Consécration et mission
Jean-Marie Hennaux, s.j.
N°1976-5 • Septembre 1976
| P. 296-903 |
Une réaction un peu simpliste contre l’envahissement de la vie religieuse par le service apostolique peut mener à voir une opposition entre consécration à Dieu et apostolat (surtout sous sa forme sacerdotale). L’équilibre entre consécration et mission est parfois difficile à trouver (il n’est d’ailleurs pas le même pour tous les Instituts ni toutes les vocations). Mais il ne peut y avoir de solution sans un approfondissement du rapport théologique entre consécration et mission. C’est ce que l’auteur cherche à expliciter en prenant pour guide l’évangile de Jean, qui nous révèle – à la lumière de Jésus, consacré et envoyé –, qu’il n’y a pas de consécration à Dieu qui ne soit aussi consécration pour les autres ou mission.
La lecture en ligne de l’article est en accès libre.
Pour pouvoir télécharger les fichiers pdf et ePub, merci de vous inscrire gratuitement en tant qu’utilisateur de notre site ou de vous connecter à votre profil.
Il arrive que l’on oppose assez fortement consécration à Dieu et apostolat ou mission. Certains auteurs, par exemple, verront spontanément l’harmonie qui existe entre vie religieuse et forme de vie laïque, mais croient découvrir une certaine incompatibilité entre vie religieuse et ministère sacerdotal. Vie religieuse et sacerdoce leur semblent un alliage suspect.
D’autres – et c’est plus commun encore –, frappés par le problème (très réel) de l’activisme, en viennent à insister quelque peu unilatéralement sur l’aspect « consécration à Dieu » en le séparant de l’aspect « mission », ce qui amène une certaine dépréciation de la vie active et une difficulté d’intégrer véritablement l’activité à la vie religieuse proprement dite. Concilier prière et activité dans nos vies pose, bien sûr, un problème, mais on ne peut le résoudre convenablement que si l’on a d’abord une idée théologiquement juste du rapport unissant consécration et mission.
C’est à chercher ce rapport que nous allons nous employer. Nous prendrons pour guide l’évangile de saint Jean.
Jésus est l’envoyé
Dans cet évangile, il apparaît clairement qu’il n’y a pour Jésus aucune opposition, aucune séparation entre consécration et mission. Jésus est identiquement « celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde » (10,36 [1]) Essayons de pénétrer davantage dans cette conjonction intime.
Jésus est le Fils, engendré par le Père, qui « lui donne l’Esprit sans mesure » (3,34). Quand Jésus parle de sa consécration, Il songe d’abord à sa consécration par le Père, comme Fils unique, « élu de Dieu » (1,34). A cette consécration par le Père répond la consécration du Fils au Père, dont il est aussi question (77, 19). Cette consécration au Père est disponibilité sans limite à sa volonté, sacrifice total de la volonté propre du Fils à la volonté du Père.
Mais pour le Père aussi bien que pour le Fils, consécration et mission sont inséparables. Pour le Père, consacrer Jésus comme son Fils unique dans l’Esprit d’amour, c’est identiquement l’envoyer dans le monde. Et pour Jésus, se laisser consacrer comme Fils par le Père, c’est se laisser envoyer ; de même que se consacrer au Père, c’est obéir à la mission reçue de lui. Si bien que le Fils unique se définit le plus souvent, simplement comme l’« envoyé » (plus de 40 fois dans l’évangile de Jean). En Jésus, « être » personnel et « mission » sont indissolublement unis et c’est cette unité qui doit être la norme de notre réflexion pour la question qui nous occupe.
Selon le mouvement même du quatrième évangile, toute la vie de Jésus est mission pour la vie du monde. Sorti de Dieu, Jésus retourne vers le Père en attirant à lui tous les hommes. Dieu s’est à ce point décidé pour le salut du monde que son être même, la communion trinitaire (« Dieu est amour » : 1 Jn 4,8), n’apparaît, ne nous apparaît qu’en rapport avec le monde (« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » : 3,16).
Les œuvres qu’accomplit Jésus « lui rendent ce témoignage que le Père l’a envoyé » (5,36). Et « l’œuvre du Père, c’est que nous croyions en celui qu’il a envoyé » (6,29). L’« engendré de Dieu » (1,13) est identiquement, comme nous l’avons dit plus haut déjà, « celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde » (10,36).
« Être envoyé par le Père » n’est pas, pour Jésus, un fait donné une fois pour toutes, c’est une réalité toujours actuelle qui le maintient en relation vivante, dans l’Esprit, avec l’envoyeur. « Être envoyé par le Père » se vit donc sur la base d’un « être consacré par le Père » pour cette mission. Et la consécration de Jésus au Père, qui répond à cette consécration par le Père, est toujours consécration « pour être envoyé ».
Dans la consécration de Jésus au Père, il n’y a aucun aparté d’où nous serions exclus. Jésus vit sa consécration par le Père comme mission pour les hommes. Pour lui, c’est une seule et même chose d’être le Fils unique et d’être l’envoyé dans le monde.
A partir de ce foyer d’unité, nous pouvons comprendre l’union intime qui relie notre consécration et notre mission. Elle nous est indiquée, on ne peut plus clairement, dans la prière sacerdotale de Jésus [2].
Consécration par le Père et mission
Jésus y prie pour ses apôtres, c’est-à-dire aussi pour nous tous : « Je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les garder du mal. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde » (17,15-16). Il n’y a ici aucune fuite du monde ni appel à en sortir. Au contraire, les disciples ont à rester dans le monde et à y travailler. Mais le point décisif est de savoir d’où nous naissons. Du monde ? ou bien du Père ? Jésus n’est pas du monde, parce qu’il ne naît pas du monde. En tout son être et tout son agir, il naît constamment du Père (qui l’envoie dans le monde). De même, dans leur vie au milieu du monde, les disciples – dans leur être intime et le plus personnel, leurs pensées, leurs paroles, leurs actes – doivent naître du Père. Ainsi seront-ils dans le monde sans être du monde. Mais s’ils laissent les dynamismes du monde d’en-bas les déterminer et les conduire, alors ils ne se conduisent plus comme des fils et des envoyés ; ils ne se gardent pas du mal. La question est de savoir où est notre lieu d’origine.
Et Jésus continue : « Consacre-les dans la vérité : ta parole est vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les envoie dans le monde » (17, 17-18). Jésus demande la consécration des disciples par le Père et, comme pour lui, cette consécration par le Père est immédiatement mission dans le monde. Réciproquement, l’on peut voir que la « mission » n’est pas un ordre tout extérieur, mais qu’elle se base sur une transformation intime de l’être de l’apôtre : sa consécration par le Père.
Cette consécration est « consécration dans la vérité ». Cette vérité est Jésus lui-même, qui est « la parole du Père » (1,1) et qui dit : « Je suis la vérité » (14,6). Le Père nous consacre dans son Fils Jésus, qui est sa parole de vérité, pour que nous puissions la connaître en plénitude et la dire au monde. L’Esprit Saint, lui aussi, joue un rôle indispensable dans cette consécration, puisque c’est lui, « l’Esprit de vérité, qui doit vous faire entrer dans la vérité totale » (16,13). Notre consécration est donc l’œuvre des Trois Personnes divines. Notre contemplation en accueille la révélation, dans la lumière de l’Esprit, et elle nous ouvre à sa réalisation en nous par ce même Esprit. Au concret, notre vocation s’enracine dans notre prière : c’est en elle que nous devenons consacrés et envoyés selon le dessein des Personnes divines sur nous.
Consécration au Père
Dans le verset suivant, qui est magnifique, notre mission n’est pas seulement mise en rapport avec notre consécration par Dieu, mais aussi avec la consécration personnelle de Jésus au Père : « Et pour eux, je me consacre moi-même, afin qu’ils soient eux aussi consacrés dans la vérité » (17,19). Jésus songe ici à son sacrifice suprême dans sa mort, et « je me consacre moi-même » signifie « je me sacrifie moi-même ». La consécration de Jésus culmine dans sa mort, où il se consacre totalement au Père pour les hommes. Sa consécration s’achève en plénitude dans son acte de mourir. Et Jésus se consacre ainsi pour que nous soyons nous-mêmes consacrés et envoyés. Notre consécration par le Père et notre mission dépendent donc de la consécration que Jésus fait de lui-même au Père dans l’offrande de sa mort à la croix. C’est donc de sa consécration au Père que nous naissons comme consacrés et envoyés. Par sa mort, Jésus nous intègre à sa mission d’envoyé. Finalement, notre consécration par le Père dans la vérité est notre consécration par la mort de Jésus. Nous consacrer, pour le Père, c’est nous plonger dans la mort de Jésus et nous conformer à l’acte parfait d’amour qu’elle constitue. Et pour nous, nous laisser consacrer par le Père, c’est accepter sur tout notre être et notre agir l’emprise de la mort d’amour de Jésus.
Consécration et mort de Jésus
Nous comprendrons mieux comment le Père, en nous consacrant dans la mort de son Fils, nous envoie en même temps vers le monde, si nous méditons encore quelques instants le « comme » employé par Jésus dans sa prière : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (20,21 ; cf. aussi 17,18).
Comment le Père a-t-il envoyé Jésus ? Si nous réfléchissons profondément à cette question, nous voyons que la mort de Jésus est un élément essentiel de sa mission : il est envoyé pour nous montrer le Père, mais aussi pour mourir pour nous (10,17-18) ; et c’est même en mourant d’amour pour nous qu’il nous révèle, de la manière la plus expressive, le cœur du Père. Dans cette mort, son envoi aux hommes, comme tout le reste de sa vie, « s’accomplit ». Finalement, c’est à travers sa mort que le Père envoie définitivement son Fils à tous les hommes. C’est pourquoi Jésus exprime le sens de sa mort comme étant sa « venue » définitive parmi nous et son établissement le plus profond au milieu de nous : « Je pars et je viens » (14,28 ; tout le discours après la Cène vise à faire comprendre aux disciples que la mort de Jésus n’est pas un « départ », au sens où ils l’entendent, mais une « venue » vers eux et une « demeure » en eux).
Cela apparaît en toute clarté au chapitre 12,20-32, quand des Grecs, des païens, « veulent voir Jésus ». La mission de Jésus est universelle ; il est envoyé à tous. Ces païens sont donc comme les prémices de tout l’univers et leur désir semble une réussite – annonciatrice de beaucoup plus – de la mission de Jésus. Pourtant, c’est beaucoup trop peu pour lui que de se laisser voir par eux. Si nous lisons bien, à Philippe et André qui lui parlent du désir de ces païens, Jésus ne répond pas : « Attendez, je vais venir », mais « Attendez, je vais mourir ». « Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul » (12,24). Pour que sa mission universelle fasse effectivement craquer son isolement et le mette en communion véritable avec tous, il faut qu’il passe par la mort. Ce n’est que dans sa mort, il le sait, que sa mission rejoindra vraiment tous les hommes et qu’il deviendra présent à tous. Et c’est vrai immédiatement déjà pour ces quelques Grecs qui sont là. « Quand j’aurai été élevé de terre », c’est-à-dire mis en croix, alors, et seulement alors, « j’attirerai tous les hommes à moi » (12,32-33).
C’est donc à travers sa mort que Jésus est effectivement envoyé à tous. Par elle, il achèvera sa mission qui est de « mourir pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (11,52). Par elle, il devient communion entre tous : le grain de blé, s’il meurt, nourrira la multitude (6,48-58). Par elle, le Père peut vraiment l’« envoyer » dans le monde.
C’est ainsi que nous sommes, à notre tour, envoyés. Envoyés par Jésus (17,18 et 20,21), consacrés par sa consécration (17, 19), dans l’Esprit de vérité (17,17 ; 14,17 ; 16,13). De l’acte de mourir de Jésus naît, pour l’Église, l’envoi par Dieu à tous les hommes. Du cœur transpercé jaillissent vers l’Église, pour le monde, l’eau et le sang (19,34), eau du baptême, sang de l’eucharistie, quand l’Esprit est livré au monde (19, 30 et 20,22).
Pauvreté, chasteté et obéissance
Jésus n’a pu être envoyé par le Père au monde que moyennant sa disponibilité absolue pour la volonté du Père, disponibilité qui culmine dans sa mort pauvre, chaste et obéissante. Il résulte de là qu’on ne peut être envoyé vers le monde « comme Jésus a été envoyé », qu’on ne peut être intégré à sa mission, sans une disponibilité qui est participation à la disponibilité totale de Jésus entre les mains du Père, dans son acte de mourir. On ne peut être envoyé par le Père si l’on n’est pas d’abord intégré d’une certaine manière à la consécration totale de Jésus par le Père et au Père, dans la pauvreté, la chasteté et l’obéissance absolues de sa mort en croix.
Notre consécration par le Père pour être envoyés au monde, c’est de nous laisser consacrer par l’acte de mourir pauvre, chaste et obéissant de Jésus. Tel est le point de jaillissement de la mission dans notre cœur et dans nos vies. Cela est vrai pour toute l’Église : pas d’apostolat pour personne sans participation de quelque manière à la mort pauvre, chaste et obéissante de Jésus, qui est disponibilité illimitée du Fils incarné pour toute mission. Mais cette réalité ecclésiale, les religieux ont à la manifester plus clairement puisque leur vie, à travers la mort-résurrection des vœux, prend la forme explicite de la pauvreté, de la chasteté et de l’obéissance. La mission et l’activité des religieux ne constituent donc pas une réalité « à côté » de leurs vœux, « à côté » de leur consécration ; elles en jaillissent, au contraire, et leur sont intimement intégrées.
Conclusion
Nous venons de chercher le rapport unissant consécration et mission. Nous voyons qu’il est extrêmement étroit. La mission s’origine dans une consécration par le Père : elle est aussi participation à la consécration de soi au Père faite par Jésus en sa mort. Elle est, en profondeur, une réalité mystique. Réciproquement, il n’y a pas de consécration à Dieu qui ne soit aussi consécration pour les autres ou mission. Par conséquent, toute vie religieuse est de soi apostolique.
La consécration à Dieu ne représente pas un pôle de sanctification personnelle et la mission un pôle de dévouement aux autres. Impossible de séparer ainsi. La consécration des vœux est participation à la mort de Jésus, qui est mort pour tous et mission à tous. Pas de sanctification personnelle où les autres ne soient pas présents. Le Dieu que nous servons et aimons est le Dieu sauveur de tous. Pas de mission possible non plus sans consécration par Dieu et à Dieu.
Il ressort de là que les vocations à la vie active ou à la vie missionnaire ne sont pas moins hautes que les vocations à la vie contemplative, que les chemins de l’apostolat sont les chemins de la sainteté comme ceux de la contemplation pure, qu’il n’y a pas d’action sans contemplation, que la contemplation est elle-même apostolique et missionnaire [3].
Rue A. Fauchille 6
B-1150 BRUXELLES, Belgique
Pistes de réflexion
– Dans chaque Institut, le charisme propre est un don de l’Esprit Saint, qui détermine une manière d’être consacré à Dieu pour la mission. Cette conviction commande-t-elle nos réflexions sur notre consécration, notre apostolat, les tâches que nous assumons, les projets que nous faisons ?
– Dans notre Institut, quels sont les critères à garder présents dans le choix d’un travail ?
[1] Sauf indication contraire, toutes nos références renvoient au quatrième évangile.
[2] A. Feuillet nous a donné un commentaire excellent de Jn 17 : Le Sacerdoce du Christ et de ses ministres, Paris, 1972. Selon lui, cette prière est la prière consécratrice de Jésus sur les douze, et qui fait de ceux-ci des prêtres. Jésus leur confère la grâce du sacerdoce ministériel. Mais il est permis, croyons-nous, de voir la mission sacerdotale des douze comme un type particulièrement expressif de toute mission ecclésiale et d’appliquer la prière de Jésus à tout « apôtre », même non prêtre.
[3] On saisit tout de suite les limites de notre exposé. La typologie qui distingue les Instituts religieux en « actifs » et « contemplatifs » est trop simple, pour ne pas dire simpliste. Mais ne sont pas totalement satisfaisantes non plus, nous semble-t-il, les divisions tripartites avancées : « vie active - contemplative - mixte », « instituts intégralement voués à la contemplation - instituts voués à la vie apostolique - instituts monastiques », « forme contemplative - apostolique - active (vie pastorale, mission, enseignement, œuvres de charité, etc.) ».Nous verrions deux directions dans lesquelles on pourrait s’avancer pour aboutir à une théologie plus concrète et plus adéquate des charismes de vie consacrée : 1) les mystères du Christ. Les charismes des Instituts sont des dons du Saint-Esprit à l’Église. Mais l’office du Saint-Esprit est d’éclairer et d’expliciter le Mystère du Christ (cf. Jn 15,26-27 ; 16,12-15). Tout don du Saint-Esprit est donc toujours la grâce de mettre particulièrement en lumière tel ou tel mystère de Jésus : paroles, actes, gestes, états. Que l’on songe simplement au rôle essentiel de certaines paroles ou de certains mystères évangéliques dans la vie des fondateurs d’Ordres ! Les mystères du Christ ne seraient-ils pas les « catégories » fondamentales qui permettraient de comprendre d’une manière vraiment concrète et adaptée les différents charismes ? de mettre aussi en lumière comment les charismes des fondateurs ne sont que des explicitations de l’unique mystère du Christ donné à l’Église ? Bien sûr, le mystère de la mort et de la résurrection tiendra partout une place irremplaçable, et c’est lui qui toujours contient et éclaire les autres mystères. 2) Les saints et les fondateurs. Le Verbe incarné n’est pas d’abord un contenu notionnel que le Saint-Esprit déploierait progressivement ; Il est une personne, qui ne peut finalement être explicitée que par des personnes. L’unicité personnelle des grands saints, voilà ce qui révèle le mieux l’unique. L’exégèse de Jésus-Christ nous est donnée par les grandes personnalités de l’histoire de l’Église. Par elles aussi, Dieu répond aux problèmes de chaque époque. Les fondateurs d’Ordres sont de ces personnalités. Mais il arrive souvent que ce ne sont pas seulement les Ordres qu’ils ont fondés qui sont expliqués et éclairés par eux, mais encore toutes les fondations du temps – qui n’ont peut-être eu aucun rapport direct avec eux. Il y a parfois des siècles, ou même plusieurs siècles, qui vivent dans l’« aura » d’un grand saint. Ne pourrait-on comprendre les différentes fondations en les rattachant à ces grands charismes directeurs, à ces grands piliers de l’histoire ecclésiale ? La réflexion sur ces questions pourra s’éclairer à la lecture de H. U. von Balthasar, « Au-delà de l’action et de la contemplation ? », Vie consacrée, 1973, 65-77. Cet article permettra aussi de voir la légitimité, malgré les limites que nous avons indiquées, du point de vue qui distingue « vie contemplative » et « vie active ».