Eucharistie, exigence de pauvreté
Nkiere Kena, c.i.c.m.
N°1981-2 • Mars 1981
| P. 67-82 |
En juin 1980 avait lieu le Congrès eucharistique de Kinshasa (Zaïre). Dans ce contexte culturel négro-africain, la réflexion sur le mystère de l’Eucharistie a trouvé des accents éclairants pour la vie religieuse, appelée à une attention préférentielle pour les plus démunis. L’auteur des pages qui suivent, religieux et théologien zaïrois, nous invite à contempler d’abord l’Eucharistie à la lumière de Jésus pauvre, entrant de préférence en relations avec les petits et les faibles et s’abandonnant au Père jusque dans l’extrême fragilité humaine de sa passion et de sa mort. Dans une seconde partie, il décrit la réalité eucharistique d’une vie chrétienne fidèle à suivre le chemin de Jésus. Au milieu de nos sociétés tentées par l’esprit de domination, l’existence eucharistique du disciple de Jésus l’invite à devenir humble et pauvre et à nouer des relations avec les plus faibles : c’est près d’eux que se manifeste avec le plus de force et de vérité la présence du Ressuscité, tout comme dans la fragilité du pain et du vin eucharistiques.
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À travers un homme, Jésus de Nazareth, Dieu s’est fait homme. Cette affirmation de la foi chrétienne renverse totalement notre conception sur la relation entre Dieu et l’homme, entre l’homme et son semblable et l’univers qui les entoure. Elle inscrit au sein de cette relation une dimension essentielle de l’amour : l’effacement, l’oubli total de soi. En effet, en Jésus de Nazareth, Dieu s’est fait homme jusqu’au bout, jusqu’à la mort, la mort réservée aux hommes sans dignité, la mort de la croix. Il s’est réellement et volontairement « vidé » de lui-même (Ph 2,8) pour vivre la solidarité la plus radicale, le partage le plus total de soi avec l’homme. Un vrai mystère d’amour. Oui, « nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime » (Jn 15,13). À cause de ce dépouillement total de lui-même qui l’a conduit jusqu’à la mort de la croix, Jésus de Nazareth ne vit désormais que par Dieu seul et pour les autres [1]. C’est pourquoi, dans son infinie ouverture à Dieu, habite en lui toute la plénitude de la vie divine (Col 1,19). En lui et par lui, le Ressuscité, naît la nouvelle alliance : la réconciliation de tout ce qui est sur la terre et dans les deux (Col 1,20). En lui et par lui naît une humanité nouvelle : tous ceux qui, baptisés dans sa mort, ne veulent plus vivre désormais que par la puissance de son Esprit. Ils sont, en lui, « un seul homme nouveau », réconciliés en un seul corps (Ép 2,15-16) ; ils sont membres de son corps, l’Église.
Mais « Jésus pascal est pauvre [2] ». Il ne s’impose pas aux hommes. Au contraire. Il se montre à ses disciples sous des traits humains pauvres : Marie de Magdala le prend pour un gardien du jardin (Jn 20,15), les deux disciples d’Emmaüs pour un étranger ignare (Lc 14,18). Devant ces disciples précisément, Jésus, répétant le geste de la fraction du pain, révèle qu’il est vivant et qu’il leur sera désormais présent dans sa parole et dans « la fraction du pain ». Voilà où se situe l’Eucharistie. Elle est le sacrement de ce passage (Pâque) où Jésus le ressuscité se présente et se donne lui-même à ses disciples et par eux au monde sous les apparences fragiles de la parole, du pain et du vin. C’est là son nouveau mode de présence et de don. C’est dans ces signes que ses disciples sont appelés à le reconnaître, à vivre de lui et à l’apporter aux autres. Mais il leur est demandé de devenir eux aussi parole partagée, pain rompu, vin versé, pour qu’à travers leur chair s’incarne la nouvelle alliance. L’itinéraire est celui qui a été suivi par Jésus lui-même : se dessaisir de soi pour vivre par Dieu seul et pour les autres. Une exigence de pauvreté. Mais celle-ci n’a de sens que comme forme concrète de l’amour total pour Dieu et pour ses frères, à l’exemple du Christ lui-même. L’Eucharistie ne se situe pas comme un acte isolé, en dehors de la vie du Jésus historique. Elle est la suite normale (dans son sens originel) d’une vie totalement soumise à Dieu, volontairement risquée avec et pour les autres. Elle est un geste prophétique de celui qui a voulu aimer jusqu’à l’extrême. Grâce à la présence de son Esprit, les disciples de Jésus pourront inscrire dans leurs relations humaines la présence du Ressuscité dont la mort est proclamée dans chaque Eucharistie. Pour saisir davantage la portée de cette exigence de pauvreté à laquelle nous invite l’Eucharistie, nous suivrons d’abord l’itinéraire de la vie historique de Jésus, depuis sa naissance jusqu’à sa mort. Et cela, bien sûr, selon l’interprétation des Évangiles à la lumière de Pâques [3]. Nous verrons ensuite comment inscrire cette exigence de pauvreté dans nos vies selon la réalité concrète du monde qui est le nôtre.
Jésus de Nazareth, un pauvre
D’après les récits des Évangiles, Jésus de Nazareth fut un pauvre. Et cela parce qu’il l’a voulu. Il a choisi d’épouser réellement la fragilité de tout homme et de tout l’homme, de payer de sa personne cette volonté de solidarité universelle, de s’effacer devant son Père pour permettre à la vie de Dieu présente en lui d’envahir tout homme et tout l’homme.
La vie d’un pauvre
Jésus de Nazareth naît au cours d’un voyage. Il connaît ainsi le sort de tous ceux qui, étrangers et sans renom, sont négligés. On le dépose en effet dans une mangeoire « parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle d’hôtes » (Lc 2,7). Autour de lui, lors de sa naissance, quelques bergers, des marginaux de la société. Ses origines de Nazaréen font de lui un homme sans importance : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » (Jn 1,46). Même ses propres compatriotes, en l’entendant parler, sont scandalisés à son sujet. À leurs yeux, en effet, Jésus reste l’un d’eux : « D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N’est-ce pas le fils du charpentier ? » (Mt 13,54-55). Jésus de Nazareth connaît la faim, la soif. Au tentateur qui le pousse à recourir à des moyens extraordinaires pour échapper à la condition commune des gens et à la réalité de la faim, il répond que le pain n’est pas tout dans la vie de l’homme (Mt 4,4). Il veut vivre le manque comme un vide et comme une soif de vie, à la manière de la terre aride et sèche qui réclame l’eau. Il enseigne à ses disciples à demander au Père le pain dont ils ont besoin chaque jour pour vivre (Mt 6,11). Il leur dit de « ne pas amasser des trésors sur la terre, où les mites et les vers font tout disparaître » (Mt 6,19). Il n’a pas d’endroit où reposer la tête (Mt 8, 20). Mais il ne refuse pas la générosité et l’hospitalité de ceux qui l’accueillent.
Pour s’adresser aux hommes, il emprunte son vocabulaire aux réalités concrètes et simples de sa terre natale. Il parle en paraboles, en images compréhensibles pour tous. Il se soumet aux intempéries, à la chaleur, au vent. Il proclame que celui qui accueille un enfant en son nom l’accueille lui-même (Mt 18,5). Devant l’endurcissement du cœur de ses frères de race à recevoir son message, il se sent impuissant : il pleure sur Jérusalem (Lc 10,12-15). Il est trahi par un de ses disciples et vendu pour la somme dérisoire de trente pièces d’argent, le prix d’un esclave (Ex 21,32). Quand on vient l’arrêter, il ne recourt pas à des moyens puissants pour échapper à ses ennemis. Il subit toutes les humiliations qu’on lui impose durant sa passion jusqu’à la mort sur la croix, de la même manière que les deux malfaiteurs crucifiés avec lui. Après sa mort, dépourvu de tout, il est mis dans un tombeau appartenant à l’un de ses disciples : « Prenant le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul propre et le déposa dans un tombeau tout neuf qu’il s’était fait creuser dans le rocher » (Mt 27,59). Solidaire jusqu’au bout de la réalité des pauvres, Jésus de Nazareth a voulu s’identifier effectivement avec tous ceux qui sont faibles, petits, sans renom, en épousant la condition fragile de leur vie pour les remplir de sa richesse. Dans ce contexte, les paraboles et les gestes de la dernière Cène : « Prenez et mangez, ceci est mon corps » (ceci est moi) acquièrent une signification profonde. Ils révèlent la présence du Ressuscité dans l’immense fragilité humaine. Naissance d’une nouvelle humanité qui vit ses limites dans la joie parce que la vie du Ressuscité est en elle.
Ses préférés : les marginaux
Jésus de Nazareth fréquente de préférence les marginaux de la société de son temps : les lépreux, les aveugles, les sourds, les boiteux, les pécheurs publics, les prostituées, les méprisés de tout genre. À ceux qui lui reprochent la compagnie de ces gens, il répond que, tel un médecin, il n’est pas venu pour les bien-portants, mais pour les malades – les pécheurs (Mt 9,12). À ses disciples qu’il envoie en mission, il recommande de veiller spécialement aux brebis perdues, aux marginaux de toute espèce (Mt 10,5-8). La plupart de ses apôtres, ceux avec qui il partage la vie de plus près, sont des gens de peu d’instruction, des pêcheurs. Au grand étonnement de ses disciples, il s’entretient au bord d’un puits avec une femme, une Samaritaine (Jn 4,27). Invité chez un pharisien, il prend parti pour une pécheresse et il lui annonce que ses péchés lui sont pardonnés (Lc 7,36-50). Lorsqu’on lui refuse l’entrée dans un village samaritain, il réprimande ses disciples qui veulent en tirer vengeance (Lc 9,51-55). Il proclame qu’on doit donner à quiconque nous demande (Lc 6,30), qu’on ne doit pas aimer uniquement ceux qui nous aiment (Lc 6,32-34) ; il demande qu’on soit miséricordieux comme Dieu lui-même, qu’on ne se pose pas en juge pour condamner ses frères (Lc 6,36-38). Il guérit le jour du sabbat, parce que l’homme est plus important que la loi (Mt 12,9-12). A quelqu’un qui l’avait convié à sa table, il ose suggérer de ne pas inviter des riches capables de lui rendre la politesse, mais des pauvres, des aveugles, des estropiés qui ne seront pas en état de le faire (Lc 14,12-14). Il s’en prend aux scribes et aux pharisiens qui imposent aux autres les fardeaux qu’ils refusent de porter eux-mêmes (Mt 23,13-23). Sur la croix, il demande pardon pour ceux qui l’ont condamné : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Lc 23,34). Solidaire jusqu’au bout avec les marginaux et opposé à toute forme de domination, Jésus de Nazareth paie cet engagement de sa vie : il est jeté dehors et mis à mort [4]. Mais, par ce geste qui le livre en toute impuissance, il devient le lieu d’une communion sans limite et sans condition de Dieu et des hommes et des hommes entre eux. « Prenez et mangez, ceci est mon corps livré pour vous ; prenez et buvez, ceci est mon sang versé pour vous ». L’amour vrai se traduit par le don total : « Il m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2,20).
La priorité absolue : le Père
Jésus de Nazareth vit et proclame sans ambages la priorité absolue de Dieu. Il s’agit de se convertir, de se tourner radicalement vers Dieu annoncé par son Christ (Mc 1,14-15). La substance de sa propre vie consiste à réaliser la volonté de Dieu : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 4,34). Il se laisse guider au désert par l’Esprit (Mc 1,12). C’est à ce même Esprit qu’il attribue sa consécration prophétique en s’appliquant le texte d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi » (Lc 4,18-21). Dans la création, Jésus admire la bonté et la tendresse de son Père (Mt 6,26-30). Il lui rend grâce de se révéler aux petits et de leur montrer sa bienveillance (Mt 11,25-26). Il a tout reçu du Père (ibid. 27) ; il se reconnaît son Fils, fût-ce au prix de sa condamnation à mort (Mt 26,63-66). Il proclame que, face à l’avènement du Royaume, même les liens familiaux les plus intimes doivent céder la place. A celui qui lui annonce que sa mère et ses frères l’attendent au dehors, Jésus réplique : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » Montrant de la main ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères ; quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, c’est lui mon frère, ma sœur, ma mère » (Mc 12,48-50). A qui veut le suivre, Jésus demande de tout quitter, même sa propre vie (Lc 9,23). Quand il envoie ses disciples en mission, il leur donne comme tâche essentielle de « proclamer le Royaume de Dieu » avant toute autre préoccupation (Lc 10,9 b-11). Il s’insurge contre les pharisiens et tous ceux qui honorent Dieu des lèvres alors que leur cœur est loin de lui (Mt 15,8). Il s’élève contre ceux qui s’attachent à la tradition des hommes, oubliant le commandement de Dieu (Mc 7,7-8). Il rend à la loi de Dieu sa vraie signification d’alliance entre Dieu et les hommes, d’où sa radicalité et sa simplicité originelles (Mt 5,17). A Pierre qui le proclame « Christ, Fils de Dieu », il répond que cette révélation lui vient non des hommes, mais de son Père qui est aux cieux (Mt 16,17). Au même Pierre qui le réprimande parce qu’il annonce sa passion, il répond : « Retire-toi ! Derrière moi, Satan ! car tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes » (Mt 16,23). Il chasse les vendeurs du Temple et leur reproche amèrement d’avoir transformé la maison de Dieu en un lieu de commerce (Mc 11,15-19). À Gethsémani, peu avant son arrestation, alors qu’il commence à ressentir tristesse et angoisse, il demande à son Père d’éloigner de lui cette coupe. Mais aussitôt il ajoute : « Pourtant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se réalise » (Lc 22, 2). Avant de mourir sur la croix, Jésus se remet totalement entre les mains de son Père (Lc 23,46). Il s’efface pour laisser place à l’Esprit. Celui-ci, comme l’a annoncé Jésus lui-même, devra continuer son œuvre (Jn 16,7-14). C’est l’Esprit qui enseignera aux disciples à pénétrer la signification profonde de la vie de Jésus. C’est par l’Esprit que Jésus sera pour toujours au milieu des siens (Jn 15,2.18.26). C’est le même Esprit qui, dans la célébration eucharistique, est invoqué pour sanctifier les offrandes (le pain et le vin) pour « qu’elles deviennent le Corps et le Sang de Jésus, le Christ, notre Seigneur » (Prière eucharistique II). C’est enfin grâce au même Esprit que tous ceux qui ont part au corps et au sang du Christ sont rassemblés en un seul corps (ibid.).
Jésus livré : l’Eucharistie
Ainsi, à travers toute sa vie, Jésus de Nazareth, par amour pour son Père et par solidarité avec tout homme et tout l’homme, a voulu se livrer lui-même jusqu’au bout. Les paroles et les gestes de la dernière Cène expriment clairement cette volonté du Christ [5]. Au-delà des signes, Jésus accepte de revêtir la réalité de la fragilité humaine, détruisant ainsi à sa racine toute forme d’autosuffisance. En admettant de s’anéantir, il devient le lieu de la communication totale entre Dieu et les hommes, le lieu d’une rencontre sans barrières des hommes entre eux. Par là, il donne Dieu aux hommes et les hommes à Dieu. Il fait surgir au cœur de l’humanité une fraternité nouvelle et radicale, signe du passage de la mort à la vie. L’apôtre Jean dit en effet : « Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie puisque nous aimons nos frères. Qui n’aime pas demeure dans la mort » (1 Jn 3,14). Cette fraternité nouvelle et radicale dont le Christ est l’initiateur suppose le don de soi-même pour ses frères. Le même apôtre Jean dit en effet : « C’est à ceci que, désormais, nous connaissons l’amour : lui, Jésus, a donné sa vie pour nous ; nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères » (1 Jn 3,16). L’Eucharistie célébrée comme mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur comporte une exigence de dépouillement de soi jusqu’au don total aux autres. Ceci ne peut se réaliser que par une solidarité effective avec « les plus petits des frères » (Mt 25,40), une solidarité qu’il faut payer de sa personne, une solidarité dans laquelle nous disparaissons pour qu’apparaisse « celui qui vient [6] ». Inscrire cette exigence dans la réalité concrète et actuelle de la société dans laquelle nous vivons suppose une transformation radicale dans nos relations humaines.
Pauvreté eucharistique et contexte négro-africain
Le pauvre est celui qui est privé de relations
Dans le contexte culturel négro-africain, où la personne se définit comme un faisceau de relations interpersonnelles et cosmiques [7], la pauvreté n’est pas d’abord d’ordre économique, mais d’ordre relationnel. Le pauvre est celui qui est privé de relations. C’est pourquoi il vit aussi dans le manque matériel. Or l’Eucharistie (nous venons de le voir) se situe essentiellement dans le don de soi à l’autre à travers des relations humaines concrètes. La cause de la pauvreté matérielle, c’est l’égoïsme. Jésus de Nazareth l’a brisé à sa racine. Par sa mort et sa résurrection, le Christ a introduit au cœur de toutes nos relations humaines la dimension de la gratuité personnelle. Une gratuité qui, au niveau des personnes, est recevoir et donner. La vie est en effet un don reçu des autres, d’un Autre. Le pain que l’on mange, le corps qui est le nôtre, le nom que l’on porte, la langue que l’on parle, les hommes et les femmes qui nous entourent, l’univers qui nous environne, on a tout reçu. Gratuitement. Mais, recroquevillées dans leur autosuffisance, les personnes et les sociétés humaines se dressent souvent les unes contre les autres en propriétaires incontestés des biens de ce monde et même des personnes humaines. Une vraie « lutte pour la vie » naît au cœur des relations humaines, à travers des oppositions et des rivalités [8]. C’est le règne du plus fort au niveau économique, social, politique, culturel. Le faible doit céder la place au fort, alors que la vie est un don gratuit fait à tous. Au sein de ces contradictions doit prendre chair une nouvelle communion fraternelle basée sur l’Eucharistie. Elle est l’inverse de tout pouvoir du grand sur le petit. Car il s’agit de se dépouiller de soi, de se donner jusqu’au bout, de s’effacer à l’exemple de Jésus-Christ. Sa mort et sa résurrection nous rappellent qu’on ne peut prendre part à l’Eucharistie qu’en passant par une pauvreté radicale de soi, condition essentielle pour une solidarité et un partage évangéliques. C’est cela mener une existence eucharistique et vivre son exigence de pauvreté.
Le pauvre, sacrement de la fragilité de notre existence
Proclamer à travers une parole d’homme, à travers du pain et du vin, nourritures humaines, la présence et le don de Dieu aujourd’hui à l’humanité est un vrai défi. Au-delà des contradictions, au-delà des apparences, Dieu est présent au sein de notre humanité et du cosmos. Il est présent dans notre fragilité humaine à travers la parole, le pain et le vin [9]. Quelle pauvreté d’expression ! Reconnaître la présence du Ressuscité dans ces fragiles réalités humaines, c’est accepter le langage de la croix, le langage de la folie dont parle l’apôtre Paul (1 Co 1,18). C’est accepter que ce qui compte désormais dans la vie c’est d’« être en Jésus-Christ » et non ce que l’on est par soi-même aux yeux des hommes (1 Co 1,30-31). C’est proclamer que Jésus-Christ est la véritable richesse de l’homme. Sans lui l’homme n’est rien (Jn 15,5). D’autre part, la relation avec lui ne se fonde ni sur la sagesse humaine, ni sur l’influence sociale, ni sur la naissance, mais uniquement sur la puissance de Dieu (1 Co 2,5). Car « ce qui est folie dans le monde, Dieu l’a choisi pour confondre les sages ; ce qui est faible dans le monde, Dieu l’a choisi pour confondre ce qui est fort ; ce qui, dans le monde, est vil et méprisé, ce qui n’est pas, Dieu l’a choisi pour réduire à rien ce qui est, afin qu’aucune créature ne puisse s’enorgueillir devant Dieu » (1 Co 1,27-29). Reconnaître la présence du Ressuscité sous les fragiles espèces humaines, c’est reconnaître la dignité de tous ceux qui sont faibles, méprisés, abandonnés, comme lieu privilégié de la présence du Seigneur [10]. Ceci doit renverser les rapports humains avec les nombreux pauvres de notre société. Il ne suffit pas de nourrir les affamés, de soigner les malades, d’annoncer l’Évangile aux pauvres. Il s’agit aussi et avant tout d’aimer réellement comme des frères tous ceux qui vivent la détresse humaine : les aimer non avec pitié ni avec condescendance, mais en assumant le manque dont ils sont porteurs. Ce manque (qu’il soit d’ordre économique ou affectif) révèle celui qui nous atteint tous profondément, notre finitude. Les pauvres sont alors un « sacrement » de la réalité profonde de notre vie humaine et de notre société ; ils sont aussi le lieu de crédibilité authentique de notre communion fraternelle en Jésus-Christ. Il est en effet facile d’aimer ceux qui sont bien portants, ceux qui ont des biens de ce monde, ceux qui jouissent d’une bonne réputation morale, ceux qui parlent le même langage intellectuel que nous. Mais en quoi le christianisme est-il pertinent en tout cela ? L’apôtre Paul, écrivant aux Corinthiens à propos du repas du Seigneur, condamne toute inégalité due à la différence des milieux sociaux. Il écrit en effet : « Quand vous vous réunissez en commun, ce n’est pas le repas du Seigneur que vous prenez ; car chacun se hâte de prendre son propre repas, en sorte que l’un a faim tandis que l’autre est ivre » (1 Co 11,20-21). Les rapports humains demandés à celui qui mange le corps du Seigneur comportent l’exigence d’une nouvelle fraternité avec tous ceux qui portent dans leur chair ou dans leur cœur les « stigmates » de la passion de Jésus-Christ. Communier au corps et au sang du Christ nous oblige, sur ce point, à lutter contre toutes les puissances du monde (au sens johannique et paulinien de l’expression), qui méprisent ou écrasent la dignité de certains de nos frères humains [11]. Que ces puissances soient en nous-mêmes ou en dehors de nous, elles empêchent les pauvres de retrouver « la place qui est la leur dans l’Église, la première [12]. » Communier au corps et au sang du Christ nous oblige à devenir effectivement une « Église des pauvres », où tous sont un en Jésus-Christ (Ga 3,28). Au-delà de toute supériorité due à la fonction, aux moyens financiers ou aux talents : « Ne faites rien par rivalité, rien par gloriole, mais, avec humilité, considérez les autres comme supérieurs à vous » (Ph 2,3).
Reconnaître le Ressuscité dans la fragilité du pain et du vin
Reconnaître la présence du Ressuscité dans l’Eucharistie, c’est vivre la réalité de la parole, du pain et du vin comme lieu de la rencontre entre Dieu et l’homme et des hommes entre eux. La parole, le pain et le vin ne peuvent être simplement des choses à manipuler. Ils sont lieu de communion et doivent conduire à la communion. Cela suppose le silence, l’écoute, le respect. Le message de la parole comme celui du pain et du vin ne peuvent être accueillis que dans un cœur ouvert, humble comme la terre. La parole, le pain et le vin sont un don de Dieu. C’est pourquoi quiconque exerce le ministère de la parole ou préside la célébration eucharistique ne peut le faire que comme serviteur du Seigneur et de ses frères [13]. La parole sera dépouillée de tout étalage de science. Une parole simple et vraie dans un langage adapté à la culture et au milieu de vie des auditeurs. Une parole qui reste un balbutiement de l’homme en quête du mystère de Dieu [14].
La parole, le pain et le vin comme signes de la présence du Ressuscité requièrent une conversion continuelle de tous ceux qui veulent vivre une existence eucharistique. Dieu est présent dans toutes les réalités et situations fragiles de ce monde. Le célébrer sous ces apparences fragiles délivre l’homme de toute forme de prétention sur soi, sur les autres et sur le cosmos. Au-delà des apparences, l’homme découvre l’amour immense de son Dieu pour tout ce qui est petit et pauvre. Il découvre un Dieu humble qu’on ne peut rencontrer qu’en devenant soi-même humble et pauvre et en le servant dans les faibles de ce monde. « Prenez et mangez, ceci est mon corps livré pour vous... Prenez et buvez, ceci est mon sang versé pour vous ». À travers ces paroles et les gestes de la dernière Cène, Jésus se livre totalement aux siens. L’Eucharistie est le heu où le Ressuscité nous introduit au partage radical de lui-même aux hommes. Partage qui est pauvreté : tout vient de Dieu et tout doit retourner à lui. L’homme ne peut rien retenir égoïstement ni accaparer quoi que ce soit. Tout doit être partagé parce que reçu. Le partage de vie exigé par l’Eucharistie suppose avant tout le don de toute notre vie à Dieu à la suite du Christ. Celui-ci en effet, à l’heure de sa mort, livre sa vie tout entière entre les mains du Père. C’est pourquoi, après avoir rappelé la mémoire de sa mort et de sa résurrection, nous demandons au Père « que l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire » (Prière eucharistique III). Que notre vie devienne une « éternelle offrande à la gloire de Dieu », qu’est-ce à dire, sinon la dépossession continuelle de nous-mêmes (de notre avoir et de notre être) pour proclamer et vivre la manifestation de la bonté miséricordieuse de Dieu à notre égard ? Que notre vie devienne une éternelle offrande et une remise de nous-mêmes à ce Dieu « qui, par le Christ, donne au monde toute grâce et tout bien » (ibid.). Louange et offrande de soi délivrent de toute autosuffisance pharisaïque, où l’homme se prend comme centre et terme de sa propre vie.
L’Eucharistie, une invitation au partage de toute fragilité humaine
Le partage de vie exigé par l’Eucharistie comporte aussi le don de soi à tous nos frères humains, spécialement aux marginaux de la société [15]. Une présence réelle, fraternelle et privilégiée auprès des malades, des handicapés, des sans-logis, des prisonniers, des vieillards, des méprisés de tout genre est le chemin suivi par le Christ lui-même comme expression du don de soi aux autres. Un tel partage nous fait sortir de nos apparences de grandeur et de puissance. Les vrais malades ou les vrais pécheurs ne sont pas toujours ceux qui sont considérés comme tels. Il y a d’autres richesses dans la vie que la santé, le bien-être matériel, la bonne réputation. Les hommes sont plus que ce qu’ils paraissent. Les catégories et les classifications que nous établissons entre nos frères humains sont contraires à l’existence eucharistique. Quand nous sortons de nos schèmes préétablis ou de notre petit monde, nous découvrons, dans le partage, le visage un et multiforme des richesses de notre Dieu. Il y a en effet « diversité de dons, diversité de ministères, diversité de modes d’action, mais c’est le même Dieu qui produit tout en tous » (1 Co 12,4-6).
La présence réelle, fraternelle et privilégiée auprès des frères plus démunis pour partager simplement leur vie suppose un vrai dépouillement de soi. En effet, ce geste peut être ambigu de part et d’autre. Pour l’un, il y a un danger réel de paternalisme, d’une mystique de la pitié ; pour l’autre, il y a le risque de devenir un simple profiteur. Ce danger ne sera vaincu que si l’on paie de sa personne, si l’on va jusqu’au bout des conséquences pratiques de son option. En effet, comme ce genre de relations est à l’opposé des normes courantes de la société actuelle, celui qui veut les pratiquer doit être prêt à accepter le rejet, la moquerie, le mépris [16]. On ne peut partager la vie des marginaux sans consentir à se voir mis soi-même au ban de la société. Ceci montrera d’ailleurs si l’importance que nous attachons à la personne de nos frères pauvres est réelle ou feinte.
Inscrire le partage eucharistique dans le quotidien
Le partage de vie exigé par l’Eucharistie comprend enfin le partage pratique des signes eucharistiques, à savoir la parole, le pain et le vin. La parole doit, elle aussi, être partagée [17]. Elle n’est pas une possession humaine, elle est parole de Dieu. Personne n’a de droit exclusif sur elle, comme personne ne peut en être écarté. Face à cette parole, nous sommes tous des apprentis qui doivent se la partager comme on partage les découvertes que l’on fait. Il n’y a en effet que l’Esprit qui nous fasse connaître ce que le Christ a dit et nous introduise dans la vérité tout entière (Jn 14,26). Toute prétention de posséder la parole nous écarte de sa vraie écoute chrétienne. Ce partage ne peut que se faire en toute humilité, selon que l’Esprit donne à chacun de s’exprimer (Ac 2,4). Tout partage de la parole dans un contexte de rivalité, d’étalage d’érudition, est en contradiction avec la gratuité du don que Dieu fait de sa parole : ce n’est plus qu’un vain cri de l’homme. La parole de Dieu doit être partagée dans la liberté et la vérité du cœur. Ce partage s’étend aussi à nos talents, à mettre au service des autres, spécialement des plus démunis. Quant au pain et au vin, qui sont les fruits de la terre, ils doivent devenir un lieu de communion par un partage réel [18]. Il ne peut y avoir vrai partage du corps et du sang du Christ si ce geste ne s’inscrit pas aussi dans les réalités quotidiennes de la vie : la nourriture, l’habillement, le logement. On ne peut entrer dans la dépossession eucharistique sans se priver soi-même de biens matériels en faveur des autres. Personne n’est capable de se déposséder de soi en vérité s’il garde son cœur fermé aux besoins de ses frères. L’apôtre Jean dit avec raison : « Si quelqu’un possède les biens de ce monde et voit son frère dans le besoin et qu’il se ferme à toute compassion, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ? Mes petits enfants, n’aimons pas en paroles ou de langue, mais en actes et en vérité » (1 Jn 3,17). Aimer en actes et en vérité introduit celui qui partage au dépouillement, et alors c’est un vrai partage. Partager en vérité, ce n’est pas se débarrasser de choses inutiles ou superflues, c’est donner du sien, c’est s’appauvrir. Tout vrai partage matériel exige la pauvreté. Fruit de la terre et du travail des hommes, le pain et le vin seront partagés non comme une obole qu’on jette avec mépris à l’autre, mais comme une reconnaissance effective et appréciée de l’autre, quel qu’il soit. Un partage qui humilie ou écrase est indigne de ce nom. Et ceci spécialement dans un pays dit « du Tiers Monde », où la tentation du paternalisme est plus grande. Le partage réel est expression d’hospitalité. Or, en parlant de celle-ci, l’apôtre Pierre dit : « Pratiquez l’hospitalité les uns envers les autres, sans murmurer. Mettez-vous, chacun selon le don qu’il a reçu, au service les uns des autres, comme de bons administrateurs de la grâce de Dieu, variée en ses effets » (1 P 4,9). Par le pain et le vin gagnés à la sueur de son front, l’homme accepte, dans le partage, de vivre la fécondité précaire de la vie non plus comme un individu, mais comme une communauté. La relation entre l’homme et la terre est en effet celle de la sueur, du travail, une relation de fécondité, mais aussi de précarité [19]. Vécue en communion, cette relation se transforme en une fécondité continuelle. Le partage permet aux choses de la terre de devenir symbole continuel de vie, lieu de louange à Dieu et de communion fraternelle.
Devenir Eucharistie, c’est devenir pauvre
« Prenez et mangez... Prenez et buvez... Faites ceci en mémoire de moi ». Jésus confie ces paroles et la fraction du pain à son Église. Lui-même disparaît. Il continue sa présence par l’Esprit, aussi mystérieux et imprévisible que le vent. Dieu, on ne le possède pas, on ne peut l’enfermer dans un système religieux. Il échappe à nos catégories. Le « Faites ceci en mémoire de moi » n’est donc pas une espèce de mainmise sur Dieu [20]. C’est plutôt une invitation à devenir semblable au Christ par la mort à soi, à se décentrer, à disparaître pour laisser notre cœur et notre corps être envahis par la puissance de l’Esprit. Devenir comme la parole, le pain et le vin eucharistiques, simples lieux et « porteurs » d’une vie plus grande que nous. Le sauveur, c’est le Christ et pas nous. A travers sa parole et tous ses actes, l’Église ne peut cacher celui qu’elle annonce. Elle est servante. Cela doit se vivre en particulier dans la célébration eucharistique, où le Ressuscité se sert d’une façon spéciale des hommes et des choses de ce monde. S’effacer pour manifester que Jésus-Christ est désormais le lieu unique de la communion entre Dieu et les hommes : il est le Pontifex en qui et par qui toute chose du ciel et de la terre trouve cohésion et vie. La réalité eucharistique est symbole d’effacement de soi. La parole, le pain, le vin n’ont de sens eucharistique qu’à partir du Christ et en référence à lui [21]. Ainsi en va-t-il de notre vie et de toute la réalité ecclésiale. On doit s’attacher au Maître et non aux formes qui disparaissent.
Dans la relation à autrui, l’effacement exigé par l’existence eucharistique s’exprimera par l’humble attitude de « serviteurs de nos frères ». Le lavement des pieds n’est pas qu’un geste symbolique. C’est une manière spécifiquement évangélique de vivre la communion fraternelle. L’effacement exigé par l’Eucharistie se traduira aussi par le respect du rythme de marche de nos frères. Conduit par le même Esprit, chacun a cependant son allure propre, une histoire personnelle dont Dieu seul connaît les péripéties, les lenteurs, les hauts et les bas. On ne peut entrer dans la vie de son frère qu’en ôtant ses sandales, comme Moïse dans la rencontre du buisson ardent, « car ce lieu est saint ». La parole, le pain et le vin sont appelés à être mangés. Ils servent à la vie de communion du fidèle avec le Seigneur ressuscité. Ainsi en va-t-il également de toutes les réalités de ce monde. Aucune d’entre elles ne peut empêcher l’homme de s’ouvrir à la communion avec Dieu et avec son frère humain, spécialement celui qui est démuni : « Ayez du sel en vous-mêmes et soyez en paix les uns avec les autres » (Mc 9,50). La parole, le pain et le vin sont symboles de la nourriture de la route. Le lieu de la communion eucharistique est aussi un chemin. C’est « la longue pâque de nos vies, long chemin qui s’ouvre toujours dans la nuit... Car ce n’est pas de nous-mêmes que nous suivons ce chemin. Un autre nous y mène et nous ne saurons jamais où il nous conduit. C’est de nuit qu’on fait la route. Et la nuit peut tomber soudain. Sur nos certitudes acquises, sur notre savoir accumulé. Se souvenir de Jésus-Christ, c’est marcher jusqu’au bout, c’est consentir en un mot à mourir et à ressusciter non pas une fois, mais à chaque étape. Alors peut-être on pourra reconnaître par instants celui qui nous guide, mais qui disparaîtra à nouveau dès que nous prétendrions fixer son image, nous assurer de sa présence [22] ».
Une parole dont on n’a jamais fini de comprendre le message, un pain qui ne rassasie pas, un vin qui ne désaltère pas. Tout ceci symbolise l’attente dans laquelle nous vivons. Celle de l’avènement du Seigneur. Cette attente invite à la sobriété de vie et à l’humilité du grain qui doit naître. Une attente qui est pauvreté.
L’Eucharistie, sacrement de la Pâque du Seigneur [23], inscrit une vie réellement nouvelle au sein de nos relations avec Dieu, avec nos frères et avec le cosmos. Le Seigneur se donne sous les formes fragiles de la parole partagée, du pain rompu, du vin donné, en un mot, de la vie livrée pour ses frères. C’est le sacrement de son passage de la mort à la vie à travers le don total de soi. Il en va de même pour nous. L’Eucharistie exige le dépouillement de soi, la pauvreté.
[1] Fr.-X. Durrwell, L’Eucharistie, sacrement pascal, Paris, Cerf, 1980, 44-47.
[2] Fr.-X. Durrwell, op. cit., 162.
[3] H. Bourgeois, « Jésus, l’universel du pauvre », Lumière et Vie, n° 137 (1978) 129.
[4] J. Sobrino, « Jésus avec les pauvres et les déclassés », Concilium, n° 150 (1979) 32.
[5] Fr.-X. Durrwell, op. cit., 66-70.
[6] Fr.-X. Durrwell, op. cit., 49.
[7] E. Mweng, « L’art d’Afrique noire. Liturgie cosmique et langage religieux », Bulletin de théologie africaine, 1 (1979) 101.
[8] O. K. Bimwemyi, « Avènement dans l’événement », ibid. 109-110.
[9] Ph. Demeestere, « Violence ou naissance », Christus, n° 106 (1980) 178-179.
[10] E. McDonagh, « La dignité de Dieu et la dignité de l’homme », Concilium, n° 150 (1979) 145.
[11] J. Pohier et D. Mieth, « La dignité de Dieu passe par la dignité des « sans-dignité », Concilium, n° 150 (1979) 8.
[12] idem, ibid., 11.
[13] Jean-Paul II, Lettre « Dominicae Cenae » du 24 février 1980 ; cf. La Documentation Catholique, 77 (1980) 301-312.
[14] Cl. Dagens, « Le sacrement du sacrifice », Christus, n° 106 (1980) 204-206.
[15] J. Eckert, « La réalisation de la fraternité dans les premières communautés chrétiennes », Concilium, n° 150 (1979) 37.
[16] H. Bourgeois, « Jésus, l’universel du pauvre », Lumière et Vie, n° 137 (1978) 127.
[17] J. Rogues, « Parole et pain », Christus, n° 94 (1977) 227.
[18] G. Severin, « Le sacrifice ou la mort », Lumière et Vie, n° 146 (1980) 39-41.
[19] E. Nodet, « Réflexions bibliques sur la vie et la mort », Lumière et Vie, n° 138 (1978) 55-58.
[20] Fr.-X. Durrwell, L’Eucharistie, sacrement pascal, 77-78.
[21] X. Léon-Dufour, « Faites ceci en mémoire de moi », Christus, n° 94 (1977) 306-308.
[22] J. Thomas, « Effacement », Christus, n° 94 (1977) 165.
[23] Fr.-X. Durrwell, op. cit., 35-75.