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Pourquoi de nouvelles Constitutions ?

Michel Dortel-Claudot, s.j.

N°1978-5 Septembre 1978

| P. 295-302 |

Pourquoi ne pas continuer à nous épanouir dans la liberté d’expérimentation que Vatican II nous a rendue ? Ce n’est pas ce que l’Esprit a inspiré aux fondateurs. Tous se sont efforcés de traduire dans des textes le charisme reçu et d’en rendre ainsi la transmission possible. Si nous vivons vraiment de leur inspiration (mais c’est la condition essentielle), nous serons capables de trouver, sous la conduite de l’Esprit, les mots qui traduiront ce charisme pour aujourd’hui. Et parce que cette grâce est un don qui nous est fait pour le bien de toute l’Église, ceux qui ont mission de la guider sont aussi chargés d’authentifier le fruit de nos efforts.
Extraits du premier chapitre de la brochure : Que mettre dans les nouvelles Constitutions ? (Paris, Centre Sèvres, 1978).

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Pourquoi donc des textes ?

Des réactions compréhensibles

Le bulletin de l’Union Internationale des Supérieures Générales (2e trimestre 1976) rapporte les résultats d’une enquête auprès des Supérieures Générales au sujet des derniers Chapitres Généraux de leurs Congrégations ; il note ceci (p. 31) :

Certaines congrégations souhaitent que l’on continue à vivre dans un esprit de recherche et d’adaptation à la vie en pleine évolution, et, par conséquent, elles ne désirent pas des Constitutions définitives. D’autres estiment que le provisoire ne donne pas de bons résultats.

Cette peur du définitif, cette méfiance vis-à-vis de tout ce qui serait tant soit peu « stabilisé », cette crainte d’être lié par quelque chose – surtout par un texte – sont des phénomènes bien connus. L’honnêteté intellectuelle oblige à reconnaître que ces réactions sont compréhensibles. Ce n’est point par hasard, en effet, si les religieux et religieuses qui ressentent le plus ces peurs sont ceux et celles qui sont entrés au noviciat durant les 10 ou 15 années qui ont précédé le Concile. Vu l’âge qu’ils avaient alors, le climat déjà très évolué de la société dans laquelle ils vivaient, ces religieux ont davantage connu que leurs cadets, et moins bien accepté que leurs aînés, les prescriptions méticuleuses ou étroites que renfermaient souvent les textes normatifs des Congrégations – surtout à vœux simples – promulgués entre 1920 et 1950. Ces religieux craignent d’être à nouveau ligotés à l’occasion de la rédaction, puis de l’approbation et de la promulgation d’un document déclaré « définitif ». Comprenons-les : en eux certains mauvais souvenirs sont mal effacés. Et leur chair a été tellement marquée par le corset de leurs anciennes Constitutions qu’ils ne supportent plus rien sur la peau.

Les leçons de l’histoire

Pourquoi le Saint-Esprit n’a-t-il pas inspiré aux fondateurs de remettre purement et simplement entre les mains de leurs disciples un exemplaire de l’Évangile, en leur disant : « Aucun texte autre que celui-là ne vous est nécessaire » ? En effet, même la première règle de saint François (celle de 1220) qu’on reconnaît comme étant, de toutes les règles religieuses, la plus proche du texte de l’Évangile, n’était pas une transcription pure et simple de celui-ci : c’était déjà autre chose que l’Évangile, un recueil de versets évangéliques choisis selon un certain critère, disposés d’une certaine façon, accompagnés ici ou là d’un certain commentaire. Ce n’était déjà plus le texte brut, signé Marc ou Luc, c’était déjà l’Évangile vu par François, sous l’inspiration de l’Esprit.

Depuis que la vie religieuse existe, l’Esprit Saint lui a donc inspiré de mettre son projet par écrit ; et on pourrait rappeler ici toutes les « grandes règles », depuis la règle de saint Pacôme au IVe siècle. Nous savons que les religieux s’appelaient autrefois des « réguliers », mot qui vient de regula, la règle. A l’idée de vie religieuse est associée celle de règle.

Une règle de vie, qu’est-ce que c’est ? C’est un charisme, c’est-à-dire un don spécial de l’Esprit, auquel celui qui l’a reçu, a essayé, avec l’assistance de ce même Esprit, de donner une forme écrite. Pourquoi une forme écrite ? Afin qu’il puisse y avoir « transmission », « durée » ; afin aussi que les disciples puissent, en méditant ce texte, retrouver d’âge en âge la vie qui se trouve au-delà des mots eux-mêmes. Et ici, nous pouvons citer le Père Régamey, o.p. :

Les Fondateurs d’Ordres, ces charismatiques, eurent formellement pour dessein de transmettre un esprit, inscrivant de celui-ci l’exigence dans des institutions qui incitent à en retrouver d’âge en âge le jaillissement nouveau.

Le charisme d’une congrégation peut-il se dire avec des mots ?

Le charisme, don vivant de l’Esprit, n’est pas un objet ; ce n’est pas un trésor fait d’or ou d’argent, qu’on pourrait déterrer, retrouver, comme il nous arrive de le dire maladroitement, et qu’on pourrait après l’avoir bien astiqué pendant trois Chapitres Généraux, placer pour toujours dans le bureau de la Mère Générale. Ce n’est pas un objet, et il faut reconnaître à ce propos que notre façon d’en parler ces dernières années l’a un peu chosifié.

Mais ce serait également une erreur de croire que le charisme d’une Congrégation demeure tellement du domaine de l’inexprimable qu’il est impossible d’en dire un seul mot. Si le charisme était resté à ce point inexprimable, les fondateurs eux-mêmes n’auraient jamais rien pu en dire ou en écrire. Ils seraient tous morts sans descendance, faute de pouvoir en transmettre quoi que ce soit.

Or, ce n’est pas comme cela que les choses se sont passées, ce qui est bien la preuve que « quelque chose » du charisme peut être dit et communiqué. Être fondateur, ce n’est pas seulement recevoir pour soi-même un don spécial de l’Esprit, c’est également recevoir de ce même Esprit l’inspiration nécessaire pour traduire dans des mots le don reçu et le proposer à d’autres. Je voudrais illustrer ceci par un passage du Père Pousset :

Voilà ce que, de temps à autre, des fondateurs qui l’ont eux-mêmes vécu ont la folie de proposer à d’autres et de vouloir couler dans des institutions. Ce qui ne s’institutionalise pas : la tendresse d’un amour naissant, la liberté du pauvre de cœur, la joie de l’enfant du Royaume, le goût de servir à la dernière place, la préférence de la volonté d’autrui à la sienne propre, saint Benoît, saint Dominique, saint François, sainte Thérèse d’Avila, saint Ignace et bien d’autres, persuadés que Dieu est le maître de l’impossible, l’ont organisé dans des institutions d’Église. Et il y a plus beau, plus grand, plus enthousiasmant que le feu jaillissant de leur cœur, à Subiaco, Assise, Manrèse ou Avila : leurs efforts et leurs méditations traversées de craintes pour organiser en règles et sociétés durables ce qui brûle sans compromis.

Quelque chose du charisme peut-il être dit à toutes les époques avec les mots du temps ?

Donc, le charisme peut être dit, et c’est ce qu’ont fait les fondateurs ou leurs disciples immédiats. Mais le fondateur a exprimé le charisme avec ses mots à lui, qui sont inévitablement ceux de son temps. Une question s’impose donc à nous : quelque chose du charisme peut-il être dit, un ou plusieurs siècles plus tard, avec des mots qui ne sont plus ceux du fondateur ? Cette question est capitale.

À cette question, il faut répondre : oui. Et la raison principale réside en ceci : une congrégation est l’ensemble structuré, formé par toutes les personnes qui se réclament du même événement spirituel : la fondation de leur institut. Peu importe que cette fondation ait eu lieu à un moment très précis de l’histoire ou qu’elle se soit échelonnée sur plusieurs décades : une fondation étalée dans le temps. Peu importe également que cette fondation se soit faite en deux temps bien espacés, ce qui est le cas, d’une part, des congrégations nées en se détachant d’une autre, d’autre part, de celles qui résultent d’une union entre des congrégations pré-existantes. Peu importe, enfin, que cette fondation soit l’œuvre d’une figure bien précise ou d’un groupe, au sein duquel aucune personnalité n’émerge. Or, cet événement spirituel que j’ai appelé la fondation de l’institut, dont tous les membres d’un même institut se réclament, n’appartient pas uniquement au passé. Il est également d’aujourd’hui. Existe en effet une harmonie, une parenté entre l’appel entendu autrefois par vos fondateurs et celui qui a retenti un jour dans votre vie. L’appel qui vous a amenés à entrer au noviciat, à émettre des engagements et votre profession perpétuelle, l’appel qui soutient et assure votre fidélité quotidienne, est en résonance avec celui entendu autrefois par vos fondateurs.

Dans un article récent [1], Sœur Teresa Ledóchowska, Ursuline, parle par deux fois de « grâce analogique à celle du fondateur » accordée à tout membre de l’Institut en raison de sa vocation.

Bien sûr, la grâce accordée lors de la fondation est une grâce spéciale de commencement absolu, de naissance d’une nouvelle famille, de paternité d’un ou plusieurs fondateurs par rapport à toute une descendance. La grâce accordée aux disciples l’est pour continuer la mission et non pour l’inaugurer. Cette différence réelle n’empêche pas l’analogie, l’harmonie, la parenté entre ces deux grâces. En d’autres termes, le charisme est aussi bien du présent que du passé, bien que de façon diverse. Comme le dit très bien une Petite Sœur de l’Assomption :

Le charisme de vocation diffère du charisme de fondation. Les disciples ne sont pas des Fondateurs. Les deux charismes sont cependant similaires quant au but à poursuivre. Les disciples entrent dans l’intention du fondateur et vont donner forme à son projet. Un fondateur sans compagnons ne peut rien. Ce sont les disciples de tous les temps qui vont donner corps à l’inspiration première, l’enrichir par leur manière de vivre.

Le Père Molinari fait justement remarquer :

Il suffit de parler de leur fondateur ou de leurs origines d’une manière compétente, à des religieux, pour provoquer immédiatement une vive réaction des plus positive. Or, il n’y a pas d’autre explication que celle-ci : on parle à ces religieux de quelque chose que le Saint-Esprit leur avait déjà mis dans le cœur.

C’est parce que le charisme n’existe pas en dehors des personnes, qu’à toute époque de l’histoire de l’institut quelque chose peut en être dit, par ceux qui en vivent, avec les mots du temps. Bien sûr, « formuler » un charisme est comme un « bégaiement [2] » (pour reprendre une expression de Sœur Ledóchowska), mais ces mots, ces phrases, ces bégaiements, sont indispensables, en dépit de leur maladresse toute humaine et de leur gaucherie. Ce sont eux, d’une certaine façon, qui font exister le charisme. Et je reprends volontiers à ce sujet ce que le Père Dominique Bertrand a dit, l’été dernier, devant une assemblée de Congrégation :

Les Constitutions sont un moment du charisme, un moment sans lequel le charisme ne serait qu’un rêve irréalisé... Elles sont, en quelque sorte, l’intelligence d’un appel et d’une expérience, sans laquelle cet appel et cette expérience n’arrivent pas à l’existence... Le charisme arrive à son expression et, de ce fait, à son existence réelle, par les Constitutions.

On ne peut dire quelque chose du charisme et on ne peut le faire avec les mots d’aujourd’hui qu’à condition d’en vivre

Quand un religieux, humblement fidèle à sa vocation, c’est-à-dire malgré bien des maladresses et des gaucheries, relit les textes fondateurs de son institut, textes du passé, il se sent profondément concerné, en dépit des phrases parfois un peu désuètes. Pour lui, les mots sont dépassés, bien sûr, mais pas le mystère qu’ils expriment. Car il vit toujours de ce mystère. La règle de saint François n’est jamais si bien lue, si bien comprise que par un fils ou une fille de saint François. Donc, quand toute une congrégation, en fait demeurée humblement fidèle au charisme du fondateur, se réunit en chapitre général pour dire avec des mots d’aujourd’hui quelque chose de ce charisme, elle y parvient nécessairement, à raison même de la fidélité de ses membres. Si une congrégation, en dépit de toutes les adaptations et mutations que nous connaissons bien, vit toujours de son charisme, elle trouvera les mots qui conviennent pour exprimer celui-ci. Et ici encore, je voudrais citer Sœur Teresa Ledóchowska. Celle-ci fait une constatation qui nous interpelle tous. Je vous la livre dans sa simplicité :

Si, en fait, tant de membres de Congrégations religieuses s’embarrassent dans des problèmes sans nombre et semblent incapables de saisir le vrai sens de la vie religieuse, c’est qu’ils n’ont jamais compris toute la dimension de leur vocation. Ou bien (ce qui arrive fréquemment), ils l’ont sue un jour mais l’ont tout simplement oubliée. Il ne servirait à rien de spéculer sur le charisme d’un Institut religieux, si ce premier fondement faisait défaut. Chaque renouveau doit commencer par là et toutes les adaptations ne serviraient pas à grand-chose si cette conversion intime n’était pas assurée.

Nous avons donc à mener à son terme la rédaction de nos futures Constitutions. Cette perspective nous angoisse, nous paralyse. Mais pourquoi ? Est-ce à cause de l’ampleur de la tâche ? Parce que les mots nous manquent pour l’instant ? Dans ce cas, ce n’est pas bien grave. On peut y porter remède. Est-ce parce que nous n’avons rien à dire, parce que notre cœur est vide ? C’est déjà plus grave. Et si nous n’avons plus rien à dire, ne serait-ce pas parce que nous ne vivons plus assez ce que nous avions à vivre ? C’est en ce sens qu’on a bien raison d’affirmer que la vie est première et que les textes ne peuvent venir qu’après.

Une œuvre à mener dans un climat de confiance

Les réactions de peur de bon nombre de religieux face à un texte un peu « stabilisé » sont compréhensibles, certes. Mais ces réactions doivent être dépassées. Il faut à tout prix nous guérir de tout ce qui serait crispation. C’est pour nous que le Souverain Pontife nous demande de mettre au point nos Constitutions définitives. C’est pour nous qu’il a fixé certaines échéances. Nos Constitutions, ce n’est pas « un devoir à rendre », parce que cela nous est demandé d’en-haut ; c’est une tâche formidable à poursuivre et à mener à son terme.

La réussite de cette importante étape que sont la mise au point de nos nouvelles Constitutions, leur examen et leur approbation, dépend en grande partie du climat de confiance dans lequel nous l’abordons. Nous devons croire à la grâce du Concile. C’est l’Église hiérarchique, en effet, qui a pris l’initiative de demander à toute la vie religieuse de rénover ses textes normatifs. En ce domaine – ne l’oublions pas – la toute première démarche n’est pas venue des instituts eux-mêmes, mais du Concile qui a posé ce geste historique de confiance en l’Esprit. Le « démarrage » initial de ce vaste mouvement dans lequel nous sommes pris maintenant est venu d’en haut. Sans Vatican II, les congrégations n’auraient eu ni l’audace, ni la force de se mettre en mouvement, et nous aurions encore pour Constitutions – avec tous les risques terribles que cela eût comportés, étant donné l’évolution de notre monde – les petits livrets à couverture noire dont vous vous souvenez bien.

Le Concile a voulu deux choses à ne pas isoler l’une par rapport à l’autre :

  1. que la vie religieuse « respire », et surtout les instituts à vœux simples ; que ceux-ci se libèrent de tout ce qui avait pu se glisser en eux de désuet et d’inutile ; que la vie religieuse retrouve l’air pur de ses origines, un air que des apports ultérieurs maladroits avaient peut-être pollué.
  2. si la vie religieuse était ainsi appelée à respirer plus à fond, c’était afin de gravir un peu mieux la montagne et, profitant du grand souffle du Concile, de se laisser porter plus haut. Moins de détails, mais plus d’exigences. Moins de prescriptions, mais pour mieux saisir et vivre l’essentiel.

Pourquoi l’approbation de l’Église ?

Dans et pour le Peuple de Dieu

L’apparition d’une forme déterminée de vie religieuse à un moment de l’histoire, est le fait d’une action de l’Esprit dans le Peuple de Dieu. En ce sens, les instituts religieux sont d’Église, mais ils sont extérieurs à l’organisation hiérarchique de l’Église.

Puisque toute action de l’Esprit, tout charisme est pour l’édification du corps entier, toute fondation religieuse est au bénéfice du Peuple de Dieu, de la communauté chrétienne. Il est donc normal, voire indispensable, que cette communauté chrétienne en vienne à se prononcer sur toute fondation religieuse ayant déjà quelque consistance. Arrive donc un moment où une fondation doit être « reconnue » par le Peuple de Dieu, puisque c’est pour lui, en définitive, qu’elle est née.

Créée pour le Peuple de Dieu, reconnue par lui, soit implicitement, soit explicitement, la nouvelle fondation ne s’appartient plus totalement. Elle n’est plus tout à fait, comme avant, maîtresse de son destin. Devenue un élément permanent de la vie du Peuple de Dieu, elle peut être à tout moment « interpellée » par celui-ci sur sa fidélité. Le fait que la sainteté de tout institut soit au service de la vocation de tous les fidèles à la sainteté – Lumen gentium nous l’a rappelé – donne au Peuple de Dieu un droit de regard sur tout institut et sur son évolution.

L’approbation par l’Église de nos futures Constitutions n’est rien d’autre que l’exercice par le Peuple de Dieu de ce droit de regard et d’interpellation dont nous parlons, et cela à un moment particulièrement important de la vie de toute l’Église.

Cohérence de l’Esprit avec lui-même

La naissance d’une nouvelle Congrégation correspond à une action donnée de l’Esprit, donc à un charisme ayant son identité propre. De cela, on pourrait être tenté de conclure que chaque institut n’a pas à tenir compte de ce que sont les autres, pour se définir lui-même. Au nom même de l’originalité du charisme, et de son caractère unique, chaque institut pourrait tout inventer de A à Z. Ceci est vrai, en un certain sens, mais en un certain sens seulement. L’Esprit est infiniment libre, certes, mais il demeure en même temps cohérent avec lui-même. Il y a des constantes dans son action, des choses qui se répètent toujours et qui forment ensemble ce qu’on pourrait appeler les éléments constitutifs et nécessaires de toute vie religieuse, quelle qu’elle soit.

Pendant des siècles, l’Église s’est contentée de regarder comment opérait l’Esprit, de voir quels éléments se retrouvaient toujours dans tout ce qu’il faisait. L’Église a évalué également les fruits de sainteté que cela produisait et, au bout de douze siècles, elle a fait un « constat ». Dans toute forme de vie religieuse, a-t-elle constaté, il y a des constantes, des choses qu’on retrouve toujours. Ainsi l’Église a-t-elle pu déchiffrer – non a priori, mais a posteriori – dans une humble fidélité à l’Esprit, ce qu’on devait retrouver dans toute fondation religieuse qui se déclare telle, c’est-à-dire :

  1. un don définitif et irrévocable de la personne, une consécration ;
  2. dans le célibat ;
  3. en communauté ;
  4. consécration « connue » de la communauté chrétienne ;
  5. une mise au service de l’Église et de ses frères, ce qui implique une mission reçue, donc une obéissance ;
  6. un effort de liberté par rapport à l’argent et à toute forme de possession, une pauvreté.

Ce sont ces éléments constitutifs et nécessaires de toute vie religieuse que Paul VI a voulu nous rappeler dans son Exhortation apostolique Evangelica Testificatio de 1971. Ce sont ces éléments constitutifs et nécessaires de toute vie religieuse que se contente de reprendre, mais en y insistant avec force, le projet de nouveau droit des instituts de vie consacrée.

Le rôle de l’Église est, entre autres, de veiller à ce que ces éléments constitutifs de toute vie religieuse soient exprimés clairement et sans ambiguïté possible dans les Constitutions que chaque institut se donnera. Ce faisant, l’Église ne fait que remplir sa mission, pour une fidélité à l’Esprit.

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F-69002 LYON, France

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