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Les psaumes : antiquités ou sources vives ?

Claire-Agnès Zirnheld, o.c.s.o.

N°1986-3 Mai 1986

| P. 146-161 |

Redécouvrir ces poèmes difficiles et provocants que sont les psaumes, voilà ce à quoi l’auteur nous invite. « Plus solides que les monuments de pierre, ils ont survécu à travers les millénaires et font aujourd’hui plus que jamais partie de la prière du peuple de Dieu ». Dans cette première partie l’auteur analyse la manière dont les psaumes ont été lus et priés tout au long de l’histoire d’Israël, par Jésus lui-même et à chaque époque de la vie de l’Église. Et elle fait rebondir la question déjà posée aux premiers chrétiens : « Qu’avons-nous à voir avec ces poèmes bien typiques d’un moment d’histoire à jamais révolu ? » Dans la seconde partie de son article, elle tentera d’y répondre.

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Un record de durée

Depuis deux millénaires et demi, l’Israël ancien et nouveau chante les Psaumes [1]. Seuls notre Gloria et le Phôs hilaron (Lumière joyeuse) de nos frères orientaux ont survécu parmi les hymnes liturgiques chantées par les premiers chrétiens lors de leurs assemblées. Les hymnes composées postérieurement et propagées en Occident par Ambroise, à Milan, et Benoît, qui eut l’audace de les inclure dans l’office monastique, n’ont pas détrôné les Psaumes [2].

Défiant toutes les modes, plus solides que les monuments de pierre, les Psaumes ont survécu aux deux Temples, à l’exil, au passage par l’hellénisme ou la latinité, à la chute de Rome et à celle de Byzance, au siècle des lumières et à la mort de Dieu, etc. « Au bord des fleuves de Babylone », les Hébreux en exil chantaient les cantiques de Sion, ils les chantaient encore au retour de la captivité et Jésus les a chantés avec eux à la synagogue, lors des pèlerinages à Jérusalem, à chaque Pâque, à la dernière Cène [3] et sur la croix, au moment où se resserre inexorablement sur lui l’étau de l’agonie ; ces prières familières, apprises sur les genoux de Marie, montent instinctivement à ses lèvres : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi... ? Père, en tes mains je remets... [4] ».

L’Église de Jérusalem, tout aussi spontanément, exprime sa prière dans les Psaumes. En Actes 4,25-26, le Psaume 2, 1-2 traduit directement sa supplication de persécutée après la comparution de Pierre et Jean devant le Sanhédrin. Tant qu’ils n’en furent pas exclus, les premiers chrétiens continuèrent à célébrer la liturgie d’Israël.

Le déploiement de la Parole

L’espérance d’Israël

La sensibilité chrétienne se situe dans le prolongement de la lente maturation que subit la pensée hébraïque, d’où émergèrent les courants eschatologique, apocalyptique et surtout l’interprétation messianique de l’Écriture, particulièrement celle des Psaumes. Tous les exégètes ne sont pas d’accord sur l’importance de cette réinterprétation, mais tous en reconnaissent l’influence.

Le phénomène s’observe dans les relectures. L’exemple le plus fameux est celui du Psaume 21/22, relu trois fois [5].

C’est tout d’abord la prière d’un pauvre, d’un malade qui n’en finit pas de clamer sa détresse, conséquence probable d’une incarcération, si l’on adopte pour le verset 17 la lecture de saint Jérôme :

Comme l’eau s’est écoulée ma force, aussi se disloquent tous mes os... (v. 15)... ils ont lié mes mains et mes pieds (v. 17).

Il est plein de rancœur pour ses persécuteurs. Les injures se pressent sur ses lèvres : taureaux, lions, buffles, chiens. A ce premier stade du psaume, le cri du verset 1 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » est certainement un cri de souffrance aiguë, bientôt contrebalancé par le souvenir de ce que Dieu fut pour lui :

Depuis les entrailles de ma mère tu es mon Dieu ; ne reste pas loin de moi (v. 11-12).

La détresse et l’espérance sont étroitement liées ; le recours à Dieu, pressant et têtu, suffit à le prouver. Puis vient l’issue vers la lumière et la joie, célébrée dans la communauté des pauvres rassasiés (v. 27).

Dans une deuxième étape, en sa phase liturgique, ce beau poème, accueilli au Temple, sert dans les célébrations d’action de grâces.

À son troisième stade, il reçoit une suite importante : les v. 28 à 32, un tableau du règne de Dieu, la vision de sa royauté universelle, en harmonie avec Isaïe 52, 8, qui s’élargit encore avec un aperçu sur la résurrection des morts :

Devant lui s’agenouilleront tous ceux qui descendirent à la poussière et les âmes privées de la vie glorifieront ton bras (v. 30-31).

Ce prolongement du psaume dépend à l’évidence d’Isaïe 52,13-53, 12. Par un renversement total faisant craquer le premier cadre, un personnage eschatologique majestueux remplace le pauvre. Sa délivrance de la souffrance coïncide avec l’ouverture de l’ère messianique.

L’accomplissement

En quatrième lecture viennent l’emploi que Jésus a fait de ce psaume et, après lui, celui de la première génération chrétienne. Les auteurs des livrets sur la Passion, premier noyau des Évangiles, ont spontanément suivi cette compréhension prophétique des Psaumes, sanctionnée par l’usage de Jésus lui-même, et ont relevé tous les traits qui s’étaient accomplis sous leurs yeux : le fiel (Ps 68/69, 22), les vêtements tirés au sort (21/22, 19), les railleries des passants (21/22, 8-9), les insultes (21/22, 19), enfin le grand cri du Ps 21/22, 2, rapporté par Mt 27, 46 et Mt 15, 34, et celui du Ps 30/31, 6, mentionné par Lc 23, 46 [6].

Le Psaume 109/110 connaît un développement similaire [7]. Psaume royal, probablement préexilique, il cherche à redonner foi et confiance dans les destinées de la dynastie davidique. Le v. 3 se prêtait à l’expression de l’origine divine du Roi Messie, surtout dans la perspective du Psaume 2,7. Psaume le plus souvent cité dans le Nouveau Testament, c’est son premier verset que le Christ lui-même fournit comme preuve de la dignité suréminente du Messie (Mt 22,41-45 et par.) et annonce de sa session auprès du Père (Mt 26,64 et par.). Prenant appui sur cet emploi et sur celui des Psaumes 8, 3 (Mt 21,16) et 117/118, 22 (Mc 12,10), sans oublier la leçon d’exégèse du chemin d’Emmaüs au soir de Pâques, confirmée au Cénacle (Lc 24,27-44), les rédacteurs du Nouveau Testament puisent à pleine mains dans le psalmiste, y découvrant toujours davantage le visage du Seigneur Jésus et des éléments pour le kérygme et la catéchèse [8]. On peut le constater dans les Actes[J. Dupont, « L’interprétation des Psaumes dans les Actes des Apôtres », Le Psautier (cité à la note 7), 357-388.]].

Apologétique chrétienne

Dans la foulée, les premiers écrivains chrétiens se sont très tôt emparés des Psaumes [9], qu’ils ont lus eux aussi comme des prophéties et d’où ils ont tiré les arguments nécessaires à l’annonce et à la défense de la foi. Leur interprétation est non seulement christologique mais staurocentrique : l’arbre planté au bord des eaux courantes du Psaume 1 figure la croix et les eaux du baptême dans l’Épître de Barnabé 11,8, et aussi dans le Dialogue avec Tryphon 86, 1 de Justin, le Pseudo-Cyprien les mettant en rapport avec Jn 7,38 où, selon la ponctuation ancienne, les fleuves d’eaux vives jaillissent du sein du Christ élevé en croix [10].

Christologisation d’en-bas : Jésus est le juste par excellence ; mais aussi christologisation d’en-haut : le Christ est le Dieu des Psaumes, dans la fameuse addition chrétienne au Psaume 95/96, 10, hymne à la royauté de Yahvé, « le Seigneur règne du haut du bois [11] ».

Et le Psaume 21/22 continue sa carrière [12]. L’exégèse des Pères, en particulier celle d’Eusèbe de Césarée (263-339), en fait le Psaume type du mystère pascal, le dialogue du Fils avec son Père exprimant, au-delà de l’interprétation des détails extérieurs, la théologie de la Passion-Résurrection-Pentecôte. L’abandon du Père est celui de la kénose (dans la ligne de Ph 2,6-11), celui de l’humanité du Christ livrée à la mort ; le verset 10 correspond à la naissance virginale, le verset 11 à la totale appartenance de l’humanité du Christ au Verbe, dès le sein de sa mère et sa totale sanctification, 11b-13 au combat du Christ sur la croix contre les puissances démoniaques (chez Origène déjà), la solitude (11a) signifie que le Verbe de Dieu pouvait seul atteindre le mal en sa racine pour le détruire en descendant dans le domaine de la mort. La descente aux enfers est conçue comme le moment majeur de l’action rédemptrice, le conflit avec Pilate et les grands-prêtres est transposé au plan invisible et devient le conflit du Christ avec le prince de ce monde qui tient l’humanité captive dans la prison de la mort. « J’annoncerai ton nom à mes frères » signifie la résurrection et les apparitions du Christ ressuscité, le reste est prophétie sur la conversion des nations et l’Église.

Les catéchèses

De concert avec l’apologétique, les catéchèses mystagogiques cherchent dans les Psaumes des figures du Christ et des sacrements. Ainsi le Psaume 22/23 est interprété en fonction de la liturgie eucharistique [13] Très tôt on a vu le Christ ressuscité dans le Kyrios du verset 1, titre autrefois réservé à Yahvé, et dans la coupe et le pain une allusion au corps et au sang du Christ [14]. Toutes les catéchèses ont repris ensuite cette interprétation [15].

À la lumière du mystère dont ils vivaient, les premiers croyants ont trouvé dans l’Écriture les expressions convenables pour l’expliciter et le transmettre.

De l’écoute au dialogue

Lus d’abord comme les autres livres de l’Ancien Testament, comment, au tournant des IIe -IIIe siècles, les Psaumes ont-ils de nouveau servi à exprimer la célébration du dialogue du nouvel Israël avec son Dieu [16] ?

À cette époque, les Psaumes sont populaires. Origène écrit probablement son premier commentaire, sur les Psaumes 1 à 25, à Alexandrie vers 222 [17]. B. Fischer parle « d’une puissante vague d’amour » pour le Psautier [18]. Après quelle évolution l’Église a-t-elle pris la succession de la liturgie d’Israël ? On ne sait pas bien par quelles transitions s’est opéré le passage. En tout cas, dans l’élan de sa ferveur première, sous l’effusion toute neuve de l’Esprit, l’Église exprimait sa prière dans des hymnes qu’elle créait ; elle avait beaucoup de choses à dire à son Seigneur. Déçue cependant par ces œuvres trop humaines, l’orante apprend peu à peu qu’elle reçoit tout de lui et jusqu’aux mots de sa prière. Les seuls chants éternels sont inspirés d’en-haut : « Afin d’être convenablement loué par l’homme, Dieu s’est loué lui-même [19] ».

L’Église s’aperçoit alors que les Psaumes, traités jusqu’alors comme des lectures prophétiques, conviennent à merveille, non seulement à transmettre la parole de Dieu, mais à y répondre : message et aussi dialogue.

Toujours plus consciente de son identité et de son origine, sans renier ses racines, comme ces gnostiques qui avaient contaminé les hymnes proscrites et qui la poussaient à rejeter son héritage, elle choisit délibérément d’enter sa prière sur celle d’Israël, olivier sauvage sur l’olivier franc, de se nourrir de sa sève jusqu’à la floraison et l’épanouissement des fruits. De la lecture générale de l’Ancien Testament dans la lumière de son accomplissement par le Christ à l’adoption de son livre de prière repensé de même, il n’y avait qu’un pas, qui fut logiquement franchi.

« Le Psautier tout entier est pour l’Église des martyrs un livre prophétique accompli dans le Christ, chaque Psaume en quelque sorte lui parle du Christ, ou parle au Christ, ou bien le Christ y parle... [20]. » Tertullien disait déjà : « Presque tous les Psaumes s’expriment comme la personne du Christ, ils présentent le Fils parlant au Père, c’est-à-dire le Christ à Dieu [21] ». Plus tard, saint Augustin voit dans l’orant des Psaumes le Christ, tête du Corps : « Homme répandu partout, tête en haut, membres au-dessous, nous devons tenir pour nôtre, connue et familière sa voix qui dans tous les Psaumes psalmodie, gémit, se réjouit dans l’espérance ou soupire après la réalisation [22] ».

L’Église trouve dans les Psaumes le cadre de sa relation avec Dieu, soit qu’elle prie le Père avec le Fils, soit qu’elle assume avec le Fils la misère et la souffrance de tous les hommes, soit qu’elle parle au Père de son Fils, soit qu’elle dialogue avec son Seigneur. Elle ne cherche plus de mots nouveaux pour parer sa prière ; comme le père de famille, elle puise dans son trésor du neuf et du vieux, attentive seulement à vivre la rencontre, non à l’exprimer.

Chanter les Psaumes revient à célébrer l’accomplissement du dessein de Dieu, du mystère du salut et contribue à le réaliser jusqu’à la constitution du Christ total à la fin des temps, pour chacun de ses membres, pour l’Église. La grâce du mystère se réalise en chacun au moment même où il prie les Psaumes, parole de Dieu sans cesse efficace de ce qu’elle signifie.

Des collections d’oraisons psalmiques et de titres de Psaumes datant de la période patristique portent également témoignage sur ce courant de pensée. Témoin cette oraison d’une collection romaine constituée aux environs de l’an 500, sur le Psaume 21/22 :

Prince de miséricorde, Seigneur Dieu, qui pour nous es descendu dans le sein d’une femme, t’es laissé condamner à la croix, percer par les clous, dépouiller de tes vêtements tirés au sort et es ressuscité, libre, du séjour des morts : nous t’en prions, garde mémoire de cet échange, toi qui tires le peuple de la gueule du lion et qui, jadis, as délivré nos pères qui espéraient en toi.

Les Psaumes au désert

Les Psaumes adoptés comme prière par l’Église devenaient aussi la prière des moines.

Sur les lèvres d’Antoine, qu’Athanase nous présente comme le prototype du chrétien sauvé par la victoire du Christ sur le démon, associé à cette victoire qu’il a mission d’actualiser en lui, et qui part au désert pour débusquer l’adversaire de sa dernière retraite [23], le chant des Psaumes apparaît comme une arme à la fois offensive et défensive. A la horde qui l’assaille, Antoine assène le Psaume 67/68 assorti de sarcasmes dans la plus pure tradition homérique [24]. Le Dieu vainqueur, c’est le Christ ; les « ennemis » évoqués ici représentent une réalité autrement plus redoutable que les diablotins plus ou moins égrillards popularisés par l’iconographie et la littérature [25]. Il s’agit de la triade : pensées (mauvaises) - passions - démons, si inextricablement mêlée que l’on peut indifféremment employer l’un pour l’autre chacun des trois termes. Ils recouvrent le mal sous toutes ses formes, tel que l’expérience du désert et son vide le contraignent d’apparaître à l’anachorète à visage découvert.

Moins truculent, mais plus systématique et meilleur théoricien, Evagre le Pontique compose à la fin du IXe siècle l’ Antirrhétique [26], véritable traité de balistique spirituelle permettant d’ajuster le tir suivant la nature et la position du démon à combattre. Cet arsenal de versets d’Écriture destinés à bombarder le démon fait massivement appel aux Psaumes.

L’usage des Psaumes dans la tentation est constant :

Si nous ne connaissons pas parfaitement le sens des Psaumes, les démons, eux, les comprennent, et ils s’enfuient, terrifiés.

Les ascètes trouvent dans les Psaumes non seulement des armes, mais aussi des slogans pour stimuler leur vie spirituelle : le fameux « maintenant je commence » d’Antoine [27], d’Arsène [28], passé à l’École de Gaza [29], vient tout droit du Psaume 76/77, 11. Ou encore, cet autre mot d’ordre : « il faut se jeter en Dieu », qu’on trouve chez le Pseudo-Macaire [30], dans les Apophtegmes [31], mais surtout chez Isaïe de Scété, Barsanuphe et Jean de Gaza, Dorothée [32], dérive du Psaume 54/55, 23.

Mais, pour nous autres Occidentaux, c’est le choix que fit Cassien du Psaume 69/70, 2 : « Dieu, viens à mon aide ! Seigneur, à notre secours ! » comme ouverture de l’Office qui fut le plus lourd de conséquences.

Chez ces anciens moines, les Psaumes constituaient le tissu même de la prière, le tremplin de la prière continuelle, l’approche de la prière pure, tant pour les cénobites de Pachôme qui murmurent les Psaumes appris par cœur dans tous les déplacements, pendant le travail, avant l’Office en commun [33], que pour les solitaires de Nitrie qui psalmodient séparément [34], ou ruminent les Psaumes à longueur de jour et finissent par les posséder si bien qu’ils les utilisent spontanément en toute occasion, tel ce solitaire qui faisait d’après eux son examen de conscience [35].

Évolution moralisante ?

À ce stade, une question se pose : les ascètes de cette nouvelle période ecclésiale n’ont-ils pas donné une autre coloration au Psautier ? En l’utilisant pour le combat spirituel, en forçant sur la quantité, ne l’ont-ils pas transformé en une pratique ascétique ? Qu’en est-il de la chaude rencontre avec le Christ son Sauveur vécue par l’Église des martyrs ?

Deux courants doivent être discernés dans le monachisme aux origines. Tout d’abord, celui qui nous est parvenu dans les Apophtegmes, après l’épuration anti-origéniste des années 400, et les écrits pachômiens, où domine une pudeur farouche à l’égard des états d’âme. Ces ascètes sont venus au désert pénitents, au sens plein de la métanoia, pénitence et conversion, pour eux-mêmes ou par solidarité, et entendent bien le rester [36]. Ils ne vivent pas un temps de pénitence, mais vivent la pénitence comme l’état normal du chrétien, surtout du moine. Cependant, rien de masochiste ou de morbide dans ce sentiment qui voile, paradoxalement, les plus hauts états mystiques, tant la componction – brisement du cœur – fait passer de la crainte de l’esclave et du désir mercenaire de salut à l’amour totalement désintéressé du fils de retour à la maison paternelle, qui s’expérimente pécheur, mais pécheur pardonné, et goûte l’ineffable bonheur du don de Dieu absolument immérité, gratuit, dépassant tout ce que le cœur de l’homme peut concevoir ou désirer. Ne pas s’étonner, dès lors, si leur vocabulaire et leurs expressions ne sont pas tout à fait adaptés à l’expérience qu’ils vivent. Tout change de sens, et d’abord les fameuses « larmes », le penthos, ce « deuil qui donne la joie » dont Jean Climaque fait la théorie, deux siècles plus tard [37].

Méfions-nous de ces ascètes bourrus qui affirment ne faire que pleurer leurs péchés et mettent un soin fou à cacher à leurs disciples leurs expériences mystiques ; sans y parvenir d’ailleurs, pour notre plus grande joie et profit [38]. Ne nous y trompons pas, leur familiarité avec Dieu est grande, tel cet Elie, renouvelant l’expérience d’Antoine [39] :

Le démon, lui ayant saisi la main, le tira dehors... le vieillard cria « Jésus, viens à mon aide ». Aussitôt le démon s’enfuit et le vieillard se mit à pleurer. Le Seigneur lui dit « Pourquoi pleures-tu ? » et le vieillard répondit « Parce qu’ils osent se saisir de l’homme et le traiter de la sorte ». Il lui dit « C’est toi qui as été négligent ; car dès que tu m’as cherché, tu as vu comment j’ai été trouvé par toi ».

Les Psaumes les mettent, eux aussi, en contact direct avec le Christ.

Accès à la prière pure

Le deuxième courant, issu d’Origène, passé à Grégoire de Nysse, systématisé par Evagre, a été recueilli par Pallade et surtout Cassien, qui l’a propagé en Occident.

L’interprétation christologique et ecclésiologique des Psaumes demeure, mais elle se double d’une interprétation spirituelle selon les grandes directions de sens de l’Écriture, sens christique, sens ecclésial, sens mystique, sens eschatologique. Ce qui est dit du Christ ou de l’Église est aussi appliqué à l’âme du chrétien [40]. Grégoire de Nysse a même consacré tout un ouvrage aux titres des Psaumes, où il croit déceler, du Psaume 1 au Psaume 150, tous les degrés de la vie spirituelle [41].

La prière des Psaumes est incluse dans l’ensemble très englobant de toutes les étapes de la vie spirituelle. La psalmodie reçoit une place et un rôle très précis dans la lutte contre les passions, la purification de l’intellect [42], l’accession à la pureté de cœur, la prière continuelle et la préparation à la prière pure, la prière de feu [43].

Le but du moine, en effet, selon le nom qu’il porte : « monachos » de « monos », seul, un, est non seulement la vie solitaire, mais la solitude intérieure, pour l’unification intérieure. La psalmodie est encore du domaine de la multiplicité, multiplicité des mots, des pensées qui se déploient dans le temps, tel est le dilemme :

La psalmodie appartient à la sagesse multiforme, mais l’oraison est le prélude de la gnose immatérielle et uniforme.

Cependant la psalmodie joue un rôle de préparation :

Quand l’intellect vagabonde, la lecture, la veille et la prière le fixent ; quand la concupiscence est enflammée, la faim, la peine et l’anachorèse l’éteignent ; quand la partie irrascible est agitée, la psalmodie, la patience et la miséricorde la calment.

Elle permet l’acquisition de la tranquillité ou paix de l’âme, l’hèsychia, préludant à l’extermination des passions et à la pureté de coeur, apathèia. Elle fait dire à l’acédie personnifiée par Jean Climaque :

Mes adversaires par qui je suis enchaînée sont la psalmodie et le travail manuel. Mon ennemie, c’est la pensée de la mort. Ce qui m’anéantit complètement, c’est la prière avec la ferme espérance des biens futurs.

La prière pure est un état supérieur d’oraison :

S’il te vient une réflexion profitable, qu’elle te tienne lieu de psalmodie... Ne te complais pas dans la multiplicité des Psaumes, elle jette un voile sur ton cœur. Mieux vaut un seul mot dans l’intimité que mille dans l’éloignement.

Mais le Psaume demeure un des lieux de la rencontre de Dieu :

Je psalmodiais, un verset du Psaume m’a jeté dans cette prière toute de feu.

La répétition d’un verset qui a la puissance de jeter l’âme dans la prière de feu ouvre la porte à la prière continuelle. Elle garde contre les passions et les pensées, purifie le cœur, élève à la contemplation. Alors, le souvenir de Dieu [44] s’empare du moine :

Il se pénètre à ce point de tous les sentiments exprimés dans les Psaumes qu’il les récite désormais, non point comme ayant été composés par le prophète, mais comme s’il en était lui-même l’auteur et comme une prière personnelle, dans les sentiments de la plus profonde componction ; au moins estime-t-il qu’ils ont été faits exprès pour lui et il connaît que ce qu’ils expriment ne s’est pas réalisé seulement autrefois dans la personne du prophète, mais trouve encore en lui tous les jours son accomplissement... Pénétrés des mêmes sentiments dans lesquels le Psaume a été chanté ou composé, nous en devenons, pour ainsi dire, les auteurs... Par cette voie notre âme parviendra à la pureté de la prière... Celle-ci ne s’occupe à la considération d’aucune image ; davantage, elle ne s’exprime point par la parole ni avec des mots ; mais elle jaillit dans un élan tout de feu....

Et les Psaumes subjuguent l’esprit, enchaînent sa mobilité [45], les mots du Psaume lui sont donnés pour qu’il puisse rester en repos, et que le cœur, dans une totale dépossession de soi, soit saisi par la prière de l’Esprit présent dans les mots qu’il a inspirés.

L’apophtegme d’Evagre 3 :

C’est une grande chose que l’oraison sans distraction ; une plus grande encore que la psalmodie sans distraction.

ne le met pas en contradiction avec lui-même : selon le P. Hausherr,

il est plus grand... d’être tellement arrivé à la fixité en Dieu par l’oraison et la contemplation que même les pensées multiples de la prière vocale ne réussissent plus à nous en tirer.

Mieux encore, la multiplicité des pensées sert de tremplin, de support et d’arrière-fond, dans le déroulement du temps, à l’unicité et à la fugacité de la prière pure, établie dans le repos de Dieu.

Ainsi les Psaumes fournissent une origine et contribuent au déploiement de l’expérience mystique. Grégoire de Nysse en a tiré sa doctrine de l’épectase :

Le grand David s’avançait toujours de « puissance en puissance » (Ps. 83/84, 6-8)... Ainsi celui qui monte ne s’arrête jamais d’aller de commencement en commencement par des commencements qui n’ont jamais de fin. Jamais celui qui monte n’arrête son désir à ce qu’il connaît déjà ; mais, s’élevant successivement par un autre désir à nouveau plus grand, à un autre supérieur encore, l’âme poursuit sa route vers l’infini à travers des ascensions toujours plus hautes.

Expression de la mystique sacramentelle

Les Psaumes ne sont pas seulement source de prière intime. Dans le Psaume 22/23 se discerne en filigrane le mystère eucharistique comme origine de la sobria ebrietas conférant à la prière psalmique, au sacrifice des lèvres, une sorte d’équivalence qui en fasse comme un relais de l’Eucharistie sacramentelle, pour une rencontre qui s’opère sous un autre mode que la communion eucharistique, mais qui n’en est pas moins réelle. Grégoire de Nysse nous en donne un exemple :

(Le Bon Pasteur) dispose la table sacramentelle... Ensuite, il oint la tête de l’huile de l’Esprit et, lui apportant le vin qui réjouit le cœur, il répand dans l’âme la sobre ivresse.

L’épreuve des siècles

Et depuis l’époque patristique les Psaumes n’ont pas perdu la faveur des chrétiens, moines et non-moines. Les nombreux commentaires dont ils firent l’objet suffiraient à le prouver et on ne peut se dispenser de citer, au moins, les fameuses Enarrationes in Psalmos de saint Augustin destinées au peuple d’Hippone [46]. Ils furent même, ici ou là, l’occasion de ce qui nous apparaît comme des outrances : récitation de tout le Psautier ou même de plusieurs (!) par jour... Cassien se montre déjà très réprobateur à l’égard de l’usage gaulois de réciter chaque nuit vingt ou trente Psaumes [47], et reprend pour son propre compte l’usage des pachômiens [48], qui limite à douze les Psaumes des vigiles nocturnes. Benoît continua la tradition jusqu’à nos jours avec la récitation du Psautier sur la semaine [49]. Il a fallu attendre le XXe siècle et Vatican II pour que ces dispositions soient remises en question et soumises à la critique. La traduction dans les différentes langues vivantes n’a pas peu joué en ce sens. Mais, tandis que les splendides hymnes grégoriennes, joyaux polis au cours de âges, ne tenaient pas devant cette lame de fond, les Psaumes résistent ! « Un je ne sais quel charme » nous porte encore vers eux.

Et pourtant !... Qu’ai-je à voir avec ces poèmes bien typiques d’une civilisation, d’un moment de l’histoire à jamais révolus ? Comment couler ma prière dans cette poésie de cour, épithalames ou chants guerriers ? Que me sont Guébal, Ammon, Amalec, Sissera et Yabin au torrent de Qissôn (Ps 82/83, 8, 10), et tant de traits de culture difficilement transposables ?

La question posée aux premiers chrétiens nous est de nouveau adressée.

(À suivre)

Monastère Notre-Dame des Gardes
Saint-Georges des Gardes
F-49120 CHEMILLÉ, France

[1Sur l’introduction des Psaumes dans le chant de la liturgie, voir B. Fischer, « Le Christ dans les Psaumes. La dévotion aux Psaumes dans l’Église des martyrs », La Maison-Dieu, 1951, n° 27, 86-109 (87-89). Sur les Psaumes en général, voir E. Lipinski, « Psaumes, I. Les genres littéraires » ; E. Beaucamp, « Psaumes, IL Le psautier » ; I. Saint-Arnaud, o.f.m., « Les Psaumes dans la tradition chrétienne », Supplément au Dictionnaire de la Bible, Paris, Letouzey, IX, 1979, 1-125, 125-206 et 206-214.

[2Voir A. G. Martimort, L’Église en prière. IV. La liturgie et le temps, Éd. nouvelle, Paris, Desclée, 1983, 228-233 ; I. Saint-Arnaud, o.f.m., art. cité, 210.

[3Mt 26,30.

[4Mt 26,46 ; Mc 15,34 ; Lc 23,46. Voir A. George, s.m., « Jésus et les psaumes », À la rencontre de Dieu. Mémorial Albert Gelin, Coll. Bibliothèque de la Faculté catholique de Lyon, 8, Le Puy, X. Mappus, 1961, 297-308 ; J. Jeremias, « La prière quotidienne dans la vie du Seigneur et dans l’Église primitive », dans Mgr Cassien et B. Botte, o.s.b., La prière des heures, Coll. Lex orandi, 35, Paris, Cerf, 1963, 43-58 ; K. Hruby, « Les heures de prière dans le judaïsme à l’époque de Jésus », ibid., 59-84.

[5A. Gelin, p.s.s., « Les quatre lectures du Psaume XXII », Bible et Vie chrétienne, 1 (1953), 31-39 ; ID., Les pauvres de Yahvé, Coll. Témoins de Dieu, 14, 3e éd., Paris, Cerf, 1953, 108-118.

[6A. Rose, « L’influence des Psaumes sur les annonces et les récits de la passion et de la résurrection dans les Évangiles », Le Psautier. Ses origines. Ses problèmes littéraires. Son influence, Coll. Orientalia et Biblica Lovaniensia, 4, Louvain, Institut orientaliste, 1962, 297-356 (312-318).

[7J. Coppens, La portée messianique du Psaume CX, Coll. Analecta Lovaniensia Biblica et Orientalia, III, 1, Louvain, Publications universitaires, 1955 ; TH. Chary, Les prophètes et le culte à partir de l’Exil, Coll. Bibliothèque de Théologie, III, 3, Tournai-Paris, Desclée, 1955, 273, note 3.

[8Voir A. George, s.m., art. cité à la note 4 ; C.H. Dodd, Conformément aux Écritures, L’infrastructure de la théologie du Nouveau Testament, Coll. Parole de Dieu, Paris, Seuil, 1968, 35-39, 98-106.

[9A. Rose, Psaumes et prière chrétienne. Essai sur la lecture de quelques Psaumes dans la tradition chrétienne, Coll. Paroisse et Liturgie, 66, Bruges, Biblica, 1965 ; Id., Les Psaumes, voix du Christ et de l’Église, Coll. Bible et Vie chrétienne, N.S., Paris, Lethielleux, 1982 ; J. Daniélou, s.j., Études d’exégèse judéo-chrétienne (Les Testimonia), Coll. Théologie historique, 5, Paris, Beauchesne, 1966.

[10B. Fischer, « Les Psaumes, prière chrétienne. Témoignages du IIe siècle », La prière des heures (cité à la note 4), 85-99 (92-93) ; Épitre de Barnabé, Coll. Sources chrétiennes, 172, Paris, Cerf, 1971 ; Justin, Oeuvre (La philosophie passe au Christ), « Dialogue avec Tryphon », Coll. Lettres (Littératures) chrétiennes, 3, Paris, Éd. de Paris, 1958, 115-353.

[11Justin, « Dialogue avec Tryphon », 73, op. cit., 249 ; cf. B. Fischer, art. cité à la note 12, 97-98.

[12Cf. J. Daniélou, s.j., Études... (cité à la note 11), 30-41.

[13Ibid., 141-162.

[14Ibid., 145, avec référence à Origène, Commentariorum series in Matthaeum, 85 et 92. Cf. J. Daniélou, s.j., Bible et liturgie, Coll. Lex orandi, 11, Paris, Cerf, 1951, 240-258, avec une citation de saint Cyprien, p. 248 (Epist., LXIII, 11).

[15Cyrille de Jérusalem, Catéchèses mystagogiques, IV, 7, Coll. Sources chrétiennes, 126, Paris, Cerf, 1966, 141-143 ; Ambroise de Milan, Des sacrements, V, 13 ; Des mystères, 43, même coll., 25 bis, 1961, 125-127 et 181 ; Grégoire de Nysse, Sermo in Ascensionem Domini, PG 46, 692 A-B.

[16B. Fischer, « Le Christ dans les Psaumes », art. cité à la note 1, 86-109 ; Id., « Les Psaumes, prière chrétienne », dans La prière des heures (cité à la note 4), 85-99.

[17P. Nautin, Origène, sa vie et son œuvre, Coll. Christianisme antique, 1, Paris, Beauchesne, 1977, 262-275, 419-420.

[18B. Fischer, « Le Christ dans les Psaumes », art. cité à la note 1, 91-92.

[19Augustin, Enarrationes in Psalmos, Ps. 144, 1, Coll. Corpus Christianorum Series Latina, 40, Turnhout, Brepols, 1966, 2088 ; Id., Priez Dieu : les Psaumes, Coll. Traditions chrétiennes, 7, Paris, Cerf, 1982.

[20B. Fischer, « Le Christ dans les Psaumes », art. cité à la note 1, 91-92.

[21Tertullien, Adversus Praxeam, XII, 7, Coll. Corpus Christianorum Series Latina, 2, Turnhout, Brepols, 1954, 1172.

[22Augustin, Enarrationes... (cité à la note 21), Ps. 42, 1, même coll., 38, 1956, 474 ; P. Saumon, o.s.b., « De l’interprétation des Psaumes dans la liturgie aux origines de l’Office divin », La Maison-Dieu, 1953, n° 33, 21-55.

[23J. Roldanus, Le Christ et l’homme dans la théologie d’Athanase d’Alexandrie, Étude de la conjonction de sa conception de l’homme avec sa christologie, Coll. Studies in the History of Christian Thought, 4, Leiden, Brill, 1977, 311, 316, 322-338.

[24Saint Athanase, Vie et conduite de notre Père saint Antoine, § 9, 13, 28, 40, Coll. Spiritualité orientale, 28, Bellefontaine, Abbaye, 1979, 31, 33-34, 54-55.

[25A. et C. Guillaumont, « Démon. III : Dans la plus ancienne littérature monastique », Dictionnaire de Spiritualité, III, Paris, Beauchesne, 1957, col. 189-212.

[26Evagre le Pontique, Antirrheticus (texte syriaque et traduction grecque), dans W. Frankenberg, Evagrius Ponticus, Coll. Abhandlungen der königlichen Gesellschaft (= der Akademie) der Wissenschaften zu Göttingen, Philosophisch-historische Klasse, N.F. XIII, 2, Berlin, Weidmann, 1912, (Kraus Reprints, 1970), 472-545.

[27Saint Athanase, Vie et conduite... (cité à la note 27), § 7, 16, 91 ; p. 29, 36, 89.

[28Apophtegme d’Arsène, 3, dans Les Sentences des Pères du désert, Collection alphabétique, Solesmes, Abbaye, 1981, 23.

[29Dorothée de Gaza, Œuvres spirituelles, « Vie de saint Dosithée », 6, Coll. Sources chrétiennes, 92, Paris, Cerf, 1963, 131 et 133 ; Barsanuphe et Jean de Gaza, Correspondance, lettre 21, Solesmes, Abbaye, 1972, 27 ; Les Sentences des Pères du désert, Nouveau recueil, M 108, Solesmes, Abbaye, 1970, 215.

[30Pseudo-Macaire, Œuvres spirituelles, I, Homélies propres à la collection III, 22, 3, 4 ; Coll. Sources chrétiennes, 275, Paris, Cerf, 1980, 261.

[31Les Apophtegmes des Pères du désert, Série alphabétique, 42, Coll. Spiritualité orientale, 1, Bellefontaine, Abbaye, 1966, 433 ; Les Sentences... Nouveau recueil (cité à la note 33), 392/31, 121 ; Agathon, 21, Les Sentences... Collection alphabétique (cité à la note 32), 42.

[32Abbé Isaie (de Scété), Recueil ascétique, 4, 30 ; 4, 71 ; 4, 113 ; 6, 1, 7, 15 ; 16, 43 ; 16, 83, 16, 102 ; 21, 12-13 ; 26, 2 ; 26, 23, Coll. Spiritualité orientale, 7, Bellefontaine, Abbaye, 1970, 60-242 ; Barsanuphe et Jean de Gaza, Correspondance (cité à la note 35), lettres 2, 75, 102, 641, 744, p. 72-463 ; Dorothée de Gaza, Oeuvres spirituelles (cité à la note 33), lettre 14, n° 199, 523.

[33« Pachomiana latina », Préceptes 3, 6, 28, 36, 49, 59, 60, 116, 139, 140, dans Ph. Deseille, L’esprit du monachisme pachômien, Coll. Spiritualité orientale, 2, Bellefontaine, Abbaye, 1974, 15-38.

[34Saint Athanase, Vie et conduite... (cité à la note 27), § 44, 57 ; Palladius, Les moines du désert. Histoire lausiaque, 7 : « Ceux de Nitrie », Coll. Les Pères dans la foi, Paris, Desclée De Brouwer, 1981, 50.

[35Les Sentences... Nouveau recueil (cité à la note 33), N 587, 112-113.

[36Les Sentences... Collection alphabétique (cité à la note 32), Dioscore, 2, 80.

[37Saint Jean Climaque, L’échelle sainte, Septième degré : De l’affliction qui produit la joie, Coll. Spiritualité orientale, 24, Bellefontaine, Abbaye, 1978, 113-126 ; voir aussi I. Hausherr, s.j., Penthos, La doctrine de la componction dans l’Orient chrétien, Coll. Orientalia christiana analecta, 13, Rome, Pont. Institutum Orientalium Studiorum, 1944.

[38Les Sentences... Collection alphabétique (cité à la note 32), Arsène, 27, 29.

[39Saint Athanase, Vie et conduite... (cité à la note 27), § 10, 32.

[40H. de Lubac, s.j., Histoire et Esprit, L’intelligence de l’Écriture d’après Origène, Coll. Théologie, 16, Paris, Aubier 1950, 92-178.

[41M.J. Rondeau, « Exégèse du Psautier et anabase spirituelle chez Grégoire de Nysse », Epektasis, Mélanges patristiques offerts au Cardinal Jean Daniélou, Paris, Beauchesne, 1972, 517-531.

[42« Intellect » : tentative désespérée pour rendre l’intraduisible noûs grec des Pères, qui participe à la fois du cœur et de l’esprit, coeur profond, fine pointe de l’âme et de l’être, où Dieu habite et nous saisit.

[43Jean Cassien, Conférences VIII-XVII, IX, 26, Coll. Sources chrétiennes, 54, Paris, Cerf, 1958, 62.

[44Voir H.J. Sieben « Mnèmè Théou (souvenir de Dieu) », Dictionnaire de Spiritualité, X, Paris, Beauchesne, 1980, col. 1407-1414.

[45Id., Conférences I-VII, I, 17, Coll. Sources chrétiennes, 42, Paris, Cerf, 1955, 98.

[46Voir la note 21.

[47Jean Cassien, Institutions cénobitiques, II, 2, Coll. Sources chrétiennes, 109, Paris, Cerf, 1965, 59.

[48Palladius, Les moines du désert (cité à la note 38), 32, 6-7, 96-97 ; Sancti Pachomii vitae graecae, Vita tertia, 32 (« Règle de l’ange »), Coll. Subsidia hagiographica, 19, Bruxelles, Société des Bollandistes, 1932, 276-277.

[49Règle de saint Benoît, ch. 11 : « Comment célébrer les vigiles le dimanche ».

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