Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Accueillir un nouveau droit

André de Jaer, s.j.

N°1983-3-4 Mai 1983

| P. 133-134 |

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La vie consacrée est inscrite au cœur du mystère de l’Église. Il est donc normal que les réalités structurelles de l’Église apparaissent comme constitutives de cette forme de vie. Le droit fait partie de ces réalités, car l’homme y prend en compte ses nécessaires solidarités fraternelles. Au moment où est promulgué le nouveau code de droit canonique, n’importe-t-il pas que la vie consacrée accueille cette dimension de l’Église, en acceptant la joie et le poids de la solidarité avec tous les chrétiens ?

Cette solidarité est d’abord solidarité humaine. Car aucun vivre ensemble humain n’est ouvert aux autres et respectueux de leurs différences sans un droit. Celui-ci est un certain type de langage qui permet aux hommes de se donner les normes nécessaires pour vivre leur unité, leur souci du bien commun, leur ouverture à l’accueil de nouveaux membres.

Mais la réalité canonique de la vie consacrée signifie aussi, et plus fondamentalement, que l’Esprit de Jésus ressuscité touche l’homme jusqu’en son vivre ensemble quotidien et en sa liberté spirituelle. Car il y a une manière d’être rassemblé propre à l’Église communion. Le droit canon a une dimension humaine, certes, mais dans laquelle la réalité proprement spirituelle du mystère de l’Église communion est mise en œuvre et appliquée aux situations concrètes de nos vies. En accueillant le nouveau droit, la vie consacrée est invitée à reconnaître qu’elle est rejointe par le mystère de l’Église jusque dans son être commun, dans la manière dont les membres se situent les uns par rapport aux autres, les libertés qu’ils peuvent prendre avec l’espace, le temps etc. Bref la réalité canonique manifeste la présence du mystère de l’Église à l’intérieur de la vie consacrée, au niveau personnel et communautaire ainsi que dans sa dimension sociale et historique.

Certes, toute l’évolution du droit est liée aux conditions historiques. Aucun droit n’est parfait et celui qui nous est donné aujourd’hui est le résultat d’un mouvement d’heureuse et difficile adaptation qui est loin d’être terminé. Nous n’éliminerons d’ailleurs jamais d’aucune société, y compris l’Église, tous les abus de droit, toutes les erreurs et les retards des dispositions juridiques. Mais il faut vivre maintenant et c’est maintenant que la vie religieuse est bonne. Aussi nous est-il bon d’accueillir ce nouveau droit dans l’action de grâce. Cela n’empêchera pas de percevoir la nécessité d’améliorer le droit et d’en porter le poids dans ce qu’il peut avoir de moins adapté à telle situation concrète.

Comment porter ce poids, sinon en reconnaissant que nous sommes tous concernés par le mystère de l’Église et que la mission reçue nous rejoint jusque dans notre vie quotidienne ? Le témoignage d’espérance que nous donnons au monde passe par cette austérité qui est celle de la Croix. Et l’Esprit Saint, qui renouvelle toutes choses, suscitera l’audace de la nouveauté créatrice au creux même de cet accueil.

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