Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Chronique d’Écriture Sainte

Jean-Louis Ska, s.j.

N°1978-5 Septembre 1978

| P. 303-319 |

Pour la facilité de nos lecteurs, nous avons groupé la grosse vingtaine d’ouvrages que les éditeurs ont eu l’obligeance de nous adresser cette année en cinq catégories (sans nous dissimuler ce que toute répartition de ce genre a forcément d’artificiel en certains cas). Les deux premières séries concernent le Nouveau Testament : ouvrages plus importants, par l’ampleur du sujet traité ou par leur technicité ; autres livres abordant une question plus particulière ou destinés à un large public. Les sections III et IV regroupent suivant le même principe les ouvrages sur l’Ancien Testament. Enfin une dernière section rassemble surtout des traductions.

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I

Trois nouveaux volumes [1] viennent compléter l’Introduction critique au Nouveau Testament, édition nouvelle de l’Introduction à la Bible (voir Vie consacrée, 1975, 47 et 1977, 301). La première partie du volume III, consacré aux lettres apostoliques, a été confiée à J.-M. Cambier, M. Carrez et C. Perrot. Ce dernier résume la vie et l’œuvre de Paul, en s’attachant surtout à son enracinement à la fois dans le monde hellénistique et dans le monde juif ; ceci lui permet de tirer au clair l’influence éventuelle de la gnose dans l’œuvre de l’Apôtre des Gentils. La chronologie de saint Paul a été légèrement précisée par rapport à la première édition. On nous donne de précieuses indications sur le genre épistolaire, puis sur l’apôtre et le théologien Paul. J.-M. Cambier a conservé l’exposé sur les lettres aux Thessaloniciens et sur celle aux Romains, mais il a renouvelé son texte. Il maintient l’authenticité de 1 et 2 Th, centrées sur l’apostolat auprès des païens et l’eschatologie. L’exposé sur l’épître aux Romains nous a paru un peu succinct, il donne cependant toute la substance du message. On opte pour un plan simple de l’épître : 1,18 - 4,25 (de la colère à la justice, par la foi) ; 5,1 - 8,39 (la loi et l’esprit) ; 9,1 - 11,36 (Israël dans le plan de Dieu) ; parénèse de 12,1 à 15, 3 et conclusion de 15,14 à 16,23. M. Carrez s’est chargé des autres épîtres et il le fait avec brio. En général, les exposés sont introduits par une description sommaire des Églises auxquelles Paul s’adresse, puis vient une présentation globale de la lettre ; enfin, on aborde les questions particulières, notamment celle de l’authenticité. De la sorte on accède de plain-pied au message. Quelques points ressortent de ces pages. Dans 1 et 2 Co, M. Carrez ne retient qu’un seul découpage valable : 2 Co 10-13 serait « la lettre dans les larmes ». Il maintient l’authenticité et l’unité de l’épître aux Philippiens, écrite avant la captivité d’Éphèse. L’épître aux Galates (texte qui a joué un grand rôle dans la Réforme) serait adressée aux Galates du Nord. L’épître aux Colossiens, selon l’auteur, est authentique et date de la captivité à Césarée. Éphésiens devait, à l’origine, être une lettre circulaire, écrite à Césarée avec l’aide d’un secrétaire. A propos des Pastorales, la position est nuancée ; leur auteur serait un paulinien, judéo-chrétien, un asiate hellénistique. Les autres épîtres catholiques forment la seconde partie du volume. L’épître aux Hébreux, une homélie dont l’origine reste mystérieuse, contient une christologie sacerdotale que sa structure met en relief d’une façon remarquable (A. Vanhoye). J. Cantinat nous initie aux autres épîtres : Jacques, Pierre (deux lettres) et Jude. Jacques n’est sans doute pas le frère du Seigneur, chef de l’Église de Jérusalem. Il est de même difficile de préciser les auteurs des lettres attribuées à Jude et à Pierre, dont J. Cantinat maintient l’unité.

Le volume IV est tout entier dédié à la tradition johannique. M. E. Boismard a remanié son texte sur l’Apocalypse, dont l’unité est difficile à maintenir, mais aucune solution ne semble s’imposer ; son message essentiel porte sur l’espérance. E. Cothenet a pris sur lui la lourde tâche de résumer les données essentielles des épîtres et de l’évangile de Jean. Ces écrits proviendraient tous d’une école johannique installée à Éphèse, dans laquelle a œuvré un héritier spirituel de l’apôtre Jean. Dans 1 Jo, E. Cothenet accepte le plan de I. de la Potterie, E. Malatesta et de la TOB : un triple exposé des critères de notre communion avec Dieu (1,5 - 2,28 ; 3,29 - 4,6 ; 4,7 - 5,12) avec un approfondissement successif de la réflexion. L’épître aurait fait l’objet de deux rédactions, l’une avant et l’autre après une crise dans la communauté, mais l’auteur serait le même (W. Nauck, P. Le Fort). Quant à l’Évangile, E. Cothenet en rédige quasiment un petit commentaire. Il reprend les idées de C. H. Dodd et R. E. Brown au sujet de son plan ; l’évangile est un dyptique : livre des signes (1-12) et livre de l’heure ou de la gloire (13-21). Adressé à des chrétiens formés, cet évangile est l’œuvre d’un évangéliste issu de l’école johannique, révisé par un rédacteur compilateur (R. E. Brown et X. Léon-Dufour). L’exposé de la doctrine de Jean, distinguée de celle des Synoptiques et de Paul, est certainement à lire. Les autres questions (origine, auteur, etc.) sont traitées avec la même compétence.

Le volume V répond à une question importante : selon quels critères et par quel biais le Nouveau Testament s’est-il formé ? Pour cette histoire de la formation du canon, P. Grelot, avec sa clarté coutumière, recueille et systématise des données éparses dans les volumes précédents. Il distingue trois étapes : la littérature en milieu judéo-chrétien avant 70 ; la littérature en terre de mission avant 70 ; la diaspora chrétienne après 70. Ch. Bigaré clôture cet ensemble de valeur par un aperçu très bien documenté sur les apocryphes. On se réjouit de trouver rassemblée en quelques pages la documentation sur un sujet où règne généralement l’éparpillement.

Chaque volume est précédé d’une bibliographie générale sur le Nouveau Testament. En fin de volume, on trouve de plus une bibliographie disposée selon l’ordre des chapitres et paragraphes. On y donne également une table des noms d’auteurs et un index analytique, mais on a, la plupart du temps, renoncé à un index des citations scripturaires (qui eût été énorme). Ce simple résumé montre bien qu’on peut difficilement se priver d’un tel instrument de travail pour la lecture ou l’étude : il est et reste unique dans le monde francophone. – J.-L. S.

Dire ce qu’est La foi du Nouveau Testament [2], c’est reconnaître que la foi est déterminée par son objet. Si bien qu’au lieu de s’attacher, comme on l’a fait traditionnellement, à l’acte de foi, J.-M. Faux en éclaire le contenu. Pour ce faire, une première enquête (p. 9-235) étudie le témoignage fondamental du Nouveau Testament. Renouvelant l’étude de R. Bultmann, l’auteur s’arrête aux emplois du verbe pisteueïn, croire, et du substantif pistis, foi, mais en respectant deux points de méthode importants. Tout d’abord il mène son enquête sur des ensembles homogènes et en les abordant dans un ordre fidèle à la chronologie de la rédaction des textes. Les Actes, qui viennent en tête, sont pris comme révélateurs de la foi commune de la première communauté. Suivent Paul, les autres épîtres, les évangiles synoptiques et, enfin, Jean. Ensuite chacun de ces ensembles est présenté et situé judicieusement, si bien qu’on trouve dans cette partie tout ce qui est nécessaire pour entrer dans une intelligence profonde du Nouveau Testament. La seconde partie élabore un traité de la foi en tenant compte de trois dimensions qui élargissent considérablement les perspectives. La dimension doctrinale montre comment l’événement-avènement de Dieu en Jésus-Christ suscite et détermine la foi du croyant qui participe à la vie même de Dieu. La dimension morale découvre comment, dans l’obéissance de la foi, l’existence du croyant est assumée dans la communion au Christ Jésus. La dimension « anagogique » montre comment les « fins dernières », la rencontre totale de l’homme avec Dieu et de Dieu avec l’homme, sont déjà présentes au temps de l’Église. Dans cette seconde partie, c’est encore le Nouveau Testament qui éclaire la réflexion théologique. Ce livre important souligne l’objectivité de la foi chrétienne ; on ne peut que s’en réjouir. – M. G.

Faut-il choisir entre la prédication de Jésus, proclamant la venue prochaine du Royaume, et la prédication apostolique post-pascale, centrée sur l’annonce de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, Messie et Seigneur ? La question, soulevée par les recherches de ce dernier siècle, a été diversement résolue. Pour A. Harnack, l’Église primitive a recouvert la doctrine de Jésus d’un plâtras hétérogène qu’il faut décaper. Pour R. Bultmann au contraire, le christianisme a commencé avec le kérygme de Pâques : Jésus, quant à lui, était resté juif. Dans les études ici rassemblées [3], le Professeur J. Jeremias s’inscrit en faux contre ces opinions radicales. Il montre que les axes centraux de la théologie du Nouveau Testament (la prière de Jésus, le sens de sa mort sacrificielle, la justification par la foi) sont des interprétations légitimes et fidèles de la pensée de Jésus. Il y a continuité et non rupture. Lorsque la communauté primitive s’adresse à Dieu en l’appelant Abba (Père très cher), elle renoue avec la prière originelle de Jésus (ipsissima verba), en utilisant une façon de parler inouïe pour le judaïsme, que Jésus a transmise à ses disciples pour permettre aux pécheurs et aux humbles d’entrer dans le Royaume. Voir dans la mort de la Croix un sacrifice « pour nous », une mort « par suppléance », est une conception basée sur le texte d’Is 53. Si l’on suit à la trace le développement de cette réflexion à travers le Nouveau Testament pour remonter à sa source, on retrouve les prédictions de Jésus sur sa propre mort et non la réflexion de la communauté primitive. La doctrine sur la justification, enfin, est certes une présentation polémique dirigée contre la mentalité judaïque. Mais elle n’en est pas moins centrale chez Paul ; elle décrit d’une manière juridique la grâce baptismale, le pardon non mérité, mais accordé uniquement en raison de l’amour du Christ, pardon qui ouvre à une vie nouvelle. La doctrine de la justification est inséparable de celle de la nouvelle création. « L’acquittement de Dieu n’est pas uniquement juridique, il n’est pas un « comme si », pas une simple parole, mais la parole de Dieu qui opère et crée la vie. La parole de Dieu est toujours une parole effective. Le pardon... constitue aussi les arrhes du don final de Dieu ». Nous avons cité ces phrases parce qu’elles aident à corriger l’image que nous avons de la doctrine de la justification dans l’Église protestante. Pour Jeremias, le fond de cette affirmation remonte à Jésus lui-même, bien qu’il ait employé d’autres images pour la développer. Deux autres études complètent le livre. Le Prologue de saint Jean se rattache à un genre connu par ailleurs dans le Nouveau Testament : l’histoire du salut sous forme hymnique (voir surtout Ph 2,1-11). L’idée du Logos est originaire du judaïsme hellénistique. Jean proclame la venue de la Parole de Dieu à un milieu pour qui Dieu était silence. La dernière étude enfin, consacrée à Qumrân, nous donne une bonne vue d’ensemble sur les découvertes et les principales doctrines de la secte ; une comparaison avec le Nouveau Testament fait ressortir l’originalité de celui-ci. Jésus a proclamé le salut universel et gratuit, la secte de Qumrân annonce un salut réservé au groupe des observateurs fidèles de la Loi et des règles de la communauté. Ce petit livre est à recommander à tous pour sa clarté et sa profondeur. – J.-L. S.

Depuis près d’un siècle, une vive controverse sévit en Allemagne autour des origines de la christologie, et plus spécialement autour du titre de Fils de Dieu. L’école de l’histoire des religions (W. Bousset, A. Harnack) voit dans les théologies de Paul et de Jean des distorsions par rapport à la doctrine enseignée par Jésus lui-même. Il y aurait un gouffre entre le christianisme palestinien des origines et le christianisme hellénisé de Paul et de Jean. L’essentiel de cette hellénisation consisterait dans l’introduction de conceptions propres au monde grec au sujet de Jésus : son origine divine, sa préexistence, son rôle créateur. Les précurseurs de l’histoire des religions estimaient l’influence grecque prépondérante. R. Bultmann considère plutôt que c’est la religion à mystères qui a détourné le christianisme de ses origines juives. M. Hengel [4], professeur de Nouveau Testament et d’Antiquité judaïque à la Faculté protestante de Tübingen, réagit fortement contre ces opinions. Selon lui, ces théories reposent sur un fondement historique trop ténu. Les religions à mystères, tout comme la gnose, ne datent que de la fin du premier siècle et se sont répandues au IIe siècle. A ce moment la christologie du Nouveau Testament était déjà formée. Il faut plutôt parler d’une influence du christianisme sur ces courants de pensée. Par ailleurs, c’est l’Ancien Testament et le judaïsme qui offrent les éléments de comparaison les plus proches des conceptions du Nouveau Testament et qui sont susceptibles de leur avoir fourni leurs matériaux de base. Le titre « fils de Dieu » s’y rencontre souvent, mais il n’existe que quelques textes (mystique juive, Philon, mentions de la Sagesse préexistante) qui parlent nettement de la préexistence d’un être proche de Dieu. M. Hengel montre ensuite, en théologien, suivant quelles lignes et sous quelles poussées internes s’est élaborée la christologie primitive. Elle s’est fixée en quelques décennies en partant de deux données : l’affirmation messianique : Jésus, fils de David, est le Messie attendu – la proclamation de la résurrection : c’est l’essentiel du texte fondamental de Rm 1,3 et de la théologie paulinienne, qu’il a reçue de la Tradition. Le titre « Fils de Dieu » résume cette réflexion théologique parce qu’il exprime au mieux la relation de Jésus à son Père. Le développement de cette christologie s’est fait non sous l’influence des païens, mais des judéo-chrétiens. L’affirmation de la préexistence est née de la nécessité d’expliquer les débuts par la fin. Celui qui a achevé l’histoire du salut devait aussi en être l’origine. De là, on passe à l’idée de l’envoi en mission du Fils préexistant. Enfin, le rôle créateur du Fils de Dieu est venu d’une réflexion sur la Sagesse et de son identification avec Jésus-Christ, porteur de la révélation définitive et insurpassable. Le titre de « Seigneur » est le fruit d’une méditation du Ps 110, analogue aux exégèses qumrâniennes, et non la suite de l’influence des religions à mystères. Le chapitre de conclusion montre toute la distance qui sépare les conceptions grecques de ce qui fut le centre de la foi au Christ, Dieu fait homme, mort d’une façon ignominieuse et ressuscité pour nous.

Le livre est assez dense. Il requiert une bonne culture religieuse. Il traite d’un problème très actuel en christologie et le fait avec maîtrise et compétence. On serait heureux de voir cette œuvre prolongée par un approfondissement de l’expérience du Fils qui transparaît dans la vie et la prédication de Jésus de Nazareth et de l’expérience filiale des fils dans le Fils, que nous décrivent Paul et Jean. – J.-L. S.

Il est un autre domaine où la critique, à la suite de R. Bultmann, s’est montrée destructrice : on en est venu à affirmer que Jésus n’a pas attribué à sa mort une signification particulière, ou bien que nous ne saurions rien en dire. C’est la communauté primitive qui aurait interprété la crucifixion dans le sens d’un événement rédempteur, à la lumière de Pâques. H. Schürmann5 s’inscrit en faux contre cette opinion. Il ne veut pas démontrer de façon péremptoire, mais montrer qu’il est plus plausible de penser que Jésus a lui-même envisagé sa mort et lui a conféré un sens propre, plutôt que de pencher dans le sens contraire. La première étude de ce livre procède pas à pas dans cette direction : 1. Jésus a pu envisager l’éventualité d’une mort violente. 2. Jésus était prêt au martyre et enseignait la même attitude à ses disciples. 3. Jésus a été volontairement au-devant de son destin en décidant de monter à Jérusalem. 4. La mort de Jésus est conciliable avec sa mission : Jésus a pu comprendre que Dieu voulait lier l’établissement du Règne à l’acceptation de sa mort. [5]. Le comportement de Jésus (service, amour des pauvres, des pécheurs, des ennemis) porte à croire que Jésus a pu donner à sa mort une valeur salutaire. 6. Jésus n’a pu parler en public de sa mort. 7. Mais il est par contre très probable qu’il en ait parlé de façon voilée à ses disciples. 8. C’est principalement par les gestes de la Cène, et moins par les paroles, que Jésus a manifesté sa volonté de se donner en mourant.

La deuxième étude de H. Schürmann s’attache à la signification de ce dernier point : l’Eucharistie. Les actions symboliques de la dernière Cène sont d’origine palestinienne, tout en se distinguant des coutumes de l’époque. Par exemple, il était inhabituel de faire circuler une coupe unique, celle du maître de maison, et d’accompagner le don du pain et du vin de paroles explicatives. Les gestes de Jésus sont à rapprocher des actions prophétiques, toujours accompagnées de mots qui en donnent le sens. Jésus fait de ce repas un « signe d’accomplissement eschatologique », par lequel il promet ce qu’il donne sous forme de symbole, le pain et le vin partagés. C’est le sommet de sa carrière tout entière « pour » les autres (pro-existence). La continuité entre temps pré-pascal et la période post-pascale est à chercher dans la « continuité des signes » plutôt que dans la foi des disciples.

La troisième étude est consacrée à la morale chrétienne, dont le fondement est la « pro-existence » de Jésus, sa vie entièrement donnée aux autres et au Tout-Autre. La morale chrétienne n’est pas une loi rigide, mais d’abord un exemple à imiter, celui de Jésus-Christ, et le don d’une grâce qui nous permet de le suivre. S’il y a un caractère propre à la morale chrétienne, c’est là qu’il faut le chercher, dans l’abaissement du Fils de Dieu par amour pour nous.

La quatrième partie est une méditation théologique sur la foi en Jésus-Christ : elle unit les idées de Teilhard de Chardin (évolution et progrès du monde vers le Christ) à la méditation sur la « pro-existence » de Jésus de Nazareth.

Le grand mérite de H. Schürmann consiste à montrer que les méthodes d’exégèse qui ont servi à creuser un fossé entre le Jésus de l’histoire et le Christ de la foi peuvent, au contraire, nous frayer un passage vers l’histoire pré-pascale. Cet ouvrage fouillé utilise abondamment le langage technique de l’exégèse et de la théologie.

II

Dom J. Dupont n’est plus à présenter. Ses études sur les Actes des Apôtres et sur les Béatitudes sont particulièrement appréciées par les exégètes du Nouveau Testament. Depuis quelque temps, on suivait avec beaucoup d’intérêt ses publications sur les paraboles et l’on se réjouit de voir paraître un volume de synthèse [6] sur la question. Dom Dupont reprend l’essentiel des recherches actuelles sur les paraboles, mais il les prolonge. De là, l’intérêt de son étude. Il relève trois caractères essentiels dans la méthode parabolique de Jésus. 1. Les paraboles visent non à transmettre un enseignement, mais à transformer les comportements. Lorsqu’il s’agit des auditeurs, Jésus recommande ou déconseille certains modes d’agir (cf. l’homme qui bâtit sa maison sur le roc et celui qui la bâtit sur le sable). Dans quelques paraboles, Jésus parle de son propre comportement ou de celui de Dieu. Les plus intéressantes cependant sont celles où il met son propre comportement en relation avec celui de Dieu, pour décrire la façon d’agir de Dieu et justifier ses propres attitudes. Toujours, c’est le comportement des hommes qui est le point de mire, non un enseignement sur Dieu (exemples : la parabole de la brebis et de la drachme perdues, celles du fils prodigue, du semeur, du levain dans la pâte). 2. Le type de relation que sous-entendent les paraboles n’est pas la controverse ou l’enseignement, mais le dialogue. Jésus, pressentant un désaccord, quitte le terrain dangereux pour un autre, dans un contexte qui reprend les deux points de vue. Sur ce nouveau terrain, l’auditeur est amené à prendre le parti du narrateur (exemple : la parabole des deux débiteurs). 3. Les paraboles sont le fruit de l’expérience. Beaucoup d’entre elles sont exprimées sous forme de questions qui amènent l’auditeur à prendre position en découvrant la réponse dans sa propre manière de vivre. Jésus fait appel à l’expérience commune, à l’expérience collective, au sens commun (réaction du berger dans la parabole de la brebis perdu ; parabole du serviteur impitoyable, du bon Samaritain). Il se base aussi sur sa propre expérience (paraboles du semeur, du fils prodigue,...).

L’intérêt de cette plaquette saute aux yeux. La profonde connaissance des écrits du Nouveau Testament que possède l’auteur lui permet de nous faire entrer dans l’épaisseur du texte et de retrouver par là notre propre expérience. En redécouvrant le monde d’expérience de Jésus et de ses paraboles, nous sommes mis nous-mêmes dans la situation de dialogue créée par Jésus : c’est notre comportement qui est confronté à sa manière d’agir. D’autre part, les paraboles sont aussi une voie privilégiée pour la connaissance de Jésus lui-même. Sans doute l’a-t-on trop négligée en christologie. – Bref, voici un livre que tous liront et méditeront avec profit. – J.-L. S.

O. Cullmann a longuement étudié le quatrième évangile ; il vient de publier une synthèse de ses recherches [7], qui constitue à ses yeux une introduction à un commentaire sur cet évangile. Celui-ci est l’œuvre d’un seul auteur, mais il avait autour de lui des disciples (le fameux « milieu johannique »), qui ont joué un rôle dans la rédaction et la révision de l’écrit. Le but de l’évangile est de montrer dans chaque événement de la vie de Jésus le Christ déjà présent et agissant dans son Église. Pour ce faire, l’auteur devait s’appuyer sur un fond historique. Puis O. Cullmann en vient à sa thèse la plus chère : l’origine du milieu johannique. Il se serait recruté dans des cercles juifs hétérodoxes, en marge du judaïsme officiel. Les disciples de Jean-Baptiste forment l’un de ces groupes. Les deux groupes principaux seraient les Hellénistes (Ac 6-7) et les Samaritains (Jn 4 ; Ac 8). Mais il y aurait une multiplicité de courants. Dans les cercles johanniques, tout comme chez les Hellénistes, les éléments samaritains sont prépondérants. Le trait principal de tous ces groupes est le rejet du culte officiel du Temple. Les chrétiens issus de ces courants marginaux n’ont pas mené de polémique contre les groupes dépendant des Douze, mais ils ont sans doute dû montrer leur authenticité et leur orthodoxie. Après 70, ces chrétiens ont émigré, sans doute vers la Transjordanie, où le syncrétisme était très avancé. C’est pourquoi le ton est devenu polémique. Auparavant, l’influence se manifestait de façon pacifique. L’évangéliste ne serait pas l’un des Douze, mais un Judéen, ancien disciple du Baptiste. Son message remonte à Jésus lui-même, car il s’agit du disciple bien-aimé. Mais il n’aurait été témoin que d’une partie de l’activité de Jésus, en Judée. Sans doute a-t-il reçu un enseignement que Jésus a dispensé uniquement à un cercle de disciples, différent de l’enseignement public que nous rapportent les Synoptiques. Cette thèse est assez peu conformiste, mais elle se base sur une argumentation savante et nuancée. Les spécialistes en discuteront certes les détails. Il n’en reste pas moins que ce livre constitue une excellente introduction au quatrième évangile, propre à faire saisir le cheminement des doctrines unifiées par l’évangéliste autour de la personne de Jésus. – J.-L. S.

Peut-on encore parler de miracles dans un monde façonné par les sciences ? Telle est la question à laquelle tente de répondre un volume écrit en collaboration par de nombreux spécialistes du Nouveau Testament sous la direction de X. Léon-Dufour [8]. Les contributions envisagent le problème sous ses différentes faces. L’introduction (X. Léon-Dufour) présente une histoire de l’interprétation des miracles, qui balise les deux écueils à éviter en ce domaine : ne s’intéresser qu’au fait, ne chercher qu’une synthèse théologique. La première partie fouille d’abord l’arrière-fond des récits de miracles (Ancien Testament, par M. Carrez ; démonologie juive, par P. Grelot ; le rabbinisme, par K. Hruby ; le monde hellénistique, par A. George) ; puis S. Légasse pose la question préliminaire de l’historicité des miracles évangéliques. Selon lui, Jésus s’est présenté comme un thaumaturge, il a opéré des guérisons. Mais un regard critique est de mise lorsqu’on se penche sur chacun des récits en particulier. La seconde partie, plus technique et d’une lecture plus ardue, est consacrée à l’étude d’un texte, la guérison du possédé au pays des Géraséniens (Mc 5, 1-20). J. Calloud, G. Combet et J. Delorme en font une analyse sémiotique (examen basé sur la linguistique moderne) ; L. Beirnaert en offre une approche psychanalytique ; J. N. Aletti confronte ces divers types de lecture avec les exégèses plus classiques du passage. La troisième partie reprend des sentiers moins inhabituels. On y trouve quatre études très enrichissantes et très claires sur la conception des miracles chez les quatre évangélistes. Pour P. Lamarche, Marc a voulu manifester dans les miracles de Jésus à la fois la faiblesse de Dieu pour les hommes et sa puissance de salut pour les croyants. Saint Matthieu veut éveiller et réveiller la foi au Christ dans une Église menacée par la tiédeur et l’accoutumance (S. Légasse). La constance des miracles au cours de l’histoire du salut (Ancien Testament, Jésus, Église) est soulignée par Luc, pour qui ceux-ci ne sont qu’une annonce et une préfiguration du salut final (A. George). Quant aux « signes » johanniques, ils manifestent la gloire de Dieu dans les gestes de Jésus de Nazareth, Parole de Dieu faite chair pour dispenser la vie éternelle (X. Léon-Dufour).

La quatrième partie tente un essai de synthèse. X. Léon-Dufour, sur la base des travaux de G. Theissen, lui-même tributaire de V. Propp (Morphologie du conte), fait une analyse synchronique des miracles, c’est-à-dire une recherche de leur structure fondamentale, l’expérience de la limite : l’action se heurte à un obstacle et elle en triomphe grâce au miracle. Une étude diachronique montre comment cette structure se développe à travers les différents types de miracles. Enfin, l’étude de l’environnement du miracle fait remonter les récits évangéliques à un homme charismatique, non à un sanctuaire ou à un magicien. Les miracles s’adressent d’abord aux pauvres, mais ils ont pour but de transformer la société. Ce qui, en dernier ressort, distingue les miracles de Jésus de tous les autres, c’est qu’ils tirent tous leur sens de la foi en Jésus-Christ ressuscité. Les récits des miracles posent encore aujourd’hui la même question au lecteur des évangiles. En conclusion, X. Léon-Dufour actualise la signification des miracles : ils nous aident à ne pas limiter le service des hommes à l’horizon de cette terre, puisque Dieu agit gratuitement. Les miracles manifestent cette irruption gratuite de la grâce ; mais on ne peut se dispenser du service, sous peine de vouloir emprisonner Dieu. Ce livre offre certes une assez grande variété d’opinions, mais il évite le danger de la dispersion. On y trouvera non seulement des éléments de réponse, mais aussi des essais de solution et des synthèses solides. – J.-L. S.

Le récit des pèlerins d’Emmaüs reçoit un éclairage nouveau dans une étude récente de Sœur Jeanne d’Arc [9]. Dans une première partie très soignée, elle nous fait lire le texte en marquant toutes les particularités significatives du style. Le récit se décompose en trois parties : une catéchèse, le partage du pain (qui correspond, selon l’auteur, à la seconde multiplication des pains de Mc) et enfin le retour à Jérusalem et le témoignage. A la base du récit se trouve un fait réel, mais l’atmosphère est celle d’une eucharistie. Dans la seconde partie de ce livre, le récit d’Emmaüs est confronté aux autres récits d’apparition chez Lc. Celle des anges au tombeau ne contenait qu’un premier kérygme incomplet. La deuxième apparition est centrée sur la reconnaissance ; on y retrouve le schéma de la marche sur les eaux. Emmaüs est comme un condensé de tout l’évangile de Luc ; il reprendrait le schéma de la Transfiguration. Enfin, la scène du Mont des Oliviers, centrée sur le témoignage, est comme une anticipation du livre des Actes. On y voit une progression à partir du premier témoignage, mal reçu, jusqu’à la proclamation dans le monde entier, le témoignage ecclésial. La troisième partie compare le récit d’Emmaüs à la parabole du Bon Samaritain et au baptême de l’eunuque de Candace (Ac 8). On retrouve dans ces trois récits de voyage la même succession : parole, sacrement, envoi vers les frères. Le livre se distingue par ses étonnantes qualités didactiques (de nombreux tableaux illustrent l’exposé) et sa profondeur spirituelle. On pourrait certes discuter plusieurs détails, notamment le caractère formel de plusieurs rapprochements, mais cela n’enlève rien à la valeur de l’ensemble. – J.-L. S.

L’Association Catholique Française pour l’Étude de la Bible (A.C.F.E.B.) s’est réunie à Toulouse en septembre 1975 pour discuter du genre apocalyptique. Elle publie maintenant en un volume [10] les conférences données au cours de ce congrès. Ce recueil contient nombre de contributions de qualité ; plusieurs index en facilitent le maniement (citations, auteurs, thèmes). Après la présentation générale de L. Monloubou, organisateur du congrès, une première série de communications traite de l’Ancien Testament. M. Delcor brosse un tableau général et complet des études sur l’apocalyptique. E. Jacob recherche les sources bibliques du genre : selon lui, il s’agit d’un surgeon du prophétisme. P. Grelot restreint le champ d’investigation pour approfondir le livre de Daniel ; il réfléchit plus particulièrement sur le sens de l’histoire et montre bien que l’apocalypse est d’abord porteuse d’espérance. Avec A. Caquot, on passe à l’étude fouillée de deux chapitres de l’Hénoch éthiopien, la finale du « Livre des Paraboles », importante par sa mention du « Fils de l’homme ». Pour étudier la répercussion de la ruine de Jérusalem sur l’apocalyptique, P. M. Bogaert étudie les apocalypses juives après 70 (en particulier 4 Esdras et 2 Baruch syriaque, qu’il a lui-même édité). Un second travail de M. Delcor nous introduit dans le monde étrange de la mythologie des apocalypses. J. Stiassny se penche sur un phénomène particulier : les réticences du rabbinisme vis-à-vis de l’apocalyptique, qui ont abouti à l’étouffement du genre jusqu’au Moyen Âge.

La seconde partie réunit cinq conférences sur le Nouveau Testament. Avec beaucoup de compétence, J. Dupont analyse l’apocalypse synoptique (Mc 13). S. Légasse tente de faire le bilan des opinions récentes sur les relations entre le Jésus historique et le Fils de l’homme. En dehors des Synoptiques, le langage apocalyptique se retrouve chez Paul (P. Benoit) et Jean (J. Schmitt), qui en usent chacun à leur façon. Cette seconde partie se clôture par une analyse structurale de l’Apocalypse suivant la méthode de Greimas ; s’y sont attelés J. Calloud, J. Delorme et J. P. Duplantier. La troisième partie du livre contient deux contributions de type herméneutique. En philosophe, P. Fruchon essaie de montrer qu’une exégèse se doit de déboucher sur l’herméneutique ; P. Eyt, Recteur de l’Institut catholique de Toulouse, réfléchit sur l’apport des « théologies de l’espérance ». – Par son niveau technique et le genre de questions traitées, ce volume s’adresse plutôt à un public de spécialistes. – J.-L. S.

Parmi les Pères latins, Jérôme est certainement l’un des meilleurs connaisseurs de l’Écriture. Il était un des seuls à pratiquer le grec et l’hébreu. La collection « Sources chrétiennes » a confié à E. Bonnard la traduction de son commentaire sur saint Matthieu [11], que tous les lecteurs cultivés et les connaisseurs de l’époque patristique accueilleront avec les honneurs qu’elle mérite. La traduction est précédée d’une introduction très claire sur la vie de Jérôme et les circonstances de la composition de son commentaire sur saint Matthieu ; sur le caractère particulier, peu commode, de Jérôme, tel qu’il se révèle à travers ses écrits ; sur ses qualités d’écrivain élégant et vif ; sur les caractéristiques de son exégèse, qui doit beaucoup à Origène et qui allie le bon sens critique et historique à une intelligence spirituelle de l’unité des Écritures ; on nous donne aussi un bref exposé sur la querelle origéniste et la position peu confortable de Jérôme au cours de la controverse, puis sur l’influence du commentaire de Jérôme au cours des âges. La traduction est celle d’un bon connaisseur. Un livre savant, qui fait honneur à la série dans laquelle il paraît. – J.-L. S.

Le Dictionnaire du Nouveau Testament [12] de X. Léon-Dufour connaît une nouvelle édition, revue. Cette chronique a attiré l’attention, en 1976 (p. 311) sur l’intérêt de ce travail pour la pastorale et l’enseignement, car il est une mine de renseignements précis pour les cours, les prédications, les causeries. Sa parution au format de poche rendra l’usage de cet instrument encore plus facile et son prix plus abordable. Petit détail qui n’est pas sans importance : la révision a été faite avec tant d’art que la pagination des deux éditions est restée pratiquement identique, ce qui facilitera les références.

III

L. Jacquet continue son travail de titan sur les psaumes. Voici le deuxième volume [13], traitant des Psaumes 42 à 100. La présentation n’a pas changé. Un exemple fera mieux comprendre ce qu’on peut trouver dans ce volumineux commentaire. Le Ps 73 est intitulé : « L’énigme de la prospérité des impies ». L’auteur en propose d’abord une traduction, accompagnée en marge par quelques notations qui permettent de suivre le fil du développement. Suit une présentation : ce psaume appartient au genre sapientiel, il dénonce le scandale de la prospérité des méchants, mais avec une note originale. Le plan du psaume est tripartite : après l’exposé indigné de la question (v. 2-11), le psalmiste découvre une voie de solution (v. 12-20) et termine par « une profession d’attachement à Dieu » (v. 22-28). Le juste trouve un bonheur supérieur à celui des impies dans l’union spirituelle avec son Dieu. Job et Qohelet n’ont pas été aussi loin, mais les textes sur la rétribution future (par exemple Ps 16 et 49) dépasseront le cadre de la vie terrestre. Une série de notes critiques s’adresse à l’exégète de métier qui veut vérifier la traduction. Les notes exégétiques reprennent le psaume verset par verset et le commentent à l’aide d’autres textes bibliques, de la littérature du Moyen Orient, de l’Antiquité, de la littérature universelle, des théologiens et exégètes modernes. La Fontaine, le Coran, Péguy et Homère se retrouvent côte à côte, pour ne citer que quelques noms. L’orientation chrétienne lit le Psaume dans la Tradition, surtout avec les Pères de l’Église et les grands mystiques, qui nous disent que Dieu suffit. On nous indique aussi quand la liturgie utilise ce psaume, on nous propose une prière qui en résume les grands thèmes ; en appendice enfin, on nous rapporte quelques anecdotes et l’on nous cite quelques livres qui illustrent le même message. – La matière est abondante et tous pourront y trouver la nourriture spirituelle désirée. On espère que le troisième volume a prévu quelques index (citations scripturaires, auteurs, thèmes) qui faciliteront l’usage de cette petite encyclopédie. – J.-L. S.

Présence et permanence du Psautier chrétien [14] met le couronnement à l’œuvre entreprise par Dom Claude Jean-Nesmy et Mère Élisabeth de Solms (auteur principal de la traduction). Après une traduction dont on s’est plu à louer la pureté et la simplicité pleine de grandeur (Tome I), les deux parties du Tome II ont interrogé les Pères de l’Église, puis le tome III s’est tourné vers l’exégèse et la critique littéraire et leur a demandé ce qu’elles pouvaient nous dire de ces textes poétiques. Il restait à compléter l’enquête dans la Tradition. L’introduction de ce volume explique pourquoi l’on s’en est tenu au XXe siècle, « qui a retrouvé au moins les bases de la grande pensée des Pères et du Haut Moyen Âge ». Le choix a été guidé par trois critères : être utile, représenter les diverses tendances contemporaines, assurer la présentation générale des psaumes les plus importants. Il fallait en effet rassembler et synthétiser ce que les autres recherches avaient bien été forcées de morceler : une analyse se fait souvent verset par verset. Les deux temps sont indispensables à qui veut pénétrer en profondeur dans la richesse d’un texte. On sera reconnaissant aux auteurs de nous avoir ainsi aidés à mieux prier les Psaumes dans la grande Tradition de l’Église.

Préparé depuis des années par des exégètes, des pasteurs, des liturgistes, des hommes de lettres et des spécialistes de la musique, le Psautier Œcuménique Liturgique [15] a enfin vu le jour. On doit reconnaître le sérieux de l’entreprise et du résultat, ainsi que le sens de la communauté croyante qui anima l’équipe responsable. Une prière chrétienne, généralement très riche et très juste, termine chaque psaume. – M. G.

Les lecteurs de cette chronique ont déjà eu l’occasion de faire connaissance avec le Pasteur A. Maillot [16]. Ils retrouveront son tempérament vigoureux dans son commentaire de Jonas et de Sophonie [17]. Le livre de Jonas semble avoir été écrit pour être commenté par notre auteur, qui aime parler de l’ironie de Dieu. Le mot Jonas renferme déjà tout le symbolisme du livre : « colombe » d’Israël, envoyée pour prêcher la destruction, Jonas assistera à la réconciliation de Ninive avec Dieu. On lira avec fruit ces pages pétillantes d’esprit et perspicaces dans leurs jugements. A. Maillot s’entend à décrire la vocation et la mission du prophète biblique, tout comme celle du prophète actuel. Il a des réflexions profondes sur l’annonce du jugement, sur le repentir de Dieu, sur la mission et la démission de l’Église. « Ce n’est pas en niant leurs erreurs, en justifiant leurs fautes, en cachant l’imminent jugement de Dieu que nous donnons aux hommes une chance de survivre » (p. 45). Et sur Dieu : « Dans ce livre, Dieu dit tout le contraire de ce que nous savions sur lui, et il le dit en souriant » (p. 65). Le livre de Sophonie est plus sévère dans son style et son message. Le jugement tout proche de Jérusalem et des nations devrait nous faire réfléchir à la parole de Dieu qui juge notre monde et notre Église. Il nous est bien difficile d’admettre nos erreurs et de nous repentir. Le livre se termine sur une réflexion très nuancée et particulièrement pertinente sur le problème de l’État d’Israël. La traduction des deux livres prophétiques est accompagnée de notes explicatives succinctes. Voici une excellente méditation biblique, au cœur de l’actualité. – J.-L. S.

IV

Deux questions importantes sur les premiers chapitres de la Genèse ont retenu l’attention de Ch. Resplandis [18] : que peut bien évoquer l’arbre de la connaissance du bien et du mal, que signifie la phrase « ils virent qu’ils étaient nus » (Gn 3,7) ? Les explications les plus variées ont été avancées. L’auteur reprend toutes les données et les passe au crible d’une critique serrée. La connaissance du bien et du mal n’est pas le simple sens moral, l’autonomie morale, ou l’omniscience, mais la faculté de juger de ce qui est bon ou ne l’est pas pour l’homme, la capacité de discerner ce qui lui est profitable ou nuisible et d’opérer le choix. Le fruit de l’arbre ne devait pas procurer cette intelligence, mais l’accroître. La question de la nudité est tout aussi controversée. L’auteur relève que bien des interprétations ne cadrent pas avec le contexte : on ne peut se limiter à l’aspect sexuel, à la concupiscence charnelle, à la honte de la nudité. Le sens est plus profond, et bien attesté dans la Bible : après leur faute, nos premiers parents ont acquis une connaissance plus intime de leur condition devant Dieu, ils découvrent leur faiblesse et leur impuissance radicale devant lui, c’est pourquoi ils se cachent. Ici, d’autres auteurs objecteront peut-être qu’il y a aussi un aspect interpersonnel dans cette découverte de la nudité. Quoi qu’il en soit, le livre est convaincant et ses conclusions sont éclairantes. Peut-être le raisonnement est-il parfois un peu confus. On aurait eu avantage à mieux sérier les types d’arguments. Une certaine connaissance du langage technique de l’exégèse n’est pas inutile pour aborder ce livre vigoureux. – J.-L. S.

Un récit biblique peut faire l’objet d’approches bien différentes ; la littérature et l’art peuvent en répercuter l’écho à travers les âges selon des modalités et des tours parfois surprenants. C’est ce que R. Couffignal veut faire saisir dans son étude sur la lutte de Jacob avec l’ange [19]. Après deux analyses structurales selon les méthodes de V. Propp et de A. J. Greimas, et une analyse psychanalytique, l’auteur parcourt rapidement les siècles pour se consacrer principalement aux diverses interprétations dans la littérature contemporaine. Quatre constantes se retrouvent à travers les âges : la description d’un combat ; celui-ci se déroule entre un homme et un personnage surhumain ; ceci recouvre un scénario initiatique ; et cela représente en même temps certains rapports de l’homme avec Dieu. L’auteur fait montre d’une grande érudition et d’une remarquable finesse d’analyse dans cette entreprise originale. L’œuvre s’adresse plutôt à des spécialistes. – J.-L. S.

Poursuivant ses études sur les Patriarches (voir Vie consacrée, 1976, 314), R. Michaud aborde l’histoire de Joseph [20] en restant fidèle à sa méthode. La première partie de ce livre est consacrée à ce que l’histoire peut dire du personnage Joseph et la seconde à la formation littéraire des chapitres 37 à 50 de la Genèse, qui narrent les aventures du plus célèbre des fils de Jacob. R. Michaud reprend de nombreuses données des travaux du P. de Vaux. L’histoire de Joseph serait le patrimoine d’un clan sémite, celui de Makir (Jg 5,14). Joseph fut sans doute un de ses membres, vendu et emmené en Egypte, parmi beaucoup d’autres. L’exode historique se serait déroulé en deux phases : la première fut « l’expulsion » sous les Hyksos vers 1552 et la seconde, la « fuite » de quelques tribus (Benjamin, Ephraïm, Manassé) sous la conduite de Moïse. Le clan de Makir accompagnait ce second groupe et il finit par être absorbé par lui. Les avatars de Joseph et de son clan, le jeu de l’hégémonie des diverses tribus se reflètent dans le récit biblique. La deuxième partie de l’ouvrage explique que deux contes sont à l’origine de l’histoire de Joseph : l’un est égyptien, l’autre palestinien (de Vaux, Schulte, Gressmann). L’auteur yahviste a réuni les deux récits et l’élohiste a mis davantage en relief la figure de notre héros. On admirera les qualités pédagogiques d’A. Michaud, tout en faisant, cette fois, quelques réserves sur sa démonstration. On a quelque peine à percevoir le lien entre les deux parties du livre ; le développement littéraire du thème semble devoir assez peu à l’histoire du clan de Makir. D’autre part, il ne faut pas se dissimuler la grande part d’hypothèse que contient cette reconstruction historique. Néanmoins, ces pages sont un excellent résumé des recherches récentes sur le sujet et une bonne introduction, accessible à tous, à ces chapitres de la Genèse. – J.-L. S.

L’expérience de l’Exode a servi de repère à Y. Saout [21] pour réfléchir et articuler l’expérience spirituelle qu’il a faite au Cameroun, où il a vécu parmi les plus pauvres après avoir enseigné pendant trois ans l’Écriture Sainte à Yaoundé. Il a écrit son livre en collaboration avec l’École de la foi, de Fribourg, dirigée par Jacques Loew. Le livre est une excellente vulgarisation. Il contient une fort bonne introduction à la Bible en général et à l’Exode en particulier. Le commentaire suit le texte pas à pas. Chaque chapitre est précédé par une grille de travail pour une recherche en groupe : elle aidera grandement les catéchètes et les organisateurs de sessions bibliques. Puis on explique les grands thèmes et les diverses questions d’ordre historique ou théologique, toujours de façon simple et en s’appuyant sur les connaissances actuelles de l’exégèse. L’auteur présente le livre de l’Exode et ses réactualisations successives ; le nouvel exode d’Is 40-55, l’exode de Jésus, l’exode des chrétiens et celui de l’humanité. Un livre à recommander pour sa compétence et sa clarté à tous ceux qui veulent s’initier à une lecture intelligente de l’Écriture. – J.-L. S.

Un groupe d’étudiants de l’Institut catholique de Paris a exploré le Pentateuque sous la direction de J. Briend. La collection « Le point théologique » publie les résultats les plus intéressants de ces travaux [22]. La première partie s’attaque à quelques questions de méthode. J. L. Blaquart a choisi le thème de la « parole de Dieu » chez les prophètes et il en découvre les fonctions diverses et la signification théologique. X. Durand étudie les diverses formes du sacrifice, leur organisation et leur évolution, pour les classer selon leur typologie. Le carré logique et le carré sémiotique de Greimas sont comparés par F. Bousquet, qui met en relief leur aptitude différente à faire jaillir le sens de l’Écriture. La seconde partie présente six lectures du texte. J. P. Klein explore Gn 18 au moyen de l’analyse stylistique pour en faire ressortir la cohérence. Le récit du combat de Jacob est l’objet d’un autre type d’observation : X. Durand lui applique la méthode d’analyse des contes et des modèles narratifs. On change encore de méthode à propos de Gn 22 : A. Galy se sert à la fois des grilles du structuralisme et de la stylistique, tandis que O. Sarda suit le texte au cours de son évolution et de ses différentes lectures dans la Bible et la tradition juive et chrétienne. D. Doré se penche sur le texte d’Ex 24, 1-2 et 9-11, pour en faire une analyse synchronique et diachronique, qui débouche sur les relectures d’Is 25, 5-8, et du Nouveau Testament. Enfin on passe au genre juridique dans l’étude du décalogue par D. Sentucq : ses connaissances en droit lui permettent de découvrir les différentes fonctions de cette loi, fondamentale pour le peuple élu. La théologie n’a pas été oubliée dans ces pages très diverses, qui s’adressent à des lecteurs bien au courant de ces diverses méthodes. – J.-L. S.

Le P. Marcel Jousse fut un précurseur de l’application des théories du langage à la Bible, mais il se basait uniquement sur la langue parlée en Israël à l’époque de Jésus, l’araméen. E. Moreau élargit le champ de sa recherche et nous donne ici [23] une vue d’ensemble de ses conceptions, illustrée de nombreux exemples. Le centre de son étude, c’est la mémoire humaine et les lois de la transmission des traditions orales. Le point de départ est très simple : c’est le rythme binaire, qu’on retrouve si souvent dans les versets de l’Écriture. Ensuite les hommes ont perfectionné leurs méthodes en reliant les versets par des jeux de sons, de mots et de chiffres, puis par des mots-couples, des mots-agrafes et des cycles conventionnels. Les récitatifs plus larges sont construits selon des structures fixes : alternation ou introversion (structures concentriques ou parallèles, dirions-nous). Le langage de la Bible est toujours concret. On lira avec plaisir les chapitres sur l’expression par énigmes et par images. Puis l’auteur se tourne vers le milieu du Nouveau Testament. Le livre se termine par treize « documents complémentaires », qui nous ont paru de valeur inégale (« Structures bibliques », par exemple, pèche un peu par défaut de systématisation ; « La grande antinomie : révélation et philosophie » simplifie parfois). La langue rebutera peut-être le lecteur par ses termes techniques et ses néologismes, mais on s’y habitue assez rapidement. Les intuitions du P. Jousse ont le mérite de nous faire lire la Bible avec un regard neuf, plus global et moins intellectuel. On saura gré à E. Moreau de les avoir mises en valeur. – J.-L. S.

V

La Bible de la liturgie [24] contient en un seul volume la traduction officielle de tous les textes bibliques retenus par la réforme postconciliaire pour les liturgies de la Parole. On trouve donc ici les textes complets des lectionnaires rétablis selon l’ordre de la Bible. Signalons qu’on a retenu les 70 psaumes les plus abordables dans la prière chrétienne ; leur traduction correspond, sauf pour l’un ou l’autre détail, à celle du Psautier Œcuménique Liturgique. Les quatre évangiles sont traduits intégralement, de même que l’épître aux Éphésiens, l’épître de Jacques et la première de Jean. Si les textes du Nouveau Testament couvrent 500 pages, l’Ancien occupe sensiblement la même place. On reconnaîtra cependant que l’essentiel de l’Ancien Testament a été retenu par les responsables de la réforme, comme l’avait demandé le Concile. Le volume s’achève sur 500 pages de tables remarquables. Enfin, ce qui ne fait aucun tort, la typographie remarquable est un modèle du genre. – M. G.

Sous le titre Bonnes nouvelles aujourd’hui [25], les Sociétés bibliques nous présentent une traduction du Nouveau Testament, rédigée par le Pasteur Jean-Claude Margot. Elle est accompagnée d’introductions et de plans, dus à l’abbé E. Charpentier et illustrée par les soins de Melle Annie Valloton. Par quoi se distingue ce petit volume, très maniable ? Sans doute surtout par sa langue, qui est le français courant. On a évité les termes trop abstraits et tous les mots inhabituels sont expliqués dans un glossaire en fin de volume. La traduction est suivie d’introductions concises, rédigées avec compétence, sur la formation du Nouveau Testament et les particularités de chacun de ses livres. Ce travail sera utile à ceux qui désirent approcher pour la première fois le Nouveau Testament et à ceux qui doivent y introduire un public qui lui est encore assez étranger. – J.-L. S.

Nous avons présenté l’an dernier la collection « Écouter la Bible » (Vie consacrée, 1977, 302). La publication continue avec les écrits prophétiques et les livres sapientiaux [26]. La présentation des prophètes est bien faite. En quelques pages, on est informé des sources du prophétisme, du problème des vrais et des faux prophètes, des fonctions et du langage des prophètes et des grandes périodes de leur histoire. L’introduction aux livres sapientiaux est plus concise, mais très instructive. On y trouve une esquisse de la sagesse dans le Proche-Orient antique et en Israël et une brève présentation des divers livres sapientiaux de la Bible. – J.-L. S.

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[1Introduction à la Bible. III. Introduction critique au Nouveau Testament. 3. Les épîtres apostoliques. – 4. M. E. Boismard et E. Cothenet. La tradition johannique. – 5. P. Grelot et Chr. Bigaré. L’achèvement des Écritures. 3 vol., Paris-Tournai, Desclée, 1977, 23 x 15, 336, 328 et 324 p., 590, 590 et 470 FB.

[2J.-M. Faux, s.j. La foi du Nouveau Testament. Bruxelles, Éd. de l’Institut d’Études Théologiques, 1977, 23 x 15, 402 p. – Il manque malheureusement à cet ouvrage un index des références aux textes étudiés du Nouveau Testament.

[3J. Jeremias. Le message central du Nouveau Testament. Coll. Foi vivante, 175. Paris, Éd. du Cerf, 1976, 18 x 11, 124 p.

[4M. Hengel. Jésus, Fils de Dieu. Coll. Lectio divina, 94. Paris, Éd. du Cerf, 1977, 22 x 14, 160 p., 36 FF.

[5H. Schürmann. Comment Jésus a-t-il vécu sa mort ? Exégèse et théologie. Coll. Lectio divina, 93. Paris, Éd. du Cerf, 1977, 22 x 14, 188 p., 52 FF.

[6J. Dupont. Pourquoi des paraboles ? La méthode parabolique de Jésus. Coll. Lire la Bible, 46. Paris, Éd. du Cerf, 1977, 19 x 14, 120 p., 25 FF.

[7O. Cullmann. Le milieu johannique. Étude sur l’origine de l’évangile de Jean. Coll. Le monde de la Bible. Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1976, 23 x 15, 156 p.

[8Les miracles de Jésus selon le Nouveau Testament. Coll. Parole de Dieu. Paris, Éd. du Seuil, 1977, 21 x 14, 396 p.

[9Sœur Jeanne d’Arc. Les pèlerins d’Emmaüs. Coll. Lire la Bible, 47. Paris, Éd. du Cerf, 1977, 19 x 14, 210 p., 2 h.-t., 42 FF.

[10Apocalypses et théologie de l’espérance. Coll. Lectio divina, 95. Paris, Éd. du Cerf, 1977, 22 x 14, 486 p., 95 FF.

[11Saint Jérôme. Commentaire sur saint Matthieu. I. Coll. Sources chrétiennes, 242. Paris, Éd. du Cerf, 1977, 20 x 13, 340 p., 172 FF.

[12X. Léon-Dufour. Dictionnaire du Nouveau Testament. 2e éd. revue. Coll. Livre de vie, 131. Paris, Éd. du Seuil, 574 p.

[13L. Jacquet. Les psaumes et le cœur de l’homme. Étude textuelle, littéraire et doctrinale. II : Psaumes 42 à 100. Gembloux, Éd. Duculot, 1977, 25 x 16, 855 p., 1.650 FB.

[14Présence et permanence du Psautier chrétien. Paris, Éd. Téqui, 1977, 23 x 14, 398 p. Voir Vie consacrée, 1976, 307.

[15Le psautier. Version œcuménique. Texte liturgique. Paris, Éd. du Cerf, 1977, 18 x 11, 381 p., 27 FF.

[16Voir Vie consacrée, 1977, 304.

[17A. Maillot. Jonas (ou les farces de Dieu). Sophonie (ou l’erreur de Dieu). Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1977, 21 x 15, 134 p.

[18Ch. Resplandis. Le fruit défendu de Genèse 2-3. Étude exégétique. Paris, Le Centurion, 1977, 20 x 13, 126 p.

[19R. Couffignal. La lutte avec l’ange. Le récit de la Genèse et sa fortune littéraire. Coll. Publications de l’Université de Toulouse-le-Mirail. Série A, 36. Toulouse-le-Mirail, Publications de l’Université, 1977, 24 x 16, 110 p.

[20R. Michaud. L’histoire de Joseph, le Makirite (Genèse 37-50). Coll. Lire la Bible, 45, Paris, Éd. du Cerf, 1976, 19 x 14, 160 p., 32 FF.

[21Y. Saout. Le grand souffle de l’Exode. Coll. École de la foi. Paris, Fayard-Marne, 1977, 22 x 14, 270 p., 48 FF.

[22L’Ancien Testament. Approches et lectures. Des procédures de travail à la théologie. Coll. Le point théologique, 24. Paris, Beauchesne, 1977, 22 x 13, 208 p., 43 FF.

[23E. Moreau. De bouche à bouche. La Bible, transmission vivante. Coll. Lumière du monde. Montsurs, Éd. Résiac, 1977, 19 x 13, 212 p.

[24La Bible. Traduction officielle de la liturgie. Paris, Centre National de Pastorale Liturgique, Desclée De Brouwer, Droguet-Ardant, 1977, 17 x 10, 1358 p., 470 FB.

[25Bonnes nouvelles aujourd’hui. Le Nouveau Testament traduit en français courant d’après le texte grec. Paris, Société biblique, 1977, 18 x 11, 694 p.

[26Écouter la Bible (coll.). Desclée De Brouwer, Droguet-Ardant, 1977, 21 x 13. – N° 9 : Ézékiel. Les Lamentations. Prophètes au temps de l’Exil. 126 p., 230 FB. – N° 13 : Le livre des Proverbes, Job. L’Ecclésiaste. La sagesse d’Israël. 140 p., 262 FB.

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