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Edith Stein à travers ses lettres

Dix ans après sa proclamation comme co-patronne de l’Europe

Sophie Binggeli

N°2010-1 Janvier 2010

| P. 36-53 |

L’auteur de l’ouvrage récent Le féminisme chez Edith Stein (Paris, Parole et Silence, Collège des Bernardins : Essai, 2009) réunit dans cet article des lettres de la sainte, en traduction originale, qui illustrent de façon remarquable la crise existentielle et la quête douloureuse de sens qui fut la sienne au moment de la première Guerre mondiale jusqu’au jour de son baptême. Le Christ lui donna la lumière décisive sur sa destinée et sur son appartenance au peuple juif. Marquée par la foi de sa mère juive, elle découvrit le sens de l’élection d’Israël et y resta fidèle jusqu’à sa mort à Auschwitz.

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Il y a dix ans, le 1er octobre 1999, Jean-Paul II proclamait solennellement à Rome Brigitte de Suède, Catherine de Sienne et Edith Stein co-patronnes de l’Europe. Cette proclamation s’accompagnait d’une lettre « motu proprio » dans laquelle le pape donnait le sens de l’événement [1]. Parmi les trois saintes, Edith Stein occupe une place privilégiée. Elle nous entraîne « au cœur » d’un « siècle tourmenté » : le 20e siècle. À la différence de Brigitte de Suède et de Catherine de Sienne, elle ne vient pas « d’une famille chrétienne ». « Par toute sa vie d’intellectuelle, de mystique, de martyre », elle jette « un pont entre ses racines juives et l’adhésion au Christ ». Tout en elle « exprime le tourment de la recherche » de la vérité « et l’effort du ‘pèlerinage’ existentiel ». En « phénoménologue de naissance » [2], elle s’adonna « avec une intuition sûre au dialogue avec la pensée philosophique contemporaine » [3]. « Son militantisme en faveur de la promotion sociale de la femme fut particulièrement appréciable pour son temps, et les pages dans lesquelles elle explora la richesse de la féminité et la mission de la femme du point de vue humain et religieux sont vraiment pénétrantes [4]. « Même après être parvenue à la vérité dans la paix de la vie contemplative », Sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix « dût vivre jusqu’au bout le mystère de la Croix ».

« Son cri se mêla à celui de toutes les victimes de cette épouvantable tragédie, s’unissant en même temps au cri du Christ, qui assure à la souffrance humaine une fécondité mystérieuse et durable. Son image de sainteté reste pour toujours liée au drame de sa mort violente, aux côtés de tous ceux qui la subirent avec elle. Et elle reste comme une annonce de l’Évangile de la Croix à laquelle elle voulut s’identifier par son nom de religieuse ».

Cette brève présentation du texte de Jean-Paul II nous a permis de recueillir la riche palette de sens qu’a voulu offrir le pape à l’Europe et à l’Église universelle en choisissant la personnalité et l’œuvre d’Edith Stein.

Nous voudrions maintenant considérer à travers quelques lettres trois aspects de sa destinée, riches en enseignements [5]. Premièrement : la recherche du sens ; deuxièmement : la lumière du Christ ; troisièmement : l’élection.

La recherche du sens

La vie d’Edith Stein croise les deux guerres mondiales qui ont déchiré l’Europe dans la première moitié du 20e siècle. Dans la Vie d’une famille juive rédigée en septembre 1933, un mois environ avant son entrée au carmel de Cologne, Edith Stein consacre de longues pages à la première Guerre et aux quelques mois qu’elle a passés dans un hôpital militaire de Moravie [6]. Les lettres de ces années de guerre reflètent son profond attachement à l’Allemagne et à la Prusse, sa passion pour l’histoire et la politique ainsi que l’aveuglement de son ardente jeunesse. Une lettre du 9 février 1917 adressée à Roman Ingarden est à ce titre exemplaire.

« Cela me réjouit beaucoup que vous progressiez dans la connaissance du caractère de l’Allemagne. Vous êtes ‘amoureux de l’âme polonaise’ […]. Voyez-vous, je puis aussi peut-être amoureuse de l’Allemagne que je le suis de moi-même, car je suis celle-ci même, c’est-à-dire une partie d’elle ».

Après avoir distingué les notions de peuple et d’État, Edith Stein poursuit :

« Je crois pouvoir dire de façon tout à fait objective que, depuis Sparte et Rome, nulle part ailleurs il n’y a eu une conscience si puissante de l’État comme en Prusse et dans le nouveau Reich allemand. C’est pourquoi je considère maintenant comme exclu une défaite ».

La suite des événements lui donnera tort. Elle rapporte ensuite les sentiments qui furent les siens au moment de la déclaration de la guerre et de son retour précipité dans sa famille à Breslau.

« Le jour de la mobilisation, après un voyage de 24 heures, je rentrai à la maison et me retirai hors du cercle familial, parce que je ne pouvais pas supporter d’entendre parler d’affaires insignifiantes (c’est-à-dire personnelles). Une pensée s’imposa soudainement clairement et précisément à mes yeux : aujourd’hui, ma vie individuelle a cessé ; tout ce que je suis appartient à l’État ; si je survis à la guerre, je la recevrai comme un cadeau. Ce n’était pas le produit d’un état nerveux surexcité, mais cela est resté vivant en moi jusqu’à aujourd’hui, et je souffre constamment de ne pas avoir trouvé la place juste pour agir complètement dans ce sens ».

La fin de la lettre trahit un optimisme forcené :

« L’atmosphère chez nous n’est pas du tout oppressée, bien plutôt à une bravade claire et joyeuse : ‘et quand le monde serait plein de diables !’ ».

Ces quelques lignes permettent de pressentir ce que signifiera la défaite de l’Allemagne pour la jeune patriote : un bouleversement radical et un ébranlement complet. Quelques mois seulement après cette lettre, elle écrit à nouveau à son ami, le philosophe polonais Roman Ingarden.

« L’arrogance de la jeunesse est partie au diable. Récemment, j’ai vu dans ma bibliothèque toute une série de dissertations d’amis étudiants de Breslau, qui sont maintenant tous morts. On a l’impression d’appartenir à une génération disparue depuis longtemps, et on se demande, étonné, comment il se fait que l’on vive encore. Certains se réveillent parfois et élèvent une protestation contre cette atmosphère de lassitude et d’accablement. Mais ce ne sont que des velléités passagères. Globalement, 2 choses seulement sont capables de me captiver : la curiosité de voir ce qui sortira de l’Europe et l’espoir d’accomplir quelque chose en philosophie ».

La guerre et son cortège de morts ont fait prendre conscience à Edith Stein de la fragilité de la vie humaine et de sa propre existence. Les mots qu’elle utilise sont lourds de sens et trahissent une crise sans précédent. La jeune étudiante s’accroche désormais à deux repères : l’histoire de l’Europe et la philosophie. Or tous deux ne lui ouvrent guère de perspectives.

« En ce moment un épais nuage recouvre pour moi toute la situation politique ; mais je pense que l’on verra de nouveau clair. Vous pensez que les problèmes à résoudre dépassent les forces humaines. Je le crois assurément aussi, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que l’histoire du monde a un sens et s’impose, même si aucun homme n’est là pour lui indiquer le chemin ».

Du côté de la philosophie, Edith Stein brasse les « masses de manuscrits » d’Edmond Husserl, entre autres les Idées et les notes sur La conscience du temps. L’absence d’échange d’idées avec le fondateur de la phénoménologie et les obstacles jalonnant la publication des écrits du « Maître » rendent le travail de son assistante ardu, si bien que celle-ci songe à « rendre son tablier ». Son travail lui paraît en effet « dénué de sens ».

La crise existentielle que traverse Edith Stein se présente avec trois faces : l’histoire politique de l’Europe, le métier de philosophe [7] et la vie affective [8]. Elle s’étend sur plusieurs années, depuis 1916-1917 jusqu’au mois d’avril 1921 [9]. Les lettres dépeignent au jour le jour le caractère aigu de l’épreuve traversée. Dans une lettre du 6 octobre 1918, nous lisons :

« Au reste, tout m’est maintenant naturellement terriblement égal. Je me force seulement à travailler, parce que je ne sais rien faire de mieux en ce moment. Le meilleur moyen de s’accommoder de ce monde pitoyable serait d’en prendre congé. J’ai seulement la conviction qu’on n’a pas le droit d’agir si légèrement. Je pense parfois, lorsque certaines perspectives d’avenir me semblent tout à fait insupportables, à la vie des patriotes polonais dans ces 150 dernières années. Sauver la foi en son peuple à travers tous les changements, c’est encore plus que la vertu héroïque des Romains qui ne peut pas survivre à la défaite. Seulement le devoir de survivre vient trop soudainement et est dur.

Il est impressionnant de voir qu’Edith Stein a été tentée par le suicide, mais que l’impératif moral peut-être et la mémoire enfouie des 10 commandements sûrement l’ont gardée du pire. Dans une lettre du 25 janvier 1920 à Fritz Kaufmann, elle écrit encore :

« Je sais de par ma propre expérience – car je suis beaucoup plus familière des dépressions que vous ne le pensez peut-être – ce que cela fait lorsqu’on laisse ainsi s’installer quelque chose et que l’on est tourmenté dans le silence, et que la chose prend des proportions toujours plus démesurées ».

Deux lettres à Roman Ingarden écrites vers la fin de la première Guerre mondiale méritent d’être citées. La première date du 29 octobre 1918.

« Je suis maintenant relativement paisible. On est comme devant un immense monceau de ruines, encore indécis sur ce que l’on peut entreprendre. Certes, on ne peut pas se coucher dessus et s’endormir. Il s’agit de construire une nouvelle maison – mais comment ? L’avenir est encore complètement voilé. On regarde alors autour de soi, à la recherche de quelqu’un capable de nous aider à réfléchir et mettant la main à la pâte. Pour moi, c’est maintenant très pénible de ne trouver personne avec qui je me sente proche intérieurement. La seule personne qui me soit ici vraiment proche est le ‘Maître’ ; mais il prononce des jugements sans pitié sur les personnes et les institutions qu’il portait autrefois aux nues, et cela, je peux à peine l’entendre. Car je me sens comme quelqu’un qui a grandi avec ce qui s’est maintenant effondré ; j’ai développé une opposition au ‘système’ et jamais je ne suis restée sans critique, comme lui. Ce n’est certainement pas l’attitude vraie que de tourner brusquement le dos à toute l’Histoire. Si seulement on pouvait voir un peu plus clair ! On est comme ivre ! ».

Le 27 décembre de la même année :

« Je ne vais pas spécialement bien. Je suis saturée et dégoûtée de la politique. Je manque totalement de l’instrument indispensable à cela : une conscience solide et une peau épaisse. Il faut quand même que je tienne jusqu’aux élections, car il y a énormément de travail. Mais je me sens complètement déracinée et perdue au milieu des personnes auxquelles j’ai à faire. Quand j’aurai pu me délivrer de tout le désordre ambiant, je veux essayer de rédiger un travail d’habilitation ».

Edith Stein a toujours eu un sens aigu des communautés humaines auxquelles elle appartenait – le peuple allemand, l’École de Göttingen, le peuple juif, l’Église, le Carmel. Son engagement à leur égard ne connaît pas de demi-mesure. Elle en fera lourdement les frais, que ce soit du point de vue de l’histoire de l’Europe ou encore de celui de sa carrière universitaire qui n’aboutira pas. Il est impressionnant de voir combien ces années de la première Guerre mondiale sont décisives pour son propre cheminement. Les événements qu’elle subit et dans lesquels elle s’engage à corps perdu libèrent la jeune étudiante brillante et trop sûre d’elle-même de son orgueil et de sa suffisance et la dépouillent de tout appui. Il ne lui reste plus rien ; dans la seule lettre d’amour d’Edith Stein que nous possédions, adressée à Roman Ingarden, elle confie : « Ce que je cherche maintenant, c’est le recouvrement de la conscience complètement brisée que j’ai de moi-même » [10]. Edith Stein a été complètement dépossédée d’elle-même par les événements. On comprend mieux ce qu’a signifié pour elle la découverte du Christ : « c’est la vérité ! » – aurait-elle dit, suite à la lecture de la Vie de Thérèse d’Avila. Le baptême signifie pour elle une « renaissance » [11] : le sens est donné, sa vie n’en déviera pas [12].

La lumière du Christ

Deux lettres témoignent de l’orientation radicale donnée à la vie d’Edith Stein par le baptême. La première, adressée à Roman Ingarden, reflète la tension entre Edith Stein devenue catholique et son ami polonais pour qui la foi catholique est sans intérêt.

« Le catholicisme n’est pas une ‘religion du sentiment’ ; il y est question surtout de la question de la vérité, et c’est aussi et surtout une affaire de vie et de cœur. Et si le Christ est le centre de ma vie et l’Église du Christ ma patrie, comme il me sera difficile d’écrire des lettres dans lesquelles je dois faire soigneusement attention que rien de ce dont mon cœur est plein ne s’écoule, pour ne pas susciter la contrariété et éveiller des sentiments hostiles contre ce qui m’est cher et saint ? De telles lettres, je dois en écrire constamment à la maison, et dois vivre ainsi lorsque je suis à la maison, et c’est le poids le plus dur qui pèse sur moi. […] ».

Edith Stein compare l’incompréhension de Roman Ingarden à celle de sa famille juive. L’incompréhension de sa famille constitua pour elle la plus grande épreuve qui l’accompagna jusqu’à son entrée au carmel et même jusqu’à la mort de sa maman. Edith Stein répond ensuite à une question de son correspondant renvoyant au temps de leurs études auprès d’E. Husserl.

« Pour l’autre question : naturellement je ne voulais pas mettre en question le fait qu’il y avait eu entre nous – sans considérer tout le reste – une vraie amitié et que je la considère comme quelque chose de grande valeur. Mais lorsque je jette maintenant un regard vers cette époque, se dresse toujours devant moi le sentiment intérieur de désolation dans lequel je me trouvais alors, cette confusion indicible et cette obscurité. (Je ne sais pas si vous avez perçu vraiment cela. De cela, ce que je vivais alors à Fribourg n’était responsable que pour une toute petite partie. C’était une crise préparée depuis longtemps). J’étais un peu comme quelqu’un qui est en danger de se noyer, et qui longtemps après est caché en sûreté dans une chambre lumineuse et chaleureuse, entouré d’amour, de sollicitude et d’aide ; devant mon âme se dresse l’image du tombeau sombre et froid. Que devrait-on ressentir d’autre sinon de la frayeur et une reconnaissance infinie pour le bras puissant qui a saisi et conduit dans une contrée sûre ? ».

Le contraste entre sa vie antérieure où elle perdait pied et ressemblait plus à un mort qu’à un vivant et sa vie actuelle centrée sur le Christ et cachée en son Église comme dans « une patrie » est décrit en des termes saisissants. Il s’agit bien d’un passage de la mort à la vie.

Certes, les épreuves ne manqueront pas dans la suite, comme le montre cette deuxième lettre, écrite le 2 février 1942 au carmel d’Echt en pleine seconde Guerre mondiale, quelques mois seulement avant son arrestation et sa déportation à Auschwitz.

« Nous sommes naturellement très reconnaissantes du fait que nous puissions au moins pour le moment rester (du point de vue des hommes cela signifie : ne pas partir). Le ‘pour le moment’ dépend complètement de l’allure que vont prendre les événements – un motif de plus, dans les grandes intentions générales, pour prier sans se lasser. Pensez aussi, je vous prie, que nous devons attendre encore une invitation pour Amsterdam que nous ne pourrons pas refuser. Il ne s’agira pas du bienveillant Joodschen Raad (Conseil Juif) mais des SS. Mais on tolérera encore cela si ensuite on nous laisse aller en paix. Nous avons encore un peu d’espoir ; il semble que l’on ne soit pas pressé avec nous, parce que d’après le questionnaire, il n’y a rien à venir chercher chez nous. En tout cas, nous nous confions à votre prière pour tout ce qui peut encore arriver.
Hier, devant la petite image de l’Enfant Jésus de Prague, il m’est venu à l’esprit qu’il portait la couronne impériale ; ce n’est sûrement pas un hasard qu’il soit apparu avec une telle efficacité à Prague. Prague fut des siècles durant le siège de l’ancien Empire romain germanique. Cette ville produit une impression majestueuse, et je ne connais aucune autre ville à laquelle je puisse la comparer – ni Paris, ni Vienne. L’Enfant Jésus est venu à Prague au moment même où la politique impériale déclinait. N’est-ce pas lui l’‘empereur secret’ qui doit mettre un jour fin à toute détresse ? Oui, il tient en mains les rênes alors que les hommes pensent gouverner ».

Face à la dictature nazie, Edith Stein sait que la clé de l’énigme de l’histoire se trouve ailleurs, dans les mains du Fils de l’homme. « Plus il fait nuit ici, plus nous devons ouvrir notre cœur à la lumière d’en haut » – note-t-elle dans une autre lettre [13].

Elle-même dut apprendre à remettre peu à peu sa vie dans les mains d’un autre. Le 27 avril 1917, elle disait avoir « le sentiment angoissant de ne plus avoir sa vie si fermement en main qu’autrefois » [14]. Plus tard, elle conseillera à son ami Fritz Kaufmann « de devenir un enfant et de remettre sa vie avec toutes ses recherches et ses réflexions entre les mains du Père » [15]. Enfin, s’expliquant sur son activité de conférencière foncièrement orientée vers « le surnaturel », elle écrit :

« Si je ne devais plus pouvoir en parler, je ne monterais plus sur aucune estrade. Ce n’est au fond qu’une petite, une simple vérité que j’ai toujours à dire : comment on peut apprendre à vivre la main dans la main du Seigneur ».

Quelques mois après son arrivée au carmel d’Echt, elle se confie :

« Ma disposition fondamentale depuis que je suis ici est la reconnaissance. Gratitude que je puisse être ici et que la maison soit comme elle est. Il m’apparaît toujours vivement que nous n’avons pas de demeure durable ici. Je n’ai pas d’autre désir que la volonté de Dieu se fasse en moi et par moi. De lui dépend combien de temps il me laisse ici et ce qui arrivera ensuite. In manibus tuis sortes meae. Là tout est bien gardé. Mais beaucoup de prière est nécessaire pour rester fidèle dans cette situation. Surtout pour la multitude qui doit porter quelque chose de plus dur que moi et n’est pas aussi ancrée dans l’Éternel. Je suis donc de tout cœur reconnaissante à tous ceux qui apportent leur aide ».

C’est au carmel que se révélera le sens particulier de sa vocation à travers son nom de religion « Sœur Thérèse Bénédicte de la Croix ».

« Je dois vous dire que c’est déjà en tant que postulante que j’apportai mon nom de religion dans la maison. Sous la croix, je compris le destin du peuple de Dieu qui s’annonçait déjà. Je pensais que ceux qui comprenaient que c’était la croix du Christ devaient la prendre sur eux au nom de tous. Certes, je sais davantage qu’alors ce que signifient des noces avec le Seigneur sous le signe de la croix. On ne le comprendra véritablement jamais, parce que c’est un mystère ».

À propos du « nom de religion », elle note que son « sens le plus profond est que nous avons à vivre une vocation personnelle dans le sens de certains mystères » [16]. Elle-même a compris qu’elle se réaliserait « sous le signe de la croix », dans l’unité de sa filiation à l’égard du peuple juif comme de l’Église [17]. « Vous ne pouvez pas savoir ce que cela signifie pour moi lorsque le matin, j’entre dans la chapelle et que, regardant le tabernacle et l’image de Marie, je me dis : ils étaient de notre sang » – confia-t-elle un jour au jésuite Johannes Hirschmann [18].

L’élection

La vie d’Edith Stein unit mystérieusement ses « racines juives » et l’« adhésion au Christ ». Sa naissance le jour de la fête juive du Grand Pardon laissait présager un avenir plein de sens [19]. Mais son baptême, le 1er janvier 1922, puis l’entrée au carmel de Cologne, le 14 octobre 1933, rencontreront la plus vive incompréhension auprès de sa famille juive [20]. Citons pour exemple quelques lettres. La première fut écrite avant le baptême.

« Je passe en ce moment des jours très difficiles. Pour ma mère, la conversion est le pire que je puisse lui infliger, et c’est terrible pour moi de voir combien elle se tourmente ainsi et de ne pouvoir en rien la soulager. Il y a en effet ici une limite absolue à la compréhension ».

Quelques lettres évoquent les semaines qui précédèrent son entrée au carmel.

« Durant ces derniers jours et semaines, c’était pour moi toujours une consolation et un réconfort lorsque quelqu’un fortifiait ma foi solide en ma vocation. Dans mon entourage proche, je ne voyais en effet que la grande douleur que causait mon départ. Il apparaissait comme une cruauté inconcevable ».

Edith Stein écrit également à sa marraine de baptême, Hedwig Conrad-Martius.

« Les dernières semaines à la maison et les adieux furent naturellement très durs. Il était tout à fait impossible de faire comprendre à ma mère quelque chose. Elle demeurait dans sa grande dureté et son incompréhension, et je ne pouvais avancer que dans la confiance solide en la grâce de Dieu et la force de notre prière. Comme ma mère est elle-même croyante et qu’elle a également une forte nature, cela a été en un sens aussi plus facile. Je peux, comme toutes les années qui ont précédé, écrire chaque semaine à la maison et je reçois aussi une lettre de la famille chaque semaine précisément. Tous mes frères et sœurs étaient touchants de bonté et d’affection. Rosa m’est tout à fait proche intérieurement. Elle a confiance dans le secret que cela lui arrive aussi. Nous n’avons pas eu besoin d’en parler ».

Pour la mère, ce qu’Edith Stein a entrepris est « la pire chose qu’elle pouvait imaginer » [21]. Sa fille expérimente d’autant plus douloureusement cette déchirure que c’est dans la lumière du Christ qu’elle a découvert le mystère de l’élection d’Israël et de sa propre vocation. Elle sait que sa mère « a une grande foi en Dieu, qui l’a conduite durant toute sa longue et difficile vie » [22]. Elle connaît son « amour de Dieu très fort et très authentique », et aussi son « amour » pour son enfant « que rien ne peut ébranler » [23].

La vie d’Edith Stein au Carmel sera marquée au fer rouge par cette épreuve.

« Je demande instamment votre prière dans les semaines qui viennent, car je sais que le saint habit doit encore être obtenu par de rudes épreuves. Vous vous êtes déjà rendu compte que ma mère se protège une fois encore de toutes ses forces contre la décision imminente. C’est difficile de voir la douleur et la détresse d’une telle mère et de ne pouvoir y remédier par aucun moyen humain ».

Edith Stein n’informera pas sa mère de la cérémonie de sa prise d’habit.

« Ma mère ne sait rien de la prise d’habit. Mes frères et sœurs m’ont écrit ; il fut très pénible pour Rosa, de ne pas pouvoir venir. Elle m’a offert la soie pour l’habit de mariée maintenant transformé en vêtement de messe ».

L’animosité de la mère ne diminuera pas, bien au contraire. Edith Stein écrit à sa sœur Erna :

« Maman a visiblement repris espoir, car elle écrit de nouveau – après une longue pause de plusieurs semaines – et chaque fois avec une petite attaque. Elle parle sûrement comme cela aussi avec vous, et vous devez lui cacher ce que vous savez. C’est aussi triste pour moi de voir quelle caricature elle se fait – pas seulement de notre foi et de la vie dans les ordres, mais aussi de mes motifs personnels – et de ne rien pourvoir y changer. Mais je sais que toute parole serait vaine et l’irriterait inutilement ».

Dans une autre lettre, elle raconte à son neveu sa vie au carmel et la cérémonie de la prise d’habit.

« Grand-mère ne sait encore pas que je porte l’habit monastique. Le mieux est que tu ne le mentionnes pas du tout devant elle. Elle m’écrit bien parfois un salut, mais elle ne parle pas volontiers de moi. […] Mon nouveau nom est maintenant Teresia Benedicta a Cruce. Mes sœurs m’appellent sœur Benedicta. Si tu aimes mieux, tu peux utiliser l’ancien nom. Seulement pour l’adresse tu pourrais plutôt utiliser le nouveau. Et tu ne m’en voudras pas si je prends ce nom que j’ai demandé pour moi. »

L’épreuve, elle non plus, ne diminuera pas avec le temps, même si la mère en vient à ajouter au bas des lettres : « salutations à tous » [24]. Les mois précédant sa mort sont particulièrement durs pour Edith Stein.

« Un assez long temps de souffrance est à prévoir. C’est dur. Vous écriviez, chère Mère, que le Seigneur compterait à ma mère son espérance dans le Messie. Si seulement elle l’avait ! La foi au Messie a presque disparu chez les juifs aujourd’hui, même les croyants. Et presque autant la foi en la vie éternelle. C’est pourquoi je n’ai pu faire comprendre à ma mère ni ma conversion, ni mon entrée dans les ordres. Et c’est pourquoi elle souffre maintenant de nouveau beaucoup de la séparation, sans que je puisse lui adresser une consolation. Je dois lui écrire, mais ne peux rien exprimer d’essentiel. Je ne peux que compter sur le fait que, sa vie durant, elle a eu une confiance d’enfant en Dieu et que ce fut une vie de sacrifice. Peut-être la séparation d’avec sa plus jeune enfant qu’elle a toujours aimée particulièrement et les petites remarques que j’ai parfois osées, ont-elles pénétré dans les profondeurs de l’âme, dont rien ne perce vers l’extérieur. Spem suam Deo committere !, dit St Benoît”.

Dans plusieurs lettres, elle demande à ses correspondants de prier pour sa mère.

« Elle rumine en se demandant pourquoi sa benjamine l’a ‘abandonnée’. Ce que j’ai essayé parfois de dire, elle ne voulait pas l’entendre. Je ne dois d’ailleurs écrire que des choses tout à fait ‘anodines’. On aimerait pourtant tellement que maintenant quelque lumière lui soit donnée sur son chemin obscur. Je ne peux que prier que le Seigneur lui-même l’illumine. Je suis reconnaissante de tout cœur à ceux qui m’aident en cela. »

La veille de sa mort, elle écrit encore à propos de sa mère :

« La phrase ‘Scimus, quoniam diligentibus Deum…’ s’applique aussi à ma chère mère, car elle a toujours vraiment aimé ‘son’ cher Dieu (comme elle disait souvent insistance), supporté beaucoup de choses difficiles dans la confiance en lui et fait beaucoup de bien. Je pense aussi que ces derniers mois, durant lesquels sa vie était déjà en danger, furent un temps de grâce particulier, surtout ces derniers temps, depuis qu’elle ne se soucie plus du tout de la vie extérieure. Personne ne sait ce qui se passe alors dans l’âme sinon le Seigneur seul.
Cette parole de l’épître aux Romains fut ma grande consolation et ma joie à Münster, durant l’été 1933, alors que mon avenir était encore totalement obscur. […] Ce doit être maintenant aussi mon soutien. Ma mère était le lien fort qui unissait la famille, maintenant déjà 4 générations. Le souci à son égard nous rassemble encore tous, même les petits-enfants qui sont dans des contrées étrangères. Ce qui viendra ensuite pour ceux qui demeurent sera encore plus difficile. Je devrai durant toute ma vie répondre d’eux, avec ma sœur Rosa qui fait un avec moi dans la foi ».

Edith Stein, dont les lettres nous ont montré combien elle était attachée à sa mère, connaît mieux que quiconque ce que représente sa mère pour la famille désormais dispersée et victime de la persécution. Elle sait le rôle irremplaçable qu’elle a joué pour ses frères et sœurs qui ont tous abandonné la religion, à l’exception de Rosa qui suit le même chemin qu’elle. D’une certaine façon, de par sa vocation, elle a conscience d’avoir elle aussi une mission à leur égard, à la suite de sa mère. Ce « passage » de la mère juive croyante à la fille carmélite illustre le paradoxe de l’élection d’Israël et de l’Église, le paradoxe de l’accomplissement. Recueillons ce qu’elle écrit après la mort de sa mère :

« Je pense naturellement constamment à ma chère mère. Mais la vive douleur des premiers jours s’est calmée, car je peux espérer avec assurance que Dieu l’a prise auprès de lui ».

Et dans une autre lettre :

« La nouvelle de sa conversion est une rumeur complètement infondée. Je ne sais qui peut l’avoir émise. Ma mère a tenu fermement à sa foi jusqu’à la fin. Et parce que sa foi et sa confiance ferme en son Dieu ont persisté depuis sa tendre enfance jusqu’à ses 87 ans et demeurèrent en fin de compte vivantes en elle jusque dans le dernier dur combat de la mort, j’ai l’assurance qu’elle a trouvé un juge très miséricordieux et qu’elle est maintenant mon aide la plus fidèle pour parvenir moi aussi au but ».

Edith Stein connaît la foi profonde de sa mère, et d’une certaine manière elle va la relayer auprès de ses frères et sœurs par la prière et l’intercession. Le 12 août 1938, elle écrit :

« Tous mes frères et sœurs et leurs enfants sont dans une grande détresse. Je dois prier pour eux, pour qu’ils trouvent une patrie sur terre et au ciel. Voulez-vous aussi m’aider un peu à cela ? ».

L’année 1938 est l’année de sa profession perpétuelle ; l’hostilité croissante à l’égard des juifs oriente le don qu’elle fait d’elle-même plus particulièrement vers son peuple avec lequel elle se sait intimement solidaire. Le 31 octobre, elle confie ses préoccupations à propos de sa famille restée à Breslau.

« Économiser n’a pas de sens maintenant car lorsqu’ils quittent le pays, ils doivent tout laisser. Si seulement ils savaient où aller ! Mais j’ai confiance que, dans l’éternité, la Mère veille sur eux. Oui, le Seigneur a pris ma vie pour tous. Je pense sans cesse à la reine Esther qui précisément fut prise du sein de son peuple pour intercéder devant le roi pour son peuple. Je suis une petite Esther, très pauvre et très impuissante, mais le Roi qui m’a choisie est infiniment grand et miséricordieux. C’est une si grande consolation ».

Dans une autre lettre datée du même jour, elle redit sa confiance.

« J’ai la ferme confiance que ma mère a maintenant le pouvoir d’aider ses enfants dans leurs grands tracas ».

Mystérieusement, l’intercession de Marie et celle de sa propre mère s’unissent sous la plume d’Edith Stein. Elle-même se sait choisie par le Seigneur, à l’image de la reine Esther. Au lendemain de la terrible « nuit de cristal », elle écrit :

« Vous pouvez penser que j’ai maintenant de très graves soucis pour mes proches. Voulez-vous m’aider à ce que pour eux aussi une grande lumière se lève dans l’obscurité ? »

Conclusion

Les lettres d’Edith Stein offrent un exemple remarquable de la façon dont des écrits contextuels et limités, adressés à un correspondant, répondant à une demande singulière, acquièrent une extension nouvelle. Une expérience humaine contingente livre une vérité et un sens qui tend à l’universalité. Elle transmet un enseignement qui n’a pas la forme d’une analyse ou d’une synthèse, mais qui porte le cachet d’authenticité de la vie.

Nul ne sait ce qu’aurait été la destinée d’Edith Stein si celle-ci n’avait traversé la grave crise existentielle qui la plongea dans un gouffre. Les années de la première Guerre mondiale l’ont préparée à donner un autre sens aux événements tragiques qui bouleversèrent ensuite l’Europe. Elles ont permis au Christ de devenir « le centre » de sa vie et d’irradier en elle son mystère de lumière et de vérité. Les épreuves certes ne lui manqueront pas. Elles atteindront un paroxysme dans la confrontation avec sa mère et dans la persécution qui s’abat sur le peuple juif. Fille d’Israël et fille de l’Église, Sœur Thérèse Bénédicte répond par l’offrande généreuse d’elle-même. Héritière de la promesse dans la lignée de ses pères, elle deviendra à l’instar d’Abraham, bénédiction pour l’Europe.

[1Jean-Paul II, Lettre apostolique en forme de « motu proprio » pour la proclamation de sainte Brigitte de Suède, sainte Catherine de Sienne et sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, Co-patronnes de l’Europe (1er octobre 1999). Nous citons ici surtout les numéros 8, 3 8 et 9.

[2Nous citons les œuvres complètes en allemand (Edith Stein Gesamtausgabe) sous leur sigle ESGA ; ici, ESGA 11-12, 6.

[3Jean-Paul II, Op. cit., n° 3.

[4Ibid. n° 8 ; cf. E. Stein, La femme. Cours et conférences, Paris/Genève/Toulouse, Cerf/Ad Solem/Carmel, 2009.

[5Les lettres d’Edith Stein sont rassemblées dans trois volumes des œuvres complètes : ESGA 2, ESGA 3, ESGA 4, Freiburg, Herder, 2000-2001. Voir le tout récent volume, édité par C. Rastouin, Correspondance I (1917-1933), Paris/Genève, Cerf/Ad Solem/Éditions du Carmel, 2009.

[6E. Stein, Vie d’une famille juive, Paris/Genève, Cerf/Ad Solem, 2001, 345-442.

[7Jusqu’à la veille de son entrée au Carmel, Edith Stein tente d’obtenir l’habilitation enseigner et se présente en différentes universités. En vain : elle est femme, elle est juive.

[8Edith Stein pense par deux fois au mariage ; ni Roman Ingarden, ni Hans Lipps ne répondront à ses attentes.

[9Cf. E. Stein, Vie…, 281.

[10ESGA 4, lettre 25 à R. Ingarden, 24.12.1917.

[11Edith Stein reçut le baptême le 1er janvier 1922 à Bad Bergzabern, en la fête de la circoncision du Seigneur.

[12On peut lire à ce propos le poème « Nuit Sainte (Pour Rosa, en souvenir du 24. XII. 36) 6. XII. 37 » qu’elle écrivit pour l’anniversaire du baptême de sa sœur Rosa. Il décrit en effet également la propre expérience d’Edith Stein : « Mon Seigneur et mon Dieu, Tu m’as conduite sur un long chemin, obscur, Pierreux et dur. Maintes fois mes forces faillirent m’abandonner, À peine espérais-je voir un jour la lumière. […] Est-il possible, Seigneur, que renaisse Celui qui a déjà franchi la moitié de sa vie ? Tu l’as dit, et pour moi c’est devenu réalité. […] Oh ! Aucun cœur d’homme ne peut comprendre Ce que Tu réserves à ceux qui T’aiment. Maintenant je T’ai et ne Te lâcherai jamais plus. Où que conduise le chemin de ma vie, Tu es toujours auprès de moi, Rien ne pourra jamais me séparer de Ton amour. » (E. Stein, Le secret de la Croix, (V. Aucante, S. Binggeli éd.), Parole et Silence (« Cahiers de l’École Cathédrale » 34), 1998, 59-61).

[13ESGA 3, lettre 580 à P. Brüning, 9.12.1938.

[14ESGA 4, lettre 17 à R. Ingarden, 27.4.1917.

[15ESGA 2, lettre 54 à F. Kaufmann, 6.1.1927.

[16ESGA 3, lettre 352 à P. Brüning, 14.12.1934.

[17Lors de la béatification à Cologne, le 1er mai 1987, Jean-Paul II termina son homélie par les mots suivants : « Mes chers frères, mes chères sœurs, c’est aujourd’hui un grand jour pour l’Église du XXe siècle : inclinons-nous profondément devant ce témoignage de vie et de mort livré par Edith Stein, cette remarquable fille d’Israël qui fut en même temps fille du Carmel et sœur Thérèse Bénédicte de la Croix, une personnalité qui réunit pathétiquement, au cours de sa vie si riche, les drames de notre siècle. » (Jean-Paul II, « Homélie pour la béatification d’Edith Stein à Cologne », Documentation catholique 1941 (1987), 571-574, n° 9).

[18J. Hirschmann, « Schwester Teresia Benedicta vom heiligen Kreuz », W. Herbstrith éd., Edith Stein. Ein neues Lebensbild in Zeugnissen und Selbstzeugnissen, Freiburg, Herder,3 1987 (1 1983), (151-155) 153.

[19Edith Stein décrit dans Vie d’une famille juive les fêtes juives : « Le jour le plus solennel de toutes les fêtes juives est le jour du Grand Pardon. […] Ce jour avait pour moi une signification particulière : j’étais née en ce jour du Grand Pardon et ma mère l’a toujours considéré comme le vrai jour de mon anniversaire, même si le 12 octobre était le jour des vœux et des cadeaux. (Elle-même fêtait son propre anniversaire selon le calendrier juif, à la fête des Tentes, mais elle n’avait plus maintenu cet usage pour ses enfants.) Elle a accordé beaucoup d’importance à ce fait et je pense que cela a contribué plus que tout autre à lui rendre particulièrement cher son dernier enfant. Et comme nos deux destins sont tout particulièrement indissociables, il n’est pas déplacé que, dans cette biographie de ma mère, je parle un peu plus de ma propre évolution que de celle de mes frères et sœurs. » (E. Stein, Vie…, 84-85)

[20Dans le texte « Comment je suis venue au Carmel de Cologne », Edith Stein relate en des termes dramatiques le dernier mois passé dans sa famille avant son départ et l’atmosphère accablante qui régnait dans la famille (E. Stein, « Comment je suis venue au carmel de Cologne », in Le secret…, 81-104).

[21ESGA 2, lettre 280 à C. Kopf, 13.9.1933.

[22ESGA 2, lettre 262 à H. et Th. Conrad, 20.6.1933 ( ?).

[23ESGA 3, lettre 290 à G. von le Fort, 17.10.1933.

[24ESGA 3, lettre 446 à P. Brüning, 24.3.1936.

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