève existence.
Sans doute moins connu, le bienheureux François Palau, carme, mérite l’attention. Un opuscule très synthétique peut être l’occasion d’une première découverte [3]. Français Palau est caractérisé par son amour de l’Église ; il la définissait comme « Dieu et le prochain ». Pour lui, avant d’être une institution, l’Église est une personne mystique à aimer, dont Marie est le « type parfait et fini ». Quelques notes introduisent son ministère d’exorciste, original et controversé, ainsi que ses fondations, une « École de la Vertu » et deux congrégations religieuses.
Parole et Silence présente une autre figure de sainteté contemporaine [4] : « Marguerite Bays était une humble laïque […], une femme toute simple, avec une vie ordinaire, en qui chacun peut se retrouver », expliquait le pape Jean-Paul II lors de la béatification de cette stigmatisée suisse. Elle n’a en effet écrit aucun traité sur Dieu ni réalisé aucune œuvre exceptionnelle : tout au long de sa vie, dans la maladie et dans l’épreuve, Marguerite est restée unie à la Passion du Seigneur, dans l’amour et dans l’humilité. Sa recherche amoureuse de Dieu l’a conduite à une expérience humaine et sociale, démontrant que les longues heures de prière n’éloignent pas du monde mais disposent le cœur à servir le prochain. M. Python nous introduit au cœur de la vie mystique de Marguerite Bays grâce aux nombreux témoignages conservés. Manifestement passionné par son sujet, il livre un texte vivant, équilibré et édifiant.
Vladimir Ghika [5], prince roumain, orthodoxe devenu catholique et prêtre, mort martyr, se révèle comme une âme éclairée par le Christ, « lumière du monde » (Jn 8,12). Cette figure atypique était très liée au cercle Maritain de Meudon. Il a fondé l’association Virgo Fidelis, fraternité spirituelle de prière et de souffrance destinée à soutenir les prêtres, et les Frères et Sœurs de Saint-Jean d’Auberive, communauté consacrée à l’évangélisation. Il fut également un fervent pionnier de l’unité des chrétiens d’Orient et d’Occident. Le lecteur sera frappé par l’étonnante modernité de la spiritualité de Mgr Ghika : l’adoration, l’évangélisation, la confession, le souffle de l’Esprit, le service des pauvres – la « liturgie du pauvre » –, le culte marial, etc., apparaissent comme autant de caractéristiques des Communautés Nouvelles issues du Renouveau charismatique dont il semble être le précurseur. Une figure de sainteté à découvrir.
Remarquons enfin la biographie de sainte Thérèse d’Avila par Alain Mantienne [6]. L’exercice étant difficile, il convient de saluer ses réussites : voici un ouvrage de bonne vulgarisation. Le ton vivant et simple ne s’embarrasse d’aucun des formalismes qui éloignent le plus grand nombre des publications expertes. Les chapitres sont courts, leur sujet est clairement défini, leur progression, chronologique ou thématique, reste évidente. À conseiller pour une première découverte de la vie et des charismes extraordinaires de la Madre.
Prière, oraison
Guides et recueils de morceaux choisis : les livrets d’aide à la prière n’ont pas manqué cette année. Signalons, dans la collection « au jour le jour » chez Parole et Silence, l’opuscule consacré à saint François d’Assise [7]. La formule est simple : chaque jour, quelques lignes à méditer. Tirées des rares écrits du « frère mineur » et des tout premiers témoignages sur sa vie (Les sources franciscaines), les citations composant cet ouvrage permettent de sentir vibrer l’âme du Poverello et de partager sa contemplation passionnée du Christ pauvre et crucifié.
Un deuxième ouvrage, beaucoup plus volumineux, se distingue par son originalité. Chaque jour, les moines et les moniales écoutent des paroles du fondateur ; sainte Thérèse d’Avila faisait peindre sur les murs de ses monastères des sentences spirituelles. Les Éditions du Carmel nous offrent ainsi d’ entrer dans la prière quotidienne d’un carmel [8], publiant les sentences lues chaque jour en communauté. De nombreuses perles pour enrichir la méditation quotidienne de la Parole.
Spiritualité
Les éditions du Livre Ouvert font connaître un texte étonnant : quelques feuillets du Journal d’une religieuse de Notre-Dame du Bon-Secours [9] relatant les derniers moments d’une malade qu’elle accompagne. Pour ajouter à l’insolite, la Préface explique que l’histoire est ancienne : elle a lieu, il y a plus de cinquante ans, dans une société qui n’a plus grand-chose en commun avec la nôtre. Là est pourtant la plus grande richesse du livre. Il nous montre dans sa simplicité et sa profondeur la beauté d’une agonie vécue avec le Christ. Aujourd’hui que les procédés chimiques et certains débats éthiques cherchent à endormir les consciences, ces pages réveillent l’évidence et témoignent avec force que la mort fait partie de la vie et de l’avènement de son sens.
Il faut rendre hommage au travail monumental de Blandine-D. Berger, s.f.x., dont nous recueillons le fruit dans les trois tomes sobrement baptisés Écrits, de Madeleine Daniélou (1880-1956) [10]. Alors que les ouvrages de la fondatrice de la communauté apostolique Saint-François-Xavier étaient épuisés et, pour beaucoup, oubliés, B.-D. Berger en présente une nouvelle édition, adaptée et intelligemment préfacée. On appréciera particulièrement dans le premier tome, Action et inspiration et L’éducation selon l’esprit, textes magistralement conduits par l’éducatrice expérimentée, livrant ses convictions existentielles et spirituelles. Éducateurs et parents y trouveront des trésors. Le deuxième tome est d’une tonalité très différente : on y découvre le charme désuet mais édifiant de la mère, de l’épouse, de la grand-mère, partageant modestement ses réflexions sur la vie dans le monde et exhortant les jeunes filles à la vertu. Beau visage de la sagesse ! Le troisième tome est celui où se révèle l’agrégée de lettres passionnée par le règne de Louis XIV. Elle étudie deux figures d’éducateurs, Madame de Maintenon, fondatrice de Saint-Cyr, et Fénelon, précepteur du roi. L’itinéraire à travers l’œuvre de M. Daniélou est un voyage au long cours dont se dégage la fraîcheur d’une jeunesse sans cesse nouvelle, celle de l’Esprit.
Le père Kolvenbach, linguiste renommé, est bien connu pour avoir été Supérieur général de la Compagnie de Jésus de 1983 à 2008. Nous avons désormais accès en langue française à un ouvrage [11] initialement publié en italien sous le titre Una esigente sequela Christi (2008). Il s’agit d’une réédition de plusieurs réflexions et études sur les Exercices Spirituels, augmentées de notes critiques. Pour chaque thématique abordée – la place du Christ dans les Exercices, le lien avec la Parole de Dieu, la personnalité d’Ignace, le sens de la charité, la vie en Église ou encore l’option préférentielle pour les pauvres –, P.-H. Kolvenbach s’efforce de mettre en évidence certaines particularités des Exercices souvent mésestimées, sans perdre de vue l’expérience globale de saint Ignace, à laquelle il se réfère par les Constitutions, le Journal Spirituel et les Lettres. Il offre ainsi un approfondissement de la spiritualité ignacienne venant compléter le remarquable Fous pour le Christ. Sagesse de maître Ignace, Bruxelles, Lessius (Au singulier, 1), 1998.
Études
Remarquant la présence récurrente des larmes dans les Confessions, G. Mathieu-Castellani [12] cherche à en déterminer le rôle dans l’itinéraire spirituel de saint Augustin. Les larmes permettent ainsi d’éclairer les ténèbres du cœur ; elles ont aussi une force de conviction, par l’émotion qu’elles suscitent. Les larmes, telles celles de Monique, sont aussi un signe de l’espérance placée en Dieu et une manifestation du désir d’accéder à la béatitude. Cet ouvrage passionnant, conduit d’une plume agréable et cultivée, renouvelle de manière originale la lecture des Confessions.
Alban Cras propose un itinéraire biblique original et agréable [13]. De la Genèse à l’Apocalypse, il nous invite ainsi à découvrir une « théologie du vêtement » en développement dans la Bible. Les feuilles de figuier d’Adam, la tunique de Joseph, l’habit du grand-prêtre ou le drap abandonné par le jeune homme du Jardin des Oliviers sont des illustrations de l’importance du vêtement dans le récit biblique : au sens propre ou au sens figuré, presque tous les livres de la Bible évoquent l’habillement. On pourra regretter que l’approche philosophique, particulièrement anthropologique, soit d’emblée marginalisée, mais le choix est légitime. On ne pourra s’empêcher de rapprocher ce texte du livre, aujourd’hui introuvable, d’Edgar Haulotte, s.j., portant le même titre [14] mais plus ample. L’ouvrage de Cras est très bien documenté, il expose exhaustivement les thèmes et les auteurs nécessaires, mais il reste cependant trop synthétique pour fonder une « théologie du vêtement ». Il en constitue néanmoins les solides prolégomènes.
Remarquons encore un travail de médiéviste très approfondi [15]. Saint Bernard est surtout connu pour ses méditations des mystères de l’Incarnation ou de l’Annonciation. Ce recueil donne l’occasion de découvrir trois homélies de la Pentecôte. La recherche effectuée pour cette édition est remarquable de sérieux et d’humilité : les auteurs ne se contentent pas de livrer une traduction nouvelle, de dégager les structures des textes et de mettre en valeur leurs mouvements de fond, ils éclairent le lecteur par des commentaires experts, au service de la rencontre avec saint Bernard.
Enfin, J.-P. Rorive livre un ouvrage fort différent des « petites histoires » élaborées avec les élèves du collège Saint-Joseph de Chênée (Liège). Natif de Huy, l’historien s’intéresse à une grande figure locale, Pierre l’ermite, et à la vie de l’abbaye qu’il fonda, le Neufmoustier [16]. Dans une fresque phénoménale d’environ sept siècles, de 1100 à 1797, il dépeint avec minutie et passion tous les détails de la vie conventuelle : les luttes d’influence à l’intérieur et à l’extérieur de l’abbaye, la gestion du patrimoine mobilier et l’entretien du domaine agricole, les misères de la guerre et les soucis du ravitaillement, la condition des valets de l’abbé et la gloire des organistes de la chapelle. Parcourir les documents, traverser les listes et les tableaux rend admiratif de l’érudition mise à notre portée.
Parce qu’il traite d’histoire et de la Belgique, glissons ici un inclassable : Saint Amand l’aventurier [17], une biographie en bande dessinée pleine d’intelligence, rayonnante du dynamisme foisonnant et espiègle de la jeunesse. Mêlant astucieusement le récit de plusieurs personnages, l’histoire s’adresse à tous les âges, construisant de saint Amand un portrait moderne et éloquent. Soulignons l’importance du titre de l’ouvrage : il ne s’agit pas d’une « vie de saint » mais d’un récit d’aventures. L’intrigue est historique ; les expériences spirituelles, présentées honnêtement, sont interprétées assez loin de leur contexte de foi. Une lecture néanmoins enthousiasmante, faisant honneur à un grand évangélisateur de la Belgique.
Vie consacrée
Le siècle mystique, dans la mémoire collective, est le XVIIe. Pourtant, on ne dénombre en France que 55 500 religieuses en 1790, alors qu’il y en aura 135 000 en 1900. Le Professeur Cholvy décrit dans son dernier essai [18] l’essor de la vie religieuse au XIXe siècle, depuis la disparition de « la religieuse » orchestrée par la Révolution (il n’en reste que 12 300 en 1808), jusqu’à l’arrivée de « la sœur », âme du moindre hameau. La vitalité de la vie consacrée est alors prodigieuse : les Madeleine-Sophie Barat, Anne-Marie Javouhey, Thérèse Couderc, Jeanne Jugan, etc., donnent naissance à près de 400 fondations, dont la moitié sont présentées dans cet ouvrage. Mais, avant les nouvelles congrégations, le prodigieux renouveau de la vie religieuse repose sur les « sœurs des campagnes ». Malgré la précarité et les persécutions révolutionnaires, elles œuvrent dans la discrétion. Souvent seules, parfois à deux, sobrement vêtues, ne faisant pas de vœux, elles catéchisent les enfants, soignent les malades, éduquent les femmes, accompagnent les mourants, entretiennent les églises. Les plus fameuses sont les Béates du Velay, d’Anne-Marie Martel, demoiselles ayant tenu les écoles dans les hameaux pendant près de deux siècles. Touts ces « sœurs » aux noms multiples vont soutenir la vie religieuse et sociale jusqu’en 1850. Peu à peu, des préfets de l’Empire et quelques notables permettent aux congrégations d’apparaître grâce à des faveurs pécuniaires et des facilités mobilières. De nombreux évêques apporteront leur soutien à ce développement de groupes structurés (et contrôlables). Ainsi, avant 1820, trois ou quatre congrégations naissent chaque année ; ensuite plus de six par an, pour atteindre un total de plus de 500 dans le siècle entier. Cette fresque historique, agréable à lire malgré la quantité de nombres et de dates, met remarquablement en valeur les ressorts du renouveau de la vie religieuse après la Révolution.
Église et vocations, la revue (centenaire) de pastorale des vocations de la Conférence des évêques de France a cessé de paraître. Souhaitons que le site Internet du Service national pour l’évangélisation des jeunes prenne le relais avec fruit. La dernière livraison de la revue, « Promouvoir la vie consacrée » [19] montre cependant que les deux médias n’ont pas la même capacité à conduire une réflexion de fond ! Les articles denses et structurés de ce numéro constituent un faisceau de perspectives sur la vie consacrée invitant à une lecture minutieuse, interrogeant son histoire, sa nature, son rôle dans l’Église et dans le monde. Trois des contributions ont attiré notre attention.
Dom Longeat, o.s.b., constate combien la société occidentale a changé, pas seulement par sa déchristianisation. L’importance donnée à la conscience individuelle rend suspectes les formes intentionnelles marquées, rigides en apparence, comme peuvent apparaître les communautés religieuses. Dès lors, la qualité du lien fraternel de charité est désormais un critère essentiel d’évaluation de la vie chrétienne ; le monde contribue paradoxalement à rapprocher la vie consacrée du désir du Seigneur (Jn 13,35). Les communautés religieuses sont ainsi invitées à montrer un visage de l’Église comme communion, travaillant à l’unité du Corps du Christ en jouant un rôle de ressourcement et de rassemblement.
J.-Cl. Lavigne, o.p., interroge la manière contemporaine de dire la vie religieuse. La théologie la plus répandue de la vie consacrée la définit comme « signe » ; elle tend à s’affaiblir sensiblement, tant le monde sécularisé ne perçoit plus les religieux dans leur dimension prophétique. Lavigne propose alors la notion d’« écart », désignant le mouvement de différenciation qui doit animer la vie religieuse, source de vitalité pour celui qui en fait le choix et pour la société dans laquelle il vit. L’écart est un refus de certaines habitudes mondaines au nom de l’évangile : la prière, le silence, le service, la vie commune sont des « écarts » qui interrogent l’égoïsme du monde et rapprochent les hommes. Les vœux religieux peuvent alors être perçus dans leur dynamique de vie.
Sylvie Robert (Centre Sèvres), s.a., s’interroge sur « l’état de vie consacrée », qui n’est, selon le droit canon, « ni clérical, ni laïque ». Dans un premier temps, elle fait écho des débats usés à propos des chrétiens de première classe que seraient les religieux en opposition aux laïcs, chrétiens de seconde zone. L’évangile est évidemment tout entier pour tous les baptisés. Cette approche permet cependant à S. Robert de définir fort pertinemment la vie consacrée en sa différence avec le mariage : « on ne choisit pas le célibat, on choisit un chemin d’unification de sa vie » (p. 51). Les vœux sont ainsi l’expression du désir exclusif pour le Christ, ce qu’elle appelle le « toi seul » du Christ, résolution d’unifier toute son existence par le don de soi au Christ seul.
Au-delà de nos frontières, la théologie africaine continue de s’affirmer dans son originalité. Le livre de J.-M. Vianney Balegamire [20] en est un heureux exemple. Son travail sur l’application et l’inculturation du Droit Canonique en Afrique est réjouissant : la matière est austère mais la démarche explicite une belle volonté de vivre en communion avec l’Évêque de Rome. L’ouvrage suit un vaste mouvement de fond, expliquant d’abord la place de la vie consacrée dans l’histoire de l’Église, puis traitant de la vie consacrée dans le Code de Droit Canonique, avant de s’intéresser aux questions liées à l’inculturation. Avec simplicité et lucidité, l’auteur aborde tous les aspects de la vie religieuse. Par exemple, il réfléchit à la compréhension du ministère d’autorité dans les communautés africaines, entre l’autoritarisme caricatural et l’arbre à palabre, et esquisse des propositions de l’obéissance comme modèle de liberté. La réflexion est rigoureuse et stimulante, fidèle aux documents conciliaires que l’auteur cite abondamment. Cet honorable attachement au magistère semble pourtant brider l’auteur, dont on aimerait parfois qu’il aille plus loin dans ses propositions.
C’est encore d’Afrique (Burundi) que vient une nouvelle étude du Code de Droit Canonique [21]. L’objectif et le ton sont cependant très différents, la visée étant universelle. P. Kaziri cherche en effet à comprendre ce que l’Église dit des consacrés et ce qu’elle attend d’eux, il désire cerner la nature et la mission de la vie consacrée selon le Droit. L’ouvrage se présente comme un document de travail pour les étudiants en Droit Canonique, proche du cours magistral dans sa formulation et dans sa dynamique. La lecture est austère, l’exposé formel et riche, l’auteur remplit son contrat !
Parmi les contributions de qualité à l’approfondissement de la théologie de la vie consacrée, signalons deux livraisons de la revue Sequela Christi [22]. L’article de G. Ghirlanda a particulièrement retenu notre attention (2011/1, p. 154-180). Il s’intéresse en effet aux mouvements ecclésiaux, difficilement cernables dans une définition générale. Ils naissent, suscités par l’Esprit-Saint, en réponse à l’individualisme de la société contemporaine et aux exigences de l’évangélisation ; ils possèdent en outre la particularité de rassembler divers états de vie. L’auteur explore deux pistes de réflexion. La première est suscitée par la proximité entre les mouvements ecclésiaux et les Instituts séculiers. Sont-ils complémentaires ou entrent-ils en concurrence ? La seconde aborde la question canonique. La consécration d’une vie ne fait pas une vie consacrée. L’auteur s’interroge avec fruit sur les actions que l’Église peut entreprendre en faveur des consécrations des membres des mouvements ecclésiaux et étudie leur dépendance envers l’Ordinaire. Il s’interroge enfin sur les communautés nouvelles et le caractère original de ces nouvelles formes de vie consacrée.
Achevons ce parcours par une publication italienne [23]. L’ouvrage présente huit courtes contributions articulées en une agréable conversation sur la vie consacrée. Fille de Marie Auxiliatrice, nommée par Jean-Paul II sous-secrétaire de la Congrégation de la Vie consacrée et des Sociétés de vie apostoliques en 2004, l’auteur avance dans l’esprit de Mulieris Dignitatem. Elle désire en effet aider les consacrées à redécouvrir la beauté et le don d’être femme : vierge, épouse et mère. Le génie de la femme est celui de la relation. Il revient à la femme d’accueillir, de garder et de faire croître la vie, humaine et spirituelle. La mission féminine de la religieuse comporte ainsi un rapport particulier à la Parole ; elle consiste à engendrer et à porter la bonne nouvelle de la vie. Pour y parvenir, chacune a le devoir de construire sa propre féminité, qui s’acquiert dans le don de soi aux autres : « fais que le don reçu devienne ta conquête », disait saint Augustin. Une consacrée est pleinement elle-même quand elle est personne eucharistique. Sa vie est alors modelée sur l’image de l’eucharistie, en particulier quand elle sait exprimer par sa vie ce qui vit dans le mystère qu’elle a célébré : la présence du Seigneur parmi nous.
[1] Plus exactement, compte tenu des contraintes techniques, la rétrospective concerne l’année écoulée entre novembre 2011 et novembre 2012.
[2] Carmel du Saint Enfant-Jésus - Bethléem, Lettres de la Bienheureuse Marie de Jésus Crucifié, Toulouse, Éditions du Carmel (Carmel vivant), 2011, 14 x 21 cm, 560 p., 25,00 €.
[3] Carmélites missionnaires, Un prophète de l’Église : le bienheureux François Palau, Toulouse, Éditions du Carmel (ExistenCiel), 2011, 11 x 17 cm, 80 p., 7,50 €.
[4] Python M., La vie mystique de Marguerite Bays. Stigmatisée suisse, Paris, Parole et Silence, 2011, 14 x 21 cm, 176 p., 16,00 €.
[5] Vasiliu M., Une lumière dans les ténèbres. Mgr Vladimir Ghika, Paris, Cerf (Épiphanie), 2011, 13,5 x 19,5 cm, 162 p., 15,00 €.
[6] Mantienne A., Thérèse d’Avila. Mystique et femme d’action, Namur, Fidélité, 2011, 14,5 x 21 cm, 144 p., 12,95 €.
[7] Au jour le jour avec François d’Assise, Paris, Parole et Silence (Au fil de l’année), 2011, 14 x 21 cm, 168 p., 10,00 €.
[8] Une Carmélite, Veiller dans l’amour. Une pensée pour chaque jour avec sainte Thérèse d’Avila et saint Jean de la Croix, Toulouse, Éditions du Carmel (Sagesses carmélitaines), 2012, 11 x 17,5 cm, 192 p., 16,00 €.
[9] Congrégation Notre-Dame du Bon-Secours de Troyes, Prendre soin de l’humanité souffrante. Récit d’une sœur garde-malade, Mesnil Saint-Loup, Le Livre Ouvert, 2011, 15 x 22,4 cm, 40 p.
[10] Daniélou M., Écrits, t. I : Action et inspiration ; L’éducation selon l’Esprit ; Quand vous priez, t. II : Premier livre de Sagesse ; Visage de la famille, et t. III : Madame de Maintenon, éducatrice ; Fénelon et le duc de Bourgogne, Paris, Cerf, 2011, 13,5 x 21,5 cm, 400 p. – 400 p. – 352 p., 20,00 € chacun.
[11] Kolvenbach P.-H., Suivre le Christ, un choix exigeant. Réflexion et études sur les Exercices spirituels et la spiritualité de saint Ignace, Paris, DDB, 2010, 15 x 23,5 cm, 312 p., 30,00 €.
[12] Mathieu-Castellani G., Les larmes d’Augustin, Paris, Cerf (Épiphanie), 2011, 13,5 x 19,5 cm, 176 p., 18,00 €.
[13] Cras A., La symbolique du vêtement dans la Bible. Pour une théologie du vêtement, Paris, Cerf (Lire la Bible, 172), 2011, 13,5 x 21,5 cm, 182 p., 16,00 €.
[14] Haulotte E., Symbolique du vêtement selon la Bible, Paris, Aubier (Théologie. Études publiées sous la direction de la Faculté de Théologie de Lyon-Fourvière, 65), 1966, 352 p.
[15] Saint Bernard, Quand passe le vent de l’Esprit. Sermons pour la Pentecôte, traduction et lecture Fr. Callerot, présentation et relectures É. Baudry, Bégrolles-en-Mauges, Éditions de l’Abbaye de Bellefontaine (Vie monastique, 48), 2012, 15 x 21 cm, 256 p., 22,00 €.
[16] Rorive J.-P., La vie d’une abbaye. Le Neufmoustier (ca 1100-1797), de Pierre l’Erùite à la Révolution. 700 ans de vie monastique sous toutes ses facettes, Waterloo, Jourdan éditions, 2011, 15,5 x 23 cm, 512 p., 26,90 €.
[17] Cossu A. et Fauviaux B., Saint Amand l’aventurier (BD), Saint-Amand-les-Eaux, Amandicum, 2012, 23 x 32 cm, 48 p.
[18] Chlovy G., Le XIXe siècle. Grand siècle des religieuses françaises, Perpignan, Artège (Histoire), 2012, 14,5 x 22 cm, 136 p., 17,00 €.
[19] Revue Église et vocation. Promouvoir la vie consacrée, n° 16, novembre 2011, Paris, Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations, 15,5 x 22 cm, 144 p.
[20] Vianney Balegamire J.-M., La vie religieuse en Afrique au troisième millénaire, Paris, L’Harmattan (Grands Lacs), 2012, 13,5 x 21,5 cm, 166 p., 17,00 €.
[21] Kaziri P., Pour comprendre le droit de la vie consacrée, Paris, L’Harmattan (Églises d’Afrique), 2012, 15,5 x 24 cm, 206 p., 21,00 €.
[22] Revue Sequela Christi. Periodica Congregationis pro Institutis Vitae Consacratae et Societatibus Vitae apostolicae, nos 2011-1 et 2011-2, Rome, 17 x 24 cm, 284 p. et 228 p.
[23] Rosanna E. f.m.a., Temi di vita consacrata. Conversando familiarmente con le Romite Ambrosiane del Monastero Santa Maria del Monte, Vatican, Libreria Editrice vaticana, 2010, 14,5 x 21 cm, 112 p., 8,00 €.