De Jérusalem, quel enseignement tirer de la visite de Jean-Paul II aux pays de la Bible ?
Francesco Rossi de Gasperis, s.j.
N°2001-6 • Novembre 2001
| P. 379-395 |
C’est avec beaucoup de retard, mais à ce niveau de « relecture de l’événement » qu’en est-il de la « mesure des jours », que nous faisons écho à la célébration de l’Année Sainte et plus particulièrement à tel ou tel acte de Jean-Paul II ! Certes, la situation actuelle au Moyen-Orient nous touche journellement et réclame donc notre prière ainsi qu’une intelligence spirituelle de l’histoire. Mais précisément, cette méditation sur le « chemin spirituel de l’évêque de Rome » n’est-elle pas bien venue pour nourrir dans la prière cette intelligence dont nous avons tant besoin pour raison et espérance garder ? Si nous pouvions ainsi œuvrer un peu à la réconciliation entre les hommes, la consécration de notre vie à cette urgence eschatologique se trouverait affermie dans la foi et la charité quotidienne.
20-26 MARS 2000 : Méditation donnée pour quelques membres de la communauté judéo-chrétienne d’Israël, les 2 et 3 juin 2000 à Jérusalem.
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Ce fut un voyage personnel de Karol Wojtyla, mais encore et surtout un voyage ecclésial : il s’est agi, comme il l’a dit au moment de son arrivée à l’aéroport de Lod, du « chemin spirituel de l’évêque de Rome vers les sources de notre foi au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob » : un voyage donc exemplaire pour l’ensemble de l’Église, résumant beaucoup des enseignements donnés par Jean Paul II – une « somme » des vingt années de pontificat (R. Etchegaray) – qui devra être longuement étudiée pour qu’en soient élucidées les très riches conséquences théologiques et spirituelles [1].
Ce fut un voyage qui, après les craintes et les jugements négatifs qui l’avaient précédé – émanant spécialement de nombreux chrétiens – a tenu du « miracle ». « Avant la visite, le Vatican avait envoyé un message aux organisateurs israéliens, les assurant que le Pape n’avait aucune intention de laisser un champ miné derrière lui. Pendant les six jours qu’il a passé dans la région, non seulement il n’a laissé aucune mine sur le terrain, mais il a aussi trouvé moyen de diriger habilement ses pas à travers les mines politiques et théologiques qui existaient déjà sur place avant son arrivée... Le sentiment le plus marquant est la surprise qu’un chef religieux puisse exercer une bonne influence dans un domaine où les hommes du clergé « sont particulièrement connus pour leur contribution à l’animosité prédominante » [2]. Un journaliste avait écrit :
« S’il réussit à n’irriter personne pendant son séjour ici, alors ce Pape aura bien mérité cette canonisation qui un jour sera la sienne ».
Pourtant, ce même journaliste observe que « à la différence de ses prédécesseurs, les lèvres de ce Pape n’ont jamais eu peur de prononcer le mot “Israël”, et que ces mêmes lèvres ont touché hier un panier rempli de terre du pays d’Israël »... Restituant Jésus à ses racines juives, et le peuple juif à la terre que le christianisme lui avait dérobée, le Pape fait quelque chose de beaucoup plus important que de demander simplement pardon pour les fautes passées, comme certains juifs incapables de pardonner lui demandent sans cesse de le faire [3].
On a dit que ce n’était pas le moindre des miracles que se soit créé un tel accord entre chrétiens et non chrétiens en Terre Sainte pour penser et parler positivement du Pape et du Vatican. Ou plutôt, nous devons dire en toute sincérité que ce sont les juifs qui, par leur intérêt ému pour l’événement, font comprendre aux chrétiens la signification extraordinaire de cet événement, une signification qui échappe encore à beaucoup d’entre nous qui sommes occupés à de toutes autres affaires.
De cet événement, nous allons chercher ici à tirer quelque enseignement théologique et spirituel pour notre existence de disciples de Jésus Messie, face à Israël et au milieu des nations.
Le Pape nous a donné une série de leçons consistant davantage en faits et gestes qu’en discours, selon le style de Jésus et des apôtres, comme cela nous est présenté dans les Actes des Apôtres : « Poiein te Kai didaskein » (Ac 1,1 ; cf. 1 Jn 3, 18).
Telle fut aussi la leçon donnée par la manifestation du Ressuscité aux deux disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-35). Dans les trois temps de cette manifestation, le cheminement commun et l’écoute silencieuse des espérances frustrées des deux disciples dans leur tristesse et la « fraction du pain » finale. Ces trois moments ont été pleinement revécus par Jean Paul II aux côtés des Palestiniens et des Israéliens. Et ce fut comme un premier échantillon du style d’une « nouvelle évangélisation ».
Le voyage du Pape a été un voyage au cours duquel les gestes ont été beaucoup plus éloquents que les paroles et les déclarations officielles, et les ont précédées.
« Après la cérémonie à Yad Vashem, a écrit un journaliste israélien, nous nous rendons compte combien la présence du Pape nous a permis de toucher nos sentiments les plus profonds. Les idées abstraites étaient immergées dans les larmes » .
Une révision radicale du rapport entre vie et parole dans notre existence chrétienne s’impose à nous aussi, comme personnes et comme communauté, dans une Église où actuellement on parle et publie trop, tellement qu’il ne nous reste presque pas le temps de vivre ce dont nous parlons. Il est significatif que tant de personnes aient été impressionnées, et pour ainsi dire émerveillées, des moments de silence du Pape priant dans les différents sanctuaires, et ont été étonnées du fait qu’il ait voulu retourner tout seul au Calvaire dans l’après midi du dimanche 26 mars, avant de quitter Jérusalem.
L’itinéraire d’un Pape âgé et malade, de Ur en Chaldée au Sinaï, à la Palestine, à la Jordanie, au Mont Nebo et enfin à la terre d’Israël et à Jérusalem, nous enseigne de nouveau la manière vraie de lire la Bible et de concilier connaissance de la Terre et du Livre – histoire et géographie – dans notre existence chrétienne [4].
Comme ont été importantes pour Jean Paul II, pendant tout son pèlerinage, la personne et la figure d’Abraham ! Le parallèle entre la vocation d’Abraham et celle de Marie, fille d’Abraham, et le cheminement de chacun d’eux dans l’obscurité de la foi au point de répondre Oui à l’offrande de leur fils unique – ce dont le pape a parlé le 25 mars à Nazareth, dans la basilique de l’Annonciation – a particulièrement frappé quelques-uns des juifs.
L’itinéraire de ce voyage a de nouveau rendu actuelle l’antique leçon sur le caractère essentiellement historique et géographique de la foi chrétienne. Celui-ci nous enseigne à lire la Bible comme elle doit être lue, nous libérant de toute contamination avec l’idéologie théologique de la « substitution » de la Nouvelle Alliance à l’Ancienne, du Nouveau Testament à l’Ancien, de l’Église à Israël. Au contraire, le Pape s’est déplacé péniblement de Rome pour se rendre dans les lieux marqués par les étapes historiques du salut divin. Et il aurait voulu commencer par Ur en Chaldée, point de départ de l’histoire d’Abraham, qu’il n’a pu que rappeler au cours d’une célébration au Vatican, le 23 février, à la veille de son départ pour l’Égypte. Aucune des visites réservées à l’un ou l’autre de ces lieux ne rendait vaine, inutile ou plus fugace la visite faite au lieu précédant [5].
De quoi parlait Jésus quand il parlait d’Abraham (Jn 8, 56-58), de Jacob (Jn 4, 12), de Moïse (Jn 5, 45-47), de David (Mt 12, 3-4 ; Mc 2, 25-26 ; Lc 6, 3-4), de Salomon (Mt 12, 42 ; Lc 11, 31 ; 12, 27, etc.) ? Pour Jésus, Abraham, Isaac et Jacob sont aujourd’hui vivants parce que Dieu, le Dieu vivant – l’unique véritable – est leur Dieu (Mt 22,31-32 ; Mc 12, 27-27 ; Lc 20, 37-38). Cela n’aurait-il été que l’illusion d’un juif ingénu ? L’existence historique d’Israël, conditionnée par son histoire passée, est le témoignage le plus crédible et authentique de l’historicité de cette histoire qui, à son tour, doit être historisée dans nos existences, comme elle l’a été dans celle de Marie de Nazareth, la fille d’Abraham.
Il faut prendre au sérieux l’apport précieux de l’archéologie au pays de la Bible. Nous sommes devant une tâche délicate, nous qui vivons sur cette terre : celle d’arriver à un équilibre spirituel harmonieux entre les nombreux événements complémentaires de ce pays, de ce peuple et de son Livre. En Israël, notre charisme peut être celui de devenir de fidèles lecteurs de la Terre de la Bible. Terre du Saint et Livre du Saint, lus ensemble au peuple croyant du (Dieu) Saint. Notre existence quotidienne peut être toute entière vécue dans une dimension contemplative. Ce que nous contemplons de nos yeux engage notre mémoire à se souvenir, louer, rendre grâce, espérer, prier.
N’oublions pas, alors que nous mentionnons l’itinéraire du Pape, l’importance extraordinaire de la visite précédente de Jean Paul II au Mont Sinaï, le 26 février ; c’est la première fois qu’un Pape catholique remettait ainsi en évidence la personne de Moïse et le don de la Torah. Le Pape a appelé le Sinaï, « la montagne de l’alliance où s’est produite la révélation décisive qui concerne toute l’histoire du salut », celle qu’Hitler voulait effacer de la conscience des Européens.
Du Sinaï, Jean Paul II s’est rendu au Mont des Béatitudes, du Décalogue au Discours sur la montagne : c’est là une synthèse de son enseignement sur la morale chrétienne et sur la parfaite continuité entre Torah et Évangile (sans aucune prétention à supplanter ou à « se substituer »). Sans le Sinaï et sans Moïse, Jésus n’est plus réellement la Torah des Chrétiens (cf. Rm 10, 4), et nous ne comprenons à peu près rien de l’Évangile selon Matthieu ; de même que, sans Jésus, on reste arrêté au Sinaï sans poursuivre en avant l’itinéraire du Pape (cf. Ex 33, 1). Nous avons absolument besoin de Moïse pour voir la gloire du visage transfiguré de Jésus, comme nous avons besoin d’Élie et de tout le Premier Testament (cf. Lc 9, 28-36).
La diaconie de la justice de la création
Une foi historique, justement parce qu’elle est ainsi, et non pas idéologique, s’intéresse aux êtres humains qui, aujourd’hui et ici, cheminent dans l’histoire, et à leur situation présente (cf. Emmaüs : 1er temps). L’itinéraire géographique, qui a conduit le Pape du Sinaï à la Jordanie et à Bethléem, lui a fait rencontrer avant tout les peuples arabes de ces pays (égyptiens, jordaniens, palestiniens).
L’accueil du Pape de la part des souverains de Jordanie a été des plus nobles. Un journaliste israélien a écrit :
« Si l’intention de Jean Paul II est celle de ramener l’Église à ses racines, il a bien fait de choisir de commencer par la rive orientale du Jourdain plutôt que de voler directement de Rome à Tel Aviv. La visite en Jordanie a été sereine et exempte de toute polémique, comme pouvait le désirer le Vatican, et elle a attiré l’attention mondiale des media hors des champs de mines qui attendent le Pape à Jérusalem . »
En Palestine, ensuite, Jean Paul II ne s’est pas limité à une visite aux chrétiens de Bethléem (la célébration eucharistique : Emmaüs 2e et 3e temps), mais il a voulu saluer Yasser Arafat et parler aussi à voix haute aux Palestiniens du camp de réfugiés de Dheisheh. Personne ne peut, et ne doit ignorer l’existence et l’identité du peuple palestinien, ses souffrances, son tourment, les injustices qu’il a subies, la discrimination dont il est l’objet, sa pauvreté et surtout son encore grave incompréhension de la portée, finalement « théologique » elle aussi, de sa tragédie et de sa passion, de ce qu’il appelle la Naqba (catastrophe). En faveur de ce peuple, le Pape a élevé la voix, en invoquant justice et paix.
Jean Paul II a voulu manifester ainsi une équi-proximité (plutôt qu’une équi-distance) de l’Église aux Israéliens et aux Palestiniens, au plan de la justice. Il s’agit là d’une praxis dite de la diaconie de la création, à laquelle un chrétien est sensible de par sa foi qui est agissante dans la charité (Ga 5, 6). Un chrétien, en fait, ne peut se reposer, fermant les yeux sur les injustices qui existent autour de lui. Malheur à nous, si nous interprétions l’économie de l’alliance et de la rédemption messianique – qui a commencé à se réaliser en Jésus Christ – comme une dimension qui se substitue à l’économie de la création et la supplante. L’Europe « chrétienne » de l’âge moderne a payé cher cette prévention. Au contraire, c’est justement le Messie Jésus qui nous envoie œuvrer pour la justice et pour la libération de la création entière (cf. Rm 8, 19-27). Un journal israélien écrivait :
« En l’espace de quelques jours, l’évêque polonais de Rome a remis le pays en face de ses vrais problèmes. S’adressant aux uns et aux autres, cet Européen âgé a permis aux différents secteurs de la population de se rappeler les raisons profondes de leur tragédie. Les Palestiniens avec les clés de leurs maisons, les juifs avec le souvenir de leurs morts et les chrétiens avec le crucifix ».
Et ainsi l’action du Pape, même face à Israël, a bien été dans la continuité de celle de ses plus grands prophètes.
La diaconie de l’alliance
On a relevé que le Pape avait manifesté un rapport particulier et « électif » envers Israël et le peuple juif (cf. spécialement la visite au Grand rabbinat, à Yad Vashem et au Kotel, le Mur occidental). Une fois encore, il ne s’est pas agi d’un trait particulier personnel d’un Pape polonais (même si l’origine polonaise de Karol Wojtyla a joué un rôle important dans cette visite). Dès son arrivée, le Pape a parlé de sa sympathie pour toute la population de l’État d’Israël. Loin de s’agir d’une sympathie arbitraire, et encore moins d’une « injustice », le Pape a obéi au particularisme et à la partialité de l’alliance – « une alliance jamais révoquée » – et à la très singulière proximité de foi théologale qui unit dans l’unique alliance le chrétien au juif, son frère aîné.
Une telle proximité est spécifiquement différente de celle qui – tout en étant très valide et urgente – dérive de l’option pour les pauvres, les opprimés, ceux qui souffrent, les marginalisés, les sans-voix, les derniers, les petits, à laquelle la charité théologale pousse constamment l’Église et chacun des chrétiens [6].
Il s’agit, de plus, d’une proximité privilégiée et élective qui, fondée sur l’élection d’Abraham, Isaac et Jacob par Dieu (Gn 12, 1-3 ; 18, 18 ; 22, 18 ; 26, 4 ; 28, 14 ; Si 44, 21 ; Jr 4, 2 ; Ac 3, 25 ; Ga 3, 8 etc.), loin d’exclure qui que ce soit, ouvre le chrétien à la sympathie, à l’intérêt, au dialogue interreligieux avec toutes les religions de la terre, et le pousse à la mission de visiter toutes les nations pour leur transmettre la bénédiction d’Abraham et de Jésus et, ainsi, sanctifier parmi les peuples de la terre le Nom du Dieu d’Israël (cf. Mt 15, 29-38 et la seconde multiplication des pains) [7].
David Hartman, le fameux rabbin et philosophe juif orthodoxe qui dirige à Jérusalem l’Institut « Shalom Hartman » reconnaît comme motif réel de la visite de Jean Paul II au peuple juif à Jérusalem l’existence même d’Israël ici, beaucoup plus qu’un complexe chrétien de culpabilité à l’égard de la Shoah. Le sens réel de la visite du Pape est que, dorénavant, chrétiens et juifs, comme aussi les musulmans, doivent tenir compte de la réalité d’un peuple juif vivant plutôt que de celle d’un peuple juif souffrant. Cheminant à travers les rues de Jérusalem, le Pape a rendu un témoignage personnel et théologique du fait que le peuple juif est vivant. L’autorité chrétienne la plus importante est venue à Jérusalem pour voir un peuple qui est ressuscité, et qui est « retourné chez lui... Le juif errant a disparu... Il est venu voir la renaissance au lieu de la destruction. Sa visite à l’État d’Israël signifie que nous représentons un défi pour le christianisme, comme aussi pour l’Islam... Sans faire sur ce point une déclaration explicite, c’est de fait ce que le pape dit au monde » [8]. Une telle renaissance d’Israël est une bénédiction même pour les Églises chrétiennes : elle leur restitue un partenaire vivant avec qui reprendre sur un pied d’égalité un dialogue religieux salubre, proportionné et fructueux pour les uns et les autres.
Selon l’évêque Clemente Riva, « les rapports entre chrétiens et juifs doivent être vus dans une ligne de continuité... La nouveauté du Christ n’exige pas une attitude de séparation... Martin Buber en est arrivé à dire que la foi du Christ et des chrétiens nous unit, que la foi en Christ nous sépare... Pour les juifs, leur religion est une religion complète ; pour nous chrétiens, sans le judaïsme nous ne sommes pas des chrétiens complets [9] »
En vertu même du dynamisme de cette « divine partialité » en faveur d’Abraham, d’Israël et de Jésus, Jean Paul II est allé aussi visiter le grand Mufti, le Sheikh Akram Sabri, sur l’esplanade des mosquées musulmanes et, surtout, il a voulu avoir une rencontre religieuse avec les juifs et les musulmans à l’Institut Pontifical de Notre-Dame de Jérusalem pour inaugurer, à Jérusalem même, « une ère nouvelle de dialogue interreligieux ».
Le destin d’Abraham est de transmettre la bénédiction de yhwh à toutes les familles de la terre. La mission confiée par Jésus aux siens est celle d’en être les témoins, et d’annoncer à tous l’Évangile de la libération du péché, en commençant par Jérusalem jusqu’aux extrémités de la terre (Lc 24, 47-48 ; Ac 1, 8). En vertu de cette vocation sacramentelle qui, d’Abraham à Jésus, marque irrévocablement le destin d’Israël et de l’Église, Jean Paul II a visité toutes les nations et les pays les plus lointains, il a baisé toutes les terres, a honoré toutes les religions du globe, comme il a voulu le manifester explicitement à Assise le 27 octobre 1986.
Tous n’ont pas compris, ou ne comprennent pas ces multiples niveaux différents de communion. Certainement ils ne l’ont pas compris, ces musulmans qui nous ont demandé, peut-être avec une certaine envie, étonnée et hostile : « Mais au fond, qu’avez-vous de commun avec les juifs ? » Il semble même que la chose ait échappé et échappe encore à bon nombre de catholiques [10] totalement pris par une option réductrice pour les « pauvres et les souffrants » et dans un service de la justice qui, tout en étant absolument valide, urgent et, dans certaines conditions, de première importance, devient pourtant une idéologie gnostique s’il n’est pas soutenu par une théologie de l’alliance adéquate [11].
Dans la visite de Jean Paul II en Israël, nous avons salué une qualité de relation qui a dépassé le critère politique de l’impartialité, de l’équi-distance et de la justice, plutôt fréquent dans les déclarations officielles concernant Israéliens et Palestiniens, et parfois même musulmans et juifs. Le Pape a parlé non seulement en tant que croyant au Dieu Unique des trois religions mais, comme Jésus, c’est-à-dire en tant que croyant au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob (Mt 22, 31-32 ; Mc 12,26-27 ; Lc 20,27-38). C’est en tant que tel, en fait, que le Dieu Un (El Shadday) s’est défini de manière adéquate en parlant à Moïse (Ex 6, 2-8 – Cf. 3, 6.15-16 ; Ac 7, 32).
Le rapport entre l’Église et Israël, entre christianisme et judaïsme, ne peut jamais se réduire aux critères de la justice de la création, ni à ceux d’un dialogue interreligieux égalitaire, et il ne peut pas non plus se confondre avec eux. Il y a eu des moments de dialogue interreligieux, et pas seulement le dialogue à trois de la rencontre à l’Institut Pontifical de Notre Dame ; il y a eu aussi ceux à deux du Grand rabbinat et de l’esplanade des mosquées de l’Islam. Différente, cependant, a été la visite du Pape à Yad Vashem et au Kotel. Là Jean Paul II est entré à plein, en chrétien, avec sa croix pectorale, dans le domaine le plus intime de la prière juive et de la tragédie historique d’Israël : émotion, silence priant et larmes d’émotion devant la flamme perpétuelle de Yad Vashem ; et devant le Kotel, dont sa main tremblante semblait avoir peine à lâcher les pierres, il a posé le billet contenant une prière dans la fente de la muraille, la prière au « Dieu de nos pères ». Là, le Pape s’est fait juif avec les juifs, les aimant au point d’adopter leur symbolique religieuse. On a dit qu’à Yad Vashem les lèvres tremblantes du Pape semblaient murmurer le Qaddish, (la prière juive pour les morts), et un juif a dit aussi : « Le Pape n’a pas prononcé toutes les paroles que nous attendions, mais il est allé beaucoup plus en profondeur. »
Au Kotel comme à Yad Vashem, la visite était celle de l’Église chrétienne pénitente à ses frères aînés. Là, on a été et on s’est senti en famille, une famille à réconcilier après qu’elle ait été divisée et opposée pendant des siècles.
Du reste, le nom choisi pour désigner le dispositif israélien de sécurité durant la visite du Pape était intitulé : « Yadid vatiq » (vieil ami). Et après la visite au Grand rabbinat, un des deux Grands rabbins d’Israël a fait ce commentaire : « Après les propos tenus ici par le Pape, il n’y a plus aucun doute que nous avons un ami au Vatican » [12].
Selon un journal israélien, « venant à Yad Vashem, Jean-Paul II s’est approché de l’abîme. Le moment de sa venue a marqué un sommet. » À Yad Vashem, Jean-Paul II a laissé un Qaddish et un testament. Et après la visite au Kotel, Abraham Burg, le Président de la Knesset (Parlement) a écrit :
« Là, près du Mur, ont conflué tous les moments de grandeur et d’intolérance des trois religions monothéistes, et cela nous invite à nous interroger sur les changements qui se sont produits... Décidément, quelque chose a changé dans le christianisme moderne. Après avoir été la religion sanguinaire des croisades et de l’Inquisition, l’Église catholique est devenue une religion dont les prêtres et les religieux peuvent être qualifiés de Justes parmi les nations sous toutes les latitudes de ce monde cruel... Près de ces pierres séculaires, justement, est venu le moment de nous renouveler en pensant aux musulmans et aux chrétiens. Il y a deux mille ans, ces derniers nous ont emprunté les principes de l’amour du prochain et l’esprit d’une véritable fraternité humaine. Le temps est venu de reprendre pour nous ces valeurs pour les réintégrer dans le cadre de notre vie. »
Réconciliation à travers une humble demande de pardon
La prière déposée par le Pape dans la fente du Kotel était la conclusion du quatrième des sept « mea culpa » déjà prononcés le 12 mars dans la basilique vaticane, concernant les persécutions chrétiennes des juifs et l’antijudaïsme chrétien. Le Pape l’a portée en personne à domicile, au Mur, un des lieux les plus saints de la mémoire juive (cf. Ct 2, 9).
En bien des occasions, mais spécialement lors de la rencontre interreligieuse à Notre-Dame, le Pape a rejeté avec force tout prétexte tiré de la religion pour pratiquer la violence et détruire la paix, et il a réaffirmé énergiquement la nécessité d’instaurer un avenir nouveau, ouvrant la voie à un dialogue respectueux entre les religions de la terre, pour se connaître mutuellement et puiser aux richesses des traditions respectives un nouveau style qui aille au-delà des incompréhensions et les conflits du passé. S’il y avait une allusion claire à la « guerre sainte » et au fanatisme de certains religieux juifs, il y avait aussi, et plus clair encore, le souvenir des croisades européennes, des inquisitions catholiques, des bûchers et des violences chrétiennes contre juifs, musulmans et protestants, contre les populations africaines victimes pendant des siècles de l’esclavagisme des Européens, contre les femmes et les « sorcières », une allusion aux violences qui ensanglantent encore Jérusalem et la terre de Dieu.
La grande économie de la demande de pardon, dont Karol Wojtyla a pris l’initiative avec le Jubilé de l’an 2000, est la politique la plus efficace pour instaurer entre les peuples la réconciliation et la paix. Ajoutons que, au sein des Églises chrétiennes, à Jérusalem, il y aurait place aussi pour une demande de pardon, de la part des « grandes Églises » envers les communautés judéo-chrétiennes supplantées, ignorées et assimilées par la byzantinisation grecque, la latinisation importée par les Francs et les Croisés spécialement ; une demande de pardon pour les « invasions » et les colonisations linguistiques et culturelles : grecque, italienne, française, anglaise, russe, allemande et nord-américaine, auxquelles les chrétiens locaux – arabes et juifs – sont soumis encore de nos jours. Même s’il est vrai, d’autre part, que de telles invasions enrichissent peut-être dans une certaine mesure « l’Église de Jérusalem », cette Église-Mère de toutes les Églises, un peu comme cela se passe, à titre différent, pour « l’Église de Rome » qui ne peut absolument pas être définie comme une « Église italienne ».
On a beaucoup discuté en se demandant si c’était l’Église qui était pécheresse ou seulement certains de ses enfants, mais peut-être ce qui est plus important est-il le fait que, en Jean-Paul II, l’Église catholique demande pardon. Celui qui demande pardon se reconnaît, dans une certaine mesure, responsable d’une faute.
Ce fait réintroduit dans la praxis de l’Église une coutume typiquement évangélique, mais pas mal oubliée. Il semblait que l’Église pardonnât les péchés, mais ne sache pas en demander pardon. Et puis, on se libère du péché non seulement en le confessant devant Dieu (comme dans le sacrement de la réconciliation), mais en l’avouant à Dieu devant les frères offensés – et, en certains cas, face au monde (comme au Kotel) – et en se réconciliant avec eux. Et cela sans attendre que ceux qui nous ont offensé fassent la même chose, mais en le faisant nous, les premiers, sans calculs politiques. C’est là une grande leçon sur la manière de faire « bon usage » de nos péchés qui pourra être utile aussi pour les juifs, les musulmans et d’autres.
Humilité de pécheurs qui confessent leurs fautes et demandent pardon à leurs frères : voilà un beau chemin de pénitence pour les Églises du troisième millénaire, et pas seulement pour les chrétiens à titre individuel.
Une visite œcuménique à toutes les Églises chrétiennes de Terre Sainte
Lors de sa visite au Patriarcat grec-orthodoxe, le 25 mars, le Pape a fortement exhorté tous les chrétiens à dépasser le scandale de leurs controverses et de leurs dissensions. Tout témoignage face à Israël (la « jalousie » que nous devrions susciter, d’après Rm 11, 13-15), tout dialogue interreligieux, toute mission « ad gentes », restent des signes vides de sens s’ils proviennent d’Églises séparées et opposées.
En allant visiter le Patriarche grec-orthodoxe, qui est le premier Patriarche de l’Église de Jésus Christ à Jérusalem, Jean Paul II a exercé le « primat » de cette manière humble qu’il aime à définir non tellement comme « vicaire du Christ », mais comme « successeur de Pierre », et comme « évêque de l’Église de Dieu qui est à Rome » (R. Etchegaray).
Les Eucharisties du Pape en Jordanie, Palestine et Israël
Au stade de Amman, au Square de la Mangeoire à Bethléem, au Cénacle sur le Mont Sion à Jérusalem, à Korazin sur le Mont des Béatitudes devant environ cent mille participants, dans la basilique de l’Annonciation à Nazareth, à la basilique du Saint Sépulcre et de la Résurrection à Jérusalem, à travers la célébration de l’Eucharistie pour le petit troupeau catholique (Lc 12, 32), le Pape a élevé le signe pascal de la Cène de Jésus – la présence du Ressuscité – sur sa Terre, face à Israël et à tous les peuples de la terre [13]. L’Église de Jésus Messie s’est rendue visible en tant que « sacrement » du salut de Dieu sur cette Terre pour toutes les terres.
« Je suis venu à vous faible, craintif et tout tremblant » (1 Co 2, 3).
« N’ayez d’eux aucune crainte et ne soyez pas troublés ; sanctifiez plutôt le Seigneur Christ dans vos cœurs, toujours prêts à répondre à quiconque vous demande de justifier l’espérance qui est en vous, mais avec douceur et respect, en ayant une bonne conscience » (1 P 3, 14b-16).
Quelqu’un a écrit en Israël :
« Nous étions de la famille de cet homme de Nazareth avant de devenir l’ennemi détesté, l’agneau du sacrifice, et voici que nous accueillons maintenant le meilleur de ses représentants. En tant que juifs, nous sommes inséparables de l’histoire chrétienne depuis le jour où cette secte religieuse est née en Galilée. Cette parenté durait encore au moment où nous avons vu ce vieillard s’éloigner, nous laissant un testament prophétique des plus brefs : la réconciliation ou la mort ! »
Un vieillard malade, tremblant, à la voix faible, plein de tendresse amicale envers tous, nous a visités en avançant lentement sur ses jambes fatiguées, « sur la pointe des pieds » presque, ou les pieds déchaussés sur une terre sainte comme Moïse devant le buisson ardent (Ex 3, 5). Voici quelques exemples de la délicatesse du Pape : il s’est abstenu de donner une bénédiction aux juifs et aux musulmans, mais il a remplacé la bénédiction par un grand geste de salut de ses grandes mains. De plus, la prière qu’il a laissée au Mur ne se terminait pas par la formule habituelle qui se trouvait dans la prière du 12 mars, au Vatican : « Par Jésus Christ notre Seigneur. Amen. » Elle se termine simplement par la mention du « peuple de l’Alliance » (l’unique, non pas l’antique !) [14]. Ce vieillard s’est montré par ailleurs plein de cette énergie spirituelle qui a eu raison de bon nombre de puissants de la terre.
« L’habileté diplomatique et la volonté personnelle de Jean Paul, écrit un journaliste israélien, ont triomphé des gens du refus et de ceux qui auraient pu être causes de désordres. Les images dont on gardera le souvenir et les photos qui demeureront sont celles d’un homme saint, âgé et souffrant, auquel la force de la foi a conféré une résistance surhumaine ».
Peut-être le moment est-il venu où les juifs, comme ils l’ont écrit eux-mêmes, pourront « regarder le christianisme d’une manière nouvelle... et cesser d’assimiler le Vatican à une espèce de parc de dinosaures. Vraiment, le moment est venu de nous défaire de cette image extravagante de l’Église et d’adopter à son égard le genre d’approche qu’elle a adopté elle-même envers nous ».
Avec cette visite de Jean Paul II en Terre Sainte, devrait avoir disparu pour toujours toute évangélisation conquérante et arrogante, toute prétention de supériorité, tout autoritarisme de la part de l’Église ; toute christologie ou ecclésiologie triomphaliste ; tout exercice absolu et arbitraire du primat pétrinien qui est, en réalité, fondé sur la prière faite par Jésus pour Pierre en vue de son péché et du rôle qui sera le sien de confirmer ses frères, pécheurs eux aussi, désorientés et en débandade (Lc 22, 31-32). Une leçon de transparence lumineuse de la foi, de l’espérance et de la charité, d’ouverture cordiale à tout homme et toute femme, de délicatesse et de douceur apostolique, de fermeté intransigeante envers nous-mêmes, jusqu’à l’humble acceptation du martyre, selon les perspectives du troisième secret de Fatima, révélé par le Cardinal Sodano le 13 mai 2000.
À chaque question, le terroriste disait : « Vous n’avez pas le choix. » Mais chaque fois, dans cette singulière confrontation entre la violence et son opposé, Christian (de Chergé) répondait : « Si, nous avons un choix. » Son interlocuteur ne comprenait pas que Christian était prêt à donner sa vie, si c’était nécessaire » [15]. Les sept moines trappistes martyrs du monastère de Notre Dame de l’Atlas, à Tibérine (Algérie), inauguraient ainsi un nouveau style de « mission », non pas « moderne », mais antique comme l’Église des premiers siècles, en parfaite harmonie avec ce témoignage d’une « nouvelle évangélisation » que le Pape Jean Paul II a donné face au monde, à Jérusalem.
Francesco Rossi de Gasperis, jésuite, après un temps de vie missionnaire au lapon, a participé pendant quelques années à la pastorale de la chapelle de l’Università della Sapienza, à Rome. De 1966 à 1995, a donné des cours de théologie biblique, dogmatique et spirituelle à la Grégorienne, à Rome. S’occupe de « lectio divina », spécialement en relation avec les Exercices spirituels de saint Ignace, et a donné des retraites et tenu des sessions dans plusieurs pays en Europe, Asie, Afrique et Amérique. Depuis 1977, fait partie de la Communauté de l’Institut Biblique Pontifical de Jérusalem, où il s’intéresse aux racines hébraïques de la foi chrétienne ainsi qu’à la théologie chrétienne d’Israël. Avec Antonella Carfagna, accompagne des pèlerinages aux pays bibliques entendus comme « Exercices spirituels de lectio divina en Terre Sainte. Parmi ses nombreux livres, citons les plus récents : Paolo di Tarso evangelo di Gesù, Lipa, Roma 1998 ; en collaboration avec A. Carfagna : Prendi il libro e mangia ! vol. 1 : Dalla creazione alla Terra Promessa (Bibbia e spiritualità, 3), Ed. Dehoniane, Bologne, 1998 ; réimpression 1999 ; vol. 2 : Dai Giudici alla fine del Regno (Bibbia e spiritualità, 7), Ed. Dehoniane, Bologne, 1999 ; Terra Santa e Libro Santo. Una lectio divina (Bibbia e spiritualità, 10), Ed. Dehoniane, Bologne, 2000.
[1] Cf. Carlo M. Martini. « La reconciliazione », in II Regno, Attualità, a 45,m. 857 (15.4.2000), 217-222.
[2] L. Galili. « Pope’s pilgrimage set crew agenda for the Church », Ha’Aretz, 27.3.2000, 3.
[3] Th. O’dwyerk, « And he Crossed the Jordan », Ha’Aretz Daily News - English Internet Edit. 22.3.2000,3.
[4] Cf. la lettre du Pape : Sur le pèlerinage aux lieux liés à l’histoire du salut, du 29 juin 1999.
[5] Que l’on songe à la longue contemplation de la Terre Sainte qui a été celle du Pape, guidé par les Franciscains de Terre Sainte, depuis le sommet du Mont Nébo, en Jordanie.
[6] Cf. ce qui a été dit plus haut de la diaconie de la création. Plus que d’une théologie de la libération, il faudrait peut-être œuvrer (et pas seulement parler) pour une urgente praxis de libération que la foi chrétienne réclame de la part des Églises, dans un monde comme celui d’aujourd’hui où « 1 300 millions d’êtres humains vivent avec moins d’un dollar par jour » (J. Sobrino).
[7] Le mystère de Marie qui, visitée par le Dieu d’Israël (Lc 1, 68.78), part immédiatement à son tour visiter Élisabeth pour transmettre, à elle et à son enfant, la bénédiction messianique (Lc 1, 39-56), devrait pénétrer beaucoup plus toute la missiologie ecclésiale, comme le suggère l’usage du verbe visiter (episkeptomai) dans le discours de Jacques en Ac 15, 14.
[8] A. Eldar, « Go tell it to the moutain », Ha’Aretz, 20.04.2000, B5.
[9] Cf. « In Sinagoga c’è la fede di Gesu », in : Amizia ebraico-cristiana. Bollettino a cura dell’Amicizia ebraico-cristiana di Firenze, nuova séria XXXIV, 1-2, janv.-juin 1999,13-14.
[10] Nous ne pensons pas devoir nous occuper sérieusement ici de l’hystérisme de ces « catholiques » qui, confondant la véritable catholicité de l’Église avec une sorte de culte païen d’une « déesse Rome catholique », lancent des accusations délirantes contre ceux qui, dans l’Église – qu’il s’agisse d’évêques ou du Pape même – reconnaissent en Jérusalem le mystère originel, source de la foi chrétienne. S’il est vrai que l’Église respire avec ses deux poumons, ceux des Églises d’Orient et d’Occident, aucun chrétien ne met en doute que le centre de l’Église Mère demeure l’Église apostolique de Jérusalem et que, à Jérusalem, bat le cœur de toutes les Églises.
[11] Les avertissements sévères par lesquels Dieu reprend son peuple et ses rois à cause de leurs péchés ne portent nullement atteinte aux promesses et à la formule d’Alliance de yhwh avec Israël : « Je suis votre Dieu et vous êtes mon peuple. » Dieu est avec Israël et aussi avec l’Église, cela avant tout dans leur état de pécheurs qu’il réprouve sévèrement, mais dont il veut les libérer. L’élection est totalement gratuite et dépend du Seigneur, non de la plus ou moins grande sainteté du partenaire humain. Cf. les réquisitoires de bien des prophètes contre les péchés de Samarie et de Jérusalem, comme aussi celui de Nathan face au roi David dans l’épisode de son adultère avec Bathsabée (2 S 12, 1-14).
[12] Cf. Th. O’Dwyer, « Shalom, haver hadash » (« Shalom, nouvel ami »), Ha’Aretz 27.3.2000, 3.
[13] Le rôle des média, dans ce cas, a été providentiel : télévision et internet. La population israélienne est restée suspendue à la TV pendant tout ce temps. Un ami juif en a enregistré 14 vidéo-cassettes.
[14] Certaines revues d’information n’ont pas eu la perspicacité de remarquer cette modification, petite mais significative, dans le texte laissé par Jean Paul II à Jérusalem, et exposé maintenant dans la dernière vitrine du musée de Yad Vashem ; elles ont simplement copié le texte du 12 mars, comme par exemple La Documentation Catholique, n° 224, du 6.4.2000, 384. Le petit signe de croix fugace dont le Pape a accompagné le billet avec la prière placée dans la fissure du Mur est apparu comme un geste qui lui est si familier, lui ayant échappé dans l’émotion du moment. Nous n’avons pas entendu dire que quelque juif en ait été offensé.
[15] J. Phillips. « The mystery of the seven murdered monks » : The Tablet, 20.5.2000, 664.