« Redécouvrir l’Eucharistie pour la vie consacrée »
Semaine théologique de l’Institute for Consecrated Life in Asia (ICLA — Philippines)
Ferdinand Guillen, sch.p.
N°2006-2 • Avril 2006
| P. 134-136 |
Depuis plusieurs années, l’Institut pour la Vie consacrée en Asie (ICLA), fondé sous l’impulsion des Missionnaires clarétains et incorporé à l’Université de saint Thomas des Pères dominicains depuis 1997, offre en janvier une « Semaine de la Vie religieuse ».
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Depuis plusieurs années, l’Institut pour la Vie consacrée en Asie (ICLA), fondé sous l’impulsion des Missionnaires clarétains et incorporé à l’Université de saint Thomas des Pères dominicains depuis 1997, offre en janvier une « Semaine de la Vie religieuse ». Cette année 2006, la célébration a eu lieu du 20 au 22 janvier sur le thème « Redécouvrir l’Eucharistie pour la vie consacrée » (Rediscovering the Eucharist, Well of Consecrated Life). Prières animées par les différents groupes nationaux, conférences et dialogues, Eucharistie finale se sont succédés dans une ambiance très internationale, et surtout asiatique. La participation a été remarquable : 750 religieux et religieuses, dont plus de la moitié d’autres pays du Sud-Est asiatique. Les séances se déroulaient en langue anglaise, avec des allusions, parfois, au tagalog des Philippines. Voici un résumé du déroulement des interventions.
Vendredi 20 janvier
Après la présentation générale de la Semaine, par le P. Domingo Moraleda, c.m.f., directeur de l’ICLA [1], rappelant l’année et le Synode de l’Eucharistie, la première conférence a été donnée par le P. Diarmuid O’Murchu, m.s.c., sous le titre : « La vie de Jésus comme modèle d’Eucharistie ». Le P. O’Murchu travaille actuellement à Londres et il a publié plusieurs livres sur la vie consacrée [2]. Il a proposé un parcours de la vie de Jésus pour montrer que, dans l’Évangile, on trouve, en plus du dernier repas, beaucoup d’autres banquets. Il faudrait donc considérer la Rédemption comme une œuvre de toute la vie de Jésus, au lieu de s’arrêter presque exclusivement au Mystère pascal. Le conférencier tire de cette perspective des applications nouvelles. Il souligne la présence de l’Esprit dans les deux épiclèses de la Messe, le rôle de l’assemblée, la présence des femmes, etc. Un dialogue très animé a suivi l’exposé.
La deuxième conférence a été donnée par Mgr Luis Antonio Tagle [3], qui a participé au Synode comme représentant de l’épiscopat philippin. Le thème a donc été : « Le Synode des Évêques sur l’Eucharistie ». De manière très claire, avec beaucoup d’humour, il a suivi les grands chapitres des « Propositions » synodales : la Foi, la Participation et la Mission du Peuple de Dieu, l’Eucharistie. La question s’est imposée : l’Eucharistie est-elle un don ou un droit ? La réponse, proche du cardinal de Lubac, fut que c’est un don que nous désirons, et même que nous les fidèles, nous voulons. Il a aussi rappelé l’ars celebrandi et le thème de l’inculturation. Enfin, il a mis en relation la Messe et les différentes catégories et problèmes du monde actuel.
Samedi 21 janvier
Le P. Jose Cristo Rey Garcia Paredes, c.m.f., de l’Institut de Théologie de la Vie religieuse de Madrid [4], a donné la troisième conférence du cycle sous le titre : « L’Eucharistie comme événement eschatologique et apocalyptique ». Il s’agit là pour lui de dimensions souvent oubliées de la Messe. Le rapprochement entre l’Eucharistie et l’Apocalypse a été sans aucun doute remarquable, les textes marquant fortement cet aspect eschatologique.
Maricel Ibita, philippine, a présenté « L’Eucharistie et la faim du monde », avec des accents proches de la théologie latino-américaine, mais en insistant sur le fondement biblique. Elle découvre spécialement chez Luc un sorte d’« évangile du pain ».
Le P. Apolinario Ty, sacramentin, propose en dernier lieu le thème : « Eucharistie et Communauté : une pratique nouvelle ». S’appuyant sur la Bible, les Pères et l’encyclique de Jean Paul II sur l’Eucharistie, il met en rapport la Trinité, l’Eucharistie et la communauté, avec des références au vécu philippin, parlant du kaloob (« don d’amour »), pour marquer l’échange eucharistique personnel dans toute sa profondeur.
Dimanche 22 janvier
Les trois conférences de la dernière journée ont été les suivantes : « Parole et Eucharistie » par sœur Niceta Vargas, augustinienne, « La Vie Religieuse comme Eucharistie : corps rompu et donné » par le P. Franklin Daniel Pilario, lazariste [5] et « L’Eucharistie point de départ et référence permanente de la Mission » par le P. Raoul Pura, également lazariste.
Peut-être en ce dernier jour la référence à la vie religieuse a-t-elle été plus explicite. Sœur Vargas a donné une explication très complète du texte eucharistique de la Première aux Corinthiens. Le P. Pilario s’est basé largement sur René Girard, pour parler de l’Eucharistie comme ars moriendi, avec des conséquences pour la vie religieuse comme sacrifice, qui dépasse, au-delà de tout sentimentalisme, les modèles de combat, de perfection et même de signe. Enfin, le P. Pura s’est montré très habile à proposer des applications du langage symbolique de la Messe, en suivant de près L.M. Chauvet, au profit de la dimension missionnaire.
L’Eucharistie finale, présidée par un prêtre indien, aidé par un diacre vietnamien et prêchée par un prêtre philippin, avec ses danses délicates et ses chants typiquement orientaux, a couronné ces journées, qui ont sans doute profité à la nombreuse assistance. L’ICLA, en effet, avec ses trois sections de vie consacrée, de spiritualité et de missiologie, constitue un haut lieu de préparation des Religieux et Religieuses pour l’évangélisation de l’Asie, surtout du Sud-Est. Son rayonnement est déjà remarquable et sa publication Religious Life Asia, est désormais reconnue comme un instrument valide de réflexion et formation en Extrême-Orient.
[1] L’Institut dont il est question dans le premier paragraphe.
[2] Entre autre : Consecrated Religious Life. The changing paradigms, Manila, Claretian Publications, 2005.
[3] Mgr Tagle est spécialement connu comme théologien de la Conférence épiscopale philippine et il est professeur à l’Université des pères jésuites (Ateneo de Manila).
[4] Il a fourni une très abondante production en espagnol. Il s’est intéressé spécialement à l’histoire des formes de la vie consacrée.
[5] Directeur de l’École théologique Saint-Vincent-de-Paul, affiliée à l’Université Adamson des pères lazaristes.