Quelle éducation pour des sociétés en crise ?
Hervé Carrier, s.j.
N°1985-2 • Mars 1985
| P. 71-86 |
Beaucoup de religieux et de religieuses semblent avoir développé, face aux jeunes, une mentalité d’exilés. Il leur paraît que ceux-ci vivent désormais ailleurs, dans un autre monde culturel. Comment réagir devant ce fait ? Il importe d’abord de comprendre ce qui se passe. C’est ce que H. Carrier tente dans ces pages, au moment où s’ouvre l’année internationale de la jeunesse. En lisant son texte, on réalise mieux l’importance d’une pédagogie de l’accueil et de la confiance faite aux jeunes, sans connivence avec leurs errances, dont notre société est d’ailleurs souvent la cause. N’est-ce pas une invitation à rejoindre et accompagner les jeunes là où ils se trouvent et à réveiller en eux l’espérance ?
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Présentation
Ces pages, consacrées aux conditions socio-culturelles de l’éducation aujourd’hui, se situent dans l’optique de la réflexion sociologique et de l’analyse culturelle. La formation religieuse comporte, évidemment, d’autres aspects, dont l’importance est évidente : aspects spirituels, doctrinaux et pratiques qui sont liés à la vie ecclésiale et à la tradition de chaque Institut religieux.
Il n’est pas sans intérêt, cependant, de faire appel, en une matière aussi complexe, à l’éclairage complémentaire que peuvent nous fournir les sciences humaines actuelles. Le Concile Vatican II, à plusieurs reprises, nous invite à utiliser les ressources de la sociologie et de la psychologie, pour mieux découvrir les conditions sociales, les tendances culturelles et les mentalités des milieux où les chrétiens exercent leur action [1].
C’est donc dans cet esprit d’une contribution complémentaire que je livre ces observations sur les conditions de l’éducation dans nos sociétés modernes. Nous nous arrêterons surtout à certaines tendances qu’on observe chez les jeunes et qui posent un défi nouveau pour tous les éducateurs et les éducatrices. Ne cherchons pas à dresser un portrait d’ensemble de la jeunesse actuelle. Tentons plutôt de saisir les évolutions psycho-sociologiques qui nous interpellent plus particulièrement et qui sollicitent notre action commune. Commençons par une observation générale.
Éduquer : une fonction encore possible ?
Beaucoup d’éducateurs et d’éducatrices semblent avoir développé une mentalité d’exilés, car les jeunes vivent désormais ailleurs, dans un autre univers culturel. On assiste alors à un fait paradoxal : d’une part, nos sociétés continuent à répéter que la tâche de « former les générations nouvelles » constitue l’une des fonctions les plus importantes ; par ailleurs, ce sont surtout les formateurs et les formatrices qui expriment aujourd’hui les plus graves perplexités sur le sens et les conditions de l’éducation. Posons la question en ses termes les plus radicaux : la fonction d’éduquer est-elle encore possible dans nos sociétés en crise ? Ne sommes-nous pas devant une contradiction quasi insurmontable ? Car comment, dans la confusion culturelle, peut-on vaquer sereinement à l’éducation, alors que le métier de formateur suppose une stabilité au moins relative des valeurs et des institutions ? La pratique éducative devient impossible dans l’agitation.
Considérons la situation actuelle des trois protagonistes de l’éducation : les jeunes à éduquer, la société dans laquelle ils auront à s’insérer, les éducateurs eux-mêmes. Or, ces trois agents de l’éducation sont marqués tous ensemble par de profondes mutations et insécurités. Les jeunes générations sont entrées dans un processus d’évolution qui les éloigne toujours plus des modèles humains traditionnels. Les sociétés qui les accueilleront demain ont perdu toute stabilité ou projet crédible à leurs yeux. Les éducateurs eux-mêmes donnent souvent l’impression d’avoir perdu les points fixes de leurs convictions d’adultes.
Tel est le problème réduit à ses éléments les plus simples. Enjeu redoutable, reconnaissons-le, mais dont la gravité elle-même constitue un stimulant neuf et un défi moral de vitale importance. Pour tenter de dépasser les contradictions apparentes du dilemme éducatif d’aujourd’hui, je propose de recourir à une méthode de réflexion anticipative : cherchons à comprendre l’avenir des jeunes, en nous mettant à leur point de vue. Par une sorte de sociologie prospective de la jeunesse, essayons de capter la réalité à venir, à travers les yeux des jeunes.
Le visage des jeunes
Nul regard humain ne peut nous laisser indifférents, encore moins celui des jeunes, qui lèvent les yeux vers nous avec autant d’inquiétude que d’expectative. Voyons ces visages pleins de promesses et d’angoisses. Emmanuel Lévinas a exprimé avec grande perspicacité le sens éthique et spirituel du visage humain. Imaginons surtout le visage des jeunes générations : « Je pense, dit Lévinas, que l’accès au visage est d’emblée éthique ». Le visage révèle tout l’humain : « Le visage est exposé, menacé ». Tout visage m’interpelle, et je ne puis me détourner en disant : « ça ne me regarde pas », car, précisément : « il me regarde [2] ».
Or, les yeux des jeunes rencontrent aussi notre propre visage, ils nous observent, nous interrogent sur nos convictions ; parfois nous jugent, nous critiquent ou même nous condamnent. Que lisent-ils dans nos yeux ? Y découvrent-ils la compréhension, y perçoivent-ils surtout une profonde connivence avec leur propre inquiétude devant l’avenir ? Ne nous y trompons pas, ils y lisent nos propres anxiétés, face à un monde qui meurt, le nôtre, et à un autre monde qui émerge, le leur. C’est le visage même de l’homme qui est en train de changer. Emmanuel Mounier l’a dit avec finesse : « Nous sommes entrés dans une de ces crises périodiques de l’homme, où l’homme cherche dans l’angoisse à retenir les traits d’un visage qui se défait, ou à se reconnaître figure d’homme dans le nouveau visage qui lui vient. Il lui faut alors choisir vigoureusement, dans la confusion de toutes les valeurs, ce que c’est que d’être homme, et homme de son temps, puis de le vouloir hardiment, en alliant imagination et fidélité [3] ».
Le regard des jeunes posé sur nous, c’est une invitation à l’échange, à la connaissance réciproque et à la découverte de nos responsabilités complémentaires et indissociables face au futur. Il n’y aura pas d’avenir humain sans un dialogue renouvelé des générations. En nous regardant, les jeunes se livrent secrètement à nous, mais remarquons-nous suffisamment qu’ils nous révèlent aussi à nous-mêmes ? Demandons-nous avec quelle vue de l’esprit nous regardons nous-mêmes les jeunes. Les voyons-nous avec une sympathie créatrice ? Souvenons-nous du regard de Jésus posé sur le jeune homme venu l’interroger sur son avenir : il le regarda et l’aima - assumant par avance le risque de la déception.
Culpabiliser ou libérer ?
Deux optiques semblent caractériser plusieurs de nos contemporains à l’égard des jeunes générations.
Regard réprobateur
Une première attitude consiste à porter sur les jeunes un regard réprobateur, comme pour dire : ils veulent tout recommencer, ils rejettent toute autorité, ils détruisent les institutions et les valeurs morales du passé. Ils apparaissent comme les nouveaux barbares des temps modernes, qui ruinent la civilisation et les structures créées après des siècles de communs efforts. En un mot, la nouvelle mentalité libertaire des jeunes serait l’une des causes principales de l’effondrement des institutions qui nous sont les plus chères et sur lesquelles reposait jusqu’ici l’ordre civique et religieux.
Pour illustrer ces traits négatifs, on cite plusieurs enquêtes en Europe et en Amérique [4], soulignant chez les jeunes des tendances troublantes : ils s’enferment, dit-on, dans l’égoïsme de la « me-generation » (la génération du moi), le permissivisme est leur nouveau code moral, ils condamnent l’école qui ne les préparerait pas à la vie, ils refusent la famille stable et préfèrent, en grand nombre, la cohabitation libre. Ils méprisent toute idéologie ; la politique les dégoûte, et ils sont en révolte contre un système économique international qui perpétue l’injustice et leur réserve le spectre du chômage massif. C’est une jeunesse démobilisée, sans horizons, dit-on, qui se réfugie en nombre croissant dans la révolte, la délinquance, la drogue, le suicide. Des statistiques du début de 1984 révèlent que les suicides des jeunes aux U.S.A. ont augmenté de 41 pour cent en 10 ans, de 1970 à 1980. Ce n’est pas, on le sait, une tendance limitée aux U.S.A. Le nombre des jeunes drogués progresse à un rythme alarmant dans les pays industrialisés et le phénomène gagne maintenant plusieurs pays du tiers monde.
Selon les observateurs les plus pessimistes, ce serait la ruine d’une époque culturelle. Georges Duhamel écrivait, aux dernières pages de son journal publié sous le titre : Le Livre de l’amertume [5] : « Les civilisations ici et là croulent comme des pyramides de sable et le sable s’envole au vent ». Faut-il croire que la famille humaine s’engage désormais dans un avenir de nihilisme ? - comme l’avait prophétisé Frédéric Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra : « Nous entrons dans le nihilisme pour les trois ou quatre siècles à venir ».
Sombre portrait d’une génération que certains voudront, non sans raison, rejeter comme trop caricatural. Mais observons bien, autour de nous, les réactions des générations aînées face aux jeunes : ces traits négatifs ne sont-ils pas ceux qui retiennent trop souvent l’attention ? Il conviendrait de se demander le pourquoi de cette attitude réprobatrice. On y découvrirait, sans doute, la nostalgie inconsciente d’une époque en train de disparaître et la secrète espérance de revenir aux sécurités culturelles et aux institutions stables du passé. Est-ce une attitude réaliste, alors que les crises profondes qui secouent toutes les structures sociales, économiques, culturelles, religieuses, nous projettent malgré nous dans une autre époque à construire ?
Compréhension libératrice
Aussi préférons-nous partir d’une interprétation diverse des faits et regarder les jeunes avec une tout autre attitude, faite de compréhension, de patiente recherche, de discernement critique, en vue d’un dialogue libérateur. Dans ce dialogue, ce sont les adultes qui doivent faire les premiers pas, avec générosité et intelligence. Cela facilitera une attitude de collaboration entre des générations appelées à devenir les co-créatrices d’un monde nouveau, fondé sur la justice, la fraternité, la dignité pour tous, la paix collectivement conquise et partagée.
Au lieu d’accuser les jeunes, cherchons à les comprendre et à nous comprendre nous-mêmes, dans nos responsabilités communes et spécifiques devant l’avenir à refaire. Évitons la recherche illusoire du « coupable », qui trop souvent nous fait esquiver les causes véritables de nos malheurs. Les jeunes sont le reflet de notre société et le miroir de notre culture. Leurs angoisses, comme leurs aspirations, ne sont pas étrangères aux nôtres, car ils vivent dans une crise qui vient de nous. L’écrivain Élie Wiesel, candidat au Prix Nobel et professeur aux États-Unis, qui a vécu le drame d’Auschwitz, décrit bien l’attitude que j’évoque ici : « J’enseigne à l’université, dit-il, et j’ai beaucoup de sympathie pour ces jeunes qui vivent dans le désespoir sans trop le savoir, car nous les rendons responsables d’un monde que nous avons créé nous-mêmes [6] ».
Compréhension ne veut pas dire aveuglement ou démission devant les problèmes ou les détresses réelles des jeunes. Il faut reconnaître avec lucidité, comme le font plusieurs enquêtes, que les jeunes sont tentés par un certain fatalisme devant la rigidité des systèmes et l’échec dramatique de toutes les idéologies. Plus que leurs aînés, ils sont révoltés par des politiques et des économies de guerre qui peuvent, à tout instant, provoquer l’anéantissement des sociétés et des cultures que nous défendons à leurs yeux. Comment peuvent-ils faire confiance aux générations qui perpétuent un tel système ? N’oublions pas, en outre, qu’ils sont en grand nombre victimes de l’effondrement de l’institution familiale. En plusieurs pays, près d’un tiers et même la moitié des mariages aboutissent au divorce. Les jeunes vivent ces drames dans une anxiété difficilement supportable. Ils éprouvent un sentiment d’impuissance qui les désespère. L’autodestruction par la drogue, le permissivisme moral et le suicide pourraient bien être la conséquence de leur sentiment de frustration et d’inutilité.
La démobilisation sociale et politique, qu’on observe chez eux, s’expliquerait donc par le fait qu’ils sont profondément traumatisés par la crise économique et culturelle, si bien illustrée par le discours et la pratique des adultes. Et, pour sortir de la crise généralisée, ces mêmes adultes semblent tout simplement vouloir restaurer et renforcer l’ordre et la règle de la société technique, impersonnelle, inhumaine, reposant sur l’équilibre de la terreur, perspective de plus en plus insupportable aux jeunes de tous les pays. Jean Onimus a bien perçu cette réaction des jeunes devant un « ordre » anti-humain et face à « une société se stabilisant dans l’ennui et le dégoût de vivre et dégénérant peu à peu dans la froideur et l’indifférence ». Il la décrit comme suit, accentuant ses traits inhumains : « société techniquement réussie, mais vitalement insupportable, où l’insurrection, la violence destructrice, la drogue, n’importe quelle folie valent mieux que le silence mortel de l’ordre. C’est ce choix déchirant entre le robot et l’insurgé qu’il faut éviter d’imposer à la jeunesse. On ne l’évitera qu’en lui proposant de participer à une culture à la fois créatrice et critique [7] ».
Deux facteurs semblent marquer plus particulièrement une certaine culture des jeunes et mériter notre attention et notre compréhension. Je dis : « une certaine culture des jeunes », pour éviter de généraliser indûment et pour m’arrêter seulement à deux tendances qui apparaissent typiques en plusieurs pays et qui posent de nouveaux problèmes aux éducateurs et éducatrices. Je me réfère, premièrement, aux conséquences psycho-sociales du permissivisme moral, qui s’est aggravé chez les jeunes depuis une quinzaine d’années surtout. Deuxièmement, je voudrais indiquer les mutations culturelles et psychologiques que provoque, chez les jeunes, l’impact des médias.
Victimes de la société permissive
Il faut beaucoup de discernement pour comprendre les appels des jeunes et pour leur offrir notre écoute, mieux, notre intention de cheminer avec eux. Je trouve un exemple émouvant de cette attitude chez l’un des plus grands théologiens de notre époque, Karl Rahner qui, à 80 ans, peu de temps avant sa mort, a publié ses réponses à vingt-cinq lettres de jeunes lui ayant confié les problèmes qui les tourmentent. Il s’agit, nous rappelle Rahner, de jeunes garçons et filles normaux, de 15 à 25 ans, aux prises avec tous les problèmes de la jeunesse d’aujourd’hui. Citons quelques lettres révélatrices de tant de situations actuelles [8].
Un premier cas nous présente un jeune homme qui a fui sa famille et son milieu, pour expérimenter la vie, au-delà de toutes les règles morales traditionnelles. Écoutons ses confidences, qui donnent l’impression d’un exilé à la recherche de lui-même : « Comme les autres, j’ai pris la fuite : je me suis fui moi-même, parce que mon milieu s’était éloigné de moi. À 15 ans, j’ai rompu avec ma famille et j’ai expérimenté tous mes sentiments. J’ai cherché refuge dans l’amour et, par ma trop grande faiblesse, j’ai exploité l’amour, sans même m’en rendre compte. Je me suis jeté dans la religion, pour reconnaître que je ne la voulais pas. Je me suis jeté dans l’alcool pour pleurer sur moi-même, en cachant ma honte. Je me suis jeté dans la drogue, pour vivre sans avoir à penser. Je m’en suis sorti pour pouvoir chercher encore [9] ».
Voici l’exemple d’une fille qui cherche à noyer son angoisse dans les flots de la musique, qui avoue sa soif de Dieu, mais ne peut accepter l’Église et ses exigences morales. Elle craint la déshumanisation : « Parfois, quand je veux trouver un peu de bonheur, j’ouvre le magnétophone et, pour quelques minutes, je me sens heureuse. J’éprouve une sorte d’équilibre psychique. Mais bientôt tout redevient comme avant. Je pense que c’est seulement avec l’aide de Dieu que je pourrais me réconcilier avec moi-même. Mais, dans l’Église, je ne me trouve vraiment pas satisfaite. Quand je pense ‘Église’, je pense aussitôt ‘la chasteté’, qui me paraît une chose tellement inhumaine, un refus de la satisfaction personnelle. Je ne sais si la parole ‘inhumaine’ provient de l’homme tel qu’il a été voulu et créé par Dieu. Qu’est-ce qui constitue vraiment l’être humain ? Je comprends clairement que j’ai une longue route à parcourir pour atteindre Dieu. Mais je veux tenter de parvenir jusqu’à lui [10] ».
Une autre cas illustre combien l’illusion de la vie libérée et du comportement purement instinctif finit par détruire les jeunes et les vide d’eux-mêmes. Écoutons ce garçon qui se sent devenir impuissant, aboulique, inutile : « Ma vie confirme la parole : l’esprit est prompt, mais la chair est faible. Après chaque désillusion, je me trouve abattu et déprimé. Je commence alors à boire et à rêver d’un monde meilleur. J’en suis arrivé au point de ne plus me préoccuper du lendemain : tout m’est égal, et je me suis habitué à ce rythme. Chaque jour commence et finit de la même manière. Je bois beaucoup et je me perds dans les rêves, la moitié du temps. Je suis envahi d’un sentiment d’impuissance. Je voudrais faire quelque chose contre mes défauts, mais je ne me sens capable d’aucun effort. Ainsi, peu à peu, je suis devenu inutile [11] ».
La réponse de Rahner à ces lettres, si franches et souvent si pathétiques, est exemplaire et pourrait inspirer beaucoup d’éducateurs et d’éducatrices. À tous ces jeunes, il témoigne d’abord une entière compréhension et une vraie sympathie personnelle. Il conserve cependant toute sa liberté pour discerner les illusions, les contradictions, les faux prétextes. Tout en faisant siennes les angoisses des jeunes, il n’a aucune complaisance pour leurs faux raisonnements et leurs justifications insoutenables. A tous, il rappelle avec clarté et conviction les exigences de l’Évangile et l’enseignement de l’Église. Il cherche surtout à donner confiance en disant : n’en doute pas, tu peux te libérer, te vaincre, te dépasser dans l’amitié du Christ. Sa pédagogie est celle de la confiance, de la sincérité, de l’espérance ; c’est l’approche qui rejoint le mieux les attentes des jeunes d’aujourd’hui, car leurs anxiétés personnelles, leurs angoisses devant une culture en crise, leurs déceptions dans la recherche d’une orientation de la part des aînés provoquent chez beaucoup d’entre eux une véritable détresse et un appel à l’aide.
Une génération vulnérable
Ces situations de désarroi chez tant de jeunes nous interpellent de manière dramatique et requièrent un effort exceptionnel d’intelligence pour comprendre comment ils en sont arrivés là. Certains observateurs ont fait remarquer que les jeunes sont les victimes les plus vulnérables d’une société conçue comme un système déshumanisé, comme une mégamachine. Certains même disent que les jeunes se comportent « comme si la catastrophe nucléaire s’était déjà produite ». C’est l’avis d’un sociologue prestigieux, Lewis Mumford, qui a montré comment les jeunes végètent parmi les ruines de notre société, sans abri stable, sans s’occuper de la nourriture du lendemain, sans coutumes ni règles autres que celles qu’ils improvisent jour après jour, sans livres ni diplômes, sans carrière ni métier, rejetant les connaissances du passé, sauf celles que l’inexpérience de leurs compagnons leur enseigne. Ils s’attroupent ensemble, se touchent l’un l’autre et, ainsi seulement, trouvent un minimum de sécurité [12].
Ces jeunes, certes, ne représentent pas toute « la jeunesse », et on pourrait, à partir d’autres observations, dessiner la face positive d’une jeunesse nouvelle, dont la générosité étonne parfois ses aînés. Nous y reviendrons plus loin.
Notre propos ici, comme éducateurs et éducatrices, est de nous pencher sur les menaces croissantes qui guettent de plus en plus de jeunes autour de nous, les rendant trop souvent les victimes sans défense de l’anti-culture ambiante, c’est-à-dire de la dégradation de l’humain. Le nombre de ces victimes est impressionnant, dans les pays les plus divers ; ils constituent un signal de détresse pour l’ensemble de la famille humaine.
Les héritiers de la culture agnostique
Nous assistons aux ultimes conséquences d’une évolution culturelle qui a prôné, avec toute la puissance des moyens modernes de diffusion, la normalité d’un comportement libéré de toute contrainte morale et de toute prescription ou espoir religieux. La société actuelle, certes, continue à parler de religion, mais elle vide celle-ci des exigences vitales de la foi et de la morale. Le Professeur P. Veyne, du Collège de France, a observé très justement cette tendance de notre culture : « Or, je vous le dis en vérité, très bientôt la religiosité paiera plus que la sexualité, qu’on commence à connaître par cœur. Mais à condition que cette religion soit sans dieux ni église, que la sexualité y soit innocente et qu’on n’y ait pas peur de la mort, laquelle n’est rien, comme son nom l’indique. Une religion de déploiement heureux, et non de croyance [13] ».
La culture dominante, en plusieurs pays, a cru libérer l’homme du poids des religions et de leurs codes éthiques. Or les générations nouvelles démontrent, dans leur chair et leur esprit, les effets dévastateurs de ces présupposés agnostiques : c’est l’être humain lui-même, les plus jeunes surtout, qui en paient maintenant le prix fort. Sans norme transcendante, on peut se donner, un temps, l’illusion de la félicité, mais on n’échappe pas, finalement, aux germes destructeurs de cette utopie morale. Dans un livre prophétique le P. Henri de Lubac prévoyait, il y a quarante ans, que l’homme en arriverait à organiser un monde sans Dieu, mais ce monde serait alors destructeur de l’homme. Il écrivait : « Il n’est pas vrai que l’homme, ainsi qu’on semble quelquefois le dire, ne puisse organiser la terre sans Dieu. Ce qui est vrai, c’est que, sans Dieu, il ne peut en fin de compte que l’organiser contre l’homme. L’humanisme exclusif est un humanisme inhumain [14] ».
La gravité de cette évolution anti-culturelle comporte des effets d’une telle ampleur et d’une telle évidence qu’elle provoque un véritable dégrisement et un réveil brutal. On peut tirer de ces faits d’irrésistibles arguments pour dire, avec assurance, aux jeunes comme aux moins jeunes : revenons à la dignité élémentaire de l’être humain, créé pour le vrai et le beau, capable d’infini et de transcendance. Au fond de la détresse actuelle, une espérance est latente. L’Évangile peut de nouveau apparaître dans toute sa fraîche nouveauté.
Des signes positifs, heureusement, nous indiquent que les jeunes sont de plus en plus sensibles à la voix de l’espérance. Si on regarde bien autour de soi, on voit apparaître le visage d’une autre jeunesse, très sensible à des valeurs nouvelles, telles que la résurgence des communautés effectives, l’engagement pour la paix, la justice, le développement, le respect et la défense de la nature, la redécouverte du religieux et de la prière, la soif de la contemplation et de l’intuition admirative, la recherche de modèles éthiques crédibles et l’attente de leaders adultes capables de lui inspirer confiance. Pour ces jeunes, l’esprit de 1968 est incompréhensible et représente une époque étrangement irréelle. On le voit dans tous les voyages du Pape, ils répondent avec une étonnante ardeur aux appels de Jean-Paul II, même les plus exigeants. On voit aussi de nombreux jeunes s’engager avec une générosité extraordinaire à servir Jésus-Christ en Église, se souciant personnellement des plus pauvres, proches ou lointains. Autre fait très significatif : les nombreuses conversions de jeunes, suscitées par les jeunes eux-mêmes. Oui, l’Esprit est à l’œuvre dans ces jeunes qui se révèlent Jésus-Christ entre eux. Même si leur nombre est encore réduit, ils sont porteurs d’une culture nouvelle et ils annoncent une authentique espérance pour demain [15].
Ils parlent et pensent autrement
Encore faut-il que les éducateurs se fassent entendre des jeunes Mais voilà que surgit la redoutable difficulté, évoquée plus haut, à propos des mutations provoquées par les médias modernes. Les messages ne passent plus directement d’une culture à l’autre, d’une mentalité à l’autre. C’est comme si on se parlait sur le pont de deux navires qui se croisent au large. Nous le savons par expérience quotidienne, de nouveaux langages, de nouvelles façons de s’exprimer ont été engendrés par les médias modernes, et les adultes ont souvent grand-peine à utiliser et interpréter les codes de la nouvelle communication audio-visuelle. Les recherches ont montré à quel point les médias ont façonné un autre comportement intellectuel et affectif. Nous sommes aujourd’hui devant les premières générations qui ont été totalement immergées, depuis leur plus jeune âge, dans l’univers de la télévision et soumises à l’impact constant des médias. Nous pouvons difficilement comprendre, par l’intérieur, la psychologie et la sensibilité qui en résultent. Les jeunes ne voient plus, n’entendent plus, ne parlent plus comme avant [16].
Les médias, en général, tendent à développer l’imagination, le langage symbolique, l’expression affective, l’identification à l’événement, la communion au présent, mais ils réduisent la capacité de mémoriser, de conceptualiser, d’écrire avec application, de juger critiquement, de se concentrer longtemps.
Babin et Kouloumdjian expliquent, par un montage audio-visuel, les mutations subies par la nouvelle génération. Les thèmes suivants sont illustrés :
« Ils ne voient plus comme avant » : une diapositive montre une caméra qui prolonge indéfiniment l’œil humain.
« Ils n’entendent plus comme avant, ils ne parlent plus comme avant » : le transistor ou le téléphone prolonge l’oreille et la voix.
« Ils n’apprennent plus comme avant » : machines à calculer et nouveaux ordinateurs prolongent les capacités de l’intelligence.
« Ils ne commandent plus comme avant » : voyez le pupitre électronique qui est devenu l’instrument de commande.
« Ils ne marchent plus comme avant » : voyez le cosmonaute dans sa fusée imaginaire ou réelle qui prolonge la marche.
Il résulte, de ces observations et de ces faits, que nous commençons seulement à approfondir à quel point les jeunes générations sont en train de subir l’une des plus profondes mutations culturelles de l’histoire. Au sens fort, ils quittent un type de culture pour une autre. Ils sont en voie d’émigration, ils sont déjà ailleurs. De la part des jeunes, il n’y a pas tellement une opposition au système culturel que nous avons connu, c’est plutôt une dérive, comme le notent les auteurs cités : « Les jeunes ne sont pas, ou plus, contre telles ou telles valeurs, par rapport auxquelles ils tenteraient de définir leur identité. Ils sont ailleurs, dans un système différent, dans lequel ils s’insèrent selon un mode original et qui, peu à peu, se constitue en une véritable et nouvelle culture [17] ».
Comment alors les adultes pensent-ils affronter la révolution culturelle suscitée par les médias ? Trois pistes semblent s’imposer :
- D’abord comprendre et accepter les médias, comme un fait culturel qui restera et s’affirmera de plus en plus ; puis chercher à s’adapter psychologiquement aux nouvelles manières de voir, d’entendre et de comprendre créées par les médias modernes.
- Développer en nous-mêmes et chez les jeunes un sens critique à l’égard des médias, dont les messages constants véhiculent à tout instant un alliage de valeurs et de contre-valeurs. Cette liberté de jugement et d’appréciation face aux médias constitue, sans doute, l’un des objectifs majeurs de toute pédagogie moderne, car les médias envahissent toute la vie sociale, familiale, communautaire.
- Enfin, il faut savoir regarder au-delà des médias et défendre la valeur du silence, de l’application à l’étude personnelle, de la conversation tranquille et du dialogue des personnes. Les médias peuvent nous y aider, mais il faut les dépasser, dans le secret de son esprit, pour prier, pour réfléchir en paix et en profondeur, pour étudier et assimiler, pour écrire et créer dans l’originalité, pour être à l’écoute des autres et, ajoutons, pour pratiquer la première règle de toute vie intérieure qui est la conversion quotidienne et l’expérience personnelle de Jésus-Christ.
Tout ceci se rapporte directement à notre propos qui, essentiellement, vise à nous faire prendre conscience que le défi de la culture actuelle exige un effort de compréhension créatrice de la part des adultes, qui les rende capables de discerner en profondeur les mutations spirituelles et psychologiques que vivent les jeunes. C’est donc dire qu’une tâche nouvelle s’est ajoutée à la mission traditionnelle de l’éducateur et de l’éducatrice. Non seulement ils ont à aider les jeunes à croître jusqu’à leur maturité physique, intellectuelle et spirituelle, mais dorénavant il leur faut aussi découvrir les sujets nouveaux de l’éducation, ces jeunes à la mentalité si radicalement différente. Autre aspect de cette tâche nouvelle, c’est l’effort d’anticipation pour prévoir les formes nouvelles des sociétés de demain, de manière à rendre les jeunes et les aînés coresponsables de la construction des sociétés à venir.
L’effort qui est demandé est ardu et suscite une angoisse compréhensible, mais chaque génération peut trouver en elle-même les forces d’intelligence et d’amour qui soient à la hauteur des défis.
Élargir les finalités de l’éducation
On simplifierait à peine en décrivant l’éducateur de demain comme une personne qui se change elle-même, pour changer les jeunes selon leurs virtualités, afin de changer ensemble la société humaine de l’avenir.
Rien n’apparaît alors plus urgent que de redéfinir le sens de l’éducation dans nos cultures en mutation, sans négliger aucun des trois protagonistes de la pratique éducative, indiqués plus haut, c’est-à-dire : l’éducateur lui-même, l’éduqué et la société éducative.
Malheureusement, la culture actuelle semble entretenir la plus grande confusion sur les finalités de l’éducation et ceci, évidemment, ne facilite en rien la tâche des éducateurs et des éducatrices. Certains voient l’éducation comme la simple reproduction des cultures dominantes, afin de consolider les pouvoirs établis et le statu quo. D’autres utilisent l’éducation, avant tout, comme un investissement indirect au bénéfice de la vie économique. D’autres identifient éducation et endoctrinement sectaire ou idéologique. D’autres encore privilégient unilatéralement l’intellectualisme, l’érudition encyclopédique, la discipline volontariste, ou encore la professionnalisation, ou même l’identification à une classe sociale, la formation à la révolution. Essayons d’y voir clair en cherchant à préciser les objectifs de l’éducation qui correspondent le plus adéquatement aux aspirations radicales de l’être humain.
Quels objectifs poursuivre ?
L’expérience séculaire de l’Église, « mater et magistra », comme on l’a appelée, peut nous être d’un grand secours. L’Église, en effet, bénéficie d’une longue tradition pédagogique, qui permet d’apporter la lumière indispensable en une matière aussi décisive. Comment, alors, percevoir les finalités de l’éducation ? L’une des formulations les plus nettes de cette tradition pédagogique nous est venue de Jacques Maritain, qui identifie le but primordial de l’éducation à la conquête de la liberté intérieure : « Le premier but de l’éducation est la conquête de la liberté intérieure et spirituelle à atteindre par la personne individuelle ou, en d’autres termes, la libération de celle-ci par la connaissance et la sagesse, la bonne volonté et l’amour [18] ». Cette conception de l’éducation repose sur l’une des aspirations les plus profondes de l’être humain, la liberté : « Les principales aspirations de la personne sont des aspirations à la liberté », écrit Maritain, qui explique : « je parle de cette liberté qui est spontanéité, expansion, ou autonomie, et que nous devons conquérir par un constant effort et un continuel combat. Et quelle est la forme la plus essentielle d’un tel désir ? C’est le désir de la liberté intérieure et spirituelle ».
Rappelons-nous ce que nous avons illustré plus haut : la conquête de la liberté personnelle ne va pas de soi, dans un monde pluraliste, super-organisé, marqué par la permissivité morale, par une insatiable consommation, par la sollicitation constante des médias – dans un monde aussi qui souvent déprécie, rejette ou persécute le fait religieux. Cultiver la liberté intérieure dans cette société moderne constitue, plus que jamais, une priorité et c’est le but premier que se propose l’éducation.
Les finalités pratiques de l’éducation, c’est-à-dire son utilité sociale, économique, politique, ne sont pas minimisées pour autant. Au contraire, ces résultats pratiques seront mieux atteints, si tout l’humain est véritablement développé : « Le meilleur moyen d’obtenir ces résultats pratiques, dit Maritain, est de développer les capacités humaines dans leur ampleur ».
Jusqu’ici, il est question d’un seul des protagonistes de l’éducation, c’est-à-dire l’éduqué. Maritain élargit sa définition des objectifs en tenant compte de l’ensemble de la société qui éduque et qui accueille les nouvelles générations. Voici alors précisé l’objet de l’éducation : « C’est de guider l’homme dans le développement dynamique au cours duquel il se forme en tant que personne humaine – pourvue des armes de la connaissance, de la force de jugement et des vertus morales –, tandis que, en même temps, lui parvient l’héritage spirituel de la nation et de la civilisation auxquelles il appartient, et que se trouve ainsi conservé le patrimoine séculaire des générations ».
Pour une éducation prospective
J’ai tenu à citer textuellement ce paragraphe de Maritain, qui souligne parfaitement les aspects indispensables de conservation et de fidélité dans la transmission éducative, mais remarquons que l’aspect prospectif de la création sociale n’y est pas explicité. Voilà un point de maturation qui a été notablement affirmé depuis le temps où Maritain écrivait ses réflexions. Il est très significatif de voir à quel point le Concile Vatican II a insisté sur cet aspect créateur et prospectif de l’éducation, conçue comme le moyen par excellence de la construction de la cité future. Le premier paragraphe de la Déclaration du Concile sur l’éducation commence par ces mots : « L’extrême importance de l’éducation dans la vie de l’homme et son influence toujours croissante sur le développement de la société moderne... ». Les finalités de l’éducation y sont définies ainsi : « Le but que poursuit la véritable éducation est de former la personne humaine en vue de sa fin suprême, en même temps que du bien des sociétés dont l’homme est membre et dont il partage les responsabilités [19] ». Le développement de l’éduqué, on le voit, va de pair avec le développement de la société humaine.
L’Église, on le sait, revendique un rôle premier pour la famille dans l’éducation. Il y a aussi des devoirs et des droits déterminés qui relèvent de la société civile. L’Église elle-même se considère aussi comme éducatrice : « L’Église est donc tenue d’assurer à ses enfants l’éducation qui imprégnera toute leur vie de l’esprit du Christ ; en même temps elle aide tous les hommes à réaliser la perfection totale de la personne humaine, ainsi que le bien de la société terrestre et la construction d’un monde plus humain [20] ». Notons encore cette insistance sur la société à construire.
Ajoutons aussi que cet aspect social et prospectif dont nous parlons inclut un souci toujours plus marqué de voir l’éducation servir au bien de toute la famille humaine et de tous les peuples. C’est ce que Paul VI a voulu dire avec une éloquence particulière à l’Assemblée Générale des Nations Unies, le 4 octobre 1965, et que Jean-Paul II a souligné avec force devant l’Unesco, le 2 juin 1980.
Anticipation créatrice
Au terme de ces propos, reprenons notre question initiale : est-il encore possible d’éduquer dans des cultures en mutation ? Face à un problème d’une telle gravité, notre réponse se fait modeste, mais elle ne contient aucune hésitation. Ce sont précisément les changements urgents qui s’imposent dans le monde actuel qui confirment les éducateurs et les éducatrices dans leur rôle indispensable, capital, décisif. Mais, comme nous l’avons vu, à condition de redéfinir l’éducation dans un sens plus prospectif. L’éducation doit, plus que jamais, devenir anticipation créatrice. Les éducateurs et les éducatrices acquièrent une responsabilité nouvelle dans un monde en construction. S’il leur est demandé de transmettre aux jeunes, de façon crédible, tout l’acquis des cultures du passé, ils doivent aussi leur insuffler une espérance créatrice en vue de la construction d’un monde plus juste, plus digne pour toute la famille humaine.
Cela suppose avant tout, chez les éducateurs eux-mêmes, un immense effort d’auto-éducation, et la conviction renouvelée de leur rôle indispensable. Je ne trouve pas de formule plus belle et plus juste pour conclure ces observations que celle de Vatican II : « L’avenir est entre les mains de ceux qui auront su donner aux générations de demain des raisons de vivre et d’espérer [21] ».
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[1] Voir en particulier : Gaudium et spes, 7, 62 ; Optatam totius, 2, 20, Christus Dominus, 16, 17.
[2] Emmanuel Lévinas, Éthique et infini, Paris, Fayard, 1982, 69-70.
[3] Emmanuel Mounier, Traité du caractère, Paris, Seuil, 1947, texte liminaire, 7.
[4] Consulter l’enquête en profondeur de l’OCDE sur les jeunes de 15 pays (Paris, OCDE, 1983) ; voir Carmel Camilleri et Claude Tapia, Les « nouveaux jeunes ». La politique ou le bonheur, Toulouse, Éd. Privat, 1983. Voir aussi plusieurs références dans les deux publications indiquées plus bas, note 15.
[5] Georges Duhamel, Le Livre de l’amertume, Paris, Mercure de France, 1984 ; la phrase citée est la dernière du livre.
[6] Cité dans Gente, février 1984.
[7] Jean Onimus, « Les modèles culturels de la jeunesse ». Encyclopaedia Universalis, Paris.
[8] Karl Rahner, Ai giovani rispondo cosí. Scambio di lettere su problemi scottanti, Roma, Città Nuova, 1984.
[9] K. Rahner, op. cit., 15.
[10] K. Rahner, op. cit., 120.
[11] K. Rahner, op. cit., 10.
[12] Gerald Holton, The Scientific Imagination : Case Studies, New York, Cambridge University Press, 1978, ch. 8 : « Lewis Mumford on Science, Technology, and Life », 255-267, cf. 259.
[13] Cité dans les Études, 358 (avril 1983), 541.
[14] Henri de Lubac, Le drame de l’humanisme athée. Paris, Éditions du Cerf, 7e éd., 1983, 10.
[15] Voir Hervé Carrier, « Les jeunes et la culture qui s’annonce », Seminarium, 34, 1982, 552-569 ; et Hervé Carrier, Higher Education Facing New Cultures, Rome, Gregorian University Press, 1982, 11-36 (trad. en italien, espagnol).
[16] Voir Pierre Babin et Marie-France Kouloumdjian, Les nouveaux modes de comprendre. La génération de l’audiovisuel et de l’ordinateur, Paris, Centurion, 1983.
[17] P. Babin et M.-F. Kouloumdjian, op. cit., 5.
[18] Jacques Maritain, L’éducation à la croisée des chemins, Paris, Egloff, 1947 ; cette citation et les suivantes se trouvent aux pp. 28-30.
[19] Gravissimum educationis, 1.
[20] Gravissimum educationis, 3.
[21] Gaudium et spes, 31.