Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

En avançant dans la vie, toujours prier

Ghislaine Aubé, s.c.

N°2007-4 Octobre 2007

| P. 266-267 |

Connaissez-vous des pionnières chez qui persiste la joie d’aimer ? Voici l’une de ces fondatrices heureuses, que nous avons le bonheur d’accueillir à nouveau dans une revue qui lui est chère, depuis longtemps. Sœur Ghislaine vient de signer avec le Fr. J.-L. Legay un « Prier 15 jours avec… Le Père Épagneul » aux éditions Nouvelle Cité, qu’il faut lire pour comprendre l’amour des Frères Missionnaires et des Sœurs des Campagnes pour le milieu rural. Rendez-vous dans dix-huit ans !

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Dans les dernières étapes de nos vies qui se prolongent, il semble plus urgent que jamais de nous relancer dans la prière. J’ai lu quelque part qu’un père dominicain (serait-ce le P. Bro ?) notait dans l’un de ses livres qu’un père âgé lui avait dit naguère : « Tu verras que la vie spirituelle ne devient pas plus facile en avançant en âge… » Le P. de Grandmaison n’a-t-il pas écrit : « Même notre prière sera émondée, fissurée… Sa substance s’écoulera dans nos distractions… » ? Cette étape peut être le temps de grands combats qui nous avaient été jusque-là épargnés, ou dont nos engagements actifs avaient pu nous distraire quelque peu.

Or, la prière est la clé de toute vie spirituelle. Elle est la solution de bien des « problèmes » de vie communautaire et de difficultés personnelles.

Aussi est-ce bien le moment – « à nos âges », selon l’expression d’une de mes sœurs un peu plus jeune que moi – de découvrir ou de redécouvrir la prière continuelle, puisque Jésus lui-même dit qu’il faut toujours prier.

*

On raconte qu’un visiteur de passage au mont Athos interrogeait un moine sur la manière de se sanctifier dans la vie. Celui-ci conseilla de tendre à la prière perpétuelle, avant de l’adresser à un autre qui lui parla de fidélité à l’amour fraternel, de non jugement de nos frères, de s’accuser soi-même et de voir le bon dans l’autre… Oui, mais comment ? Grâce à la prière continuelle.

Cet homme finit par dire : « Mais je n’ai aucun goût pour prier sans cesse. Les autres me pèsent ; leurs défauts me sautent aux yeux. Je suis incapable d’être toujours bienveillant pour eux. Et je vois en revanche ce qu’on me fait subir… » La solution lui fut proposée par un troisième moine : « Fais comme si… »

Il se mit à faire comme s’il avait le goût de la prière, en revenant souvent à une simple invocation, comme « Mon Dieu, au secours ! », ou « Dieu, viens à mon aide ! » Et ceci de plus en plus souvent.

De même, il faisait comme s’il trouvait intérêt à écouter celui qui lui racontait toujours la même chose et qu’il trouvait « casse-pieds ». Et comme si lui-même avait plaisir à ne pas raconter tel fait, d’ailleurs peu important, mais qui le concernait et qu’il avait compté redire avec tous les détails. Et, à l’inverse, comme s’il avait envie de sortir de son fréquent mutisme pour dire gentiment à ses frères ce dont il ne parlait qu’aux gens de l’extérieur. Faire comme si… Toujours faire comme si… Bien sûr, sans manquer de reprendre constamment : « Mon Dieu, viens à mon aide ! »

Au bout de dix-huit ans d’efforts apparemment inutiles, Dieu lui fit le don de l’amour et sa vie en fut transformée.

*

Cette histoire m’enchante. Voilà une ligne de conduite qui m’a aidée dans ma misère quotidienne et qui est à reprendre souvent.

Je ne sais ce qu’il en sera dans dix-huit ans [1]

[1J’aurai alors 105 ans…

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