Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Un cheminement vers Dieu en U.R.S.S.

Alexandre Mossine

N°1988-6 Novembre 1988

| P. 337-345 |

Le baptême de la Russ’ de Kiev, dont nous célébrons le millénaire, a inauguré une épopée chrétienne souvent écrite avec le sang des martyrs et la souffrance des confesseurs de la foi. Ce témoignage récent nous le rappelle, en attirant notre attention sur les points cardinaux d’un tel cheminement vers Dieu : la rencontre de Jésus dans le livre des Évangiles, le soutien de la communauté fraternelle, l’importance de la vie monastique, l’urgence de la prière d’intercession. Ne perdons pas mémoire de ceux que l’épreuve trouve « plus grands que nous ».

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Parler de Dieu est toujours difficile. Parler de Dieu et de soi l’est plus encore. En effet, on se sent gêné, car il s’agit de ce qui nous est le plus intime. Si je me décide pourtant à parler de la foi – la mienne et celle des autres –, c’est que j’y suis venu en des circonstances où tout pouvait faire obstacle à la découverte de Jésus-Christ.

Dans un pays où l’athéisme dépasse tout, nous apprenons que c’est l’homme primitif, avec sa conscience mal dégrossie, qui a inventé Dieu : la seule réalité, c’est la matière. Pour Jésus-Christ, c’est plus simple encore : il n’a pas existé, c’est tout au plus un personnage littéraire. Aussi est-ce la découverte que Jésus-Christ est une figure historique réelle qui a été pour beaucoup – surtout parmi les jeunes – le premier pas sur le chemin de la foi.

Dans notre pays, la vie est dure, non seulement au point de vue matériel – des millions d’entre nous vivent habituellement dans la pénurie des objets de première nécessité – mais plus encore peut-être dans le domaine de l’esprit. Les livres sur notre culture sont rares et l’accès aux bibliothèques est strictement réglementé (avec, pour conséquence, le pillage systématique des trésors qu’elles renferment).

En 1969, j’étais à Kiev. Des amis qui connaissaient mon amour pour les livres m’avaient invité à venir, car ils travailaient au tri des monceaux d’ouvrages entassés depuis cinquante ans dans les locaux du monastère de Vyroubetsch : tout ce qui avait un quelconque rapport avec la religion y avait été entreposé et moisissait dans les salles humides de bâtiments à moitié détruits.

L’incroyable faim intellectuelle de mon pays s’explique notamment par l’élimination généralisée de notre culture traditionnelle véhiculée par le livre. Ce n’est donc pas un hasard si ma conversion s’est trouvée intimement liée à cette situation. J’ai été assez tôt tourmenté par certaines questions. À douze ans environ, j’ai pris conscience, avec horreur, que tôt ou tard, je mourrais, je n’existerais plus, que la vie continuerait sans moi. J’ai commencé à chercher le sens de cette existence à laquelle, parce que j’étais né, je participais sans l’avoir voulue. À qui peut-on poser sans crainte une question comme : « Quel est le sens de la vie ? » Il ne reste que les livres. Mais la triste réalité a eu tôt fait de dissiper mes espoirs. Dans les magasins il n’y avait pas les livres qu’il me fallait et dans les bibliothèques, on ne pouvait pas les emprunter. Alors j’ai décidé d’aller travailler dans une librairie, il me semblait qu’ainsi je pourrais mettre la main sur quelque chose appartenant à la vraie littérature.

Ensuite, ce fut un enchaînement logique : j’ai appris l’existence d’un endroit où l’on pouvait acheter les livres qui ne sont jamais en vente dans les librairies et qui ne sont jamais accessibles dans les bibliothèques. Je veux parler de ce qu’on appelle le « marché noir du livre ». À cette époque, ce marché n’était pas seulement l’endroit de transactions commerciales, mais une sorte de club où l’on pouvait rencontrer les gens les plus divers : depuis un professeur d’université jusqu’à un juge d’instruction ! C’est là que j’ai fait la connaissance d’un personnage très étrange qui ne correspondait à rien de ce qui m’était habituel. D’abord, il était barbu ; or un homme portant la barbe éveillait les soupçons. Quelque chose d’autre en lui me frappa davantage : il parlait du Christ, non comme d’un homme qui avait existé réellement jadis, mais comme de quelqu’un qui, aujourd’hui encore, est présent sur terre et avec qui on peut avoir des relations réelles. Il faut dire qu’alors je ne connaissais même pas le mot « Évangile ». J’avais un peu entendu parler de la Bible, c’est-à-dire de l’Ancien Testament, mais je ne savais rigoureusement rien du Nouveau. Je lui ai demandé de m’en parler ou de me donner quelque chose à lire. Mon nouvel ami m’a prêté – pour une seule nuit – un Évangile ; il me l’a remis comme un objet précieux et sacré. En une nuit, que peut-on comprendre de l’Évangile ? Une chose pourtant m’a profondément frappé : la façon d’envisager la souffrance.

J’avais pensé jusqu’alors que la souffrance était une réalité qui détruit l’existence humaine, quelque chose de non désiré et d’imposé. Toute ma vie, à vrai dire, n’était qu’une souffrance involontaire, qu’un tourment sans issue – quelque chose de borné, d’absurde. Pourquoi la souffrance ? – Encore une question éternelle qui se pose à toutes les générations, tôt ou tard. Ce que j’ai compris en lisant l’Évangile était étrange et stupéfiant. La souffrance purifie, mais à une condition seulement : il faut absolument transformer la souffrance involontaire en souffrance volontaire, c’est-à-dire être pénétré d’humilité et porter sa croix. Oui, la souffrance imposée doit se transformer en souffrance acceptée, et alors enfin sera dévoilé le sens de la vie, la vocation de l’homme. J’ai compris aussi que la vérité se cache, sous une forme négative, dans les « Commandements » dont parle le Christ. J’avais entendu parler de ces commandements auparavant, mais sous un aspect déformé ; leur sens absolu a disparu : ces commandements concernent l’homme mortel, l’homme qui disparaîtra un jour, l’homme qui ne sera que symboliquement prolongé par ses descendants. Les commandements du Christ, eux, me faisaient découvrir un sens éternel, venant de Dieu même, une sorte de loi universelle, dont la transgression provoque la chute dans l’abîme du néant.

J’avais peine à me séparer de l’Évangile, mais il n’y avait rien à faire. Il ne me restait plus qu’à espérer qu’un jour j’aurais la possibilité, sinon de l’acheter, du moins d’échanger ce livre contre un recueil rare de poésies ou un roman d’un auteur à moitié interdit.

– Alors ? m’a demandé mon nouvel ami. Ça t’a plu ?
J’ai répondu sincèrement que le livre m’avait beaucoup plu, mais que je n’y avais presque rien compris.
– Ça ne fait rien, m’a-t-il répondu. Si tu veux, viens chez nous, et nous discuterons ensemble des passages qui t’ont paru incompréhensibles.

C’est ainsi que j’ai fait connaissance avec des chrétiens de Petersbourg.

C’était – je le comprends maintenant – une véritable communauté chrétienne. Le fondement de son existence était la loi d’amour. Tout était commun : argent, livres, nourriture... La communauté ne disposait que d’une seule et unique pièce dans un appartement communal. Nous étions très jeunes. La moyenne d’âge, je pense, était de dix-sept ou dix-huit ans. Une majorité de barbus ! Porter la barbe, à cette époque et à cet âge, c’était un véritable défi à la société. Et puis, il y avait les petites croix qu’on portait au cou. Que de petits désagréments tout cela nous valait ! La milice pouvait nous mettre la main au collet quand nous faisions la queue pour le pain ou le lait, par exemple, ou quand nous attendions à l’arrêt de l’autobus. Des lettres de menaces arrivaient à nos lieux de travail, et des hommes en civil venaient trouver nos parents, extrêmement inquiets de la conduite étrange – maladive sans doute – du petit. C’était un vrai combat que de vouloir vivre selon les lois de l’Évangile.

Ainsi, ma vie ne s’est pas du tout améliorée lorsque je suis devenu – peu à peu – membre de cette minuscule communauté. La souffrance d’avant avait cédé la place à de nouveaux tourments, à une souffrance nouvelle, mais à présent elle était légère et facile à supporter, car elle était comprise et acceptée. Personne ne m’enseignait vraiment le catéchisme, personne ne s’occupait spécialement de moi. Voilà ce qui était extraordinaire ! Mes nouveaux amis (mes nouveaux frères) étaient plus instruits que moi en bien des domaines, mais cela ne se sentait pas du tout dans mes relations avec eux. Beaucoup de ce qui a constitué le fondement de ma conception chrétienne du monde – pas seulement chrétienne d’ailleurs –, je l’ai puisé dans les conversations incessantes que j’avais avec eux dans cette petite chambre.

Pourtant, je n’étais toujours pas baptisé. Ma mère ne croyait pas en Dieu, il n’avait donc pas été question de me baptiser quand j’étais enfant. Et un baptême d’adulte, c’est quelque chose de très désagréable et lourd de conséquences. Il est impossible dans ce pays de dissimuler son baptême, pas plus d’ailleurs que ses convictions chrétiennes. Si vous passez le porche d’une église, vous sortez inévitablement de l’existence normale, de l’existence légale, vous vous mettez pour ainsi dire hors la loi. Pourtant il ne viendrait pas à l’esprit d’un jeune croyant de partir en guerre contre le pouvoir, pas même de parler à qui que ce soit de ses convictions ou de sa foi. Mais, par la terrible logique de la société, le voilà devenu un opposant – politique – au pouvoir. Ce schéma est encore valable de nos jours. Comme c’est étrange ! J’ai commencé petit à petit à comprendre que ce qui « les » inquiète le plus, ce n’est pas notre hostilité potentielle envers le régime, mais c’est bien plutôt notre neutralité absolue. Nous n’étions pas contre le régime, nous construisions seulement nos rapports avec lui selon le commandement de l’Évangile : « Rends à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César. »

Ainsi, la décision de recevoir le baptême dans ces circonstances ne pouvait pas être quelque chose de fortuit ou de précipité. Cette action étrange, injustifiable du point de vue d’un citoyen « normal », engendre sur le plan social des inconvénients par trop évidents. J’ai pourtant décidé de me faire baptiser. Une de mes raisons était que je désirais m’approcher de l’objet de ma foi, m’approcher du Christ, et partager complètement la vie chrétienne que menaient mes amis.

Nous fréquentions souvent une petite église qui se trouve à Marienbourg, près de Leningrad. A cette époque, elle était desservie par le père Pierre de Marienbourg. Il était déjà très âgé – il avait largement dépassé les soixante-dix ans. Ses offices se caractérisaient par une grande simplicité. Quand il confessait, il ne posait pas de questions, mais il soupirait profondément en répétant : « Pardonne, Seigneur, nos lourdes fautes ». La vie de notre petite communauté rappelait beaucoup, je le comprends maintenant, l’existence des premiers chrétiens.

Un jour d’été, une de ces rares journées vraiment chaudes, nous sommes partis pour Marienbourg. Sur le chemin de l’église, nous avons eu soif et nous nous sommes installés sur la margelle d’un petit puits de village. Nous avons bu, puis l’un d’entre nous, en me regardant, a dit : « Eh bien, si nous te baptisions ? » Je n’ai rien répondu ; alors, puisant de l’eau avec sa main, il m’en aspergea en disant : « Le serviteur de Dieu Alexandre est baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen. » Personne ne s’étonna, personne ne dit rien, et nous avons continué notre chemin vers l’église. Ensuite, quelques jours plus tard, eut lieu le « vrai » baptême, si l’on peut dire. C’est le père Pierre qui l’a célébré, très simplement et sans mots inutiles, selon son habitude. Quand je me rappelle ce jour, je suis envahi par une sensation de silence et de paix. Ce jour-là, j’ai compris le sens de la parole : « Le Christ est la source de toute paix. »

Notre vie était extrêmement dure et pauvre. Il fallait tout le temps chercher un logement, l’argent manquait. L’automne 1967 a été pour moi particulièrement pénible. Alors nos amis ont décidé de m’envoyer au monastère des Grottes à Pskov. C’était l’archimandrite Alypios qui en était le supérieur. C’était un homme en tout point extraordinaire, un véritable « Fol en Christ » russe. Pendant la guerre, il avait fait un vœu à la Mère de Dieu : s’il survivait, il consacrerait le reste de sa vie à Dieu et se ferait moine. Il a accompli son vœu et, comme archimandrite de son monastère, il est devenu célèbre dans la Russie entière. Sa bonté était sans limites. On dit qu’il distribuait un million et demi de roubles par an. Je ne pense pas que ce soit exagéré. Il répétait lui-même tout le temps à ses moines : « Tout l’argent qui est rentré dans le monastère, tout, et sinon plus, doit retourner dans le monde. » Il aimait tout particulièrement les peintres, et lui-même était peintre d’icônes. (Il portait le nom d’Alypios, qui fut le premier peintre d’icônes en Russie.) Combien sont-ils à être demeurés près de lui, combien en a-t-il aidés matériellement et surtout spirituellement !

Sitôt dit, sitôt fait. Un soir, on me met dans le train et, à six heures du soir le lendemain, je suis déjà près du monastère. Il est entouré de grosses murailles, et l’on a d’abord l’impression qu’il est situé sur une colline. Mais, à mesure que l’on approche, on se trouve brusquement au niveau des coupoles ! Le monastère est construit dans une immense cuvette, et pour arriver à l’église, il faut descendre par un chemin nommé « le chemin du sang ». (D’après la tradition, ce chemin fut arrosé du sang de saint Cornille qu’Ivan le Terrible, qui le soupçonnait de trahison, avait blessé à mort.)

Je me mets à descendre. Tout est couvert de neige, et il n’y a pas âme qui vive, pas un son. Tout est calme et paisible. Soudain, je vois la porte de l’église s’ouvrir et un ange noir s’envoler sur la neige blanche ! C’était un moine dans son ample vêtement : le vent faisait voler son manteau, et toute sa physionomie rayonnait d’énergie spirituelle. Je me le rappelle encore maintenant avec un grand sentiment d’étonnement, comme si à cet instant un ange du ciel m’était apparu.

Je vais jusqu’au logement du supérieur. Je monte au premier étage et je me trouve devant une porte blanche qui mène à la chambre du moine qui sert de second à l’archimandrite. La porte s’ouvre, et le frère servant du supérieur apparaît. Je lui explique le but de ma visite. La porte se referme. Au bout de quelques instants, il réapparaît et me dit que le supérieur va me recevoir.

L’archimandrite ne s’est pas contenté de me recevoir : il m’a fait asseoir à sa table. Pour la première fois, je partageais le repas d’un moine, et cet homme portait sur ses épaules le fardeau de la direction d’un des derniers monastères russes. Ce premier séjour ne dura que trois jours, mais durant ce court laps de temps je me suis vraiment intégré à l’Église, j’ai communié à la vie de l’Église dans sa totalité. La vie simple et laborieuse des moines fit sur moi une très forte impression. Et je ne trouve pas de mots pour parler du chant liturgique, tant il était beau. Je sentais que je me trouvais dans la vieille, dans la Sainte Russie. Il n’y avait plus ces ténèbres diaboliques si effrayantes, ni cette peur devant les puissants de ce monde, l’âme ne connaissait plus cette angoisse oppressante... Comment faire comprendre ce que j’ai ressenti ? On ne peut pas l’exprimer avec des mots. Là-bas, j’ai découvert pour la première fois le mystère de la vie chrétienne, de l’existence chrétienne, fondée sur la fraction du pain spirituel, mais aussi du pain matériel. Oui, la vie est comme la fraction du Corps du Christ à l’échelon de tout l’univers, comme le partage total de ce que Dieu distribue, des dons qu’il fait aux hommes en cette vie. Vivre ainsi était un bonheur, était une très grande joie. C’est dans ce monastère que je suis véritablement devenu croyant. J’avais quelques connaissances sur Dieu, mais c’est là qu’elles se sont transformées en foi en lui. Et maintenant je sais que la foi – ce don de Dieu –, on ne peut la recevoir en son cœur que dans l’Église, par le témoignage ecclésial, le témoignage d’autres personnes qui ont été rendues dignes de cette grâce si rare de nos jours.

J’étais un autre homme quand je suis revenu chez moi. Mes relations avec le monde et avec les gens avaient changé. Je me sentais enfin membre de l’Église, j’avais conscience de mon appartenance au Corps mystique du Christ.

La vie était pourtant devenue encore plus difficile. Les liens avec ma mère et avec les membres de ma famille étaient définitivement rompus. Les miens ne pouvaient pas accepter que je sois devenu, selon leurs critères, une sorte de renégat. C’était parfois tellement dur que j’enviais presque les premiers chrétiens : eux avaient au moins la possibilité de se réfugier dans les catacombes. Nous, nous devions vivre sous le regard de tous, il n’y avait pas d’endroit où se cacher. Vivre dans la foi, vivre en Christ –c’est en vérité porter une bien lourde croix. Porter sa croix implique la solitude : « personne ne peut porter ta croix à ta place, c’est Dieu lui-même qui l’a posée sur tes épaules. » Nos conditions de vie rappellent beaucoup celles des premiers chrétiens. La tradition écrite a presque disparu (il n’y a presque plus de livres, il est très difficile de les trouver et ils sont hors de prix : une Bible coûte de cent cinquante à trois cents roubles, pour un salaire de soixante, soixante-dix), il n’y a presque plus de Pères spirituels. Il ne fait pas de doute qu’en Russie il y a encore un clergé véritable, de vrais porteurs de l’Esprit, mais c’est rare. Il est très difficile de faire des études de théologie.

Et pourtant, l’Esprit de Dieu est à l’œuvre. Et la jeunesse est attirée par la foi, elle vient à l’Église. C’est en elle que réside l’espoir de la Russie, de la Russie croyante et pratiquante. Dans les milieux de jeunes, il y a une attirance pour la vie ascétique et contemplative, pour l’exploit spirituel. C’est très difficile à réaliser, car il n’y a presque pas de monastères, et ceux qui existent encore sont sur le point de disparaître.

Ignace Brianchaninov, un grand évêque russe du XIXe siècle, a dit à propos de son époque :

Nous vivons à présent des souffrances petites et mesquines. Nous pouvons dire aujourd’hui : « Nous vivons à présent un temps de souffrances surabondantes, parfois insupportables. » Les Saints russes, ces Amis de Dieu, l’avaient prophétisé. Mais ils nous encouragent en disant que la souffrance est un signe d’élection. Dans les « Sentences des Pères du Désert », on trouve le récit suivant : « Nous, qu’avons-nous fait ? » disaient-ils. Et l’un d’eux, le grand Abbé Ischirion, répondit : « Nous, nous avons fait les commandements de Dieu. » Les autres pour réponse dirent : « Et ceux qui viennent après nous, que feront-ils ? » Il dit : « Ils devraient arriver à la moitié de nos œuvres. » Ils dirent : « Et pour ceux qui viendront après eux, qu’en sera-t-il ? Il dit : « Ceux de cette génération-là n’accompliront absolument aucun travail, mais l’épreuve leur surviendra, et ceux qui auront fait leurs preuves en ce temps-là se trouveront plus grands que nous et que nos Pères. »

Ces mots s’appliquent aussi à la Russie croyante contemporaine, à la Russie terrassée et souffrante. Son sang et sa chair – ses enfants – annoncent aujourd’hui l’Évangile, la Parole du Dieu vivant. Et l’on se souvient des mots du Sauveur : « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits » (Luc 10,21).

Prions donc pour nos frères et sœurs en Christ, afin que Notre Seigneur Jésus-Christ leur donne la force de résister dans les souffrances et pour qu’ils puissent transmettre la lumière de la foi aux générations futures.

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