Éditorial
Vies Consacrées
N°1984-1 • Janvier 1984
| P. 5-6 |
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Chaque année, c’est une joie pour la rédaction de Vie consacrée de prendre contact avec ses quelque six mille abonnés, dispersés dans cent dix pays des cinq continents. Et, comme beaucoup de ces envois sont destinés à des communautés, nous savons que nos lectrices et lecteurs sont largement plus nombreux encore. Beaucoup d’entre vous contribuent d’ailleurs à cette diffusion, en alimentant le fonds d’entraide : celui-ci prend en charge les abonnements d’environ quatre cent cinquante communautés de l’hémisphère sud et de l’Est.
Quel type d’aide fraternelle tentons-nous d’apporter à tant d’hommes et de femmes, souvent aux avant-postes de la mission, « où ils prennent les plus grands risques pour leur santé et leur propre vie » (EN, 69) ? Nous pourrions le décrire comme suit : nourrir l’expérience spirituelle qui est à la racine de leur vie à la suite du Christ ; éclairer et approfondir, à la lumière de Vatican II et de l’attention aux cultures contemporaines, leur vocation et leur mission dans l’Église et dans le monde ; suggérer des critères de discernement qui ouvrent les chemins d’une fidélité créatrice ; donner la parole à des témoins, anciens et actuels, et partager des expériences en cours.
Une nouvelle étape semble s’ouvrir en cette Année sainte de la rédemption. Le Droit canon rénové est promulgué, la plupart de nos instituts reçoivent leurs nouvelles constitutions. Ces textes nous sont donnés pour nous aider à mettre en œuvre, dans nos vies et nos institutions, les idées maîtresses de Vatican II. Une question fondamentale surgit : que ferons-nous de ces textes ? Serviront-ils sans grand avenir ? Ou bien nous aideront-ils à donner des réponses fortes et audacieuses aux questions radicales qui nous sont posées ?
Le premier souhait de Vie consacrée est d’aider les personnes et les communautés à discerner et à trouver ces réponses, dans une docilité ecclésiale à l’écoute de l’Esprit Saint. C’est pourquoi nous avons publié ces dernières années une série d’articles fondamentaux sur la théologie de la vie religieuse à la lumière de Vatican II. Nous visions plus directement la vie religieuse apostolique, car c’est elle qui est la plus secouée peut-être, la plus interpellée sûrement. Mais toute vie à la suite du Christ peut y trouver les lignes de force de sa vocation dans l’Église et le monde. Voilà pourquoi aussi, lors de sa rencontre annuelle de septembre, notre conseil de rédaction a voulu aborder, ces deux dernières années, des questions actuelles, importantes et délicates. En 1982, nous avons réfléchi au problème des institutions apostoliques dans lesquelles nos divers charismes ont pris corps (cf. l’Éditorial de 1983). En septembre dernier, c’était la question de la symbolique du vêtement qui était approfondie. Nous espérons rendre compte de cette recherche dans un des prochains numéros.
Dans tous ces domaines, il s’agit, comme le rappelait Jean-Paul II le 15 août 1983 à Lourdes, d’être les témoins de la gratuité de l’amour, de manifester visiblement la miséricorde faite par Dieu à ce monde blessé. Toutes les dimensions de notre existence sont touchées par là. Il est normal qu’une telle vocation pose des questions radicales à nos vies personnelles, à nos communautés et à nos institutions. Que ce temps de l’Épiphanie, où se manifeste la faiblesse de Dieu dans notre histoire, nous apporte force dans notre fragilité, lumière dans notre nuit, persévérance et paix dans notre pèlerinage !