Chronique d’Écriture Sainte
Nouveau Testament
Véronique Fabre
N°2010-4 • Octobre 2010
| P. 291-300 |
Les nombreux livres que les éditeurs ont bien voulu nous envoyer peuvent être regroupés en quatre sections : les Évangiles et les Actes des apôtres (I), les livres pauliniens et l’Apocalypse (II), des ouvrages généraux sur le Nouveau Testament (III), et enfin quelques études sur la Bible toute entière (IV).
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Les nombreux livres que les éditeurs ont bien voulu nous envoyer peuvent être regroupés en quatre sections : les Évangiles et les Actes des apôtres (I), les livres pauliniens et l’Apocalypse (II), des ouvrages généraux sur le Nouveau Testament (III), et enfin quelques études sur la Bible toute entière (IV).
I
Tout d’abord, un commentaire de l’évangile de Matthieu [1], avec comme sous-titre : Jérusalem entre Bethléem et la Galilée. J. Cazeaux, chercheur au CNRS, a déjà commenté de nombreux livres vétérotestamentaires ainsi que les Actes des apôtres. Lui-même nous livre sa méthode d’analyse proprement littéraire : « Ce commentaire de Matthieu voudrait garder le paysage, le fond, l’idiome mental qui en accompagnèrent la rédaction, sans se contenter de notes renvoyant localement le lecteur à telle page du dit Ancien Testament, comme, par exemple, d’une multiplication des pains au récit de la Manne. Le personnage central, Jésus, et son disciple Matthieu ne judaïsaient pas pour le folklore ou artificiellement ou par à-coups. C’était naturellement que leur pensée, leurs expressions, leurs réflexes moraux, usaient de cette maternité veloutée ou rude qu’exerce une langue, et là même où ils ne citent pas expressément » (p. 9). Pour l’A., l’évangile de Matthieu, à la suite de l’Ancien Testament, dénonce le péché d’Israël qui est d’avoir voulu un roi comme les autres nations (Jérusalem), alors que les douze tribus vivaient indépendamment de la centralisation royale (Bethléem et la Galilée). Le commentaire, parfois déroutant, pourra intéresser par son originalité.
Deux petits livres se penchent chacun sur une partie de l’évangile lucanien. Ph. Bacq, professeur au Centre Lumen Vitae, à Bruxelles, se concentre sur les trois premiers chapitres, en les abordant d’un point de vue pastoral [2]. Le texte est lu et commenté au fur et à mesure, avec quelques questions permettant de l’approfondir. Puis, une seconde partie traite de points plus généraux : la vérité historique du récit et son importance aujourd’hui, le personnage de Jean-Baptiste, le baptême. C’est dire l’enjeu pastoral de ce livre.
Le second ouvrage s’arrête sur le dernier voyage de Jésus : sa montée à Jérusalem (Lc 9,51 – 19,48) [3]. Dans le troisième évangile, le voyage s’étend sur dix chapitres, et le commentaire suivi que nous offre S. Beaubeuf, chargé d’enseignement à l’Institut catholique de Paris, montre qu’on peut le percevoir comme un voyage « catéchétique » en trois étapes : la mission et la division qu’elle engendre ; le renversement sur le plan social, moral et historique qu’induit cette mission ; les modalités du salut auquel donne accès la mission de Jésus. Cette montée qui recèle les plus belles paraboles lucaniennes, est fondamentalement axée sur le don du salut. En finale est proposé un chapitre de perspectives ouvertes : le chapitre 13 comme centre de l’évangile de saint Luc, ouvrant aux Actes des apôtres. Un livre fort stimulant.
Nous incluons ici une retraite sur l’évangile de saint Jean, très proche du texte johannique [4]. S. Decloux, jésuite philosophe et formateur spirituel, nous y livre au rythme d’une retraite de huit jours, une lecture faisant ressortir l’essentiel de l’évangile : Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas mais ait la vie éternelle (Jn 3,16). L’A. nous fait entrer, au fil des principaux épisodes du quatrième évangile, dans la contemplation de l’amour fou que Dieu a pour les hommes. C’est un amour tel qu’il a conduit le Père à donner son Fils unique pour sauver les hommes : Je suis venu pour qu’ils aient la vie (Jn 10,10). Le style oral de l’ensemble ne fait que contribuer à la transparence du propos.
Mentionnons encore une réédition de l’ouvrage de M. Quesnel, paru en 1987 et déjà réédité en 1998, sur l’histoire des Évangiles [5]. L’auteur retrace l’histoire de la transmission des premières traditions orales aux évangiles que nous connaissons, mais aussi des plus anciens fragments sur papyrus aux bibles modernes, en passant par les luxueux parchemins de l’époque de Constantin et les premières bibles imprimées. Les rééditions successives disent l’intérêt de cet ouvrage.
Venons-en aux Actes des apôtres. Patrick Fabien, prêtre de l’île Maurice et professeur au séminaire, nous livre le fruit de sa thèse soutenue à l’université de Lausanne sur l’importance du personnage de Philippe dans les Actes des apôtres [6]. Apparemment, il s’agit d’un personnage secondaire, mais en fait, il se trouve au tournant de la mission entre Jérusalem et les autres nations (Ac 8 – 11). L’ouvrage étudie d’abord les rôles de Philippe, de Simon et de Pierre (Ac 6 et 8), puis l’épisode de l’eunuque éthiopien (8, 26-40), enfin la présence de Philippe et Paul à la fin du livre (21, 8-9). La méthode utilisée est à la fois historique et narrative. Finalement, Philippe apparaît un personnage essentiel au récit, et qui fait le pont entre la communauté de Paul et celle de Luc.
D’habitude, nous nous limitons aux livres en langue française, mais ici, nous présentons les actes d’un colloque tenu à Lausanne en 2008 [7], comportant des articles en anglais, en allemand et en français. Le sujet en vaut la peine, puisqu’il s’agit de revenir à nouveaux frais sur la question des différences pauliniennes entre les écrits de Paul et les Actes des apôtres lucaniens. L’exégète de Lausanne, D. Marguerat, présente le fil directeur de l’ensemble après avoir expliqué la différence de perspective des deux écrits, le premier étant rhétorique, le second historiographique : « La question commune à ces contributions est : comment comprendre la réception de la tradition paulinienne dans les Actes ? […] Comment Luc honore-t-il la mémoire de Paul en un temps où l’apôtre n’est plus, et où la chrétienté paulinienne vit dans un rapport très tendu avec la Synagogue ? » (p. X et XI). Voici les thèmes abordés en français : la mission, la loi, Israël, lettres et rumeur, Paul comme exemple, le travail manuel. Le livre est exigeant, mais précieux, notamment pour la lecture des Actes des apôtres.
Signalons au passage, la parution du manga intitulé La Métamorphose racontant les Actes des apôtres [8]. Il fait suite au premier, Le Messie, que nous avions recensé l’année dernière (cf. Vs Cs 2009-3, p. 234). Ses qualités sont les mêmes, avec le même feu qui traverse cette BD, mais avec aussi les mêmes faiblesses déjà manifestées dans la petite phrase en exergue de la couverture : « Est-ce la fin du monde ou l’aube d’une ère nouvelle ? ». Ceci induit une fausse dichotomie entre avant et après le Christ, alors qu’il nous faut tenir encore et toujours le paradoxe chrétien de la continuité et de la rupture avec le judaïsme. Mais ce petit livre peut constituer une porte d’entrée pour les jeunes !
II
Voici cinq ouvrages sur Paul et sa pensée. Les éditions Lumen Vitae proposent 101 questions et réponses sur Paul de Tarse, de R. D. Witherup, bibliste américain [9]. Il s’agit de questions parfois simples mais pouvant aussi être pointues, et toujours précises, successivement sur la vie et le ministère de Paul, sa personnalité, les communautés et ses collaborateurs, ses lettres, sa théologie, son éthique, l’héritage de Paul. Une Petite bibliothèque paulinienne, préparée par J. Radermakers, professeur à l’Institut d’Études Théologiques de Bruxelles, complète cette initiation bien actuelle à saint Paul.
Devant la question précédemment évoquée de la différence entre le Paul dépeint par les Actes des apôtres et celui qui se profile dans les lettres, un autre ouvrage fait le choix de rejoindre Paul à travers ses sept épîtres réputées authentiques [10]. P. Tassin, professeur de NT et de judaïsme ancien à l’Institut catholique de Paris, dont nous avons déjà recensé l’ouvrage, Saint Paul, homme de prière (cf. Vs Cs, 2004-4, p. 278), aborde toutes les questions discutées sur Paul, dans une approche rédactionnelle : Paul, un apôtre ? Du ministère d’une Alliance nouvelle (2 Co 3,6) au ministère de la réconciliation (2 Co 5, 14-21) ; Paul, père et mère ; La parole de la croix ; Apostolat et langage cultuel ; Paul et l’argent ; Les adversaires visibles et invisibles ; Paul et le combat de la prière. Une belle plongée dans « l’un des fondements privilégiés d’une théologie de la mission » (p. 14).
Un autre livre prend le parti d’éclairer Paul par Paul, tout en le rapprochant des autres écrits du Nouveau Testament, celui de J. Rouquette, professeur d’Écriture Sainte et poète occitan [11]. A. Gignac, de l’Université de Montréal, introduit ainsi l’ouvrage : « Nous sommes en présence d’une lectio divina, dans le sens médiéval (et noble) de l’expression. Appuyée sur une solide érudition, cette lecture spirituelle réussit à dépasser en les assumant, les aspects techniques de l’exégèse. L’acte de lecture devient réellement construction d’un parcours théologique (parmi bien d’autres possibles, il va sans dire) » (p. 8). Ainsi les chapitres se succèdent depuis « Paul et la tradition de Jésus » jusqu’aux « testaments de Paul ». C’est une vision de Paul « champion d’une vision de l’Église et du monde où les distinctions ne finissent pas en divisions et dominations » (p. 12) Ce livre peut déconcerter, mais aussi ouvrir des horizons nouveaux.
Foi, espérance, amour chez saint Paul. Tel est le titre du livre de Ch. Jourdan, enseignant l’exégèse du Nouveau Testament en Auvergne [12]. C’est saint Paul qui a associé ces trois vertus théologales dans la première lettre aux Thessaloniciens et la première lettre aux Corinthiens, qui sont parmi les plus anciens écrits chrétiens. Un premier chapitre offre un point de vue général sur les trois vertus théologales dans les écrits de saint Paul, puis les deux chapitres suivants déploient une lecture exégétique des deux lettres pauliniennes susdites, « à l’aide de la clé de lecture que constitue la triade ‘foi, espérance, amour’. Ce n’est bien évidemment pas la seule, loin s’en faut ; d’autres approches permettent de mettre en relief d’autres caractéristiques de la vie de ces deux jeunes communautés chrétiennes. La clé de lecture que nous proposons permettra d’ouvrir à la compréhension des questionnements des premières communautés chrétiennes et à la manière dont Paul y répond. En même temps, elle offrira la possibilité d’approcher les fondements scripturaires de l’identité chrétienne » (p. 11). Inutile de dire l’ampleur de cette recherche – il s’agit à l’origine d’une thèse de doctorat – dont l’auteur nous a transmis les fruits avec grande clarté, qu’elle en soit remerciée !
Une autre théologienne déjà connue de nos lecteurs (cf. Vs Cs 2006-4, p. 276), nous conduit au fil de la prière dans les lettres de saint Paul [13]. Cette prière paulinienne est relation à Dieu et mots pour dire cette relation. Les deux parties du livre correspondent à ces deux aspects : la première, orientée vers la lectio divina, propose à titre d’exemple, une lecture en continu de l’épître aux Philippiens ; la seconde, plus réflexive, reprend certaines données et en poursuit l’étude à un niveau plus général. J’aimerais reprendre deux phrases de la conclusion de ce petit ouvrage, comme deux perles sur le chemin : « Priez sans cesse, nous dit Paul, simplement et avec joie […] Selon un proverbe rabbinique, ‘les portes de la prière ne sont jamais closes’ » (p. 76).
Passons à l’Apocalypse de Jean, avec d’abord un petit livre d’initiation [14], sous la plume de J.-P. Prévost, bibliste canadien. L’ouvrage répond à 25 questions, par exemple : l’Apocalypse est-elle un livre seulement pour initiés ? Quel sens faut-il donner au 666, le chiffre de la Bête ? De quelle fin du monde rêvons-nous ? En conclusion, l’auteur partage un coup de cœur : Patmos, terre sacrée.
Le second ouvrage sur l’Apocalypse est un commentaire en deux volumes de la collection « Lectio Divina » qui avait été entrepris dès 1998 par J. Delorme et qui ne fut achevé qu’après le décès de ce dernier par I. Donegani [15]. Il s’agit d’une lecture suivie et intégrale du livre, à l’aide de la méthode sémiotique. Ainsi, une douzaine d’excursus jalonnent le livre, afin « d’aider à entrer dans la lecture d’un texte au langage figuratif et symbolique spécifique et riche, mais aussi fort déroutant et qui pourrait demeurer hermétique au lecteur s’il ne lui était possible de faire appel aux principes et outils herméneutiques appropriés » (p. 16.) C’est donc un bel instrument qui est proposé à tous ceux qui veulent entrer davantage dans la lecture de ce livre final de la Bible et comprendre combien il est « l’ultime réécriture de l’histoire lue ‘en esprit’ » (p. 11-12).
III
Ce troisième volet plus général s’ouvre avec le livre de J. L. Resseguie, professeur aux États-Unis, sur l’exégèse narrative du Nouveau Testament [16]. Il présente d’une façon très précise la méthode narrative en y intégrant, dès le début, la rhétorique en tant qu’art de la persuasion, avec cinq points : la répétition, les récits-cadres, les figures de la rhétorique (l’anaphore, l’inclusion, le chiasme, l’interrogation rhétorique), les tropes. Ensuite, les chapitres se déroulent au fil des outils traditionnels de la narrativité : cadre, personnage, point de vue, intrigue. La conclusion reprend l’ensemble sous le mode de l’application et propose une lecture de l’histoire de Nicodème. Une abondante bibliographie classée par chapitres et thèmes précédemment abordés, précède un index des références bibliques permettant de retrouver tous les exemples cités en cours de route. Un très bel outil pour toute « lecture rapprochée » (close reading) des textes néotestamentaires.
Voici un tout petit livre sur le Notre Père [17], d’E. Bianchi qui explique « la prière de Jésus par ses paroles et ses actions rapportées par les évangiles et revécues par les disciples de l’Église » (p. 69). L’A. s’appuie donc sur les versions de Matthieu, de Marc, et de la Didachè, chacune des ces versions étant resituée dans son contexte propre. Une belle aide pour notre dialogue avec Dieu.
Dans la même ligne, un livre posthume du célèbre dominicain D. Barthélémy, qui fut professeur d’Ancien Testament à Fribourg, nous parle de la pauvreté évangélique à partir de la prédication du règne de Dieu faite par Jésus [18]. Il s’agit de quelques-unes des conférences données dans les dernières années de sa vie aux Petites Sœurs de Jésus. Des péricopes axées sur le pauvre sont commentées : ainsi Lazare, l’homme riche, le Notre Père, le jugement dernier matthéen, les chapitres 5 et 11 de l’Évangile de Jean, la Jérusalem céleste (Ap 21). Le cardinal Martini préface l’ensemble et affirme : « Le père Barthélémy montre comment la pauvreté, comprise dans le sens large tel qu’il l’explique, est essentielle pour saisir le mouvement de la Rédemption et peut être considérée comme le symbole clé de l’action de Jésus et de l’Église. De plus, cela nous introduit à la connaissance du vrai Dieu, en libérant son visage de la fausse image que souvent nous nous faisons de lui » (p. 9).
Encore un petit livre fort intéressant, traduit de l’allemand et dont l’original date de 1993 [19] : H. Weder, professeur à l’université de Zurich aborde la question du temps suscitée par l’historicité de Jésus et son eschatologie. Dans l’apocalyptique juive, ce qui s’accomplit dans le présent annonce la fin des temps. Avec Jésus, c’est un fragment du futur de Dieu qui surgit de façon fulgurante dans notre présent : « À la fuite apocalyptique hors du vieil éon s’oppose, dans la théologie johannique, l’espace de l’amour, dans lequel les croyants peuvent demeurer sans perdre la relation à l’eschaton du Christ et par conséquent avec le futur eschatologique (Jn 15, 1-17) » (p. 91).
L’ouvrage suivant est imposant et pourtant sans commune mesure avec le sujet traité : La résurrection au cœur du Nouveau Testament [20]. F. Vouga, professeur de NT en Allemagne déjà rencontré au fil de cette chronique, et J.-F. Favre, peintre et historien de l’art, se réfèrent à l’apôtre des nations : « Contrairement au sens commun, Paul ne lie pas la validité éternelle de l’Évangile et la plausibilité de la foi chrétienne à l’humanisme de l’éthique de Jésus, mais à sa résurrection : si Christ n’est pas ressuscité, la foi perd sa vérité […] Que recouvre historiquement, physiquement, psychologiquement et religieusement l’affirmation que ‘Jésus-Christ est ressuscité des morts’ ? » (p. 10). F. Vouga propose une lecture des récits évangéliques et des réflexions que le Nouveau Testament consacre à l’événement de Pâques. Constatant que les évangiles tirent leur raison d’être de la résurrection de Jésus, il montre ensuite que celle-ci s’impose dès le début de la présentation qu’ils nous font de son histoire, et comment elle renouvelle notre regard sur la vie quotidienne. J.-F. Favre appuie cette lecture en rendant compte de la manière dont Fra Angelico, Le Greco, Rembrandt, Cézanne ou Bazaine font apparaître, dans la réalité, la présence transcendante de Pâques. Le centre du livre rassemble onze photographies des peintures en question. Un beau livre !
N. Siffrer et D. Fricker, professeurs à la faculté de théologie catholique de Strasbourg, nous offrent un livre très pédagogique sur la source « Q » qui contiendrait des paroles et discours de Jésus, objet de bon nombre d’ouvrages depuis ces dernières années [21]. Le livre commence par une initiation à l’histoire de la formation des évangiles, et le lecteur est invité à visiter le chantier de la restitution de la source Q. La suite considère Jésus selon la source Q et le Dieu qui s’en dégage. Enfin, sont abordés les aspects théologiques et ecclésiologiques du milieu de la rédaction de Q.
Encore un ouvrage très pédagogique, cette fois-ci sur les Apocryphes chrétiens [22]. É. Cothenet, qui fut professeur à l’Institut catholique de Paris, resitue d’abord la portée et le contexte d’apparition de ces textes très disparates qu’il faut distinguer des écrits gnostiques. Puis il choisit de présenter les œuvres les plus anciennes, du IIe et du IIIe siècle, et celles qui ont exercé une influence importante dans le domaine des idées ou de l’art. La classification est simple : évangiles de l’enfance ; évangiles concernant l’enseignement de Jésus, sa passion et sa résurrection ; écrits apocalyptiques et apparentés du IIe siècle ; actes apocryphes d’apôtres ; récits relatifs à la dormition de Marie. En assurant une partie plus iconographique, à partir d’une vingtaine d’images commentées, Ch. Pellistrandi, professeur au Collège parisien des Bernardins, éclaire l’apport des Apocryphes à l’art occidental. Encore un bel ouvrage !
IV
Bertrand Pinçon, professeur à la faculté de théologie de Lyon propose une introduction à l’étude de l’Ancien et du Nouveau Testament [23]. L’objectif est de « faire entrer dans le monde de la Bible à partir, notamment, de son histoire, de sa réception, de son interprétation […] avec cette idée-force, en théologie chrétienne, selon laquelle l’Ancien annonce le Nouveau et le Nouveau relit l’Ancien en l’accomplissant » (p. 3). Le livre est à la fois d’une grande clarté et d’une grande précision, avec des outils précieux. Soulignons par exemple la première annexe sur les traductions françaises de la Bible avec quelques sites bibliques (notamment bibliographiques) ou encore la dernière annexe présentant l’interprétation d’Ex 3,14 (révélation du nom de Dieu à Moïse) dans les versions anciennes et les traductions modernes. Un lexique des termes bibliques clôt cet ouvrage à recommander.
Visages de femmes dans la Bible. Ainsi s’intitule un petit livre de V. Dufief, enseignante en littérature française [24]. La préface, signée de D. Sonet, nous introduit au mieux à ce livre : « Véronique Dufief n’écrit pas avec une plume mais avec un pinceau : elle brosse des tableaux de maître, colorés et riches, lumineux et précis, réalistes et poétiques. On y admire les tissus bariolés et transparents des décors… on y respire tous les parfums envoûtants de l’Orient. Elle y campe surtout ces personnes attachantes, qu’elle sort de la nuit des siècles […] et toutes ces femmes ont ceci en commun, qu’elles sont toutes un peu la Bien-Aimée du Cantique des Cantiques » (p. 10 et 11). Ainsi, quatorze femmes de la Bible sont présentées, avec un certain nombre de dessins d’art les concernant. Une dernière figure clôture le livre, celle de Véronique, introduite par ces quelques mots : « Nous n’atteignons le visage des autres qu’en traversant le désert des souffrances qui nous séparent » (p. 137).
D’Afrique, nous vient un livre sur la recherche du bonheur dans la Bible. Il s’agit des Actes des troisièmes journées bibliques de Lubumbashi en 2008, publiés sous la direction de J.-L. Vande Kerkhove [25]. « Persuadés que la Parole de Dieu révèle la volonté de bonheur de Dieu pour l’homme, la société et le monde, les divers intervenants ont successivement interrogé des passages tirés des grands blocs de la littérature biblique. Ils l’ont fait en recourant à différentes méthodes : narrative, structurelle, rhétorique et historico-critique » (p. 7). Le parcours est riche, à travers Ancien et Nouveau Testament, et montre précisément que le bonheur est pour l’homme chemin sur lequel « l’homme fait la rencontre de Dieu, du prochain, de la nature. Son bonheur n’est pas indifférent à ces trois réalités » (p. 8). La perception africaine de ce qui rend l’homme heureux peut beaucoup nous apprendre.
Nous achevons notre chronique avec un livre important sur la mission chrétienne, présenté par l’Association francophone œcuménique de missiologie [26]. Une théologie de la mission conduite par la lecture de la Parole de Dieu : ainsi l’ouvrage est-il constitué de plusieurs contributions d’exégètes et de missiologues, protestants et catholiques. Il se déroule en trois parties : la mission comme « Geste de Dieu » qui se vit dans le pluriel de Dieu ; les « figures missionnaires » qui peuvent être des personnages de l’histoire (comme Paul), ou des figures plus narratives (comme la « Samaritaine » en Jn 4 et le « Macédonien » en Ac 16, 9-10) ; « Réception communautaire », avec la description de diverses stratégies dans la mise en œuvre du disours missionnaire et une étude sur la question de la guérison. Ph. Abadie, exégète à l’Université Catholique de Lyon préface le livre en donnant les lignes de convergence qui, pour lui, émergent de l’ensemble : « Toute mission chrétienne procède du Dieu trinitaire – et pas seulement de l’expérience christique ou de l’effusion de l’Esprit […] Une seconde ligne de crête apparaît encore, mais cette fois du côté des disciples : la loi de charité, vécue dans l’accueil fraternel […] L’amour procède de la missio Dei pour le monde, en quoi il n’est pas un pur humanisme. Le discours matthéen sur l’envoi et la rencontre de Jésus et de la Samaritaine mettent au centre ce travail de conversion – et de formation – du disciple, antérieur à toute mission » (p. 18 et 19).
[1] J. Cazeaux, L’évangile selon Matthieu. Jérusalem entre Bethléem et la Galilée, coll. « Lectio Divina » 231, Paris, Cerf, 2009, 13,5 x 21,5 cm, 546 p., 40,00 €.
[2] Ph. Bacq, Luc, un Évangile en pastorale. Commencements Luc 1,1 – 4,13, Bruxelles, Lumen Vitae, 2009, 15 x 22,5 cm, 159 p., 20,00 €.
[3] S. Beaubeuf, La montée à Jérusalem. Le dernier voyage de Jésus selon Luc (9,51 – 19,48), coll. « Lire la Bible » 161, Paris, Cerf, 2010, 13,5 x 21,5 cm, 146 p., 15,00 €.
[4] S. Decloux, « Je suis venu pour qu’ils aient la vie ». Retraite de huit jours avec saint Jean, Namur, Fidélité, 2009, 15,5 x 21 cm, 209 p., 14,95 €.
[5] M. Quesnel, L’histoire des Évangiles, coll. « Lire la Bible », 159, Paris, Cerf, 20093, 13,5 x 21,5 cm, 104 p., 12,00 €.
[6] P. Fabien, Philippe, « l’évangéliste » au tournant de la mission dans les Actes des apôtres, coll. « Lectio Divina » 232, Paris, Cerf, 2010, 13,5 x 21,5 cm, 336 p., 29,00 €.
[7] D. Marguerat (ed.), Reception of Paulinism in Acts. Réception du paulinisme dans les Actes des apôtres, coll. « BETL » 229, Louvain, Peeters, 2009, 16 x 24 cm, 362 p., 74,00 €.
[8] H. Kumai, K. Shinozawa, Manga. La Métamorphose, Marpent, BLF Europe, 2009, 14 x 21 cm, 290 p., 12,50 €.
[9] R. D. Witherup, 101 question et réponses sur Paul de Tarse, coll. « Écritures » 16, Bruxelles, Lumen Vitae, 2010, 15 x 22,5 cm, 208 p., 22,00 €.
[10] Cl. Tassin, L’apôtre Paul. Un autoportrait, coll. « Théologie à l’Université » 8, Paris, DDB, 2009, 15 x 23,5 cm, 236 p., 27,00 €.
[11] J. Rouquette, Paul au nom de l’unité, Paris, Médiaspaul, 2009, 15 x 22,5 cm, 320 p., 23,00 €.
[12] Chr. Jourdan, Foi, espérance, amour chez saint Paul. Aux sources de l’identité chrétienne, coll. « Lire la Bible » 163, Paris, Cerf, 2010, 13,5 x 21,5 cm, 192 p., 19,00 €.
[13] S. Reymond, Au fil de la prière dans les lettres de saint Paul, coll. « Connaître la Bible » 56, Bruxelles, Lumen Vitae, 2009, 15 x 21 cm, 81 p., 10 €.
[14] J.-P. Prévost, L’Apocalypse, coll. « 25 questions », Montréal, Novalis, 2009, 11 x 18 cm, 136 p., 13,95 $.
[15] J. Delorme, I. Donegani, L’Apocalypse de Jean. Révélation pour le temps de la violence et du désir, t. I ; Chapitres 1-11 ; t. II ; Chapitres 12-22, coll. « Lectio Divina » 235 et 236, Paris, Cerf, 2010, 13,5 x 21,5 cm, 256 et 272 p., 21,00 € et 22,00 €.
[16] J. L. Resseguie, L’exégèse narrative du Nouveau Testament. Une introduction, coll. « Le livre et le rouleau » 36, Bruxelles, Lessius, 2009, 14,5 x 20,5 cm, 352 p., 17,00 €.
[17] E. Bianchi, Le Notre Père. Un condensé d’évangile, coll. « Sagesse », Médiaspaul, 2009, 11 x 18 cm, 72 p., 9,00 €.
[18] D. Barthélémy, Le pauvre choisi comme Seigneur. La Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres, coll. « Épiphanie », Paris, Cerf, 2009, 13,5 x 19,5 cm, 240 p., 20,00 €.
[19] H. Weder, Présent et règne de Dieu. Considérations sur la compréhension du temps chez Jésus et dans le christianisme primitif, coll. « Lectio divina » 230, Paris, Cerf, 2009, 13,5 x 21,5 cm, 98 p., 16,00 €.
[20] Fr. Vouga, J.-Fr. Favre, Pâques ou rien. La Résurrection au cœur du Nouveau Testament, coll. « Essais bibliques » 45, Labor et Fides, 2010, 15 x 22,5 cm, 384 p., 35,00 €.
[21] N. Siffer, D. Fricker, « Q » ou la source des paroles de Jésus, coll. « Lire la Bible » 162, Paris, Cerf, 2010, 13,5 x 21,5 cm, 226 p., 20,00 €.
[22] É. Cothenet, Ch. Pellistrandi, Découvrir les Apocryphes chrétiens, Paris, Desclée de Brouwer, 2009, 17 x 21,5 cm, 258 p., 24,00 €.
[23] B. Pinçon, Premiers pas en exégèse biblique. Manuel d’introduction à l’étude de l’Ancien et du Nouveau Testament, Lyon, Profac, 2010, 15 x 21 cm, 236 p., 18,00 €.
[24] V. Dufief, Visages de femmes dans la Bible, Dijon, l’Échelle de Jacob, 2009, 12 x 19 cm, 144 p., 9,50 €.
[25] J.-L. Vande Kerkhove, La recherche du bonheur dans la Bible. Actes des troisièmes journées bibliques de Lubumbashi, Ed. Don Bosco, 2009, 14,2 x 21 cm, 176 p.
[26] Association francophone œcuménique de missiologie (AFOM), Figures bibliques de la mission. Exégèse et théologie de la mission. Approches catholiques et protestantes, coll. « Lectio divina » 234, Paris, Cerf, 2010, 13,5 x 21,5 cm, 272 p., 20,00 €.