Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Pauvreté religieuse et aide à la famille

Vies Consacrées

N°1975-6 Novembre 1975

| P. 352-360 |

On peut se demander comment ce « Jésus pauvre » nous interpelle dans notre vie ? L’ayant choisi volontiers et volontairement, notre réponse doit être en conformité avec la vérité qui nous est révélée dans son Évangile. Nous l’avons voulu comme « commencement et fin » de notre vie religieuse. Que cette vie soit vécue en Afrique, en Amérique, en Asie ou en Europe, c’est toujours le Christ pauvre qui est et qui restera le modèle de notre consécration.

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I

En venant dans ce monde, Jésus est dans une attitude d’abandon et de soumission totale à son Père de qui il reçoit tout et à qui il rend tout dans une action de grâce, en vivant son détachement et son effacement jusqu’à donner sa vie sur la Croix ; Jésus a tout remis à son Père : « Mais l’un des soldats, de sa lance, lui perça le côté et aussitôt il sortit du sang et de l’eau » (Jn 19,34).

I. Jésus pauvre

Par l’Incarnation, le Père s’est détaché de son Fils en nous le livrant. Le Fils a accepté d’entrer dans le détachement de son Père en prenant notre condition humaine ; par là il s’est fait l’Emmanuel, « Dieu avec nous » (Mt 1,23). Par cet acte, Jésus vit la pauvreté radicale en face de son Père et de l’humanité. Tout riche qu’il était, il s’est fait pauvre afin de nous enrichir par sa pauvreté » (2 Co 8,9 ; Ph 2,6-7 ; Mt 8,20). Il a vécu parmi les pauvres et pour les pauvres. Nous affirmons ainsi que Jésus-Christ est le premier pauvre que nous rencontrons dans notre vie. Il est le premier et le dernier pauvre à rencontrer, parce qu’en lui tout homme occupe une place de choix ; en vivant ainsi de lui, nous découvrons qui est le pauvre. Cet acte de « tout recevoir » et de « tout donner » se réalise durant toute sa vie et atteint sa plénitude sur la croix. Que reçoit-il et que rend-il ? Il reçoit « tout », c’est-à-dire la vie, l’humanité, le cosmos, les disciples, les joies et les peines. Il rend « tout », c’est-à-dire lui-même, sa vie, le monde, les disciples (Jn 17,10).

II. Pour ceux qui sont appelés à suivre ce « Jésus pauvre »

Vivant de sa vie, étant en union avec lui et priant sa parole de vie en toute vérité, cette parole nous interpelle et attend patiemment notre réponse.

a) Interpellation de Jésus pauvre

On peut se demander comment ce « Jésus pauvre » nous interpelle dans notre vie ? L’ayant choisi volontiers et volontairement, notre réponse doit être en conformité avec la vérité qui nous est révélée dans son Évangile. Nous l’avons voulu comme « commencement et fin » de notre vie religieuse. Que cette vie soit vécue en Afrique, en Amérique, en Asie ou en Europe, c’est toujours le Christ pauvre qui est et qui restera le modèle de notre consécration. Ce Christ, il est toujours le même, aujourd’hui comme hier, et hier comme demain. Il continuera à nous interpeller, à nous poser des questions si nous vivons et écoutons sa parole. En entrant dans cette vie, il nous invite à vivre sa pauvreté radicale en face de son Père et en face des hommes. Nous avons à entrer dans son attitude de tout recevoir du Père jusqu’à tendre la main : « Donne-moi à boire » (Jn 4,10). Nous sommes donc invitées, par le vœu de pauvreté, à abandonner tout afin de tout recevoir du Père par les mains de la Supérieure, de la communauté et de tous nos frères les hommes.

Vivre ainsi dans la générosité, c’est nous détacher de tout (Lc 14,26-27) ce que nous sommes et possédons, voire même de notre famille. Vivre dans l’action de grâce, c’est encore être les intermédiaires entre le Père et les hommes, dans ce sens que nous pouvons susciter la générosité des chrétiens les uns à l’égard des autres.

b) Communauté religieuse pauvre

Ce rassemblement de tous en Dieu se réalise par le don de sa liberté, de son être et de son avoir à l’égard de tous. C’est par le détachement qu’une communauté peut être pauvre et recevoir tout du Père.

Une communauté pauvre suppose que chacune donne ce qu’elle a, de telle sorte qu’elle-même ne possède plus rien sauf le strict nécessaire découvert à la lumière de Jésus en croix. Nous avons à choisir l’inconfort et l’insécurité de l’exode, un style de vie très simple et pauvre. De cette façon nous sommes invitées à laisser voir la pauvreté en tout : dans notre manière de vivre, dans l’habitation, la nourriture, l’habillement et dans nos relations avec les autres. En un mot, nous référer à Jésus-Christ : « Le Fils de l’homme, lui, n’a pas où poser la tête » (Mt 8,20).

Une communauté pauvre formée de membres qui ne veulent rien avoir en propre est donc amenée à vivre la mise en commun des biens : « Tout ce qui est à moi est à toi » (Jn 17,10). Tout est entre les mains du Père par la Supérieure. Nous n’avons donc rien en propre, jusque dans les moindres détails, car tout appartient à la communauté désormais ma famille religieuse. Le salaire sera donc remis à la Supérieure sans regret et sans rien attendre en retour. Dans cette optique, il n’y a pas de partage de personne à personne, car nous avons toutes à tendre la main et à recevoir tout du Père par la Supérieure. Tout cadeau reçu sera non seulement montré, mais donné à la Supérieure qui en fera ce qu’elle veut. Nous devons y trouver notre joie.

Une communauté pauvre est formée de membres dont chacun reçoit de la Supérieure et de tous pour vivre. « Votre Père sait ce dont vous avez besoin » (Lc 12,30). La Supérieure et la communauté sont donc juges du strict nécessaire de chacune. Il s’agit donc de prendre soin de ce que nous recevons. Par ailleurs il est bon de connaître les recettes et les dépenses de la communauté pour faire attention à l’achat de certains articles. Nous avons à mettre la Supérieure au courant des dépenses faites avec l’argent reçu, n’oubliant pas de montrer ce que nous avons acheté. Ainsi nous pourrons renoncer au souci constant d’avoir davantage et être contentes de ce que la communauté a et de ce qu’elle n’a pas.

Une communauté religieuse qui vit la radicalité de la pauvreté du Christ n’a rien à partager et il ne s’agit pas de remplacer le vœu de « pauvreté » par le « partage ». S’il y a partage dans la pauvreté, nous le considérons comme solidarité avec les plus pauvres. Nous avons moins à leur donner qu’à « vivre avec ». Par ailleurs ce vœu n’est limité ni dans l’espace ni dans le temps, mais il engage toute la personne de l’intéressée à la Personne de Jésus-Christ, que ce soit en Afrique ou ailleurs. Nous avons à marcher dans la vérité de Jésus-Christ. Si nous prenons et vivons au sérieux toutes les exigences de la vie religieuse en communauté à la lumière de l’Évangile, nous verrons « qui est le pauvre » que la communauté doit et peut aider.

c) Relations avec la famille

En général, les parents (et les frères et sœurs) n’ont pas l’habitude de demander une aide matérielle à leur fille « religieuse ». Mais nous remarquons que ce sont les autres membres de la famille qui ont cette tendance. C’est à la religieuse à éduquer sa famille. Si celle-ci est réellement dans le besoin, ayons la simplicité de soumettre notre cas à la Supérieure et soyons disponibles et heureuses de recevoir n’importe quelle réponse. Soyons aussi raisonnables et regardons pourquoi les membres de la famille ne recourent pas aux autres enfants qui sont mariés, et seulement à la religieuse. Parfois nous nous faisons beaucoup d’illusions et créons une vie désagréable dans la communauté. Souvent nous sensibilisons les gens à s’entraider, pourquoi ne pas faire de même auprès de nos frères et sœurs pour secourir nos parents ?

Certaines sœurs souhaitent qu’une partie de leur salaire leur revienne, soit pour aider la famille, soit pour éviter d’aller chaque fois tendre la main chez la Supérieure ou chez la Sœur économe. N’y a-t-il pas là un fait d’autant plus étrange que leurs études ont déjà été payées par leur congrégation ? Soyons logiques, que dire alors des Sœurs qui travaillent à l’intérieur de la communauté ? Où vont-elles chercher ce revenu pour donner à leur famille ? Si, dans la vie religieuse, nous vivons en vérité cette parole du Christ : « Vends tout et puis viens et suis-moi », cela revient à dire que nous n’avons plus rien et même le fruit de notre travail ne nous appartient pas.

La plupart des difficultés pour la pratique de ce vœu proviennent de ce que nous ne prions plus beaucoup, et nous ne vivons plus intensément avec Jésus-Christ. C’est pourquoi nous réfléchissons souvent à partir de la situation familiale, sociale, économique de nos parents et non à partir de Jésus-Christ en qui tout prend vie (Jn 1,4). Vendre tout et suivre le Christ, c’est se détacher de tout, c’est-à-dire de soi-même, de son avoir, de ses parents (famille), pour s’attacher à Jésus-Christ, engager toute sa personne sur celui-ci. Dans cette vie choisie librement et volontairement, vivons et prenons au sérieux toutes les exigences que celle-ci entraîne. Il ne s’agit donc pas d’oublier nos parents, l’Évangile ne nous le dit pas. Ce que nous pouvons encore leur donner, c’est notre amour, notre pauvreté, notre présence réelle auprès d’eux et de tous les autres et les porter dans nos prières.

De tout ce qui précède, nous tirons comme conclusion que, nous religieuses, nous nous trompons beaucoup quant à l’aide à apporter à la famille. Nous pensons que nous sommes les seules à pouvoir aider et nous oublions l’essentiel de notre vie qui est Jésus-Christ, le vrai pauvre. N’a-t-il pas dit lui-même à sa mère : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » (Lc 2,49), et cette autre parole : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? Et tendant sa main vers ses disciples, il dit à celui qui l’informait que sa mère et ses frères cherchent à lui parler : « Voici ma mère et mes frères, car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère » (Mt 12,46-50).

Sœur Kakera Boraitima, s.c.j.m.

et Sœur Ongadi Omoi, s.c.j.m.

B.P. 70, KANANGA
Kasaï Occidental, Zaïre

Sœur Kabishi Mukendi, s.c.j.m.

B.P. 301, MBUJI-MAYI
Kasaï Oriental, Zaïre

II

En décembre 1974, un groupe de six Sœurs Auxiliatrices au Rwanda (dont deux professes et trois novices rwandaises) ont étudié, pour leur communauté, la question de l’aide à leurs familles.

Dans une première étape, partant de ce qui s’était fait jusqu’à présent, elles ont essayé de discerner les valeurs et les limites de leur manière d’agir ainsi que les questions que cela posait.

La seconde étape a permis à chacune d’exprimer comment sa foi et sa consécration religieuse l’interpellaient au niveau de ses relations familiales.

Une synthèse a alors été faite ; les réflexions des deux étapes ont été regroupées sous quelques points-clés qui émergeaient de l’apport des unes et des autres. L’expression personnelle a été gardée dans toute la mesure du possible, ce qui explique les phrases entre guillemets.

Ce travail n’a donc rien d’une réflexion intellectuelle ou théorique : la vie a posé des questions, le petit groupe y a réfléchi et leur a donné un commencement de réponse pour lui, dans la situation concrète de ce moment-là.

Synthèse des réflexions

I. Dans nos relations familiales (et amicales) notre foi fait naître un approfondissement et un élargissement :

  • « Ma foi me fait prendre conscience du don de la famille chrétienne. La conscience de ce que je dois à ma famille (ma vocation religieuse aussi) me rend sensible à ce qui la touche ».
  • « On ne peut se couper de sa famille en difficulté : je porte
  • et je souffre avec elle » – « les liens demeurent ».
  • « Mon amour pour les miens est pris dans sa totalité par le Christ qui donne à cet amour sa pleine dimension de vérité et de gratuité. Ma famille, c’est le premier prochain : elle est à aimer « comme Jésus nous a aimés », c’est-à-dire en libérant de tout ce qui est servitude, en faisant grandir ».
  • « Croire que le Seigneur les aime plus que moi... ».

Le souci de la famille reste donc, mais il n’est plus un absolu :

  • « Le souci premier n’est plus seulement la famille, mais la communauté, l’apostolat ».
  • « Ma foi m’éveille à la souffrance de ceux qui vivent la même condition que ma famille ».
  • « L’Évangile demande un élargissement du cœur à tous ceux qui ont besoin de moi. Donc il ne supprime pas les liens que j’avais, mais ils ne sont plus un absolu : il y a la communauté, et ceux à qui je suis envoyée. Cette ouverture à tous les besoins fera que je ne verrai pas que la famille est l’unique qui a besoin de moi ».

Nos familles participent à cette ouverture :

– Toutes les sœurs deviennent membres de la famille et pas seulement leur fille ».

Cet approfondissement, cet élargissement, semblent bien dans la ligne de l’Évangile :

Qui est ma mère, qui sont mes frères ?... ceux qui écoutent la
Parole de Dieu et qui la gardent.
Voici ta mère... voici ton fils...
Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense ?...
Aimez-vous comme je vous ai aimés...

II. Notre foi fait naître dans nos relations une nouvelle échelle de valeurs :

  • Les biens matériels, qui étaient auparavant la chose la plus importante, sont mis à leur vraie place : ils ne sont pas Tunique chose qui rende l’homme heureux ; ceci invite à un discernement continuel. Ils ne sont plus au premier plan, sauf ce qui est de nécessité vitale ».
  • Ma foi donne une juste valeur aux biens matériels : pas les minimiser, mais avoir un minimum pour s’élever au-dessus d’eux ».

On est appelé à considérer d’autres biens que l’aide matérielle :

  • Transformation de l’aide matérielle : elle peut se compléter par la prière, la présence, la visite avec d’autres ».
  • Savoir faire quelque chose de gratuit pour nos familles (pas seulement l’aide indispensable) : visite, visite avec une autre sœur. Nos familles ont moins besoin d’argent que de cette présence ».

L’aide matérielle elle-même demande à prendre toute sa signification :

– Quand Jésus nourrit les hommes, les guérit, etc., c’est toujours signe de quelque chose de plus qu’il apporte, signe de la vie en abondance qu’il offre. Nos dons, nos services, devraient aussi mener à « plus de vie », à « plus d’être » et pas seulement à « plus avoir ». Ce que je veux faire pour les miens doit mener à une libération, à une croissance des personnes ».

Attitude elle aussi évangélique :

Ne vous inquiétez pas... cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice...
Qui m’a établi juge entre vous ?
Faites-vous des trésors dans le Ciel...
Lève-toi et marche.

III. Tout cela nous permet de vivre « de manière plus vraie » la pauvreté :

  • Parler de la pauvreté des siens est coûteux : on aimerait que ce ne soit pas nécessaire de le faire – accepter la pauvreté de se trouver tel qu’on est ».
  • Dans le souci de la famille, pas mal d’exigences : être réconciliée avec soi-même ; accepter sa situation – accepter que je sois dans la communauté, accepter qu’elle m’aide ou non, ce qui appelle à un certain détachement ».
  • Ce souci d’aide à la famille est maintenant aussi dans les mains d’une autre ; j’accepte ce que l’autre me dira ».
  • Expérience vraie de la mise en commun et du partage : je n’aide pas parmon salaire, c’est la communauté qui aide ».
  • Le souci de ma famille et des pauvres m’invite à user des biens avec mesure, à voir ce qui est esclavage dans mes propres besoins : de quoi ne puis-je me passer ? qu’est-ce que j’ai peine à partager ? »
  • Désir de ne pas seulement me priver, mais d’aider en partageant matériellement – vivre certaines situations de leur vie concrète (joie, peine, mariage, baptême), accueillir de la façon qui fait plaisir. Comme cela coûte de l’argent, ce n’est pas toujours possible : je dois tenir compte de la communauté. Vivre en communauté ne permet pas d’exigences. Dans la foi, je réalise là ma pauvreté. Il ne me manque rien, mais il me manque la possibilité de partager ce que je voudrais, c’est là que je vis ma pauvreté ».

Pauvreté qui prend aussi une dimension plus intérieure :

  • L’Évangile m’apprend que je ne m’appartiens plus – j’ai à me recevoir et à porter ma vie et celle de ma famille et des autres avec la communauté – mon souci de la famille est porté par les autres et devient le leur ».
  • Dépendre des autres, de la communauté pour aider, peut m’apprendre aussi l’attitude du pauvre dans ma relation avec le Seigneur : attitude de dépendance, attendre tout de Lui, me recevoir de Lui ».

Bienheureux les pauvres...
N’emportez pas de bourse, pas de sac...

IV. Nos relations familiales vécues dans la foi sont aussi occasion de vivre et d’approfondir notre sens communautaire :

– Signe de notre fraternité : la famille de chacune importe à chacune » – « fraternité dans le souci partagé des familles, l’écoute de leurs besoins, l’aide sous différentes formes dans la mesure où l’on peut ».

Plusieurs souhaitent que, dans la mesure du possible et tout en laissant la liberté et en garantissant le respect des personnes par la discrétion, il y ait une prise en charge plus communautaire du souci des familles :

  • Ne serait-ce pas plus positif que la communauté soit plus participante ? »
  • Qui a la charge d’aider : la communauté ? C’est elle qui se suffit, qui voit son budget, ses possibilités. »
  • Une prise en charge plus communautaire du souci des familles éviterait des ambiguïtés chez les parents qui peuvent croire que c’est la fille qui aide, ou qu’elle est riche en vivant avec des bazungu (européens). Il y a quelque chose à chercher pour faire comprendre notre communauté de biens... »

Ici encore nous rejoignons l’Évangile et la vie de la première communauté :

Ceux qui étaient devenus croyants étaient unis et mettaient tout en commun... pour en partager le prix entre tous selon les besoins de chacun (Ac 2,44 ; cf. 4,39).

La communauté a un rôle important dans le discernement et la liberté intérieure (voir point suivant V).

V. Vécues dans la foi, les relations familiales sont un appel à plus de liberté intérieure.

On n’y accède pas sans souffrir :

– Les paroles de l’Évangile sont dures... « qui met la main à la charrue »... ».

Le discernement à faire dans l’aide à demander, l’entrée dans une plus grande pauvreté matérielle et spirituelle exigent détachement et liberté intérieure :

  • Voir si, dans mes demandes pour ma famille, il n’y a pas une recherche de moi-même, apprendre à relativiser certaines choses ».
  • Liberté dans la mesure où je puis exprimer mon cas, avec une certaine « indifférence », pour que la décision soit prise avec les autres ».

La communauté peut aider à cette liberté :

  • Souci de la famille et liberté : les deux peuvent coexister dans la mesure où l’on sait qu’on peut en parler. La communauté joue beaucoup pour garder la liberté intérieure sans supprimer le souci (si les Sœurs sont vraiment sœurs, compréhensives, empathiques, je sais d’avance que je serai comprise, qu’on aidera, et que s’il n’y a pas moyen, on me soutiendra dans cette situation) ».
  • Il y a liberté et paix pour la Sœur qui peut s’exprimer en communauté. Le fait que ce souci soit porté plus ou moins communautairement, que la question de l’aide à la famille ne soit pas un sujet tabou, fait qu’on ne se sent pas « en marge » en vivant cette difficulté ».
  • Libération : on n’est pas « accaparée » comme lorsqu’on est chargée de se débrouiller toute seule, comme cela se fait dans certaines congrégations ».
  • Il y a une libération quand on a pu aider, particulièrement quand l’aide est durable : aide à la construction, par exemple ».
  • Il y a un aspect très libérant à pouvoir parler d’abord à une personne, la responsable – quitte à élargir après à la communauté ».

Cette libération a pour but de nous mettre davantage au service du Royaume de Dieu : mais elle est toujours douloureuse :

Qui aime son père, sa mère... plus que moi... n’est pas
digne...
Il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens...
Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ?... ils
ne comprirent pas.

Sœurs Auxiliatrices
B.P. 744
KIGALI, Rwanda

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