Éditorial
Vies Consacrées
N°1978-1 • Janvier 1978
| P. 5-6 |
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L’heure des religieux ? C’est le titre d’un livre du théologien allemand Jean-Baptiste Metz, sorti de presse ces mois-ci. Les Ordres religieux, nous dit-il – et cela vaut de toute vie consacrée – ont toujours été dans l’histoire un « terrain d’exercice » de l’Église dans de nouvelles situations culturelles et socio-économiques, une sorte de « thérapie de choc » de l’Esprit Saint. Ils surgissent d’en-bas, en des temps difficiles, des temps de crise et d’incertitude, lorsque l’Église ne parvient plus à donner une réponse à la situation, lorsqu’elle est tentée de s’adapter au monde.
Notre époque de mutations radicales et globales en sera-t-elle pour autant « l’heure des religieux », de la vie consacrée sous ses multiples formes ? Il est bon de nous poser la question avec force. Car si la vigueur évangélique de la suite du Christ s’émoussait dans nos vies, quelle serait encore notre raison d’être ? Et ne sommes-nous pas tentés dans nos pays riches de nous aligner sur une honnête médiocrité ? Avons-nous encore assez l’humble audace de la contemplation vivante de Jésus, de son mystère, et du témoignage prophétique d’un monde nouveau ?
C’est sur cet arrière-fond et dans la conscience de ces enjeux que le Conseil de rédaction, réuni en septembre dernier à Paris, s’est posé la question : « La vie religieuse active a-t-elle encore sa raison d’être ? ».
Question abrupte dans sa formulation, mais elle nous a permis d’entamer une réflexion que nous espérons poursuivre. Dans cette ligne, l’article du Père Arrupe paru ici même en novembre dernier, « L’expérience de Dieu dans la vie religieuse. Nouveaux défis et chances actuelles », montrait comment nous nous trouvons confrontés à un exode spirituel qui nous contraint à sortir de notre monde intérieur, de nos habitudes, de nos attaches, pour aller vers une terre inconnue. « Nous sommes invités aujourd’hui à articuler – théologiquement, existentiellement et sur le plan institutionnel – et à intégrer notre insertion spécifique dans le monde avec notre expérience spécifique de Dieu, non seulement en théorie, mais dans des figures concrètes que l’Esprit suscite au milieu de nous ».
Cela demande un effort de lucidité pour analyser sereinement ce problème, ses causes, ses racines culturelles et spirituelles, et un souci d’authenticité pour confronter loyalement la vie religieuse et consacrée d’aujourd’hui avec ses propres sources et le fait évangélique originel.
C’est cet effort que nous voudrions poursuivre dans notre réflexion. Vous savez combien nous avons besoin pour cela de votre fidélité et de votre collaboration. Car c’est en communion avec ceux et celles qui marchent à la suite du Christ que nous pouvons apporter notre part, heureux des réactions que pourra susciter cette recherche.