Éditorial
Vies Consacrées
N°1987-1 • Janvier 1987
| P. 5-6 |
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Pour que des jeunes soient évangélisés aujourd’hui, pour qu’ils reçoivent la Bonne Nouvelle et puissent découvrir Jésus-Christ, il est bon que leur soit proposée une expérience forte à vivre, une expérience du salut. Et que, par là, soit révélée aux blessés une espérance de vie, aux chercheurs de sens une vérité, aux « entrepreneurs » un chemin. Ainsi le visage de Jésus pourra-t-il leur apparaître. C’est une des constantes qui ressortaient de l’assemblée générale des supérieures majeures de novembre dernier à Paris. Dans une société qui a pour dieu la sécurité et qui ne perçoit plus le sens de l’existence, il importe de proposer aux jeunes, comme Jésus le fit à ses disciples, de quitter leurs barques, de se confier à Dieu, de traverser le désert, de compatir aux petits, d’affronter la tempête. Et l’assemblée était invitée à une pédagogie de l’audace de la proposition.
Ce qui est vrai de l’évangélisation des jeunes ne l’est-il pas aussi et a fortiori de l’appel à la vie consacrée ? On peut penser que des jeunes ne se sentiront appelés à suivre Jésus dans ce genre de vie que dans la mesure où un enjeu vital sera perçu, touchant des situations ou des questions humaines fondamentales, révélatrices du Seigneur qui naît, souffre, meurt et ressuscite aujourd’hui au milieu de son peuple. Cette question paraît cruciale pour la vie consacrée, appelée par l’Église à manifester visiblement la miséricorde faite par Dieu en Jésus à notre monde blessé. Avons-nous assez de foi confiante et d’espérance audacieuse pour aller jusqu’au bout du chemin qui nous est donné ? C’est-à-dire jusqu’à prendre un corps visible dans un engagement commun en des lieux ou des situations nouvelles au cœur de notre civilisation dépourvue de ses points de repère fondamentaux ?
Certains de ces lieux, les mass médias nous les ont mis sous les yeux sans ménagement ces derniers mois : l’origine de l’existence et son terme. La vie religieuse n’est-elle pas interpellée de plein fouet par les questions de la conception, de la vie et de la mort ? Appelée à être signe de la vocation eschatologique de la personne, elle témoigne des réalités originelles et ultimes de la création. Nous sommes habitués à entendre par là les réalités dernières, mais il importe de ne pas oublier que cela implique aussi le témoignage rendu aux réalités premières de l’existence, à la création par Dieu et en particulier à la création immédiate, à l’intimité originelle de l’être avec Dieu. La vie religieuse n’est-elle pas appelée aujourd’hui à être proche des lieux et des situations où la personne humaine est la plus fragile ? Parce qu’elle fut dès l’origine présente à l’éducation et à la santé, la vie religieuse n’est-elle pas attendue dans ces situations nouvelles relatives à la conception, à la naissance et à la mort ? N’y a-t-il pas à chercher comment y rendre témoignage de la fidélité et de la miséricorde de notre Dieu, ainsi que de l’appel adressé à l’homme de se recevoir tout entier de Dieu, son Créateur et Seigneur, depuis l’origine jusqu’à l’accomplissement de son existence ?}
La période de l’Avent, la fête de l’Immaculée Conception, les célébrations de la Nativité du Seigneur et de la Sainte Famille nous sont toutes proches en ce début d’année et nous plongent à nouveau dans ces mystères d’origine et d’accomplissement. Puissions-nous y trouver lumière et force paisible sur notre route de foi et d’espérance.
