Théologie de la vie religieuse
Bulletin bibliographique
Léon Renwart, s.j.
N°1977-1 • Janvier 1977
| P. 48-63 |
Les envois que les éditeurs ont eu l’obligeance de nous faire cette année ont été rassemblés sous cinq rubriques. La première concerne trois importants ouvrages de consultation. Viennent ensuite les livres qui traitent de la vocation et de la fidélité à celle-ci. Dans un troisième groupe, seront rassemblés ceux qui traitent de la vie religieuse dans son ensemble. Suivra une quatrième série, qui réunira un problème particulier (la pauvreté) et certains types de vocation. En cinquième lieu, seront présentés deux ouvrages sur le droit canonique, actuel et futur.
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I
Avec une belle fidélité, les éditeurs du Dizionario degli Istituti di Perfezione nous offrent le tome III de leur encyclopédie [1]. Digne en tous points des éloges décernés aux volumes précédents, celui-ci s’ouvre par une présentation détaillée des Frères Mineurs Conventuels ; si les Dominicaines du deuxième et du troisième Ordres y sont elles aussi abondamment représentées, le Premier Ordre, les Frères Prêcheurs, devra attendre le prochain volume. Un très grand nombre d’autres notices, plus ou moins brèves, présentent d’autres Instituts, leurs fondateurs et fondatrices ou leurs personnages éminents. Nos frères séparés ne sont pas oubliés (monastères coptes, diaconesses anglicanes et luthériennes ainsi que plusieurs de leurs fondations), ni les religions non chrétiennes (Coran, diverses notions concernant l’hindouisme, et même une notice sur les druides). Le droit ecclésiastique est largement représenté, non seulement au mot « droit », mais encore à propos de la dispense, des documents pontificaux d’approbation, des élections, des facultés et privilèges, etc. Ce qui nous a paru le mieux représenté (par le hasard de l’ordre alphabétique), c’est l’aspect psychologique et moral (crise de la vocation personnelle, direction spirituelle, discernement des vocations, aspect psychologique de l’extinction des Instituts, évolution de la vie religieuse, sa phénoménologie, etc.). On ne peut tout dire, mais nous nous en voudrions de ne pas signaler encore un long article, abondamment illustré, sur le costume religieux. Que tous ceux qui collaborent à cette œuvre si utile en soient remerciés ; nos vœux les accompagnent dans leur effort persévérant pour mener à bon terme un travail si bien commencé.
Prévu pour paraître en deux tomes, le Dizionario enddopedico di Spiritualité [2] se propose d’informer et de former en ce qui concerne les problèmes de la doctrine et de la vie spirituelles (même non chrétiennes). De caractère principalement doctrinal (mais dans une présentation adaptée à l’homme d’aujourd’hui), ce dictionnaire s’intéresse aussi à l’histoire (brèves notices) et développe plus largement les considérations psychologiques, importantes pour la vie spirituelle. La bibliographie cite de préférence des monographies. Un index systématique est prévu à la fin du tome II : il aidera à faire les recoupements qui s’imposent entre notions apparentées. Un bref relevé de quelques notices plus détaillées donnera un aperçu de la manière dont ce projet a été réalisé. Les Pères de l’Église et les maîtres de la vie spirituelle se voient consacrer des notices qui atteignent parfois plusieurs pages. Les grands thèmes de la spiritualité sont examinés, par exemple la charité(amour), les conseils évangéliques (position nuancée sur leur rapport à la perfection chrétienne et leur fondement dans l’Écriture), le dialogue (que l’on veille d’abord à bien définir), la grâce, la grâce d’état (orientée à la croissance de la charité, mais qui n’a pas pour effet de suppléer à la compétence), l’imperfection positive (dont on montre bien pourquoi elle est un péché véniel), l’érémitisme (où l’on regrettera que rien ne soit dit de son renouveau actuel en Occident). Les spiritualités non chrétiennes (bouddhisme, hindouisme, islamisme, jaïnisme) ne sont pas oubliées. – Ceci suffira, croyons-nous, à montrer l’intérêt de cet ouvrage, dont nous espérons pouvoir annoncer l’achèvement dans notre prochaine chronique.
Avec une grande régularité, l’équipe qui s’est donné pour tâche la confection de la Bibliographia Internationalis Spiritualitatis nous présente son septième volume annuel [3], couvrant l’année 1972. Nous avons dit précédemment tout l’intérêt que présente ce travail, dont le champ déborde largement la vie des Instituts religieux (ceux-ci y trouveront néanmoins plus de 250 références les concernant directement ; les Instituts Séculiers en découvriront une bonne vingtaine). Mais la variété et la richesse des sujets traités sera l’occasion d’une ouverture fructueuse sur l’ensemble de la spiritualité. Le volume actuel mérite les mêmes éloges que ses prédécesseurs ; il réveille aussi chez nous le désir de voir diminuer l’intervalle entre la date des ouvrages signalés et celle de la parution du volume. Si c’est demander l’impossible, que les rédacteurs y voient simplement la preuve de l’intérêt suscité par leur publication.
II
Psychologie de la vocation, du P. André Godin [4], est un inventaire instructif des recherches psychologiques sur la vocation sacerdotale ou religieuse masculine durant ces quinze dernières années. On pouvait craindre un bilan fort négatif, surtout en une période de transition comme celle que nous vivons. Certes, ces pages montrent bien que, face aux questions qu’on leur posait, des psychologues ont parfois cherché à répondre sans en avoir les moyens ; elles décèlent aussi la faiblesse de certains instruments (les tests, par exemple). Mais la recherche révèle aussi quelques acquisitions majeures. La plus importante est la découverte d’une connexion fréquemment confirmée entre une structure affective dominée par l’image maternelle et la décision en faveur d’un état de vie incluant le célibat ; cette disposition, largement inconsciente, se montre favorable à court terme, mais devient source de problèmes sérieux par la suite. Autre conclusion majeure : la crise dans la vocation résulte le plus souvent d’un sentiment d’impuissance devant des structures institutionnelles difficilement modifiables, ces tensions se condensent ensuite autour du problème du célibat. De même, on perçoit plus nettement la distinction entre les facteurs qui influent sur la décision vocationnelle (le psychologue peut aider à en prendre une connaissance plus exacte) et ceux qui commandent la persévérance, l’efficacité dans l’action et la capacité d’y trouver signification à la réussite comme à l’échec (ils sont difficilement décelables à l’entrée). – Si ces pages s’adressent surtout aux conseillers spirituels, aux responsables de la formation et aux psychologues, elles sont, pour l’essentiel, accessibles au lecteur cultivé, même non spécialisé.
La vocation [5], cahier publié en collaboration sous la direction de L. Dingemans, O. P., se présente comme un premier regroupement des études consacrées à la vocation, dans les domaines surtout qui ont été abordés de préférence durant ces dernières années. Le P. A. Godin nous donne un bilan des recherches psychologiques, qui reproduit plusieurs chapitres du livre analysé ci-dessus. Jean Remy et son plus proche collaborateur, E. Servais, se partagent l’investigation sociologique. A partir de trois textes où les intéressés énoncent leur vocation, le Chanoine J. Pirlot tente une approche philosophique du contenu et des présupposés de cette démarche (cette contribution nous a paru vraiment intéressante). L’Abbé A. Gesché, dans une étude digne elle aussi d’être remarquée, examine la légitimité de formules telles que « l’appel de Dieu » appliquées à la vocation ; il conclut par l’affirmative, tout en reconnaissant que seul celui qui bénéficie de cet appel est à même d’en reconnaître ou d’en pressentir toute la réalité. Dans un survol de l’histoire, l’Abbé A. Tihon nous esquisse les circonstances sociales et politiques qui ont influencé les vocations sacerdotales et religieuses, leur nombre et leur valeur (ou leurs déficiences). Trois contributions se partagent le domaine plus proprement théologique. C’est au Pasteur P. Le Fort qu’on a demandé de présenter la vocation dans le Nouveau Testament, il réussit ce tour de force de l’exposer sans toucher aux points cruciaux qui séparent catholiques et protestants en ce domaine ; ceci nous laisse, hélas, sur notre faim. Plus décevantes encore, malgré les considérations intéressantes qu’elles renferment, sont les contributions des PP. I. Berten et L. Dingemans : l’un et l’autre arrivent à nous parler du Christ et de la vocation, puis de la vocation comme phénomène d’Église sans s’appuyer sur le fait que Jésus de Nazareth est aussi le propre Fils de Dieu. S’ils redécouvrent et mettent en lumière « la pleine humanité de Jésus », ils laissent tellement dans l’ombre sa divinité que, pour éviter Charybde (le docétisme signalé p. 137), ils nous font échouer en Scylla (un adoptianisme qui ne valorise plus que l’humanité du Christ).
Inventer la fidélité au temps des certitudes provisoires, de Vincent Ayel [6], comporte trois parties. La première est une analyse psycho-sociologique des interrogations actuelles qui rendent les engagements plus coûteux et font peser un soupçon sur la fidélité. La seconde partie nous invite à découvrir la signification anthropologique de l’engagement, élément constitutif de l’existence humaine, à comprendre la fidélité vraie et à la distinguer de ses égarements, puis elle nous montre comment la fidélité, affrontée au mystère du temps, peut être un piège ou une libération, selon l’image qu’on se fait d’elle et de la personne. Une troisième partie nous esquisse le retournement évangélique à consentir : c’est d’abord Dieu qui s’engage et qui est fidèle, l’homme ne fait que répondre à l’engagement et à la fidélité de Dieu.
Les analyses psycho-sociologiques sont révélatrices du climat dans lequel nous baignons, elles mettent bien en lumière pourquoi il est plus difficile à l’homme d’aujourd’hui de croire à la valeur de la fidélité. La recherche anthropologique aboutit, elle aussi, à nombre de réflexions éclairantes, par exemple : il est nécessaire de s’engager si l’on veut exister au sens plénier du terme ; la fidélité, à parler en rigueur de termes, s’adresse toujours à des personnes. On notera également une bonne discussion du conflit fidélité/sincérité et une fine analyse de la différence entre spontanéité et sincérité : ceci éclaire en quel sens profond est « vrai » avec lui-même celui qui s’efforce de rester fidèle. On regrettera d’autant plus – sans en faire un reproche à l’auteur – qu’il ne lui ait pas été possible de développer sa troisième partie : il y eût fallu un volume, nous dit-il. Nous le croyons volontiers, mais espérons qu’il nous le donnera bientôt, car c’est à ce niveau du retournement évangélique que se situent les problèmes concrets de la fidélité chrétienne, dans le mariage et dans la vie religieuse.
Après la théorie, voyons la pratique. Les trois ouvrages ci-dessous nous racontent chacun l’expérience d’une vie consacrée. Il y aurait profit, croyons-nous, à en rapprocher la lecture et à se demander ce qui fait, d’après les confidences mêmes des auteurs, que Bernard Besret se décrit comme un joueur qui n’accepte plus les règles, mais prétend bien rester sur le terrain, que Françoise Vandermeersch reconnaît une telle importance à sa rencontre avec Dieu dans l’aujourd’hui que l’au-delà pourrait, à la limite, ne plus exister, que le Père Carré reconnaît, à la base de sa fidélité, un Amour qui sans cesse le devance et l’invite, chaque jour, non à continuer mais à commencer sa route.
L’idée de conserver à De commencement en commencement [7] la forme d’une interview nous paraît heureuse : ces entretiens familiers mettent bien en lumière l’attrait exercé par la personnalité attachante de Bernard Besret et son don de vibrer en harmonie avec les grands courants qui agitent une époque à la recherche d’un supplément d’âme. Cette forme plus libre, l’auteur le note en passant, permet aussi d’énoncer des hypothèses et des suggestions intéressantes sans être tenu d’en fournir une justification rigoureuse. L’envers de la médaille est le danger d’un certain laisser-aller, dans les idées ou dans les expressions ; nous n’oserions affirmer que l’auteur l’évite toujours.
Par le sous-titre que Besret donne à son ouvrage, il nous invite à rechercher la racine de cette « déviance » dont il nous décrit l’itinéraire. S’il ne nous avait pas donné lui-même, dans un dernier chapitre « Ce que je crois », des pages fort révélatrices, nous n’oserions guère avancer ce que nous allons écrire : ce qui a manqué à Bernard Besret, c’est la rencontre avec le Fils unique de Dieu incarné par amour pour nous ; il n’a pas encore découvert ce qui fait que Jésus n’est pas seulement une des voies, fût-ce une voie royale, mais bien Tunique voie possible pour aller à Dieu [8]. Et ceci explique, croyons-nous, toutes ses « déviances » : à propos des sacrements, du sacerdoce, du célibat consacré, du mariage indissoluble, etc.
Dans sa conclusion, l’auteur déclare n’avoir pas l’intention de se laisser « normaliser » par une exclusion qui le renverrait dans la case, de plus en plus vaste, des « hors-jeu », mais il revendique aussi le droit de vivre hors modèle, dans la singularité de son expérience personnelle et il entend bien rester, tel quel, dans le jeu. On serait tenté de lui demander s’il ne serait pas plus élégant, pour un joueur qui revendique pareille indépendance, de quitter tout simplement le terrain. Mais nous préférons lui souhaiter que le temps de réflexion qu’il s’est donné lui soit l’occasion de rencontrer personnellement, selon tout ce qu’il est, ce Jésus dont il ne semble avoir encore découvert que le visage humain.
« Transcription de sentiments et de réflexions personnels », La vie en face [9] nous donne « une série d’instantanés » de l’existence mouvementée à laquelle fut mêlée Sœur Vandermeersch. Cette plaquette rapporte les circonstances qui la lancèrent dans l’actualité et la poussèrent « au grand large » ; elle nous décrit aussi l’histoire de sa foi, « représentative d’une expérience assez commune ». On y admirera une âme fortement trempée, « viscéralement attachée au Christ », que la sincérité envers elle-même fait agir selon sa conscience, mais qui se reconnaît aussi un tempérament « fonceur » : on en aura le témoignage dans certains jugements sommaires, pour lesquels plus de nuances n’auraient certes pas fait de tort. Il est un point surtout qui nous étonne (dans la mesure où il ne faut pas y voir un jugement à l’emporte-pièce) : ce que Sœur Françoise dit de l’au-delà et qu’elle résume en ces mots : « S’il n’y avait rien après la mort, la vie conserverait tout son sens pour moi » (p. 129). Il est piquant de trouver pareille déclaration sous la plume d’une Auxiliatrice du Purgatoire, mais elle nous pose un problème plus profond : comment se fait-il que l’attachement passionné de Sœur Vandermeersch pour le Christ ne l’ait point amenée à percevoir vitalement (ce n’est pas d’abord une question de théologie, domaine dans lequel elle se proclame « analphabète ») cette dimension de l’Amour, dont Jésus nous apprend qu’il est l’essentiel ? Si Dieu nous aime au point de nous donner son Fils dans l’incarnation, ceci nous révèle à la fois l’importance de notre vie humaine (Jésus a partagé notre condition en tout, hormis le péché) et combien l’offre divine, qui ne se réalise ni après, ni à côté, ni en dehors, mais dans et par notre existence humaine, en dépasse infiniment les plus belles réalisations terrestres : si c’est bien dans l’aujourd’hui que je rencontre déjà Dieu, son amour, plus fort que la mort, ne m’a pas encore révélé tout ce qu’il me prépare, à moi et à tous mes frères.
Dans Chaque jour je commence, le P. A.M. Carré, O.P. [10], nous livre, en des confidences autobiographiques, le meilleur de lui-même, la source où s’alimente sa fidélité (qui est un perpétuel renouveau) et les convictions qui ont dirigé et fécondé son activité multiforme. Ces pages ne se résument pas, elles se lisent et se savourent lentement. Écrites dans une langue d’une admirable simplicité, elles nous font pressentir ce qui est au cœur de toute fidélité chrétienne : un amour sans cesse renouvelé pour celui qui « nous crée à longueur de vie », selon l’expression de Teilhard qui enchante notre auteur. Car « être libre, c’est se trouver devant un choix : continuer la route, ou commencer la route » (p. 17, souligné par l’auteur). Et cela suppose que l’amour de Dieu pour nous nous devance sans cesse. – Pages tonifiantes, vivement recommandées, car elles nous semblent un bel exemple d’épanouissement dans une fidélité qui se remet sans cesse dans le droit fil de la vocation.
III
Glanées parmi les messages de ces dernières années de l’évêque de Saint-Jean-de-Québec, les pensées recueillies sous le titre Mgr Gérard-M. Coderre parle aux religieux et religieuses [11] gardent leur puissance d’interpellation : elles rappellent aux religieux et aux religieuses ce que l’Église attend d’eux : « c’est de faire la preuve que le Christ peut être la raison unique d’une existence humaine » (p. 13).
Dans ces Confessions et réflexions, le P. Maurice Lafond [12] nous livre les pages de son journal qui décrivent et jugent l’évolution de la vie religieuse telle qu’il l’a vécue au Québec. Son texte est émaillé de quelques expressions canadiennes ; elles ajoutent une saveur locale à une langue vigoureuse et drue, au service d’une pensée saine et profondément religieuse. Parmi les chapitres d’inégale valeur, mais où il y a toujours à glaner, l’un mérite une mention spéciale, celui que l’auteur intitule, non sans humour, « Les amours d’un célibataire ». Avec beaucoup de bon sens et une perception très juste des valeurs en cause (et notamment de la place exclusive que le Seigneur veut avoir dans la vie et dans le cœur des consacrés), il dégonfle pas mal de baudruches, par exemple l’aspect « providentiel » de la rencontre d’une personne de l’autre sexe devant laquelle on a la claire vision d’une expérience à deux possible et valable. M. Lafond note tout d’abord que pareille rencontre est normale dans une vie d’adulte ; la prise de conscience qui en résulte n’a pas pour cause nécessaire un relâchement de ferveur. Mais, estime à bon droit l’auteur, celui qui fait pareille rencontre est mis « en situation de grâce », non que cet amour possible lui soit offert par Dieu pour l’épanouir, mais parce que, normalement, la vie l’accule au second choix, celui de l’adulte qui sait, qui se connaît et connaît la vie et que Dieu invite à re-faire profession de célibat, dans un renoncement qui a pris forme concrète. Puissent ces pages lucides et claires, qui rejoignent les constatations et les confidences d’autres consacrés qui sont passés par la même épreuve [13], aider religieux et religieuses qui se croiraient trop facilement appelés à vivre l’un pour l’autre un « amour sélectif » à percevoir leurs illusions et les sophismes dont elles se nourrissent si facilement.
M.-A. Santaner a écrit Aux approches d’Assise [14] à l’intention des religieux qui ont répondu à l’invitation de Vatican II et ont cherché à se trouver une place « au sein du monde » et en solidarité avec lui. Ces pages veulent s’efforcer de bien poser la question qu’ils portent, plus ou moins heureusement formulée, au-dedans d’eux-mêmes : « Pour des religieux ou religieuses devenus par leur insertion dans la vie de vrais hommes et de vraies femmes au même titre que les autres hommes et les autres femmes de leur temps, exister comme communauté religieuse a-t-il encore un sens ? » (p. 27). Ceci l’amène d’abord à refaire la démarche de ces dix dernières années sur l’axe d’une avancée vers l’exercice d’une responsabilité personnelle de plus en plus effective. Il précise comme suit l’essentiel de la difficulté concernant la vie religieuse en congrégation : « on doute précisément (qu’elle) soit primordialement chrétienne et vise à mettre sous l’Esprit du Christ la totalité de l’existence quotidienne » (p. 41). Pour y répondre, il propose une reformulation des vœux : il les rattache, par une construction ingénieuse, aux trois Personnes divines et aux trois fonctions traditionnelles du Christ. Puis il réexamine le rapport entre communauté et mission. Une dernière partie s’efforce de retrouver le sens de l’expression trop connue « suivre le Christ » : cela suppose que l’on soit prêt, dans son pays et pour lui, à « se renier » et à être rejeté comme renégat, sous le reproche de n’être pas un inconditionnel du monde auquel on appartient pourtant.
Il est difficile d’apprécier équitablement ces pages : elles comportent de nombreux éléments positifs, mais la médaille a aussi son revers. Voir dans la chasteté vécue par le religieux « une démarche où l’être humain s’engage à dire qui il est, par le jeu des relations vécues à la suite du Christ », et à aider les autres à faire de même (notamment dans la vie en communauté), est une vue intéressante, capable d’enrichir notre perception de ce vœu. Mais elle en omet l’aspect spécifique : le célibat pour le Royaume (l’auteur lui-même reconnaît que cette vérité humaine peut se vivre dans le mariage). Si la présentation du vœu de pauvreté reste plus proche des vues traditionnelles tout en s’ouvrant à d’intéressantes considérations sur la réciprocité dans le don de ce qu’on a et de ce qu’on est, ce qui est dit de l’obéissance appelle de nouveau des remarques : idéalement, elle doit nous amener à la liberté royale des fils de Dieu, mais pourquoi rien n’est-il dit de l’holocauste de la volonté propre, pourquoi aucun écho n’est-il fait à He 5,8 : « Tout Fils qu’il était, (le Christ) apprit, par ses propres souffrances, l’obéissance » ? S’il est vrai que « l’appartenance à une même congrégation est ressentie à travers le soutien mutuel qu’on se doit et qu’on s’apporte pour devenir de plus en plus, dans les situations à vivre, de vrais hommes et de vraies femmes » (p. 59), il est déjà moins exact d’assigner comme contenu au vœu profond qu’une congrégation religieuse poursuit comme telle « le plein achèvement de ceux qui forment le groupe, chacun selon l’identité qui est la sienne » (p. 86) et de décrire avant tout les religieux qui ont réussi l’aggiornamento demandé par Vatican II comme « redevenus de vrais hommes et de vraies femmes dans le rapport au monde humain du temps qui est le leur » (p. 152, cf. p. 30, 33, 63, 69, 75, 82, 85, etc.). Non certes que cet épanouissement ne soit souhaitable, mais il n’est ni le but ni le moteur de la vie religieuse : celle-ci est mue par un amour personnel pour Jésus qui appelle à le suivre dans cette voie. Ici aussi se réalise le paradoxe évangélique : « Qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais celui qui perd sa vie à cause de moi la trouvera » (Mt 16,25) : celui qui se livrera tout entier au Christ, « haïssant jusqu’à sa vie même » (Lc 14,33) recevra le centuple, même en épanouissement humain ; mais celui qui se proposerait cet épanouissement comme but serait sur la voie de la perdition. Telle n’est assurément pas l’intention de l’auteur de ces pages, mais le danger est réel qu’elles soient interprétées de la sorte.
Sous un titre quelque peu déroutant, Les religieuses sont-elles des femmes ?, Marie-Josèphe Aubert [15] étudie le problème suivant : dans quelle mesure l’image de la « femme moderne », en rapide évolution, influence-t-elle ou non les modifications ou les refus de changer des religieuses de France ? Ces pages sont le fruit de cinq années d’interviews (1969-1974) dans lesquelles l’auteur s’est efforcée, en bonne psychologue, de réaliser un échantillonnage représentatif. A sa compétence technique, s’ajoute un vif intérêt personnel pour la vocation religieuse et un désir de consécration à Dieu (elle s’est faite ermite).
Ceci nous donne un ouvrage où compétence, clairvoyance et sympathie pour l’idéal en cause se conjuguent pour déboucher sur un diagnostic qui a de grandes chances d’être proche du réel. Ces pages nous montrent les religieuses telles qu’on les voit, telles aussi qu’elles se perçoivent elles-mêmes, qu’il s’agisse de la symbolique de la religieuse (habit, clôture, langage), de sa situation dans le monde (les « autres », le travail, l’argent, l’engagement politique) ou de sa personne (rapports avec les supérieures et les prêtres). Parce qu’il s’efforce d’être objectif, le tableau qui nous est dépeint ne sera pas au goût de tout le monde, car, s’il relève ce qui est digne d’éloge, il ne dissimule pas non plus les ombres, que ce soit chez les religieuses (dans des comportements d’avant-garde aussi bien que dans des repliements craintifs sur un passé sécurisant) ou chez les prêtres (jugements sévères, mais sans doute fondés, sur des aumôniers « détraquants », des prêtres mal situés dans leur célibat, sur ceux qui exploitent les religieuses ou s’en désintéressent, mais aussi sur les « naïfs » que l’on trompe sciemment ; on note aussi qu’il y a de bons aumôniers). Il serait regrettable que ce diagnostic, qui s’efforce d’être vrai, soit rejeté parce que cela nous déplaît de nous voir tels que nous sommes (un peu comme la femme qui briserait le miroir dans lequel elle aperçoit ses premières rides). Cette prise de conscience, désagréable (nul n’en disconvient), est le stade premier et indispensable de tout progrès vers une meilleure incarnation de l’appel qui spécifie la vie religieuse. Aussi recommandons-nous tout spécialement le « jugement de valeur » auquel l’auteur s’essaie dans les dernières pages de son ouvrage et qu’elle résume en ces mots : « Dans la mesure où l’absolu évangélique ne constitue plus le contenu du projet de vie (des Ordres religieux), ils ne sont plus spécifiques... ils cessent d’exister » (p. 294).
IV
L’Abbé Hiombo-Nguwa, Recteur du Grand Séminaire de Kananga, ayant été amené par ses fonctions à entrer en contacts fréquents avec les religieuses de son diocèse, nous livre, dans ses Regards sur les Congrégations féminines du Kosaï [16], ses réflexions sur ce qu’il a rencontré : un désir profond d’être des religieuses africaines entièrement données au Christ et, en même temps, un malaise qui engendre une situation très sérieuse. Le vœu de pauvreté étant celui qui présente le plus de difficultés pratiques, l’auteur lui consacre presque entièrement son exposé. On trouve dans ces pages un rappel vigoureux et clairvoyant d’un certain nombre de points traditionnels : l’auteur s’élève avec fermeté contre les « caisses noires » individuelles et dénonce le grave tort qu’elles causent à la religieuse et à la Congrégation, il stigmatise la paresse, il a de judicieux conseils sur l’économie et sur une bonne gestion des biens ; il a des pages très nettes sur les cadeaux, qu’on ne peut jamais accepter pour soi-même ; sur le problème, si angoissant dans son pays, de l’aide à la famille, il dénonce, en des pages nuancées et courageuses, les fausses solutions et suggère diverses manières, à court et à long terme, pour contribuer à la solution de cette difficulté.
Nous ne pouvons cependant taire qu’il est un point, considéré comme essentiel par l’auteur, sur lequel nous ne pouvons être d’accord avec lui : l’obligation, pour les religieuses de son pays (qui est, rappelle-t-il, un pays sous-développé) de tout faire pour que leurs communautés deviennent riches, afin que les religieuses puissent se détacher en esprit de ce qu’elles ont elles-mêmes produit et que la congrégation soit en état d’aider les plus pauvres. Ce qui commande cette option, c’est la conviction que « il n’y a qu’un riche qui puisse être pauvre d’esprit » (p. 5). Il y va de la vérité du vœu de pauvreté, « mensonge public », pensent certaines religieuses, car on ne peut se détacher en esprit de ce qu’on ne possède pas. Pareille position est loin d’être traditionnelle, mais il est toujours délicat, pour un européen vivant dans un pays riche, de critiquer une solution qui veut être un remède à une situation de sous-développement dont il n’a pas l’expérience concrète. Aussi est-ce en nous appuyant sur les réflexions de religieux et de religieuses d’Afrique [17] que nous pensons devoir mettre en doute ce principe, même pour des contrées se trouvant dans des situations économiques difficiles. Comme l’ont redécouvert ces consacrés, la seule manière d’y voir clair est de resituer la pauvreté dans l’ensemble du projet religieux : les vœux sont ce par quoi je traduis, dans les sphères essentielles qui déterminent la totalité de mon existence, mon don sans réserve au Christ pauvre, chaste et obéissant, en réponse à l’appel qu’il m’adresse. Et c’est pourquoi le vœu de pauvreté n’est jamais un mensonge s’il est fait à cette profondeur : car j’y renonce, en me donnant tout entier au Christ, à moi-même comme source de légitimes profits personnels. Les deux autres vœux font de même, chacun dans son domaine.
Pages déroutantes que ces Entretiens avec une Carmélite [18] recueillis par Laurent Kissel ! Et cependant elles ont un message à nous transmettre. Si nous voulons l’entendre, il nous faut éviter tout autant la nostalgie d’un passé révolu que l’irritation devant certains jugements, certaines attitudes face au monde dans lequel nous vivons (cette réaction, par exemple, de Carmélites de Lisieux obligées de se réfugier dans la basilique lors des événements de juin 1944, fort préoccupées de sauvegarder leur clôture). Car l’essentiel de ce témoignage qui appelle notre respect n’est-il pas résumé dans cette phrase de Thérèse d’Avila : « Trouble est vain, peur est vaine, qui a Dieu a le mieux, Dieu suffit » ? Et peut-être y apprendrons-nous mieux aussi comment la Carmélite, si elle abandonne notre monde au plan des relations courantes (au point de ne plus être capable d’en parler sans nous heurter parfois), est, selon le mot de la Sœur, « un aveugle (qui) voit par-delà ses yeux clos » et qui rejoint en Dieu notre monde en son centre. Tel est l’essentiel de la vie des Carmélites, ce qu’elles doivent conserver à travers tout, même lorsque se produisent des changements secondaires (souhaitables d’ailleurs dans la mesure où, sans compromettre l’essentiel, ils peuvent faire de cette vie un témoignage plus parlant pour notre temps).
Dans leur brièveté dense, les pages que le P. Winandy nous donne sous le titre Vie érémitique [19] réalisent bien ce que le sous-titre promet : un essai d’initiation à ce genre de vie dont l’attrait se fait à nouveau sentir chez plusieurs de nos contemporains. Dans un texte tout imprégné de la Bible, il rappelle ce qu’est la mort au monde et à soi-même à laquelle l’ermite se sent appelé dans l’isolement, la stabilité, le célibat pour le Royaume, la pauvreté et le travail, l’ascèse corporelle et l’obéissance ; puis il esquisse ce qu’est la vie selon l’Esprit dans le Christ Jésus à laquelle il aspire par les sacrements, la fréquentation de la Parole de Dieu et la prière continuelle. On appréciera aussi la simplicité avec laquelle l’auteur nous fait part de l’expérience d’une société de solitaires qu’il avait tentée avec quelques compagnons et des raisons de son « demi-échec ».
On parle couramment du charme slave. C’est l’expression qui vient spontanément à la lecture de Poustinia [20], témoignage de Catherine de Hueck Doherty, née en Russie en 1900 et émigrée au Canada depuis 1921. Fidèlement attachée à l’Église catholique romaine, cette personne à la carrière mouvementée (« célibataire, mère de famille, deux fois mariée, veuve, une vie de chasteté auprès d’un mari ») nous livre dans ces pages une expérience qui se rattache à la grande tradition spirituelle de l’Orient chrétien telle que la vit l’Église orthodoxe russe, celle de la poustinia, ou érémitisme à la manière orientale. Elle note (et il ne faut pas le perdre de vue en lisant ces pages attachantes) que, si « la prière est la vie de tout chrétien, la solitude, pour sa part, constitue une vocation spéciale » (p. 24). S’y risquer sans avoir pris conseil de personnes avisées, ce pourrait être céder à une grave tentation. Ce qui nous semble caractériser cette vocation contemplative vécue en solitaire à la manière russe, c’est d’abord, pour le dire en termes pédants, le primat de l’être sur l’agir : le « poustinik » n’a pas le souci, typiquement occidental, de l’efficacité, du rendement ; il se contente d’être devant Dieu, ouvert à lui, transparent, prêt à toute mission, à tout appel qui lui viendra de ses frères. De même, parce que la spiritualité qui sous-tend cette vie prend sa source dans la Trinité et dans sa démarche d’amour envers nous qu’est l’Incarnation, il n’y a, ce semble, pour elle aucun problème à concilier l’action et la contemplation : le poustinik s’insère, ou plus exactement se laisse prendre par Dieu dans le mouvement qui le porte vers nous. Sans oublier l’avertissement donné par l’auteur sur la vocation spéciale qu’elle décrit, on lira avec fruit ces pages d’une simplicité charmante : jamais elles n’édulcorent les exigences divines, mais toujours elles nous font pressentir qu’elles sont la requête d’un amour qui veut se donner à nous, et aux autres à travers nous.
Le plan de Sécularité et engagement chrétien [21] est original et intéressant. Dans une première partie, une douzaine d’hommes et de femmes, mariés et engagés dans des activités sociales, rassemblés pour une table ronde, réfléchissent devant nous sur la présence des chrétiens dans un monde sécularisé (problème particulièrement actuel au Québec, où les œuvres « catholiques » ont été reprises par les pouvoirs publics). Dans une seconde partie, trois membres d’instituts Séculiers répondent avec beaucoup de simplicité à l’enquêteur sur leur vie, leurs activités, leur idéal. Une troisième partie nous présente les Instituts Séculiers, leur naissance en terre canadienne et leurs recherches actuelles ; nous y avons particulièrement apprécié la contribution de Gabrielle Lachance sur « Consécration à Dieu et conseils évangéliques » : sa démarche rejoint de façon significative la redécouverte, que fait aussi la vie religieuse, du sens premier de la consécration : celle-ci est d’abord et avant tout don de soi en réponse à un appel personnel de Jésus-Christ.
V
La législation concernant les moniales est éparpillée dans les différentes parties du droit canonique, nous dit G.J. Van den Broeck, qui a précisément composé son recueil Le droit canonique concernant les moniales [22] pour aider leurs responsables dans la nouvelle rédaction de leur législation particulière et fournir un manuel pratique à ceux et celles qui, par vocation ou par office, s’occupent de moniales ou de monastères. Dans ce but, l’auteur présente les lois communes de l’Église actuellement en vigueur, il dresse aussi la liste des pratiques couramment en usage et signale la façon dont tel ou tel problème a été résolu ici ou là. Tous ces renseignements seront utiles pour entreprendre la révision des textes en meilleure connaissance de cause. La compétence reconnue de l’auteur est un sûr garant de la valeur de ce travail et des services qu’il pourra rendre, mais nous ne voudrions pas terminer sa présentation sans attirer l’attention sur une remarque. Dès qu’une solution est incorporée dans la législation particulière et que celle-ci a reçu l’approbation du Saint-Siège, « elle devient obligatoire pour toutes les moniales soumises à cette législation » (p. 7). Il ne sera pas mauvais de s’en souvenir, spécialement à propos de points, tels la clôture, où le droit actuel maintient encore les moniales dans une dépendance moyenâgeuse envers des autorités masculines extérieures au monastère. Nous nous demandons s’il ne serait pas utile de distinguer nettement, dans les textes révisés, les normes qui sont acceptées par soumission au droit actuel et celles qui traduisent la manière propre dont les monastères veulent vivre leur consécration à Dieu et leur séparation du monde en conformité avec leur charisme.
Dans Verso un nuovo diritto degli Istituti di vita consacrata, le P. Jean Beyer [23] rassemble les articles qu’il a publiés dans les Periodica, puis, en italien, dans Vita consacrata en 1975 et 1976. Ceux-ci présentent l’état actuel des travaux qui ont abouti au projet d’un nouveau droit pour les Instituts de vie consacrée par la profession des conseils évangéliques. Nous ne décrirons pas le contenu de cet ouvrage, dont nos lecteurs connaissent déjà les grandes lignes [24]. Plusieurs religieuses ont également eu l’occasion d’en prendre une connaissance plus approfondie grâce aux sessions que l’auteur organise avec un zèle infatigable. Les échos qui en parviennent, comme aussi ceux que l’on trouve dans les revues, sont unanimement élogieux. C’est l’indice clair que nous rencontrons ici un besoin profond de l’Église d’aujourd’hui.
Nous ne pouvons cependant pas taire une difficulté fondamentale à ce projet d’un nouveau Droit Canon, qu’on nous fait espérer d’ici quelques années. Est-ce bien par une promulgation de ce genre que l’autorité suprême de l’Église rendra au Peuple de Dieu le service qu’il attend d’elle aujourd’hui ? Expliquons-nous. Il est indubitable que l’on souhaite, un peu partout, que l’autorité, qui a souvent donné l’impression, depuis le Concile, d’être désemparée devant la profondeur de certaines remises en cause, reprenne à tous les niveaux le service de gouvernement qui est son rôle propre. Mais l’on doit vraiment se demander, croyons-nous, s’il n’est pas trop tôt pour le faire sous la forme qu’on nous annonce. N’est-ce pas brûler les étapes ? Par définition, une codification regroupe des législations particulières et en dégage les principes généraux et les orientations fondamentales. Si le Droit Canon doit vraiment remplir ce rôle pour toute l’Église latine, ne devrait-il pas attendre que certaines voix aient pu se faire entendre ? Pour n’en donner que quelques exemples (sans parler des religieuses), l’Amérique latine, l’Asie, l’Afrique, qui constituent la majeure partie de l’Église latine actuelle, ont-elles eu la possibilité (qui demande du temps) de découvrir et d’exprimer leur manière originale de vivre la réalité chrétienne ? Elles ne le pensent pas [25].
Dans ces conditions, autant nous souhaitons que l’autorité, à tous les échelons, reprenne en mains l’exercice du service qui est sa raison d’être, autant nous craignons que la promulgation, à brève échéance, d’un Droit Canon ne se révèle un nouveau lit de Procuste, auquel des européens de sexe masculin risqueront de vouloir mesurer les projets qui leur seront soumis. Il y aurait, pour les instances romaines, un travail bien plus passionnant : être à l’écoute de ce que l’Esprit suggère pour y discerner, sous des formes parfois déroutantes pour notre mentalité occidentale, le jaillissement de la vie divine en notre monde. C’est ce que l’Apôtre souhaitait aux Thessaloniciens (1 Th 5,19-21) et la tâche est magnifique.
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[1] Dizionario degli Istituti di Perfezione, sous la direction de G. Pellicia et G. Rocca. Vol. III : Conventuali - Figlie di Santa Rita. Roma, D.I.P. (via Domenico Fontana 12), 1976, 29 x 21, XXVI p. et 1734 col., nombr. ill., 17 h.-t. – Voir la recension des tomes I et II dans Vie consacrée, 1975, 100 et 1976, 45.
[2] Dizionario encidopedico di spiritualità. Dir. E. Ancilli. Vol. I : A.-J. Roma, Ed. Studium, 1975, 22 x 16, 1040 p., 23.000 lires.
[3] Bibliographia internationalis spiritualitatis. Vol. 7 (1972). Roma, Ed. del Teresianum, 1975, 24 x 16, 590 p. – Présentation des volumes précédents dans Vie consacrée, 1970, 175 ; 1971, 189 et 1976, 46.
[4] A. Godin, s.j. Psychologie de la vocation. Un bilan. Coll. Problèmes de vie religieuse, 38. Paris, Éd. du Cerf, 1975, 20 x 14, 96 p., 18 FF.
[5] La vocation. Appel de Dieu, phénomène d’Église. Coll. Cahiers de Froidmont, 20. B-1330, Rixensart, Communauté Dominicaine, 1976, 27 x 21, 243 p., 350 FB.
[6] V. Ayel. Inventer la fidélité au temps des certitudes provisoires. Paris, Chalet, 1976, 22 x 16, 174 p., 36 FF.
[7] B. Besret. De commencement en commencement. Itinéraire d’une déviance. Paris, Éd. du Seuil, 1976, 21 x 14, 202 p.
[8] Il écrit, à la page 168 : « Par exemple les grandes figures des autres traditions religieuses, pour une grande partie, sont aussi des manifestations de l’Esprit qui s’est exprimé en Jésus de Nazareth. Je ne crois pas qu’il y ait trente-six esprits par lesquels on devient un avec Dieu. Mais je crois que Jésus est une des voies, je dirais même une voie royale (à condition de la suivre jusqu’au bout), mais non Tunique possible. Chacun de nous est une voie de connaissance et de manifestation de l’Esprit pour les autres. A plus forte raison, les grandes figures de l’humanité (qu’elles soient religieuses ou non). »
[9] Sœur Fr. Vandermeersch. La vie en face. Paris, Stock, 1976, 22 x 12, 136 p.
[10] A.-M. Carré, o.p. Chaque jour, je commence. Coll. Pour quoi je vis. Paris, Éd. du Cerf, 1975, 20 x 14, 182 p.
[11] Mgr G.-M. Coderre parle aux religieux et religieuses. Coll. Présences. Montréal, Fides, 1976, 19 x 14, 72 p.
[12] M. Lafond, c.s.c. Confessions et réflexions. Coll. L’Église du Québec, 2. Montréal, Fides, 1975, 22 x 14, 176 p.
[13] Voir, par exemple, les réflexions très éclairantes d’André Bernard dans La Croix des 2 et 3 novembre 1976, sous le titre « Un célibat heureux est-il possible ? » (p. 2).
[14] M.-A. Santaner, o.f.m. Aux approches d’Assise. Essai sur les problèmes de la vie religieuse chrétienne dix ans après Vatican II. Coll. Lumière des hommes. Paris, Éd. Ouvrières, 1976, 18 x 14, 166 p.
[15] M.-J. Aubert. Les religieuses sont-elles des femmes ? La vie des religieuses françaises confrontées à la modernité. Paris, Le Centurion, 1976, 21 x 14, 296 p.
[16] Abbé Hiombo-Nguwa. Regards sur les Congrégations féminines du Kasaï. I : Introduction. Vœu de pauvreté. Chez l’auteur, Kananga (Zaïre), Grand Séminaire, B.P. 70, 1975, 22 x 17, 22 p.
[17] Tels Dominique Samne, f.s.c. « La pauvreté religieuse en contexte de sous-développement : le Frère des Écoles Chrétiennes en Haute-Volta », Lasallianum 17 (novembre 1973, p. 79-215 ; cf. Vie consacrée, 1975, 109) et la Sœur Marie-Denise Mukampunga (ibid., 98-99).
[18] L. Kissel. Entretien avec une Carmélite. Paris, Belfond, 1976, 23 x 14, 188 p.
[19] J. Winandy, o.s.b. Vie érémitique. Essai d’initiation. Coll. Vie monastique, 6. Bégrolles, Abbaye de Bellefontaine, 1976, 21 x 15, 48 p., 11 FF.
[20] C. De Hueck Doherty. Poustinia ou le désert au cœur des villes. Coll. L’Évangile au vingtième siècle. Paris, Éd. du Cerf, 1976, 20 x 14. 208 p.
[21] Sécularité et engagement chrétien. Les Instituts Séculiers, une nouvelle forme de vie dans l’Église. Coll. L’Église du Québec, 3. Montréal, Fides, 1976, 22 x 14, 172 p.
[22] G. J. Van Den Broeck, o. Praem. Le droit canonique concernant les moniales. Chez l’auteur (I-00153 Roma, Viale Giotto 29), 1976, 21 x 14, 130 p.
[23] J. Beyer. Verso un nuovo Diritto degli Istituti di vita consacrata. Roma, Centro U.S.M.I. ; Milano, Ed. Ancora, 1976, 21 x 14, 294 p., 4.000 lires.
[24] Cf. J. Beyer, s.j., « Où en est la réforme du Droit Canon ? Les Instituts de vie consacrée », Vie consacrée, 1971, 273-308.
[25] Mgr Zoa, évêque de Yaoundé (Cameroun) répétait à Jacques Leclercq : « Qu’on nous laisse, mais qu’on nous laisse d’abord prendre conscience de nous-mêmes » (cité par J. Leclercq. Le jour de l’Homme, Paris, Seuil, 1976, 117).