Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Bulletin bibliographique sur l’intelligence de la foi

Marie-Pascale Chaumont, o.s.b.

N°1971-6 Novembre 1971

| P. 342-350 |

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L’avenir de la foi continue de préoccuper la réflexion des chrétiens au point de susciter, cette année encore, de nombreux ouvrages. Selon diverses perspectives, ils nous font apercevoir la réalité, problématique et pourtant essentielle aux yeux de nos contemporains, de la recherche de Dieu. Les scientifiques et les philosophes s’interrogent, les diverses confessions chrétiennes se recentrent sur l’essence commune de leur foi en J.C., des croyants veulent « comprendre ce qu’ils croient », provoquer l’innovation au sein de leurs institutions, situer leur agir en connexion avec leur dire, élaborer une morale responsable ; des mystiques décantent leur expérience pour en faire partager l’actualité.

Tous ces aspects apparaissent dans la série de livres que nous nous proposons de présenter ici, simple échantillonnage du mouvement des idées et des faits.

L’horizon de la pensée contemporaine, autant que les bouleversements culturels à incidence existentielle et sociale nous permettent, semble-t-il, de situer et de comprendre l’interrogation de J. Kamp [1], de O. Rabut [2] et le recueil en langue française de certaines étapes de l’itinéraire de P. Tillich [3]. L’ouvrage difficile, mais payant pour qui en ressaisit l’ascendance hégélienne, de Kamp « a pour sujet principal le mystère de Dieu et de ses liens avec le monde » (p. 9). S’il met en question une certaine systématisation traditionnelle de métaphysique « chrétienne », il valorise non moins chrétiennement le Dieu éthique, le Dieu des libertés créées. Il thématise aussi, à nouveaux frais, l’« acte de création » comme acte « religieux » par excellence, reliant Dieu, le monde et les hommes ; le mal trouve sa place, irrationnelle mais inévitable, car l’auteur y voit un drame inhérent à la manifestation même de Dieu, dont l’existence devient pour nous un problème de liberté agissante. C’est l’œuvre de notre liberté qui nous engage à surmonter la négativité d’une séparation essentielle, et cela, dans la réciprocité dont Jésus est le Révélateur suprême. Présence réelle de Dieu dans son existence historique, devenant par sa mort absence nouvelle de Dieu dans le monde, afin de nous rendre capables de réaliser son Corps dans la responsabilité de l’histoire. Ces questions sont abordées dans une perspective religieuse, mais moyennant une démarche qui se situe au niveau philosophique : les lecteurs pourront y aiguiser une réflexion radicale, même s’ils ne souscrivent pas nécessairement à la thématisation, peut-être insuffisamment mûrie encore, de cette théodicée.

O. Rabut creuse, quant à lui, avec une honnêteté extraordinaire les étonnements scandaleux que doit provoquer en nous une attention lucide à la souffrance et au mal dans l’univers qu’ils rendent absurde. Le mal nous contraint à cette « entrée dans la misère » qui nous révélera peut-être un Dieu autre que nous ne l’imaginions au service de nos peurs et de nos désirs. Les schèmes habituels sur la création, la grâce et le surnaturel, certaines vues sommaires sur la toute-puissance divine et la Providence, les « évidences » sur l’amour personnel de Dieu pour chacun sont loin de rendre raison aujourd’hui de cette immense déperdition, même spirituelle, dont nous sommes les témoins. Les deux tiers de l’humanité restent incapables de voir satisfaite l’exigence aliénable du sens qui se traduirait par un minimum d’accès aux valeurs de l’esprit (p. 63-71). Mais si Dieu, nous dit l’auteur, faisait simplement ce qu’il peut, pour que les hommes puissent s’acheminer vers le sens et la réalisation d’une relation juste avec la source du sens ? « Alors, pour une grande part... les destins de l’œuvre de sens (seraient) entre les mains des hommes. Le problème du mal devient avant tout (si cette responsabilité est bien vue) celui des choix collectifs de l’humanité » (p. 138). Le scientifique et le philosophe s’unissent ici pour inviter le croyant à assumer plus véritablement « la douleur du négatif » que le Christ n’a pas éludée. Ce livre demeure une question posée au croyant plus qu’une solution qui lui serait offerte.

P. Tillich reste relativement peu connu des croyants européens, surtout catholiques. Les éditeurs français comblent ici une lacune par un important volume qui livre l’itinéraire du théologien et du penseur évoluant aux frontières de la science et de la foi. Excellemment encadré par les introductions et conclusions de connaisseurs comme Barthel, Chapey et Eliade, le recueil d’articles et de conférences jalonne la recherche de celui qui fut surtout le philosophe de la religion. On voit ici clairement comment il se démarque de certaine théologie de la sécularisation pour contribuer à fonder une théologie où la catégorie d’inconditionné et d’ultime est présentée et critiquée dans l’horizon de l’universalité de l’histoire. Si l’ouvrage requiert une certaine formation philosophique, il réjouira par sa probité et sa clarté de style tous les croyants inquiets d’ouvrir à leur foi l’espace de liberté critique sans laquelle il n’est pas d’adhésion positive au Dieu caché.

On le voit, plutôt que d’offrir des solutions, ces études réveillent nos torpeurs. Il en va de même pour Ce Dieu en qui je ne crois pas, de J. Arias [4], quoique dans un tout autre style. Le penseur se fait ici poète, révélateur du Dieu qui dans l’Évangile s’en prend à nos formalismes rituels, moraux ou intellectuels. Une série de courts chapitres engage avec le lecteur une conversation qui le juge au nom même de l’espérance évangélique, celle que nous proclamons si facilement sans chercher les moyens de l’incarner. Nous sommes invités par l’auteur à la disponibilité dans une Église servante et pauvre à l’image d’un Dieu « fragile », poète, qui se tient du côté des petits.

Le Vocabulaire œcuménique [5] rassemble, sous la responsabilité du P. Congar, les approches protestante et catholique des principaux articles de la foi chrétienne, par le moyen d’une explicitation théologique méthodique de ses termes cruciaux. Les études, dues à des théologiens de valeur des diverses confessions, s’échelonnent des années 1965 à 1970, et fournissent le matériau préalable à tout dialogue œcuménique sincère ; bien que l’inégale importance, ces travaux révèlent assez clairement deux méthodologies, lesquelles font l’objet des études conclusives dues respectivement à A. Benoit et J. Hoffmann. Avouerons-nous pourtant que le clivage ne nous paraît plus, en 1971, se situer entre l’optimisme catholique aux définitions claires de type philosophique et déductif et le pessimisme protestant usant de critères bibliques et d’analyses existentielles ? Au-delà de ces travaux plus ou moins contemporains du Concile Vatican II, la différence se situe plutôt entre une théologie qui s’élabore dogmatiquement à partir de la positivité de la révélation et une approche théologique qui associe à l’accueil de l’Évangile une adhésion existentielle jointe à une démarche critique.

Certes, le catholique a beaucoup à apprendre encore au sujet de la consistance historique du message chrétien ressourcé aux Écritures. À preuve, le livre de G. Ebeling sur l’ Essence de la foi chrétienne [6], vigoureux effort d’un exégète post-bultmannien pour repenser critiquement le luthéranisme. Il peut en révéler aux catholiques la densité spirituelle, mais on aurait quelque réticence à proposer sans correctif ou sans complément de réflexion historique et systématique ces leçons déjà anciennes. Il ne paraît en effet plus possible de présenter l’essentiel de la foi sans tenir un compte rigoureusement actuel du marxisme, du positivisme scientifique, des philosophies du langage. L’ouvrage s’achève sur une intéressante étude, tenant compte de Heidegger, des rapports entre la Parole de Dieu et le langage des hommes.

Dans Histoire du Salut et Philosophie [7], le P. Malevez prend une part importante au dialogue œcuménique tout en posant à des partenaires aussi éminents que Barth, Cullmann et Bultmann, mis en conversation, les questions radicales de la philosophie. La perspective dans laquelle se déroulent cette interrogation, cette écoute et cette discussion, est celle du théologien catholique pour qui la compréhension philosophique se révèle nécessaire pour faire droit aux requêtes complémentaires des auteurs étudiés. Avec acribie et un présupposé continuellement bienveillant pour comprendre chez autrui ce qu’il croit, le P. Malevez insiste avec Cullmann sur la consistance temporelle du salut chrétien déjà-là, et pas-encore-consommé, sans négliger la nécessaire précompréhension mise en valeur par Bultmann. Ainsi permet-il d’accorder la dimension future de l’eschatologie à une actualité d’existence qui « par son sommet spirituel, se déploie dans la dimension métempirique de la liberté » (p. 202), tout en respectant le moment négatif de la théologie (Barth). Celle-ci, le catholique aura profit à s’en souvenir, est un discours toujours à nouveau suspendu à la Parole de Dieu, événement divin suscitant dans la foi et la charité une progressive équation entre la réflexion et la vie (voir p. 182).

Le P. Bouillard [8], dans un beau petit livre, s’emploie à manifester plus adéquatement l’infrangible relation qui unit l’être créé de l’homme et sa vocation divine, appel merveilleux à sa libre option. S’aidant des recherches théologiques d’auteurs récents, et s’inspirant à nouveau de maîtres comme Anselme, Hegel et Blondel, l’auteur voit dans la médiation du Christ le lieu de l’accomplissement de la liberté humaine, de telle sorte que le mystère chrétien est découvert à la lumière de la christologie. Il s’agit de l’Histoire du salut, certes, mais dans son rapport à l’histoire des idées et des libertés. On remarquera le chapitre troisième dans lequel l’auteur essaie de façon assez convaincante de saisir ensemble l’autonomie de l’éthique et la présence de Dieu dans le monde des hommes. Si l’objectif du livre n’était limité à ce que le P. Bouillard appelle « la tâche première et constante de la théologie » (p. 8), à savoir l’interprétation du message, on aurait pu attendre à partir de ce chapitre d’intéressants développements concernant la tâche « non moins urgente » qui étudie les conditions de la présence de l’Église dans la société de demain et la réforme de ses structures (cf. p. 7). « La foi religieuse (en effet), par laquelle nous nous ouvrons à l’action révélatrice et réconciliatrice (du Tout-Autre), surgit au sein même des relations interhumaines ; c’est dans le présent et dans la présence qu’elle promeut leur sens, en anticipant leur sens accompli » (p. 96).

Terminons cette série d’ouvrages plus directement centrés sur le message chrétien en évoquant la brève étude de J. Coventry [9], qui assume la tâche de présenter à un large public catholique un petit traité de la foi qui se serve des données exégétiques oubliées naguère dans les manuels de ce genre. L’auteur s’oppose à une apologétique basée sur les preambula fidei, abstraite de l’existence croyante. On regrettera toutefois un certain dogmatisme, qui croit pouvoir résoudre un peu rapidement les incertitudes d’aujourd’hui.

Le supplément au numéro 60 de la revue Concilium [10] reprend les communications du Congrès organisé par cette revue à Bruxelles en septembre 1970 sur le thème général « L’avenir de l’Église ». C’est l’annonce de tout un programme d’innovation des structures et de revalorisation des expériences communautaires qui se font jour au sein du peuple de Dieu. Plusieurs ténors de la théologie se partagent les quatre thèmes : la fonction de la théologie dans l’Église (Chenu, Kasper, Jossua, Schillebeeckx), le message chrétien essentiel (Brown, Rahner, Kung), le type de présence de l’Église dans la société de demain (Metz, Baum, Vergote) et les structures que cette présence réclamerait (Van Iersel, Greeley, Congar). Chacun appréciera selon son tempérament théologique et ses orientations doctrinales ces apports, tous suggestifs. Signalons simplement les précisions importantes apportées par le P. Schillebeeckx sur le statut critique de la théologie, le « manifeste de la théologie politique » de J. B. Metz et l’audace alliée à la compétence des analyses du Chanoine Vergote et du P. Congar.

F. Houtart et J. Remy [11] publient un recueil de précieuses analyses, abordables pourtant par le non-spécialiste de la sociologie, et devenues indispensables à quiconque cherche à créer une distance réflexive, et donc critique, vis-à-vis des mouvements d’innovation et d’institution corrélative, nécessaires dans l’Église. La vocation sacerdotale et le rôle du prêtre, dans leurs aspects sociologiques, sont pris comme indicateurs privilégiés du degré d’insertion de l’institution religieuse dans la société. Les analyses expliquent ensuite les soubassements sociologiques de la crise de l’autorité en relation avec les formes nouvelles de communautés ecclésiales, éclairant aussi le mode d’insertion des Instituts de vie consacrée dans la société d’aujourd’hui et de demain. Une importante étude finale manifeste les fonctions réciproques de l’institutionnalisation et de l’innovation.

M. Delespesse [12] nous introduit à une réflexion engagée sur les problèmes de la vie communautaire dont, en tant que secrétaire du Courrier International Communautaire, il est un protagoniste ardent. Communauté humaine, révolution évangélique ? Oui, répond l’auteur, qui évoque successivement l’exigence du partage au plan des personnes et des biens, de l’appel communautaire (comme un appel d’air) qui souffle dans le monde divisé en quête de survie, du type de structures nouvelles que requièrent les nouvelles communautés. Croissance et ouverture, évangélisme au sein d’une option commune, nécessité de l’engagement politique. Celui-ci serait primordialement la construction même de la communauté et de l’humanité à travers elle. Une question demeure, au terme de ces pages salubres : l’idéal proposé s’opposera-t-il victorieusement aux forces terribles qui désagrègent actuellement la société ? Mais, nous l’entendons bien, la réponse ne peut venir que de notre attention à l’appel évangélique ici répercuté. A nous de nous situer en vérité. De quel côté irons-nous ?

Que faut-il faire ? C’est la question que pose et entend résoudre le Cardinal Garrone [13], préfet de la S. Congrégation pour l’éducation catholique. Continuant son travail de catéchèse entrepris en tant d’autres ouvrages, l’auteur montre ici que la morale chrétienne est paradoxale, fondée sur les antinomies évangéliques auxquelles l’exemple du Christ et la pratique des saints donnent sens et valeur. Il s’agit pour le chrétien d’imiter Dieu en suivant Jésus-Christ, riche de sa pauvreté, libre pour la charité, dans le respect égal de chacun des aspects inscrits dans les paradoxes des Béatitudes. Le livre s’achève par une invitation à l’espérance, qui reprend la maxime kantienne : « tu dois, donc tu peux ». L’auteur émaille son texte de nombreuses citations de moralistes et de mystiques ; on a parfois l’impression d’un certain décalage entre leur monde de pensée et le Credo moral de l’auteur.

Dans son essai de Morale responsable [14], A. Hortelano illustre abondamment, quant à lui, l’état de la recherche en morale catholique. On n’échappe pas à un sentiment d’éparpillement devant cette enquête qui puise à tous les auteurs pour décrire l’évolution et la nature de la conscience morale, les classements qui en ont été proposés, puis le cadre chrétien propice à la formation de cette conscience. Le fil conducteur une fois trouvé, on appréciera le souci de ne rien perdre des recherches récentes : à l’initiation religieuse en général doit se joindre, dans l’éducation morale, l’initiation kérygmatique et catéchétique aux données chrétiennes dans une perspective sacramentelle. La formation du sens de la responsabilité, mot-clé de tout l’ouvrage, et l’intégration de la morale inconsciente dans la personnalité sont privilégiées de sorte que surgisse enfin pour les éduqués le monde de la réciprocité des consciences libres que l’auteur appelle de ses vœux. Ce livre intéressera au premier chef, croyons-nous, les éducateurs, les catéchètes et les rééducateurs. Ils y trouveront notamment des notions suffisantes de psychologie et d’histoire des morales pour s’orienter dans le maquis des recherches actuelles.

Notre dernier chapitre sera consacré à l’expérience mystique dont plusieurs livres récents montrent l’enracinement privilégié dans la foi chrétienne. Actualité de S. Jean de la Croix [15] et une Introduction à la lecture de ses œuvres [16] seront utiles à tous ceux qu’inquiète la possibilité de cette expérience en fidélité évangélique et contemporaine à la fois. Le premier volume rassemble des communications de valeur, venues d’horizons différents y compris celui de la Réforme (A. Dumas). On remarquera surtout celles de A. M. Besnard, Y. Pellé-Douël, H. Milner, G. Morel qui semblent répondre vraiment de la pertinence de l’expérience sanjuaniste aujourd’hui. L’ascèse et la mystique de Jean de la Croix pourraient bien nous aider à vivre les « nuits » de Dieu dans le monde moderne. Aujourd’hui en effet la foi et son intelligence (par la critique scientifique), la mémoire (par la démythologisation) et la volonté (par la science psychanalytique) semblent parfois sombrer dans l’absence de Dieu. Le livre du P. Guillet se présente comme un itinéraire traçant les axes sur le chemin de l’union à Dieu : liberté et pureté par le « moyen » du Christ Jésus suivi comme « Notre Sauveur ». Passivité sous l’action de l’Esprit qui mène enfin à la terre promise. Le commentaire est des plus discrets, le travail de l’auteur réussissant à laisser transparaître uniquement la dynamique, encore perceptible à travers les textes-clés, de l’enseignement du saint.

Les « Sources Chrétiennes », dont on connaît la valeur des éditions critiques, viennent de confier aux spécialistes Colledge et Walsh l’établissement des textes de la Scala monachorum et des Meditationes [17] qu’ils attribuent à Guigues le Chartreux. Dans une introduction importante, on apprend que l’Échelle des moines, rapprochée de modèles antérieurs et d’écrits contemporains comme ceux d’Aelred de Rievaux, offre une synthèse originale et magistrale des voies de l’oraison, témoin du mysticisme occidental de lignée augustinienne tel qu’il fleurissait encore au XIIe siècle à la Grande Chartreuse. Cette œuvre s’articule selon les quatre degrés, qui deviendront dès lors classiques, de la lectio, de la meditatio, de l’oratio et de la contemplatio. Les Méditations, au nombre de douze, composent une louange et une pédagogie tout ensemble de la vie érémitique, nourrie de l’Écriture lue selon l’exégèse médiévale où prédomine le sens spirituel ou eschatologique. Guigues établit un parallèle intéressant entre la manducation spirituelle de l’Eucharistie et la croissance dans la foi, qui décèle le sens global du chapitre sixième de saint Jean. La typologie mariale offre au contemplatif l’image de sa propre vocation mystique. Malgré certains développements fort étrangers à nos exigences de critique scripturaire, l’ensemble des Méditations reste utile aux chercheurs de Dieu de notre temps.

Il faut en dire autant de la théologie spirituelle d’un autre contemplatif du XIIIe siècle. Guerric devient abbé d’Igny, après avoir milité à Clairvaux sous la conduite de saint Bernard, qui l’avait attiré au cloître après une formation humaniste et cléricale comme chanoine de Tournai. Probablement recomposés à partir de causeries données à ses moines, ces 54 Sermons sont édités dans les mêmes « Sources chrétiennes » [18] par Morson et Costello, et précédés d’une solide introduction à la théologie spirituelle qui s’y déploie. Théologie de la lumière, comme chez beaucoup de Cisterciens, unissant purification, lumière et contemplation dans la sagesse que fonde solidement la vertu : on y retrouve le meilleur de saint Grégoire le Grand, d’Origène et de Grégoire de Nysse, sans que l’auteur insiste comme ce dernier sur la « négativité » de l’expérience mystique. L’enseignement de saint Bernard transparaît également chez son disciple, que caractérise une réserve pleine de tendresse donnant leur attrait à ces paisibles méditations. Les Sermons portent sur les mystères de l’Avent, de la Nativité, de l’Épiphanie et de la Purification.

Abbaye Sainte-Gertrude
Half-Maartstraat 4
B- 3000 LEUVEN, Belgique

[1J. Kamp. Souffrance de Dieu, vie du monde. Coll. « L’actualité religieuse », 32. Tournai-Paris, Casterman, 1971, 21 x 15, 152 p., 150 FB.

[2O. Rabut. Le mal, question sur Dieu. Coll. « Points de repère ». Tournai-Paris, Casterman, 1971, 18 x 12, 144 p., 95 FB.

[3P. Tillich. Aux frontières de la religion et de la science. Paris, Le Centurion ; Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1970, 22 x 15, 208 p., 14,95 FF.

[4J. Arias. Le Dieu en qui je ne crois pas. Coll. Épiphanie. Paris, Éd. du Cerf, 1971, 18 x 12, 178 p.

[5Vocabulaire œcuménique. Coll. « Théologie sans frontières », 20. Paris, Éd. du Cerf, 1970, 20 x 14, 125 p.

[6G. Ebeling. L’essence de la foi chrétienne. Paris, Éd. du Seuil, 1971, 21 x 14, 224 p.

[7L. Malevez, s.j. Histoire du salut et philosophie. Barth, Bultmann, Cullmann. Coll. « Cogitatio fidei », 56. Paris, Éd. du Cerf, 1971, 22 x 14, 216 p., 23 FF.

[8H. Bouillard. Comprendre ce que l’on croit. Coll. « Intelligence de la foi ». Paris, Aubier-Montaigne, 1971, 20 x 13, 156 p.

[9J. Coventry, s.j. La foi. Coll. « Théologie d’aujourd’hui », 2. Paris, Apostolat des Éditions, 1971, 18 x 11, 110 p., 9,60 FF.

[10L’avenir de l’Église. Congrès de Bruxelles (12-17 septembre 1970). Concilium, Supplément au n° 60. Paris, Marne, 1970, 22 x 16, 170 p., 7 FF.

[11F. Houtart et J. Remy. Sacerdoce, autorité et innovation dans l’Église. Coll. « Église et civilisation contemporaine ». Paris, Marne, 1970, 18 x 13, 270 p., 23,50 FF.

[12M. Delespesse. Révolution évangélique ? Coll. « Communauté humaine », 4. Paris, Fleurus ; Ottawa, Novalis, 1971, 19 x 13, 176 p., 12,50 FF.

[13Card. G. Garrone. Que faut-il faire ? Réflexions autour de la morale chrétienne et de ses antinomies. Paris, Marne, 1971, 22 x 14, 218 p., 18 FF.

[14A. Hortelano. Morale responsable. Tournai-Paris, Desclée, 1970, 21 x 14, 320 p., 270 FB.

[15Actualité de Jean de la Croix. Recueil des études présentées au Congrès de la Plesse (Angers). Coll. « Présence du Carmel », 12. Desclée De Brouwer, 1970, 20 x 13, 272 p., 216 FB.

[16L. Guillet. L’éveil de l’aurore (Introduction à saint Jean de la Croix, II). Paris, Marne, 1971, 18 x 13, 240 p., 15 FF.

[17Guigues II le Chartreux. Lettre sur la vie contemplative (L’échelle des moines). Douze méditations. Coll. « Sources Chrétiennes », 163. Paris, Éd. du Cerf, 1970, 20 x 13, 216 p., 39 FF.

[18Guerric d’Igny. Sermons. Tome I. Coll. « Sources Chrétiennes », 165. Paris, Éd. du Cerf, 1970, 20 x 13, 388 p., 42 PF.

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