Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Ces trois vœux que reçoit l’Église

Noëlle Hausman, s.c.m.

N°1978-2 Mars 1978

| P. 110-111 |

Vivre les vœux, c’est une invitation à entrer dans un travail spirituel où se trouvent engagées toutes les dimensions de notre personnalité, accueillie dans l’Église. C’est ce qu’évoque ici une jeune religieuse.

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Se vouer à Dieu

Dans la pauvreté

L’objet du travail spirituel est ici le rapport nouveau à instaurer entre moi et les choses, moi et le monde. La volonté de choisir Dieu avant tout va se signifier très précisément dans des comportements extérieurement repérables. Au point de vue du temps, cela se marque par un accueil prompt des événements qui adviennent. Cette volonté et cet accueil sont le fruit d’un combat spirituel qui est d’abord senti comme « mon combat », celui dont je suis l’acteur irremplaçable, puisque j’ai à engager ma liberté entièrement. Déjà se laisse discerner la transformation lente et sûre que l’Esprit Saint opère en mes choix. Par lui, je commence à voir se dessiner le visage du Christ auquel je veux ressembler et qui m’appelle à le choisir dans l’amour.

Dans la chasteté

Le champ de perception se spécifie alors comme la relation entre mon Seigneur et moi, entre moi qui dis le et lui à qui je m’adresse de front : Tu. Le souvenir qui prend corps en moi de ce qu’il est en ses mystères de vie, de mort et de résurrection me séduit ; toutes les énergies sont alors absorbées dans ce dialogue amoureux qui devient, au concret, « mon combat pour toi ». Dans les obscurités de la chair et du sang, dans ces avancées et ces reculs de la transparence de tout l’être à sa prévenance, le temps passé pour lui dans l’oraison est offrande à son initiative : « mon combat pour toi » n’est que la première apparence de « ton combat en moi ». Entrant dans cette passivité mortifiante, je suis mis à la suite de Jésus sur ce chemin où son amour l’a conduit au-delà de sa vie, hors des murs de Jérusalem.

Dans l’obéissance

Dans ce surcroît d’amour où le Christ apparaît comme toujours en avant de soi, se donne l’expérience d’une relation plus profonde encore, après laquelle plus rien n’est à attendre : il est le Fils du Père dont le visage apparaît dans la mort du Bien-Aimé. La démission irréversible de tout l’être qui est ici requise et qui est bien l’expérience symbolique (donc réelle déjà) de la mort, est perçue alors comme « le combat spirituel du Christ pour Dieu ». Jésus est ce Premier-Né dont j’apprends à dire que lui s’est livré pour moi. De ce désistement radical naîtra une intelligence nouvelle : le Père voit comme Jésus le monde et il m’est donné de le voir ainsi. Telle est la miséricorde ultime où je me trouve désormais éternellement justifié.

Mon histoire était devenue, par l’Esprit Saint, histoire d’alliance avec Jésus-Christ ; elle est maintenant révélée comme un don du Père. Ce don m’est fait pour le salut du monde de mes frères. C’est ce que l’Église me donne de reconnaître en me recevant comme une figure de son mystère.

Être reçu par l’Église

Ce qui fut vécu jusqu’à présent dans l’instant des événements, la durée de l’oraison, l’irréversibilité de la générosité divine peut maintenant se déployer sans mesure au rythme quotidien de l’amour partagé. Pour que la solitude d’un cheminement sans pareil se découvre enfin comme puissance de communion à tous, il y faut le regard et la parole aimante de l’Église. Non certes que l’on ait marché jusque là loin de ses entrailles : rien n’aurait existé sans la sollicitude de ceux qui ont balisé la route, connus ou inconnus ; et rien n’aurait grandi sans la prévenance de qui a montré pas à pas la lumière spirituelle, que cela soit reconnu ou non.

Mais il s’agit ici d’un consentement plénier à la voix de l’Épouse qui appelle à la représenter aux yeux de tous, et à porter le nom de Jésus jusqu’aux extrémités de la terre. C’est l’heure de la mission universelle, c’est le temps d’accueillir réellement déjà ces cieux nouveaux, cette terre nouvelle de la promesse du Seigneur qui vient. Lui est pour moi et moi pour lui, dira-t-on, à la suite du Cantique des Cantiques. Et certes, si je lui suis si bien remis, c’est qu’il se remet à moi. Cette mutuelle déférence, cet effacement toujours renouvelé, n’a d’autre fruit que l’insurpassable fécondité de l’Église. Par elle tout homme se trouve inscrit au cœur de Dieu ; qui s’unit au Seigneur fait avec lui un seul Esprit (1 Co 6,17). En cet amour demeurent le Père et le Fils, eux en nous, nous en eux.

Terhulpensteenweg 719
Maleisen, B - 1900 OVERIJSE, Belgique

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