Spiritualité chrétienne à l’Université de Pékin
André Cnockaert, s.j.
N°2000-5 • Septembre 2000
| P. 314-324 |
Sur le mode, un peu inhabituel dans notre revue, d’un récit d’une collaboration entre deux groupes de chercheurs belges et chinois, ces pages illustrent admirablement le rôle spécifique que peuvent jouer, dans la reconnaissance mutuelle des grandes religions, l’étude des traditions spirituelles dans leurs modalités « mystiques ». Que la vie consacrée, ici illustrée par celle du chanoine régulier Jan Ruusbroec, soit toujours convoquée « par les sommets » à cette tâche capitale pour notre XXIe siècle de la rencontre des religions, Vita consecrata nous l’avait rappelé (VC, 100-103). Souhaitons qu’elle y soit fidèle.
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Pour beaucoup, penser « Chine » c’est penser « Tienanmen » : la répression sanglante à Pékin des manifestations estudiantines réclamant la libéralisation du régime communiste chinois. On sait, par ailleurs, Organisation Mondiale du Commerce oblige, que cette répression féroce n’empêcha pas, par la suite, le développement en Chine d’une économie de marché, mais qu’elle bloqua par contre l’ouverture du régime vers plus de liberté d’expression et de respect des droits de l’homme.
Cependant, une expérience récente de rencontre entre professeurs et étudiants d’universités belges et chinoises permet quelque espoir qui mérite de recevoir une certaine diffusion dans le monde chrétien. C’est à celle-ci que s’attachent les quelques pages qui suivent.
Depuis quelques années, il existe un projet d’échange entre les départements de philosophie de l’Université de Pékin et le département d’études chinoises de l’Université Catholique (flamande) de Louvain (K.U.L) [1]. Comme les autorités chinoises avaient exprimé le désir que le projet associe plusieurs universités belges, la K.U.L. proposa au département de philosophie des Facultés Universitaires Saint-Ignace d’Anvers (U.F.S.I.A.) de s’y joindre. Le projet prévoit un échange de professeurs, de chercheurs et d’étudiants et porte en anglais le titre de « Comparative Philosophy China-Europe ». Dans ce cadre, quatre professeurs chinois firent d’abord un séjour bref à Louvain tandis que deux professeurs et une étudiante de Louvain purent faire un séjour en Chine durant lequel ils échangèrent librement avec leurs collègues sur différents sujets de recherche en philosophie et religions comparées. L’expérience fut considérée en Chine comme suffisamment positive pour permettre de faire un pas supplémentaire. Trois professeurs du département de philosophie de l’Université de Pékin reçurent la permission d’un séjour d’études de trois mois en Belgique. Deux d’entre eux furent invités à travailler au département de philosophie de la K.U.L. Le troisième, se disant intéressé plus spécialement par la pensée chrétienne du Moyen Âge, fut dirigé vers l’U.F.S.I.A. d’Anvers. Il existe en effet, associé au département de philosophie de ces facultés universitaires, un centre de recherche jésuite spécialisé dans les grands auteurs spirituels (mystiques) rhéno-flamands.
Ce Centre s’appelle la Société Ruusbroec, d’après le nom du grand écrivain mystique bruxellois. Cet obscur prêtre, d’abord vicaire de la cathédrale de Bruxelles et ensuite ermite et chanoine régulier dans la forêt aux alentours de la ville, vécut de 1293 à 1381. Il est l’auteur de onze traités « mystiques », tous écrits à l’origine en langue vernaculaire, le brabançon de l’époque. Il faut savoir, en ce qui nous concerne ici, que ce Jean de Ruusbroec est considéré comme un des auteurs spirituels les plus puissants d’Occident ; inégalé dans sa phénoménologie de la vie spirituelle. La Devotio Moderna des Frères de la Vie Commune - avec notamment l’Imitation de Jésus Christ de Thomas a Kempis qu’Ignace de Loyola appréciait tant -, compte Ruusbroec parmi ses maîtres directs. Les écrits de ce maître incomparable - il est surnommé Ruusbroec l’Admirable et fut béatifié- étaient à tel point fréquentés dans la jeune Compagnie de Jésus qu’au moment où s’exprimèrent au XVIIe siècle, des réserves à l’égard d’une prière affective [2] et contemplative, le Père Général Mercurian (4. successeur d’Ignace) jugea prudent de les mettre sur la liste des lectures prohibées... ! Plus près de nous, il peut être intéressant de savoir que le fameux Secrétaire Général de l’O.N.U., Dag Hammarskjöld, dont la profondeur de la vie spirituelle fut révélée au monde après sa mort accidentelle, fréquenta assidûment l’œuvre du maître et en fit même cadeau à plusieurs diplomates de haut rang et notamment aussi à Ben Gourion alors premier ministre de l’État d’Israël [3]...
Les membres de la Société Ruusbroec, dont certains avaient déjà fait des séjours en Asie en vue d’études comparatives de spiritualité chrétienne et de spiritualités orientales, furent néanmoins fort étonnés de l’intérêt manifesté par le professeur Zhang Xianglong pour leur discipline et pour l’œuvre de cet auteur brabançon. Un entretien exploratoire apporta peut-être un premier éclaircissement : « En Chine, disait le professeur, nous ne connaissons, depuis Confucius à Mao, que des “moralistes”, nous ne savons pas vraiment ce que c’est que la religion et l’expérience spirituelle. » D’autres confidences s’y ajoutèrent. Questionné sur la raison de son intérêt pour la pensée chrétienne du Moyen Âge, le professeur fit remarquer qu’il était particulièrement intéressé « par le rôle que joua la religion chrétienne dans l’édification de la société occidentale au Moyen Âge »...
Mais, ce qui est peut-être, d’un point de vue chrétien, le plus intéressant, c’est que ce spécialiste, qui avait auparavant étudié le bouddhisme, se montra particulièrement intrigué par le caractère personnaliste de la spiritualité chrétienne.
L’expérience mystique, et les témoignages littéraires qui l’expriment, n’est pas, en effet, un phénomène particulier au christianisme. On le rencontre dans toutes les cultures et toutes les religions à travers l’histoire. Mais nulle part ailleurs (à l’exception naturellement des autres « religions du Livre ») cette expérience n’est vécue et exprimée d’une manière si personnelle, comme relation d’amour entre Dieu et l’homme. Dans la spiritualité chrétienne, en particulier, tout se concentre autour de la découverte par l’homme qu’il est aimé de Dieu et capable d’aimer en retour. La relation entre Dieu et l’homme est bel et bien une histoire d’amour. C’est la base de notre foi et le principe et fondement de toute vie spirituelle. S’il y a une « différence » entre l’homme de foi ordinaire et celui qui reçoit la grâce d’une expérience dite mystique, elle consiste précisément dans le fait qu’il est donné au mystique de vivre d’expérience (parfois seulement un bref instant) cette rencontre amoureuse entre Dieu et l’homme. En fait il lui est donné de prendre conscience de ce que tout chrétien est par son baptême : fils dans le Fils, participant de la vie divine. Comme nous le lisons en saint Jean dans le discours d’adieu : « Jésus répondit : si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure » (Jn 14,23).
Il n’est donc pas étonnant que le professeur Xianglong Zhang ait choisi comme domaine de recherche durant son séjour à la Société Ruusbroec l’étude approfondie de ce qui est considéré comme le chef d’œuvre du maître : L’Ornement des Noces spirituelles. Rien que ce titre exprime déjà l’essentiel de la problématique qui intriguait le chercheur chinois. Le travail put se faire sur base de la plus récente des publications scientifiques de l’œuvre qui présente en regard une traduction anglaise [4].
Le résultat de cette recherche parut en anglais dans la revue du Centre [5] sous le titre significatif : « The Meeting in Ruusbroec’s Spiritual Espousals ». Ironie paradoxale et bel exemple d’un dialogue « inter-confessionnel » ! Une des revues les plus spécialisées de spiritualité chrétienne publiant un article d’un professeur officiellement communiste et athée de la plus importante université de Chine Populaire... !
L’auteur de l’article fait preuve d’une compréhension remarquable des fondements de la spiritualité chrétienne et rend compte avec une grande clarté même de ce qu’il y a de plus particulier dans la pensée du maître, notamment sa conviction intime que chaque homme porte en lui la possibilité d’accéder à la vie spirituelle et contemplative :
Tout ce que Ruusbroec a écrit, littéralement tout, se situe autour de la notion de rencontre (...). La possibilité de la rencontre avec Dieu (Christ) se trouve en chaque homme et est commune à tous (...). Ruusbroec insiste sur le fait qu’il y a en chacun un point de contact immédiat entre Dieu et soi-même et que certains peuvent l’éprouver d’expérience.
Cela présuppose une anthropologie qu’il serait trop long à détailler ici mais dont le fondement est résumé par l’auteur d’une manière concise et très pertinente :
En fin de compte, ce n’est pas dans la Nature que nous existons, mais dans l’union avec Dieu. (We ultimately hang not in nature but in unity with God.)
En effet, contrairement aux courants théologiques (réflexion rationnelle sur les données de la foi) qui ont plutôt tendance à insister sur l’impossibilité de la « connaissance » de Dieu ici sur terre, les écoles spirituelles proclament avec force :
« Love wants to move on, where intelligence remains outside » (Là où l’intelligence s’arrête, l’amour veut pousser plus loin).
Le professeur consacre aussi beaucoup d’attention à un des grands problèmes de la vie spirituelle chrétienne : celui qui tend à articuler (si souvent en les opposant) activité et passivité. L’oraison contemplative infuse, l’expérience passive de Dieu présent - par définition « sans intermédiaire » – suspend-elle en l’homme, ainsi visité, tout activité des sens ? La contemplation exclut-elle l’action ? Jésus aurait-il condamné Marthe pour privilégier Marie ? Ruusbroec consacre à ce débat des pages splendides en fin des Noces, notamment en vue de combattre les fausses mystiques dont l’idéal réside e.a. dans le « désœuvrement ». Le professeur Xianglong Zhang fait ressortir combien Ruusbroec l’Admirable fait preuve à ce sujet d’une pensée remarquablement équilibrée et harmonieuse. Elle conçoit chez l’homme de prière, vivant l’union divine, comme un flux et reflux incessant à l’image même de la vie trinitaire. La manière dont Ruusbroec exprime cette antinomie à propos de ceux qui ont atteint un degré plus élevé de l’oraison contemplative est un bel exemple de la limpidité de son style et de la clarté de ses exposés :
L’homme intime est établi dans sa vie grâce à (ces) deux modes, à savoir le repos et les œuvres.
En chacun d’eux, il est tout entier et sans division, car il est tout entier en Dieu où il repose dans la fruition, et il est tout entier en lui-même où il aime avec des œuvres. (...)
De cette façon l’homme est comme il convient qu’il soit : il s’approche de Dieu par amour intime et par des œuvres qui ne cessent jamais ; il est uni à Dieu avec un penchant fruitif dans un repos éternel ; et il demeure en Dieu, tout en sortant vers toutes les créatures, avec un amour de communion, avec les vertus et la justice. (...)
De cette façon, nous demeurons éternellement au-dedans, nous nous écoulons toujours au-dehors, et nous nous recueillons sans cesse, retournons au-dedans. Ainsi sommes nous établis dans la véritable vie intime, en toute sa perfection... »
Le résultat fructueux de ce séjour permit de passer à l’étape suivante. Une bonne opportunité s’offrit au moment de la fête du centenaire de la fondation de l’Université de Pékin. À l’occasion de ce jubilé le département de philosophie eut l’idée d’organiser des journées d’études qui reçurent comme sujet en anglais « Christian Mystical Experience ». Celles-ci eurent lieu du mercredi 1er au vendredi 3 avril 1998. Elles furent entièrement consacrées à Jean de Ruusbroec et son œuvre sous la direction de trois chercheurs de la Société Ruusbroec d’Anvers, deux jésuites et un laïc. Chacun des trois spécialistes prit sur lui une journée. La matinée fut réservée à des exposés plus théoriques tandis que les après-midis furent consacrés entièrement à la lecture d’amples extraits de l’œuvre. Les principaux thèmes et sujets mis à l’ordre du jour étaient des plus pertinents : que faut-il entendre par vie et expérience mystique ? Présentation de la mystique chrétienne comme mystique spécifique de rencontre amoureuse entre Dieu et sa créature. Jean de Ruusbroec comme grand témoin de cette mystique de relation amoureuse. La position très spécifique de Ruusbroec à l’égard de la possibilité d’une expérience mystique dite « naturelle » [6]. Les participants étaient une centaine, professeurs et étudiants (premier, deuxième et troisième cycles de trois universités de Pékin) [7].
Les chercheurs d’Anvers se déclarent enchantés de l’accueil, mais surtout de l’intérêt évident du public et de la sagacité des questions posées après chaque conférence et durant les lectures de textes commentés (close readings). Il est difficile d’en rendre compte dans ce bref exposé car les questions conduisirent souvent à des échanges aux problématiques très spécialisées. Il fut notamment beaucoup question d’inculturation : la mystique relationnelle chrétienne n’est-elle pas le résultat d’une interprétation spécifiquement personnaliste chrétienne ? L’homme oriental de culture bouddhique, par exemple, n’exprime-t-il pas la même expérience en l’interprétant comme une coïncidence avec son moi le plus profond, au lieu de rencontre avec l’Autre ? De la part d’auditeurs orientaux, en principe non-croyants et peu au fait de la tradition de pensée judéo-chrétienne et grecque, on est étonné de trouver dans ces échanges une familiarité loin d’être superficielle avec beaucoup d’éléments de la Bible et de la tradition chrétienne, de Platon et du néo-platonisme. Le caractère personnaliste et relationnel de la mystique chrétienne aboutissant à une possibilité de rencontre amoureuse - de « noces mystiques » - entre la créature et son Créateur, reçut naturellement une attention particulière.
Le danger de rencontres de ce genre est réel : elles se passent généralement dans une atmosphère de grande cordialité d’où peut naître une certaine euphorie. Ensuite, les retombées sont plutôt maigres. Pour éviter cet écueil, les participants aux journées de Pékin prirent soin de prendre quelques résolutions susceptibles de prolonger l’influence de cette rencontre et des découvertes mutuelles qu’elle impliquèrent.
Après un premier article dans lequel ils rendraient compte de l’événement, deux chercheurs d’Anvers publieront un article dans lequel seront traités, d’une manière beaucoup plus fondamentale, les problèmes soulevés par les questions exprimées à propos de l’objet de leur recherche. Leurs conférences et leurs articles sont en voie d’être traduits en chinois ainsi que l’article du professeur Xianglong Zhang sur les Noces.
Une biographie de Ruusbroec, écrite par un des membres de la Société Ruusbroec, sera, elle aussi, traduite et éditée en Chine, tout comme une étude comparative importante entre spiritualité bouddhique et chrétienne [8].
Mais ce qui est le plus encourageant c’est que la partie chinoise s’est mise à la traduction des textes du maître. Les chercheurs disposeront ainsi du texte dans leur langue et ne devront pas recourir uniquement à la traduction anglaise. Un petit ouvrage important de Ruusbroec, le Livre des éclaircissements, est déjà mis en chantier. Pour des ouvrages plus volumineux comme les Noces Spirituelles, les subsides manquent encore mais l’enthousiasme du professeur et chercheur Xianglong Zhang ne se démentira pas.
Depuis qu’au XVIIe siècle les savants jésuites, mathématiciens, astronomes, géographes, séjournèrent à la cour impériale de Pékin, l’histoire de la rencontre de la Chine avec l’Occident et avec le christianisme est passée par bien des drames et bien des ruptures tragiques, mais l’attrait mutuel refait toujours surface. Qui eût osé croire aujourd’hui que l’histoire reprendrait notamment par l’attrait de quelques philosophes, chercheurs et étudiants pour les sommets de la spiritualité chrétienne au Moyen Âge ? À une époque où l’on parle beaucoup de modernité et même de post-modernisme et où toutes les relations entre États et peuples semblent dominées par l’appât du gain et la recherche de richesses matérielles, cette « voie spirituelle » serait-elle une voie stérile ou au contraire annonciatrice de nouveaux cheminements qui pourraient se développer au siècle prochain ? Malraux n’a-t-il pas dit un jour : « Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas » [9] ?
Le Père André Cnockaert (1937), originaire de Gand, est entré dans la Compagnie de Jésus en septembre 1954. Ordonné prêtre en 1967, il a commencé l’étude de la philologie romane à l’UFSIA d’Anvers en 1968 et a obtenu la licence à Lovanium au Congo Zaïre. Depuis lors il a toujours travaillé en Afrique. Il a été longtemps préfet des études au collège Boboto (Kinshasa). Pendant ce temps il s’est intéressé particulièrement à la littérature francophone des peuples africains ; il a donné des cours sur ce sujet à des étudiants en philosophie (et publié un petit livre : Littérature Négro-Africaine Francophone. Panorama Historique et Choix de Textes, collection Boboto C.R.P., 1986). Entre 1992 et 1998, il était Recteur du collège Alfajiri à Bukavu. Pendant ces années mouvementées, il a hébergé beaucoup de réfugiés et il est parvenu à faire fonctionner le collège malgré des immenses difficultés. À partir d’octobre 1998, il a profité d’une année sabbatique pendant laquelle il s’est particulièrement intéressé à la spiritualité chrétienne du Moyen Âge. Reparti au Congo en octobre 1999, il est maintenant responsable du centre culturel au collège Boboto à Kinshasa.
[1] La « Beijing University » (Beijing Daxue) est l’héritière de la « Metropolitan University » (Jing Chi Daxue Tang) fondée en 1898 et est considérée en ce moment comme l’institution universitaire la plus prestigieuse de la République Populaire de Chine. Son département de philosophie fut fondé en 1914 et les plus grands philosophes de Chine y enseignèrent.
[2] « Affectif » dans son sens étymologique du latin « affici », être affecté. La prière contemplative (mystique) ne s’acquiert pas par une action volontaire de l’homme mais par grâce « infuse » gratuite de Dieu.
[3] Hammarskjöld mourut en 1961 dans un accident d’avion lors d’un atterrissage manqué à N’Dolo (Zambie) alors qu’il se rendait à Lubumbashi pour négocier la fin de la sécession katangaise. On trouva sur lui un exemplaire de l’Imitation de Jésus-Christ. Plus tard fut publié un journal personnel sous le titre anglais de Markings (Jalons), révélant à travers des annotations d’une très grande concision, une vie intérieure insoupçonnée à cause de la très grande discrétion du personnage public qu’il était.
[4] Jan Van Ruusbroec, The Spiritual Espousals, Opera Omnia III, English translation by H. Rolfson. Coll. « Corpus christianorum ». Tielt and Leiden, 1988.
[5] Ons GeestelijkErf (Notre Héritage Spirituel) D72/2 1998 pp. 154-164.
[6] État de conscience mystique - de repos intérieur, de coïncidence avec son propre fondement - que l’homme peut atteindre à la suite de sa propre activité et non pas par irruption de la grâce. C’est de cette « mystique » qu’il est question par exemple aujourd’hui dans des mouvements du genre « New Age ».
[7] Nous nous référons aux comptes rendus parus ou à paraître dans la revue de la Société Ruusbroec.
[8] P. Verdeyen, s.j., Ruusbroec l’admirable, Cerf, 1990 ; P. Mommaers et J. Van Bragt, Mysticism Buddhist and Christian, New-York, 1995.
[9] Homme de culture, romancier et essayiste. Ministre de la culture dans les gouvernements De Gaulle. Incroyant lui-même, sa « boutade » est à lire dans un contexte de désillusion grandissante à l’égard des effets anti-humanistes du matérialisme moderne. Le théologien jésuite Karl Rahner lui fit écho un jour en déclarant : « Le chrétien de l’avenir sera mystique ou ne sera pas. » Il signifiait par là sa conviction profonde que dans le monde actuel et à venir nul ne pourra être chrétien sur base d’une insertion simplement sociale ; il faudra à chacun une conviction personnelle enracinée dans une vie d’expérience et de prière intégrée.