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Bulletin bibliographique sur l’intelligence de la foi

Jean Delcuve, s.j.

N°1972-6 Novembre 1972

| P. 332-341 |

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Nous grouperons sous deux rubriques les livres relatifs à la foi que les éditeurs ont eu l’obligeance d’envoyer à Vie consacrée depuis quelque douze mois :

  1. ceux qui traitent plus directement de la nature de la foi, de ses conditions, de son langage, ou qui, éclairant certains points de doctrine, permettent une meilleure intelligence de la foi, sans qu’en soit exclu tout témoignage personnel ;
  2. ceux qui se présentent plus immédiatement comme un témoignage personnel.

I

Dans son Je crois en Jésus-Christ aujourd’hui [1], A. Manaranche, qui possède une connaissance approfondie du mouvement des idées durant ces dernières années, met en lumière la valeur de la foi en Jésus-Christ aujourd’hui. Son livre se caractérise par une remarquable analyse tant du « cœur de l’expérience chrétienne » que de l’incroyance (celle des chrétiens et celle des non chrétiens). L’auteur excelle en outre à clarifier les questions qui font actuellement difficulté, telles que foi et religion, foi et morale, foi et idéologie, foi et symboles. A la lecture, à la méditation de ces pages, on comprendra mieux la vérité, la bonté, la valeur unique de la foi en Jésus-Christ aujourd’hui, comme hier et comme demain. L’homme contemporain peut donner toute sa foi au Christ : lui seul peut donner tout son sens à la vie.

Croire d’Edmond Barbotin [2] est destiné aux jeunes qui s’interrogent sur leur foi. L’auteur, qui les connaît bien, les aide à faire la clarté sur les grandes questions qu’ils se posent sur le Dieu de la foi, le mal, Jésus-Christ, l’Église. Il leur rappelle les exigences de renoncement, d’approfondissement requis pour une authentique vie de foi : pour s’épanouir, la foi doit se vivre : la grandeur de l’existence consiste à « aimer dans la foi ».

Nous avons reçu deux livres du Cardinal Renard : Qu’est-ce qu’un chrétien ? et Seule compte la foi.

Il y a trois parties dans le premier ouvrage [3]. I. Qu’est-ce qu’un chrétien ? L’auteur le définit à partir de la première génération chrétienne, celle des Actes des Apôtres. Le chrétien est un disciple du Christ fidèle à l’enseignement des Apôtres, à la communion fraternelle, à la fraction du pain, à la prière, au témoignage. II. Qu’est-ce qu’un chrétien adulte ? C’est un disciple du Christ « qui a atteint un certain niveau de foi et d’amour, au-delà d’un christianisme puéril ou adolescent » (p. 48) et est animé d’une « très humble espérance ». III. La Vierge Marie adulte. Le Cardinal Renard nous montre Marie adulte de la foi, de l’espérance, de la charité. – Remarquable de clarté, ce petit livre apporte lumière aux chrétiens qui s’interrogent sur leur identité.

Seule compte la foi [4]. Le titre complet du livre serait : « Dans le Christ Jésus, seule compte la foi qui agit par la charité » (cf. Ga 5,6.) La netteté de l’affirmation de Paul – et l’on retrouve la même doctrine chez saint Jean – dit assez l’importance pour le chrétien de vivre toute sa vie à la lumière d’une foi qui s’épanouit en charité et est source d’espérance, car sur terre les trois sont inséparables. C’est pour nous y aider que l’auteur a rédigé ces notes spirituelles et apostoliques, ces « billets de réflexion, de prière et de vie ». Ils nous disent comment vivre en disciples du Christ, en Église, comment discerner les appels de Dieu, la venue de son amour dans les événements qui traversent nos existences, comment vivre selon l’Évangile et annoncer la foi en Jésus-Christ aujourd’hui. Avec simplicité et profondeur, le Cardinal Renard nous ouvre à l’intelligence et à la pratique d’une vie unifiée par la foi, l’espérance et la charité.

En 1962, M. Légaut publiait aux Éditions du Seuil Travail de la foi. Quelques approximations spirituelles. C’est cet ouvrage que reproduit la collection « Livre de Vie [5] ». L’auteur nous introduit dans le travail de la foi en lui-même. Il nous dévoile les exigences concrètes qui se sont progressivement manifestées à lui comme conditions nécessaires de la croissance vraie du germe de foi reçu au baptême. Une connaissance adulte de foi est ouverture de l’intelligence, du cœur, de la personne tout entière au Seigneur Jésus : elle est accueil de lui dans toute l’existence. Mais il faut, pour y parvenir, un effort qui engage toute la personne.

À cette époque du cheminement de sa pensée, M. Légaut n’a pas encore atteint les positions plus radicales qu’il prendra dans ses livres de 1970 et 1971 [6]. De plus, le sous-titre indique qu’il ne s’agit que de « quelques approximations spirituelles ». Aussi, bien des pages de ce livre aideront-elles le lecteur à prendre conscience des exigences d’une foi qui se veut adulte.

Les deux ouvrages récents de Marcel Légaut que nous venons de rappeler ont trouvé dans le public un réel écho, témoignage de l’intérêt que Jésus et la foi en lui continuent de susciter. Ils ont aussi provoqué des débats. C’est l’un d’eux, d’une particulière qualité, entre M. Légaut lui-même et le P. Fr. Varillon, que relate Débat sur la foi [7]. Chacun des interlocuteurs expose sa pensée dans un respect profond de l’autre, mais aussi avec une entière franchise. Leurs explications réciproques leur permettent de préciser leurs points communs comme aussi de mieux marquer leurs divergences. Il en subsiste de fondamentales sur les conditions de la foi, la connaissance qu’elle nous procure de Dieu, de Jésus-Christ, du salut en Jésus, comme aussi sur les rapports entre liberté et institution, effort de l’homme et don de Dieu, foi et croyance, fonction du dogme. Si, avec le P. Varillon, nous pensons que la foi telle que l’expose M. Légaut ne rejoint pas réellement LA foi, celle de l’Église, leur débat permet de mieux cerner les exigences de vérité et d’engagement de vie requises pour une adhésion de toute la personne à Jésus-Christ et à sa révélation.

« Égarer quelque chose, note Joseph Thomas, dans l’Avant-propos de La foi égarée [8], ce n’est pas nécessairement le perdre. Simplement, on ne sait plus où on l’a mis ; on l’a mis ailleurs que là où il devrait être. La foi n’est pas un objet qu’on garde ou qu’on perd. Mais il arrive qu’on ne la mette pas à sa place. On l’a égarée... On est bien près de l’avoir perdue... Il n’y a qu’un moyen : refaire le chemin parcouru. Peut-être la trouvera-t-on-là qui nous attendait ». Dans cette recherche de la foi égarée, Joseph Thomas se fait notre guide, un guide de valeur. Sous sa conduite, nous repérons les causes de cet égarement. Jusqu’à ces derniers temps, la foi fut vécue « dans l’élément de la religion ». Et voici que « l’avènement de la réalité » a fait éclater la foi « religieuse ». D’où un réel désemparement, une mise en question, une crise d’identité de la foi. Mais cette déroute doit provoquer non un abandon de la foi, mais une recherche de ce qu’elle est. Le savions-nous vraiment ? Nous avons à le redécouvrir de l’intérieur.

Une première question se pose : quel est le lieu de la foi ? L’auteur répond : c’est la vie, c’est dans toute la vie que la foi doit être vécue « ou bien, très vite, elle ne sera plus nulle part » (p. 65). Elle doit dès lors engager tout l’homme, marquer toute l’existence humaine. Pour qu’il en soit ainsi, elle doit se nouer et grandir dans le « cœur » de l’homme, au sens biblique du mot, à savoir le lieu des décisions libres, des engagements responsables dans le temps et dans l’histoire. Or l’homme d’aujourd’hui comme de toujours, s’il veut devenir véritablement homme, rencontre trois coordonnées de toute existence humaine : l’avenir, les autres, la confrontation de soi-même avec ses propres limites. Joseph Thomas montre comment faire la vérité dans ce triple domaine : c’est rencontrer Dieu et se disposer à rencontrer Jésus-Christ, seul lieu véritable de la rencontre de Dieu et de l’homme comme de la rencontre de l’homme avec l’avenir, les autres, soi-même. Jésus-Christ est la vérité et la vie de l’homme. Et voici que la foi chrétienne retrouvée dans sa véritable identité ramène nécessairement à la religion chrétienne, à une « communauté de grâce », lieu d’un « langage de grâce » et du culte chrétien. – Un livre qui se recommande par la qualité de sa réflexion.

Dans l’Avant-Propos de son ouvrage Langages de la foi à travers l’histoire [9], Elisabeth Germain précise fort bien son but : « Ces pages tentent de retracer la vie du peuple chrétien à travers la formation religieuse qui lui a été donnée dans la France des XVIe -XXe siècles ; notamment la vie des rudes, comme on disait, c’est-à-dire des humbles, de la grande masse des chrétiens ordinaires auxquels s’adresse la catéchèse ». A partir de faits, E. Germain nous montre comment « toute présentation du message... se trouve structurée par les conditionnements socio-culturels et, à l’inverse, est susceptible de marquer profondément la mentalité des fidèles » (p. 14). Ces lignes de l’auteur ont accroché notre attention au début de notre lecture ; tout au long de celle-ci, notre intérêt s’est maintenu : l’auteur a réalisé son projet.

De cette histoire, nous avons à tirer profit. Elle nous fait voir en effet comment des efforts généreux de rechristianisation, d’adaptation pastorale à de nouvelles situations peuvent « se solder au détriment de certains aspects du message » (p. 14) et ainsi susciter, pour d’autres générations, de réelles difficultés dans l’accueil de la révélation de Dieu en Jésus-Christ. Histoire éclairante pour nos préoccupations d’une catéchèse adaptée à nos contemporains. C’est tout le message chrétien que nous avons à transmettre à nos frères les hommes dans un langage qu’ils comprennent. – Livre à recommander à ceux qui sont soucieux de la pastorale d’aujourd’hui.

Voici maintenant deux ouvrages qui élucident certains points de doctrine.

Dans Le nouveau peuple de Dieu, de Joseph Ratzinger [10], on trouvera non une théologie proprement dite du nouveau peuple de Dieu, mais un éclairage magistral sur plusieurs points qui le concernent : origine et essence de l’Église, nature du ministère ecclésiastique et son rapport à l’unité de l’Église, relation de la collégialité des évêques au primat du Pape, implications pastorales de la doctrine de la collégialité, sens de l’axiome « Hors de l’Église, pas de salut », problème du caractère « absolu » de la voie chrétienne du salut. L’auteur joint à un sens théologique très sûr une connaissance approfondie de l’histoire de la pensée de l’Église sur ces questions importantes et actuelles, ce qui lui permet d’en mieux discerner la portée exacte et la signification précise. Ceux qui liront son livre – et sa lecture en vaut la peine – entreront plus profondément dans l’intelligence du mystère de l’Église, de sa relation à Dieu, à Jésus-Christ et aux hommes.

Dialogues sur la foi [11] fait le point sur un certain nombre de questions posées par des lecteurs d’un important hebdomadaire. Elles ont trait à la Bible, la foi, la morale, la pastorale, l’œcuménisme... Dues à de vraies compétences, les réponses frappent par leur clarté, leur précision et le soin que prennent leurs auteurs de guider ceux qui les posent « jusqu’au cœur du mystère révélé ».

Terminons cette première partie par deux ouvrages de caractère plus technique [12].

Certitude de foi et liberté, de G. Muschalek [13], s’efforce de répondre à la question de savoir comment la foi peut aujourd’hui devenir une certitude pour l’homme qui cherche. Cette étude s’ouvre naturellement par un chapitre sur l’histoire du problème de la certitude, dont les moments majeurs sont brièvement remis en mémoire : la doctrine thomiste de la certitude ; certitude chez Luther, Descartes et Kant ; Vatican I. Dans un deuxième chapitre, on traite de la certitude de foi selon l’Écriture ; on y souligne que, chez les Synoptiques, la foi et sa certitude sont très différentes d’une (pure) satisfaction intellectuelle : « la foi n’éclôt que chez ceux pour qui le sol se dérobe sous leurs pieds, qui ne peuvent trouver de secours en eux-mêmes... » (p. 60). Les deux chapitres qui suivent nous offrent les fruits d’une démarche de théologie réflexive sur la doctrine catholique de la foi.

Un certain manque de clarté dans l’expression nous laisse dans le doute sur le sens de la thèse générale. Mais un lecteur soucieux de rencontrer l’incertitude d’aujourd’hui sera bien aidé, à ce qu’il semble, dans son effort d’approfondissement.

Le nom de Bultmann n’évoque trop souvent que le propos de démythologisation. Or le projet bultmannien majeur a été celui d’une théologie de la foi chrétienne. C’est cette thèse qui inspire le titre (La théologie de la foi chez Bultmann [14]) et la composition du présent ouvrage. Une première partie expose la pensée de Bultmann sur la foi, dans une série de chapitres : le paradoxe de la foi, la foi et l’eschatologie, la foi et l’analyse existentiale, Bultmann et Heidegger, etc. Dans la seconde partie, l’auteur, théologien catholique, engage un long dialogue avec le théologien de Marbourg. C’est là qu’il rencontre les thèmes qui ont gardé, si l’on peut dire, toute leur actualité : la dimension historique de l’événement sauveur ; la résurrection et la continuité christologique ; la foi au Christ... L’ouvrage est appuyé sur une lecture très approfondie des œuvres de Bultmann, et notamment de Foi et compréhension ; la critique est marquée au coin d’une grande pénétration.

II

Si la foi est toujours et d’abord un don de Dieu, l’Esprit se plaît à la susciter et à la faire grandir à travers la parole, les écrits, la vie de ceux qui ont mené leur existence sous le signe d’une foi qui les a profondément marqués et a transformé leur existence. Ils sont pour nous des témoins et des éducateurs de la foi. C’est le message de foi de quelques-uns de ces grands témoins que l’on trouve dans les quatre volumes suivants, dont nous sommes heureux de recommander la lecture.

Ce que croyait Charles de Foucauld [15] nous redit, à travers son témoignage, le pouvoir toujours actuel de séduction de Jésus, la puissance transformant de l’Eucharistie et de l’Évangile, la corrélation intime entre foi et amour. La foi qui s’achève en amour demeure capable, aujourd’hui comme par le passé, de transfigurer la vie des hommes.

Ce que croyait François d’Assise [16] : afin de nous montrer en François un maître de foi chrétienne pour aujourd’hui, l’auteur, fils de saint François et spécialiste de la pensée franciscaine, nous apprend comme le Poverello a compris et vécu chaque article du symbole de Nicée, et comment cette intelligence intime et cette vie ont illuminé et transformé son existence. Davantage que christocentrique – et l’on sait à quel point François est passionné de Jésus –, sa foi, sa mystique, sa spiritualité sont trinitaires. Son amour des hommes a sa source dans l’amour que le Père, le Fils, l’Esprit lui portent. S’il chante les créatures, c’est parce qu’elles révèlent la « signification de Dieu ».

« Aider le lecteur à comprendre la foi de Thérèse afin que lui-même puisse mieux vivre sa foi », tel est le but que poursuit L. Guillet en écrivant Ce que croyait Thérèse d’Avila [17]. Ces pages initient à la lecture des écrits de Thérèse qui affirme avoir été enseignée par Dieu. La foi de la Sainte est née et s’est affermie dans l’écoute des vérités de la foi proposées par l’Église et dans la méditation de l’Écriture. Elle a vu en Jésus « le chemin, la vérité qui ne peut mentir ». Elle a découvert la grandeur et, la majesté de Dieu et, en contraste, sa propre bassesse et le peu que sont les choses du monde. La connaissance qu’elle a acquise de Dieu à la clarté de la foi l’amène à s’en remettre entièrement à lui, « à se donner à lui, et c’est le plein épanouissement de l’acte de foi ». La foi la rend libre et lui fait appuyer sa faiblesse à la force de Dieu. Thérèse nous enseigne enfin le moyen pour parvenir à cette foi, à savoir la recherche de « la compagnie du bon Jésus ».

Dans Ce que croyait Marie de l’Incarnation [18], G.-M. Oury, après avoir retracé brièvement son itinéraire mystique, dégage les axes principaux de sa vie spirituelle. Il nous montre le rôle dans celle-ci de la Parole de Dieu, de la liturgie de l’Église, du maître intérieur, de la pureté du cœur, du « rien propre au Tout », du sang de Jésus-Christ. Il nous introduit dans l’intimité de ses relations avec les trois Personnes divines et la Vierge Marie. Il nous dit enfin le rôle qu’exerça sur elle son désir intense de « l’amplification » du Royaume. Ce livre nous fait réaliser que « l’amour divin est plus véhément, plus possessif que le plus violent des amours humains » (p. 191), en même temps qu’il nous montre la puissance transformant de cet amour en ceux qui se livrent à lui.

Voici la profession de foi de quatre théologiens : Je crois en l’Église. Que je n’en sois jamais séparé [19]. C’est dans l’Église, confesse le Cardinal Garrone, qu’il a plu à Dieu de me faire naître, c’est en elle que j’ai découvert le Christ, l’Évangile, Dieu et ai expérimenté qu’on ne sépare pas le Christ et l’Église. Aussi est-ce en elle que je demande à Dieu de me garder. Ce qui m’attache à l’Église, déclare le Cardinal Daniélou, c’est la vérité et la vie de Jésus-Christ. En dehors de l’Église, je ne peux trouver authentiquement Jésus-Christ. L’Église est le lieu de ma foi, affirme J. Ratzinger ; je reste dans l’Église parce qu’elle est l’Église du Christ. À la question : pourquoi suis-je encore chrétien aujourd’hui ? Hans Urs von Balthasar répond en substance : c’est à cause de l’inouï des prétentions de Jésus prononcées par une personne singulière et du « poids eschatologique » du christianisme. Ce qui frappe dans ces témoignages, c’est à la fois leur ferveur et leur concordance : c’est dans l’Église, à travers elle que le Christ est reconnu et aimé, ce Christ qui est la vérité, le chemin, la vie.

Dans Ce que je crois [20], un laïc, « penseur » de profession, Jean Guitton, a réalisé de main de maître le but qu’il se proposait : « définir ce que je pense à l’intérieur de ce que je crois, c’est-à-dire comment je pense ce que je crois, puisque ma profession consiste à penser » (p. 79). Quatre parties dans son ouvrage. I. Examen de vérité. Après avoir relaté la source de sa foi, le milieu dans lequel elle est née et s’est épanouie, « la surprise, la couronne et la joie » que fut pour lui le Concile de Vatican II, l’auteur analyse de manière remarquable la crise présente de la foi catholique. Pour la caractériser, « je dirai, écrit J. Guitton, qu’il existe deux types de vérité dans la foi. Les vérités de type vertical : ce sont les vérités que Jésus appellerait dures, lorsqu’il disait : « Cette parole est dure » ; ce sont les vérités difficiles, comme l’appel à porter sa croix, à ne pas céder devant les puissances. Il existe d’autre part des vérités de type horizontal, par exemple celles qui nous poussent à vivre, à nous aimer, à aimer, à travailler, à accroître en nous, autour de nous, le bonheur » (p. 52). Le danger de notre époque est de ne retenir que les secondes et de méconnaître les premières, de substituer une religion de type humain à une religion de type divin. Il y a « affaiblissement de la certitude », crise de l’idée de vérité. II. Ce que je pense. Trois problèmes cardinaux paraissent à l’auteur étroitement liés : l’Église et l’Évangile, Jésus, Dieu. Il nous communique le fruit de ses recherches à leur sujet et celles-ci ont affermi sa foi. III. Motifs plus secrets. Ce sont son expérience de destinée, le rôle de la piété dans la foi, l’argument que sont les saints, la preuve par l’hypothèse inverse : que se passerait-il si je perdais la foi ? IV. Perspectives d’avenir. « La mort de Dieu menace l’homme de mort. C’est alors que le choix qui s’impose à tout esprit entre « l’être et le néant », le mystérieux et l’absurde, au lieu de se faire dans la nuée, s’accomplira dans la clarté. Et il se peut que ce soit avant un siècle » (p. 204-205). Jean Guitton termine son beau livre par un Credo : texte long, texte court.

C’est le fruit d’une méditation sur quinze années de ministère apostolique que François Francou nous livre dans La foi d’un prêtre [21]. Ces pages veulent « surtout évoquer les attitudes spirituelles qui, au fil des années, me sont apparues essentielles pour fonder une action pastorale et missionnaire dans les milieux déchristianisés où j’ai vécu », nous confie l’auteur (p. 13). Ces attitudes spirituelles s’enracinent dans une foi vivante, d’où le titre du livre. Il comporte deux parties. I. Itinéraire apostolique. F. Francou nous retrace l’itinéraire spirituel et apostolique qu’il a suivi, car c’est au cours de celui-ci que sont nées et ont mûri les perspectives apostoliques qu’il nous ouvre par la suite. Récit tout simple, écrit sans complaisance, dans lequel il nous introduit au cœur de son expérience spirituelle et apostolique : vrai partage de foi. II. Perspectives apostoliques. Ses expériences, réfléchies et priées, l’ont amené à opter pour l’animation spirituelle d’une communauté chrétienne de base. Il nous dit comment il voit le rôle du chrétien dans la cité et celui du prêtre dans le monde d’aujourd’hui. Les grands problèmes pastoraux actuels sont abordés : renouvellement des structures paroissiales traditionnelles, éducation du laïc chrétien, travail et engagement politique du prêtre, travail salarié et pauvreté évangélique, valeur et signification du célibat sacerdotal, nécessité de l’annonce immédiate et directe de l’Évangile, le prêtre pasteur et la paroisse... Tout à la fois avec modestie et courage, F. Francou nous propose ses solutions. Elles nous ont frappés par la maturité, le sens de Jésus-Christ, de l’Évangile, de l’Église, de la mission du prêtre et du laïc chrétien dont elles témoignent. Que l’auteur soit remercié d’avoir écrit ce livre.

St. Jansbergsteenweg 95
B- 3030 HEVERLEE, Belgique

[1A. Manaranche. Je crois en Jésus-Christ aujourd’hui. Coll. « Livre de vie », 111. Paris, Éd. du Seuil, 1972, 18 x 11, 190 p.

[2E. Barbotin. Croire. Tournai-Paris, Desclée, 1971, 18 x 10, 174 p., 140 FB.

[3A.-C. Renard. Qu’est-ce qu’un chrétien ? Paris, Beauchesne, 1971, 18 x 12, 112 p., 12 FF.

[4A.-C. Renard. « Seule compte la foi... » Notes spirituelles et apostoliques. Desclée De Brouwer, 1971, 20 x 13, 174 p.

[5M. Légaut. Travail de la foi. Quelques approximations spirituelles. Coll. Livre de vie, 110. Paris, Éd. du Seuil, 1972, 18 x 11, 166 p.

[6Introduction à l’intelligence du passé et de l’avenir du christianisme. - L’homme à la recherche de son humanité. Paris, 1970 et 1971. Voir Vie consacrée, 1971, p. 373.

[7M. Légaut et Fr. Varillon. Débat sur la foi. Centre Catholique des Intellectuels Français, Desclée De Brouwer, 1972, 20 x 13, 100 p.

[8J. Thomas, S.J. La foi égarée. Coll. « Christus », 31 (Essais). Desclée De Brouwer, 1971, 20 x 13, 190 p.

[9E. Germain. Langages de la foi à travers l’histoire. Mentalités et catéchèse. Approche d’une étude des mentalités. Coll. ISPC Langages de la foi. Paris, Fayard-Mame, 1972, 22 x 14, 242 p., 25 FF.

[10J. Ratzinger. Le nouveau peuple de Dieu. Coll. « Intelligence de la foi ». Paris, Aubier-Montaigne, 1971, 20 x 13, 192 p.

[11Dialogues sur la foi. 3. Coll. « Le point », 17. Paris, Apostolat des Éditions, 1971, 18 x 11, 272 p., 15 PF.

[12Leur recension a été assurée par le P. Léopold Malevez, S.J., que nous remercions de son obligeance.

[13G. Muschalek. Certitude de foi et liberté. Coll. « Quaestiones disputatae », 8. Desclée De Brouwer, 1972, 21 x 13, 140 p.

[14J. Florkowski. La théologie de la foi chez Bultmann. Coll. « Cogitatio fidei », 61. Paris, Éd. du Cerf, 1971, 22 x 14, 254 p., 28 FF.

[15Ce que croyait Charles de Foucauld. Paris, Marne, 1971, 18 x 13, 136 p., 15 FF.

[16W. Van Dijk. Ce que croyait François d’Assise. Paris, Marne, 1972, 18 x 13, 140 p., 9 FF.

[17L. Guillet. Ce que croyait Thérèse d’Avila. Paris, Mame, 1972, 18 x 13, 226 p., 15 FF.

[18G.-M. Oury. Ce que croyait Marie de l’Incarnation et comment elle vivait de sa foi. Paris, Marne, 1972, 18 x 13, 196 p., 15 FF.

[19G.-M. Garrone, J. Daniélou, J. Ratzinger, H. U. Von Balthasar. Je crois en l’Église. Que je n’en sois jamais séparé ! Paris, Marne, 1972, 18 x 13, 194 p., 15 FF.

[20J. Guitton. Ce que je crois. Paris, Grasset, 1971, 19 x 14, 212 p., 18 FF.

[21F. Francou. La foi d’un prêtre. Paris, Le Centurion, 1971, 18 x 14, 208 p., 15 FF.

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