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La place de la contemplation, de l’action et de la communion dans la vie du chanoine régulier : trois éclairages bibliques

Thomas Handgrätinger, o.praem.

N°2009-2 Avril 2009

| P. 90-106 |

L’Abbé général des Chanoines Prémontrés, méditant sur les icônes de la Samaritaine et du Samaritain proposées par le Congrès international de la vie consacrée en 2004, y joint la scène d’Emmaüs. Trois éclairages bibliques qui permettront de réfléchir à la combinaison, propre à chaque forme de vie consacrée, de ces trois éléments fondamentaux que sont la contemplation, l’action et la communion.

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À l’aide de trois éclairages bibliques, je vous propose de réfléchir à notre vie de chanoine régulier. Pour la plupart, à côté de notre vocation commune de chanoine, que nous partageons avec les frères laïques et les profès en attente de l’ordination, nous sommes appelés à la grâce du sacerdoce. Notre appartenance canoniale, qui est tout à fait indépendante de nos engagements pastoraux concrets, est marquée par les trois pôles de la communion, de l’action et de la contemplation.

Même si ces trois éléments ne sont pas propres à notre ordre – toute communauté religieuse essaie en effet de réaliser ces trois accents de la vie spirituelle, et tout chrétien se doit de mettre en œuvre d’une façon ou d’une autres ces dimensions fondamentales –, la combinaison de ces trois éléments est une caractéristique essentielle de notre vie de chanoines réguliers, qui nous distingue des moines et des chanoines séculiers.

Du 23 au 27 novembre 2004 s’est tenu à Rome le premier Congrès international sur la vie consacrée. Le thème de « Passion pour Dieu – passion pour l’humanité » a rassemblé 847 participants, hommes et femmes des cinq continents. Cette première initiative a permis le travail commun, dans un climat perceptible de partenariat, de sœurs, de frères et de prêtres, de religieux de tous les continents appartenant aux « jeunes » Églises comme aux Églises « anciennes », de prêtres nouvellement ordonnés, de théologiens et de théologiennes.

Le diptyque biblique de la Samaritaine (Jn 4, 1-42) et du bon Samaritain (Lc 10, 25-37), déjà présenté en détail dans le document préparatoire (« Instrumentum laboris »), s’est révélé une source d’inspiration. L’avenir de la vie religieuse, selon ce qui ressort du Congrès, dépend d’une vie déterminée par une soif intense de Dieu (comme la samaritaine) et un engagement fort envers l’humanité souffrante (comme le bon samaritain). J’ai été très touché par ces deux figures, et je les trouve précieuses car elles sont une clé pour comprendre notre vie consacrée. À ces deux icônes, qui semblent couvrir sans peine les thèmes de la contemplation et de l’action, j’en ajouterai une troisième qui exploite de façon comparable le troisième aspect de notre vie prémontrée : la communion. Il s’agit des disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-35). Notre chapitre général de 2006 s’inspirait d’ailleurs de l’expérience d’Emmaüs : « notre cœur n’était-il pas tout brûlant ? ». Voici donc trois méditations.

La Samaritaine (Jn 4, 1-42)

Le récit de la Samaritaine est l’un des plus profonds de l’évangile selon Jean. Jésus quitte la Judée pour retourner en Galilée, ce qui l’oblige à traverser la Samarie. Les Juifs évitaient les Samaritains qu’ils tenaient pour hérétiques bien qu’adorateurs du Dieu unique. Au puits de Jacob, à un kilomètre environ de la localité de Sychar, la route se divise entre deux directions : la Galilée occidentale et le lac de Génésareth. Du puits de Jacob, situé à l’est, on distingue au sud-ouest le mont Garizim, et au nord-ouest le mont Ebal. Jacob avait légué à son fils Joseph le terrain près de Sychar où se trouvait le puits de Jacob.

Fatigué par la route, Jésus s’assied près du puits ; c’est la sixième heure. Ainsi, le lieu et l’heure nous sont connus avec précision. Le récit peut commencer, tout d’abord par l’arrivée d’une Samaritaine, venue puiser de l’eau. Jésus s’adresse à elle en lui demandant : donne-moi à boire ! S’entame alors un dialogue intéressant, qui semble comporter plusieurs niveaux. Il est question de soif et de boire, d’eau et de vie. À un premier niveau, il s’agit de puiser de l’eau au sens propre. La femme parle du puits, de son histoire et de son emploi. Jésus parle d’une tout autre réalité, d’une tout autre source qui donne la vie et l’enrichit. Quand la femme en prend conscience, Jésus aborde directement sa manière de vivre. Il y a en elle quelque chose qui pousse Jésus à parler, peut-être sa démarche ou l’heure de sa venue, son habillement, ou encore son attitude. Jésus voit au-delà du masque. Il a reconnu le point faible de sa vie, ses nombreuses histoires d’amour et l’échec de ses relations, sa situation devenue peu claire, son désir profond de stabilité, d’amour sincère, de fidélité, de confiance.

Elle veut orienter la conversation sur un autre sujet : le différend entre Juifs et Samaritains sur la véritable adoration. Mais cela fournit au Seigneur l’occasion de se dévoiler peu à peu, jusqu’à se présenter à la fin comme le Messie : « Je le suis, moi qui te parle. » À travers cette rencontre avec le Seigneur, la femme vit une expérience importante : alors qu’elle s’adressait d’abord à lui en l’appelant « monsieur », puis en le désignant comme « prophète », elle demande aux habitants de Sychar : « Ne serait-il pas le Messie ? » À terme, tous reconnaissent : « Il est vraiment le Sauveur du monde » (v. 42). Nous avons là la description d’un chemin de foi, depuis la rencontre initiale jusqu’à la confession sincère, depuis le premier contact avec le Seigneur jusqu’à un début de mission auprès des habitants de Sychar. Nous passons de la rencontre à la mission.

De leur côté, les disciples en sont encore au début de leur apprentissage ; ce n’est que plus tard qu’ils seront envoyés deux par deux par le Seigneur, pour devenir finalement les « envoyés », les apostoloi : « Allez dans le monde entier annoncer la Bonne Nouvelle ! » Mais l’apprentissage et la formation suivent un même chemin pour la femme, les gens de Sychar, les disciples et les Apôtres, et enfin pour nous : il faut plonger toujours plus profondément dans la réalité, s’identifier toujours plus avec le Seigneur comme Seigneur, comme prophète, comme Messie, comme Sauveur du monde. À la fin, la confession de Thomas sera : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Le parcours de cette identification passe par la rencontre et le dialogue, l’écoute et l’ouverture à l’autre, la prise de conscience de sa propre situation et le témoignage de cette prise de conscience. Il faut oser exprimer ses désirs et ses soifs les plus profondes, exprimer ses questions et ses doutes, poser un regard de vérité sur sa propre vie, reconnaître ses torts, et aussi tenter de mettre des mots sur ses suppositions et pressentiments sur le plan religieux, passer de l’expérience entendue à sa propre expérience. Comme le disent les concitoyens de la samaritaine : « Ce n’est plus à cause de ce que tu as dit que nous croyons ; car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons » de quoi il retourne. Mais ce parcours suppose aussi que l’on s’ouvre, que l’on ouvre sa maison, et surtout ses oreilles et son cœur, pour écouter et accueillir : « Ils le prièrent de rester chez eux. » Cela suppose d’être prêt à se remettre en question et à se laisser transformer, de ne pas s’enfermer dans le scepticisme ni se retrancher dans l’attentisme, mais d’accueillir sa parole : souvenons-nous de la parabole du semeur, où le grain semé a besoin en outre d’une bonne terre pour pousser et produire beaucoup de fruit.

Dans l’épisode de la samaritaine, tous les acteurs sont concernés par les besoins élémentaires : manger et boire, être rassasié et comblé. Jésus a soif, faim aussi probablement. La femme vient puiser de l’eau : ne serait-ce pas pour la même raison ? Les disciples sont allés en ville chercher à manger pour le maître, comme pour eux sans doute. Mais les gens connaissent d’autres soifs : de rencontre et de proximité, de conversation et de dialogue, soif de réponses et d’éclaircissements pour toutes leurs questions (notamment en matière de religion), soif d’amour et de satisfaction, de vérité et de foi, de vie et de réussite. L’être humain a conscience d’être pris dans un processus continuel de dépassement et de transcendance où, inquiet, il remet tout en question et cherche l’ultime vérité. Il en est peu qui ont mené cette quête persévérante avec autant d’entrain que saint Augustin, assoiffé d’amour et de vérité, rempli d’une passion ardente, le cœur brûlant, insatiable, inextinguible. La Samaritaine prend conscience de ce qui réside au fond de son cœur. Jésus ne la juge pas au nom de la morale ni pour ses échecs, il voit ce cœur avide d’amour, sa quête de vérité et sa soif de Dieu, ses tentatives inadéquates et insatisfaisantes pour vivre pleinement, connaître le bonheur, la paix, le bien-être. Jésus lui fait confiance, avec délicatesse. Il est emphatique, presque maïeutique. Il lui fait découvrir pas à pas un sens plus profond, plus existentiel. Il la conduit progressivement à l’essentiel, à la question ultime de notre vie, la question de Dieu et de notre existence devant lui.

Au cours de cette rencontre se produit ce que nous appelons la contemplation. La femme a la grâce de rencontrer physiquement et directement le Seigneur, ce dont nous ne pouvons que rêver. Elle fait l’expérience du divin, de la relation directe à Dieu, sans même s’en rendre compte. Devine-t-elle que cet événement la transformera, bouleversera sa vie ? Ce qui caractérise cette femme, c’est son ouverture, qui la fait s’approcher tout simplement de la source de la vie. Ce qu’elle nous apporte, c’est sa disponibilité à s’abandonner, à entrer en dialogue, à écouter, à poser des questions, sans rien exclure, pas même les sujets délicats ni les questions pénibles. Elle se montre telle qu’elle est (et est devenue), telle aussi que les autres la perçoivent, sans masque ni artifice, sans bigoterie ni passion. Une femme rencontre Jésus, Jésus lui parle, elle écoute, répond, s’ouvre et avec elle, sa vie et ses interrogations. L’enjeu, c’est sa vie et son être.

La contemplation est une rencontre avec le Seigneur. Comment cet aspect est-il présent dans nos vies de religieux, de consacrés, sur les plans personnel et communautaire ? Où se trouve mon puits de Jacob, mon lieu de rencontre avec le Seigneur, quelle est mon heure de rendez-vous pour m’entretenir avec Jésus Christ, où est-ce que je m’immerge dans le monde du divin ? La femme quitte le quotidien pour se rendre au puits, pour puiser. Elle arrive les mains vides, les récipients vides, et s’en retourne avec des cruches remplies et la soif éteinte. Un acte ancestral et ordinaire (se rendre à la source et y puiser de l’eau) devient le modèle de la contemplation, vue comme disposition et comme action. Nous devons nous mettre en route, quitter l’environnement quotidien, sortir pour nous rendre au puits, avec notre vacuité et notre soif, conscients de notre besoin et le cœur ouvert. C’est ainsi que nous serons réceptifs. La femme était loin de savoir qui elle allait rencontrer. On rencontre généralement au puits toutes sortes de gens. À l’époque, les puits étaient pour les femmes le lieu de rencontre et de discussion, où s’échangeaient les nouvelles et se nouaient des conversations.

Quels sont les lieux et les domaines contemplatifs de ma vie de religieux, de prêtre : la messe quotidienne, la prière des heures ou la prière au chœur, la méditation personnelle, la lectio divina, le chapelet, l’adoration, la prière du cœur ou la prière de Jésus ? Où est-ce que je rencontre le Seigneur ? Où puis-je lui confier les problèmes et les intentions d’autrui ? Où puis-je adorer le Père en esprit et en vérité (v. 23) ? « Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité. »

Ce lieu, le pape en a donné une explication dans une sorte de catéchèse spirituelle lors de sa visite en Australie, au cours d’une veillée de prière avec les jeunes à l’hippodrome de Randwick :

Jésus se révèle ici comme le donateur de l’eau vive, qui sera ensuite assimilée au Saint Esprit. L’Esprit est le « don de Dieu », la source intérieure qui apaise vraiment notre soif la plus profonde et qui nous conduit au Père. À partir de cette observation, Augustin conclut que l’Esprit Saint, c’est Dieu qui se donne à nous en partage. Mes amis, nous entrevoyons là encore l’Esprit à l’œuvre : l’Esprit Saint est Dieu qui se donne lui-même éternellement, ce n’est rien de moins que lui-même qu’il déverse comme une source inépuisable. Devant ce don incessant, nous percevons les limites de toutes les choses périssables, la folie de l’esprit de consommation. Nous commençons à comprendre pourquoi la quête de nouveauté nous laisse insatisfaits et sur notre faim. Ne cherchons-nous pas un bien éternel ? La source qui ne tarit jamais ? Avec la Samaritaine, exclamons-nous : donne-moi de cette eau, que je n’aie plus jamais soif !

Cette soif, ce désir, cette demande, cette ouverture, cette confiance, cette disponibilité et cet accueil du don, tout cela pourrait constituer la base de notre vie contemplative.

Le bon Samaritain (Lc 10, 25-37)

À la « passion pour Dieu » doit aussi correspondre la « passion pour l’humanité », à l’amour de Dieu l’amour du prochain, à la communion l’action. Ou pour le dire avec les mots de Taizé [1] : à la contemplation doit correspondre le combat, à l’intériorité l’engagement pour un monde meilleur, pour la création blessée, pour le prochain, quels que soient le lieu et le moment où nous le rencontrons. Jésus répond par un bref récit à la question posée par le docteur de la loi qui se justifie lui-même, et pour qui, face au commandement « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même », une seule question se pose : Qui donc est mon prochain ? (v. 29)

C’est certainement l’un des passages les plus marquants où Jésus illustre son programme de vie par un récit. Nous avons tous médité et prêché quantité de fois sur ce passage – pour ma part avec une conscience souvent peu claire quand je pense aux personnes devant lesquelles moi aussi je suis passé. L’histoire telle que Jésus la présente est provocante et ciblée à plus d’un titre. Notamment pour le docteur de la loi qui pose la question, qui veut mettre à l’épreuve (ἐκπειράζων). Jésus décrit d’abord le comportement d’un prêtre juif et d’un lévite. Tous deux voient l’homme à moitié mort et passent leur chemin sans s’arrêter. Leurs raisons peuvent être cultuelles ; par exemple, ils ne peuvent toucher une personne à moitié morte avant leur liturgie, sous peine de contracter une impureté rituelle. Ou bien ils sont pressés ; ou ils agissent par racisme, par xénophobie. Ils ignorent une personne en détresse, ils ne veulent pas se salir les mains, ni perturber leur horaire. Dans le cas présent, l’amour de soi dépasse l’amour du prochain dont il est habituellement la mesure. Rien ne dissuade les deux religieux de continuer leur route.

C’est alors que passe un Samaritain, étranger tenu en peu d’estime. Il voit l’homme et est pris de pitié (ἐσπλαγνισθη), « il fut ému de compassion » dit la version de Louis Segond. Il en a le cœur retourné. Comme envers la veuve de Naïm (Lc 7, 13), comme le père miséricordieux voyant revenir le fils prodigue (Lc 15, 20). Le Samaritain se dirige (κατέδησεν) vers l’homme blessé, lui verse de l’huile et du vin sur les plaies qu’il panse ensuite. Il le charge sur sa monture et l’emmène dans une auberge où il prend soin de lui. Il confie enfin le blessé à l’aubergiste, paie ce qu’il doit pour les soins et se préoccupe de la dépense ultérieure, puisqu’il ne peut pas rester lui-même plus longtemps.

La succession des actes nous frappe par le dévouement et la charité qui s’y déploient. C’est tout à la fois aux secours d’urgence, à l’assistance sociale et à l’aide humanitaire que l’on assiste. Le Samaritain paie de sa personne et de ses biens, et consacre du temps de façon spontanée et désintéressée. Cet exemple de charité impressionnant contraste vivement avec la dureté et l’indifférence des deux serviteurs de Dieu.

Jésus est un maître de la dialectique ; il a retourné la question qui lui était posée. Il ne s’agit pas de savoir qui est mon prochain, mais de qui je suis le prochain. La portée en est bien plus directe et percutante, elle implique l’auteur de la question et par là nous-mêmes, sans échappatoire possible. Le prochain, ce n’est pas la prochaine personne que je vais rencontrer mais celle dont je me rends le plus proche. De quelle façon est-ce que je m’implique vis-à-vis de l’autre et des ses problèmes ? Est-ce que je me laisse émouvoir par le sort et la peine d’autrui ? Comme dit le proverbe « qui sèche les larmes d’autrui se mouille » ! Jésus entend la réponse qu’il souhaitait : « celui qui lui a fait miséricorde » (v. 37). Il n’est plus question de théorie, de paroles belles ou édifiantes. Il ne s’agit pas même de se justifier ou d’avoir raison, mais bien de retrousser ses manches : ici, c’est l’action qui est visée.

Sur ce point, l’ascèse chrétienne a évidemment toujours été de pair avec les « sept œuvres de miséricorde corporelle » et les « sept œuvres de miséricorde spirituelle ». Elles figurent à la fin du Catéchisme de l’Église catholique [2]. Elles sont la mise en œuvre concrète de ce « faire miséricorde », de ce « Va, et toi aussi fais de même. » C’est bien Jésus qui se révèle ici. Le Samaritain se dirige vers l’homme à moitié mort, vers le malade, l’étranger. Il s’approche tout près de lui, ce qui lui permet de voir sa misère et sa peine. Rien d’étonnant donc que la tradition ait toujours vu dans ce Samaritain Jésus lui-même, le « bon Samaritain » qui prend soin des blessés et des souffrants, des malheureux, qui met tout en œuvre pour la guérison et le salut de l’homme blessé, jusqu’à donner sa propre vie.

Nous ne pouvons discuter longuement ici du rapport entre foi et justice. Mais il faut redire que si l’aide caritative individuelle est nécessaire, un engagement politique s’impose tout autant pour mettre en place des structures plus équitables et combattre les injustices dans le monde. Ce dilemme a régulièrement préoccupé Mère Teresa, qui déplorait l’absence dans son travail d’une dimension politique. Pour elle, c’était l’homme qui était au centre de l’action, l’être unique en souffrance, blessé, marginalisé ; les structures globales et les programmes pour améliorer la qualité de vie n’étaient pas dans ses intentions, même si elle souhaitait sans doute les voir mis en place.

La contemplation se complète par l’action, qui chez les Prémontrés comporte surtout les tâches pastorales et l’accompagnement spirituel, ce qui n’exclut, bien sûr, pas d’autres tâches mais les englobe : pensons notamment aux centres d’accueil pour sans-abri, aux restos du cœur. Dans le soin des âmes, notre mission première et professionnelle est auprès des gens ; nous sommes mandatés par l’Église et par la société. Mais qu’est-ce que le soin des âmes ou la pastorale ? Tâchons de distinguer les deux termes, même si l’on est tenté d’employer l’un pour l’autre. Dans le monde catholique, tous deux se rapportent, avec des accents différents, à l’ensemble des œuvres d’Église [3]. Le soin des âmes (cura animarum) concerne-t-il plus ce qui est fait pour les salut des âmes (salus animarum), et la pastorale (cura pastoralis), plutôt que la gestion paroissiale, avec tout ce que cela implique sur le plan administratif, matériel, organisationnel, immobilier ? Est-il bien de créer des centres spirituels diocésains, ou au contraire peut-on organiser des unités pastorales de tous types intégrant les paroisses ? Le soin des âmes concerne-t-il tout ce qu’on veut, ou alors qu’est-ce qui n’en fait pas partie ? En quoi consiste notre action dans notre mission spirituelle ? Comment puis-je devenir le prochain de l’autre, et comment cela se concrétise-t-il dans la vie courante, en entretiens, dans les contacts, dans l’accompagnement à plus ou moins long terme des personnes sur le parcours de leur vie ?

Il serait utile ici de se souvenir de la mission première de l’Église : être pour le monde un signe du salut (voir LG 1). Dès lors, le soin des âmes et la pastorale ont pour mission de rendre Dieu présent (GS 21), d’atteindre la pleine unité dans le Christ (LG 1), et de transformer la société humaine en vue du Royaume de Dieu à venir (GS 40). D’où le lien entre l’engagement dans la vie paroissiale et la recherche de l’unité de toute l’Église. Pensons ici à ceux qui portent le message du salut, hommes et femmes chargés du soin des âmes, leurs tâches et leur fonctions, notamment pour l’édification des paroisses et l’organisation de la vie paroissiale [4].

Il nous reste à mentionner le discours sur la justice, où ces œuvres de miséricorde corporelle et de compassion servent à évaluer quelle vie est satisfaisante devant Dieu et ce qui déterminera le jugement : « ce que vous aurez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’aurez fait » (Mt 25, 40) et « ce que vous n’aurez pas fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous ne l’aurez pas fait » (Mt 25, 45). Que nous entrions dans la joie du Seigneur ou subissions le châtiment éternel, cela dépend du jugement, et donc en fin de compte de notre réponse au « va et fais de même ».

Nous pouvons nous demander une fois encore comment vivre concrètement l’action et la contemplation. Il va de soi que cela ne se fera pas sans tensions. Dans sa Règle pastorale, le pape Grégoire le Grand écrivait que nous devons tourner nos regards vers Jésus Christ, chef de l’Église : « Il prie sur la montagne et accomplit des miracles dans les villes ». Dans son article « Méditation sur l’idéal de vie prémontré aujourd’hui et à l’avenir » publié dans le livre « Envoyé comme LUI [5] », Silvester van de Ven utilise cette citation, qui exprime très bien non seulement les deux pôles de notre vie et de notre pastorale, mais aussi une tension très nette. Comment résoudre la tension entre ces deux dimensions de notre vie religieuse et canoniale sans en oublier ni négliger aucune ? Où avons-nous mis nos priorités : dans la pastorale, ou bien dans la vie contemplative ? Si l’on considère le temps consacré, c’est bien une question rhétorique : nous prenons soin des âmes à longueur de journée. Si l’on considère la valeur des actes et leur importance, qui influencent, il est vrai, le temps qu’on leur accorde, nous pouvons fixer d’autres priorités.

Une façon de faire, c’est de sanctifier le quotidien et l’engagement pastoral en les portant toujours dans la prière, en les confiant toujours à Dieu. Une autre possibilité se trouve exprimée dans la formule jésuite « contemplatif dans l’action et actif dans la contemplation ». Autrement dit, notre action et notre prière doivent être tout entières fondées sur notre présence à Dieu. À nous de nous ouvrir à Dieu, ou de rester ouverts à Lui, tout au long de notre vie et de notre action.

L’abbé Ulrich Geniets († 13/11/2005) exprimait cette question fondamentale de façon plus concrète : lorsque nous allons vers Dieu, nous lui apportons les gens, leurs soucis, leurs intentions, toutes leurs demandes et tous leurs besoins. Lorsque nous allons vers les gens en tant que prêtres, en tant que pasteurs ayant soin des âmes, nous leur apportons Dieu. Dans nos engagements, nos paroles, nos actes, les gens doivent sentir peu ou prou que nous portons Dieu avec nous ou que nous nous sentons liés à lui.

Comme il est dit dans la prophétie de Zacharie : « Ainsi parle le Seigneur de l’univers : En ces jours-là, il y aura pour un Juif dix hommes de toute langue et de toute nation, qui le saisiront par son vêtement et lui diront : « Nous allons avec vous, car nous avons appris que Dieu est avec vous » (Za 8, 23). Nous remplissons donc un rôle d’intercesseur, peu importe notre occupation du moment, prière ou action, du moment que nous amenons les gens à Dieu et que nous apportons Dieu aux gens. Cela suppose évidemment de notre part une ouverture et une disponibilité des deux côtés.

Cela nous ramène à la question : qu’est-ce que j’apporte aux gens, de quoi est-ce que je leur parle, que voudrais-je leur partager ou leur transmettre ? Et dans l’autre sens : qu’est-ce que je présente à Dieu, qu’est-ce que je lui dis, qu’est-ce qui m’est important quand je suis devant lui ?

Lors d’une visite en Sicile, j’ai pu admirer dans une abside la splendide mosaïque qui représente un Christ impressionnant, rayonnant et rempli de majesté : « Il Pantocratore che guarda tutto e tutti », le Tout-Puissant qui voit tout et tous. C’est bien le sens de la contemplation : se tenir devant le Seigneur, face à face. Mais c’est aussi le même Seigneur qui nous envoie vers les gens, dans lesquels nous le rencontrons. « C’est à moi que vous l’avez fait. »De la rencontre découlent la mission, l’annonce, les rencontres continuelles. Nous savons combien saint Augustin a souffert dans sa vie d’évêque d’être mangé par le devoir et les demandes, nous en avons l’exemple aussi chez saint Norbert prédicateur itinérant, qui ne restait jamais longtemps en place, toujours prêt à repartir annoncer aux gens le message de vie, de paix et de réconciliation, tout entier dévoué aux gens dans ce service.

Citons une fois encore Silvester van de Ven : « Notre idéal exige que nous fassions le choix de la contemplation et de l’action dans une seule et même vie humaine. Anselme de Havelberg O. Praem. († 1158) [6] précise que dans l’idéal canonial, les rôles de Marthe et de Marie de Béthanie sont complémentaires. Et Jean Gerson († 1429) appuie cette interprétation lorsqu’il affirme que dans une personne, Marthe a toujours besoin de Marie, et Marie de Marthe » [7].

Pour le 50e anniversaire de la canonisation de saint Hermann Josef de Steinfeld, la revue « Communicantes » a publié un article de l’abbé Hermann-Joseph Kugler, sous le beau titre suivant : « Quel travail l’âme supporte-t-elle ? Une réflexion sur le thème de la tension entre action et contemplation [8]. » Un thème qui garde tout son intérêt. Nous retiendrons ce que l’auteur dit de Marthe et Marie dans la ligne de Maître Eckhart : « Marthe figure ici le prolongement du bon Samaritain, de l’histoire que l’évangéliste Luc place sciemment avant notre texte (la péricope de Marthe et Marie, Lc 10, 38-42). » Une histoire que nous avons amplement exploitée dans cette deuxième partie.

Les disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-35)

L’article que nous venons de citer me permet d’introduire la troisième partie de notre réflexion. L’abbé Hermann-Josef Kugler y dit en effet :

« Nous ne devons pas tomber dans le piège de nous comparer les uns aux autres. L’important, c’est d’accueillir le Seigneur ‘chez nous’, et de toujours renouveler cette disposition d’accueil. En tant que Prémontrés, nous formons une communauté qui donne la place à différents stades et différentes formes de développement humain et spirituel. Ce n’est pas sans tensions. Mais cela fait partie de notre identité et de notre orientation intérieure : chercher toute notre vie à harmoniser l’écoute et le faire, la contemplation et l’action, ou encore – pour rester dans l’image d’Anselme – la crèche et le prétoire. »

Les deux figures de la Samaritaine et du Samaritain sont comme les deux foyers d’une ellipse, maintenus en cohésion par la courbe de l’ellipse : autrement dit, la contemplation et l’action ne sont pensables chez nous que dans un esprit de communion. En tant que Prémontrés, nous formons une communauté, nous vivons en communauté, nous sommes profondément liés à une communauté et nous nous référons à elle. Parmi les figures bibliques, je retiens l’histoire d’Emmaüs, car ce récit que seul Luc a conservé me semble rassembler les différents éléments. Méditons-le ensemble.

Nous sommes tout d’abord en présence de deux personnes. « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom » ! Ils sont absorbés, affligés à cause de celui qu’ils croient avoir perdu. « Ils ont pris mon Seigneur » (Jn 20, 13), se plaint Marie Madeleine. Ils déplorent les événements des derniers jours : « ils parlaient ensemble de tout ce qui s’était passé » (Lc 24, 14). Tous deux se préoccupent de Jésus, et plongés dans leurs pensées ils ne remarquent même pas sa présence à leurs côtés. « Or, (…) Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. » (v. 15) Lui qui est vivant dans leurs cœurs fait maintenant route à côté d’eux. La petite communauté se concentre sur Jésus, et sur lui seul. Il reste le pivot tout au long du récit ; même lorsqu’il disparaîtra à leurs yeux, c’est de lui seul qu’ils parleront. Le cœur et centre de toute communauté religieuse, c’est le Seigneur. Si nous vivons cela sérieusement, nous devons réviser bien des jugements sur notre communauté et revoir ce que nous disons de nos frères et des événements de la canonie [9]. Ce qui ne veut pas dire non plus idéaliser ou se voiler la face.

Les deux disciples ont un problème, un problème existentiel. L’événement du Golgotha les a privé de leurs repères, privés de sens. Ils avancent désœuvrés, mais à deux, et en en parlant. C’est la deuxième chose à retenir de cette histoire. La parole y tient une grande place : discussions, récits, explications. C’est une véritable leçon qui se donne. « Et ils parlaient ensemble de tout ce qui s’était passé. Or, tandis qu’ils parlaient et discutaient… » (v. 14-15). C’est alors que le troisième prend la parole, et dans un échange de questions-réponses, donne des explications. Un long dialogue se construit, au cours duquel il peuvent dire tout ce qu’ils ont sur le cœur, tout ce qui s’est passé, tout ce qui a circulé, les racontars des femmes, un vrai thriller : la disparition du corps, la relation des visions et apparitions, puis les réactions et les vérifications qui les confirment : « ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu » (v. 24). Le récit se fait épique, digne du théâtre levantin. C’est à ce moment que Jésus répond par une question : « Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? » (v. 26). Et il part « de Moïse et des prophètes » pour expliquer, interpréter, montrer les liens, avancer des preuves, faire entrer dans cette Écriture qu’ils connaissent largement par cœur.

Quand ont-ils eu pour la dernière fois un entretien spirituel de cette profondeur ? Quand ont-ils eu vraiment l’occasion de dire tout ce qu’ils avaient sur le cœur à un frère, une sœur, une femme, à un psychologue, un père spirituel, plutôt qu’à un étranger ?

La communauté est lieu de communication, aussi bien avec le Seigneur qu’avec les frères. Cette communication est le fondement de cette vie où nous sommes ensemble en chemin, tous frères d’une même maison pétris d’un même désir, sur un parcours semé de déceptions et de désillusions, de chutes et nouveaux départs, entre la croix et la résurrection, entre le deuil et l’angoisse, et pour finir sans certitudes et sans avenir. « Transeiundo progredi », c’est la définition de l’avancée progressive et persévérante, comme la vie courante nous l’enseigne quand nous disons : « cela m’a permis d’avancer, ça m’a vraiment apporté quelque chose, ça m’a bien aidé ». Ils progressent sur leur route où ils s’unifient aussi intérieurement, jusqu’à parvenir à Emmaüs, situé à deux heures et demie de marche de Jérusalem.

De la confiance qui a grandi entre eux naît l’invitation, la demande pressante, la recommandation : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. » Chez Marthe et Marie, le message à retenir était le suivant : l’important, c’est de toujours renouveler l’accueil du Seigneur dans notre maison. Tout tourne autour de ce devoir que nous avons, en tant que communauté, de sans cesse ouvrir à Dieu la clôture de notre maison et plus encore, la porte de notre cœur, l’invitant avec insistance et surtout avec sincérité. « Reste avec nous, Seigneur. » Il peut paraître étrange que nous devions inviter celui qui est le Seigneur de nos vies et le cœur de notre communauté. Insolite aussi que nous ordonnions de rester à celui sans qui nous ne pourrions vivre ni exister. Mais Jésus ne cesse de replacer les disciples devant le choix. « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Il accompagne, sans s’imposer ; il fait route sur notre chemin, mais fait « semblant d’aller plus loin » (v. 28). De sa part, cela signifie : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3, 20).

Nous assistons constamment à un échange des rôles : l’étranger se révèle être le sage, l’invité devient celui qui reçoit, le convive se fait le maître de maison qui tout naturellement rompt le pain et le partage avec les deux compagnons. Et l’inconnu qui n’est au courant de rien devient celui qui leur ouvre les yeux, celui qui est partout présent « disparaît à leurs regards » (v. 31). Le dernier changement s’opère dans les deux disciples : délivrés du désœuvrement qui les faisait quitter Jérusalem, ils y retournent en hérauts déterminés. Nous sommes en présence d’une transformation inouïe, qui n’a son pendant que dans l’Eucharistie. C’est le Seigneur qui reprend l’expérience vécue par les deux disciples pour lui donner un éclairage nouveau. C’est le Seigneur qui les accompagne dans la mauvaise direction pour les amener au retournement, à la conversion. C’est le Seigneur qui rompt le pain, leur ouvre les yeux et change leur cœur. C’est le Seigneur qui ranime l’étincelle dans les cendres de leurs espoirs brisés pour que leurs cœurs s’enflamment d’amour pour lui. C’est le Seigneur qui dissipe l’obscurité de toute l’histoire et, par l’intelligence des Écritures, apporte la lumière dans leur cœur. Transformation et éclaircissement, conversion et illumination, révolution et transparence : ceux qui, le matin, avaient le visage baigné de larmes rentrent le soir en riant.

Un tel processus n’est possible qu’en communauté, en présence des autres liés dans la communion au même Seigneur. Nous savons que le récit d’Emmaüs est imprégné du mystère eucharistique, qu’il dépeint ce que nous célébrons au cours de la messe. Quelques chapitres plus tôt, saint Luc décrit la dernière cène (Lc 22, 7-38), presque dans les mêmes termes. Ce sont deux moments capitaux où nous voyons Jésus en présence des disciples, son dernier repas « avant de souffrir » et le repas frugal d’Emmaüs, presque paradigmatique, où il nous est permis de le rencontrer ressuscité. Pour nous qui formons une communauté, appartenons à une paroisse, une Église, une assemblée, c’est bel et bien au cours de l’Eucharistie que nous rencontrons le Seigneur dans le double partage de la Parole et du Pain. Dès lors, l’Eucharistie est l’événement central qui d’une part construit et maintient l’unité, d’autre part, nous dépêche vers les frères et sœurs à qui annoncer la Bonne Nouvelle. De ce cœur nous tirons les forces nécessaires pour nous recueillir et nous engager, pour notre contemplation et notre lutte contre la pauvreté, l’ignorance, le doute, la peur. Ce cœur a un seul nom et un seul contenu : « c’est le Seigneur ! », pour reprendre ce cri lancé à Pierre par Jean, le disciple que Jésus aimait (Jn 21, 7), au lac de Tibériade. C’est toujours l’amour qui ouvre les yeux. C’est toujours le Seigneur qui ouvre les cœurs.

À la suite de ce qui précède, nous comprenons sans peine que le récit d’Emmaüs soit le modèle de la communion pour la communauté que nous formons. Une communauté tellement dépendante du dialogue et de la communication, du partage des petites nouvelles entre nous. Tellement dépendante, finalement, de cette communication ultime qu’est l’eucharistie où nous rompons le Pain de la Vie et la Coupe du Salut, antidote aux misères de l’existence, bienfait pour notre vie et source de guérison. L’événement d’Emmaüs n’enlève certes pas la routine, les rencontres habituelles, l’exercice fidèle du devoir, les nombreuses responsabilités dans nos engagements pastoraux. Mais Emmaüs synthétise la communauté, le discernement et la mission, ainsi que la rencontre du Seigneur, qui se vit dans l’intimité du cœur ou dans le visage de mes frères, dans la fraction du Pain et le partage de la Parole, à l’exemple des Écritures, et dans l’annonce de la Bonne Nouvelle.

*

Je voudrais conclure en citant un texte de Bernhard Häring [10], en lien avec l’expérience vécue par les disciples d’Emmaüs :

« Seigneur, tu es toujours avec nous. Jour après jour, tu entres dans notre vie.
Tu nous appelles, tu nous attends. Tu renouvelles sans cesse en nous le don de la vie, tu nous appelles par notre nom, que toi seul connais pleinement.
Tu nous donnes ton amour et nous rends capables de t’aimer.
Tu nous as donné des frères et des sœurs et tant de personnes qui nous donnent leur amour et reçoivent notre amour. Tout est un don de toi, un témoignage de ton amour, un signe de ta venue. »
Seigneur, tu es toujours avec nous. Tu nous attends. Tu viens à notre rencontre. Prépare-nous à ta venue !

[1Selon le mot de R. Schutz, Lutte et contemplation. Journal 1970-1972, Les Presses de Taizé, 1973.

[2Catéchisme de l’Église catholique, § 2447.

[3Josef Müller, « Pastoral », in : LThK, Freiburg, 1988, tome VII, p. 1434.

[4Idem.

[5Silvester van de ven, „Besinnung auf das prämonstratensische Lebenideal heute und in Zukunft“, in Gesandt wie ER, édité par Thomas Handgrätinger, Würzburg, 1984, p. 33.

[6Les 12 et 13 août 2008, un Colloque s’est tenu à Geras à l’occasion du 850e anniversaire de la mort d’Anselme de Havelberg.

[7Gesandt wie ER, o.c., p. 34.

[8Communicantes. Schriftenreihe zur Spiritualität des Prämonstratenserordens, n° 23(2008), p. 44-55.

[9Une canonie est une maison autonome de chanoines réguliers et l’ensemble des membres profès perpétuels qui la constituent.

[10Bernhard Häring, Unser Vater, Paderborn, 2006.

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