Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Chronique d’Écriture Sainte

Nouveau Testament

Véronique Fabre

N°2011-4 Octobre 2011

| P. 291-300 |

Les livres que les éditeurs ont bien voulu nous envoyer peuvent être regroupés en quatre sections : les Évangiles (I), et ce sont les plus nombreux puisque nous comptons onze ouvrages dont trois sur les paraboles ; les écrits pauliniens (II) ; l’épitre de Pierre et l’Apocalypse (III) ; des livres généraux sur le Nouveau Testament (IV).

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Les livres que les éditeurs ont bien voulu nous envoyer peuvent être regroupés en quatre sections : les Évangiles (I), et ce sont les plus nombreux puisque nous comptons onze ouvrages dont trois sur les paraboles ; les écrits pauliniens (II) ; l’épitre de Pierre et l’Apocalypse (III) ; des livres généraux sur le Nouveau Testament (IV).

I

Tout d’abord, un ouvrage sur la lecture en communauté de l’évangile de Matthieu [1], sous la direction de L. Martinez, coordinateur diocésain de la Pastorale biblique au Luxembourg et professeur à l’institut bruxellois Lumen Vitae. Il s’agit « d’inviter les communautés pastorales à l’exercice de lecture communautaire de la Bible dans le but d’accueillir la présence du Seigneur qui nous parle aujourd’hui par sa Parole » (p. 5). Des rencontres sont proposées autour de 17 textes choisis au fur et à mesure du premier évangile, en quatre moments : l’accueil, la lecture d’un fait de vie, la lecture d’une péricope de l’évangile avec une série de questions, des suggestions pour la prière. En annexe sont proposés deux autres modèles de lecture de la Parole en communauté : la lecture priante et la lecture continue. Un bel outil pour tous ceux qui veulent s’atteler à la lecture biblique ensemble.

Une étude sur la parabole des talents (Mt 25, 14-30) est le fruit des Journées d’exégèse biblique, nouvellement organisées par le Laboratoire d’études des monothéismes/Institut d’études augustiniennes (Paris) et le Groupe de recherches sur les non-conformistes religieux des 16e et 17e siècles et l’histoire des protestantismes (Strasbourg) [2]. « Il s’est agi non pas de couvrir la totalité de l’histoire de l’exégèse, mais d’étudier certains aspects de la réception de ce texte, depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque moderne, et de faire le point sur la recherche exégétique actuelle. Par conséquent, notre projet […] cherche à faire dialoguer les exégètes et les historiens » (p. 8). Ainsi, de grands spécialistes présentent les interprétations du Pseudo-Cyprien de Carthage, de l’Église médiévale (8e-13e siècles), de Luther et de Calvin, du jésuite Cornelius a Lapide. Puis nous sont livrées quelques lectures exégétiques contemporaines, une note lexicographique sur le terme « talent » et son évolution, et enfin une note explicitant le lien entre la parabole évangélique des talents et des meshalim de la littérature rabbinique. Tout au long de ce parcours, nous apprenons que les talents peuvent désigner la Parole de Dieu qu’il faut faire fructifier (notamment par la prédication), les dons de la grâce et de la nature ou simplement les capacités naturelles, les préceptes moraux, et finalement, tous types de biens, l’exégèse plus récente insistant davantage sur la dimension eschatologique du récit en lien avec le jugement dernier. Voici une vraie mine faisant percevoir combien des interprétations variées peuvent être à la fois différentes et complémentaires, et donc combien un texte biblique offre toujours un surcroît de sens qui nous surprendra toujours.

Continuons avec un livre sur les paraboles du Royaume dont le sous-titre est évocateur : Jésus et le rôle des paraboles dans la tradition synoptique [3]. M. A. Getty-Sullivan, diplômée de l’Université de Louvain, commence par une longue introduction aux paraboles en les définissant aussi bien dans l’AT que dans le NT et en scrutant leurs enjeux, notamment lorsqu’elles sont dites par Jésus et lorsqu’elles sont retranscrites dans les évangiles synoptiques. Or, les évangélistes n’ont pas rapporté les mêmes paraboles et ne les racontent pas de la même manière. L’A. étudie donc les paraboles dans Marc, les paraboles communes à Matthieu et à Marc, les paraboles à la manière de Matthieu, les paraboles selon Luc, les paraboles du voyage vers Jérusalem dans Luc. Goûtons la qualité de l’ouvrage avec cet extrait de la conclusion : « Les paraboles sont la manière qu’a choisie Jésus de parler du Royaume de Dieu déjà présent parmi nous et de le répandre. Le Royaume n’est pas un lieu ni simplement un espoir d’un meilleur avenir. Le Royaume de Dieu est relationnel, il évoque une réalité qui a commencé parmi nous dans la foi. Les paraboles nous apprennent à voir comme Dieu voit et à juger comme Dieu juge » (p. 270). Deux annexes fort intéressantes s’ajoutent à l’ensemble : un relevé des paraboles dans la tradition synoptique et un glossaire des principaux termes utilisés dans l’étude.

Un autre ouvrage sur les paraboles nous vient du monde orthodoxe [4]. M. Quenot, prêtre orthodoxe et grand connaisseur des icônes, présente une mosaïque de paraboles en tant que paroles du Christ : « Nous les abordons ici telles que transmises à ce jour par l’Église indivise, Corps visible du Christ qui livre à notre méditation son Corps de parole qu’est l’Évangile, Parole de Dieu » (p. 9). Elles sont regroupées par thèmes en sept chapitres : à la conquête du Royaume ; accueillir le don de Dieu ; miséricorde et bonté de Dieu ; l’attitude juste envers l’autre ; l’attitude juste envers Dieu ; sur le jugement dernier ; agir avec sagesse. C’est ainsi 42 paraboles qui sont écoutées dans toute leur fraîcheur spirituelle, avec l’aide de dessins ou de photos au fil des pages.

L’évangile de Marc a suscité bon nombre d’études narratives depuis quelque temps. En voici une de la deuxième section (Mc 6,30 – 10,52), établie par un spécialiste reconnu en la matière, Pierre Auffret, enseignant l’exégèse biblique à Nantes et à Lyon [5]. L’étude structurelle tente de saisir à partir d’indices apparents dans le texte, quelle est sa composition, sa charpente, les jeux de rapports d’où jaillissent pour une part déterminante les sens du texte, le principe étant d’aller des structures les plus restreintes aux plus englobantes. Afin d’atteindre un public plus large que les seuls hellénisants, le texte choisi est celui de la traduction de Sœur Jeanne d’Arc. Ce travail d’une grande précision sur la lettre elle-même afin de mieux en goûter le sens théologique, comblera tous ceux qui veulent approfondir le second évangile décidément beaucoup plus élaboré qu’on ne l’a parfois pensé.

Quant à l’évangile de Luc, après la récente parution du quatrième tome du commentaire de F. Bovon (cf. Vs Cs 2008/4, p. 286), les éditions Labor et Fides poursuivent leur seconde édition des volumes précédents (cf. Vs Cs 2009/4, p. 303), c’est dire leur intérêt [6] ! On se souvient que bibliographie et index ont été mis à jour dans le dernier tome.

Un autre ouvrage sur la lecture communautaire de l’évangile est paru, mais cette fois-ci sur l’évangile selon saint Luc [7]. Il poursuit l’œuvre des commentaires de la Casa de la Biblia que nous avons présentés depuis 2005. Mais il y une nouveauté dans la présentation puisque les deux volumes – l’un pour les participants, l’autre pour les animateurs – n’en font plus qu’un, en voici l’explication : « la qualité de l’original en espagnol nous a conduits à proposer à tous, les outils fournis jusqu’ici aux seuls animateurs : les participants bénéficieront en particulier de « l’explication du passage » travaillé au cours de chacune des rencontres » (p. 5). Notons que la lecture se limite à l’évangile de Luc, mais se réfère au guide du livre des Actes des Apôtres paru en 2006, et rappelons que ces ouvrages sont destinés à des communautés paroissiales, groupes de jeunes, groupes de foyers, etc., désireux de creuser ensemble et de partager la Parole de Dieu, dans un climat de prière et d’ouverture à la conversion.

Quelques aperçus sur la théologie lucanienne sont offerts par P. Haudebert, professeur au Grand Séminaire de Rennes [8]. L’Auteur explique lui-même qu’il ne s’agit pas d’un commentaire suivi ou d’une étude sur un thème précis, mais du regroupement de divers travaux bien après sa thèse sur la conception lucanienne de la conversion. Ainsi certains articles s’attachent-ils au bien propre de Luc, par ex. les cantiques du Benedictus et du Gloria, ou la visite des bergers à la crèche ; d’autres explorent le lien entre le troisième évangile et les Actes des Apôtres, par ex. la Samarie en Luc-Actes ; d’autres enfin montrent l’originalité de Luc par rapport aux parallèles synoptiques, par ex. les tentations du Christ. L’ensemble est quelque peu disparate, mais il fourmille de pépites précieuses pour l’étude des écrits lucaniens.

Le n° 98 de la collection « Jésus et Jésus-Christ » nous est offert par J.-N. Aletti [9], exégète à l’Institut biblique pontifical de Rome. On se souvient de son ouvrage paru en 1989 : L’art de raconter Jésus-Christ sur l’écriture narrative de l’Évangile de Luc. Ici, l’A. étudie la christologie lucanienne, à partir de quelques épisodes représentatifs, tout en respectant la progression de la narration. Mgr Doré, dans la présentation de l’ouvrage, en explicite la dynamique : « On voit d’abord très clairement que, si la préoccupation de l’identité de Jésus est manifestement très présente chez Luc, celle-ci se détermine nettement comme à la fois prophétique, messianique et filiale […] On nous montre très bien comment on passe d’une dominante de la typologie prophétique (assez large) au motif messianique (réservé, au contraire, à Jésus), la profession de foi de Pierre à Césarée marquant ici une étape décisive. La montée vers Jérusalem puis les événements dans la Ville sainte nous font progresser encore en christologie : prophète et messie, Jésus se donne désormais proprement à reconnaître comme Roi-messie et comme Fils de Dieu (et Seigneur). Ainsi entrons-nous véritablement en théologie. Mais c’est le Ressuscité lui-même qui « pourra le premier utiliser le mot “Christ” », et il faudra attendre le « second volet du diptyque » [les Actes des Apôtres] pour que soient explicitement proclamées la réalité et la portée de sa mission de Sauveur  » (p. 11). C’est dire la grande richesse de cet ouvrage qui constitue un outil très précieux pour lire le troisième évangile.

Enfin le quatrième évangile est l’objet d’une étude sur l’Esprit qui est la version remaniée d’une thèse de doctorat soutenue en 2008 à l’Université Libre de Bruxelles, par F. Nobilio, chercheur du FNRS au Centre Interdisciplinaire d’Étude des Religions et de la Laïcité de l’ULB [10]. Le point de départ de l’A. est clairement explicité : « Jn accorde une importance capitale à l’Esprit en en faisant l’indispensable complément du Christ dans le salut de l’humanité » (p. 15). Ainsi étudie-t-il « le concept d’Esprit selon quatre axes thématiques : espace, temps, écrit et rite » (p. 20), selon « une approche prenant en compte trois dimensions : la dimension littéraire du texte, la dimension mystique comme enjeu symbolique du document, la dimension culturelle (essentiellement philosophique) de l’argument » (p. 19). Cette étude lui permet d’avancer une définition inédite de la pneumatologie johannique que présente la conclusion de l’ouvrage : « L’Esprit est la puissance qui permet au Christ de s’actualiser dans l’espace et le temps par l’intermédiaire du texte et du rite » (p. 336). La suite de la conclusion présente les rapports entre le Christ et l’Esprit, ainsi qu’une esthétique johannique : « la mise en œuvre du salut par la révélation des réalités célestes au sein même des réalités terrestres » (p. 344). Cet ouvrage a l’avantage de susciter bien des questions !

Cette première section sur les évangiles se finit avec le n° 100 de la collection « Jésus et Jésus-Christ », avec lequel s’achève la collection elle-même, ainsi que l’explique son directeur, Mgr Doré dans la présentation du livre. Il s’agit du Jésus du quatrième évangile, écrit par J.-M. Sevrin, professeur émérite de l’Université catholique de Louvain la Neuve [11] -. L’A. considère, dans une première partie, le statut du quatrième évangile pour ses lecteurs : il est écrit pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu (Jn 20,31). Puis la seconde partie examine le récit avec ses composantes principales : « c’est le mystère de son [de Jésus] lien à Dieu son Père et sa mission qui commandent l’écriture de l’Évangile et retiennent toute son attention. Son intrigue est simple : Jésus pose librement sa vie, quand le moment est venu, pour que les hommes puissent, par sa mort, accéder à la vie véritable. Ce qui fait l’unité du livre, c’est la simplicité indicible de Jésus » (p. 280-281). La troisième partie étudie les titres christologiques qui apparaissent au fil du texte, d’abord dans les discours de Jésus, puis dans le chef des autres personnages. Ces derniers recourent aux titres de Christ, prophète, roi, Seigneur, Saint de Dieu, sauveur du monde, tandis que Jésus se dit d’abord et de manière dominante Fils, Fils de Dieu envoyé par son Père. Enfin, « le Fils de Dieu se voit dans le Fils de l’homme. C’est donc dans sa mort glorieuse que Jésus donne Dieu à voir » (p. 283). On comprend pourquoi la collection intitulée « Jésus et Jésus-Christ » peut s’achever avec l’évangile johannique.

II

Saint Paul. L’œuvre de métamorphose… Un sujet quelque peu étrange à première vue, mais traité avec dextérité par Pierre-Marie Beaude [12], professeur émérite à l’UFR de sciences humaines et arts de l’université Paul-Verlaine de Metz. Le dessein de l’A. est « de montrer que les lettres de Paul sont une œuvre de métamorphose en ce sens que les figures essentielles produites dans le discours de l’Apôtre sont construites selon une logique qui met en valeur les éléments d’une transformation, privilégiant ainsi l’évolution par rupture, sauts ou écart, et cela dans tous les domaines de pensée […] La principale métamorphose, celle que l’Apôtre met au cœur de son Évangile, est que le Christ est ressuscité […] Elle est donnée dans des énoncés de proclamation, de confession, bref comme un énoncé modalisé par une profession de foi » (p. 23-25). Ainsi, l’A. montre tout au long de l’ouvrage cette présence de la métamorphose, en observant les modifications du corps omniprésent chez Paul : corps individuel, souffrant, en attente de glorification, corps mystique, corps du Christ. Puis, il montre la différence de l’esthétique paulinienne qui invite les croyants à user de ce monde comme n’en usant pas, avec celle de Luc dans les Actes des Apôtres qui au contraire valorise l’espace/temps de l’Empire, avant d’en venir au lien de l’autorité et de l’institution avec la métamorphose. La route est alors ouverte pour aborder la métamorphose du lecteur et de celle du sujet. Chemin étonnant, d’une grande profondeur : « Où réside la beauté de l’Évangile de Paul ? Il la campe dans un monde totalement désenchanté, il y pose la Croix source de renversement des valeurs du monde, il fait jouer continuellement les paradoxes, il valorise les déchets du monde, il déclare folle la sagesse des hommes, il célèbre par-dessus tout l’union participative du croyant et du groupe des croyants à la mort et à la résurrection du Christ » (p. 392).

Dans la collection « Pour lire », les éditions du Cerf publient un livre sur la lettre aux Romains, de Chantal Reynier, professeur d’exégèse biblique au Centre Sèvres (Paris) [13]. Il s’agit donc d’un ouvrage très pédagogique : après un rappel du contexte historique et une présentation de la lettre dans son ensemble, le texte paulinien est étudié du début à la fin en suivant le plan dégagé au départ. Ce plan reflète l’approche suivie : littéraire et historique, avec une grande attention à l’actualité de cet écrit paulinien qui a eu tant d’importance dans l’histoire de l’Église. C’est pourquoi, la dernière partie exhortative de la lettre, souvent reléguée comme appendice aux onze premiers chapitres davantage théologiques, prend ici sa place à part entière. L’A. propose des études de texte et des fiches de travail pour des passages bien précis, et un commentaire suivi du texte. Ce dernier est forcément rapide, mais il peut être d’une grande aide pour la lecture personnelle, notamment lorsqu’il présente des résumés de l’argumentation. Un bel outil pour lire en profondeur cette lettre qui nous révèle de quel amour nous sommes aimés de toujours à toujours, et combien un tel amour attend notre foi en celui qui éveilla Jésus-Christ d’entre les morts, livré à cause de nos fautes et éveillé à cause de notre justification (Rm 4,25).

Signalons enfin un livre pour spécialistes de Paul. Il s’agit du fruit de la vingtième session du Colloque œcuménique paulinien se réunissant depuis 1968 à l’abbaye de Saint-Paul-hors-les-murs à Rome [14]. L’éditeur J. Schlosser présente cette édition dans son avant-propos en souhaitant que les travaux de ce Colloque soient davantage pris en compte par la recherche internationale. Suivent les interventions de neuf exégètes sur la trentaine de participants, en allemand, français, italien et américain, autour du thème : Paul et l’unité des chrétiens. Retenons simplement l’article en français de D. Marguerat sur la justification par la foi, et le panorama final de J. Schlosser sur l’exégèse paulinienne dans le dialogue œcuménique.

III

Sous la plume du même J. Schlosser, professeur émérite à la faculté de théologie catholique de Strasbourg, paraît le sixième volume de la collection « Commentaire biblique du Nouveau Testament » aux éditions du Cerf, consacré à la première épître de Pierre [15]. « Dans l’exégèse moderne, elle fut longtemps considérée comme une œuvre littéraire un peu terne, lestée d’une vaste tradition et souffrant de la comparaison avec les lettres du brillant et fougueux Paul de Tarse […] Un simple coup d’œil sur la bibliographie montre que la situation a radicalement changé dans l’exégèse contemporaine. L’une des raisons du renouveau d’intérêt tient probablement aux affinités existant entre la situation des chrétiens dans l’Asie mineure du 1er siècle et celle que vit aujourd’hui la « fraternité » à travers le monde (1 P 5,9) » (p. 29). Selon l’objectif de cette collection, le commentaire – scientifique tout en étant accessible à un large public – fait apparaître la dynamique du texte pris comme un ensemble. Après une solide introduction générale, on trouve pour chaque péricope bibliographie, traduction, interprétation, et des notes plus techniques renvoyées à la fin. La brièveté de la lettre permet un bel approfondissement qui sera fort utile pour lire cette lettre de près.

Les grandes énigmes de l’Apocalypse – La clé des symboles. Ainsi s’intitule un ouvrage de Ph. Plet, prêtre passioniste [16]. « Enveloppé d’un vêtement tout tissé de symboles, le texte de l’Apocalypse se présente comme un immense secret à découvrir » (p. 7). Ce secret touche à la fois le combat spirituel qui concerne toute l’humanité et qui se reflète symboliquement jusque dans le cosmos, et l’espérance dans la mesure où les enjeux spirituels de la vie terrestre ne sont compréhensibles qu’à la lumière de l’éternité. L’A. explique sa démarche : « Pour parvenir à scruter la dimension purement théologique de l’Apocalypse, et permettre à la symbolique johannique de déployer toutes ses virtualités, j’ai donc choisi des prémisses « atemporelles », se fondant sur le sens le plus littéral possible » (p. 19). Ainsi le livre est lu au rythme de ses septénaires suivis de la destruction de Babylone, de la bataille d’Armaguédon, du jugement dernier, et de la vision du Paradis concluant le récit. En lisant ce commentaire, on est frappé par l’actualité du livre, comme par exemple cette finale : « La beauté native de l’homme est défigurée par le culte idolâtrique de la Bête de la mer. Babylone, Cité du Dragon, n’est pas la véritable « demeure » de l’humanité. Caricature de la « nouvelle Jérusalem », elle fait perdreaux hommes leur noblesse et leur conscience, en les faisant choir de leur statut de « rois » de la création. Babylone est la société dont l’homme est le rouage (l’adorateur de la Bête) au lieu d’en être la finalité. L’enjeu du combat spirituel est celui de la souveraineté de Dieu. Et seule la reconnaissance de cette souveraineté peut guérir l’homme du poison maléfique de l’illusion démoniaque. Toute la dimension initiatique de l’Apocalypse consiste à nous montrer ce chemin » (p. 320).

IV

Une initiation au monde du Nouveau Testament nous est présentée par Ch. Grappe, professeur de Nouveau Testament à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg [17]. Selon l’A. il manquait jusqu’alors « une introduction plus concise, qui cherche à accompagner, en privilégiant une démarche pédagogique, le processus de lecture et de découverte du Nouveau Testament et de son univers par des étudiants débutants » (p. 7). Les premiers chapitres de l’ouvrage présentent le contexte historique et littéraire du Nouveau Testament, des données succinctes relatives à Jésus et à Paul, notamment au moyen de textes non bibliques de la même époque. Puis, après une introduction générale sur le NT, chacun de ses vingt-sept livres fait l’objet d’une présentation resserrée en autant de fiches d’apprentissages où propositions de plan, contenu et circonstances sont regroupés. Cartes, tableaux, index et glossaire enrichissent ce manuel très pédagogique qui rendra grand service pour entreprendre une lecture du Nouveau Testament.

Signalons la réédition du livre de R.E. Brown : Que sait-on du Nouveau Testament ? [18] dans la collection « compact » de Bayard. Nous avons maintenant sous forme compacte, le volumineux ouvrage écrit par le célèbre exégète de Baltimore mort en août 1997, pas même un an après la sortie de cet ouvrage. Le but était d’aider à mieux comprendre la façon dont s’est constitué le Nouveau Testament et de donner, pour chacun des livres qui le constituent des clefs de lecture avec une grande place aux question ouvertes.

Ch. Reynier a écrit un autre livre, d’une actualité brûlante : qu’est-ce que la Bible nous apprend au sujet des tempêtes ? [19] On se souvient de son ouvrage sur Paul en Méditerranée (cf. Vs Cs 2006/4, p. 275) qui étudiait la relation du voyage de Paul vers Rome (Ac 27 – 28,16) sous son angle maritime. Ici, après une introduction sur la tempête comme thème littéraire, les quatre récits de tempête que l’on trouve dans la Bible – avec Jonas, Jésus (la tempête apaisée et la marche sur les eaux) et Paul – sont scrutés sur le plan historique et littéraire, et situés dans leurs milieux culturels. L’enjeu d’un tel parcours est de mettre en lumière l’actualité de ces textes bibliques et d’en comprendre le sens : la tempête est un phénomène naturel auquel l’homme est confronté, exprimant certes la puissance de Dieu mais non directement vis-à-vis de l’homme. Dans la Bible, elle symbolise les épreuves de l’existence, épreuves à traverser dans la foi au Christ : Dieu nous a arrachés au cycle de la mort. La tempête est faite pour être traversée !

Dans le même registre de pensée, un autre livre traite du mal dans le monde et tente de répondre à la question cruciale : La puissance de Dieu peut-elle venir à bout des forces du mal ? [20] Il s’agit des Actes des Quatrièmes Journées Bibliques de Lubumbashi qui eurent lieu en mars 2010, venant à la suite des journées sur le bonheur dans la Bible en 2008 (cf. Vs Cs 2010/4, p. 299). La question est d’une grande actualité pour les chrétiens d’Afrique centrale, et la présentation du colloque n’hésite pas à soulever les questions brûlantes : où Dieu est-il quand ses enfants sont ainsi désemparés, meurtris ? Peut-on avoir foi en Lui quand on voit ce qui se passe sur terre ? Après une première intervention de l’Abbé J.-M. Matutu, psychologue clinicien, sur les croyances dans les forces du mal en Afrique centrale, six autres intervenants, biblistes, apportent des éléments de réponse en s’appuyant sur la Parole de Dieu, et plus précisément sur le récit de Caïn de la Genèse, le livre d’Isaïe, les livres de Sagesse, le Nouveau Testament en son ensemble, les écrits de Paul, et ceux de saint Jean. Ainsi que le dit l’Abbé C. Mbarila dans sa préface : « Les connaissances ont été enrichies sur la manière dont s’exerce la puissance de Dieu. Dieu a besoin de la collaboration d’un homme convaincu qu’avec lui, il peut tout. Sans courir derrière des actes spectaculaires, le croyant est invité à manifester la puissance de Dieu en témoignant d’un amour qui peut vaincre le mal » (p. 17).

Nous allons finir par un livre dont le titre est évocateur [21] : Divine poésie. Cet ouvrage présente cinquante textes choisis du Nouveau Testament traduits par Gilles Danroc, dominicain et illustrés par Véronique de Bénazé, artisane en décoration. La quatrième de couverture dit à merveille l’âme de ce petit livre : « La Parole de Dieu, venant de Dieu, d’un ailleurs que notre commune humanité, se reçoit en nous avant tout comme un don, une grâce. Elle est donc Parole à recevoir plus loin. L’inconcevable en se révélant vient révéler notre capacité à le recevoir […] Recevoir la Parole de Dieu dans nos mots, dans notre propre verbe, devient le sens le plus exaltant de notre existence ».

[1L. Martinez (dir.), Lecture en communauté de l’évangile de Matthieu, coll. « Sens et Foi » 8, Bruxelles, Lumen Vitae, 2010, 15 x 21 cm, 124 p., 15,00 €.

[2M. Arnold, G. Dahan, A. Noblesse-Rocher (dirs.), La Parabole des talents (Matthieu 25, 14-30), coll. « Études d’histoire de l’exégèse » 2, Paris, Cerf, 2011, 13,5 x 21,5 cm, 144 p., 15,00 €.

[3M. A. Getty-Sullivan, Les Paraboles du Royaume. Jésus et le rôle des paraboles dans la tradition synoptique, coll. « Lire la Bible » 165, Paris, Cerf, 2010, 13,5 x 21,5 cm, 288 p., 20,00 €.

[4M. Quenot, Personne n’a jamais parlé comme Lui. L’enseignement des paraboles, Saint-Maurice (Suisse), Éditions Saint-Augustin, 2010, 14 x 21 cm, 240 p., 22,00 €.

[5P. Auffret, À la suite du Christ. Étude structurelle de la deuxième section de l’évangile selon saint Marc (6,30 à 10,52), Paris, Letouzey et Ané, 2010, 16 x 24 cm, 268 p., 35,60 €.

[6F. Bovon, L’évangile selon saint Luc (15,1 – 19,27), coll. « Commentaire du Nouveau Testament » IIIc, Genève, Labor et Fides, 20102, 17,5 x 23,5 cm, 268 p., 39,00 €.

[7Aa. Vv. Aujourd’hui le salut est arrivé jusqu’à vous. Guide pour une lecture communautaire de l’Évangile selon saint Luc, coll. « La Casa de la Biblia », Rixensart, Monastère des Bénédictines – Centre le Chemin, 2010, 14 x 21 cm, 146 p., 10,00 €.

[8P. Haudebert, Théologie lucanienne. Quelques aperçus, coll. « Religions et spiritualité », Paris, L’Harmattan, 2010, 13,5 x 21 cm, 228 p., 21,50 €.

[9J.-N. Aletti, Le Jésus de Luc, coll. « Jésus et Jésus-Christ » 98, Paris, Mame-Desclée, 2011, 15 x 22,5 cm, 262 p., 28,50 €.

[10F. Nobilio, Le souffle de l’Esprit dans l’évangile de Jean. Influences culturelles, art littéraire, visée initiatique, coll. « Divin & Sacré », Bruxelles – Fernelmont, Éditions Modulaires Européennes, 2010, 14 x 23 cm, 368 p., 35,00 €.

[11J.-M. Sevrin, Le Jésus du quatrième évangile, coll. « Jésus et Jésus-Christ » 100, Paris, Mame-Desclée, 2011, 15 x 22,5 cm, 298 p., 28,50 €.

[12P.-M. Beaude, Saint Paul. L’œuvre de métamorphose, Paris, Cerf, 2011, 13,5 x 21,5 cm, 432 p., 29,00 €.

[13Ch. Reynier, La lettre de saint Paul aux Romains, coll. « Pour lire », Paris, Cerf, 2011, 21 x 21 cm, 176 p., 19,00 €.

[14J. Schlosser (éd.), Paul et l’unité des chrétiens, coll. « Colloquium Oecumenicum Paulinum » 19, Peeters, Louvain, 2010, 17 x 24 cm, 254 p., 46,00 €.

[15J. Schlosser, La première épître de Pierre, coll. « Commentaire biblique : Nouveau Testament » 21, Paris, Cerf, 2011, 15,5 x 23 cm, 336 p., 38,00 €.

[16Ph. Plet, Les grandes énigmes de l’Apocalypse, Paris, Salvator, 2011, 17 x 22 cm, 336 p., 22,00 €.

[17Chr. Grappe, Initiation au monde du Nouveau Testament, coll. « Le monde de la Bible » 63, Genève, Labor et Fides, 2010, 15 x 22,5 cm, 320 p., 29,00 €.

[18R.E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ? coll. « compact », Paris, Bayard, 2011, 12,5 x 19 cm, 924 p., 29,00 €.

[19Ch. Reynier, Tempêtes : quatre récits bibliques. L’homme, la nature, la mort, coll. « Lire la Bible » 167, Paris, Cerf, 2011, 13,5 x 21,5 cm, 274 p., 22,00 €.

[20C. Mbarila (dir.), La puissance de Dieu peut-elle venir à bout de forces du mal ? Actes des quatrièmes Journées bibliques de Lubumbashi, 22-25 mars 2010, Lubumbashi, Éditions Don Bosco, 2011, 14,5 x 20,5 cm, 222 p.

[21G. Danroc et V. de Bénazé, Divine poésie. Pages du Nouveau Testament, Paris, Lethielleux/Parole et silence, 2010, 14 x 21 cm, 160 p., 15,00 €.

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