Maturité psychique et vocation religieuse
Jean-François Catalan, s.j.
N°1972-1 • Janvier 1972
| P. 34-52 |
La lecture en ligne de l’article est en accès libre.
Pour pouvoir télécharger les fichiers pdf et ePub, merci de vous inscrire gratuitement en tant qu’utilisateur de notre site ou de vous connecter à votre profil.
Il y a déjà bien des années que tous ceux qui ont quelque responsabilité dans la formation des futurs prêtres et des futurs religieux ou religieuses, se préoccupent des « critères de maturité » leur permettant de pratiquer un réel discernement des vocations. Des collections entières s’attaquent, sous des angles divers, à ces problèmes de la vie religieuse et, plus particulièrement, aux délicates questions que pose l’équilibre psychologique des sujets qui s’engagent dans cette voie [1]. Vivre un don total de soi-même dans un renoncement lucide et courageux à des satisfactions inscrites au cœur même de la nature humaine [2] suppose, à n’en pas douter, une maîtrise de soi et une lucidité que l’on ne rencontre pas toujours. Certes, le Seigneur donne, par sa grâce, « le vouloir et le faire [3] », mais il ne faut pas tenter Dieu, et les moyens humains sont toujours nécessaires.
Qui pourrait nier que ce monde qui est le nôtre, ait besoin, plus que jamais, d’êtres adultes, suffisamment mûrs pour affronter, sans naïveté, sans découragement, les innombrables difficultés de l’existence contemporaine. « Une analyse, même sommaire, du monde moderne mettrait facilement en valeur combien il est en appel d’humanité adulte, écrivait, en 1958, le P. Liégé ; sa complexité, sa socialisation intensive, ses rythmes accélérés, ses sollicitations à l’engagement, sa démocratisation, multiplient les inadaptés et les névrosés parmi les êtres demeurés infantiles ou adolescents [4] ». Ajoutons aux difficultés signalées dans ces lignes, la sécularisation croissante de notre univers, dans lequel le prêtre, le religieux, la religieuse ne bénéficient plus, comme ce fut souvent le cas dans le passé, d’une place et d’un statut social immédiatement reconnus. Enfin la foi elle-même fait question, dans l’esprit de beaucoup, et avec elle se trouvent ébranlées nombre de convictions et d’attitudes dans lesquelles elle s’exprimait.
Quoi d’étonnant, dans ces conditions, à ce que l’on demande à ceux et à celles qui prétendent témoigner dans le monde de ce temps de Jésus-Christ et de son Évangile, d’être d’abord des êtres équilibrés et épanouis, des adultes ?
Maturité et Intégration personnelle
Lorsque les auteurs tentent de préciser les critères de la maturité, ils opposent celle-ci à l’enfance ou à l’adolescence. C’est en ce sens que nous prendrons, dans ces lignes, le terme de maturité, suivant en cela de nombreux auteurs [5]. On ne peut, en effet, demander à des jeunes gens d’avoir atteint, avant même de commencer, un équilibre qui ne saurait être obtenu qu’après des années d’effort. Le temps est, en cette matière, un facteur dont on ne saurait surestimer l’importance. Encore faut-il que des possibilités existent au départ et que l’on ne s’engage pas, d’entrée de jeu, sur de fausses pistes.
Comment donc apprécier de telles possibilités ? Et d’abord, qu’est-ce qu’un véritable adulte ? L’âge de l’état-civil ne peut, sur ce point, nous renseigner beaucoup. La sortie de l’adolescence et donc l’accession à l’âge adulte dépendent de nombreux facteurs : pays, climat, situation sociale, engagement professionnel, degré de scolarisation et style des études entreprises, milieu familial, etc. Il y a de grandes différences, en ce domaine, entre un rural et un citadin, un « fils de famille » et un ouvrier, un méditerranéen et un Scandinave, un étudiant en droit et un technicien, etc. Tout cela demandera, bien entendu, à être pris sérieusement en considération, mais ne suffira pas à donner des critères suffisants d’appréciation.
Passons donc aux critères proprement psychologiques.
Le P. Cruchon [6] fait remarquer qu’un sujet adulte est capable de se contrôler, ce qui signifie tout d’abord qu’il a acquis à la fois une certaine lucidité et une certaine maîtrise sur lui-même. Il n’est plus dominé par son émotivité, il n’agit pas sous le coup d’impulsions ou d’emballements plus ou moins sentimentaux, il est relativement libre dans ses mouvements et ses attitudes, sans être constamment gêné – ou dépassé – par son corps, ses nerfs, sa sexualité, son passé affectif, son entourage, les événements... ou ses propres élans inconsidérés. Les apparences ne doivent pas faire illusion : un style jeune, voire quelque peu « yé-yé », peut fort bien exprimer, même s’il déconcerte les « moins jeunes », une grande maturité, alors qu’une certaine réserve, quelquefois baptisée « bon ton » ou « discrétion », masquera, en fait, une dangereuse insécurité intérieure. Mais l’inverse peut tout aussi bien se vérifier.
Une certaine unité, une certaine intégration de la personnalité doit donc avoir été réalisée et cela sur les divers plans qui constituent l’être humain. Précisons un peu ces différents aspects.
a) Au niveau du corps, tout d’abord. L’essentiel n’est évidemment pas une connaissance « scientifique » de la structure de l’organisme et des mécanismes corporels. Il est beaucoup plus important d’avoir accepté son corps, de vivre avec lui, en lui, de pouvoir en user comme d’un moyen d’expression et d’échange, d’être – sauf maladie ou infirmité – à l’aise « dans sa peau », d’entretenir, enfin, par une hygiène bien comprise (exercices physiques, propreté, etc.), ces forces physiques indispensables à tout équilibre et à tout travail.
Dans ces perspectives, la sexualité mérite une mention spéciale.
Le monde qui nous entoure – on serait tenté de dire : l’air que nous respirons –, est fortement marqué par l’érotisme (modes, spectacles, publications,...) ou, du moins, dans les meilleurs cas, par une attention et une estime plus grandes envers les expressions sexuelles de l’amour, notamment dans le mariage. Ces courants de pensée actuels peuvent nous entraîner dans deux directions : l’une, qui nous paraît saine, conduit à rendre au corps et à la sexualité leur juste place et leur vraie valeur, sans fausse pudeur, sans fausse honte, reconnaissant que c’est là une dimension normale de l’existence ; c’est à l’autre, qui isole artificiellement la préoccupation du corps et la recherche d’excitations sexuelles du contexte d’amour personnel dans lequel elles devraient normalement s’insérer, qu’on réserve habituellement le nom d’érotisme.
Mais, c’est là le second aspect sur lequel nous aimerions insister, ces phénomènes sociaux nous atteignent au plus profond de nous-mêmes : nous sommes notre corps, ce corps est marqué par la différence sexuelle, nous sommes homme ou femme : un certain dynamisme est à l’œuvre en chacun de nous, dynamisme dont la source est sans doute physiologique, mais qui, modelé par notre histoire personnelle, structure notre psychisme et notre type de relation avec l’autre sexe. Bref une certaine attraction, plus ou moins consciente ou inconsciente, qui peut fort bien, dans certaines circonstances, se muer en indifférence ou en répulsion, caractérise cette relation homme-femme que nous sommes et traduit le désir fondamental de présence et de rencontre, que nous voyons comblé dans certains foyers épanouis et équilibrés.
Vivre dans son corps, avec son corps, « être bien dans sa peau », implique donc la reconnaissance et l’acceptation paisibles de tous ces dynamismes, avec leurs retentissements physiologiques et psychologiques, sans gêne excessive, sans tabous irrationnels, comme sans obsessions ni fascination. Ce n’est pas toujours si facile...
b) Au niveau de l’affectivité et de la relation à autrui
Ce que nous venons de dire de la sexualité nous a déjà introduit dans ce domaine de l’affectivité, puisqu’il s’agit, en fin de compte, d’un mode de relation à l’autre, en tant que cette relation nous affecte et sous-tend toutes nos attitudes. Une affectivité équilibrée implique la possibilité d’être vraiment présent à l’autre, dans un échange qui, tout en incluant sympathie et amour, respecte l’altérité et sauvegarde la (relative) autonomie de chacun. C’est dire que cette présence n’exclut ni les oppositions, ni les affrontements, ni, à l’inverse, les engagements réciproques, mais que tout cela se fait dans un climat de simplicité et de liberté.
Or cette liberté dans les rapports inter-personnels est impossible si une certaine sécurité intérieure fait défaut : dans ce dernier cas, en effet, ou bien l’on recherchera cette sécurité chez autrui, qu’il s’agisse de personnes individuelles ou de groupes, et une excessive dépendance par rapport à ces personnes ou à ces groupes s’ensuivra, accentuant ainsi une attitude infantile, – ou bien l’insécurité se muera en angoisse, et celle-ci, éventuellement, en agressivité plus ou moins larvée ou camouflée, et l’on retrouvera certains traits d’une adolescence où l’opposition systématique et irrationnelle traduit généralement une inquiétude foncière.
La liste serait longue des diverses déviations en ce domaine [7].
Ajoutons – et cette remarque n’est pas sans importance pratique – que les attitudes dont nous parlons ont très souvent, pour ne pas dire toujours, une dimension inconsciente, soit que le sujet ne prenne effectivement pas conscience de son attitude, soit qu’il en prenne conscience sans en saisir l’origine, et donc sans pouvoir la modifier à volonté. Les recherches psychanalytiques peuvent nous être, sur cette question, d’un grand secours et il faut regretter que, sous prétexte d’excès ou d’abus réellement constatés (ou imaginés pour les besoins de la cause), une si grande méfiance règne encore à l’égard de ces méthodes et de ces conceptions.
Quelques précisions sont ici nécessaires : on parle couramment de refoulement à propos de personnes dont la vie morale est régie par des principes assez fermes et qui se refusent, pour des motifs souvent fort valables, certaines satisfactions. C’est là un abus de langage et il faut revenir aux définitions exactes. Un homme ou une femme qui renonce consciemment à certaines choses (l’abus ou l’usage de certains aliments, par exemple, ou l’exercice de la sexualité, etc.) ne devient pas pour autant un refoulé : il s’agit alors, non de refoulement, mais de répression, cette répression étant un acte conscient, réfléchi et délibéré posé pour des motifs raisonnables. Le refoulement, au contraire, est une sorte de défense inconsciente par laquelle le sujet cherche à repousser ou à maintenir dans l’inconscient des représentations (pensées, images, souvenirs) liées à un désir d’ordre instinctif (les psychanalystes diront : pulsionnel). Au fond, le refoulé ne prend pas conscience de ce qui se passe, parce que, obscurément, il ne veut pas savoir ; il pratique, inconsciemment, la politique de l’autruche.
C’est seulement lorsqu’il y a un tel refoulement, spécialement chez certains sujets au psychisme peu structuré ou mal structuré, que se produisent certaines déviations bien connues des psychologues.
Tout cela constitue notre vie affective et doit se trouver clarifié, avant qu’on puisse parler d’attitude adulte. Tout peut n’être pas réglé et on n’a jamais fini de se connaître et de se maîtriser. Du moins faut-il n’être pas trop esclave de dynamismes inconscients ou d’impulsions incontrôlées tels que la relation à autrui, et, par conséquent, en un certain sens, à soi-même, en soit gravement perturbée.
c) Au niveau intellectuel, enfin
Précisons tout de suite que, lorsque nous parlons d’intelligence, il ne faut pas d’abord entendre intelligence « livresque ». Une certaine information est nécessaire, ainsi que la capacité d’en acquérir davantage, mais cet aspect demeure évidemment fort relatif selon les milieux et les tâches.
Ce qui, par contre, n’est nullement facultatif, c’est la rectitude du jugement, ce que l’on nomme parfois, d’un mot quelque peu discutable, le bon sens. Nous désignons par là cette aptitude, acquise, à discerner correctement les divers aspects d’une situation, à en faire successivement l’analyse et la synthèse, sans négliger les détails et sans s’y perdre, – à apprécier le pour et le contre sans se laisser obnubiler par l’un ou par l’autre, – à saisir, dans un dialogue, la valeur et la portée des arguments d’autrui, son intention réelle, sans l’infléchir, la majorer ou la minimiser, – à demeurer objectif, sans laisser intervenir inopportunément des éléments passionnels, – à savoir relativiser son propre point de vue pour admettre que d’autres façons de voir sont concevables (largeur d’esprit), etc.
Il est bien évident que les démarches de l’intelligence interfèrent sans cesse avec les dynamismes affectifs : elles peuvent y trouver un point d’appui précieux ; elles peuvent aussi s’en trouver radicalement faussées. Qui ne connaît de ces « logiciens » intrépides que rien n’arrête dans leurs raisonnements et leurs justifications, et qui ne se rendent même pas compte que leurs prémisses sont, d’entrée de jeu, inexactes et sans aucun rapport avec la réalité ? Certains délires paranoïaques (dans lesquels le malade se croit toujours injustement persécuté) sont de ce type et rendent imperméables à toute discussion. Moins grave, peut-être, mais quelquefois bien gênant, est le cas de ces « intellectuels » protégeant par une érudition extraordinaire un psychisme incapable de supporter le contact humain. Rien n’est plus dangereux qu’une intelligence qui tourne à vide ou qui porte à faux.
L’adulte est celui qui sait accepter les démentis de l’expérience, qui reconnaît que son point de vue, même juste, demeure partiel, qui admet un élargissement de ses perspectives par la référence à celles d’autrui, qui sait, enfin, que la Vérité est toujours au-delà de ce qu’il peut en saisir et qu’il est nécessaire, pour en approcher, de renoncer à certaines « évidences » trop immédiates.
Engagements de l’âge adulte
Pour qu’un engagement soit valable, pour que le sujet qui s’engage puisse être considéré comme vraiment adulte, il faut (et il suffit) qu’un inventaire des divers aspects, conscients et, autant que possible, inconscients, de la personnalité ait pu avoir lieu, permettant d’une part une réelle prise de conscience des aptitudes, des possibilités, des forces psychiques, en même temps que des limites, des points faibles, éventuellement des failles ou des manques, et d’autre part une efficace « prise en main » de soi-même, une maîtrise (au moins relative) de soi et une liberté capable de s’ouvrir à la présence et à l’appel d’autrui. Il faut, en outre, que cette lucidité et cette liberté promettent, au moins, une stabilité dans le temps, une véritable constance, une fidélité, qui n’excluront peut-être ni les chutes, ni les reprises, mais qui ne donneront pas une prise trop facile au découragement et au désespoir.
Telles sont les caractéristiques d’un véritable engagement. Nous y ajouterions, en parlant plus précisément de la vocation religieuse (ou sacerdotale), une foi solide et suffisamment éclairée, un attachement personnel au Seigneur, nourri par une vraie prière, et la volonté lucide et ferme de renoncer, pour témoigner d’un plus grand Amour, à certaines possibilités pourtant fondamentales dans l’existence humaine et bonnes en soi.
Tout cela suppose, d’ailleurs, ce que l’on pourrait appeler l’ouverture ou la sensibilité aux valeurs. Ces valeurs, il est vrai, nous les concevons comme des appels adressés à la personne, ou plus exactement comme l’Appel d’une Personne à une personne. La psychologie et la psychanalyse rejoignent ici la théologie : c’est à travers des appels personnels que se fait entendre l’Appel, à travers les autres que se révèle Celui qui est à la source de toute « vocation ».
Ces appels ne doivent pas être déformés, bien qu’ils nous atteignent au travers de notre propre psychisme et s’inscrivent dans le jeu de ces attitudes et de ces dynamismes que nous décrivions plus haut. Là est toute la question.
« Une conduite libre, a-t-on pu dire, c’est une conduite qui utilise des poussées pour répondre à des appels... Et l’adulte maître de ses « poussées », capable d’accepter ces « pressions », pourra seul répondre aux appels..., ces appels qui doivent être eux-mêmes accueillis dans une certaine paix et sans qu’on en soit intérieurement diminué. Se plier aux exigences de telle ou telle valeur ou accepter tel ou tel type de relation à autrui ne devient signe de mentalité adulte que dans la mesure où l’individu n’y perd pas sa stature, sa fierté et sa joie... Le religieux (par exemple) qui, en face de Dieu et de ses supérieurs, se sent détruit, sans initiative possible, sans joie et sans grandeur, n’est pas adulte... parce qu’il rampe... La route est longue qui fera du tout jeune enfant un homme capable de maîtriser et d’accepter les déterminismes qui le poussent, mais en même temps d’accueillir sans servilité et sans amertume les appels que les personnes et les valeurs lui adressent [8] », qui fera, en un mot, d’un être encore dépendant, captatif, impulsif – et l’enfance, en cette matière, peut se prolonger considérablement – un homme ou une femme capables d’indépendance, de réflexion et d’oblativité.
Quand les psychanalystes parlent de sublimation, ils ne disent pas autre chose. « Une pulsion (entendons par là un de ces dynamismes affectifs dont nous parlions plus haut) est dite sublimée dans la mesure où elle est dérivée vers un nouveau but non sexuel et où elle vise des objets socialement valorisés, comme c’est le cas dans l’activité artistique ou l’investigation intellectuelle [9] ». Il s’agit donc d’une transformation de cette énergie psychique que nous avons en nous, transformation qui l’oriente désormais vers des buts plus élevés, non seulement d’ordre esthétique ou intellectuel, mais aussi (ce que Freud semble avoir méconnu) d’ordre spirituel. Encore faut-il que tout l’être soit saisi par cette transformation et que rien ne vienne y faire sérieusement obstacle : « on va au Bien avec toute son âme », disait Platon, autant dire avec tout son être, corps-et âme, sensibilité et intelligence ; c’est seulement quand cette intégration dynamique se réalise (au moins inchoativement) qu’on peut vraiment parler de volonté libre. Alors seulement peut être reprise la prière d’Ignace de Loyola, au terme des Exercices spirituels : « Prends, Seigneur, et reçois toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence et toute ma volonté ». Car une volonté « vertueuse » ne se mesure pas à l’intensité des efforts déployés ; ceux-ci sont le signe d’une imperfection qui est encore à dépasser ; elle implique au contraire une certaine harmonie, fruit d’une réelle intégration, une disposition à bien agir qui n’est rien d’autre que la vertu, selon une vieille expression aristotélicienne, dont les psychologues modernes redécouvrent, avec d’autres mots, le sens profond [10]. La raideur n’est-elle pas souvent, pour ne pas dire toujours, signe de faiblesse ou de manque ?
Un mot encore sur cette « mémoire » qui, selon le mot ignatien, doit faire partie intégrante de notre offrande à Dieu. Elle représente tout le passé qui est en nous. Il n’est pas inutile d’insister sur ce point. Derrière ce que nous sommes à l’âge adulte, il y a tout ce que nous avons été, tout ce jeu de relations personnelles qui a progressivement structuré notre propre personnalité. Climat familial, petits ou grands événements de l’enfance ou de l’adolescence, frustrations ou chocs mal supportés, tout cela, sans que nous y prenions garde, nous constitue. Il faut pouvoir l’assumer.
Critères de maturité et conditions de discernement
Les lignes précédentes indiquent déjà dans quelle direction nous chercherons des critères de maturité psychique chez les candidats à la vie religieuse. Relativement facile sur un plan théorique, cette recherche n’est nullement aisée dans la pratique : tous ceux qui ont quelque responsabilité dans l’admission ou la formation des sujets en sont bien convaincus.
Une double remarque s’impose tout d’abord : il ressort de nos analyses – et c’est un point que le Dr S. Rousset met en évidence au début de son article [11] – qu’il y aura une très grande analogie entre la conduite du sujet vis-à-vis de Dieu et celle qu’il aura vis-à-vis des autres ou de soi-même. Des discordances peuvent, certes, survenir, mais, ou bien elles ne sont qu’apparentes, ou bien elles révèlent une faille dans le psychisme ; dans les deux cas, elles devront être soigneusement analysées. Un sujet, par exemple, qui prétend trouver facilement Dieu dans sa prière, mais qui fuit craintivement toute relation avec ceux qui l’entourent, peut fort bien vivre dans l’illusion, soit que le « refuge en Dieu » apparaisse comme une compensation affective, une « sécurité », soit même qu’il renvoie à une projection imaginaire de type très « narcissique ». Ce n’est pas toujours le cas, mais il est nécessaire d’y regarder de très près. Le refus de la prière et la « fuite dans les contacts » multiples attireraient d’ailleurs des réflexions du même genre.
D’autre part, comme nous l’avons déjà fait remarquer, un garçon ou une fille de 20 ou de 25 ans, même s’ils semblent avoir franchi le seuil qui marque le passage de l’adolescence à l’âge adulte, n’ont pas pour autant atteint le terme de leur évolution. Peut-on même parler de terme ? C’est donc dans le mouvement même de cette évolution qu’il faudra saisir et discerner les « critères » dont nous parlons. Encore une fois, du temps est nécessaire et, plus qu’un état déjà atteint, c’est le sens, l’orientation d’une démarche qu’il s’agit de percevoir. « Les jeux ne sont pas faits ». Encore faut-il que la « donne » soit suffisante et que l’art du joueur puisse se perfectionner.
Nous pouvons maintenant revenir à nos critères :
a) C’est d’abord dans sa relation à autrui que nous pouvons juger du degré de maturité d’un sujet. Il y a évidemment des tempéraments différents, plus ou moins expansifs, et ce serait ici le lieu de rappeler les grandes catégories caractérologiques de l’extraversion et de l’introversion, les premiers plus ouverts, plus tournés vers l’extérieur, les seconds plus attentifs à leur propre personne, moins directement « en prise » sur le milieu ou l’entourage. Le risque, chez les premiers, est celui de la superficialité, ou d’une certaine inconstance : trop immédiatement à l’aise dans les groupes ou les situations, ils auraient tendance à s’adapter trop bien et à perdre une certaine autonomie personnelle ; ils pourraient être agréables à vivre (pas toujours, cependant), mais sans profondeur et sans véritable consistance. L’introverti, de son côté, se replierait volontiers sur lui-même et sur ses propres pensées. Ayant souvent besoin d’un effort pour entrer en contact, il doit « prendre sur lui », réfléchir, se distancer, prévoir. A la limite, il se coupe de l’ambiance trop changeante pour lui et son risque à lui, c’est l’évasion dans le rêve ou l’intellectualisme outrancier.
Toute attitude peut être ambiguë : il ne faut pas identifier sans plus souci de réflexion et évasion dans la rêverie, opposition systématique et acceptation courageuse des affrontements, capacité d’adaptation et inconsistance. Chacun des caractères envisagés présente ses chances et ses dangers : le tout est d’en déceler l’équivoque et d’en corriger les outrances.
Ce que nous disions plus haut de la sécurité ou de l’insécurité intérieures, se retrouvera dans les attitudes que nous évoquons ici : nous connaissons tous de ces sujets, que l’on dit timides ou renfermés, qui sont, en fait, des anxieux, parfois des scrupuleux, qui se regardent vivre (si même ils vivent !), s’analysent, comptent sans cesse échecs, efforts, succès, n’arrivent jamais à s’exprimer directement et spontanément, embarrassés dans leurs gestes et dans leurs paroles, balbutiant ou bégayant parfois, discutant indéfiniment avant de prendre une décision et remettant sans cesse celle-ci en question... Dans de tels cas, le diagnostic d’incertitude ou d’insécurité intérieure est relativement facile, du moins si le sujet s’en ouvre et ne reste pas totalement renfermé en lui-même, ce qui est une autre façon de « disparaître ». Mais il en est d’autres dont l’attitude est apparemment toute contraire : toujours dans les groupes, ne manquant aucune réunion, jamais seuls, la parole facile, ils ne sont sûrement pas introvertis ! Qu’on y regarde de plus près : on s’apercevra qu’ils se racontent, qu’ils parlent fréquemment d’eux-mêmes, qu’ils tiennent à soumettre aux autres leurs opinions, leurs réactions, les événements auxquels ils ont été mêlés. etc. En fait, leur sécurité intérieure n’est pas plus grande ; ils ont peur d’agir seuls et de penser par eux-mêmes ; ils ont besoin d’être écoutés, compris, éventuellement d’être plaints, approuvés, estimés,... Bref ils ont besoin d’être avec, avec quelqu’un, souvent avec n’importe qui, pourvu qu’ils ne se sentent pas seuls. Même s’ils ne se racontent pas eux-mêmes, le fait d’être avec les autres les rassure, et ils ont besoin d’être rassurés. Le groupe ou l’interlocuteur (ou l’interlocutrice) se voit conférer un rôle quasi « maternel » de sécurisation affective et la solitude, la solitude affective, est redoutée. Nous reviendrons sur ce dernier point, si important. Poursuivons notre liste des attitudes discutables : il faut encore signaler le cas des éternels agressifs, qu’ils s’isolent ou qu’ils recherchent autrui. Ceux-là sont toujours prêts pour les affrontements, ils les provoquent même et se situent toujours (ou presque toujours) « dans l’opposition », voire du côté de la « révolution », à moins que, servis par un tempérament de leader, ils n’arrivent à s’imposer et à dominer les autres. Peut-on parler alors d’un caractère fort ? Là encore, il faut distinguer. Les conceptions d’Adler sur la compensation nous avertissent : un éternel besoin de diriger, de dominer, de s’imposer, de se « faire » valoir », de s’opposer, peut révéler une profonde insatisfaction intérieure et un sentiment d’infériorité.
Il sera donc utile d’observer soigneusement ces diverses conduites et d’en discerner avec précision les motifs conscients ou inconscients. Dépendance excessive ou indépendance excessive du milieu sont aussi redoutables.
Précisons encore quelques points. Le milieu peut être présent de diverses manières et autrui rencontré de diverses façons. Tel, dit-on, a le « charisme » de l’entretien individuel, tel autre « sait mener un groupe » ; telle sœur « réussit » avec les enfants, telle autre avec les adolescentes ou les adultes ; tel prêtre a une clientèle exclusivement féminine, alors que tel autre ne peut travailler qu’avec les hommes. Qu’il y ait des charismes ou des spécialisations, c’est indéniable. Mais l’impossibilité de faire autre chose et le besoin d’un certain entourage doivent donner à réfléchir. Celui qui ne s’occupe que d’enfants, ou de foyers, que recherche-t-il exactement ? Celui ou celle qui est mal à l’aise avec des gens de son âge, ou de sexe différent, ou du même sexe, ou avec les membres de sa propre communauté, ou avec les « étrangers »,... que craignent-ils ? Certains qui semblent se situer aisément dans un petit groupe informel, n’ouvrent plus la bouche dans une assemblée plus importante, alors que d’autres ne peuvent trouver leur place que dans un groupe structuré, aux fonctions bien définies... On pourrait multiplier les exemples. Dans ces divers cas, on retrouve toujours un certain manque de solidité intérieure : recherche d’une sécurité, d’un complément affectif, d’un « alter ego », d’une « âme-sœur », tout cela manifeste une difficulté au plan de l’intégration personnelle, de l’acceptation de soi, de l’affirmation de soi. Un adulte ne dépend pas entièrement de tel ou tel type de relation, qu’elle soit « autoritaire », « paternaliste » ou « maternaliste », ou, au contraire, marquée par la démission de soi, le recours à l’autre, etc. Prendre sur soi, c’est affronter le réel sans avoir une place marquée d’avance, sans avoir besoin de se référer toujours à tel ou tel.
En ce sens, l’acceptation lucide et sereine d’une certaine solitude affective constitue l’une des dimensions essentielles de la vie adulte. Elle est la condition de cette liberté dans les relations et la garantie qu’on ne se recherche pas subrepticement. Elle délivre des équivoques et des faux-fuyants. Elle n’a, bien entendu, rien à voir avec l’isolement décrit plus haut, elle n’est ni évasion dans l’imaginaire, ni refus d’un engagement authentique, encore moins refoulement de toute sensibilité ; elle n’exclut nullement le goût des joies saines ou du plaisir légitime. Elle permet seulement les nécessaires renoncements consentis pour des motifs élevés. A vrai dire, elle est indispensable à quiconque désire aimer en vérité, sans recherche égoïste et sans repli sur soi. Le silence et la prière ne sont-ils pas à ce prix ?
Une telle liberté sera d’ailleurs indispensable au niveau d’un vrai dialogue. Celui qui ne sait jamais dire non, qui concède toujours tout, comme celui qui s’obstine inconsidérément, qui ne peut jamais renoncer à son opinion, le « monsieur qui a toujours raison », comme aussi celui ou celle qui « discute pour discuter », sans jamais pouvoir conclure,... tous ceux qui parlent sans écouter ni comprendre, comme ceux qui n’osent s’exprimer, tous ceux-là sont des êtres embarrassés de leur propre personne, inaptes à entrer dans la pensée d’autrui ou incapables d’être simplement eux-mêmes.
Un cas particulier de dialogue, dont l’importance n’échappera à personne, est celui du dialogue avec l’ autorité. Il faut d’ailleurs élargir la question, car le dialogue « verbal » n’est que le reflet d’une relation générale avec l’autorité et ceux qui la détiennent. Démission, flagornerie, recherche de sécurité, opposition sournoise ou ouverte, toutes les attitudes sont possibles, qui révèlent une psychologie infantile ou adolescente. On rêve alors de supérieurs ou de supérieures sans défaut, de relations idéales faites de confiance, de compréhension,..., projections, sans nul doute, de « modèles parentaux » idéalisés, soit que le foyer familial ait été trop « chaleureux », trop sécurisant, soit, au contraire, qu’il ait fait défaut.
b) La relation à Dieu, il est facile de le comprendre, sera probablement en rapport direct avec les attitudes précédemment décrites. Une prière infantile considérera Dieu comme le « complément affectif », le « refuge », le « consolateur », le « distributeur de biens »... La prière de demande est importante, mais le Seigneur n’est pas d’abord celui qui comble nos désirs affectifs. Une certaine image de Dieu, l’accentuation unilatérale de certains passages bibliques, ou, à l’inverse, un sentiment obsédant de culpabilité, la crainte – ou plutôt la peur – excessive du péché et des punitions « divines », une ascèse ou une pénitence qui tournent au stoïcisme ou au masochisme, sont, à cet égard, révélateurs.
Le sujet dont l’affectivité a été gravement frustrée (même si cette frustration a été vécue au plan de l’imaginaire) est plus particulièrement exposé à ces déviations. Atteint, comme on le dit parfois, d’« abandonnite », se sentant constamment « laissé pour compte », il risque (outre tous les attachements excessifs analysés ci-dessus) soit de désespérer, de ne plus croire en un Dieu « invisible » et « insensible », soit, au contraire, de se construire un « Dieu-maman », où se trouvent compensées imaginativement toutes les privations affectives. D’où des alternances d’exaltation et de dépression, qu’il ne faut pas attribuer sans plus à Dieu ou au diable...
c) Vis-à-vis de soi-même, enfin, le sujet doit être ordonné, persévérant, patient. Il doit être capable de s’organiser, sans méticulosité excessive, mais sans laisser-aller désordonné. Il doit pouvoir prévoir et répartir son travail, disposer de son temps, assumer en temps voulu les tâches qui lui sont confiées, sans pour autant être pris au dépourvu par un contretemps ou un imprévu. Disponible, sans éparpillement, il doit savoir se déranger sans que tout en soit perturbé et se tenir à l’ouvrage sans tension et sans raideur (ce qui ne veut pas dire sans fatigue).
Il doit aussi pouvoir persévérer sans se laisser décourager par l’échec, le péché, les limites, sans cesser d’avancer malgré les reculs... La « loi du tout ou rien » ne joue pas ici, qu’il s’agisse de travail, de charité, de vie spirituelle. Il faut marcher « sans raidissement, ni violence,... en évitant de dramatiser les événements et en se persuadant qu’un effort soutenu, animé par un idéal élevé, permet de progresser plus vite que des alternances de violence contre soi et de laisser-aller [12] ». Tels sont les traits d’une volonté ferme, mais, en un temps où le découragement guette beaucoup de nos contemporains, nous insisterions volontiers sur cette attitude patiente et sereine, pleine de foi et d’espérance, devant l’échec, le mal, les insuffisances personnelles ou collectives. Là encore, il faut du temps...
Bien entendu, tout ce que nous écrivions plus haut de la rectitude du jugement et du « bon sens » trouverait ici sa place et il est inutile d’y insister.
Comme on le voit, tout se tient et, si nous avons particulièrement insisté sur la relation à autrui, c’est qu’elle est, à notre sens, le meilleur « test ». Il nous reste maintenant à dire un mot des conditions dans lesquelles peut s’opérer un tel discernement.
Il est évident qu’un simple « compte de conscience », passé dans le bureau du supérieur ou de la maîtresse des novices, est notoirement insuffisant. C’est toute une vie qu’il faut observer, une vie qui se développe dans le temps – il faudra donc du temps –, une vie aussi « naturelle » que possible, ce qui peut mettre en question certains des cadres religieux (cadres matériels ou cadres mentaux) dans lesquels un examen des « candidats » se déroule parfois. Nous n’avons pas ici à détailler, mais tout ce qui permettra de se faire une idée réelle des attitudes, tout ce qui rendra leur expression spontanée, tout ce qui facilitera une multiplication des observateurs, sera à retenir de préférence. Quand nous parlons de « multiplier les observateurs », nous avons en vue d’une part l’aide précieuse que peuvent apporter en ces questions des psychologues (ou des psychanalystes) expérimentés, et, d’autre part, les individus et les groupes au milieu desquels ont vécu ou vivent les sujets. Qu’on nous permette de préciser un peu.
Nous disions, en commençant cette étude, que la vie psychologique, surtout celle d’un sujet jeune, à peine sorti de l’adolescence, est en permanente évolution. Comment donc pourrait-on en percevoir les différents aspects, si l’on néglige ce facteur temps ? Or, l’entrée dans une vie religieuse apporte de nombreuses modifications à l’équilibre psychique d’un individu. Bien des remises en question peuvent intervenir : il faut du temps pour voir comment le sujet « s’en sortira », quelles vont être ses réactions, etc.
D’autre part, pour que cette observation soit valable, il sera indispensable de varier les situations d’expérience, de prévoir, par exemple, des stages, des séjours en divers milieux, des tâches diversifiées,... C’est ainsi que seront révélés des traits de caractère qui seraient passés inaperçus dans un milieu clos, unique, homogène.
Mais le regard des observateurs devra lui-même être diversifié : le maître ou la maîtresse des novices, les supérieurs ou supérieures, mais aussi les « chargés d’office », les membres de la communauté, les « pairs » eux-mêmes, devront participer à cette « observation » commune. Bien des détails sont remarqués par les autres novices ou les autres jeunes gens, que ne percevraient pas les yeux des supérieurs ou des personnes plus âgées...
Quant aux psychologues ou aux psychanalystes, surtout s’ils sont laïcs, ils apportent une contribution non négligeable dans la mesure où, en plus de leur compétence propre, ils observent les choses en dehors des cadres religieux et des considérations « spirituelles ». Toute intervention d’observateurs laïcs serait sur ce point intéressante, mais les techniques psychologiques permettent d’aller parfois beaucoup plus loin. Le tout doit être fait dans un climat de grand respect et de grande liberté ; il ne s’agit pas exactement d’une « expertise », mais d’une écoute ou d’un regard qui aident les sujets – et, par là, les responsables – à y voir plus clair.
Conclusion
Faut-il conclure ? Nous avons tenté, dans ces pages, de présenter les principaux caractères de l’âge et de l’engagement adultes. Nous avons essayé de montrer à quelles conditions l’on peut considérer un être comme suffisamment mûr pour s’orienter librement dans une vocation et à quels signes il est possible de discerner une telle maturité. « Devenir adulte », tel était le titre d’une publication, il y a quelques années [13] : on n’est pas, on devient adulte et c’est une œuvre de longue haleine, encore faut-il qu’il n’y ait pas d’obstacles infranchissables. Quand il s’agit de vocations impliquant, en outre, des renoncements difficiles et, par conséquent, un nouvel équilibre moins facile à trouver et à maintenir, on comprend sans peine qu’on y regarde à deux fois avant d’admettre quelqu’un dans cette voie. Il y a la grâce, le don de Dieu, la confiance en Lui : tout cela est vrai, est essentiel. Mais tout cela aussi suppose une foi adulte et nous ne pouvons échapper à la question : qu’est-ce donc qu’une foi adulte ? Sans vouloir aucunement nier le don de Dieu, sans tout ramener à du « psychologique », force nous est de constater que la vie de foi, fondement et moteur de toute vie religieuse, suppose, pour s’épanouir au niveau des attitudes concrètes, des êtres suffisamment mûris.
Le discernement d’une maturité psychique et spirituelle est donc œuvre délicate et importante ; faut-il souligner, en terminant, tout ce qu’elle exige de ceux qui ont à la mettre en œuvre ? Ne doivent-ils pas eux-mêmes être libres et adultes ? Cela va sans dire. Peut-être est-il nécessaire de se poser parfois la question et de reconnaître courageusement certaines insuffisances : la clarté du regard et l’aide apportée aux jeunes requièrent, à n’en pas douter, un tel effort.
C.E.R.P.
Rue Blomet 128
F-75 PARIS (15 e ), France
[1] Nous pensons à la collection « Problèmes de Vie religieuse », publiée aux éditions du Cerf, et notamment aux Conseils d’une psychiatre, par le Dr Suzy Rousset, Cerf, 1966, ainsi qu’au livre du P. A. Motte, o.p. : La vie spirituelle dans la condition charnelle, Cerf, 1968.
[2] Cf. Vie consacrée, 1969 : Ed. Pousset, « L’existence humaine et les vœux de religion » (p. 65-94).
[3] Ph 2,13 ; cf. 1,6 et 1 Co 1,8 ; 2 Co 4,7 ; Ep 2,8-10 ; 1 Th 5,23-24.
[4] A. Liégé, Adultes dans le Christ, coll. « Études religieuses », n. 735, La Pensée catholique, Bruxelles, et Office général du Livre, Paris, 1958 (p. 8).
[5] Citons, entre autres, G. Cruchon, Initiation à la psychologie dynamique, tome II, Conflits, angoisses, attitudes, Marne, 1968, dont le ch. XIII s’intitule : Les attitudes de la maturité accomplie, chapitre dont le § 5 traite des : Traits de caractère de l’adulte accompli et épanoui (p. 403-412). Nous nous inspirons de ses excellentes analyses.
[6] O.c., p. 403.
[7] Cf. G. Cruchon, O.C., p. 137-390 ; Sœur Mariam Dolores, s.n.j.m., Vie religieuse et efficacité personnelle, Éd. Salvator, 1966, ch. 3 : Germes d’immaturité, p. 53-84 ; Marc Oraison, Être avec..., La relation à autrui, Éd. du Centurion, 1967, surtout p. 107 sv. ; S. Rousset, o.c., p. 39 sv.
[8] J. P. Deconchy, Le développement psychologique de l’enfant et de l’adolescent, Éditions ouvrières, 1966, p. 15-19.
[9] Cf. J. Laplanche et J. B. Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse, P.U.F., 1967, article Sublimation, p. 465.
[10] Cf. R. Hostie, Le discernement des vocations, Desclée de Brouwer, 1961, p. 62-69.
[11] O.c., p. 39. Cet article avait d’abord paru dans le Supplément de La Vie spirituelle, n° 46, 3e trim. 1958, p. 300 sv., où l’on trouvera en outre d’excellents articles des PP. Plé, Beirnaert, de M. G. Hahn, etc.
[12] Ibid., p. 403.
[13] Groupe lyonnais d’études médicales, Coll. « Convergences », Spes, 1958.