La vie religieuse selon les publications récentes
Alfred de Bonhome, s.j., A. Fernández, s.j.
N°1969-3 • Mai 1969
| P. 157-171 |
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I. Présentation [1]
Le renouveau des communautés religieuses suscité par Vatican II se poursuit au milieu de multiples interrogations et contestations, provenant du dedans comme du dehors de l’Église. Aussi, il ne paraît pas inutile d’essayer de dessiner la physionomie de la vie religieuse telle qu’elle se dégage de ce qui a été écrit à son sujet ces dernières années.
Sans avoir pu lire toute cette littérature, et sans prendre position sur les opinions émises, nous analysons brièvement et aussi objectivement que possible les 30 livres et articles qui nous ont semblé les plus importants parmi ceux qui ont paru depuis 1965, année de la clôture de Vatican II, jusqu’en octobre 1968.
À une exception près, nous nous sommes limités à des œuvres publiées en français, au moins en traduction.
Nous avons surtout essayé de dire comment est vue la vie religieuse dans son ensemble, sans beaucoup noter ce qui est dit de ses divers éléments (p. ex., de la chasteté, de la pauvreté et de l’obéissance, de la vie concrète de communauté) et des problèmes particuliers qu’elle fait surgir (p. ex., des problèmes concrets d’aggiornamento).
Nous n’avons tenu compte que des livres et articles où s’exprime une réflexion élaborée sur la vie religieuse. Bien que cela eût été fort instructif, nous n’avons pas dit comment la perçoit le commun des fidèles et d’ailleurs aussi des religieux, ainsi que nous aurions pu le voir en des réponses à diverses enquêtes [2].
II. Les diverses optiques
Tous les auteurs que nous avons lus ont de la vie religieuse cette vision primordiale : elle est, dans le Peuple de Dieu, signe et accomplissement d’un mystère pour l’Église et pour le monde.
Certains sont également attentifs à ces deux pôles : ils voient la vie religieuse comme signe et réalisation maximale du mystère de l’Église et du Royaume eschatologique et aussi bien comme mode d’existence en nécessaire relation avec le monde d’aujourd’hui.
D’autres mettent l’accent sur l’un ou l’autre pôle.
I. La vie religieuse vue comme signe du Mystère du Christ pour le monde d’aujourd’hui
Cette position est formulée par le P. Delplanque, avec un égal souci d’authenticité religieuse et de vérité humaine [3].
Inséparable du mystère de l’Église, qui est, pour le monde, instrument et commencement du Royaume, la vie religieuse est signe adressé à tous les hommes, croyants ou non-croyants : elle manifeste au monde, en une nécessaire relation à lui, « la réalisation et l’accomplissement (ailleurs l’auteur dit : le dépassement ; p. 350) de ses valeurs dans le Royaume » (p. 361), en étant signe et école de la charité même du Christ.
Pour qu’elle soit encore ce signe, elle doit, ne cessant d’écouter la Parole de Dieu, se conformer, en sa structure sociale, aux valeurs d’un monde profondément transformé : il faut une obéissance vécue en fonction d’une société démocratique, une pauvreté de participation à la loi du travail et à la condition du salarié modeste, une chasteté au service d’une charité vécue sur la base d’une amitié humaine. L’auteur préconise, pour cette évolution, des « expériences nouvelles de dialogue entre les valeurs évangéliques et les valeurs de la vie dans le monde » (p. 363).
Ces mêmes positions se retrouvent dans l’article très solide et clair de l’abbé Delor, qui les fonde sur le mystère même du salut [4].
Appelée à continuer dans l’Église, pour le monde contemporain, la manifestation que Dieu a faite de lui-même en Jésus-Christ, la vie religieuse doit le faire à la manière même de Dieu, qui s’est révélée dans le mystère de Pâques et de la Pentecôte. Elle doit porter au monde « le témoignage... de la primauté de Dieu et de l’action de Dieu » (p. 387) ; elle ne peut être une puissance de ce monde. Mais Dieu s’est révélé et nous a sauvés par son Fils incarné. Aussi, la vie religieuse doit-elle être authentiquement humaine et historiquement s’adapter. Dieu nous sauvant dans une Église, la vie religieuse doit être communautaire, maintenir ses valeurs institutionnelles et fondamentales tout en réformant continuellement ses modes d’expression selon les appels de l’Évangile et du temps.
Le P. Ranquet écrit dans la même ligne [5]. Tous les chrétiens sont appelés à la pratique des conseils. Mais seuls les religieux ont la vocation d’en faire la norme qui spécifie leur état de vie. Leur consécration est au service de l’être baptismal des chrétiens : elle en pousse « la folle logique d’appartenance à Jésus-Christ » (p. 76). Les religieux rendent ce service en étant un « signe dressé » (l’accent est sur l’être-autre), les laïcs étant un signe immergé (l’accent étant mis sur l’être-avec). Aussi faut-il, dans la vie religieuse, redécouvrir le sérieux de cette terre et respecter la portée humaine actuelle des vœux, sans oublier les crucifiements qu’ils requièrent. L’auteur tient à marquer l’importance de l’activité professionnelle des religieux pour l’accomplissement de leur fonction de signe. Qu’ils soient « très éveillés aux exigences de l’Évangile que la profession même suscite » (p. 118).
En un livre récent, le même auteur montre que la profession des conseils évangéliques, tout en favorisant l’afflux de la vie nouvelle, peut aider à construire l’humain en nous, « l’humain réussi parce que gracié » (p. 15) [6]. À propos de la virginité, il dit qu’elle n’est pas nécessairement un signe immédiatement déchiffrable par les hommes. « Les signes ne sont pas destinés à dissoudre le mystère, mais à y introduire plus profondément » (p. 62). Ainsi ne peut-on « comprendre » la virginité que si l’on admet tout le réalisme de l’amour de Dieu, vainqueur en Jésus-Christ, réalisme dont elle est le signe au service de l’Église.
De façon très nette et très actuelle, le P. Bonnefoy marque comment la vie religieuse apostolique est dans l’Église un mode propre de présence au monde [7]. Son originalité à cet égard se trouve dans la profession publique des conseils évangéliques vécus en communauté. L’auteur montre comme ils rendent les religieux présents au monde en complémentarité avec les laïcs. Les premiers proclament la relativité du monde par rapport au Royaume du Christ ressuscité et la nécessité d’une ouverture à son universelle charité. Les seconds font retentir un nécessaire appel à une présence réaliste aux hommes des religieux eux-mêmes, spécialement par un amour authentiquement humain, le gain de leur vie par le travail, la disponibilité à acquérir la compétence requise.
Manière d’exister humainement dans l’Humanité, la vie religieuse sert cette dernière en étant concrètement attestation eschatologique : par les conseils, elle anticipe dans le temps la mort à laquelle est vouée la temporalité de la vie humaine. Par là elle montre aussi positivement à l’homme sa « radicale et constitutionnelle ouverture » à Dieu et surtout elle lui annonce Jésus-Christ Ressuscité, l’Homme Nouveau filial et fraternel qu’il est appelé à revêtir. Cette vocation transcendante de l’homme, les religieux ont à la manifester humainement, en suivant le Fils de Dieu qui est aussi le « Fils de l’Homme ».
Tout en demandant l’attention au monde, le Chanoine Lochet parle surtout de la vie religieuse comme « signe éclatant du Royaume de Dieu » et se rapproche ainsi de la catégorie suivante [8].
Ce qui commande la rénovation de la vie religieuse, c’est sa fonction de signe du Christ et de l’Évangile, adressé au monde d’aujourd’hui. Ceci postule une mort baptismale au monde, et des ruptures par rapport à lui. Mais elles doivent être celles de l’Évangile authentique, et non des inadaptations et conduire à être au monde d’une nouvelle manière selon l’Esprit en Jésus-Christ, tourné à la fois vers le monde et vers le Père, ceci par la construction positive d’une communauté signe du Royaume. Tout en ayant à se rénover avec l’apport de toute l’Église, seule la vie religieuse est, en dernière analyse, qualifiée pour opérer les discernements nécessaires.
II. La vie religieuse vue comme signe d’une transcendance, d’une rupture par rapport au monde
Telle est nettement l’optique du P. V. Walgrave, dans son très lucide « essai d’autocritique » de l’Ordre Dominicain [9]. Il faut, dit-il, que soit préservée de la « sédentarité » l’Église, « peuple de Dieu en pèlerinage vers le ciel à travers un dialogue continuel avec le monde » (p. 22). Aussi le Christ a-t-il voulu des hommes absorbés par le Règne de Dieu grâce à l’adoption des conseils. Parmi eux, il y a les religieux, qui vivent définitivement dans un état de vie structuré en permanence selon les conseils évangéliques les plus fondamentaux. Ils expriment ainsi de façon singulièrement apte la réponse historique à donner au Christ par l’Église pérégrinant à travers les siècles.
La vie religieuse apostolique a une fonction prophétique : précéder le peuple de Dieu dans l’« historicisation » de l’Évangile éternel à chaque époque, en intégrant ce qui dans les aspirations de celle-ci lui est conforme et en refusant très fermement ce qui en elles est inconciliable avec lui. Notre temps a besoin de religieux contemplatifs, pénétrés de Dieu « jusque dans leur corporéité » (p. 49), pour le rendre sensible aux hommes qui en ont perdu le sens et sont pourtant appelés à le rencontrer au cœur de tout amour.
Dom Bernard Besret s’est plutôt mis à un point de vue pratique [10]. « On ne trouve rien, dit-il, dans la vie d’un moine qui ne soit déjà dans la vie de tout chrétien » [11]. Le moine choisit toutefois le célibat comme signe et instrument efficace d’une nouvelle appartenance à Dieu. Le monachisme est vécu dans une vision du monde selon les valeurs d’intériorité et de contemplation du mystère, valeurs qu’il veut conserver et offrir au monde, par sa façon de vivre l’amour de Dieu et des hommes et la vie humaine. Il est appelé à jouer ce rôle par des communautés qui soient signe ecclésial, des centres actifs de construction du peuple chrétien en étant des germoirs d’intense vie chrétienne. Les communautés monastiques devraient être institutionnalisées avec discrétion, pour assurer à la fois la stabilité et l’épanouissement de chacun selon son propre charisme, notamment les nouvelles communautés qui devraient se créer à côté des anciennes.
Selon le P. de Bovis, la vie religieuse prend des moyens qui, publiquement, témoignent plus visiblement et plus efficacement d’un plus grand amour [12]. Elle emprunte les voies objectivement plus directes qui mènent à la perfection de l’amour et atteste ainsi plus clairement que Dieu est le seul trésor. Elle le fait par son programme ecclésial des vœux perpétuels et de la vie commune, vécue comme signe du Seigneur et de sa puissance ici-bas.
Par son renoncement, la vie religieuse annonce le retour du Christ, événement en comparaison duquel toute valeur est faible. Elle doit être un signe sans cesse réinventé et renouvelé, être un signe plus transparent, mais surtout par l’intérieur ; dans une authentique marche à la suite du Christ, elle doit se garder de la facilité, par un effort pour aimer comme Dieu lui-même.
Cette nécessaire difficulté de la vie religieuse, nous la trouvons affirmée aussi par Dom Jean Leclercq, avec une netteté peu courante [13] : « Le monachisme affirme vigoureusement le péché ; il est, par lui-même, l’affirmation de cette blessure, avec laquelle on doit toujours compter, face à soi-même et à tout le créé, hommes et choses... Le moine est celui qui proclame, et rappelle à tous, qu’il faut d’abord passer par la porte étroite : renoncer à soi et à tout, chercher le royaume de Dieu, après quoi, notre moi, libéré, nous sera rendu, avec une capacité accrue de consentement à toutes les valeurs réelles » (p. 613). Ceci le monachisme le fait en complémentarité avec les chrétiens engagés dans le monde, qui attestent sa bonté authentique.
Le P. Martelet tient à marquer la discontinuité de la vie religieuse par rapport au monde [14]. « Bâtie publiquement, c’est-à-dire d’une façon socialement manifeste dans des communautés, sur les trois conseils évangéliques, la vie religieuse représente, dans l’Église et par là dans le monde, un type d’existence qu’on peut dire décrochée par rapport aux structures naturelles du monde » (p. 80).
Elle est une « figure socialement instituée de la mort et de la résurrection du Christ » (p. 83). Elle est seule le remède idéal à la tentation des hommes d’oublier l’Unique Nécessaire. Elle « représente une forme d’existence où la liberté s’engage publiquement à vivre du seul amour, requis d’ailleurs de tous. Elle a pour but de rappeler, par acte de libre institution, que le Seigneur est au cœur du chrétien, celui sans qui le chrétien n’est plus rien » (p. 85). Sans rien dévaloriser de la vie d’aucun chrétien ni d’aucun homme, elle témoigne devant le monde du fondement spirituel du monde et du christianisme : l’amour souverain de Dieu.
Le P. Tillard a lumineusement décrit le service ecclésial essentiel de la vie religieuse : elle est épiphanie du mystère même de l’Église [15]. Elle est, pour toute l’Église, révélation de son « être mystérique de communion », être qui est déjà le sien et vers la réalisation achevée duquel elle est en marche. Ce rôle signifiant, la vie religieuse le joue par la communauté. Celle-ci veut être la manifestation en acte du don fondamental fait par le Père en Jésus-Christ et en lui seul.
Par un style de vie spécial, la communauté religieuse se propose de rendre plus vivement et continûment perceptible la présence, souvent voilée aux yeux des hommes, du germe, jeté dans le monde par Dieu, de la vraie fraternité, fondée sur l’appartenance à son Fils unique (cf. p. 153-154). Par les vœux qui lui sont propres, elle manifeste que « la communion de fraternité... ne vient fondamentalement que de Dieu en Jésus-Christ » (p. 154). L’auteur le montre à propos de chacun des trois vœux. Bref, par son propre style de vie évangélique, la communauté religieuse révèle que l’Église est une communion, donnée par Dieu dans le seul Jésus-Christ, son Fils.
Le P. Matura voit ce même rôle de signe comme orienté vers l’accomplissement dernier de ce mystère de communion [16] : forme d’existence chrétienne particulière, elle manifeste le type nouveau de relations interpersonnelles qui régnera dans l’humanité définitive. Elle le fait par le célibat, signe de la communauté des ressuscités. Le célibat cherche, en effet, à accomplir, en dépassant la fragilité et la temporalité du lien conjugal, la capacité qu’il y a chez tout homme de rencontrer pleinement et totalement l’autre. Aussi, la vie religieuse est-elle spontanément vécue en communauté. En celle-ci « se réalise la communion des hommes rassemblés, non par un attrait biologique ou pour un intérêt quelconque, mais à cause du Christ, c’est-à-dire pour s’aimer mutuellement comme le Christ les a aimés ».
La vie religieuse manifeste donc « ce qui est au cœur même de la réalité chrétienne et humaine » et en même temps « doit venir : la communion de tous les hommes dans l’amour, avec Dieu, le Christ et entre eux » [17].
Nous voudrions encore mentionner ici deux intéressants articles de Dom Ghislain Lafont, O. S. B. [18]. Sans parler du rôle de signe de la vie religieuse, il en souligne de façon équilibrée le primordial aspect charismatique. Chaque institut religieux a son charisme, incarnation particulière de l’Évangile, inspirée à un « docteur », qui l’a traduite dans une communauté fondée par lui. Règles et institutions ne sont que des traductions librement acceptées de tous du charisme vitalement expérimenté par la communauté ainsi créée. Il en va de même pour les rénovations à accomplir périodiquement. L’autorité de l’Église ne fait qu’insérer l’institut dans l’Église par reconnaissance et confirmation du charisme, de ses expressions concrètes et des supérieurs chargés d’en prendre soin. Il faut que, dans un sain pluralisme juridique, le droit soit et reste l’expression du charisme propre du fondateur, dans la fidélité aux origines.
III. La vie religieuse vue, non seulement comme signe, mais aussi comme réalisation anticipée du Royaume eschatologique
Telle est la manière de voir du P. Régamey, qui, en deux articles vigoureux et tonifiants sur la consécration religieuse, en donne une sorte d’anthropologie mystique [19].
Œuvre de Dieu, leur consécration met les religieux dans un état de radicale appartenance à lui. Elle « fixe le cœur » dans « l’Absolu de l’Amour infini » (p. 398). Elle est un engagement résolu dans les « choses d’en haut », qui s’expérimente comme une mort aux « choses de la terre » (cf. Col 3, 2-3). Elle oblige à un « retournement radical :...sentir, juger, agir selon l’esprit, en vertu du sens intime de Dieu » (p. 399).
À cet état, les religieux ont à vitalement correspondre dans le quotidien. Ils n’ont pas à prendre les moyens matériellement les plus efficaces, mais ceux dont la qualité fait passer en leur vie la consécration de leur être à l’amour infini, la vertu de celui-ci « magnifiant » les moyens mis en œuvre. Ceux-ci doivent notamment favoriser une intégration supérieure de l’être pour l’œuvre de Dieu, assurer l’éveil du cœur en lui.
Dans une Église où beaucoup se mettent au régime des compromissions avec l’esprit du monde, l’état religieux manifeste la vie chrétienne fidèle à l’Évangile qui, normalement, devrait être la vie de tous.
La vie religieuse « doit être une assimilation intime aux mystères divins, afin d’en être en ce monde l’épiphanie » (p. 410 ; dit aussi pp. 403 et 427).
Ces vues, le P. Régamey les a prolongées dans un second article [20]. La vie religieuse est un régime aussi approprié que possible à la vie chrétienne en tant qu’elle n’est pas de ce monde. Dieu appelle à une réalisation effective par certains de la mystique évangélique (charité, béatitudes, conseils) « dans des conditions qu’elle-même se compose » (p. 278), alors que la généralité des fidèles vivent « au régime que leur fait le monde » (p. 353). Étant témoignage pour tous de la « mystique » du Royaume eschatologique, elle l’incarne réellement « d’une façon plus logique, plus intégrale et plus exclusive » (Dom Jean Leclercq, O. S. B., cité p. 279).
Il faut donc aux religieux une orientation de tout l’être vers le Royaume, une initiation à une connaissance supérieure selon l’Esprit. Comportant une emprise réelle de Dieu, leur consécration est rupture ; elle met à part des voies humaines communes et accorde ainsi en profondeur avec l’histoire humaine. Il faut aux religieux d’aujourd’hui, même pour le salut temporel de l’homme, le souci d’une pleine intégration spirituelle, d’un « éveil de tout l’être à la dilection et aux béatitudes » (p. 358).
Le P. Carpentier voit la communauté religieuse comme irréductiblement distincte de la communauté séculière ou laïque, toutes deux étant tributaires de l’unique Peuple de Dieu en marche vers l’au-delà [21]. La communauté religieuse vit selon un programme ecclésial de « vie chrétienne renforcée », poussant au maximum le conditionnement d’une vie d’amour mutuel. « Sortant du siècle », elle inaugure un ordre social public où seule compte et domine la charité, et qui conserve dans l’Église le message de la « vie apostolique », vécue par le Christ avec ses apôtres et par la communauté primitive de Jérusalem. La communauté religieuse « est chargée... de porter un témoignage public à la virginité, à la fraternité des biens, à l’union obéissante des volontés, bref à la communauté future dans le monde d’aujourd’hui » (p. 37). Elle annonce ainsi au monde pécheur les seules conditions de possibilité de l’agapè : elle a par là mission de signifier et de réaliser autant que possible dans le monde présent le Règne social public de Dieu et d’être ainsi anticipation concrète du Royaume eschatologique.
« Ce qu’elle fait en communauté totalement insérée dans l’Église visible, tous les baptisés sont appelés à le faire dans leur vie « séculière », puisque tous sont en marche vers le même peuple de Dieu, auquel tous aspirent » (p. 38).
L’abbé Delespesse a marqué un désaccord, au moins implicite, avec le P. Carpentier [22] : au lieu de former des communautés distinctes, les religieux devraient se renouveler par intégration progressive dans les communautés ordinaires du peuple de Dieu, dont ils seraient membres à part égale et, en même temps, les animateurs et le cœur. La communauté est le signe social du Royaume de Dieu devant les hommes, le signe de l’ordre social ancien et nouveau prêché par le Christ.
À quoi le P. Carpentier a répondu en affirmant à nouveau l’existence de deux communautés [23]. Le sort de la Rédemption du monde se joue assurément dans la communauté laïque. Le service que lui rend la communauté religieuse la fait exister à part, selon un type et un programme différents. Il faut, en effet, un ordre social public dont la loi soit la charité avec toutes ses exigences sociales. Ceci est impossible sans un ordre évangélique renforcé, organisé à part, dans de petites communautés de volontaires, créées par l’Église [24].
Tout en insistant sur la nécessité de l’ouverture au monde et d’adaptations, le P. Galot tient à marquer la relation de la vie religieuse à l’invisible de l’Église [25].
De nature primordialement charismatique, elle montre et réalise éminemment la sainteté du Peuple de Dieu, spécialement le mystère de ses épousailles définitives avec le Christ. Fondée uniquement sur la charité surnaturelle, la vie communautaire des religieux contribue à la réalité profonde de l’Église. C’est dans cet ordre invisible que se produit avant tout l’efficacité charismatique de la vie religieuse.
Parmi ceux qui voient la vie religieuse à la fois comme signe et réalisation du Royaume qu’elle annonce, rangeons enfin les pages de Dom Raphaël Schulte, O. S. B., d’une belle densité théologique, qui font resplendir les richesses de Lumen Gentium [26].
La vie religieuse, dit-il, participe, de façon spécifique et complémentaire, au signe que sont, et Jésus-Christ et l’Église, au titre de communauté des croyants. Elle a la mission ecclésiale propre de représenter, par une profession publique et pour soutenir l’effort de tous, « l’Église sous l’aspect de sa tension à Jésus-Christ et à Dieu, bien plus, sous celui de l’aboutissement eschatologique, qui est demeurer avec Dieu, en Jésus-Christ » (p. 1160).
Cette mission, elle l’accomplit en professant une conformité spécifique au dépouillement de Jésus-Christ, qu’elle représente dans l’Église appelée à y prendre part et l’accomplissant précisément dans la vie des religieux. La virginité, l’obéissance et la pauvreté qu’ils professent sont, pour l’Église, participation à cet anéantissement de Jésus-Christ réparateur, immédiatement uni au Père par son union hypostatique et sa filiation, sans cesse à son écoute et radicalement abandonnée à lui jusque sur la croix, et se faisant pauvre pour nous.
IV. La vie religieuse vue comme actualisation d’une vie nouvelle
Nous avons trouvé cette façon de voir dans l’article très attirant du P. Santaner [27]. La vie religieuse a pour mission d’actualiser le mystère baptismal de sponsalité d’une manière qui mette au mieux en état de réapprendre à aimer. Ceci s’accomplit sans la médiation d’un époux humain, par l’engagement sponsal dans une communauté. Ce qui importe en celle-ci, c’est la qualité de l’être et des relations plus que le faire. Elle doit éduquer à ce niveau de l’être.
V. La vie religieuse vue comme mode d’existence authentiquement humaine, dans une présence au monde et un partage avec lui
Selon la Sœur Guillemin, supérieure générale des Filles de la Charité, qui parle des seules religieuses actives, le lieu de leur vie religieuse, c’est le monde ; par la trame active de leur vie elles sont « de ce monde » [28]. « Comme trame à leur témoignage religieux, elles ont à vivre en techniciennes et en professionnelles chrétiennes dans un monde socialisé » (p. 134), avec d’ailleurs les dangers résultant de la science et de la technique. Aussi faut-il combler le fossé, la différence de vues et de langage qui se sont établis entre la vie religieuse et le monde. Il faut pour cela une participation des religieuses à la vie des gens et des organismes avec lesquels elles collaborent. L’« être » de la religieuse ne s’exprimera en des signes lisibles « que si l’appartenance au monde se révèle hors de doute » (p. 146). Ceci grâce à une attention et une sensibilité aux problèmes humains (logement, efforts de promotion humaine, avenir des enfants, etc.). Une manière d’être profondément humaine est une condition indispensable pour que la « rupture » entraînée par les vœux revête un sens évangélique. Ce qui importe pour les religieuses, ce n’est pas qu’elles aient responsabilité et autorité, c’est qu’elles soient signes de la charité totale qu’elles doivent insérer dans la fonction qu’elles exercent.
Le P. Gaboury, Jésuite canadien, souligne la primordiale importance de relations authentiquement communautaires, dans le respect de toutes les valeurs humaines, si les religieux veulent être signes du Royaume déjà venu parmi nous [29]. Obéissance, pauvreté et célibat sont à base d’amour et d’humble respect de l’autre pour lui-même. L’obéissance consiste en ce que tout le corps communautaire cherche et fait la volonté de Dieu, aidé par le service du supérieur responsable de la décision. La pauvreté doit aller jusqu’au partage aussi universel et aussi total que possible, même avec les laïcs. Il faut ne pas suspecter les affections humaines, dans la vie religieuse, mais y « redonner à l’amour personnel et humain la première valeur » (p. 58).
En un article fort dense, le P. Schillebeeckx proclame une nécessaire restructuration radicale de la vie religieuse en raison du processus de sécularisation contemporain [30]. Le monde est devenu le lieu où l’homme accomplit son projet et où, par suite, il faut chercher Dieu. La foi même en la création du monde par Dieu nous oblige à reconnaître son autonomie et sa mondanité propres. Elle nous dit qu’il n’y a pas de relation immédiate avec Dieu sans la médiation d’une vie dans le monde avec les autres.
Aussi la vie religieuse n’est-elle plus du tout à concevoir comme un choix entre Dieu et l’homme. Les valeurs humaines lui sont une médiation nécessaire. Si elle en sacrifie certaines, c’est seulement comme conséquence d’un choix qui, loin de pouvoir nier l’authenticité de ces valeurs sacrifiées, est consécration positive à un service particulier de Dieu et du monde. Par le célibat, qui est fondamentalement possibilité d’existence humaine et chrétienne, positivement assumé « en vue du Royaume de Dieu », la vie religieuse atteste à tous les hommes la dimension religieuse de leur existence, ce service étant d’ailleurs plus urgent que jamais. Pauvreté et obéissance comportent elles aussi une essentielle relation humaine aux autres.
Pour la restructuration radicale demandée par cette expérience religieuse d’aujourd’hui, il faut particulièrement l’apport des jeunes, plus sensibles à celle-ci, sans exclure l’indispensable expérience religieuse des anciens. L’auteur préconise des expériences en couvents séparés.
S’appuyant sur l’ecclésiologie sous-jacente à Gaudium et Spes et sur le phénomène de la sécularisation, le P. Tihon dit la nécessité pour la vie religieuse de ne pas se mettre en marge de l’ensemble de l’Église et de l’humanité [31]. Est aujourd’hui dépourvu de « signifiance » tout univers « religieux » séparé des tâches humaines communes. La vie religieuse doit être amour effectif des hommes, partage authentique et disponibilité à tous, tout cela vécu par des religieux adultes et responsables. Elle ne peut plus être un monde marginal, clos, artificiel. Les formes de vie doivent être telles que les laïcs puissent aisément y participer (pour la prière, p. ex.). Il faut des communautés à taille humaine, qui puissent être d’authentiques fraternités et où des laïcs puissent être facilement accueillis et se sentir à l’aise. Ceci rendra possible « la contagion de l’option pour le Christ ». L’on ne peut exclure alors une extension à des communautés « mixtes », par l’adjonction de laïcs, même mariés.
III. Brève synthèse
Il ne sera pas inutile de dégager les traits majeurs de la vie religieuse tels que les souligne la littérature de ces quatre dernières années, sans divergence fondamentale, nous paraît-il, mais plutôt sous des aspects divers qui se complètent fort heureusement.
En contraste avec l’optique généralement moralisante de la littérature préconciliaire, les auteurs qui ont écrit depuis Vatican II marquent à l’envi le caractère mystérique de la vie religieuse. N’étant qu’une mise en œuvre particulière de la consécration baptismale, elle est inséparable du mystère du Christ et de l’Église en toutes ses dimensions, y compris son achèvement dans le Royaume à venir. De la totalité de ce mystère, elle est – pour tous les hommes, croyants et non-croyants – signe et même accomplissement anticipé, par la profession d’un mode de vie humaine et chrétienne distinct, en des communautés appropriées.
De ce mode spécial de vie, beaucoup, on l’a vu, tiennent à marquer qu’il « sépare » du monde, des façons communes d’existence, et cela même s’ils tiennent à ce que la vie religieuse soit pleinement humaine. Adoptant les conseils évangéliques, les religieux renoncent à de vraies valeurs humaines, pour professer un type nouveau et définitif d’existence. Très spécialement par la virginité, ils proclament le Dieu d’Amour comme premier, le Christ comme l’unique Nécessaire, comme l’Époux définitif de l’Église entière, appelant tous les croyants et tous les hommes à communier au mystère de son amour pour elle. L’on comprend sans peine que ce service, les religieux l’accomplissent en une vie de communauté et par elle. Les religieux révèlent ainsi à l’humanité le sens dernier de son existence et de ses tâches nobles et nécessaires ; ils révèlent ainsi à l’Église son propre mystère de communion dans le Christ, qu’ils expriment et même réalisent de façon sociale et publique autant qu’il est possible ici-bas. Aussi certains tiennent-ils à marquer que, séparés des modes communs d’existence, les religieux sont d’autant plus profondément présents au monde et à l’histoire des hommes. Tous les auteurs, au surplus, disent la nécessaire adaptation de la vie religieuse au monde postulée par son service ecclésial : pour être un signe lisible du mystère de Dieu et de l’Église, elle doit intégrer les valeurs humaines authentiques, spécialement les valeurs de la fraternité.
Un certain nombre, on a pu le remarquer, tiennent à souligner que la vie religieuse ne peut être signe sans appartenance au monde, sans partage de tâches et de vie avec le commun des hommes. Cette aspiration ne contredit pas la nécessaire « séparation » vigoureusement affirmée par beaucoup. Pour être signe du Royaume de Dieu eschatologique et du Mystère de l’Église, qui sont sans commune mesure avec les réalités du monde, la vie religieuse se « sépare » de celles-ci, en ce sens que, par la profession publique et sociale des conseils, elle adopte des modes d’existence autres que ceux du commun des hommes. Mais, sur le plan des incarnations concrètes, les religieux, pour être ce signe, ont à être présents aux hommes de leur temps. Cette présence peut demander d’eux une vie et un travail avec leurs autres frères humains et même une insertion dans leurs diverses collectivités.
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75-Paris (16)
[1] Ce travail a été rédigé pour des journées d’études organisées, en décembre 1968, par le Centre National belge des Vocations.
[2] Voir, par exemple : Points de vue actuels sur la vie monastique, Montserrat, Abbaye, 1966, 315 p. Sr Marie-Noella, F.d.M., « L’essentiel de la vie religieuse féminine », dans Revue dioc. de Tournai, 1966, 546-558 ; Sr Marie Vianney, « Signes d’incarnation de la vie religieuse aujourd’hui », ibid., 1967, 43-73. Sr Marie-Edmond, aux., « Qu’attendent les jeunes filles de la vie religieuse ? » (pas le fruit d’une enquête à proprement parler), dans Vie Consacrée, 1967, 40-50 ; publié ensuite dans : La communauté relation de personnes (Coll. Bibliothèque d’études psycho-religieuses), Paris-Bruges, Desclée De Brouwer, 1967 (176 p.), p. 13-23. « La vie religieuse et l’opinion. Enquête nationale sur l’émission de télévision “Les femmes aussi” », dans Vocation, 1967, n. 240, 515-597 (comptes rendus par divers auteurs) ; y compris : M. Delabroye, « Pour une lecture pastorale de ces comptes rendus », ibid., 582-597. Sr Sabine Villatte, Les religieuses, comment les voit-on ? (Coll. Renouveau), Gembloux-Paris, Duculot-Lethielleux, 1967, 220 p. – La conclusion : « Écouter... Comprendre... Chercher... », a été publiée dans Vocation, 1967, n. 240, 598-614. Sr Marie-Colette. « Quelques femmes responsables de la mission s’interrogent », dans Parole et Mission, 1968, n. 40, 3-38 ; 80 religieuses répondent à notre enquête, ibid., 39-96. A. Bouchard, C.S.Sp., « Vie apostolique et vie religieuse. Témoignages », dans Spiritus, 1968, n. 33, 75-86.
[3] B. Delplanque, O. P., « La rénovation de la vie religieuse dans l’Église et le monde moderne », dans Supplém. de la Vie Spirit., 1966, n. 78, 339-344.
[4] J.-M. Delor, « La vie religieuse, signe lisible pour le monde d’aujourd’hui », dans Revue diocés. de Tournai, 1966, 382-394.
[5] J.-G. Ranquet, O. P., Consécration baptismale et consécration religieuse (Coll. La religieuse dans la pastorale d’aujourd’hui), Paris, Éd. Fleurus, 1965, 136 p.
[6] J.-G. Ranquet, O. P., Conseils évangéliques et maturité humaine, Desclée De Brouwer, 1968, 202 p.
[7] J. Bonnefoy, A. A., « Présence au monde dans une vie religieuse », dans Vie consacrée, 1967, 353-367.
[8] L. Lochet, « Aux sources du renouveau adapté de la vie religieuse. Sa valeur de signe dans l’Église », dans La Vie Spirit., 117 (1967, 2), 45-67 ; avec une intéressante Note complémentaire : « Exigence évangélique et vocabulaire philosophique », p. 67-70, où l’auteur dit la constante nécessité de purifier sans cesse le langage, par une référence au seul Christ.
[9] V. Walgrave, O. P., Essai d’autocritique d’un Ordre religieux. Les Dominicains en fin de Concile. Bruxelles 4, Éd. du Cep, 40, av. de la Renaissance, 1966, 366 p. Voir surtout pp. 5-30, 45-55, 85-104.
[10] Dom Bernard Besret, S. O. Cist., « Pour un renouveau du monachisme », dans Études, avril 1967, 545-562 ; La vie monastique, dans L’adaptation et la rénovation de la vie religieuse, Décret « Perfectae Caritatis » (Coll. Unam Sanctam, 62), Paris, Éd. du Cerf, 1967, p. 263-295.
[11] Études, avril 1967, p. 554.
[12] A. de Bovis, S. J., « Le sens ecclésial de la vie religieuse », dans La Vie spirit., 114 (1966, 1), 47-68 ; La vie religieuse est-elle essentiellement évangélique ? ibid., 116 (1967, 1), 697-710.
[13] Dom Jean Leclercq, O. S. B., « Le monachisme contesté », dans Nouv. Revue Théol., 1967, 607-618.
[14] G. Martelet, S. J., « Le chapitre VI de “Lumen Gentium” sur les religieux », dans Vocation, 1967, n. 237, 65-86.
[15] J. M. R. Tillard, O. P., « Les grandes lois de la rénovation de la vie religieuse », dans L’adaptation et la rénovation de la vie religieuse. Décret « Perfectae Caritatis » (Coll. Unam Sanctam, 62), Paris, Éd. du Cerf, 1967 (594 p.), 77-158, surtout 153-156.
[16] Th. Matura, O. F. M., Célibat et communauté, Paris, Éd. du Cerf, 1967, 127 p. ; résumé par l’auteur dans : « La signification du célibat en vue du Royaume », dans Revue diocés. de Tournai, 1967, 446-451.
[17] Citations prises dans Revue diocés. de Tournai, 1967, 450-451.
[18] Dom Ghislain Lafont, O. S. B., « L’Esprit Saint et le droit dans l’institution religieuse », dans Supplém. de La Vie Spirit., 1967. n. 82, 473-501 ; « L’institution religieuse dans l’institution de l’Église », ibid., 1967, n. 83, 594-639.
[19] P.-R. Régamey, O. P., « La consécration religieuse aujourd’hui contestée », dans Supplém. de La Vie spirit., 1965, n. 75, 385-427.
[20] P.-R. Régamey, O. P., « La consécration religieuse », dans Vie consacrée, 1966. 266-294, 339-359.
[21] R. Carpentier, S. J., « Les communautés religieuses dans le peuple de Dieu », dans Courrier communautaire international, 1966, n. 6, 29-39.
[22] M. Delespesse, « L’appel des communautés chrétiennes aux religieux et religieuses », ibid., 1967, n. 4, 7-10 ; « Religieux et religieuses dans une Église communautaire », ibid., 1967, n. 7, 27-30.
[23] R. Carpentier, S. J., « À propos des communautés religieuses », ibid., 1967, n. 10, 35-40.
[24] Dom Bernard Besret, O. Cist., voit chez le P. Carpentier et l’Abbé Delespesse une différence de points de vue : le premier affirme une séparation d’ordre théologique, le second demande une insertion d’ordre sociologique (« Note sur la vie religieuse et son insertion dans la communauté ecclésiale », ibid., 1968, n. 2, 13-17).
[25] J. Galot, S. J., Porteurs du souffle de l’Esprit. Nouvelle optique de la vie consacrée (Coll. Renouveau), Gembloux-Paris, Duculot-Lethielleux, 1967, 158 p.
[26] Dom Raphaël Schulte, O. S. B., « La vie religieuse comme signe », dans L’Église de Vatican II. Études autour de la Constitution conciliaire sur l’Église, t. III (Coll. Unam Sanctam, 51 c), Paris, Éd. du Cerf, 1966 (733 p.), 1139-1172.
[27] A.-M. Santaner, O. F. M. Cap., « Vie religieuse et vie de communauté », dans La Vie spirit., 115 (1966, II), 154-167.
[28] Sr S. Guillemin, « La religieuse contemporaine », dans Perspectives apostoliques, 1966, 130-152 (conférence aux évêques d’Afrique francophone) ; texte à peu près identique à : Problèmes de la vie religieuse féminine active, dans Vocation, 1965, n. 231, 354-372.
[29] P. L. Gaboury, S. J., Devenir religieux (Coll. Essais pour notre temps, Section théologie, 2), Bruges-Paris, Desclée De Brouwer, 1967, 120 p.
[30] E. Schillebeeckx, O. P., « Het Nieuwe Mens-en Godsbeeld in conflict met het religieuze leven » (La nouvelle image de l’homme et de Dieu en conflit avec la vie religieuse), dans Tijdschrift voor Theologie, 1967, 1-27 (résumé anglais p. 27). On trouvera bien formulées dans les premières pages les idées de base de la sécularisation (p. 3-7).
[31] P. Tihon, S. J., « Religieuses et laïcs », dans Courrier communautaire international, 1968, n. 1, 31-35. Du même, mais non mis dans le commerce : « La vocation du religieux non-prêtre dans un monde en évolution après Vatican II », dans La vocation du Frère dans le monde post-conciliaire. Bulletin spécial de Pro Mundi Vita, Bruxelles 3, 6, rue de la Limite, 1967, p. 12-18. L’auteur y dit notamment la nécessité pour la vie religieuse d’« être avec » le monde, d’être vécue en vraies communautés (de 6 à 12 membres) engagées dans les tâches communes de la société, si elle veut attester la transcendance de la grâce.