Les conditions de vie en clôture
Vies Consacrées
N°1970-6 • Novembre 1970
| P. 357-360 |
Vie consacrée est heureuse de présenter à ses lecteurs et lectrices ce texte, fruit d’une recherche menée dans un monastère d’Europe occidentale. À le lire, on est pénétré de respect pour le sérieux de ce travail, la sagesse des règles proposées, l’esprit profondément religieux et contemplatif qui les inspire. Ces pages se situent vraiment dans la droite ligne de la déclaration prophétique de Jean XXIII : « À mesure qu’un être humain devient conscient de ses droits, germe comme nécessairement en lui la conscience d’obligations correspondantes : ses propres droits, c’est avant tout comme autant d’expressions de sa dignité qu’il devra les faire valoir, et à tous les autres incombera l’obligation de reconnaître ces droits et de les respecter » (Pacem in terris).
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1. Entrées librement dans un Ordre contemplatif pour répondre à un appel particulier de l’Esprit les invitant à rechercher l’union à Dieu dans le silence et la solitude, TOUTES LES SŒURS DE LA COMMUNAUTÉ SE VEULENT RESPONSABLES DES CONDITIONS DE VIE susceptibles d’aider chacune à suivre cette vocation.
2. Parmi celles-ci, le retrait volontaire choisi en vue de promouvoir une plus grande liberté pour la prière, est une condition essentielle qu’il nous faut sauvegarder et vivifier de l’intérieur.
3. Selon le principe directif émis dans une règle monastique [1], « les sœurs, une fois entrées dans le monastère, n’en sortiront plus que pour un motif utile, raisonnable et digne d’être approuvé ».
4. Cette clause inspirée par le bon sens et la sagesse semble être la norme qui éclairera le jugement de la fraternité en toutes ses décisions.
5. La clôture étant un moyen au service de la personne humaine, il va sans dire que les besoins de celle-ci sont à envisager en tous ses aspects : corporels, spirituels, sociaux.
6. Les motifs invoqués pour les sorties des Sœurs pourront donc être les suivants : motifs de
- santé physique et psychique (les détentes jugées indispensables comprises) ;
- formation tant spirituelle que technique (sessions, cours adaptés) ;
- liberté de conscience ;
- devoir filial évident ;
- relations, rencontres au sein de l’Ordre, des Unions, des diocèses, et autres jugées nécessaires ;
- obligations sociales ;
- services d’accueil indispensables ;
- urgences de tous ordres (achats, affaires, secours à apporter, Eucharistie non assurée au Monastère, etc.).
7. Pour l’entrée des personnes étrangères à la Fraternité, il convient de prévoir les cas qui relèvent des mêmes lois : motifs
- de santé (médecins, infirmières) ;
- spirituels : Eucharistie, conférences - visites et sacrements aux malades - accueil fraternel de personnes « de passage » manifestant un sincère désir de partager notre silence, à condition que les lieux soient propices à cette fin ;
- humains : visite des proches à leur sueur gravement malade ou impotente ;
- de nécessité : travaux de la maison (ouvriers) - accueil d’aspirante, etc.
8. L’Abbesse, après avis et consentement du Chapitre conventuel et du Conseil, suivant les clauses stipulées ci-après, sera spécialement chargée d’autoriser les entrées et les sorties jugées utiles pour le bien général de la Communauté, pour celui de chacune des sœurs et de ceux qui nous sollicitent.
- Dans les cas habituels, de longue durée, et pour ceux qui regardent la totalité des Sœurs, le consentement du Chapitre est requis.
- Seul le consentement du Conseil est nécessaire pour les cas occasionnels ou qui ne touchent qu’une petite partie des Sœurs.
- Les cas mineurs accidentels et imprévus sont laissés au jugement de l’Abbesse.
9. La délimitation de la zone soumise à la clôture sera spécifiée de façon claire et précise par le Chapitre conventuel. On tiendra compte pour cela :
- de la disposition des lieux ;
- de l’affluence plus ou moins grande des hôtes et des visiteurs ;
- de la composition de la Communauté et de sa capacité de silence et d’accueil ;
- du respect des différents appels au sein de la fraternité.
10. Le SIGNE EXTÉRIEUR qui manifeste notre vocation à la vie contemplative sera lui aussi spécifié par le Chapitre conventuel suivant la convenance des Sœurs de la Communauté, des lieux et de la mentalité environnante. Il convient en effet de sauvegarder l’intimité de la vie fraternelle et son climat de prière par des moyens adéquats, simples et peu spectaculaires.
11. Les moyens ne seront jamais un obstacle à la vie liturgique et à la charité évangélique.
La chapelle, par conséquent, sera spécialement étudiée en vue de favoriser le rassemblement du Peuple de Dieu pour l’Eucharistie et la louange divine, le recueillement des sœurs étant assuré.
De même, les parloirs permettront des contacts humains normaux, simples et fraternels.
12. Pour renouveler chacune dans l’esprit de sa vocation et assurer la fidélité de la communauté dans une ouverture consciente et réfléchie, une révision périodique des conditions de vie en clôture sera l’objet d’un Chapitre conventuel au moins tous les trois ans. Les membres du Conseil se réuniront dans le même but pour ce qui les regarde spécialement.
- Si un excès dans un sens ou dans l’autre avait pu se produire, l’Abbesse avec ses sœurs cherchera comment y remédier de façon efficace pour l’épanouissement effectif de la vie contemplative de la fraternité et son rayonnement.
- En cas d’abus jugés graves par l’ampleur de la cause et ses conséquences éventuelles sur les personnes intéressées et l’entourage immédiat (scandales causés par une vie dissipée permanente, un relâchement total de la vie de prière, une mondanité dans les rapports, etc.), les Statuts des Fédérations prévoiront des mises au point et des moyens de remédier à ces abus possibles.
- En cas de litige dépassant cette compétence fédérale, le Visiteur canonique sera obligé de rappeler aux intéressées les exigences de leur vocation et d’appliquer les mesures adéquates pour le bien général (destitution de l’Abbesse, par exemple).
13. Tout ce qui représente une ouverture au monde présent, selon les perspectives de Vatican II sera toujours pensé (tant individuellement qu’au plan communautaire et social) en fonction de notre vie CONTEMPLATIVE librement acceptée.
- Les MOYENS DE COMMUNICATION SOCIALE (radio - T.V. - journaux - revues), mis à la disposition des sœurs pour une juste connaissance des besoins et des aspirations des hommes d’aujourd’hui, seront l’objet d’une recherche communautaire permanente de façon à trouver un juste équilibre en ce domaine (choix, temps déterminé). La qualité vaut mieux que l’abondance et la dispersion, et le fruit de cette ouverture doit toujours servir la cause d’un développement intégral évident et d’une authenticité de vie en croissance constante.
- De façon habituelle, les temps d’oraison et de travail ne seront jamais sacrifiés au profit des temps d’information et de détente.
14. Afin de promouvoir le RENOUVEAU INTÉRIEUR DE LA VIE CONTEMPLATIVE CANONIQUE, renouveau s’incarnant en des structures fondées sur l’essentiel du but à atteindre, il importe avant tout de FORMER DES PERSONNES RESPONSABLES capables d’assumer en toute liberté et joie les difficiles exigences de leur projet de vie.
Prescriptions multiples et lois rigoureuses sont à remplacer par un JUSTE ÉQUILIBRE dans les conditions d’existence et une FORMATION profondément INTÉRIEURE des personnes engagées dans cette vie.
[1] Règle de sainte Claire (1253).