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Chercher Dieu... Quel Dieu chercher ?

Paul Aymard, o.s.b.

N°2001-3 Mai 2001

| P. 197-205 |

Un peu comme pour une « lectio divina », cette conférence spirituelle du P. Aymard nous oriente vers la droite recherche de Dieu, du Dieu de Jésus- Christ. Sans doute a-t-on trop souvent caricaturé le « Dieu terrible » qui se révèle dans la Première Alliance et opposé celui-ci au « Dieu tendresse » qui serait le propre de l’Évangile, manquant ainsi le mystère et de la Justice et de la Miséricorde. On le sait, aucun disciple de saint Benoît ne se trompe quand il lit dans sa règle : « Amore Deum timeant » (c.72, 9). Il reste pourtant toujours nécessaire de réformer nos images de Dieu qui se révèle à nous comme le Tout Autre et le Tout Proche.

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Être en état de désir

À qui désire entrer au monastère pour partager la vie des Frères qui s’y trouvent déjà, Benoît demande essentiellement qu’il « cherche vraiment Dieu ». Chercher Dieu avant tout, tel est le programme, tel est le propos offert à chacun. « Si tu veux, entre, sinon tu es libre, retire-toi. » Mais en fait les choses ne sont peut-être pas aussi simples. Chercher Dieu, très bien, mais « chercher », qu’est-ce que cela veut dire ? Et quel est ce Dieu que l’on cherche ? Et qu’est-ce que l’on découvre, lorsque l’on a trouvé ? Et comment savoir que l’on a bien trouvé ?

Il s’agit donc de chercher, de ne pas se satisfaire de ce que l’on a déjà ; il faut être en état de désir, de vouloir, d’attente, voire de curiosité. Mieux encore, il faut être sans cesse tendu vers l’avant, selon le mot capital de saint Paul dans sa lettre aux Philippiens :

« Non que j’ai déjà trouvé, mais je m’élance pour tâcher de saisir, car j’ai déjà été saisi moi-même. Mon seul souci dès lors, oubliant le chemin parcouru et tendu vers l’avant, je m’élance vers le but, en vue du prix attaché à l’appel d’En-Haut » (Ph 3,13).

Et Paul de proposer l’exemple du coureur sur un stade qui s’élance pour parvenir à la victoire, gagner la course et recevoir la palme. Pour un moine, le prix c’est Dieu lui-même. Mais si l’on veut le mériter, il faut évidement avant tout le chercher.

Chercher Dieu est une expression familière aux écrivains bibliques, qui l’emploient d’une manière souvent très suggestive, tel Isaïe :

« Mon âme aspire à toi durant la nuit ; mon esprit te cherche au-dedans » (Is 26, 19). « Je n’ai pas parlé en cachette, dans un coin ténébreux de la terre, dit Dieu ; je n’ai pas dit à la descendance de Jacob : Cherchez-moi dans le vide ! » (Is 45,19). « Je me suis laissé rechercher par ceux qui ne me consultaient pas ; je me suis laissé trouver par ceux qui ne me cherchaient pas » (Is 65,1).

Si l’homme peut chercher Dieu, c’est que déjà Dieu le cherche en premier. Le livre des Chroniques l’évoque avec bonheur :

« Le Seigneur sonde les cœurs et discerne toute pensée. Si tu le cherches, il se laissera trouver par toi ; mais si tu l’abandonnes, il te rejettera pour toujours » (1 Chr 28,9).

Citons encore le Deutéronome :

« Vous chercherez le Seigneur votre Dieu et vous le trouverez si vous le faites de tout votre cœur, de toute votre âme » (Dt 4,29).

Mais c’est bien sûr dans les Psaumes que fleurissent les invocations les plus pressantes :

« Tu n’abandonnes jamais ceux qui te cherchent. De tout mon cœur, je te cherche. Au temps de ma détresse, j’ai cherché le Seigneur. J’ai cherché le Seigneur, et il m’a répondu. Je cherche ta face, Seigneur. »

Dès lors, qu’est-ce qu’un croyant, qu’est-ce qu’un fidèle, qu’est-ce qu’un observateur de la Loi ? Celui qui cherche Dieu et obéit à sa parole. Qu’est-ce qu’un impie ? Celui qui ne cherche pas Dieu et se suffit à lui-même.

Courir dans la lumière

La Règle de Benoît, plus encore que de recherche, va parler de hâte, de course, de poursuite de celui que l’on désire. Le texte du Prologue est tout à fait remarquable dans ses trouvailles d’expression :

« Levons-nous, l’Écriture nous y invite. Voici l’heure de sortir de notre sommeil. Courez tant que vous avez la lumière de la vie, avant que ne vous surprennent les ténèbres de la mort. »

« Cherchez la paix, poursuivez-la ! Quoi de plus fascinant que cette voix du Seigneur qui nous invite ? »

« La tente du Roi, si vous voulez y parvenir, il faut y courir par votre vie d’amour. (...) Si nous voulons parvenir à la vie éternelle, courons tant que nous sommes en ce corps et que cela est possible à la lumière de la vie. Hâtons-nous de l’accomplir dès maintenant. »

« À mesure que l’on avance dans la vie monastique et dans la foi, le cœur se dilate et, dans l’indicible douceur de l’amour, on court sur la voie des commandements de Dieu. »

Se hâter, courir, se presser ! étonnantes propositions faites à des hommes soumis au vœu de stabilité et qui sont invités à passer toute leur vie dans le cloître ; et certains, effectivement en sortiront bien peu. Pourtant le thème revient un peu partout dans la Règle. Au chapitre 5 sur l’obéissance, nous lisons :

« Dans l’agilité que donne la crainte de Dieu, il faut suivre au pas allègre de l’obéissance la voix de celui qui commande. »

Au chapitre 7 sur l’humilité :

« Il faut parvenir promptement à cette exaltation céleste où l’on monte par l’humilité de la vie présente. »

Et au chapitre 73, le dernier, il est question du « moine qui se hâte vers la patrie céleste ». Courir, s’élancer, se presser, parvenir promptement, tels sont donc pour la Règle les modes de recherche de Dieu.

Saint Augustin a un langage semblable pour parler du désir et de la quête de Dieu. Peut-être d’ailleurs a-t-il marqué de son influence certains passages de la Règle bénédictine, qui a puisé à bien des sources. Relevons quelques lignes :

« Lorsque j’appelle Dieu à mon secours et qu’ainsi je commence à m’élancer vers lui et vers les réalités les plus réelles qui soient, je me sens tellement comblé par la saisie nouvelle des choses immuables, que je m’étonne d’avoir besoin de raisonner pour croire à la réalité de ces choses » (Lettre à Nébridius).

« J’étais emporté vers toi par ta beauté, mais bien vite déporté violemment loin de toi par mon poids » (Conf. VII).

« Parfois tu me fais entrer dans un sentiment extraordinaire au fond de moi-même, jusqu’à je ne sais quelle douceur qui, si elle est parfaite en moi, sera je ne sais quoi que cette vie ne sera pas » (Conf. X).

À cet homme de désir qu’est le moine, à cet être qui court, se hâte, se presse, s’élance tendu vers l’avant, il faut maintenant poser la question : Où cours-tu si vite ? Que cherches-tu avec tant de passion ? Et lui, faudrait-il qu’il réponde naïvement : Je ne sais pas, mais je suis très pressé ! Où court le moine de Benoît ? Effectivement, il ne le sait pas encore, pas plus que le petit Samuel ne savait d’où venait la voix qui l’appelait de nuit dans le Temple. Du moins, ce dont est sûr le moine, c’est qu’il y a un appel, qu’il faut courir, que le temps passe, que les heures de cette vie sont brèves, et que, au terme, quelqu’un l’attend. Alors, qui est ce « quelqu’un » ? Quel est le Dieu qu’il cherche ? Qu’en dit Benoît ?

Le Dieu qui regarde l’homme

Il faut bien reconnaître dans un premier temps, que la Règle paraît singulièrement décevante. Que met-elle sous nos yeux ? Un Dieu lointain, distant, un Dieu qui vous regarde de haut, sans se découvrir lui-même, attentif à relever les moindres manquements de notre vie, un Dieu soupçonneux qui vous fait craindre le jugement. Ainsi au chapitre septième, nous lisons :

« Plaçant sans cesse la crainte de Dieu devant les yeux, l’homme doit fuir absolument tout oubli et se remémorer toujours ce que Dieu lui prescrit, se gardant à toute heure de ses péchés et de ses vices. L’homme se sent regardé par Dieu du haut du Ciel à toute heure, sentant que ses actes sont vus par le regard de la divinité en tout lieu. » Et encore : « Le Seigneur connaît les pensées de l’homme. » Et aussi : « Le Seigneur du haut du Ciel jette constamment les yeux sur les fils d’Adam pour voir s’il en est un de sensé, un qui cherche Dieu. »

Le Prologue faisait déjà allusion au Père courroucé qui pourrait un jour déshériter ses fils indociles et au Maître jaloux qui, irrité lui aussi de nos refus, livrerait à la peine éternelle les mauvais serviteurs qui refuseraient de le suivre à la gloire. Tous ces propos, on le voit, ne sont guère réjouissants. N’y a-t-il donc rien d’autre ? Rentre-t-on au monastère pour suivre un tel programme ? Dieu ne serait-il que cela ?

Qu’est-ce que Dieu ? Certes Jésus nous dit bien qu’il est Celui qui voit dans le secret, mais il le fait comme un Père qui accueille, qui écoute, qui patiente, il est Celui dont l’attention et la tendresse s’étendent aux lys des champs et aux oiseaux du ciel. Plus que tout, le Père est Celui qui cherche des adorateurs en esprit et en vérité, dans une intimité que seul le Fils connaît, en désirant intensément nous la faire partager. « Le Père est toujours avec moi ; le Père et moi, nous sommes un » (Jn 10,30). Dès lors, la Règle de Benoît n’aurait-elle rien retenu de ce qui fait le cœur et le sommet de l’Évangile ? Va-t-elle seulement en rester au schéma du Deutéronome : Si tu fais bien, tu seras récompensé ; si tu te conduis mal, tu seras puni ? Et surtout, fais attention, Dieu te voit partout !

Le Père miséricordieux

Mais la Règle sait aussi nous lancer sur de vastes perspectives. Le premier des « instruments spirituels » ne dit-il pas, cœur de la Bible et cœur de l’Évangile :

« Avant tout, aimer le Seigneur Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit. »

Et si un nouveau Frère vient se placer sous un Supérieur en toute obéissance, c’est bien à cause de cet amour de Dieu (ch. 5 et 7). Ainsi la démarche des Frères n’est pas animée d’abord par la crainte, ni par un refus de prendre en charge sa vie, mais dans l’espérance que le Supérieur sera pour lui le signe et le chemin pour parvenir à découvrir cet unique amour de Dieu. Dans la Règle, cet amour s’habille du mot de miséricorde. C’est là que la Règle détient une sagesse qui passe l’imagination. Ne pose-t-elle pas comme le dernier « instrument spirituel », on pourrait dire, comme la suprême « technique » pour trouver Dieu : Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu ! Tous les faux pas, toutes les erreurs, toutes les illusions sont permises, pourvu que demeure cette dernière certitude, cette suprême et seule sagesse : Ne pas désespérer de la miséricorde du Père céleste ! Lui fait pendant, le fameux mot de saint Paul aux Philippiens : « Ne soyez inquiets de rien. » Il ne s’agit évidemment pas pour le moine d’avoir la tête folle et d’être négligent, mais de compter précisément sur la seule miséricorde divine et non sur ses forces et ses efforts humains. Cette miséricorde va se manifester plus spécialement dans l’accueil des hôtes et des pauvres. Lorsqu’on leur lave les pieds, selon la coutume d’alors, toute la communauté chante : « Nous avons reçu, Seigneur, ta miséricorde au cœur de ta demeure. »

Mais plus encore, c’est avec les Frères en faute que celle-ci doit apparaître.

« Que l’abbé, écrit Benoît, imite la tendresse du Bon Pasteur qui, laissant dans le désert les quatre-vingt-dix-neuf brebis, alla chercher dans le désert l’unique qui s’était égarée ; et il compatit tellement à sa faiblesse, qu’il voulut bien la charger sur ses épaules sacrées et la ramener ainsi au bercail » (ch. 27).

Mais nous n’avons là que l’écho de la parole de Jésus que Benoît n’a évidemment pas oubliée : « Soyez miséricordieux, comme votre Père céleste est miséricordieux » (Lc 6, 36). Quel est donc le Dieu qui est proposé à la recherche du moine ? Celui qui fait miséricorde, le Père miséricordieux.

Plus encore que celui de miséricorde, un autre mot, fondamental, vient révéler le fond du mystère de Dieu pour Benoît, celui de vie. Dès le Prologue de la Règle, la voix de Dieu se fait entendre et dit : « Avant que vous m’invoquiez, je dirai : “Me voici !” Quoi de plus doux, Frères très chers, que cette voix du Seigneur, qui nous invite ? Voici que dans sa tendresse le Seigneur lui-même nous montre la voie de la vie. » Le mot ensuite va affleurer un peu partout, reprenant d’ailleurs tel ou tel mot de Jésus. Ainsi dans l’assurance qu’il donne : « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il vive. » Alors, quel Dieu chercher ? Mais le Dieu vivant, le Dieu source de vie, et la lumière que la Règle nous propose n’est donc que pour conduire le moine au Dieu qui est la vie.

« Levons-nous donc enfin, l’Écriture nous y invite : Voici l’heure de sortir du sommeil. Les yeux ouverts à la lumière qui divinise, courons tant que nous avons la lumière de la Vie. »

Le Dieu vivant

Car ce qui existe en fait, ce qui est dans l’existence réelle, c’est la vie. Même la poussière des étoiles ou celle du sable au bord de la mer, n’a de sens que par rapport à la vie. L’univers est un univers vivant, un univers pour la vie. Pourquoi ? tout simplement parce que la Vie est le nom premier de Dieu, si nous en croyons la Révélation et jusqu’au dernier livre de la Bible.

« Ne crains pas, je suis le premier et le dernier, le vivant. Au vainqueur, je donnerai à manger de l’arbre de la vie. Les quatre vivants dans le Ciel rendaient gloire, honneur, action de grâce à Celui qui siège sur le trône, le Vivant pour les siècles des siècles. J’aperçus encore un ange monter de l’Orient, il tenait à la main le sceau du Dieu Vivant » (Ap, passim).

Tel est le dernier mot de la Bible sur Dieu. Alors, chercher Dieu, qu’est-ce que c’est ? C’est vouloir la vie qui est en Dieu, la vie que Dieu est, la vie éternelle.

Tel est bien le propos de Benoît dès le Prologue de la Règle :

« Le Seigneur se cherchant un ouvrier parmi la multitude demande en insistant : “Quel est l’homme qui veut la vie et aspire à des jours heureux ?” Si tu entends et réponds : “C’est moi !” Dieu te dit : “Si tu veux la vie, la vie vraie et éternelle, garde ta langue du mal, cherche la paix et poursuis-la !” Quoi de plus doux, Frères très chers, que cette voix du Seigneur qui, dans sa tendresse, veut nous montrer lui-même le chemin de la vie ? »

Dès lors, s’il y a un code dans la Règle de Benoît, s’il y a des prescriptions, des exigences, elles ne seront jamais qu’au service de cette recherche de la vie, de cette découverte du Dieu vivant. L’ascèse et le dépouillement n’auront jamais de sens par eux-mêmes, mais pour atteindre plus aisément le but, cette vie, tel le coureur du stade évoqué par saint Paul qui ne s’embarrasse pas du superflu. Mais s’il se soumet à nombre de privations, c’est pour remporter le prix, la victoire qui est au bout de la piste, répétons-le.

La vigne, pour croître, doit être émondée ; le sarment, pour porter beaucoup de fruit, doit être taillé. Ainsi le demande Jésus qui, d’ailleurs, ne fait que suivre les lois élémentaires de la vie agricole : « Tout sarment qui porte du fruit en moi, mon Père l’émonde pour qu’il en porte davantage » (Jn 15,2). Tel est bien, pour Benoît, la visée du chapitre qu’il propose pour le carême, c’est-à-dire pour la montée vers Pâques. Son texte n’a qu’un but : conduire le moine à désirer la Sainte Pâques dans une vraie joie spirituelle. Certes nul ne peut bien dire ce qu’est Pâques, c’est-à-dire ce qu’est la Résurrection, ni qui est le Christ ressuscité. Avec quel corps ressuscite-t-on, se demande saint Paul ? Du moins une chose est sûre, Jésus est vivant pour toujours dans la mystérieuse vie qu’il partage avec le Père ; et c’est à elle que le moine est convié. Comme tout homme d’ailleurs ! mais le moine se doit d’en avoir une conscience plus aiguë, c’est là sa vocation.

La tente du Roi

Il nous faut donc chercher le Dieu vivant, mais où ? Chez lui, nous dit Benoît, qui reprend l’image biblique dans tout son pittoresque, chez lui, c’est-à-dire dans sa tente : « La tente du Roi, si nous voulons y habiter, il faut y courir par nos actions droites. À qui pose la question : “Seigneur, qui habitera sous ta tente ?” Le Seigneur répond en ouvrant lui-même l’accès à sa tente. » La tente de Dieu, qu’est-ce à dire, cette tente que lui-même nous ouvre ? C’est bien sûr sa Parole ; c’est bien sûr tout ce qui va faire la vie de prière, silencieuse ou commune ; c’est bien sûr encore la vie fraternelle ; c’est enfin l’accueil amical de tous ceux que Dieu vient mettre sur le chemin des Frères.

La tente divine, c’est peut-être plus que tout l’attrait que sa grâce met en chacun à des moments de silence exceptionnels, tels que les évoque le chapitre vingtième, sur le respect dans la prière : « L’oraison doit être brève et pure, à moins qu’elle ne se prolonge sous l’effet de la grâce divine. » Dès lors, le Dieu que cherche le moine est le Dieu qui parle au cœur, quand celui-ci oublie tout le reste et d’abord s’oublie soi-même. Mais Benoît a bien souligné que cela n’est possible que sous l’attrait de la grâce divine ; il ne s’agit pas d’une simple ascèse humaine, même si celle-ci peut être le préambule indispensable. Alors le Frère parviendra à ce que saint Paul évoque si bien : « Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, voilà ce que Dieu a préparé pour celui qui l’aime. »

Il reste à relever, à propos de cette recherche de Dieu, un mot qui domine l’Évangile de Jean et qui, pour lui, donne tout le sens de la vie de Jésus, celui de gloire. Benoît l’évoque quand il parle de l’oratoire du monastère : « Une fois accompli le service de Dieu, que tous les Frères sortent dans le plus grand silence et que la gloire de Dieu remplisse l’oratoire. » Certes, plus encore que le lieu, c’est le cœur du moine que doit remplir la gloire de Dieu, comme elle remplissait celui du Christ. « Père, glorifie ton Fils, pour que ton Fils te glorifie » (Jn 17, 1). Mais cette gloire doit aussi nous revenir : « Père, que la gloire que tu m’as donnée, soit en eux » (Jn 17, 22). Ainsi prie Jésus, juste avant de mourir, et Benoît ne l’a pas oublié, lui qui veut que « en toutes choses, Dieu soit glorifié », même dans les plus modestes, comme les transactions commerciales ; car c’est à propos d’elles qu’il a cette expression heureuse. Mais si Dieu l’est à ce moment là, c’est bien évidemment qu’il occupe le cœur du moine aux heures de sa prière.

Paul Aymard est né en 1927. A été tour à tour moine à l’abbaye de la Pierre-qui-Vire, au prieuré de Masina Maria à Mahitsy (Madagascar), enfin au prieuré St-Benoît de Chauveroche (près de Belfort). S’est investi dans les questions œcuméniques, à la suite de Vatican II (membre durant six ans du Groupe des Dombes). A écrit différents ouvrages dont le dernier, Petite vie de St-Benoît (DDB) a connu plusieurs éditions et traductions.

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