Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Éditorial

Jean Burton, s.j.

N°2000-1 Janvier 2000

| P. 5-7 |

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Que la vie consacrée, dans ses formes si gracieusement diverses, « ne puisse faire défaut à l’Église » (VC 29), voilà la promesse avec laquelle nous pouvons nous acheminer vers le troisième millénaire. Elle relève de la compréhension que l’Église a du don reçu de sa vie même et, tout uniment, de la conscience qu’elle a, d’avoir l’assurance spirituelle d’une réponse accordée à ce qu’elle reçoit.

Que les formes que cet accomplissement de la grâce baptismale a connu ne jouissent pas de cette pérennité accordée à l’Église, ces vingt siècles d’histoire nous l’enseignent à l’envi.

Ordres, Congrégations, Instituts... sont susceptibles de connaître toutes les vicissitudes propres à la vie : naissance, croissance, mort.

Mais là où s’arrête cette comparaison trop naturaliste, c’est au regard de ce qui est proprement spirituel de ce mouvement de l’histoire. Car l’histoire de l’Église, n’est pas premièrement un cycle de « hauts et de bas ». Peut-être faisons nous mieux de la considérer comme l’actualité toujours présente d’un Commencement dont la fracture de la mort même en signe l’inépuisable nouveauté.

N’est-il pas surprenant, et cette année qui « commence » le redit avec une « joie jubilante » où l’âme exalte le Seigneur et l’esprit exulte en son Sauveur, d’entendre résonner l’annonce d’une Année de Grâce où nous sommes conviés, à l’action de grâce eucharistique, « ...dans le Christ Jésus en vue des bonnes œuvres que Dieu a d’avance préparées pour que nous les exercions » (Ep 2, 10).

En ce qui concerne la vie de nos congrégations, peut-être proches, pour un certain nombre, de l’épreuve de l’effacement, n’est-il pas primordial de prier et de vivre ce moment dans l’actualité de ce Commencement ? Il s’agit de bien autre chose que d’une retraite, dans la résignation du « pour nous c’est terminé » ! Il s’agit d’un acte de vie signifiant, visiblement pour toute l’Église et le monde, la joie du « Amen. Viens, Seigneur Jésus » ! (Ap 22,20). N’est ce pas là, une dimension constitutive de la vie consacrée que les temps que connaissent nos sociétés du « premier monde » nous pressent d’offrir en témoignage ? Encore avons-nous à donner formes (avec un « s » car elles épouseront aussi les charismes propres) à cette attestation.

Que la vie consacrée me puisse faire défaut à l’Église » est notre seule assurance aussi lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre ce don actuel fait à l’Église en ce que d’aucuns aiment désigner comme « refondation ». Ici, tout aussi radicalement, il s’agit de se livrer à l’Esprit : « Resituer les charismes, restructurer les présences », tels sont les appels. Nous ne pouvons ici analyser ce que cela implique, mais il est clair que nous sommes convoqués, avec d’ailleurs les formes de consécration qui bourgeonnent çà et là où la communauté chrétienne fervente se laisse mettre en « mouvement », à nous situer résolument dans ce que proclamait Marc au 1 dimanche de l’Avent, « Commencement de l’Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu » (Mc 1,1). C’est à vivre à Sa Suite que nous nous sommes laissés consacrer.

Nous n’avons pas encore beaucoup parlé de la revue « Vie Consacrée » en ce contexte ! Les quelques éléments qu’apporte l’analyse de notre Enquête 2000 sont pourtant significatifs. On le lira, l’appréciation du lectorat qui a répondu, est nettement positive et nous invite à honorer la confiance qu’il manifeste. Sans doute, francophone et « occidentale » (sans oublier les nombreuses communautés à l’Est, en Afrique, en Orient et ailleurs), la Revue souffre-t-elle de la situation actuelle de la vie religieuse en ce « premier monde ». Ce qui nous convoque, en ce passage au 3e millénaire, est de l’ordre d’une fidélité à une mission : celle d’accompagner la vie consacrée et de lui proposer une nourriture diversifiée et de qualité. Nous sommes bien conscients de la nécessité de publier des textes de tonalité forte et dans une langue neuve. Des textes, aussi, qui adoptent des points de vue susceptibles de proposer à tous les fidèles ce que de manière singulière la vie consacrée signifie.

À cette tâche, nous voulons rester attentifs, créatifs, vigilants. Vous pouvez et vous devez nous y aider.

Ce sera une œuvre de communion où, en Église, chacun aura la joie de vivre sa vocation, sa consécration et sa mission dans la grâce toujours neuve de ce Commencement.

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