Pour une symbolique du vêtement religieux
Noëlle Hausman, s.c.m.
N°1984-2 • Mars 1984
| P. 71-80 |
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La question de l’habit ou du costume religieux [1], qui refait surface de nos jours, a parcouru depuis trente ans une étonnante trajectoire. Nous voudrions la retracer, avant de situer le plus sereinement possible la place d’une pratique trop peu réfléchie dans l’ensemble des soucis de la vie religieuse aujourd’hui. Nous proposerons d’abord ce rappel historique, pour nous interroger ensuite sur les différents niveaux d’un discernement qui exige certes une pédagogie spirituelle respectueuse de la diversité des missions et des grâces, mais porte en réalité sur l’ensemble de la visibilité de la vie religieuse, notamment apostolique, comme nous le verrons.
De Pie XII à Jean-Paul II : un langage, des pratiques
Il n’est pas sans intérêt de nous souvenir des termes employés par Pie XII, le 15 septembre 1952, lors de la première réunion des Supérieures Générales des Congrégations et Instituts féminins de droit pontifical : « Pour revenir en un mot sur la question du vêtement : l’habit religieux doit toujours exprimer la consécration au Christ ; c’est cela que tous attendent et désirent. Pour le reste, que l’habit soit convenable et réponde aux exigences de l’hygiène. Nous ne pouvions qu’exprimer notre satisfaction lorsque, dans le courant de l’année, nous vîmes que l’une ou l’autre Congrégation avait déjà tiré quelques conséquences pratiques à cet égard. En résumé, dans ces choses qui ne sont pas essentielles, adaptez-vous autant que vous le conseillent la raison et la charité bien ordonnée [2] ». Ce texte nous inspire trois considérations. Tout d’abord, il nous rappelle que le mouvement d’adaptation du costume religieux, des femmes surtout, a reçu son impulsion de la plus haute autorité de l’Église [3]. Ensuite il nous paraît, dans sa lettre même, étrangement contemporain : Vatican II, Paul VI et Jean-Paul II n’en diront guère davantage, même s’ils apportent quelques nuances. Enfin, si nous nous souvenons du texte paru en 1954 dans le Commentarium pro religiosis sur le détail des changements à apporter à l’habit des religieuses [4], nous remarquerons aussi qu’une exhortation pontificale peut être suivie d’indications pratiques extrêmement précises.
Avançant un peu dans le temps, nous apprenons, de l’enquête préparatoire au Concile, que les souhaits des Pères concernant la vie religieuse portaient notamment sur la simplification de l’habit religieux ; beaucoup d’évêques en ont donné les raisons pratiques, ascétiques, pastorales ; certains même suggéraient alors qu’on impose à toutes les religieuses l’uniformité [5]. Le Concile se préoccupera de la question avec beaucoup de retenue, puisqu’il n’en parle que dans le Décret Perfectae caritatis, au seul n° 17, dont on connaît les recommandations :
L’habit religieux, signe de la consécration à Dieu, doit être simple et modeste, à la fois pauvre et décent, adapté aux exigences de la santé et accommodé aux circonstances de temps et de lieux ainsi qu’aux besoins de l’apostolat. On modifiera l’habit soit masculin, soit féminin, qui ne correspond pas à ces normes.
Sur ce texte, le Père J.-Cl. Guy a écrit, dans notre revue, un commentaire historique et réflexif qui reste fondamental [6]. Peu après, l’Instruction Renovationis causam de 1969 [7] et l’Exhortation apostolique de Paul VI Evangelica testificatio de 1971 [8] revinrent sur la question, de même qu’une lettre peu connue que la Congrégation pour les Religieux et les Instituts Séculiers écrivit en 1972 aux nonces et délégués apostoliques [9]. Ces documents postconciliaires, tout en rappelant les principes, continuaient donc d’ouvrir le champ aux nécessaires adaptations. Mais, pendant ce temps, la pratique des religieux et religieuses avait largement débordé les indications romaines. Après une première vague de modifications, l’habit religieux finit par connaître, du moins sous ses formes classiques, une large disparition.
Dès son premier discours aux Supérieures Générales, le 16 novembre 1978, Jean-Paul II a rappelé le rôle de signe que peut avoir l’habit religieux, demandant « d’y bien réfléchir [10] ». On ne peut pas dire que cette demande explicite du Pape ait été fort entendue.
Lorsque le Souverain Pontife, le 8 septembre 1982, écrivit au Cardinal Poletti sa lettre « sur l’habit ecclésiastique et religieux, signe et témoignage dans le monde [11] », les « Directives du Cardinal Vicaire pour la Ville de Rome et son District [12] » ont constitué une réponse tellement explicite qu’on s’interroge toujours sur leur portée universelle. Depuis, le nouveau Droit canon du 25 janvier 1983 demande lui aussi, en son canon 669, aux religieux de « porter l’habit de l’institut, confectionné selon la norme du droit propre, en signe de consécration et en témoignage de pauvreté, (tandis que) les religieux clercs appartenant à un institut qui n’a pas un habit propre porteront le costume clérical selon la norme du canon 284 [13] ».
Tâchons de réfléchir au mouvement de cette évolution historique. De Pie XII à Vatican II inclus, l’impulsion du changement a dû venir des plus hautes instances de l’Église. Ce premier style d’intervention aboutit dans les sobres indications données par le Concile en Perfectae caritatis 17. Depuis lors, le vaste mouvement d’aggiornamento de la vie religieuse a progressivement porté le magistère romain à rappeler que les modifications nécessaires de l’habit religieux ne pouvaient, d’elles-mêmes, entraîner sa suppression. Cette deuxième manière des interventions magistérielles aboutit aujourd’hui dans les interrogations, puis les recommandations de plus en plus nettes de Jean-Paul II en faveur de l’habit « ecclésiastique et religieux ». Pour nous en tenir à ce dernier, remarquons, pour terminer, que le langage des Papes n’a guère varié, de Pie XII à Jean Paul II : c’est toujours la même question qui demeure posée à la vie religieuse, sans que celle-ci y ait donné d’autres réponses que celle d’une pratique qu’il nous paraît urgent de discerner et de réfléchir, pour que les religieux puissent tenir avec les instances qui les questionnent un langage qui rende raison de ces faits.
L’urgence d’un discernement
Pour peu qu’on y réfléchisse, la question du vêtement religieux révèle bientôt des dimensions anthropologiques et spirituelles, ecclésiologiques et apostoliques, qu’il faut bien considérer le plus radicalement possible si l’on veut faire avancer le débat. Du point de vue anthropologique tout d’abord, nous savons que le vêtement indique l’humanisation de l’homme, mais aussi qu’il n’est pas sans rapport avec son péché, comme la Bible nous l’indique lorsqu’elle fait du premier vêtement « de peaux mortes » (Gn 3,24) le signe initial de la miséricorde divine [14]. Le Père E. Haulotte, dans l’important ouvrage qu’il a consacré à La symbolique du vêtement selon la Bible [15], a montré comment la foi au Dieu unique a entraîné en Israël un type d’habillement distinct de celui des peuples d’alentour, et comment surtout les notations évangéliques sur le vêtement du Christ déplacent définitivement la perspective vers le monde à venir. Lorsque l’on voit, de plus, la difficulté pour nombre de nos contemporains de se vêtir humainement [16], on ne peut s’empêcher de penser que la question renferme un défi pour tous les chrétiens d’aujourd’hui, aux prises, en Occident du moins, avec une civilisation en pleine dérive. Comment être homme ou femme, comment l’être en ce temps et pour son salut, telle est sans doute l’une des interrogations inéluctables que doit envisager à présent la réflexion sur le vêtement religieux. Mais il y a plus.
Chez les jeunes religieux notamment et souvent chez les candidats à la vie religieuse, la question du vêtement manifeste fort naturellement une dimension plus immédiate encore, et qui est spirituelle. Se décider pour Dieu seul, à la manière de la vie consacrée, c’est en effet entrer dans un dynamisme de transformation intérieure, qui s’indique dans tout le comportement, et entre autres, dans la manière de se vêtir. Encore que la chose soit plus évidente chez les jeunes filles, je n’en exclurais pas du tout les garçons : une nouvelle discrétion, une plus grande simplicité, une certaine uniformité, apparaissent souvent, quand ce n’est pas la recherche d’un habillement tout proche de celui de la famille religieuse choisie, si elle en a un. Ce fait d’expérience donne au moins à penser que nous ne pouvons exclure du témoignage rendu à celui qui fait notre propre cœur la question du vêtement, et de plus, qu’il faut rendre possible, pour les jeunes au moins, une pédagogie spirituelle capable d’intégrer la radicalité de certains engagements et la progressivité d’autres, intégration dont la durée constitue un point déterminant.
Pourtant, la question du vêtement religieux comporte davantage encore. Si notre esquisse historique est exacte, il faut croire que le dialogue sur cette préoccupation ne fonctionne pas d’une manière satisfaisante, non seulement dans les Instituts eux-mêmes, comme la lecture des nouvelles Constitutions peut le faire apparaître, mais encore entre les Instituts et les Évêques, voire entre la vie religieuse et le Souverain Pontife. Ainsi, lorsque le Pape ou les autorités de l’Église ou, plus simplement, le peuple chrétien nous interrogent et nous demandent de rendre raison de notre manière de nous vêtir, nous avons à répondre le plus sérieusement qu’il nous est possible. Si nous avons modifié, voire abandonné l’habit religieux, et même si les raisons pour le faire n’étaient pas toutes absolument pures, il est temps de considérer maintenant le poids des souffrances et des joies que cela nous a apporté depuis la fin du Concile et de décider une ligne de conduite porteuse d’avenir. Ce travail d’évaluation et de discernement est nécessaire, parce que nous ne pouvons pas rayer d’un trait de plume les vingt ou trente ans d’évolution que, par fidélité à l’Église, nous avons poursuivie, ni non plus fermer l’oreille aux insistances actuelles, surtout lorsqu’elles nous viennent d’en-haut. La vie religieuse ne peut, sur cette question du vêtement pas plus que sur toutes les autres, éluder le dialogue avec la hiérarchie de l’Église, mais elle doit au contraire accepter d’être l’interlocuteur consistant que l’on attend qu’elle soit.
Mais la dimension la plus déterminante sans doute de ce discernement nous paraît être celle de l’apostolat. Jean-Paul II lui-même désigne souvent le vêtement religieux comme un moyen d’évangélisation. Cet aspect de la question dépend certes des appréciations anthropologiques, du cheminement spirituel personnel et du véritable échange ecclésial, mais il met surtout en cause notre existence comme corps, c’est-à-dire notre capacité d’être ensemble et visiblement ce que Dieu, le Christ et l’Église nous donnent d’être, un lieu, un espace et un temps où les hommes retrouvent les chemins du bonheur, lequel n’est pas entier s’il ne touche à l’universel. Il y a certes des instituts de vie consacrée ou même des familles religieuses qui peuvent et doivent, par souci apostolique, porter de manière invisible la présence de l’Église et du Christ dans les lieux les plus inaccessibles, spirituellement du moins. Mais il y a aussi des corps religieux qui ont à manifester, visiblement et institutionnellement, que le salut du monde touche tout l’homme et restitue à l’humanité sa capacité d’agir et de signifier sa vie. Et ceci nous conduit à l’examen de la visibilité de la vie religieuse.
Différents signes, une visibilité
Que la vie religieuse ait à rendre manifeste la miséricorde faite à ce monde en Jésus-Christ, cela nous paraît aujourd’hui bien établi, doctrinalement du moins [17]. Les difficultés commencent lorsque l’on veut spécifier les signes appropriés à chaque forme de vie religieuse. Pourtant, nous tenons déjà là un principe élémentaire : de même que la vie consacrée connaît bien des manières de porter le témoignage de Jésus, la vie religieuse proprement dite signifiera différemment l’œuvre de Dieu selon qu’il s’agit de la vie érémitique, de la vie monastique, de la vie contemplative ou de la vie apostolique, et, plus largement encore, selon l’accent propre à chacune des spiritualités dont on se réclame ou selon l’enracinement dans la variété des cultures de notre planète.
Le monastère, par exemple, indique assez visiblement l’établissement en Dieu d’une vie de louange, de partage, de travail et d’enfouissement pour qu’il ne paraisse jamais incohérent d’y porter l’habit de la prière et de la conversion communes – les formes et leur permanence étant modulées ensuite. Mais dans la vie apostolique, la question du vêtement montre la profondeur des transformations qui n’ont pas fini de s’opérer au niveau de tous ses éléments spécifiques : les œuvres et les missions communes, l’habitat, le style de prière, la situation ecclésiale. Lorsque l’agir, le langage et même l’être communs sont ainsi touchés, il n’est pas étonnant que le vêtement soit un des lieux où l’inconfort de la transition soit le plus évident.
Mais alors, cela signifie aussi, pour la vie apostolique surtout, qu’une réflexion sur la visibilité du témoignage rendu à Dieu dans l’Église et au moins dans l’Église de Dieu demande des solutions nouvelles et que les réponses venues du passé ne peuvent être que des sources. Comment donner aux hommes de ce monde postchrétien les signes de leur pardon et de leur gloire à venir, comment montrer, en paroles et en actes, la puissance de restauration à l’œuvre dans le Christ, comment trouver dans l’apostolat lui-même les moyens de faire ce signe nouveau, c’est bien tout cela que met en cause la question du vêtement dans la vie religieuse. La vie monastique peut bien être un signal pour la vie apostolique, mais ce n’est pas d’elle que pourra venir le principe de cohérence, lequel procède ici de l’engagement dans la mission du Seigneur.
Symboliser la résurrection du Seigneur
Pour nous en tenir une fois encore à la vie religieuse apostolique, souvent en peine en ces questions, il est d’un grand intérêt de lui rappeler que l’envoi des Apôtres reçut de la résurrection du Seigneur et de l’effusion du Saint-Esprit son impulsion véritable. C’est donc à la lumière du ressuscité et dans l’Esprit qui porta l’Église aux extrémités du monde, qu’il convient de réfléchir à tous ces points. L’anthropologie chrétienne est en effet celle de la résurrection, la spiritualité la plus haute, celle de l’alliance éternelle, l’ecclésiologie, le langage d’une communion, et l’apostolat, la puissance divine s’approchant de tous dans l’humiliation de l’amour.
L’Apocalypse nous montre que les élus ont « blanchi leurs robes dans le sang de l’Agneau » (7,14 ; 22,14). Cette blancheur propre à la Transfiguration (cf. Mc 9,3) s’obtient donc dans le combat spirituel du Christ et de l’Église pour son Dieu. « Tremper son vêtement dans le sang de l’Agneau », c’est aussi, au sens propre, porter l’effort de discernement et de décision qui fera de notre habillement un signe de la résurrection du Seigneur. L’Église nous a souvent invités, nous l’avons vu, à faire preuve de cohérence, de simplicité, de pauvreté et de responsabilité en tout cela. Peut-être faut-il ajouter que nous devons aussi montrer la beauté et la nouveauté contenues dans la résurrection de Jésus. Cette beauté et cette nouveauté de Dieu paraissent en effet dans la gloire du corps ressuscité, comme sa simplicité et son humilité se manifestent dans l’Eucharistie.
Comment allons-nous, pour aujourd’hui et pour demain, trouver les signes réels de cette gloire et de cette humilité que l’Église nous demande et que le monde attend ? Comment serons-nous les héritiers de ceux qui nous ont précédés dans la vie religieuse, et qui ont conçu, en des temps aussi durs que les nôtres, une symbolique qui devint signifiante pour leurs contemporains ? Comment enfin tenir, entre le passé et l’avenir, la vérité du temps présent, où nous sommes pressés d’inventer les moyens de porter sur le lampadaire la flamme vacillante mais brûlante de nos cœurs ? Voilà des questions dont la solution ne peut venir ni d’un retour au passé, ni d’une spontanéité coupée de toute tradition, mais seulement d’une mise en œuvre sereine, courageuse, audacieuse, de l’énergie rendue dans la résurrection.
Conclusion
Nous ne pourrions terminer ces lignes sans ajouter que de nouvelles pratiques, que l’on voudrait bien plus nombreuses, apparaissent déjà – ne les voyons-nous pas ? L’ingéniosité du cœur donne lieu quelquefois à d’étonnantes trouvailles, que le temps et le « sens des fidèles » se chargeront bien de régler. C’est cela, d’abord, qu’il faut encourager maintenant. Ces recherches ont le mérite d’exister et il n’est pas toujours avisé de les déprécier, voire d’en empêcher la réalisation.
On aura vu que la question du vêtement est plus importante qu’il n’y paraît d’abord, parce qu’elle se trouve au carrefour des dimensions humaines, chrétiennes et religieuses de notre vie, et qu’elle en manifeste toute la fragilité. Pourtant, c’est là aussi que nous avons à rendre compte de la grâce qui nous est faite, en celui qui nous livre l’Esprit de son universelle manifestation. Si cette tâche semble toujours demeurer devant nous, Dieu sait combien nous nous y engageons.
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[1] L’habit renvoie aux habitudes (personnelles), le costume aux usages (sociaux) et le vêtement à l’esthétique (religieuse) ; toutefois, nous employons ici ces trois mots dans l’acception de plus en plus large qu’ils ont tendance à recevoir.
[2] La Documentation catholique (DC), 49 (1952) 1283.
[3] Cf. déjà Pie XII, Allocution « Annus sacer » (Revue des communautés religieuses, 23, 1951, 4-16) et Constitution apostolique « Sponsa Christi » (Ibid., 41-68).
[4] DC, 52 (1955) 164-168.
[5] Cf. M. J. Schoenmaeckers, Genèse du chapitre VI « De religiosis » de la Constitution dogmatique sur l’Église « Lumen gentium », Rome, Gregorian University Press, 1983, 9-10.
[6] J. Cl. Guy, s.j., « Le vêtement religieux hier et aujourd’hui », Vie consacrée, 1967, 81-93. On relira aussi avec grand profit les contributions magistrales d’Yvonne Pellé-Douël, « Les significations du vêtement », Vie consacrée, 1970, 284-194 et de Sabine Villatte, r.n., « Le costume religieux aujourd’hui », ibid., 295-305.
[7] N. 33 : « Il appartient au Chapitre général de déterminer l’habit que devront porter les novices et les autres candidats à la vie religieuse » (Vie consacrée, 1962, 128).
[8] N. 22 : « Tout en reconnaissant que certaines situations peuvent justifier l’abandon d’un vêtement religieux, nous ne pouvons taire la convenance que l’habit des religieux et des religieuses soit, comme le veut le Concile, signe de leur consécration et se différencie en quelque manière des formes manifestement séculières » (DC 68, 1971, 656).
[9] « Cependant, les instituts religieux pourront et, dans certains cas, devront, dans leurs Chapitres généraux, modifier l’habit traditionnel, en l’adaptant aux exigences de la vie pratique et de l’hygiène, mais il ne leur est pas permis de l’abolir totalement ou de le laisser à l’arbitraire de chaque sœur. On pourra prendre pour règle de principe que l’habit prescrit pour les instituts religieux, même s’il est modifié et simplifié, devra être tel qu’il permette de distinguer la religieuse qui le porte » (DC 69, 1972, 720).
[10] Jean-Paul II. Aux religieuses et religieux. Principales allocutions de novembre 1978 à décembre 1980. Tinteniac, La Tour Saint-Joseph, Saint Pern, 1981, n. 23 : « Et si vraiment votre consécration à Dieu est une réalité aussi profonde, il n’est pas sans importance d’en porter de façon permanente le signe extérieur que constitue un habit religieux simple et adapté : c’est le moyen de vous rappeler constamment à vous-mêmes votre engagement, qui tranche sur l’esprit du monde ; c’est un témoignage silencieux mais éloquent ; c’est un signe que notre monde sécularisé a besoin de trouver sur son chemin, comme d’ailleurs beaucoup de chrétiens ou même de non-chrétiens le désirent. Je vous demande d’y bien réfléchir ».
[11] L’Osservatore Romano en langue française (ORLF), 26.10.1982, 2. Il faut noter que le Pape y traite de l’habit ecclésiastique, puis religieux, pour conclure : « L’habit est donc utile aux fins de l’évangélisation... (et) les raisons ou prétextes contraires... relèvent bien plus d’un caractère purement humain qu’ecclésiologique ». C’est pourquoi il demande « d’étudier d’opportunes initiatives destinées à favoriser l’usage de l’habit ecclésiastique et religieux » (Traduction légèrement différente, faite sur l’italien, dans DC 79. 1982, 1141, sous le titre « L’habit ecclésiastique et religieux à Rome »).
[12] Ibid., 2-3 (ORLF) et 1142 (DC).
[13] Pour mémoire, le Code de 1917 disait, au canon 596 : « Tous les religieux porteront l’habit propre de leur religion soit dans la maison, soit au-dehors, à moins qu’une grave raison n’en excuse, au jugement du supérieur majeur ou, s’il y a urgence, du supérieur local ».
[14] On ne peut que recommander ici l’étude décisive d’Erik Peterson, Pour une théologie du vêtement, Coll. La Clarté-Dieu, 8, Lyon, Éd. de l’Abeille, 1943.
[15] Edgar Haulotte, s.j., Symbolique du vêtement selon la Bible, Coll. Théologie, 65, Paris, Aubier, 1966.
[16] Voir, par exemple, Y. Delaporte, « Teddies, rockers, punks et Cie : quelques codes vestimentaires urbains », L’Homme 22/4 (1982), 49-62.
[17] Lumen gentium 46 et Perfectae caritatis 5 ; cf. A. Chapelle, s.j. « La vie religieuse, témoignage et mission », Vie consacrée, 1979, 208-219 ; « Vie religieuse apostolique et œuvre de la charité », ibid., 334-352.