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La profession religieuse

Annibale Bugnini, c.m.

N°1969-3 Mai 1969

| P. 172-173 |

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Le rite de la consécration à Dieu dans la vie religieuse avait, jusqu’à présent, été établi par des rituels particuliers, approuvés par la Sacrée Congrégation des Rites. Les livres liturgiques ne contiennent que le rite solennel de la consécration et de la bénédiction des vierges, accompli par l’Évêque, et en usage pour quelques membres d’Ordres monastiques féminins. Les autres instituts religieux d’hommes et de femmes... ont des rites qui, souvent, s’inspirent d’une conception de la vie religieuse maintenant dépassée, et mettent l’accent sur des éléments extérieurs et spectaculaires : détachement du monde, abandon de la vie et de l’habit séculiers, etc [1].

En outre, on donne généralement plus de relief à la prise d’habit qu’à la profession, réduite presque exclusivement à un acte juridique n’ayant que peu ou pas de référence à la valeur théologique de la vie religieuse. L’habit est le signe extérieur de l’acte de donation à Dieu. Les deux choses : le signe et l’acte, devraient donc être synchronisées. Par conséquent, il est conseillé, contrairement à ce qui se fait habituellement, de ne pas donner l’habit religieux au début du noviciat, mais au jour de la profession. Le noviciat est un temps d’expérience, tandis que l’habit religieux est le signe d’une décision déjà prise, d’un état. Il devrait donc être remis simplement, en privé, sans chorégraphie, pour mettre en valeur l’acte de la profession.

La Constitution sur la Liturgie prescrit que le rite de la consécration des vierges, contenu dans le pontifical romain, soit révisé et que l’on en prépare un nouveau, à insérer dans le rituel romain. Ce devra être un schéma fondamental, aux lignes sobres et dignes, où chaque institut puisse insérer quelques éléments caractéristiques. Ainsi, l’unité et la variété seront sauvegardées. Dans cet esprit, le Concile demande que ce rite soit structuré de manière à être accompli durant la Messe, et qu’il soit adopté par les Familles religieuses qui n’ont pas de traditions particulières méritant d’être conservées.

Pour ce travail, un groupe d’étude a été constitué auprès du « Consilium ». Deux consulteurs de la Sacrée Congrégation des Religieux, évidemment intéressée en la matière, en font partie. Après deux ans de travail, le Père Ignace Calabuig, O. S. M., Secrétaire du groupe, a présenté aux Pères du « Consilium » le schéma complet des rites pour la profession religieuse. Ce schéma comprend deux parties distinctes : une pour les hommes, l’autre pour les femmes. La structure fondamentale est identique, sauf quelques nuances dans certains rites et certains textes, selon la psychologie des uns et des autres.

Trois cas ont été considérés : profession temporaire, profession perpétuelle, rénovation des vœux ; toutes se font pendant la Messe. Le schéma porte en appendice des formulaires de Messes de Profession, avec diverses Leçons scripturaires, et différentes formules de Prière des Fidèles.

Pour les religieuses, il y a une section spéciale dans laquelle est décrit le rite révisé de la Consécration des vierges.

Dans le choix parmi les traditions en vigueur, on a opté pour la norme suivie dans les sacrements, en insérant le rite entre l’homélie et l’offertoire.

Le rite comprend six parties fondamentales : l’appel ou présentation du candidat ; l’allocution du célébrant et l’interrogation sur la volonté d’embrasser la vie religieuse ; l’invocation à Dieu, à la Vierge et aux Saints ; la formule de profession ; la bénédiction du prêtre, qui invoque par une prière spéciale les dons du Saint-Esprit sur le nouveau profès ; enfin la remise de la Règle ou des autres insignes caractéristiques de l’Institut.

Les cérémonies sont les mêmes pour la profession temporaire et la profession perpétuelle, mais avec quelques variantes. Le signe liturgique est différent dans les deux cas : par la profession perpétuelle, le sujet se lie pour toujours devant Dieu, devant l’Église, devant sa Communauté. C’est donc à la profession perpétuelle que l’on a donné le plus de solennité.

La nouveauté des rites consiste dans l’ordonnance de ses parties, ordonnance conforme au style des grandes bénédictions de la liturgie romaine, et surtout dans la richesse et la variété des textes.

Le nouveau rite a été inauguré au Congrès Eucharistique International de Bogota, avec la participation de quatre cents religieuses réunies dans la cathédrale, pendant la Messe célébrée par le Cardinal Antoniutti, Préfet de la Congrégation des Religieux. La satisfaction a été générale. De nombreux Supérieurs et Supérieures qui l’ont examiné depuis ont exprimé la même satisfaction. Leurs observations jointes à celles des Pères du « Consilium » aideront à le perfectionner encore ultérieurement.

[1N. D. L. R. : Nous croyons rendre service en reproduisant, avec l’aimable autorisation de l’auteur, ce passage de son article « La XI Sessione plenaria del “Consilium” », paru dans L’Osservatore Romano des 21-22 octobre 1968, p. 2. C’est en effet, jusqu’à présent, le seul document parvenu à notre connaissance sur le projet romain de refonte et d’unification des rites de profession.

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