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La mondialisation : un défi pour les religieux

Ignace Berten, o.p.

N°2003-3-4 Mai 2003

| P. 150-159 |

Bien au courant de cette question de longue date et confronté à elle par ses travaux au centre « Espaces » (Spiritualité, cultures et société en Europe), le père Ignace Berten nous introduit clairement à l’intelligence de ce qui est en question quand on parle de « mondialisation ». Comme toute réalité humaine, cet état de l’économie présente des chances, des risques et des défis car il y a aussi à craindre, on ne le voit que trop bien, des dégâts provoqués par un emballement incontrôlé des processus en cause. Se plaçant alors du point de vue de l’Europe et des acteurs de la vie civile, l’auteur nous situe devant une question cruciale : celle de notre engagement, individuel et d’institut, dans des actions « citoyennes » (dites de la « société civile »), souvent non confessionnelles, où nous avons à assumer une forme de présence « en raison du Royaume ». Cette question, qui touche aussi à celle de nos « œuvres », est posée. Mais nous avons à y répondre selon les « charismes » propres de nos instituts qui participent de la présence universelle de l’Église à l’histoire des hommes.

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Comme religieux et religieuses, le phénomène de la mondialisation nous concerne-t-il plus ou moins directement ? Aurions-nous une responsabilité particulière ou spécifique par rapport à cette réalité ?

La mondialisation : un fait

La mondialisation est d’abord une réalité, un fait [1]. Qu’est-ce que la mondialisation ? La mondialisation peut être définie comme « un processus par lequel la production et les échanges tendent à s’affranchir des contraintes imposées par les frontières et la distance » [2]. Ou encore comme un nouveau stade du développement du système économique mondial, caractérisé par un unique espace de décision, de prise de risques, de gestion et de contrôle. Cette mondialisation est l’effet, tout à la fois, du développement des techniques d’information, de communication et de production, et de décisions politiques supprimant les obstacles aux échanges commerciaux et financiers (libéralisation), et donnant priorité au commerce sur toutes les autres considérations. La mondialisation est donc d’abord et essentiellement une réalité économique ; elle est l’effet de facteurs qui sont d’ordre techniques et politiques ; ses conséquences sont d’ordre économique, politique, culturel et social.

La mondialisation est bien plus que le développement des échanges commerciaux et de la circulation internationale des biens : l’empire romain était largement structuré par de tels échanges. Les économies de la fin du xix. et du début du xxe siècle étaient très ouvertes. Ce qui est nouveau, c’est le développement de la communication, la restructuration de la production, la puissance des grandes entreprises transnationales, le rôle joué par les médias, etc., et l’impact de ces processus sur l’ensemble de la société et des sociétés mondiales. Toutes les sphères de la vie en société sont touchées par ce phénomène : les modes de consommation, évidemment, mais aussi les façons de communiquer entre les gens, la formation des opinions publiques, les domaines de l’éducation et de la santé, les représentations de la réalité, la relativisation des conceptions de la vérité, etc.

La mondialisation : chances, risques et défis

Les chances

On peut dire que la mondialisation est d’abord une chance. Pour la première fois, l’humanité a la possibilité de devenir vraiment une au sein d’une interdépendance généralisée. Pour la première fois aussi l’humanité possède les ressources et les moyens techniques qui permettraient à tous les êtres humains de vivre dans la dignité. Certes, il n’y a aucune possibilité d’étendre au monde entier le mode de vie et de consommation des pays riches : ce mode est beaucoup trop gourmand en énergie et en matière première, et de ce fait gaspilleur et prédateur pour être généralisé. Mais les ressources et les moyens disponibles sont suffisants pour assurer à tous des conditions dignes d’alimentation, de santé, de logement, d’éducation, etc., à moyen terme [3]. C’est essentiellement une question de volonté politique et de dégagement des moyens économiques, qui ne sont pas exorbitants.

La mondialisation ouvre ainsi à la possibilité d’une véritable gestion collective responsable des ressources matérielles en fonction des besoins humains fondamentaux. Cela ne signifie pas l’instauration d’un gouvernement mondial : on voit trop bien les difficultés que l’Europe rencontre pour sa propre gouvernance, dans l’articulation entre unité et diversité, dans la mise en œuvre d’une véritable subsidiarité, etc., pour penser les choses à l’échelle mondiale. Les institutions internationales existent, même si elles sont loin d’être parfaites. Il est possible de les améliorer. Ici encore, fondamentalement, c’est d’abord une question de volonté politique.

Les risques et les dégâts

Mais la mondialisation telle qu’elle est mise en œuvre, c’est aussi un certain nombre de risques, et plus que des risques, pour une part des dégâts : dégâts sociaux, dégâts écologiques, dégâts politiques.

Des dégâts sociaux. Sur ce point, il ne faut pas être manichéen. Socialement, la mondialisation n’est pas seulement néfaste, comme voudraient le faire croire un certain nombre d’antimondialistes radicaux. Les statistiques des Nations Unies montrent que, malgré l’accroissement de la population mondiale, le nombre de gens vivant dans la pauvreté absolue (moins d’un dollar par jour) a diminué de deux cents millions au cours des vingt-cinq dernières années (alors que la population a crû d’un milliard et demi sur la même période). Il est vrai que le seul indicateur monétaire n’est pas suffisant. Mais les indicateurs plus complexes, tenant compte de l’accès à l’eau, de l’espérance de vie et de l’éducation, vont dans le même sens. Cette amélioration est principalement due aux progrès obtenus par quelques grands pays asiatiques, en particulier la Chine et l’Inde. Il est vrai aussi, et il faut le souligner, qu’en même temps, les écarts entre riches et pauvres, les inégalités donc, se sont nettement accrues, et que pour certaines régions, en particulier l’Afrique subsaharienne, selon tous les critères, la pauvreté a dramatiquement augmenté. Cette crise majeure du bien-être, insulte à la dignité humaine, n’est pas due principalement sans doute à la mondialisation : les guerres civiles sont le principal responsable de cette dégradation des conditions de vie, mais ces guerres sont, pour une part au moins, attisées par l’intervention de puissances extérieures mues par des motivations économiques très intéressées. Cette nouvelle forme de colonialisme n’est pas le produit de la mondialisation comme telle : elle est la continuation de politiques bien plus anciennes.

Par ailleurs, du point de vue politique, le nombre de pays accédant à des régimes démocratiques (au moins formels, mais c’est un premier pas) ne cesse d’augmenter. Et des traités internationaux, visant à protéger davantage la dignité et la qualité de la vie humaine, sont signés, même si les Etats-Unis, eux, refusent de les ratifier : Cour pénale internationale, élimination de la production et de l’utilisation des mines antipersonnel, traité de Kyoto sur l’environnement, etc. L’interdépendance ne cessant de croître, les responsabilités deviennent de plus en plus internationalement collectives : le droit international en prend progressivement compte. Il reste évidemment beaucoup à faire. D’autant plus que le soutien apporté à des régimes dictatoriaux pour des raisons d’intérêt économique est toujours à l’ordre du jour dans les Etats du Nord.

Une question majeure se pose actuellement autour du rôle joué par la superpuissance des Etats-Unis. Il ne s’agit pas d’être antiaméricain : dans beaucoup de domaines, l’Europe et les Etats-Unis partagent des valeurs et des intérêts communs. Ce qui est en cause, c’est la politique menée par ce pays. Le désigner du terme de superpuissance, n’est pas un acte de malveillance : le discours américain revendique fortement et explicitement ce statut. Les Etats-Unis sont les seuls à coaliser de façon largement cohérente la puissance dans les domaines économique, politique, diplomatique, culturel et militaire. Et il y a de plus en plus convergence et lien étroit entre les options politiques étatsuniennes et les stratégies et intérêts des grandes firmes transnationales. Seul l’intérêt national compte [4].

Le contexte international rend la situation encore plus critique et inquiétante. La mondialisation des communications et des technologies signifie aussi l’apparition de nouveaux acteurs non étatiques puissants, non seulement les transnationales, mais aussi des groupes terroristes, comme Al Qaida. Les menaces que ces groupes font peser sur nos sociétés (mais plus particulièrement sur les Etats-Unis et leurs alliés), conjuguées au souci américain d’assurer les sources d’approvisionnement énergétique indispensables à l’économie – et sans aucun programme sérieux de réduction de la consommation d’énergie –, conduisent à la mise en place d’un système sécuritaire inquiétant. Ce système menace gravement l’exercice des libertés démocratiques et, en donnant préférence à la force militaire plutôt qu’à la diplomatie et aux autres formes de pressions, il menace la paix mondiale.

Les défis

La figure prise à l’heure actuelle par la mondialisation pose ainsi un certain nombre de défis majeurs.

  • Aurons-nous assez de cohérence politique pour assurer le maintien et le développement de nos systèmes de sécurité sociale, face aux énormes pressions exercées en vue d’une privatisation et d’une commercialisation (assurances individuelles) de ce secteur ? Pour assurer aussi le maintien de services publics dignes de ce nom (éducation, santé), sans livrer tous les services à la commercialisation ? Pour développer une politique fiscale commune qui préserve de la concurrence fiscale entre les pays de l’Union, au détriment des ressources publiques ?
  • Mettrons-nous en œuvre les moyens politiques et mobiliserons-nous les ressources économiques et techniques nécessaires afin d’éradiquer réellement la pauvreté massive dans le monde, en assurant l’accès à des conditions de vie dans la dignité : alimentation, logement, accès à l’eau, éducation, etc. ?
  • Contribuerons-nous à la mise en place d’une véritable société mondiale, fondée sur des autorités internationales, capables de mettre en œuvre le bien commun de l’humanité et de s’imposer, si nécessaire, à l’image de ce que l’OMC (l’Organisation mondiale du commerce) est capable de faire dans son domaine ?
  • Serons-nous capables de développer une politique extérieure et une politique de défense communes pour l’Union européenne, qui soient réellement au service de la paix, par la prévention des conflits et la priorité donnée à leur résolution politique et civile ?
  • Penserons-nous l’avenir de notre agriculture en tenant vraiment compte des populations agricoles et rurales dans les pays candidats qui vont rejoindre l’Union et dans les pays du Sud (pour lesquels notre politique de subvention à l’exportation a des effets désastreux) ?
  • Donnerons-nous aux enjeux de santé dans les pays pauvres la priorité par rapport aux intérêts des firmes pharmaceutiques, afin de rendre les médicaments accessibles à tous ? Et investirons-nous dans la recherche de médicaments et de thérapeutiques pour lutter contre les maladies orphelines, c’est-à-dire en particulier celles des pays tropicaux, alors que la recherche dans ces domaines n’est pas immédiatement rentable ?

Cet ensemble de questions et de défis ne prétend nullement être exhaustif ! Cela suffit à évoquer l’ampleur des problèmes que soulève la mondialisation à l’heure actuelle.

La mondialisation et notre responsabilité comme religieux

Mondialisation, Europe et société civile

La mondialisation semble à beaucoup être un processus inexorable, qui nous dépasse totalement. Il en va d’ailleurs de même pour le processus de construction européenne. D’où un sentiment assez répandu d’impuissance.

Or, la mondialisation telle qu’elle se développe n’est pas un processus nécessaire et fatal. L’histoire humaine n’est pas prédéterminée. Et si puissantes que soient les institutions économiques, elles ne sont pas toutes-puissantes. Il y a une responsabilité politique des citoyens et une efficacité possible dans l’exercice de cette responsabilité. Celle-ci, certes, n’est pas non plus toute-puissante : on ne peut conformer immédiatement le monde à ses désirs les plus légitimes et les plus généreux. L’efficacité possible est modeste, mais réelle. Amnesty international, et à sa suite l’ACAT, ont montré qu’il y a une vraie possibilité, si limitée soit-elle, d’action sur les pouvoirs politiques. Certaines actions collectives ont aussi montré qu’il y a une influence possible sur certaines entreprises, qui sont bien obligées de tenir compte des consommateurs...

Depuis quelques années un acteur nouveau apparaît publiquement sur la scène mondiale et européenne : la société civile. De Seattle à Gênes, elle a fait entendre sa voix. Elle trouve l’une de ses expressions dans le mouvement altermondialiste tel qu’il s’exprime dans le Forum social mondial de Porto Alegre, avec la démultiplication des forums sociaux nationaux, préparant des forums continentaux. Sans doute, cette société civile ne représente-t-elle pas un mouvement cohérent. Elle exprime cependant, et négativement, un sentiment et un ressentiment communs : les diktats actuels de l’économie mondiale néolibérale ne sont pas humainement acceptables. Les hommes politiques commencent à comprendre qu’ils doivent tenir compte, d’une manière ou l’autre, de ce mouvement (même si c’est ambigu et parfois hypocrite...) [5].

Mais il faut aller plus loin dans l’analyse. Les grands mouvements sociaux, qui ont un impact profond sur la société, sont tous nés de la société civile : le mouvement syndical, acteur majeur de l’Etat providence et du modèle social européen que nous connaissons (assurance chômage, assurance maladie, congés payés, conditions de travail, etc.) ; il en va de même pour le mouvement féministe et la condition des femmes dans notre société, et pour le mouvement écologiste et les politiques de l’environnement. Aucun de ces mouvements transformateurs n’a été initié par les pouvoirs économiques et politiques, mais bien par des initiatives de base, souvent très modestes et risquées au départ, capables de lancer une lame de fond.

Dans l’actualité plus récente, une série de traités internationaux sont directement le fruit de l’action de la société civile : traité d’élimination des mines antipersonnel (et actuellement en cours d’élaboration un traité réglementant le commerce des armes légères), traité bannissant les armes chimiques et biologiques, protocole de Kyoto sur l’environnement, institution de la Cour pénale internationale, etc. Même si les Etats-Unis refusent de ratifier aucun de ces traités, ceux-ci sont d’application pour tous les pays signataires. Il s’agit là de progrès considérables, qui n’ont été possibles que par la pression des sociétés civiles.

Il en va de même au niveau européen. C’est par la pression de la société civile organisée que la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne a intégré la dimension sociale (même si on peut juger que c’est insuffisant), malgré la longue opposition de la Grande-Bretagne. C’est par elle aussi que cette Charte vaut pour toute personne résidant sur le territoire de l’Union, et pas seulement pour les citoyens : les immigrés de pays tiers, les demandeurs d’asile, les sans-papiers ou les clandestins (cela vaut pour tous les droits fondamentaux, à l’exclusion évidemment des droits politiques).

On peut donner de multiples autres exemples.

Il est important de remarquer que du point de vue international (mondial, mais davantage encore européen), la société civile agit par réseaux, et c’est par là qu’elle peut être efficace. Ainsi, au niveau européen, le Forum de la société civile européenne, la plateforme des organisations sociales, etc. Sans le savoir, les gens de la base qui sont engagés dans une association de solidarité sociale, Amnesty international, ATD - Quart Monde, une Commission des droits de l’Homme, un organisme d’aide ou de coopération avec le tiers monde, etc., participent indirectement à ces réseaux qui sont actifs par rapport aux institutions européennes. Et il en va de même pour des causes mondiales comme le désarmement, l’environnement, etc.

Et les religieux ?

Les religieux et religieuses sont d’abord des citoyens : ils ont à exercer leur responsabilité citoyenne comme tous les autres citoyens. En tant que tels, il est souhaitable que le plus grand nombre possible parmi eux soient engagés dans les organisations de la société civile. Et de fait, nombre d’entre eux le sont.

Mais il y a aussi des responsabilités plus spécifiques, et cela dans différentes lignes complémentaires.

  • Religieux, nous avons en général un niveau de culture et l’accès à des sources d’information et de formation plus élevés que la moyenne des gens. Nous avons de ce fait une responsabilité d’information, de sensibilisation au sein de leur propre milieu ; nous avons à être animateurs et entraîneurs en rapport à ces multiples défis.
  • De façon plus spécifique, en tant que chrétiens, mais aussi au nom de nos propres vœux, nous sommes appelés à exercer constamment le regard du cœur sur les événements et les situations : lire et aider à lire, dans la ligne de l’Évangile, à partir des pauvres, des exclus, des plus fragiles, des victimes, afin de sensibiliser, d’alerter, de mobiliser.
  • Nous avons à témoigner de l’espérance active : Jésus inaugure le Royaume de façon modeste, sans bouleverser l’histoire. Il s’agit de vivre et d’alimenter la patience à partir de pratiques elles aussi modestes, mais différentes, qui ouvrent à une vie plus fraternelle.
  • Pour la plupart, nous sommes membres d’instituts internationaux : des frères et des sœurs sont présents dans d’autres pays, pays européens du Centre et de l’Est, pays du Sud. Cette richesse de l’internationalité est aussi une responsabilité : entendre et faire entendre ce que la mondialisation et la brutalité d’une certaine économie imposent à des populations plus fragiles et pauvres ; faire entendre leurs cris ; faire entendre aussi leurs initiatives afin de les soutenir.

Face à la mondialisation, tout cela, ce n’est pas de grandes choses, ce n’est pas spectaculaire. Mais pour une part, l’histoire se fait par la convergence modeste, souvent assez silencieuse, de multiples initiatives de base, et par l’articulation entre ces mouvements et des relais qui agissent davantage au plan des institutions ou de l’action politique. Au nom de l’Évangile, les religieux ne peuvent rester passifs quand il y a tant de souffrances et que les moyens existent pour les réduire.

Né à Bruxelles en 1940. Entré chez les dominicains en 1958. Professeur à l’Institut international Lumen Vitae (Bruxelles) de 1969 à 1976 ; formateur en milieux populaires de 1976 à 1993 (CEFOC, Centre de formation Cardijn). Collaborateur de la Commission Justice et Paix. Nombreux voyages en Amérique latine : formation et missions de droits de l’homme. Membre de l’association Espaces - Spiritualités, cultures et société en Europe (recherche et formation sur les enjeux sociaux, culturels et spirituels de la société européenne, animées par une équipe dominicaine) depuis 1991. Travaille principalement les dossiers concernant le travail et l’emploi, la nation et le nationalisme, le dialogue interreligieux, l’Europe comme projet de puissance ; et le lien entre ces différents thèmes et la foi chrétienne.

En plus de travaux de théologie et d’éthique sociale et économique et de nombreux articles de revues, a publié, en rapport au thème de sa présente contribution, Mondialisation et universalisme, en collaboration avec Jean-Claude Lavigne, coll. « Connaître la Bible », Bruxelles, Lumen Vitae, 2003.

[1Certains distinguent mondialisation et globalisation : la mondialisation est alors entendue comme un phénomène général, plutôt neutre, la globalisation comme une dynamique proprement économique plus ou moins fortement critiquée. Cette distinction linguistique n’aide pas à clarifier les débats. Tout d’abord parce que le mot français mondialisation, mot récent, est la traduction d’un mot anglais : globalization, qui lui aussi est récent. Or en anglais, un seul mot existe : vouloir établir une distinction entre les deux termes est arbitraire du point de vue linguistique, introduit la confusion dès qu’on communique dans une autre langue, et oppose de quelque manière deux dimensions étroitement imbriquées. Je n’utilise donc ici qu’un seul mot : mondialisation.

[2Dictionnaire de l’économie, Larousse/Le Monde, 2000.

[3Les Nations Unies ont mené des études précises et chiffrées à ce sujet.

[4Avant la Conférence de Kyoto sur l’environnement, le président Clinton a déclaré que les Etats-Unis seraient prêts à signer n’importe quel traité, à condition qu’il ne porte pas atteinte aux intérêts de l’économie et des entreprises américaines. La déclaration, cynique, avait l’avantage d’être claire. L’administration Bush durcit encore cette ligne.

[5Un signe de cette prise en compte : lors du premier Forum social mondial de Porto Alegre, tous les médias ont parlé d’antimondialistes : lors du deuxième Forum, de plus en plus, le terme d’altermondialistes s’est imposé.

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