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À propos d’une publication récente

Les œuvres complètes de P.-J. Eymard

Hubert Jacobs, s.j.

N°2010-1 Janvier 2010

| P. 62-64 |

EYMARD P.-J., Œuvres complètes, 17 vol., Bruyères-le-Chatel (France) – Ponteranica (Italie), Nouvelle Cité – Editrice Centro Eucaristico, 2008, 16,5 x 21 cm, 11 000 p., 800 /

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Cette édition des Œuvres complètes de saint Pierre-Julien Eymard représente un événement de première importance dans l’histoire de la vie consacrée et de la spiritualité. Ce travail monumental se recommande par la rigueur scientifique et critique de la transcription et de la publication des écrits du saint, et par la qualité remarquable de ces volumes luxueusement présentés. C’est à toute une équipe que doit aller notre gratitude pour la méthode utilisée et pour le recours aux moyens techniques les plus modernes. Tous les textes de cette édition ont été contrôlés sur les documents d’archives originaux, le plus souvent autographes, du P. Eymard. Nous avons donc désormais à notre disposition « tout document, quelle qu’en soit la nature, lettres, sermons, notes personnelles, etc, qui contient une information sur la pensée du Père et aide à comprendre son message ». On a également repris des copies d’autographes perdus et des notes prises à la volée par des auditeurs dignes de foi. Les éditeurs ont à coup sûr réussi dans leur projet d’« établir un texte de référence qui soit scientifiquement fiable et complet et reste accessible au lecteur non spécialiste ». Dix-sept volumes se répartissent cet ensemble de documents dont le plan se présente comme suit : vol. I, Introduction générale ; vol. II, III, IV, Correspondance (de 1828 à 1838) ; vol. V et VI, Notes personnelles ; vol. VII et VIII, Constitutions et Statuts ; vol. IX, X, XI, XII, Prédication ; et vol. XIV, XV, XVI, XVII : retraites données à des groupes particuliers, surtout aux religieux et religieuses du Saint-Sacrement. Le vol. I est une introduction générale où l’on trouve tous les renseignements nécessaires à la biographie du P. Eymard. Les sources et l’état des archives, les problèmes de l’édition, une présentation des thèmes majeurs de la pensée du saint, une bibliographie sélective, un ensemble de notices sur les personnes et les institutions en rapport avec le P. Eymard, un index général des vol. II à XVII. Signalons aussi qu’une série de très belles photos illustrent ce premier tome.

On le sait, Pierre-Julien Eymard est né en 1811. Devenu prêtre diocésain, il entre au noviciat des Pères Maristes en 1839, qu’il quitte en 1856. L’intuition spirituelle qui le guidait le conduisit à fonder les Religieux et les Servantes du Saint-Sacrement. Dans le vol. I, le P. André Guitton retrace, dans ses grandes lignes, la pensée du saint. On le sait, les interprétations divergent sur sa vision spirituelle dont on se contente ici de présenter les thèmes principaux. L’Eucharistie, la Vierge Marie, sont au cœur d’un amour qui trouve son lieu au Cénacle. Mais un Cénacle qui ne se referme par sur lui-même car la communauté eucharistique porte l’Évangile à tous les peuples. Pour le P. Eymard, « la célébration et la contemplation font partie intégrante de la mission, et celle-ci trouve sa source et son achèvement dans l’Eucharistie ».

Le P. Eymard n’a jamais renié la piété mariale qui l’avait fait entrer chez les Maristes. Toutefois, en 1851, à Fourvière, il reçut l’inspiration qui devait le conduire à quitter la Société de Marie et à devenir le fondateur de deux Congrégations vouées au Saint-Sacrement. Dorénavant, il ne contemplait plus Marie à Nazareth mais au Cénacle, au sein de la première communauté de Jérusalem. Là, il mettra l’adoration au centre de la vie spirituelle. Mais cette adoration découle de la célébration et conduit à la communion.

Certes, le P. Eymard est fils de son temps, comme le remarque le P. F. Salvi, supérieur général des Religieux du Saint-Sacrement. Ses écrits reflètent donc la théologie et le langage de son époque. Mais la dynamique de son esprit doit nous conduire à découvrir dans ses œuvres « de nouveaux itinéraires spirituels et pastoraux à partir du thème unificateur et catalyseur de l’Eucharistie », à interpréter aujourd’hui à la lumière de Vatican II.

Par delà des formulations qui semblent bien étrangères à notre sensibilité d’aujourd’hui, les écrits du saint fourmillent d’intentions lumineuses et substantielles. Pour lui, « nous devons vivre en Jésus et il faut que Jésus vive en nous », et « nous devons être sa forme humaine » (XV, p. 404). « Vivre de Jésus, note-t-il, c’est l’homme spirituel, c’est en faire son moyen divin. Vivre avec Jésus-Christ, c’est mieux, c’est faire société avec Jésus-Christ » (XIV, p. 270). C’est que pour saint Pierre-Julien « il faut étudier Jésus-Christ, notre Maître et notre seul modèle…, mais pour être parfait, il faut plus que cela : il faut s’unir à Jésus-Christ » (XI, p. 191). Le mystère de Jésus a révélé pour lui sa plénitude dans l’Eucharistie : « Je voudrais que toute âme pieuse, par n’importe quel moyen, fasse sa fin de l’Eucharistie. L’Eucharistie n’est pas une dévotion particulière, c’est la religion tout entière » (XVII, p. 35). En effet, « la rédemption, l’incarnation n’ont de vie que par l’Eucharistie qui les actualise dans leur amour. L’Eucharistie est le fleuve divin qui m’apporte l’amour du Calvaire, de Nazareth et de Bethléem. C’est Jésus lui-même » venant en chaque homme… (XII, p. 440). C’est dans l’adoration que saint Pierre-Julien concentre notre réponse à Jésus-Eucharistie. Elle est la fin des deux Instituts qu’il a fondés. « L’adoration est votre fin. L’esprit de la Société est le service de notre Seigneur au très saint Sacrement »… (XVII, p. 181, p. 71). Il déclare encore : « Aimons la Société notre mère qui nous fait religieux adorateurs » (XIV, p. 275). Mais, nous l’avons dit, Marie est pour le saint inséparable de l’Eucharistie. En effet, écrit-il aux Servantes du Saint-Sacrement, leur esprit « doit être un esprit de dévouement d’amour par l’esprit et les vertus de la très sainte Vierge » (XVII, p. 71). Marie est pour lui « le lien avec Jésus. Marie, c’est la vie de Jésus maternisée pour nous faibles et imparfaits » (XI, p. 253). On dirait, précise-t-il, que « les vertus de Jésus en passant par Marie, ont quelque chose de plus maternel ». Jésus, regardé comme fils de Marie, est saisi par Pierre-Julien comme « Jésus mon frère » (XII, p. 21).

Nourris de l’Écriture, de l’Imitation de Jésus-Christ, de la tradition de l’Église, les écrits de saint Pierre-Julien sont une mine où l’on trouve abondamment de quoi alimenter sa vie spirituelle. Profonds mais toujours accessibles, voire familiers, ils nous introduisent au cœur de notre foi, avec l’originalité de son intuition : « N’ayez qu’une seule pensée mère… celle du service de Notre Seigneur au très saint Sacrement » (XV, p. 396). « Mettez-vous dans Jésus au saint Sacrement tout de suite, comme dans votre centre » (XV, p. 397).

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