Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Dans la communion au Corps du Christ

Albert Chapelle, s.j.

N°1980-3 Mai 1980

| P. 163-179 |

Prolongeant une réflexion entamée il y a 2 ans (Vie consacrée, 1978-6 ; 1979-2, 1979-4 et 1979-6), ces pages situent la communauté religieuse dans la communion au Corps du Christ. Comme toute la vie religieuse, la vie commune est une réalité ecclésiale appelée à être signe visible et social de réconciliation, de nouvelle création. Elle est le mystère de l’Église qui se donne un visage concret dans la réalité quotidienne d’un groupe humain. Ce qui lui donne son visage propre, c’est l’accueil et le partage du fruit de la miséricorde offerte par Dieu. Cela permet de situer à sa place la vie commune religieuse dans le courant communautaire d’aujourd’hui. Des critères sont aussi donnés pour nous interroger en vérité sur notre présence comme communauté dans la société.

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Dans de précédents articles, nous avons d’abord marqué la réalité ecclésiale que constitue la vie religieuse [1]. À partir de là, nous avons tenté de dégager son être profond : elle est témoignage rendu à la nature intime de l’Église, Royaume de Dieu parmi nous, Cité de Dieu, Alliance du Christ conjoint d’un lien indissoluble avec l’humanité [2]. Puis nous avons vu comment les œuvres propres de la vie religieuse apostolique, loin d’être étrangères à ce mystère d’alliance et donc à la nature de la vie religieuse, les manifestaient [3]. Aujourd’hui nous verrons que la vie commune n’est pas plus étrangère à la consécration religieuse que les œuvres de la charité.

Sur la vie commune, Lumen gentium ne dit rien. Cette Constitution, visant la vie religieuse dans toute son extension y compris les ermites, les instituts séculiers, etc., ne pouvait s’engager dans un clivage entre religieux et non-religieux à partir de la vie commune.

De son côté, le Décret Perfectae caritatis parle de la vie commune après avoir évoqué la typologie des Instituts religieux (P.C. 7-11). Cela permet à chacun d’eux de se situer et de voir comment la vie commune explicitée au n° 15 fait partie ou non de son charisme propre.

I. Présentation du texte de Perfectae caritatis 15 A

Ce paragraphe peut se diviser en cinq phrases. La première marque de manière extrêmement ferme le lien entre la vie commune et Dieu même. Il y est question de la vie à mener en commun « à l’exemple de la primitive Église dans laquelle la multitude des fidèles n’avait qu’un cœur et qu’une âme (Ac 4,32). Qu’elle persévère dans la prière et la communion d’un même esprit, nourrie de la doctrine évangélique, de la sainte Liturgie et surtout de l’Eucharistie » (cf. Ac 4,32).

La seconde phrase montre bien le lien des religieux entre eux : « Comme membres du Christ, qu’ils se préviennent d’égards mutuels dans une vie de fraternité (cf. Rm 12,10), portant les fardeaux les uns des autres ». Nous parlons spontanément des membres de la communauté ; le texte dit « les membres du Christ ». Il n’a pas encore été question de « communauté », mais d’une « vie à mener en commun », comme une communion qui se reçoit de Dieu dans la prière, et d’une vie fraternelle : ces deux données de base sont préalables à la communauté.

La mention de la communauté apparaît dans la troisième phrase : « Dès lors que la charité de Dieu est répandue dans les cœurs par l’Esprit Saint (Rm 5,5), la communauté est, telle une vraie famille, réunie au nom du Seigneur et jouit de sa présence » (cf. Mt 18,20 : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux »).

La mention qui vient d’être faite de la charité de Dieu à propos de la communauté invite à en déployer la force active et la puissance de vie. C’est ce que fait la quatrième phrase : « La charité est la plénitude de la loi (cf. Rm 13,10) et le lien de la perfection (cf. Col 3,14) et, par elle, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie » (cf. 1 Jn 3,14).

La conclusion du paragraphe (cinquième phrase) ouvre l’espérance de la venue du Seigneur : « L’unité des frères manifeste la venue du Christ (cf. Jn 13,35 ; 17,21), et il en découle une puissante vertu apostolique ».

Les deux dernières phrases donnent, à la manière d’un fait, quasiment, les deux dimensions qui sont au principe de la « vie commune » : elle est communion à Dieu et elle est fraternité dans le Christ.

La troisième en marque le fondement dernier : la charité de Dieu a été répandue dans les cœurs par l’Esprit Saint et c’est pourquoi, dans le don de l’Esprit, le Seigneur est présent dans sa famille. A ce moment le Concile peut parler de communauté. Ce concept de « communauté » est vraiment théologique ; il ne recouvre pas seulement le fait que trois ou quatre vivent ensemble à un titre quelconque, ni non plus des réalités qui peuvent aider à la vie de communauté, ou l’enjoliver éventuellement, ou marquer son rayonnement, mais les réalités proprement constitutives d’une communauté en Dieu.

La quatrième phrase, en reprenant le texte de saint Jean : « Si nous aimons nos frères, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie », nous indique que l’existence même de la communauté est déjà le signe de la miséricorde. Il n’est pas dit que nous passerons, mais que nous sommes passés de la mort à la vie. Que la communauté existe, que des frères y vivent est la preuve qu’ils ont déjà été arrachés à leur propre égoïsme, qu’ils sont déjà passés de la mort à la vie.

Le don de la miséricorde n’a pas fini de se déployer parce que, souligne la dernière phrase, l’unité des frères manifeste la venue du Christ. (S’agit-il davantage du Christ qui vient que du Christ qui est déjà venu ? Le texte reste à dessein ouvert à ces deux interprétations. De toute façon, le Christ qui viendra est le Christ qui est venu et réciproquement.) « Il en découle une puissante vertu apostolique » : l’Esprit de la Résurrection découle de l’unité des frères. La « vertu apostolique » exprime la force du Christ, la puissance de l’Esprit Saint.

Communauté idéale ou communauté réelle ?

Tout ce qui est dit dans le paragraphe 15 A constitue formellement l’idée d’une communauté. Spontanément, une réflexion nous vient à l’esprit : « Cette description est fort idéale ». Mais que dit le texte : ce qui est, ou ce qui doit être ? Dans les Actes des Apôtres, après avoir écrit : « La multitude des croyants était un cœur et une âme, personne n’appelait sien ce qu’il possédait, mais entre eux tout était commun » (Ac 4,32), Luc nous raconte, quelques versets plus loin, l’épisode d’Ananie et de Saphire (5,1-11). Il n’y a pas de contradiction. La logique de l’Écriture s’applique à chacune de nos communautés où beaucoup de choses, en apparence et en réalité, contredisent ce qui vient d’être dit de la communauté. Nos yeux n’ont pas la limpidité de la miséricorde de Dieu. Ils ont à se convertir, à passer de la constatation : « Voilà ce qui devrait être et qui n’est pas, ou qui n’est qu’en partie », à cette autre : « Voilà ce qui est effectivement de par le pardon de Dieu, lors même que nous l’avons vécu mal, trop mal ». Ces deux regards entraînent des conséquences pratiques importantes.

IL Vie commune dans l’Église

La lecture de P.C. 15 A nous me devant une évidence : dans sa description de la vie à mener en commun, le Décret porte l’accent sur la manifestation du mystère de l’Esprit et sur la fraternité dans le Christ. La communion dans l’Esprit se fonde sur le fait que « la charité de Dieu est répandue dans les cœurs par l’Esprit Saint » et que le Seigneur se trouve par là même présent au milieu de la communauté. D’où ce passage de la mort à la vie et cette puissance apostolique qui appartient à la vie de la communauté, à l’unité des frères.

La vie commune est une réalité ecclésiale

Quand nous pensons à la vie commune, nous songeons tout naturellement à la réalité sociale de la vie religieuse. Certes, la vie commune suppose un groupe de personnes, mais comme dans tout groupe humain, les personnes qui le constituent ne sont pas la seule réalité de la vie sociale. En plus de la relation de personne à personne, il y a toujours un bien commun, une valeur, un principe de rassemblement, un but. Ainsi lorsque des hommes d’État se rassemblent pour traiter des problèmes politiques de la planète, une dynamique de groupe pourra améliorer leur entente mutuelle ; mais des valeurs et des enjeux politiques sont en cause, qui ne sont pas réductibles à la vie en groupe. De même quand il s’agit d’une famille, d’une association économique, d’une réalité sociale vécue dans l’Église. Tout ce qui est vie en commun suppose le partage, le déploiement, l’affirmation de certains biens, de certaines valeurs, de certaines significations.

Le bien qui constitue l’unité d’une communauté d’Église, en tant que groupe de personnes rassemblées pour une certaine vie, c’est le mystère de Dieu révélé par le Christ dans l’Église. Le mystère de Dieu demande que le bien, la valeur, le sens vécu en commun ne se laissent ni humainement définir par aucun projet, ni humainement maîtriser. Du coup la communauté d’Église se trouve humainement dépossédée d’elle-même. La parole de saint Paul : « Ce n’est pas moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » est d’abord valable pour des personnes. Mais à plus forte raison est-elle vraie de la vie commune, puisque le mystère de l’Esprit s’y déploie avec davantage de puissance. Ce n’est pas la communauté qui fait sa propre vie, c’est le Christ qui fait sa vie. En quoi la vie commune religieuse est une réalité ecclésiale.

Partant de là, demandons-nous : dans la pratique, où sont les références fondatrices qui nous fournissent des critères de pensée et d’action concernant la constitution des communautés, leur vie, leur action ?

La vie commune dans l’Église

La situation présente ne nous aide pas à voir notre vie commune comme une réalité ecclésiale. Les difficultés viennent de l’évolution historique des sociétés dans lesquelles nous vivons l’Église. Parmi ces difficultés, nous en retiendrons deux – ce ne sont pas nécessairement les plus importantes – : le phénomène de la socialisation des valeurs et la crise de l’institution.

Les réalités, les valeurs humaines dont nous vivons quotidiennement se trouvent davantage socialisées qu’il y a 50, 20 ou même 10 ans. Pensons à ce qui se passe pour l’information et le divertissement (TV), la sécurité sociale, le soin des malades, l’éducation. Cette socialisation fait que les valeurs, pour être reconnues, vérifiées, authentifiées, ont besoin d’être éprouvées en commun. Il appartient à la nature de l’homme de désirer partager une valeur pour la goûter davantage, mais les mutations très brusques, l’affirmation du pluralisme augmentent le besoin de la vérification en commun. Si je suis seul à avoir telle opinion, elle est douteuse et contestable ; si nous la partageons à plusieurs, elle a le droit d’exister, elle est valable. Telle est la mentalité de beaucoup, surtout des jeunes. Cet état d’esprit, légitime en soi, existe à l’intérieur de l’Église avec ses excès et ses défauts ; il fait naître cette efflorescence de groupes à laquelle nous assistons.

Un second phénomène social, c’est la crise des institutions.

L’Église n’y échappe pas. Et cette crise de l’institution ecclésiale est liée à la crise de la foi. Pour toutes sortes de motifs, dont l’urbanisation, le manque de prêtres, parfois le fonctionnement – encore mal rôdé – des conférences épiscopales, s’est effacée la structure territoriale de l’Église paroissiale et diocésaine.

Par ce double phénomène – socialisation des valeurs et crise de l’institution ecclésiale –, la vie religieuse se trouve forcée de se situer par rapport à ce qu’on appelle « les communautés de base ». Les membres de ces groupes, après s’être rencontrés et choisis, se mettent d’accord sur un certain nombre de projets, de valeurs et décident de vivre ensemble ces valeurs et de s’insérer, d’une manière nouvelle, dans les institutions ecclésiales (diocèses et paroisses). D’où le risque, pour les religieux ou pour les chrétiens qui réfléchissent à la vie religieuse, soit d’annexer cette dernière au ministère de l’Église hiérarchique, soit de l’assimiler à ces communautés nées de rencontres ou d’initiatives, précises et spontanées [4].

Témoin des fruits de la miséricorde divine

La vie religieuse n’appartient pas à la constitution hiérarchique fondatrice de l’Église ; elle est le fruit du sacrement ecclésial. D’autre part, elle constitue une structure dans l’Église, elle exprime et communique, de manière instituée, les fruits du salut, les fruits de la miséricorde de Dieu. Nous l’avons vu à propos du droit canonique : la condescendance de Dieu va jusqu’à manifester le mystère de sa miséricorde dans la visibilité sociale et historique des gestes humains. Autant que l’agir et la liberté de l’homme, son caractère social peut être sanctifié par Dieu et devenir, dans une institution, signe et témoin reconnus dans l’Esprit Saint de la miséricorde transformante du Père. La vie commune, l’action apostolique comme la consécration à Dieu appartiennent à la nature de la vie religieuse dans les instituts voués à la vie apostolique. Le mystère de l’Église se fait concret, tangible, objet d’expérience, de discernement et de reconnaissance, dans l’existence quotidienne et sociale des communautés religieuses. Certes la vie religieuse ne se réduit pas à la vie en groupe, mais elle peut la comporter selon les charismes des instituts. Comment la grâce peut-elle transfigurer, par l’esprit des béatitudes, la vie en commun ? Sa transfiguration, sa réconciliation ne se mesurent pas aux gestes, aux usages, aux habitudes de la communauté ; ces derniers sont une expression de la transfiguration et de la réconciliation opérées dans l’Esprit par la présence de Dieu-communion. « La charité de Dieu étant répandue dans les cœurs par l’Esprit Saint, dit Perfectae caritatis, la communauté, telle une vraie famille, réunie au nom de Dieu, jouit de sa présence. »

Anticipation de l’eschatologie

La communauté n’est pas pour autant l’Icône eschatologique de l’Église, une sorte de paradis ; elle ne manifeste pas l’ultime accomplissement du Royaume. Mais elle l’anticipe grâce au pardon. Le Salut, socialement opérant dans le quotidien, voilà ce qui définit la réalité sociale de la vie religieuse. Ce salut est attesté et accordé dans et par l’Église comme un signe de sa communion – Dieu est communion, l’Église est communion –, à vivre, tous les jours humainement, visiblement, tangiblement. Voilà marquées à la fois la référence à la mission de l’Église, à la réconciliation qu’elle apporte, et la référence à la vie quotidienne. Puisque la miséricorde divine est déjà donnée, il y a anticipation ecclésiale de la communion dernière ; la réconciliation reçue jour après jour permet de vivre et de manifester la communion à laquelle nous sommes conviés.

Le texte de Perfectae caritatis 15 a évoqué d’une part l’intimité du Christ et de l’Église, et d’autre part la façon dont ce mystère nous rejoint là où nous nous opposons les uns aux autres, où nous avons à vivre les uns avec les autres, les uns pour les autres, les uns des autres.

Dieu comme pardon suffit

La réconciliation, dans la foi de l’Église, apparaît dans ces interactions multiples où l’opacité des hommes et leur péché ont un poids énorme et elle y apparaît suffisante pour fonder la cohésion de la communauté religieuse. C’est elle qui constitue le bien commun de cette communauté. L’acte de foi dans lequel se fonde quotidiennement la vie de la communauté est accueil du Christ et de son Esprit, de Dieu en tant qu’il donne à cette communauté de quoi vivre dans l’Église. Sa seule présence lui donne assez pour vivre comme groupe. C’est pourquoi la communauté se fie à la Providence de Dieu. La communauté religieuse – consacrée à Dieu dans l’Église – se risque tout entière en cet acte de foi.

Pardon donné dans le Christ et dans l’Esprit, Dieu suffit. Ce qui est spécifique à la vie religieuse, c’est ce qui est commun à tous les chrétiens [5]. La vie religieuse se contente donc du salut donné à tous pour se constituer comme groupe humain. Cette cohésion est comparable à l’équilibre personnel d’un homme qui mise sa vie tout entière sur Dieu. Dans le célibat, l’équilibre affectif de l’être humain se reçoit de la donation à Dieu ; dans la vie religieuse, la cohérence sociale et affective de la communauté se reçoit de la foi de ses membres, dans la communion au Corps du Christ. Qu’on se reporte au texte de Lumen gentium 44 sur l’union du Christ et de l’Église.

Si nous percevons que le fondement et de la communauté et de l’existence individuelle du religieux se trouve dans l’adhésion de foi vivante au Christ et à sa présence spirituelle dans l’Eucharistie, nous avons touché ce qu’il y a de plus mystérieux dans la communauté religieuse et ce qui lui donne de ressusciter chaque jour par le pardon de Dieu.

Le mystère de la vie religieuse est fragile comme un pardon, aussi fragile que l’adhésion du corps consacré à Dieu aimé pardessus tout. Quelles que soient les faiblesses de chacun d’entre nous, la force d’union de la communauté est mesurée à la foi partagée, à la foi dans la réconciliation déjà offerte.

Certes, la réconciliation n’a pas rendu la communauté parfaite. Et donc, comme il peut être utile et aidant de se faire soigner par un médecin pour croire que Dieu guérit, de consulter un psychologue pour croire que Dieu seul est l’équilibre d’une vie, il peut être utile de voir un psycho-sociologue pour croire que Dieu est, lui seul, l’équilibre d’une communauté consacrée. Mais, cela étant dit, tout ce que l’on ajoute humainement à cette foi simple et pure dans la réconciliation donnée, ne pourra que l’obscurcir.

Le défi lancé à la vie religieuse par la socialisation des valeurs, la déstructuration des institutions ecclésiales et la multiplication des groupes chrétiens en dehors de la vie religieuse, ce défi nous conduit à découvrir la plénitude de la vie consacrée. Nous voilà conviés, par la force des choses et des signes des temps, à cette foi simple et assurée dans la présence du Christ et dans le don de l’Esprit.

La vie commune dans la vie religieuse est une réalité consacrée, donc ecclésiale. Elle appartient constitutivement à la réconciliation que l’Église manifeste et donne de vivre. Cette réconciliation, comme la justice de Dieu, ne peut être reçue que dans la foi. Cet acte de la foi de l’Église fonde la cohésion du groupe consacré à Dieu comme groupe et qui dès lors dit, avec plus de force encore que chacun de ses membres : « Ce n’est pas moi qui fais ma propre cohésion et ma propre vie ; c’est le Christ qui, par son Esprit et l’Eucharistie, vit en moi. »

III. Présence de la communauté religieuse, aujourd’hui

Quelle est la présence des communautés religieuses dans la société actuelle ? Avant de répondre à cette question, constatons d’abord qu’elle n’intéresse pas tout le monde. Les non-chrétiens n’y prêtent aucune attention. Les évêques, les curés s’y intéressent trop souvent dans la seule mesure où ils jugent utile l’apostolat de communautés religieuses dans le secteur dont ils ont la charge pastorale.

Est-elle toujours pure la manière dont nous, religieux, posons cette question ? Une interrogation assez inquiète relève davantage de la mauvaise conscience qui a toujours besoin de reconnaissance sociale pour justifier son droit d’exister. Faut-il nous demander quel impact nous avons sur la société ou quel jugement elle porte sur nous, alors que le Christ nous convie à vivre « la vie cachée avec le Christ en Dieu d’où naît, dit le Concile, l’amour apostolique » ?

La réalité sociale de la vie religieuse, telle que le Concile l’a décrite, n’a pas d’abord comme visée d’offrir à la cité terrestre un autre modèle de société. Le témoignage rendu à Dieu et à sa justice suffit à la vie religieuse. Le reste lui est « donné par surcroît », sans qu’il faille s’impatienter s’il n’est pas donné.

Comment alors nous interroger sur notre présence comme communauté, dans la société ? Puisque nous aimons la vie religieuse à laquelle nous avons été appelés, nous souhaitons qu’elle soit partagée et demeure une présence. Nous avons donc la responsabilité de discerner quels biens nous avons à offrir à d’autres. Puisque le Peuple de Dieu a le droit d’attendre une aide des communautés religieuses, il nous incombe de répondre à cette attente. C’est par ce biais apostolique que nous rendrons plus pure notre question sur notre place, et d’abord sur notre présence dans la société.

Ne nous inquiétons donc pas de ce que les jeunes pensent de nous. Es n’ont pas plus de lumière et ne sont pas des porte-parole de Dieu plus crédibles parce qu’ils sont jeunes. Mais nous avons à nous demander si nous savons premièrement nous faire accueillants à d’autres et secondement nous rendre disponibles aux appels du Peuple de Dieu. Autrement dit, vivons-nous de telle manière que nous puissions sans décevoir inviter à partager notre vie ? Et ce dans une ouverture réelle aux missions de l’Église ?

Ces deux questions ne peuvent être posées qu’à la lumière du pardon de Dieu. Notre accueil et notre disponibilité ne se mesurent pas par l’imagination. C’est dans l’exercice du pardon pour nous-mêmes et pour nos communautés que nous pouvons inviter d’autres à partager notre vie et nous rendre accessibles aux appels du Peuple de Dieu.

Demandons-nous donc ce qu’est la présence missionnaire de la communauté religieuse dans la société, ce qu’est cette « puissante vertu apostolique qui découle de l’unité des frères ». Si « l’unité des frères manifeste la venue du Christ » et si la vertu apostolique est don de l’Esprit, il ne nous appartient d’offrir ce don en partage que si nous sommes en communion avec le Père, en communion avec le Christ, assimilés à lui dans son obéissance au Père. Cette dimension d’obéissance s’ajoute à celles d’accueil et de disponibilité déjà données comme éléments de réponse à la question de notre place dans la société.

Dans quelle docilité au Père sommes-nous accueillants à des plus jeunes ? Dans quelle docilité au Père tâchons-nous d’être disponibles ? Il s’agit de part et d’autre de discerner la volonté de Dieu. Le thème cher à Taizé de « l’aujourd’hui de Dieu » est d’une importance toujours trop oubliée. En un temps où nous assistons à des changements brusques, où des communautés sont dissoutes, où des Congrégations sont suspendues à tel ou tel engagement personnel, la docilité à la volonté du Père inclut une très grande docilité à l’événement, au Kairos de Dieu. C’est dans le Christ crucifié, docile à l’événement et à la volonté du Père, que jaillit l’Esprit de Dieu, la force de Dieu, la vertu apostolique.

Il est vain d’édifier, individuellement ou communautairement, des plans de réforme de soi-même, d’une communauté, de l’Église, de la société. Tous ces projets sont à mesure humaine. Qu’il s’agisse de la pastorale des vocations ou de la disponibilité apostolique, c’est à partir de la docilité au Père dans la docilité à l’événement que nous devons nous interroger sur la présence et la place de notre communauté dans la société [6].

La plupart des religieux et des religieuses, quelque peu mûrs, pensent ainsi pour ce qui les concerne, et peut-être encore dans le cas d’une relation apostolique de personne à personne. Mais quand il s’agit de structures, beaucoup croient pouvoir les maîtriser et ne raisonnent plus avec la simplicité, propice à la réflexion sur leur propre destinée. Or la pastorale des vocations et la disponibilité apostolique sont des « problèmes de structures », et pas seulement des problèmes personnels.

Conclusion

La présence de la communauté religieuse à la société réalise ce qui a été dit de la vie commune comme réalité ecclésiale d’une réconciliation vécue dès maintenant.

Le titre proposé : « Dans la communion au Corps du Christ » exprime la foi qui enlève à la communauté sa maîtrise sur elle-même et sur son engagement non seulement dans l’Église mais dans le monde, qui est la plénitude du Corps de Dieu.

L’interrogation sur la présence sociale et sur la réalité ecclésiale de la vie commune sont deux moments de la même réalité que Paul évoque au début de l’épître aux Colossiens : nous avons été créés dans le Christ, premier-né de toute créature, et nous avons été recréés en Lui, premier-né d’entre les morts. C’est dans le Christ que peuvent être vécus et célébrés, dans l’Église, ces deux moments d’une même existence : la présence missionnaire dans le monde, et la plénitude du salut accordé dans l’Église.

Note 1 : La vie commune est-elle nécessaire à la vie religieuse ?

La vie religieuse dans l’Église a commencé providentiellement sans œuvres apostoliques et sans vie commune : il en ressort que son élément essentiel est la consécration à Dieu. La vie des ermites est une vie consacrée. Elle a été remise en honneur par l’Église depuis le Concile. Avec les premiers cénobites (Pacôme au 4e siècle), il apparaît à l’Église que la vie commune peut appartenir aussi à la vie consacrée. Avec les ordres mendiants, l’Église a accepté de reconnaître la prédication comme œuvre apostolique appartenant à la vie consacrée. Et l’action caritative est reconnue, elle aussi, au même titre.

Comme il y a dans l’histoire de l’Église un développement du dogme qui va de l’implicite à l’explicite, ainsi il y a un déploiement du mystère de la vie consacrée qui va du caché au tangible. La consécration pénètre et imprègne peu à peu les ressources personnelles et sociales des religieux, quoique pas de la même façon chez tous. Mais comme dans le développement dogmatique, la fidélité au charisme fondateur garde présents tous les stades du déploiement, parce que chacun exprime un mystère de la vie du Christ. La permanence d’instituts sans vie commune fait apparaître le sens donné à la vie commune et à l’action apostolique dans les instituts qui les pratiquent. D’autre part, la création de ceux-ci montre la fécondité de l’amour apostolique en ceux-là. Un ermite peut, sans la médiation d’une parole, d’un témoignage, rayonner le Christ, avoir l’intelligence spirituelle de ce qui se vit dans le monde, aider « ses contemporains dans la tendresse du Christ ». L’action apostolique manifeste visiblement l’amour apostolique comme la vie commune manifeste tangiblement la communion et la fraternité dans le Christ.

Note 2 : Spécificité de la vie commune religieuse

Le Concile, en P.C. 15 A, décrit-il de manière absolument spécifique la communauté religieuse, ou bien n’importe quelle vie chrétienne menée en commun ? Une paroisse, une équipe de travail, une équipe apostolique, par exemple ?

En fait, nous avons ici, pensons-nous, la description de la vie ecclésiale tout court. Qu’en résulte-t-il pour la vie religieuse commune ? Nous assistons actuellement à une efflorescence de vie communautaire : nouvelles communautés dans l’Église, groupes de prière, communautés de jeunes, etc. Où se situe la spécificité de la vie religieuse commune par rapport à ces groupes ? Manifeste-t-elle l’aboutissement et la radicalité de l’œuvre du salut, de la restauration ?

Le mot « radicalité », appliqué à la vie religieuse, peut faire penser d’abord à une radicalité d’exigence ; en réalité, il faut le joindre à un terme utilisé par l’épître aux Hébreux, téleiôsis, pour exprimer le mystère pascal réalisé par le Christ : plénitude, surabondance, accomplissement déjà donné par le Christ, déjà anticipé en lui. Tout ce que l’espérance de l’homme peut attendre, tout ce qui peut combler l’homme est déjà donné comme un déploiement du mystère de vie et d’amour qu’est la création. Dieu crée le monde de l’homme grâce à la coopération de l’homme. Dans la procréation et dans la construction de la cité terrestre, l’homme met en œuvre l’énergie qu’il reçoit de Dieu pour coopérer à l’œuvre de Dieu, pour faire surgir un monde où il vise à trouver son identité originelle, son accomplissement humain. Déployer dans l’Église, dans la « nouvelle création », ce don premier de la création est par la foi la tâche des laïcs. Manifester, dans l’Église de la nouvelle création, l’homme élevé à la dignité de fils de Dieu et relevé du péché par la mort et la résurrection du Christ est la tâche des religieux [7]. Création et recréation (ou restauration) indiquent ainsi quelque chose de la vie commune laïque et de la vie commune religieuse. Mais ceci doit être précisé.

Une différence existe entre le lien qui unit les membres d’une communauté laïque née de rencontres et d’initiatives humaines et celui qui unit les membres d’une communauté religieuse rassemblée comme l’Église par le Christ Lui-même. Il est éclairant à ce propos de comparer ce que disent respectivement Evangelii nuntiandi 58 des « communautés de base » et Perfectae caritatis 15 A de la vie commune religieuse.

Les communautés de base sont, d’une manière ou d’une autre, fondées sur une réalité humaine localement définie avec un certain nombre de traditions aussi bien humaines que spirituelles (celles-ci ne sont pas mentionnées à propos des communautés religieuses). A l’inverse, les dimensions fondamentales de la vie commune religieuse, la communion, la fraternité, la famille du Seigneur, ne se trouvent pas soulignées de la même manière dans la description des communautés de base. Pour celles-ci, il est question de « groupes que l’âge, la culture, l’état civil ou la situation sociale rendent homogènes – couples, jeunes, professionnels, etc. ; des personnes que la vie trouve déjà réunies dans les combats pour la justice, pour l’aide fraternelle aux pauvres, pour la promotion humaine, etc. » Le bien commun au nom duquel et pour lequel chaque groupe se trouve rassemblé est un bien commun humain, de l’ordre de la création. C’est lui qui structure la vie en commun.

Pour les communautés religieuses, ce ne sont pas les affinités humaines qui sont constitutives de la vie commune, mais le partage du Salut et notre commune vocation à l’accueillir. Ce partage est signe et fruit du Salut : puisque la fraternité dans le Christ existe, nous sommes passés de la mort à la vie. C’est un mystère de foi plus peut-être encore que de charité. La profondeur, où le partage se noue, n’est accessible qu’au regard de la foi.

Ce qui est spécifique à la communauté religieuse, c’est de n’avoir rien d’autre pour fonder sa cohérence que ce qui est commun à toutes les communautés chrétiennes, ce qui est propre à l’Église, la création nouvelle dans le Christ. Ce qui décide de l’appartenance à une communauté religieuse, ce n’est pas la volonté des membres de cette communauté. La communauté se reçoit du Christ et de l’Église en sa constitution même ; elle n’a rien à offrir que la réalité chrétienne commune à tous pour faire le lien de ses membres entre eux.

Nous l’avons vu, n’importe quelle activité ne convient pas à la vie religieuse. Seule l’action apostolique peut être proprement intégrée à la vie consacrée parce que seule elle manifeste dans sa participation à la mission de l’Église la plénitude de sa consécration. De même n’importe quelle vie commune ne convient pas à la vie religieuse. Seule la vie de communion dans l’Esprit Saint, où s’expriment la consécration à Dieu et son appel salvifique, peut faire partie intégrante de la vie religieuse.

Eu égard à la multiplication des « communautés de base », aux formes diverses de vie commune entre chrétiens, la vie religieuse est amenée à se resituer dans ce qui lui est propre. Or ce qui lui est propre, c’est de recevoir le don de l’Esprit comme constituant sa réalité, sans plus. La sobriété du Concile, en Perfectae caritatis 15 A, rend exactement cette précision : pour décrire la vie commune des religieux, il a comme décrit la communion vivante de l’Église.

La vie religieuse témoigne que la norme de toute vie chrétienne en commun doit pouvoir être vécue dans sa pureté et que cela suffit. Esta me basta. Tout ce qu’on peut ajouter a le statut d’une consolation et risque de rendre opaque la vie religieuse. A un moment donné, cet appoint peut être fécond, à un autre obscurcissement. Dans nos pays par exemple, un certain nombre de valeurs vécues en commun ont été des consolations pour les communautés religieuses : être attachés ensemble à une même œuvre, tout à fait définie, à une école, à un hôpital, a pu fortifier la foi, l’espérance et la charité de ces communautés, mais là n’est pas l’essentiel du mystère vécu. Même si la consolation est un don précieux, elle peut s’être changée en désolation [8]. Le passage de l’une à l’autre est un jeu normal dans la vie des communautés religieuses, qui sont des réalités spirituelles aussi délicates que l’oraison. Il faut dès lors en commun durer dans la patience en pensant que la consolation bientôt viendra (Ex. spir. n. 321).

E.N. 58. Les communautés de base (à l’intérieur de l’Église) naissent du besoin de vivre plus intensément la vie de l’Église ou du désir et de la recherche d’une dimension plus humaine… Elles veulent tout simplement prolonger à leur façon au niveau spirituel et religieux – culte, approfondissement de la foi, charité fraternelle, prière, communion avec les pasteurs – la petite communauté sociologique, village ou autre. Ou bien encore elles veulent rassembler pour l’écoute de la parole, pour les sacrements et le lien de l’Agapè, des groupements que l’âge, la culture, l’état civil ou la situation sociale rendent homogènes – couples, jeunes, professionnels, etc. ; des personnes que la vie trouve déjà réunies dans les combats pour la justice, pour l’aide fraternelle aux pauvres, pour la promotion humaine, etc. Ou bien enfin, elles réunissent les chrétiens là où la pénurie de prêtres ne favorise pas la vie normale d’une communauté paroissiale. P.C. 15 A. La vie à mener en commun, à l’exemple de la primitive Église dans laquelle la multitude des croyants étaient un corps et une âme (cf. Ac 4,32), doit persévérer dans la prière et la communion d’un même esprit, nourrie de la doctrine de l’Évangile, de la sainte Liturgie et surtout de l’Eucharistie (cf. Ac 2,42). Les religieux, comme membres du Christ, se préviendront mutuellement d’honneurs dans la vie fraternelle (cf. Rm 12,10), portant les fardeaux les uns des autres (cf. Ga 6,2). En effet, la charité de Dieu étant répandue dans les cœurs par l’Esprit Saint (cf. Rm 5,5), la communauté, telle une vraie famille, réunie au nom de Dieu, jouit de sa présence (cf. Mt 18,20). La charité est la plénitude de la loi (cf. Rm 13,10) et le lien de la perfection (cf. Col 3,14) et par elle nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie (cf. 1 Jn 3,14). C’est pourquoi l’unité des frères manifeste la venue du Christ (cf. Jn 13,35 ; 17,21) et une puissante vertu apostolique en découle.

Note 3 : Pluri-appartenance

Que penser d’un religieux, d’une religieuse qui dit : « J’appartiens à plusieurs communautés. J’ai ma communauté religieuse, mais à côté j’ai une communauté de prière, une communauté de catéchèse : ce sont celles-là qui m’apportent le plus, c’est là que je me trouve bien. »

Il est éclairant de comparer le jeu des consolations et des désolations dans la vie d’oraison et dans la vie commune. On peut recevoir consolations et désolations de Dieu dans l’oraison et en dehors de l’oraison. Certaines sont bonnes, d’autres sont mauvaises. De même les consolations et les désolations et le mouvement des esprits à l’intérieur de la communauté religieuse et au dehors. Certaines de ces consolations communautaires sont bonnes, il en est de spirituellement mauvaises ; certaines désolations sont à éviter, d’autres sont très salutaires. Il faut simplement recourir aux principes habituels dans l’Église du discernement spirituel.

Ceci présente un double bienfait. Premièrement, on intègre la communauté religieuse dans le mystère de la foi. Comme l’expérience que je fais de l’oraison n’est pas mon oraison, puisque l’Esprit Saint prie en moi, et que ce que j’en éprouve en est seulement une figure, une ombre, de la même façon, ce que j’expérimente du mystère de la communauté n’est qu’un obscur pressentiment de la réalité, du mystère de la communauté à laquelle j’appartiens.

Le deuxième bienfait du discernement est de poser le problème en termes pratiques au niveau des personnes. Telle personne, engagée dans telle communauté, est menée par tel esprit dans sa communauté et en dehors. Ce problème d’appartenance (le mot est ambigu) est toujours à poser au niveau des personnes et du bien commun, dans les termes rationnels et affectifs du discernement spirituel.

Note 4 : Eucharistie et Communauté

En quoi l’Eucharistie est-elle essentielle à la constitution d’une communauté ? La vie en commun se déroule dans l’espace et le temps, donc l’espace et le temps ont à être structurés, eux aussi, en fonction du bien de la communauté, qui est la communion à l’Eucharistie de Jésus-Christ.

Puisqu’il y a vie commune dans un espace déterminé, cet espace, lui aussi, doit être structuré par l’Eucharistie. Il est donc normal qu’il y ait la présence eucharistique dans la communauté.

En Occident, nous maîtrisons davantage le temps qu’en Orient. Les jours sont mathématiquement pesés, comptés, mesurés. Nous vivons de jour en jour. Ce rythme culturel doit aussi être assumé dans l’Eucharistie ; celle-ci n’est pas seulement une fête, mais un repas, quotidien. Dans la vie religieuse communautaire, l’Eucharistie quotidienne fait partie de cette intégration du temps et de ses rythmes culturel et naturel, au mystère de l’Église.

Il est par ailleurs spécifique de la communauté d’être associée à l’Œuvre de la Rédemption, d’être elle-même œuvre de la miséricorde ; il est donc normal qu’elle se nourrisse de l’Eucharistie, qui est l’œuvre sacrificielle de la miséricorde. Enfin la vie religieuse nous introduit à la purification du cœur, à la liberté spirituelle, à la ferveur de la charité ; l’Eucharistie est la source et l’accomplissement de cette communion qui de commencement en commencement se renouvelle. À chaque jour de l’éternité.

rue Delimoy 39
B 5000 NAMUR, Belgique

[4Cf. Note 2.

[5Cf. Note 2.

[6Cf. notre article précédent (Vie consacrée, 1979, n. 6), qui traite explicitement des tâches propres de la vie religieuse apostolique.

[8Cf. Vie consacrée, 1979-6, Note sur les institutions.

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