Le mystère de la vieillesse
Thomas Philippe, o.p.
N°1980-4 • Juillet 1980
| P. 195-211 |
L’auteur exerce son ministère depuis plus de quinze ans auprès de la communauté de l’Arche, à Trosly, après avoir longtemps été professeur de théologie au Saulchoir. C’est lui qui a invité Jean Vanier à venir à Trosly. Il aime rappeler que son long contact avec les handicapés mentaux lui a fait reprendre toute la théologie à la lumière de la « science du cœur ». C’est ce qui l’a rapproché aussi des enfants et des vieillards, car « la vie humaine commence et s’achève avec le cœur ». En un style simple, il nous rappelle quelques aspects essentiels de notre foi ; son expérience peut être précieuse pour tant de femmes et d’hommes, de religieuses et de religieux parvenus à l’automne de leur vie.
Note de la rédaction (juin 2021) : la publication de cet article est évidemment antérieure aux révélations concernant la personne de Thomas Philippe. La rédaction renvoie le lecteur au communiqué officiel publié sur le site de l’Arche international.
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La vieillesse, c’est un sujet à la fois important et difficile à traiter, car en fait il s’agit, plus encore que pour l’enfance, d’un secret du cœur qu’on peut seulement pressentir. « Vie montante » : l’expression suggère qu’en cet âge on n’est plus capable de monter tout seul ; il y faut cet « ascenseur » qu’apporte la spiritualité moderne de confiance en la miséricorde de Jésus. A ce titre la vieillesse apparaît comme un temps privilégié.
Entre la nature et la vie de la grâce il existe un lien profond. Or dans la nature le temps des fruits, ce n’est pas le printemps. En bien des cas, surtout s’il s’agit de ces produits dont le rôle est particulièrement significatif, comme le blé ou le raisin, il faut attendre que la verdure se fane, que la plante semble presque morte, pour que les fruits soient donnés. De plus, en particulier pour la vigne, la qualité de ceux-ci dépendra grandement des toutes dernières semaines, d’une phase où l’homme ne peut plus rien faire ; elle sera toute différente, selon le temps qu’il aura fait. En réalité, c’est l’automne qui est le temps des fruits.
Mais ce qui est notable, c’est qu’on les cueille sur des arbres ou des plants qui sont en vie bien qu’ils paraissent morts. Dans les desseins de Dieu, le grand moment de notre existence se situe au terme de notre carrière terrestre, quand nous aurons à vivre le mystère pascal. Heure privilégiée, nous le savons. Mais sommes-nous assez attentifs au fait que nous pouvons la vivre consciemment et librement, peut-être durant des années ? Un privilège, pour qui se place au point de vue de Dieu.
Si Jésus, lui, est mort à quelque trente-trois ans, à l’âge où l’homme est en pleine force, la Vierge Marie elle, de même que saint Jean, l’apôtre privilégié, a connu la vieillesse. Au fond, les mystères glorieux du rosaire se réfèrent à la vieillesse de la Sainte Vierge : la grâce prévenant la nature, elle fut en un certain sens prématurément plongée dans la vieillesse.
C’est à partir de ces remarques que nous allons réfléchir sur la vieillesse, qui est un vrai mystère. Je voudrais, dans une première partie, envisager trois aspects :
- la signification de la vieillesse dans la vie humaine considérée dans une perspective vraiment chrétienne ;
- dans la vie religieuse comme vie consacrée à Dieu dans le service de l’Église, la situation privilégiée des personnes âgées. Privilégiée, car lorsque Jésus parle de béatitude, la croix est toujours présente. Avec des difficultés particulières pour les religieux et les religieuses : c’est sans doute dans la vieillesse qu’ils sentent davantage le poids de la solitude, le fait de n’avoir pas de famille selon la chair. Le vieillissement implique des épreuves spéciales et requiert une espérance beaucoup plus affirmée.
- la place des vieillards dans la société. Dans les pays riches en particulier, les vieillards se font de plus en plus nombreux et la moyenne d’âge s’élève. Et alors que la longévité augmente, la retraite commence plus tôt.
Dans une seconde partie, nous envisagerons des questions d’ordre pratique.
I. Signification de la vieillesse
Il importe de voir la vieillesse à la lumière de l’Incarnation et de la vie de l’Église. Celle-ci est tout entière centrée sur le mystère pascal, la croix de Jésus et sa résurrection. Tous les sacrements viennent du Cœur de Jésus transpercé et de la croix. C’est dans la vie de l’Église et chez les saints que nous verrons comment la vieillesse prend une signification toute nouvelle.
Qu’est-ce que l’Incarnation est venue nous faire connaître, sinon les secrets de la vie divine : le mystère de la Sainte Trinité ; que Dieu est Père, un Père qui a tout fait pour ses enfants, un Père qui engendre son Fils et qui dans sa vie même est « Père » avant tout ; et que cette génération est inspirée par l’Esprit Saint. Vie d’amour qui se termine dans un don. Mais Jésus ne s’est pas contenté de nous apporter cette révélation ; par sa croix il a établi un nouveau régime de grâce, celui de la grâce « sanctifiante », qui essentiellement sanctifie le cœur de l’homme par la foi, l’espérance et la charité.
La vie humaine commence et s’achève avec le cœur
Jésus nous apprend que nous sommes sur la terre, avant tout, pour que notre cœur s’identifie de plus en plus au sien, et non pas d’abord pour des œuvres de raison, ni même pour des œuvres spirituelles, mais essentiellement pour des œuvres d’amour.
Il suffit de voir la vie de l’Église : la spiritualité moderne, que nous vivons aujourd’hui et qui a commencé avec saint François de Sales et saint Vincent de Paul, a été mise tout de suite sous le signe du Cœur de Jésus. A l’aurore des temps modernes, le Seigneur a dévoilé le secret de son humanité, non pour faire éclater les merveilles de son intelligence ou de sa puissance. Au Moyen Âge, saint Thomas a écrit un fort beau traité sur l’intelligence du Christ, mais à cette époque-ci, avant que le monde trouve un développement extraordinaire sur le plan intellectuel, scientifique et technique, Jésus a voulu présenter principalement les qualités de son Cœur. Et dans l’histoire de la spiritualité de l’Église, ce qui caractérise les saints actuels, c’est qu’ils sont des petits, des souffrants – voyez Bernadette, Thérèse de l’Enfant Jésus, la « pauvre » Gemma Galgani – qui, au fond, nous montrent essentiellement ces qualités du cœur.
Or, si nous voulons comprendre la vieillesse, il faut avoir bien présent à l’esprit que le Verbe incarné, venant nous révéler les secrets de Dieu, nous a en même temps révélé des secrets que recèle le cœur de l’homme. Pour le philosophe, l’homme apparaît surtout comme un animal raisonnable. C’est sous le rapport de la raison et de la volonté que la philosophie envisage la perfection de l’homme. A ses yeux l’âge de la maturité est celui où les facultés d’intelligence et de volonté peuvent fonctionner le plus pleinement. Elle reconnaîtra bien une certaine valeur à la vieillesse, mais à une vieillesse qui ne soit pas « croulante », à celle d’une personne qui jouit encore de ses facultés, dont l’intelligence n’est peut-être plus aussi vive que quand elle était jeune, mais qui possède une espèce de sagesse, qui est plus compréhensive, plus libre à l’égard de l’opinion d’autrui, qui est proprement qualifiée pour le rôle de conseiller.
Si vous prenez l’Ancien Testament, les patriarches font figure de ces sages. L’Évangile ne supprime pas cet aspect, mais il nous montre que là n’est pas la vraie grandeur des vieillards. Le mystère ainsi mis en lumière est extrêmement consolant pour notre époque. C’est qu’il y a différents âges dans la vieillesse même : d’abord celui où vieillesse et maturité vont un peu de pair ; on n’y est plus tout à fait en état d’exercer des responsabilités actives, de remplir des charges de direction, mais, comme anciens supérieurs, anciennes supérieures, on a encore qualité pour donner des conseils. Ce qui sera vraiment l’âge de la vieillesse, c’est quand la mémoire défaille de plus en plus. On ne décline pas seulement au point de vue physique, mais on a du mal un peu dans tous les domaines. C’est à ce moment-là seulement que le vieillard sent la difficulté. Le déclin peut s’accentuer davantage et réduire à l’état de grabataire, parfois pour des années. Avec la médecine actuelle, on doit tout à fait, dès qu’on commence à être un peu âgé, prévoir cette éventualité. La thérapeutique nous maintiendra en vie, sans nous donner la vitalité nécessaire pour avoir le goût de vivre.
Dans vos communautés vous avez certainement de ces personnes qui sont devenues comme des grabataires. Pour saisir la signification de cet état, il faut l’envisager à la lumière de la croix de Notre-Seigneur. À l’Arche de Trosly, où nous vivons avec des handicapés mentaux, nous avons vite senti le besoin d’avoir un foyer pour les débiles profonds, ceux qui sont incapables de marcher, de se débrouiller seuls même au point de vue physique, qui sont devenus, ou restés comme de tout petits enfants. Eh bien, depuis un an que nous les recevons, nous voyons tout ce qu’ils nous apportent en nous obligeant à approfondir le mystère de l’humanité et du cœur au regard de Jésus. Nous découvrons notamment combien ces gens sont sensibles au toucher ; ils perçoivent très bien qu’ils sont portés par des personnes qui les aiment ou non ; ils sentent si ce sont des personnes un peu rudes ou impatientes ou si elles arrivent, par leur cœur, à communier avec eux. Ces pauvres gens qui ne disent pas un mot, qui sont sourds, qui ne voient pas, saisissent, rien qu’à la manière dont on les porte, les moindres réactions. Cela nous fait comprendre cette révélation de Jésus : la vie humaine commence avec le cœur et elle s’achève avec le cœur. Il a fallu tous les développements de vingt siècles d’Église pour approfondir cette théologie.
La connaissance du cœur chez le petit enfant
Jésus nous enseigne qu’il y a dans la vie consciente de l’homme une triple épaisseur : la raison, l’esprit et le cœur.
Le tout petit enfant est tout à fait différent de l’animal par son cœur. A sa naissance, il est plus faible que le petit des animaux ; un agneau nouveau-né sait courir ; bientôt il sera capable de choisir et de prendre sa nourriture. Le petit enfant est plus démuni qu’une semence. Déposez maladroitement une graine dans la terre : le germe est assez fort pour se retourner et trouver la lumière. Le bébé, au jour de sa naissance, placez-le mal dans son berceau, il va mourir étouffé ; il n’est même pas capable de se retourner pour chercher l’air et la lumière.
Dieu crée l’homme avant tout pour manifester son amour. Un tout petit enfant a, dès le début, la conscience du cœur, la conscience d’amour qui d’abord demande que deux personnes soient intimement unies entre elles. Par des gestes, par des mots tout simples qui expliquent ces gestes, la maman est bien d’abord l’espérance de son tout-petit.
À partir de là, voyons ce que le Seigneur veut nous faire entendre. L’homme n’est pas seulement un animal raisonnable ; plus profondément, il est doué d’esprit ; cela, tout le monde l’admet : ce n’est pas finalement l’homme de raison et de calcul qui est le plus parfait ; le vrai génie se signale par les intuitions les plus profondes. Raison et esprit, il faut les deux. Mais ce que les philosophes pressentent et ne peuvent expliquer, c’est qu’au fond de l’homme il y a un cœur. Pourquoi Jean-Paul II insiste-t-il tant sur le fait que l’homme n’a pas été créé pour être seul, mais que dès le début Dieu l’a fait homme et femme ? C’est que le cœur a besoin de communion.
La révélation progressive de l’amour
Ce qui apparaît très mystérieux, à regarder le développement de la vie religieuse de l’humanité, c’est que Dieu s’est révélé d’abord comme le Dieu Providence, le Dieu bienveillant, qui aide l’homme à accomplir la loi inscrite dans sa nature. C’est le Dieu du décalogue, de la justice. Cette représentation n’exprime pas ce qu’il y a de plus profond dans l’Ancien Testament. La religion judaïque, on la trouve surtout chez les prophètes ; elle a commencé avec Abraham, le père des patriarches. Alors Dieu s’intéresse tout spécialement aux réalités de la famille et de la nature.
Puis, avec Jésus, c’est proprement le Dieu d’amour qui se révèle. Ainsi la religion nous fait découvrir, à l’intérieur de notre propre cœur, des dimensions que les philosophes ne soupçonnaient pas. Dès maintenant la vie éternelle est commencée. Si bien que, pour un chrétien, la maturité humaine est le fait non pas de l’homme juste, de celui qui sait faire parfaitement l’animal raisonnable, mais bien davantage du saint, c’est-à-dire de celui qui a profité de tout pour développer sa foi, son espérance et sa charité.
Les vertus théologales s’enracinent immédiatement dans le cœur de l’homme. À Trosly, il est facile de communiquer sur ce plan avec les handicapés : on peut toujours leur parler du Dieu Père, Fils et Esprit Saint, tandis qu’il est très difficile de leur parler d’un Dieu Créateur. Ils n’ont aucun sens de la loi, mais ils comprennent très bien un Dieu d’amour. Pour moi ç’a été une découverte : au début je n’osais pas leur parler de la Sainte Trinité... Un trait caractéristique chez eux, c’est que toujours le premier nom qu’ils donnent à Notre-Seigneur, c’est « Jésus », le petit nom de la personne. En ce qui concerne Jésus, il n’est guère besoin d’explication : Jésus est homme et Dieu, cela ne fait point de difficulté pour eux. Mais, bien sûr, il ne faut jamais séparer Jésus de son Père et du Saint-Esprit. Il est le Fils du Père en même temps que le fils de l’homme. On ne saurait comprendre Jésus sans son Père. Nul ne connaît le Fils, sinon le Père ; nul ne connaît le Père, sinon le Fils.
Un petit mongolien m’a dit : « Moi, je comprends encore un peu le Père et le Fils... Mais c’est plus difficile de réaliser ce que veut dire le « Saint-Esprit ». » Saint Thomas disait exactement la même chose ! Quand quelqu’un est capable de poser la question cruciale sur un sujet donné, c’est qu’il a saisi ce qu’il y avait à voir. Tandis que si l’on vous dit : « Oui, oui, j’ai très bien compris », c’est souvent qu’on n’atteint pas un certain point de profondeur auquel se heurte le bon professeur, le point qui est tout à la fois source de lumière et noyau impossible à résoudre. Mon petit mongolien touchait la vraie question.
Le cœur et les vertus théologales
Chose importante, nous allons le voir, les trois vertus théologales elles-mêmes s’enracinent dans le cœur du tout petit enfant. Pour lui le premier verbe n’est pas « je suis », ni « je pense », ni « je veux », mais « j’aime ». Cela m’a profondément impressionné et amené à refaire mon traité des sacrements, de voir que ceux-ci sont d’abord des signes d’amour et que Jésus y prend pour matière les premiers éléments dont le tout petit enfant, sans conscience même, fait la découverte. Ce qui m’a beaucoup frappé encore, chez les handicapés mentaux, c’est qu’avec eux j’ai découvert tout de suite le sens de la mort. D’ailleurs c’est là ce qui m’a montré le lien avec la « vie montante ».
Du coup vous comprenez que si l’on ne considère la vie humaine que sous le rapport des vertus cardinales, comme la justice ou la prudence, on ne peut pas faire une place privilégiée aux vieillards et aux malades, pas plus qu’aux enfants.
Deux âges privilégiés : l’enfance et la vieillesse
Mais si vous vous situez sur le plan du Christ, donc par rapport aux vertus théologales, vous vous rendez compte du privilège de ces deux âges. Cette vue est très nette chez sainte Thérèse de Lisieux, « Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face ». En ces dernières années, on a mis en lumière toutes ses souffrances : morte jeune, elle a connu, du fait de sa maladie, les souffrances, les angoisses, l’état des vieillards. Par les vertus théologales, nous sommes ramenés aux deux temps extrêmes de la vie. Mieux se développe en nous l’esprit d’enfance, plus il nous conduit à un abandon total, à vivre dans l’instant présent. Le grand détachement que le Bon Dieu nous demande porte sur l’imagination et la mémoire, en vue d’un abandon toujours plus grand. La spiritualité du Père de Caussade, par exemple, et toutes celles que Dieu donne pour notre époque, consistent à être ces tout petits enfants dont parlait déjà saint Pierre.
Néanmoins, pour vivre la plénitude du christianisme, il ne faut pas en rester aux tout-petits. Il y a la mort de Jésus, laquelle est nécessaire, il y a l’agonie du Seigneur. Et, pour nous, la vieillesse, qui est le retour à l’âge privilégié de l’enfance, quand Dieu, après nous avoir demandé de servir d’une façon active, réclame le dépouillement des facultés de mobilité et d’activité. On ne marche plus que péniblement, on se sent malhabile ; puis c’est la mémoire qui est atteinte ; et de plus en plus Jésus nous prépare à nous configurer complètement à lui. Cela nous oblige à tout un approfondissement de notre vie chrétienne. N’est-ce pas ce que Vatican II a demandé, en nous faisant pénétrer, tout de suite, dans le mystère de la Sainte Trinité et, dans la manière de concevoir la liturgie, en centrant tout, d’emblée, sur les sacrements ? Comme signes d’amour, ils se situent sur le plan des vertus théologales, non pas sur celui des vertus morales.
La vieillesse dans la vie religieuse
Par le fait de nos trois vœux, nous renonçons à déployer pleinement nos virtualités de création à l’extérieur et, par là même, à prendre dans la société humaine toute la place à laquelle nous aurions droit. Jésus, qui est venu distinguer le pouvoir temporel du pouvoir spirituel, qui a fait de son Église une société spirituelle, permet à ceux qui veulent le suivre de façon immédiate d’être tout de suite entièrement donnés à l’Église. Ainsi ils sont témoins de la virginité de Marie, de cette virginité de l’Église, d’où vient sa fécondité. Par la pauvreté et l’obéissance, ils veulent être directement et avant tout aux œuvres du Père. S’ils agissent dans le monde, c’est premièrement pour rendre l’Église présente et non pas pour contribuer au développement de la civilisation dans ses aspects temporels, de la culture en ses aspects intellectuels.
Esprit d’enfance et vie religieuse
Comme religieux – et c’est une des difficultés de cette voie à notre époque – nous avons toujours à garder, en un certain sens, un esprit d’enfance. Il faut qu’en nous les vertus théologales maintiennent fortement leur primat, qu’elles soient les vertus vitales de la vie religieuse, inspirant et finalisant de la façon la plus immédiate et la plus plénière toutes nos activités.
Aussi une certaine attitude d’enfant, ou de jeune, dans le service de l’Église est-elle essentielle à la vie religieuse, en ce sens que l’enfant a surtout une attitude de foi, le jeune une attitude d’espérance. Quand nous portons des responsabilités d’ordre temporel (qui nous sont confiées par l’obéissance), l’effort suprême, c’est de ne pas devenir des gens trop « sérieux », inquiets des opinions de l’entourage, plus préoccupés des œuvres dont nous sommes chargés que de Dieu et des personnes : ce ne serait pas là l’esprit d’enfance. Quels sont les religieux qui rayonnent ? Qu’est-ce qui fait qu’on les aime ? Je songe à saint François d’Assise et à cette espèce de liberté intérieure que le religieux manifeste normalement. Les religieux « soucieux » ont beau être très compétents, devenir peut-être de grands savants, ce ne sont pas eux qui rayonnent.
De ce point de vue l’âge de la retraite est privilégié, particulièrement pour le religieux. À peu près dans tous les instituts, on a distingué de la loi fondamentale les règlements qui regardent les œuvres, les choses à faire. Ce qui domine, c’est le souci de l’esprit, qui porte les personnes à chercher constamment le royaume de Dieu. Pour cet esprit, il faut avec la vieillesse une nouvelle conversion. C’est le moment où il est réellement demandé au religieux de quitter les charges – le cas est fréquent, vu que l’Église souhaite que ses dirigeants soient relativement jeunes. Si le Pape a demandé qu’à un moment donné les évêques présentent leur démission, ce n’est pas que l’Église déprécie la vieillesse, mais qu’ils ont dès lors un rôle à jouer comme témoins dans l’Église.
Le rayonnement d’une présence : les « inspirateurs »
Dans l’ensemble de la communauté spirituelle de l’Église et spécialement dans une communauté religieuse, il faut une direction et une administration, surtout en tant qu’on vit dans le monde. Il est nécessaire aussi qu’il y ait des « animateurs » ; un évêque n’est pas tout simplement un administrateur. De la part du peuple chrétien, il ne faut pas que le Pape soit considéré comme le P.D.G. du Vatican ; on doit le regarder comme « le Père commun ». De même, le supérieur n’est pas simplement le « directeur » ; l’aspect d’animation n’est pas moins important. Et dans l’Église l’animation vient directement du cœur de Notre-Seigneur. Jésus a déployé sur la terre une activité d’apôtre, mais sa vie même d’apôtre, on ne peut la comprendre qu’en méditant l’existence cachée qu’il a menée avant. Sa vie publique reste toute rattachée aux années d’obscurité qui l’ont précédée, et aussi à sa vie douloureuse.
Mais il faut pousser davantage notre analyse. La vie religieuse ne se définit pas d’abord par la règle ; celle-ci doit être conçue à la lumière du discours sur la montagne, comme une aide pour mieux vivre l’esprit évangélique dont ce discours est la charte. Une communauté religieuse doit être une communauté de sœurs ou de frères spirituels, de vrais amis et bien-aimés de Jésus, et par lui du Père et de l’Esprit Saint. C’est pourquoi, si elle ne peut se passer de direction et d’administration, et moins encore d’animation, tout cela – nous devons l’ajouter maintenant – a besoin d’inspiration. C’est ce qu’il y a de plus foncièrement spécifique dans la vie religieuse. Aux supérieures majeures réunies à Rome pour une session en vue de l’aggiornamento, Jean-Paul II rappelait leur premier devoir, celui de la prière, mais il leur montrait bien que celle-ci doit être avant tout une prière d’amour. Il nous faut aimer Dieu, mais surtout accueillir son amour. Le Seigneur nous a choisis par un choix d’amour. L’Esprit Saint est le seul maître intérieur de toute vie religieuse ; le religieux doit lui permettre d’inspirer sa vie. Dans une communauté, le rôle le plus important revient non pas aux animateurs, mais aux « inspirateurs », le plus souvent immobiles et silencieux, irradiant par leur simple présence, comme font les petits enfants au sein de la famille, comme font les malades et les vieillards. Le rayonnement de leur présence donne quelque chose d’extraordinaire ; on songe au mot de Jean de la Croix : « Le silence, c’est le parler de Dieu ».
Autrement dit, l’Église de Jésus est une Église mystique. Ses sacrements se situent à un niveau mystique ; elle a toujours besoin de ces contemplatifs, de ces inspirateurs qui sont en contact direct avec l’Esprit Saint. Dans nos instituts, telle est la fonction spécialement dévolue aux vieillards. Ils seront heureux de laisser à d’autres le gouvernement, sans s’accrocher ni gêner si peu que ce soit leurs successeurs. Dans l’effacement joyeusement accepté, ils accéderont au rôle d’inspirateurs. Mission capitale. C’est qu’au fond la perfection que Dieu nous demande n’est pas celle du perfectionniste, celle qui consisterait à posséder toutes les qualités, à être un homme parfait. C’est proprement l’union à Dieu, dans laquelle on ne progresse, saint Jean de la Croix nous le montre, qu’à travers les dépouillements, tout spécialement ceux de la mémoire et de l’imagination.
Normalement, le vieillard, le « bon » vieillard, qui est un fruit excellent, qui a laissé le Saint-Esprit diriger la manœuvre, celui-là maintient la présence de Jésus, il est comme Jésus dans l’Eucharistie.
La vieillesse dans notre monde actuel
Le monde, de par sa complication même, devient de plus en plus dur, mais en même temps l’homme a toujours davantage le sens de la personne. L’existentialisme est né après les philosophies de l’histoire. Maintenant qu’on est si averti de tous les engrenages qui déterminent le cours de l’histoire, combien les hommes ont besoin de « personnes » ! Voyez d’ailleurs comment le Pape arrive, par ce point de vue personnaliste – notamment dans Redemptor hominis – à montrer comment l’Église s’insère au cœur de l’humanité. Pour notre civilisation – celle de l’Occident en particulier – il est nécessaire que ce point de vue soit préservé. Là les vieillards ont un rôle important à jouer, dépouillés qu’ils sont de tout ce qui n’est pas essentiel à la personne humaine, de tout ce qui n’est pas les qualités du cœur. Dans l’Église aussi, on a de plus en plus besoin de témoins qui, par leur présence même, mettent en contact avec Dieu : à mesure que le monde se développe, les hommes veulent que l’Église devienne toujours plus spirituelle – je dirais même : plus mystique. De plus en plus on cherche dans le prêtre quelqu’un qui vive avec Jésus, un ami de Jésus. Et de fait, s’il ne l’est pas, il ne pourra pas tenir.
Cette signification de la vieillesse, nous l’avons considérée surtout du point de vue même des personnes âgées. Il faut l’envisager aussi du point de vue des autres, puisqu’il y a une communion entre les différents âges de la vie ; et elle est plus que jamais nécessaire. Le vieillard doit vivre, au nom de tous, l’espérance théologale. Là, il faut être attentif, car autrement, avec le développement des sciences humaines, nous risquons de ne considérer la vieillesse qu’à partir des observations de ces disciplines ; d’autant que, tant qu’on n’a pas vieilli, on ne saurait avoir l’expérience voulue. Pour le grand âge comme pour l’enfance, la psychologie ne montrera guère que les handicaps ; elle ne saisira jamais ce qu’est l’espérance qui leur est propre. Le psychologue parle de sécurité ; comme tel, il ne peut parler d’espérance. La seule espérance véritable comporte la pleine conscience qu’on est très pauvre et incapable de s’en tirer tout seul, mais qu’on a un sauveur. Pour que cette espérance devienne consciente, il faut que l’Esprit du Seigneur, par la paix qu’il donne ou même par une grâce plus forte de présence de Jésus, nous dise que ce Sauveur nous est intérieur. C’est d’abord notre cœur qu’il remet en place ; ensuite il donnera l’esprit et la force de prendre une décision. C’est à quoi il faut être attentif, sous peine de regarder la vieillesse du seul point de vue humain, alors qu’il faut la voir sous le signe de l’espérance. Elle est par excellence l’âge de l’espérance.
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À présent je voudrais rappeler quelques moyens pratiques de sanctifier la vieillesse. Les plus importants me paraissent être : la prière ; la souffrance et les humiliations, et la purification par le fait même ; enfin l’apostolat.
II. La prière
L’appel de Dieu à la vieillesse
La vieillesse est essentiellement l’âge contemplatif. En quoi – considération qui mériterait d’être développée – elle rejoint l’enfance et son ouverture à la relation d’amour. L’entrée dans la vieillesse invite ainsi à une conversion nouvelle. Si la jeunesse est un âge d’appel, à son serviteur vieillissant le Seigneur adresse comme un appel nouveau, très fort, à la prière. On pourrait découvrir là une application de la parabole des ouvriers de la onzième heure.
Le vieillard sent que la société ne peut pas être sa fin. Alerté par ces signes que sont des malaises de toute sorte et qui dénoncent l’approche de la mort, il va éprouver l’angoisse. D’autant que souvent il lui devient impossible d’avoir une représentation attrayante du ciel.
C’est le moment de développer ce qui est proprement l’espérance théologale, trop souvent confondue avec les espoirs humains qui habitent l’homme encore jeune et débordant de vigueur. L’espérance chrétienne est quelque chose de très profond, au plus intime du cœur et qui nous attache à l’unique nécessaire.
Nous avons une grande responsabilité à l’égard, en particulier, des religieuses âgées. Elles se sont entièrement données à Dieu. Mais, après la ferveur sentie des débuts, le dévouement même à la famille religieuse et à ses œuvres s’accompagne aisément d’un attachement, en soi légitime, au « centuple » terrestre accordé par le Seigneur. L’heure venue de la retraite et du déclin, on ressent comme un douloureux arrachement. Le vrai réconfort ne consistera pas alors à dire simplement : « Je comprends ; c’est dur ! » – ce qui amène parfois à ajouter : « C’est vrai, on ne vous comprend pas beaucoup... ». Prenons tout de suite le diapason de la vie religieuse : « Faites attention à l’appel de Dieu ; il est décisif. Au fond, s’il n’y a pas la sainteté, votre vie n’a plus d’intérêt ; avec la sainteté, elle en vaut la peine ». Plaçons-nous au point de vue du cœur, non de la psychologie, pour proposer la grande consolation : le Saint-Esprit peut, à n’importe quel moment, nous convertir. Par les vertus théologales, nous restons et devenons de plus en plus comme les tout-petits, rattachés immédiatement à Dieu.
La prière du cœur et l’instant présent
La vie de prière à laquelle les vieillards sont appelés présente un caractère nouveau. Ils ont à comprendre ce qu’est la prière contemplative, la vraie prière mystique du chrétien – tout le contraire du mysticisme, avec ses emballements sentimentaux et ses imaginations esthétiques – : présence de Dieu au plus profond du cœur. Les vertus théologales dans leur nudité.
Aussi l’on rencontre les purifications de saint Jean de la Croix. Par exemple, j’ai des trous de mémoire... Ne plus pouvoir se fier à sa mémoire, c’est pénible. Du point de vue surnaturel, c’est un détachement qui fait vivre davantage dans l’instant présent et retrouver tout le monde en Dieu.
On peut être en pleine sécheresse, mais un signe de la vraie prière, ce sera une certaine paix profonde, une espérance, une force calme. Le cœur se réveille, et l’on arrive à éliminer les sentiments parasites.
On reviendra à des prières simples, prenant comme une grâce l’incapacité de méditer. Il est moins indiqué de revenir simplement à une sorte de lectio divina. On connaît des personnes âgées qui se plongent volontiers dans la lecture. Des lectures pieuses, cela peut aider, mais ce qui compte par-dessus tout, c’est l’exercice des vertus théologales.
Les vieillards se garderont aussi de la tentation de revivre leur passé, alors qu’en fait ils restent très actuels ; à vouloir vivre dans un temps révolu, on se prive de comprendre ses contemporains.
L’amour de Jésus et de son Église
Au contraire, par la prière contemplative, on reste étroitement uni à tous. C’est là qu’il convient de nourrir l’amour de l’Église, de l’Église universelle avec le Pape, signe et garant de son unité dans le Christ. Dans une famille, les vieillards ne trouvent-ils pas dans la sollicitude affectueuse et discrète pour les enfants et petits-enfants une finalité, une signification nouvelle de leur vie ?
C’est le moment de nous rendre compte que, si nous sommes entrés dans la vie religieuse, c’était immédiatement pour Dieu lui-même ; notre « famille » religieuse et ses œuvres ne venaient pas remplacer le foyer et les activités à quoi nous renoncions. C’est au mystère de Jésus et de son Église que nous sommes rattachés de façon immédiate. Ce ne serait pas proprement vertueux de rester vierge simplement pour assister les pauvres, par exemple, ou pour qu’une communauté marche bien, encore moins pour exercer une profession. Un tel sacrifice, si profond, il faut qu’il soit offert à Dieu et pour témoigner de la fécondité de l’Église.
Forcément, quand du fait de l’âge on se sent plus ou moins relégué, se crée une sorte nouvelle de solitude. Comprend-on assez que la vie religieuse a été voulue par tous les fondateurs avant tout pour ménager un meilleur terrain aux vertus théologales ? D’où la nécessité de voir l’Église dans son mystère, le Corps mystique. Le vieillard a particulièrement besoin d’une vision d’ensemble. Il y a une universalité du cœur, bien différente de celles des idées abstraites. On vivra, avec les temps liturgiques, tout le mystère de l’Église. Et tout naturellement la vie se centrera davantage sur les sacrements, l’Eucharistie et la Présence, parce que le Christ-Eucharistie embrasse toutes les dimensions de l’Église.
Souffrance et humiliation
Souffrance et humiliation, c’est ce qu’on retrouve dans la croix de Jésus. Le vieillard se trouve un peu laissé à l’écart, alors que la jeunesse attire l’intérêt : Dieu lui a donné, comme aux fleurs, d’exercer un attrait particulier ; les pauvres vieux sont comme la végétation en fin d’automne. S’ils ne prennent pas leur situation sous l’aspect de l’humilité, c’est bientôt l’amertume ou l’incompréhension. Et la distance entre eux et les jeunes se creuse davantage.
Il en ira tout autrement si c’est en toute humilité que le vieillard commence à découvrir ses défauts. Tant qu’on est en pleine action, on ne se regarde pas trop, parce qu’il faut aller de l’avant. Tandis que, passé l’âge du service actif, on s’aperçoit qu’est venu le temps de faire son purgatoire sur la terre. Mais pour cela il faut qu’on sache remettre au pardon du Bon Dieu ce qu’on n’a pas fait de bien. Comme le bon larron. Demander pardon et tâcher de réparer.
Le Seigneur peut vouloir nous purifier pour nous-mêmes. Il peut aussi permettre que nous portions nos peines pour les autres, la souffrance prenant ainsi un caractère rédempteur. C’est un des aspects essentiels de l’Église actuelle. Il faut tourner le regard vers le retour de Notre-Seigneur, et non pas du côté du passé.
Pour que l’espérance demeure, on a besoin de la foi et de l’amour. A la fin de sa vie, la petite Thérèse de Lisieux disait qu’il fallait que l’amour vienne au secours de sa foi et de son espérance. C’est un fait : quand des tentations de doute traversent l’esprit, dire simplement : « Jésus, je t’aime », cela fait bien souvent disparaître les nuages.
Apostolat
La présence
Tant qu’on doit servir par l’action, il convient parfois de se faire respecter. Le vieillard aimera rester caché. Si avec cela il garde le sourire, quel témoignage il rend à l’Église ! Je songe à notre ancien évêque, qui s’est retiré à Trosly, précisément dans un milieu de pauvres. Attestation des valeurs les plus ignorées du monde actuel, et que pour le vieillard il est plus facile de manifester. H lui est plus aisé de reconnaître erreurs et fautes – le pardon qu’il reçoit de Dieu vient le libérer, comme aussi le pardon de ceux qu’il a pu contrister.
Près des enfants
Le fait est qu’en général les religieuses ou les prêtres trop actifs, trop intellectuels, ne réussissent pas tellement près des plus petits. Chez ceux-ci, les personnes âgées trouvent un champ d’apostolat. Comme cette ancienne institutrice de plus de quatre-vingts ans, qui à Trosly fait merveille près des enfants et des pauvres.
L’écoute des gens
Dans l’Église, à côté de l’action apostolique sur les structures, à côté du rôle d’animateur promouvant des communautés vivantes, il y a cet apostolat qui atteint proprement les personnes – celui des inspirateurs. Dans tous les milieux, au moment de l’épreuve, les gens cherchent qui les accueille. C’est la loi de l’espérance qu’il faudra leur rappeler. Plus disponible pour écouter, le vieillard a sa grâce, par le fait de son expérience et aussi de son désintéressement. Pour lui, il est plus aisé de se montrer compréhensif. Qu’un jeune vienne dire à son père : « Oui, je me suis mis en ménage... », nécessairement cela prend un air de provocation ; avec une personne âgée, cela revêt un aspect de confidence. Elle peut écouter sans avoir à se prononcer.
Aux vieillards s’offre ainsi un apostolat personnel qui me paraît très important. Et vous ne sauriez croire quelle aide c’est pour eux-mêmes de s’entendre inviter à l’exercer.
Les malades, les hôpitaux psychiatriques, les personnes âgées
Pour des Sœurs âgées, si elles peuvent visiter les infirmes et les malades, et spécialement ceux des hôpitaux psychiatriques, ce sera fort bien. Ces gens isolés de leur milieu normal sont plus ouverts. Et près des pauvres, la religieuse a gardé une espèce de prestige – plus encore que le prêtre – ; les films en témoignent. Dans les mouvements de « Vie montante », les religieuses aident beaucoup les autres personnes.
Le dernier passage
Enfin, si parmi les œuvres il y a aux yeux de Dieu une certaine priorité, elle doit aller aux grands malades, aux mourants. C’est un peu dans ce sens que les fondateurs d’instituts hospitaliers – et jusqu’à la Mère Teresa de Calcutta – ont eu en vue moins de guérir les gens que de les préparer à la mort et d’entourer leurs derniers moments. Je vous le disais : les dernières semaines sont capitales. Si la naissance du cœur est importante, si chaque seuil de conversion marque un moment important de la vie, n’oublions pas que, pour nous tous, la mort sera un moment capital.
S’occuper des vieillards – surtout s’ils sont veufs, isolés –, voilà un rôle apostolique qui se rattache à la fin de l’existence terrestre de la Sainte Vierge. Ce n’est pas d’abord aux religieuses que Jésus, dans son Église, a confié les tout petits enfants ; il a institué le sacrement de mariage pour que le foyer des parents soit pour eux l’école de l’amour ; c’est à titre de suppléance que les instituts religieux prennent en charge les enfants abandonnés. Mais il est tout à fait normal que les vieillards soient confiés à l’Église, et donc aux religieux. Et que pour le dernier passage on recoure à l’Église.
Dans nos pays les personnes âgées touchent généralement une pension ; c’est moins de secours matériel qu’elles ont besoin que de soutien moral. Pour nos instituts, les œuvres de vieillards, les maisons de retraite, seraient souvent, je pense, un moyen de pouvoir arriver à vivre, à continuer. Et là aussi les religieuses et religieux âgés pourraient avoir un rôle privilégié parmi leurs compagnons d’âge.
L’Arche- Trosly-Breuil
F 60350 CUISE-LA-MOTTE, France