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Courrier des lecteurs : La Compagnie de Sainte-Ursule

Jacqueline Morin

N°1979-2 Mars 1979

| P. 119-120 |

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L’article de l’Abbé François Morlot dans votre revue du 15 septembre 1978 (p. 273-278) m’a beaucoup intéressée. En peu de pages l’auteur réussit à cerner toute l’histoire des Instituts séculiers et à résumer très clairement en quoi consiste la vie de leurs membres. À titre de membre d’un tel Institut je tiens à lui exprimer ma gratitude.

Il me faut quand même ajouter ce qui suit : en rappelant que « l’aspiration à un mode de vie conforme à l’Évangile là où on est situé » est un « courant très ancien dans l’histoire de la vie chrétienne », l’Abbé Morlot ne semble pas connaître l’évolution historique de la fondation très ancienne d’Angèle Mérici quand il ajoute au troisième paragraphe : « que ce mouvement évolue toujours (souligné par J. Morin) en deux sens précis : la disparition ou la transformation en congrégation religieuse » (p. 273).

La même remarque s’impose pour le deuxième paragraphe de la page 275 quand l’auteur termine la description de l’« exemple étonnant » que fut la fondation de sainte Angèle au XVIe siècle en attribuant à saint Charles Borromée l’obligation faite aux Ursulines de la Compagnie d’adopter la vie religieuse.

L’histoire de la fondation primitive d’Angèle Mérici (approuvée par Paul III : bulle Regimini universalis Ecclesiae du 9 juin 1544) s’est déroulée tout autrement : saint Charles n’a pas obligé les Ursulines à se congréger. Tout au plus a-t-il permis à quelques-unes d’entre elles qui vivaient déjà en commun de le faire. Et encore, il est mort sans avoir pu leur donner une règle propre. A ce moment les Ursulines congrégées étaient à peine une centaine à Milan alors que celles vivant dans leurs familles dépassaient le millier.

Les Memorie Storiche della Diocesi di Brescia (1936) et l’ouvrage remarquable de Sœur Thérèse Lédochowska, o.s.u., Angèle Mérici et la Compagnie de Sainte-Ursule (1967) sont deux sources parmi bien d’autres qui permettent de rétablir l’histoire véritable de cet « exemple étonnant » de vie consacrée dans le monde bien avant Provida Mater Ecclesia. Les chiffres, d’ailleurs, parlent par eux-mêmes. En 1936, les Ursulines de la Compagnie de Sainte-Ursule sont au nombre de 15.389 et les statistiques sont incomplètes. Aujourd’hui, malgré la baisse des vocations et le vieillissement des membres, ce nombre dépasse encore les six mille.

On nous permettra donc de ne pas être d’accord avec l’auteur quand il écrit : « Que faire en effet quand la tradition ne vous a pas laissé de modèle, sinon inventer et encore inventer ? » Ce serait biffer d’un trait de plume l’existence de véritables consacrées dans le monde qui ont vécu de 1535 à nos jours et la reconnaissance officielle de Rome qui appelle la Compagnie de Sainte-Ursule un Institut séculier « ante litteram » (Paul VI).

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