Itinéraires de la Revue (1925-1991)
Regards d’historien
Paul Wynants
N°1992-4 • Juillet 1992
| P. 208-227 |
Écrit par un membre de notre Conseil de rédaction, cet historique de la revue captivera sans doute plus d’un lecteur, parce qu’il retrace, dans les limites de sa méthode propre, un parcours évocateur de bien des évolutions. Si certains enjeux ecclésiaux, voire certains accents apostoliques soutenus par Vie consacrée peuvent échapper à l’ampleur du regard d’un historien, nous savons mieux, grâce à cette étude originale, comment un tel passé nous oblige à l’humble audace d’une responsabilité.
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Du premier numéro de la Revue des Communautés religieuses au passé récent de Vie consacrée, tel est le panorama que la présente contribution tente d’embrasser [1]. Nous nous attacherons plus particulièrement aux mutations que la revue a connues, en quelques domaines significatifs, au cours des deux tiers de siècle qui ont suivi sa fondation. De propos délibéré, les cinq premières décennies seront privilégiées dans cet aperçu. L’historien manque, en effet, de recul pour appréhender sereinement les quinze dernières années, dans leur richesse et leur complexité. Il lui répugne aussi de s’étendre sur l’action de personnes qu’il côtoie et avec lesquelles il est parfois amené à collaborer. Tous les aspects de cette tranche de passé ne seront pas non plus abordés : des questions importantes comme l’administration de la revue, sa gestion et sa présentation matérielle seront laissées de côté [2].
Après avoir posé quelques jalons, pour baliser l’histoire de la revue, nous suivrons ses itinéraires successifs sur quatre plans : le public auquel elle s’adresse, les buts qu’elle s’assigne, ses relations avec les lecteurs, enfin les dominantes de son contenu.
Quelques jalons historiques
La Revue des Communautés religieuses (R.C.R.) est fondée en 1925 par un groupe de jésuites qui enseignent le droit canonique ou la théologie morale aux scolasticats belge de Louvain et français d’Enghien. Sa cheville ouvrière est le Père J. Creusen [3], assisté de son confrère É. Jombart [4]. À l’origine, le comité de rédaction compte deux autres membres : R. Brouillard [5] et J.-B. Janssens [6]. Quelques Pères de la Compagnie de Jésus les rejoignent ou les remplacent, jusqu’en 1965 : Ch. Dupont (1931-1940), É. Bergh (à partir de 1939), R. Carpentier (à partir de 1945), G. Delcuve (1945-1948), A. Delchard (à partir de 1947), A. de Bonhome (à partir de 1961) et J. Greco (à partir de 1962).
Le premier numéro de la R.C.R. sort de presse en janvier 1925. Au bout de douze mois, la revue est déjà diffusée dans cinquante pays. Au fil des ans, elle ne cesse de gagner de nouveaux abonnés. Initialement, ceux-ci sont les plus nombreux en Belgique et au Québec. Il faut entreprendre de gros efforts de promotion pour qu’une véritable percée soit réalisée en France. À cette fin, le Père Creusen fait flèche de tout bois : il invite les évêques, les visiteurs diocésains, les supérieurs généraux et provinciaux à recommander l’abonnement aux communautés locales ; il participe à de nombreuses journées d’études pour religieux et religieuses, où il noue des contacts personnels et distribue des feuillets publicitaires ; il fait aussi appel à la collaboration des lecteurs, en leur demandant d’insister sur l’intérêt de la R.C.R. dans leurs milieux respectifs.
La crise économique des années 1930 ralentit temporairement la progression de la revue. L’expansion reprend de plus belle à partir de 1935. La rédaction ne cache pas sa satisfaction : elle revendique alors « plusieurs milliers d’abonnés » et « une diffusion vraiment mondiale [7] ».
La guerre de 1939-1945 porte un coup très dur à la R.C.R. Après la troisième livraison de 1940, la parution est suspendue jusqu’en mai 1945. Pour combler ce vide, des franciscains canadiens lancent une nouvelle revue de langue française, La vie des communautés religieuses, qui paraît aujourd’hui encore au Québec.
En 1945, le Père É. Bergh reprend la direction de la R.C.R., qu’il assure jusqu’à son décès en 1968 [8]. La grande majorité des abonnés belges de 1940 reçoit à nouveau la revue, dès la fin de la guerre. Provisoirement, des difficultés matérielles empêchent de satisfaire les anciens lecteurs de France, du Canada et des autres pays étrangers. Ces obstacles sont levés peu à peu. À la fin de 1946, la R.C.R. « se rapproche sensiblement de sa diffusion d’avant-guerre [9] ». Après avoir paru en quatre livraisons annuelles de 1945 à 1947, elle est publiée cinq fois l’an en 1948-1949, six fois à partir de 1950. Au cours des années ultérieures, elle étend son rayonnement international.
Vatican II met toute l’Église en mouvement, la R.C.R. y compris. Dès le début de 1965, la rédaction annonce à ses lecteurs qu’elle compte donner certains développements à la revue. Malgré son importance, la publication du décret Perfectae caritatis, qui pose les principes d’un « renouveau adapté » des diverses formes de vie consacrée, est postposée de quelques semaines : à l’approche du Nouvel An, la R.C.R. s’apprête manifestement à faire peau neuve.
En janvier 1966, elle cède la place à Vie consacrée. La rédaction explique en ces termes la mue à laquelle elle procède :
Le Concile de Vatican II a été un signe efficace du renouveau de l’Église. Pour entrer plus complètement dans cet esprit qui souffle avec tant de vivacité dans les consciences chrétiennes, la Revue des Communautés religieuses change de présentation et de titre.
Le changement de présentation relève d’un souci d’adaptation à la mentalité d’aujourd’hui : notre nouvel habit est moins sombre et plus simple.
Le changement de titre a un autre objectif : il vise à désigner plus largement ceux à qui nous nous adressons et à mieux exprimer ce dont nous comptons les entretenir.
Nous examinerons plus loin les principales implications de cette renaissance. Contentons-nous à présent de relever les adaptations apportées, depuis 1966, aux structures de la revue.
À la mort du Père Bergh, la direction de Vie consacrée est confiée successivement à Jean Delcuve (1968-1969), Jean-Marie Hennaux (1969-1974) et André de Jaer (1974-1987), tous trois jésuites. Depuis 1987, elle est assumée par Sœur Noëlle Hausman, s.c.m., qui est la première femme à présider aux destinées de la revue. Les directeurs seront secondés dans leurs tâches par une ou plusieurs autres personnes : Léon Renwart, s.j., exerce les fonctions d’administrateur jusqu’en 1989 ; André de Jaer, Jean-Marie Glorieux et Jean Burton, s.j., sont directeurs-adjoints respectivement en 1973-1974, de 1987 à 1990 et à partir de 1990.
L’évolution que connaît le comité de rédaction est significative : en 1966, cette instance réunit cinq membres [10], tous jésuites ; en 1990, elle en compte douze, soit six jésuites, un dominicain, un assomptionniste, une moniale bénédictine, deux religieuses appartenant à des instituts dits « de vie active », une représentante d’institut séculier. Les Sœurs Louise Vanwert, i.e.j., et Marie-Claire Lelong, o.s.c., deviennent, en 1970, les premiers membres féminins du comité. Deux ans plus tard, Guy Sales, ss.cc., y inaugure la présence de religieux masculins qui n’appartiennent pas à la Compagnie de Jésus. Avec Mademoiselle Solange Clerquin, les instituts séculiers font leur entrée au comité en 1975.
En 1972, la revue prend davantage conscience de ce que « ses abonnés dépassent de loin le cadre de la Belgique et appartiennent à des horizons spirituels très divers ». Elle se dote d’un conseil de rédaction « à la fois plus international et plus représentatif des différentes spiritualités, branches et formes de la vie de consécration [11] ». Ce conseil se réunit une fois l’an avec le comité, alternativement en France et en Belgique. Il évalue le travail accompli au cours des mois précédents, propose des orientations pour l’avenir et amorce la réflexion sur un « point chaud », souvent traité dans les livraisons ultérieures de Vie consacrée. Depuis 1989-1990, les communautés nouvelles et les laïcs mariés sont représentés au sein du conseil.
Les structures de la revue s’élargissent. Elles s’internationalisent aussi progressivement. Aux côtés de Belges et de Français se retrouvent des Canadiens (depuis 1977), une sœur d’origine japonaise (à partir de 1989), une religieuse zaïroise (depuis 1991). La solidarité intercontinentale se renforce dans l’Église, mais également à l’intérieur même des organes de Vie consacrée.
La baisse des vocations et la diminution du nombre de maisons religieuses font sentir leurs effets, même si d’autres formes d’engagement voient le jour. La revue compte environ sept mille abonnés en 1971, six mille en 1984, un peu moins à présent. Comme la plupart d’entre eux sont des communautés, le nombre de lecteurs effectifs est amplement supérieur aux chiffres cités ci-dessus. À la fin des années 1980, les abonnés se répartissent entre 119 pays, parmi lesquels la France, la Belgique, le Canada et le Zaïre occupent les premiers rangs [12]. En Belgique, près d’un tiers des abonnements est souscrit dans les provinces néerlandophones.
Le public visé
À l’origine, la revue s’adresse « aux religieux qui ne se destinent pas au sacerdoce et aux religieuses ». Elle est conçue, plus précisément, « pour les communautés de Frères, de Moniales et de Sœurs, c’est-à-dire pour les membres des Ordres et Congrégations que le Code appelle laïques, pour les opposer aux religieux-clercs [13] ».
En fait, la R.C.R. vise à « aider particulièrement les supérieurs, maîtres et maîtresses des novices, aumôniers, confesseurs et visiteurs [14] », bref « tous ceux qui ont quelque part à la direction et au gouvernement des communautés [15] ». Si presque tous ses numéros contiennent « au moins un article dont la lecture peut être utile à tous les religieux [16] », la revue n’en apparaît pas moins, aux yeux de beaucoup, comme une publication destinée avant tout aux supérieurs.
En 1939, la R.C.R. trace elle-même les contours de son public en ces termes :
Si nous en croyons des correspondants autorisés, la R.C.R. rend service dans des Curies diocésaines et nous comptons beaucoup de Supérieurs ecclésiastiques et Visiteurs de communautés parmi nos plus fidèles abonnés. Depuis quelques années, elle semble se répandre de plus en plus dans des instituts de prêtres. Ceux-ci y trouvent des renseignements intéressants pour leur ministère auprès des communautés et souvent la solution de cas pratiques, même dans les instituts de clercs. Inutile de dire que les Aumôniers de communautés occupent une large place dans nos listes. Les meilleurs encouragements nous sont venus de Supérieurs majeurs, de Supérieures générales ou provinciales, de Maîtres et Maîtresses des novices (...). On estime que la lecture de la Revue éclaire les Supérieurs locaux sur beaucoup de questions concernant le gouvernement et contribue à leur formation.
Dans le même article, la direction de la revue pose une question révélatrice, en donnant des indications sur les réponses qui y sont assez souvent apportées :
Mais que dire des inférieurs ? Dans telle communauté, la Revue des Communautés Religieuses est mise à leur disposition, dans d’autres on ne la leur passe point, pour différents motifs. Quelquefois c’est uniquement pour éviter qu’elle ne s’égare et qu’ainsi la collection soit incomplète. Aussi lit-on parfois en communauté les articles d’intérêt général. Dans d’autres, on craint que tel ou tel inférieur n’y trouve des prétextes pour critiquer les Supérieurs ou n’abuse de telle ou telle solution pour élever des exigences inadmissibles.
Avec la circonspection qui le caractérise, le Père Creusen se garde bien de désavouer l’attitude restrictive de certains supérieurs. Il fait simplement observer que la lecture de la revue « peut servir à former l’esprit de bons religieux », notamment en leur faisant percevoir « combien la tâche des supérieurs est délicate et avec quelle prudence ils doivent la juger ». Il évite cependant d’écrire que « ce témoignage de confiance » doit être rendu à tous les religieux : c’est aux responsables de communautés qu’il appartient de trancher [17].
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la R.C.R. s’efforce d’élargir son public. En 1945, elle précise qu’elle s’adresse « à tous les instituts [18] ». Après la reconnaissance des instituts séculiers par la Constitution apostolique Provida Mater Ecclesia (1947), elle affirme son intention d’envisager « les problèmes qui concernent les divers états de perfection [19] ». Il faut cependant attendre 1954 pour qu’elle donne à J. Beyer l’occasion de présenter concrètement quelques instituts séculiers : jusqu’alors, ces derniers n’ont été évoqués que sous l’angle purement canonique.
À l’approche de Vatican II, la R.C.R. veut « avoir devant les yeux tous ceux et celles qui, même dans des communautés restreintes, doivent être aidés à vivre comme des membres de l’Église universelle [20] ». De manière explicite, il n’est plus question de réserver une sorte de traitement préférentiel aux préoccupations des supérieurs.
Lorsque Vie consacrée prend le relais de la R.C.R., la revue étend davantage encore le public qu’elle veut toucher. La rédaction l’écrit nettement :
Nous voudrions atteindre tous ceux et toutes celles qui se sont engagés dans la vie consacrée par la profession des conseils évangéliques, non seulement les religieux et les religieuses, mais encore les membres des instituts séculiers ou d’autres groupements semblables. Pour tous ceux-là se posent des problèmes analogues à ceux que doivent affronter les religieux.
Nous souhaiterions également toucher les prêtres, dont le sacrement de l’Ordre a fait des consacrés ; leur ministère pastoral leur demande de connaître davantage les instituts religieux et séculiers, pour pouvoir orienter avec discernement ceux et celles que Dieu appelle à cette forme de consécration et les diriger avec clairvoyance dans les voies du progrès spirituel.
En 1969, la revue invite les communautés à mettre ses numéros « à la disposition facile de tous et de toutes, de telle sorte que chacun et chacune puisse y lire ce qui l’intéresse [21] » Ensuite, sous l’impulsion du Père de Jaer, elle s’ouvre davantage encore aux instituts séculiers, mais aussi aux communautés nouvelles, nées dans le prolongement du mouvement charismatique. En 1977, elle en appelle à ses lecteurs pour qu’ils l’aident à mieux toucher les formes les plus récentes d’engagement religieux :
« Et si vous connaissez de petites fraternités qui s’ouvrent ou des personnes vivant une vie consacrée en plein monde, ne les inviteriez-vous pas à lire la revue [22] » ? Depuis 1925, par étapes, le cercle des lecteurs potentiels ne cesse de s’élargir.
Les buts
Lorsqu’il fonde la R.C.R., le Père Creusen poursuit un objectif d’information canonique. Le nouveau Codex iuris canonici a été promulgué en 1917. Dans la foulée, la Sacrée Congrégation des Religieux demande la mise à jour des constitutions, tâche à laquelle les instituts ne sont guère préparés. Les conseiller dans cette entreprise est le but le plus immédiat que s’assigne la revue, la première du genre à paraître « en langue vulgaire [23] ».
À l’époque, rares sont aussi les congrégations qui connaissent, de manière satisfaisante, les multiples normes ecclésiastiques régissant leur vie. Ces déficiences pèsent sur les comportements et sur les mentalités. Il importe, dès lors, « de dissiper des préjugés, d’éclairer des bonnes volontés droites, mais insuffisamment renseignées ou quelque peu timorées (...), de fournir des principes nets de solution des cas courants [24] ». Dans cette perspective, la R.C.R. se propose de donner à ses lecteurs « les moyens de connaître toujours mieux la nature, les devoirs, les droits de l’état religieux [25] ». Sous l’angle pratique, elle veut aider les supérieurs à « résoudre les difficultés soulevées par l’application de la législation ecclésiastique [26] ».
Après la seconde guerre mondiale, la R.C.R. conserve son orientation canonique. Sous l’impulsion du Père Bergh, elle élargit toutefois ses horizons, en renforçant la formation spirituelle et en donnant une plus large place aux documents du Saint-Siège. La rédaction justifie ce nouveau dosage de la manière suivante :
Il semble que, depuis la guerre, des problèmes assez urgents se posent aux communautés : recrutement, formation appropriée, adaptation, maintien de l’esprit intérieur, subsistance matérielle. C’est à la lumière de la doctrine traditionnelle sur l’état religieux, des directives pontificales actuelles, de la législation dans ses formes les plus récentes que ces questions doivent être étudiées et résolues.
À partir des années 1950, les appels de Pie XII en faveur d’un « renouveau adapté » de la vie religieuse se font pressants. En 1954, la revue exprime sa volonté « d’aider les âmes consacrées » à s’engager dans cette voie [27]. Cinq ans plus tard, elle manifeste cette préoccupation plus clairement encore :
Gardant nos rubriques habituelles, nous voudrions toutefois aider plus efficacement nos lecteurs dans les grands problèmes de formation, d’orientation apostolique, d’administration intérieure qui se posent de plus en plus à eux. Nous veillerons surtout à leur donner la possibilité de s’insérer de plus en plus dans la vie de l’Église.
L’aggiornamento voulu par Vatican II amène la R.C.R., devenue Vie consacrée, à revoir assez fondamentalement ses finalités. Après avoir publié et commenté les textes conciliaires sur la vie religieuse, puis les documents d’application, la revue met l’accent sur l’approfondissement doctrinal. Sans doute veut-elle « traiter toutes les grandes questions que pose l’évolution actuelle de la vie consacrée » et présenter de celle-ci « un visage qui réponde à la fois à l’idéal évangélique et aux requêtes de notre temps ». Elle désire surtout « étudier les implications théologiques, ascétiques et pastorales » de la consécration, afin d’en promouvoir le renouveau [28]. L’accent n’est plus mis sur le droit canonique. Les dimensions apostoliques et théologiques viennent désormais à l’avant-plan.
À la suite de la première réunion de son conseil, tenue en 1972, la revue décide de privilégier plus nettement la théologie spirituelle. La rédaction s’en explique en ces termes :
Il y a, à la base de toute vie consacrée, une expérience spirituelle fondamentale (...) suscitée par le Saint-Esprit et qui est rencontre du Dieu vivant en Jésus-Christ (...). C’est cette expérience (...) que, dans les circonstances actuelles, une revue comme la nôtre doit d’abord avoir en vue ; nous devons chercher à écouter, décrire, former, discerner, réfléchir et formuler pour aujourd’hui cette expérience ; cette recherche ne peut exclure, mais appelle, au contraire, un effort d’intelligence de la foi ; elle comporte aussi le dégagement d’une anthropologie vraiment chrétienne.
Les éditoriaux des années antérieures confirment les objectifs arrêtés en 1972, et ce jusqu’à nos jours. Ils permettent aussi d’appréhender les raisons de ce recentrage. Après le renouveau conciliaire, note la revue, l’Église traverse une tempête, tandis que la vie consacrée est « secouée en ses profondeurs », touchée de plein fouet par des interrogations radicales, « acculée à retrouver ses sources les plus originelles (...), sous peine de devenir insignifiante [29] ».
L’optimisme des années 1960 n’est plus de mise : la vie religieuse traverse une crise d’identité profonde. S’il est publié en 1988, le diagnostic d’Enzo Bianchi semble correspondre, sur ce point, à la démarche amorcée par la revue, seize ans plus tôt :
Ce n’est pas le « comment » être religieux qui est la cause de cette crise, mais l’obscurcissement du « pourquoi » être religieux aujourd’hui et, par voie de conséquence, de « ce qu’est » le religieux (...). La réponse doit être cherchée à un niveau plus profond, dans la redécouverte théologique et spirituelle de l’identité du religieux dans l’Église et dans le monde. Une telle réponse demande que l’on suive un chemin dans lequel la vie religieuse sous toutes ses formes prenne ses distances par rapport à la mystique de l’action (...).
Ces mêmes éditoriaux de la période 1974-1979 manifestent le souci d’arrimer la vie consacrée au message évangélique et aux textes de Vatican II, pour qu’elle retrouve à la fois confiance et cohérence, sans perdre pour autant son dynamisme. Le vocabulaire utilisé - « disposer d’une boussole », « baliser la route », « enracinement », « fonder sur le roc », « se situer et s’engager avec assurance » - est très révélateur à cet égard.
Au cours des années 1980, la réflexion théologique et spirituelle sur la vie consacrée demeure la priorité de la revue. La question de la nature, de la mission et de l’avenir de l’engagement religieux reste centrale. Parfois, cependant, elle est abordée par d’autres biais, à vrai dire complémentaires : la parole de témoins, actuels et anciens, ou encore « l’intérêt pour les mouvements dans l’Église et pour les nouvelles formes de vie consacrée qui en surgissent [30] ».
Les rapports avec les lecteurs
Dès l’origine, la R.C.R. se veut attentive aux préoccupations et aux desiderata de ses abonnés. Les liens qu’elle tisse avec ceux-ci évoluent au fil du temps. En schématisant, on peut distinguer trois étapes : le stade de la relation verticale ; la période participative, pendant laquelle s’établissent des rapports plus horizontaux ; enfin, les années 1970-1980, au cours desquelles le dialogue avec le lecteur change de forme : si ce dernier prend moins souvent la plume, il est davantage appelé à prolonger les pistes esquissées dans la revue par une réflexion et une action, personnelles ou collectives.
Ces trois phases sont en grande partie déterminées par les objectifs que la R.C.R., puis Vie consacrée s’assignent successivement : en premier lieu, l’information canonique ; ensuite, une contribution au renouveau des communautés par la réflexion théologique et pastorale ; enfin, l’enracinement de la vie religieuse par la recherche en théologie spirituelle, à la lumière de Vatican IL Comme on l’a observé dans la section précédente, les années 1945-1960 forment une période de transition graduelle entre la première et la deuxième étape.
De 1925 à 1940, la R.C.R. se propose d’informer ses lecteurs « sans exclusivisme à l’égard des principes et des méthodes de vie intérieure et d’apostolat (...) pratiqués dans les Ordres et Congrégations les plus divers ». Elle affirme son souci de « scrupuleuse exactitude » et de « grande clarté ». A priori, elle écarte toute controverse, même occasionnelle, pour s’en tenir à une « doctrine sûre, suffisamment commune parmi les théologiens et les canonistes [31] ». Point d’audace donc, mais beaucoup de prudence et un ton plutôt grave [32]...
La R.C.R. n’en est pas moins ouverte aux questions que posent ses lecteurs. Chaque année, elle répond à des centaines de demandes individuelles, sous la forme de consultations canoniques envoyées par correspondance. Lorsqu’un problème soumis à la rédaction est susceptible d’intéresser un certain nombre de communautés, la solution préconisée est aussitôt publiée dans la rubrique ad hoc. La revue accueille volontiers les suggestions de supérieurs et d’aumôniers qui l’invitent à traiter tel ou tel thème. Elle encourage ses abonnés à lui adresser de semblables requêtes.
Cette relation verticale, du type maîtres-élèves, se maintient dans l’immédiat après-guerre. Toutefois, la R.C.R. commence à ouvrir ses colonnes aux lecteurs, pour une collaboration limitée. Les articles de témoignages, portant sur « des initiatives qui se sont révélées fructueuses, par exemple dans le domaine de la formation, et qui seraient utilement renouvelées ailleurs [33] », sont les bienvenus. De plus en plus souvent, la revue communique, sans signature d’auteurs, « le fruit d’expériences heureuses, afin que d’autres en profitent [34] ». Elle répercute également les informations que des supérieurs lui font parvenir sur la vie de leur institut. Certains de ces textes anonymes abordent franchement des problèmes jugés délicats : ainsi, en 1949, les réflexions d’une supérieure générale sur le thème « les laïques et nous ».
En 1966, on l’a vu, la R.C.R. devient Vie consacrée. Dès son premier numéro, celle-ci émet le souhait « d’accueillir, en grand nombre, des réactions, des suggestions, des interrogations, pour que s’établisse un dialogue fécond entre rédacteurs et lecteurs [35] ». L’effervescence conciliaire, l’émergence de la participation comme revendication sociale et le tourbillon de mai 1968 font sentir leurs effets dans la vie religieuse [36]. En 1968, précisément, la revue inaugure une nouvelle rubrique : la tribune libre. Elle s’en explique comme suit :
Les documents conciliaires ont recommandé des échanges de vues francs et ouverts, où chacun puisse, dans le respect d’autrui, faire connaître ses opinions et expliciter ses motifs. C’est pour favoriser ce dialogue à propos des problèmes de la vie religieuse que nous avons décidé d’ouvrir ces pages à tous nos lecteurs et lectrices, pour leur offrir la possibilité de faire connaître leurs réactions constructives aux articles que publie la revue et aux questions qui y sont traitées.
Deux conditions, toutefois, nous semblent s’imposer d’elles-mêmes : les textes devront éviter toute polémique personnelle (nous nous efforçons de clarifier nos idées, non de combattre un adversaire) et ils devront être signés, car nous désirons rencontrer un « interlocuteur valable » et aussi éviter que soit attribué à tout un Institut ce qui n’est peut-être que la pensée personnelle de tel de ses membres, celle-ci fût-elle parfaitement défendable. Le cas échéant, les textes publiés seront suivis des réflexions des auteurs intéressés.
Le succès de la tribune libre est immédiat. Deux articles parus au cours des mois suivants - l’un sur la clôture des moniales, l’autre sur les vœux temporaires - valent à Vie consacrée un courrier assez abondant. Outre les réactions de lecteurs, la tribune libre accueille des articles dont la rédaction ne peut se déclarer entièrement solidaire, mais dont « le contenu positif peut susciter d’utiles réflexions [37] ». Les textes dont il s’agit soutiennent parfois des positions « avancées » sur des sujets jusqu’alors fort peu traités : ainsi l’accès des femmes au sacerdoce, en 1972.
Pour nouer un dialogue encore plus fructueux avec les abonnés, la rédaction lance une enquête sur la taille des communautés, en 1968.
Elle en communique et en commente les résultats. Quatre ans plus tard débutent les « rencontres de Vie consacrée. » Ce sont des échanges de vues entre lecteurs et lectrices, intéressés par un article récemment publié dans la revue et désireux de poursuivre la réflexion en compagnie de l’auteur. Trois rencontres de ce type ont lieu, en 1972-1973, au Centre Lumen Vitae. Elles ont pour animateurs : J.-M. Hennaux et A. Chapelle, s.j., ainsi que G. Sales, ss.cc. [38]. Elles rassemblent jusqu’à une centaine de participants. Cependant, le temps qu’exige la préparation de ces réunions et les difficultés matérielles d’organisation ne permettent pas à l’expérience de se poursuivre à cette échelle. Des communautés et des fraternités prennent le relais, en sélectionnant quelques pages de la revue comme thème d’échange : « Chacun lit l’article et, ensemble, on partage la lumière reçue, la difficulté éprouvée, les questions soulevées, le changement de vie auquel on se sent invité [39] ».
Le dialogue avec les lecteurs atteint son apogée en 1973-1974. Un article d’A. de Bonhome, s.j., intitulé « Religieuses et autorité masculine », puis un numéro spécial sur « La fidélité », valent à Vie consacrée un grand nombre de lettres en sens divers. En 1973, pour donner suite à cette correspondance, la revue crée une nouvelle rubrique, le courrier des lecteurs, où elle accueille les réactions encourageantes et critiques. Les lettres reçues sont à ce point nombreuses que l’espace maximal accordé à chaque correspondant potentiel doit être limité à une page et demie. La tribune libre est maintenue. Elle est réservée à la publication d’articles jugés stimulants, mais discutables.
De 1975 à 1990, les abonnés s’expriment moins souvent dans les colonnes de la revue. En réalité, Vie consacrée entretient une nouvelle forme de dialogue avec ses lecteurs. Sous la direction d’A. de Jaer, puis de N. Hausman, les éditoriaux sont plus fréquents : ils ouvrent la première livraison annuelle, parfois aussi des numéros qui traitent d’un thème précis. Ils ne se bornent pas à éclairer la progression d’une démarche. Ils interpellent le lecteur, l’amenant à s’approprier les sujets traités, afin de se forger une option personnelle. Les pistes de réflexion qui clôturent certains articles sont autant d’invitations à poursuivre la recherche, individuelle ou communautaire, et à la prolonger par l’action. Enfin les sommaires, qui figurent en tête de chaque numéro, ne se limitent pas à suggérer un itinéraire de lecture. Ils mettent en exergue les principales questions ouvertes par les auteurs, appelant chacun et chacune à une lecture active, voire critique. Du chemin ainsi parcouru par ses abonnés, la revue souhaite recevoir plus d’échos. Ce vœu s’exprime en septembre 1990, lors de la réunion du Conseil. Il figure en bonne place dans l’éditorial de 1991 et commence à être suivi d’effets.
Le contenu
L’évolution que la revue a connue en matière de contenu peut être appréhendée sommairement sous deux angles : l’examen des rubriques entre lesquelles se répartissent les textes publiés et le relevé des thèmes qui marquent différentes périodes. Tels sont les aspects qui vont retenir notre attention.
Les rubriques
De 1925 à 1965, les textes publiés dans la R.C.R. se répartissent entre cinq ou six rubriques, selon les années :
- les « documents du Saint-Siège » : la revue reproduit, en partie ou en tout, les constitutions, décrets, instructions et réponses de Rome concernant les instituts religieux ;
- les « études doctrinales » : il s’agit soit de commentaires de documents pontificaux, soit d’explications sur des principes de législation ecclésiastique ;
- les « consultations » : ce sont les réponses à des questions posées à la rédaction, sur des matières canoniques ou sur l’administration des biens ;
- les « mélanges » : ces études doctrinales portent sur les principales obligations de l’état religieux ;
- la « chronique » : celle-ci contient des informations sur la vie religieuse dans divers pays et sur les principaux instituts, ainsi qu’une « revue des livres nouveaux » qui pourraient avoir leur place dans la bibliothèque des communautés. Étendu à partir de 1927, l« ’aperçu bibliographique » devient une rubriquesui generis.
À partir de 1966, Vie consacrée continue à publier les grands documents du Saint-Siège susceptibles d’intéresser les divers Instituts. Les autres textes sont regroupés sous la dénomination « articles et notes », sans indication de genres. En fait, par récurrence, des rubriques se constituent de facto au sein de ce tout apparemment indistinct. Outre l’annonce des retraites et sessions, on relève ainsi :
- les « renseignements bibliographiques » (à partir de 1966) ;
- la « tribune libre » (à partir de 1968) et le courrier des lecteurs (depuis 1973) ;
- le « bulletin bibliographique » de L. Renwart, s.j., sur la théologie de la vie religieuse (annuel depuis 1970) ;
- le « bulletin bibliographique sur l’intelligence de la foi », réalisé annuellement par J. Delcuve, s.j., de 1970 à 1975 ;
- la « chronique d’Ancien Testament », tenue par M. Gilbert, s.j., et la « chronique du Nouveau Testament », assurée par D. Dideberg, s.j. (1971-1975) ;
- la « chronique d’Écriture Sainte », produit de la fusion des deux précédentes, réalisée annuellement par M. Gilbert et J.-L. Ska, s.j. (1976-1978), puis par le second nommé (1979-1985) ;
- la publication d’« expériences », ainsi que de « témoignages », propres à stimuler la réflexion, au cours des années 1970 ;
- les « consultations canoniques », qui reprennent à partir de 1983, avec la participation de R. Soullard, o.p., C. Friedlander, o.c.s.o., et É. de Montebello, p.s.a., à la suite de la publication du nouveau Code ;
- enfin la « page illustrée » de P. Defoux, s.j., depuis 1989.
Les principaux thèmes
Jusqu’en 1940, la R.C.R. privilégie les questions canoniques. Des sujets comme l’accès à l’état religieux, les droits et devoirs de ceux qui s’y engagent, les rapports des « inférieurs » avec l’autorité et la gestion des biens y sont abondamment traités.
La dimension canonique demeure prépondérante au lendemain de la seconde guerre mondiale. Toutefois, la revue diversifie les thèmes qu’elle aborde. La problématique des vocations et la nécessaire modernisation de la formation donnée dans les noviciats commencent à retenir son attention. Le « renouveau adapté » des états de perfection - une matière plus ample - prend le relais, dans la seconde moitié des années 1950. À mesure que les années passent, la R.C.R. multiplie les échos sur les congrès, journées d’études et sessions organisés à l’intention des consacrés. Enfin, les questions théologiques et doctrinales sont un peu plus souvent examinées.
Au début des années 1960, les études relatives à la législation ecclésiastique se raréfient. Elles se limitent de plus en plus à des textes courts, qui paraissent dans la rubrique des consultations. À l’inverse, la théologie de la vie religieuse réalise une percée significative. La revue tient également ses lecteurs au courant de la préparation du Concile, de son déroulement, de ses premières retombées pour les instituts.
L’onde de choc de Vatican II marque les années 1966-1973. Le thème du « renouveau de la vie consacrée » est mis à l’avant-plan. Il est abordé sous les angles théologique, apostolique et pratique. Les orientations pastorales des instituts, l’autorité, la formation, l’habit et la clôture sont des sujets fréquemment évoqués. Sensible au bouillonnement qui règne dans maintes communautés, la revue publie de nombreux exposés, rapports et conférences sur l’ aggiornamento en cours. Elle accueille aussi des documents qui présentent de nouvelles expériences apostoliques et communautaires, ainsi que des articles de méthode (enquêtes, questionnaires d’évaluation, modèle de révision de vie...). La part des textes signés par des religieux extérieurs à la rédaction, surtout des femmes, augmente fortement.
Au début des années 1970, cependant, l’effervescence postconciliaire commence à faiblir. S’ils ont encore assez souvent le « renouveau » pour objet, les textes publiés dans Vie consacrée sont moins vibrants, plus exigeants, plus graves. Au même moment, il est vrai, les instituts ne connaissent pas « des lendemains qui chantent » : la baisse du recrutement et les nombreuses sorties obscurcissent l’horizon.
De 1973-1974 à nos jours, l’identité des consacrés émerge comme thème central. Ce problème est appréhendé essentiellement sous les angles théologique et spirituel. De nombreux articles paraissent dans la revue sur les conseils évangéliques, la nature de la vie religieuse, son avenir, sa place dans l’Église, son insertion dans le monde. D’autres retracent l’itinéraire de grandes figures du présent et du passé, afin de montrer l’actualité de leur message et, par là, alimenter la réflexion sur « l’être et l’agir religieux aujourd’hui ».
La pauvreté et les rapports foi-justice occupent une place non négligeable dans les préoccupations de la revue pendant une bonne décennie, à partir de 1975. L’option préférentielle pour les pauvres, avec les devoirs de solidarité qu’elle implique, fait l’objet d’études approfondies, dans la foulée de la Conférence de Puebla (1978). L’accent est mis également sur le partage avec les personnes fragiles ou blessées, qui incite à « se livrer au radicalisme des Béatitudes » (Paul VI). À plusieurs reprises Jean Vanier, fondateur des communautés de l’Arche, en souligne les exigences et les richesses.
Vie consacrée demeure très sensible aux questions que l’Église met à l’ordre du jour. Ainsi les Synodes de 1983 sur la réconciliation et de 1987 sur la vocation des laïcs incitent la revue à faire le point sur ces deux dimensions. Plus récemment, la publication de l’instruction Donum vitae (1988) met les problèmes éthiques à l’avant-plan : fécondation in vitro, avortement, soins palliatifs aux mourants...
Les années 1980 se caractérisent également par un double élargissement des perspectives. D’une part, la revue entend promouvoir davantage l’insertion de la vie consacrée au sein de l’Église universelle. C’est pourquoi les informations, analyses et témoignages en provenance d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique se multiplient. D’autre part, elle fait davantage appel au laïcat consacré. Toutefois, les ouvertures en direction des communautés nouvelles demeurent encore assez timides. Face à ce courant récent, les instituts ont sans doute à se situer. Comme la réciproque paraît vraie, il n’est apparemment pas facile de pousser le dialogue plus avant.
Conclusion
De 1925 à 1990, la vie religieuse et l’Église ont connu de nombreux changements, tout en restant fidèles à leur mission. De ces mutations, l’histoire de la R.C.R., puis de Vie consacrée porte les traces et les marques. En ce sens, elle constitue un témoignage précieux, non seulement pour l’historien, mais encore pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui.
Que nous apprend l’itinéraire de la revue sur l’évolution de la vie consacrée ? Il serait hasardeux de l’écrire en quelques lignes. Prenons-en le risque malgré tout. De 1925 à nos jours, les instituts achèvent une phase de leur existence et entament un nouveau cycle. En schématisant, les deux premières décennies m’apparaissent comme celles de la sagesse et de la prudence, qui caractérisent souvent le crépuscule d’une vie. Les années 1945-1965 sont celles d’un nouvel enfantement, difficile certes, mais plein de promesses. Immédiatement après le Concile vient une sorte d’adolescence, audacieuse, inventive, parfois un peu tumultueuse. Les trois derniers lustres constituent, me semble-t-il, une ère de maturation : la progression y est moins rapide, mais sans doute plus sereine, en tout cas très lucide [40].
Informer, témoigner, chercher, discerner, dialoguer... Telles sont les missions qu’a assumées la revue depuis ses origines. Puisse-t-elle continuer dans cette voie, au service des hommes et de l’Église !
Rempart de la Vierge, 8
B-5000 NAMUR, Belgique
[1] Intervention à la réunion du Conseil de rédaction de la revue, septembre 1990. Je remercie les responsables de Vie consacrée - ceux d’hier et d’aujourd’hui - des renseignements et suggestions qu’ils m’ont aimablement communiqués.
[2] La revue mériterait une étude historique plus approfondie, avec dépouillement d’archives, enquête orale et analyse systématique de contenu. Ce sont là des opérations « lourdes », qui dépassent les ambitions de la simple esquisse proposée ici.
[3] Joseph Creusen (1880-1960), docteur en philologie classique, bachelier, puis docteur honoris causa de l’Université de Louvain en droit canonique, enseigne au scolasticat jésuite de Louvain (1914-1938) et à l’Université Pontificale Grégorienne de Rome (1938-1957). Auteur de nombreuses publications sur le Codex iuris canonici et sur le droit des religieux, il est aussi consulteur des SS. Congrégations du Saint-Office et des Religieux.
[4] Émile Jombart (1882-1964) est professeur au scolasticat d’Enghien, puis à l’Institut catholique de Toulouse, où il est Doyen de la Faculté de droit canonique. Il est, lui aussi, l’auteur d’une abondante production scientifique.
[5] Professeur de théologie morale au scolasticat d’Enghien, membre du comité de rédaction de 1925 à 1947.
[6] Alors professeur de droit canonique au théologat de Louvain, membre du comité de rédaction de 1925 à 1931. Il exercera plus tard les fonctions de Provincial des jésuites de Belgique septentrionale (1938-1946), avant de devenir le 27. Préposé Général de la Compagnie (1946-1964).
[7] R.C.R., 11 (1935), 3 et 14 (1938), 1.
[8] Émile Bergh (1898-1968), docteur en droit canonique, est professeur au scolasticat de Louvain, de 1936 à 1961 puis à celui d’Eegenhoven-Heverlee jusqu’en 1968.
[9] R.C.R., 18 (1946), 145.
[10] Émile Bergh, Alfred de Bonhome, Jean Delcuve, Jean Galot, Léon Renwart. Les deux premiers faisaient précédemment partie du comité de rédaction de la R.C.R.
[11] Vie consacrée, 45 (1973), 3.
[12] France : 2347 abonnés ; Belgique : 1.111 abonnés ; Canada : 865 abonnés ; Zaïre : 360 abonnés.
[13] R.C.R., 1 (1925), 1.
[14] R.C.R., 11 (1935), 1.
[15] R.C.R., 2 (1926), 1.
[16] R.C.R., 11 (1935), 1.
[17] Ibid.
[18] R.C.R., 17(1945), 113.
[19] R.C.R., 25 (1953), revers de la couverture. Notons que cette affirmation date de 1953, non de 1947.
[20] R.C.R., 33 (1961), 3.
[21] Vie consacrée, 41 (1969), 4.
[22] Vie consacrée, 49 (1977), 6.
[23] Depuis 1905, le Père Vermeersch publie, en latin, les De religiosis institutis et personis supplementa et monumenta periodica, devenus ensuite les Periodica de re morali, canonica, liturgica. À partir de 1920, le Père Maroto lance le Commentarium pro religiosis, qui paraît lui aussi en latin.
[24] E. Bergh. »In memoriam J. Creusen« , R.C.R., 32 (1960), 102-103.
[25] R.C.R., 11 (1935), 1.
[26] R.C.R., 1 (1925), 1-2.
[27] 26 (1954), 3.
[28] Vie consacrée, 38 (1966), 3-4.
[29] Vie consacrée, 46 (1974), 3 et 129 ; 47 (1975), 3.
[30] Vie consacrée, 60 (1988), 6.
[31] R.C.R., 1 (1925), 2.
[32] R.C.R., 1 (1925), 145, note 1 : « notre grave revue » (R. Brouillard).
[33] R.C.R., 17 (1945), 113.
[34] R.C.R., 18 (1946), 1.
[35] Vie consacrée, 38, (1966), 4.
[36] Cf. par ex., l’article "Contestation et vie religieuse”, Vie consacrée, 41 (1969), 26-48.
[37] Vie consacrée, 40 (1968), 353.
[38] Thèmes abordés : « Vœux et promesse », « La maturation de la sexualité dans le célibat », « La fidélité ».
[39] Vie consacrée, 46 (1974), 4.
[40] Les images et métaphores utilisées ci-dessus me sont suggérées par les belles pages que R. Hostie a consacrées au « cycle de vie des instituts religieux ». Cf. Vie et mort des ordres religieux. Approches psychosociologiques, Paris/Bruges, Desclée De Brouwer, 1972, 289-319.