Éditorial
Jean Burton, s.j.
N°1997-1 • Janvier 1997
| P. 6-7 |
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Pour célébrer le 2 février comme journée de la Vie Consacrée dans l’Église universelle.
C’est une initiative heureuse de Jean-Paul II de nous donner ; en même temps que l’exhortation Vita Consecrata, de pouvoir témoigner dans nos églises, dans nos communautés, là où nous sommes, au plus obscur et au plus quotidien de la vie consacrée, du don qu’elle est pour l’Église universelle.
Certes, il faudra du temps et du courage pour honorer cette responsabilité. Et d’abord pour bien recevoir l’exhortation.
C’est d’ailleurs dans son caractère d’exhortation que nous pouvons puiser un premier enseignement. C’est une exhortation ! Et s’il est vrai que le style et le vocabulaire propres à ce genre littéraire peuvent paraître comme une limite, ils sont aussi garants d’une ouverture qu’il faut reconnaître comme une chance pour la théologie de la vie consacrée. Exhortation ! Donc invitation à poursuivre, à approfondir, à déployer, à préciser encore ce qui, en l’état actuel de la vie consacrée, en sa propre pratique et en sa propre compréhension, n’est encore qu’ébauche et exploration. Certes quelques balises sont posées dans ce “cadre général”.
Il me paraît assez clair, dans ce cadre évoqué splendidement par le recours contemplatif à l’icône de la Transfiguration et son motif trinitaire, que le texte ouvre des perspectives suggestives. Il n’est pas sans intérêt pour toutes les formes de vies chrétiennes que celles-ci puissent se penser, plus explicitement que par le passé, en référence à la vie même de Dieu, que le Fils nous révèle en ses profondeurs d’amour trinitaire. L’économie de cette révélation dans l’histoire nous renvoie à l’insondable mystère qu’est Dieu en Lui-même.
Que cette origine et cette fin de la vie chrétienne et, à travers elle de la vie de toute l’humanité et de la création tout entière, soient ré-explicitées à l’occasion de la méditation, pour l’Église et pour le monde, du charisme de la vie consacrée, cela ne nous donne pas, c’est trop clair, une supériorité vaniteuse, mais souligne plutôt notre responsabilité ecclésiale et notre devoir de disponibilité créative aux inspirations de l’Esprit qui anime toute l’Église, en chacun des fidèles du Christ, soucieux de répondre à ses appels diversifiés à Le suivre.
La richesse du Christ, en qui nous avons “tous biens et toutes grâces”, est inépuisable comme sont diverses les “demeures dans la maison du Père”. L’Esprit, qui seul sonde les profondeurs de Dieu, sera, dans l’histoire de l’humanité, l’artisan des formes de vie christique qui en témoigneront jusqu’à la consommation des siècles. Puissions-nous ne pas vouloir nous protéger et préserver nos existences de cette divine fécondité !
Replacées dans cette admirable perspective, la beauté et la bonté de nos vies consacrées n’auront-elles pas de quoi faire écho et répondre aux aspirations des femmes et des hommes de notre temps ?
Ne pas relever les défis, qu’énumère et désigne avec précision l’exhortation, serait pour la vie consacrée manquer gravement à sa mission et défigurerait l’Église et son Seigneur. Obscurcirait aussi le rayonnement de la gloire de Dieu... Est-ce trop dire ?
Si nous pouvons, cette année encore, donner dans notre revue un peu de papier et d’encre, un peu de notre peine et de notre joie à cette requête du monde et à cette exhortation de l’Église, nous n’aurons pas manqué le rendez-vous de ce moment critique du changement de millénaire. Un 2 février n’y suffira pas, mais il en appelle bien d’autres.
À vous aussi, lectrices et lecteurs très chers de Vie consacrée, de nous aider dans cette belle tâche.
