Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Expériences communautaires et apostoliques

Vies Consacrées

N°1969-1 Janvier 1969

| P. 49-58 |

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I. Les Exercices de trente jours vécus par quinze religieuses dans le cadre d’un « troisième an »

Le premier octobre nous réunit à Wépion dans une propriété verdoyante mise aimablement à notre disposition par les Sœurs de la Providence de Champion.

Les jours suivants, nous apprenons à goûter et à prier les Psaumes.

À mesure qu’approche la date de la retraite, croît la peur de l’inconnu. Elle se trahit dans nos rencontres, et au cours des repas pris très fraternellement avec le Père qui devait être l’animateur spirituel du troisième an.

Les sept et huit octobre, nous posons toutes nos questions : Pourrons-nous garder ce long silence ? Le courrier sera-t-il distribué ? Continuerons-nous à échanger notre expérience en groupes ? Et bien d’autres choses de ce genre. Entre-temps, le père avait commencé à nous rencontrer individuellement. À notre demande, il précise son rôle : nous comprenons qu’il sera là avec nous et pour nous, respectueux du travail de l’Esprit en chacune.

Pour mieux nous disposer à entrer dans les Exercices, l’horaire d’une journée est établi de commun accord : choix des meilleurs moments pour la prière personnelle, la Célébration eucharistique, les visites régulières chez le père, le chant de l’Office (Laudes et Vêpres) ; un temps suffisant pour le repos, la détente, la répétition de chants, l’entretien de la maison avec ses petits services indispensables.

Cette avant-retraite favorisa un véritable climat d’amitié et de confiance, une réelle prise en charge réciproque.

*

Neuf octobre, détente. Le soir, l’Eucharistie inaugure notre grande expérience religieuse.

Le lendemain, la première méditation invite d’emblée à la gratuité, à la démission de soi, à la réceptivité intérieure. Le Seigneur a quelque chose à nous dire, à nous communiquer personnellement. L’attente sera l’attitude de base qui lui permettra de nous acheminer vers Lui, de nous conduire là où il voudra.

Plus attentives à cette présence de Dieu, nous l’adorons dans sa création et dans son mystère trinitaire. Nous nous laissons regarder par ce Père qui vient au-devant de nous, nous « prier » d’entrer dans sa maison, notre maison.

Pendant sept jours, nous confessons ses merveilles. Et c’est ainsi que nous recevons la connaissance de notre péché : ne pas croire en la Bonté de Dieu, nous refuser à sa prévenance, nous cabrer, ne pas nous aimer en frères, vivre à notre petite mesure alors qu’il nous veut ses enfants.

L’absolution, une invention de son amour, nous replonge dans notre baptême...

Sous forme d’action de grâces, pendant une vingtaine de minutes, nous échangeons par groupe notre découverte. Par cette prière, nous nous balbutions les unes aux autres la joie de nos cœurs renouvelés.

Le dix-sept, au petit déjeuner, le silence est levé. Puis, vient la longue marche vers Maredsous. Toutes, les unes dans l’exubérance, les autres plus discrètement, nous louons le Seigneur pour tant de bienfaits. Cette semaine, appelée parfois « purgative », avait réchauffé tous les cœurs.

*

Deuxième étape : un choix vrai et total s’impose. Cette responsabilité est présentée avec doigté, douceur même, mais on ne peut y échapper.

Une fois déposée en germe l’interpellation divine, une fois jetée la préoccupation du plan de Dieu sur nous, nous contemplons Notre-Dame et l’Incarnation. La messe de Noël actualise le mystère du « Dieu-avec-nous ».

Nous regardons Jésus à Nazareth, totalement caché parce que totalement mêlé aux hommes. Nous le voyons au Jourdain descendre dans notre péché et dans notre souffrance, nous le voyons au désert en lutte contre Satan, prendre sur lui toutes nos tentations. Nous le méditons qui appelle ses apôtres.

Surtout, nous le laissons nous redire longuement ses béatitudes : « Bienheureux les pauvres... » Oui, longuement, nous le laissons nous enseigner en silence, et sa Parole, comme à notre insu, nous pénètre, nous transforme, nous identifie à ce qu’elle dit.

Ainsi chacune se laisse à nouveau choisir par le Seigneur, mieux sans doute : se laisse enfin choisir sérieusement par lui.

Dans un premier partage, nous avions regretté notre suffisance, notre indifférence envers les « petits de Dieu », les plus pauvres, les plus démunis, les mal-aimés. Au second partage, nous demandons pardon au Seigneur d’avoir si longtemps éprouvé sa patience, d’avoir tellement tardé à nous livrer à Lui.

Dans la joie de la vocation retrouvée, le vingt-sept, nous partons en car pour Chevetogne, où nous participons à la Liturgie de saint Jean Chrysostome.

*

Au cours de la troisième semaine, notre prière est plus que jamais un long regard sur Jésus, une présence où l’on se donne, où l’on s’unit. Nous laissons consolider en nous ce qui a été commencé, car il faut que cela dure : moins que toute autre, la grande retraite ne peut être un « regonflement ».

Nous adorons cet amour fou de Jésus qui « nous » lave les pieds, qui nous donne son Corps à manger, qui prie pour nous le Père. Nous le suivons pas à pas tout au long de sa passion.

C’est le silence des grands moments.

À table, la musique est superflue, les fleurs sont retirées. Seul, comme décor en ces jours de profond recueillement, le cierge allumé veille à la chapelle la croix qui porte le Seigneur, crucifié par nous et pour nous...

Lors de l’unique échange de cette semaine, s’exprime notre émerveillement, notre confusion devant Celui qui nous livre ainsi jusqu’à la dernière goutte de son sang.

Le trois novembre, nous célébrons sa Victoire sur la mort. Notre joie éclate à la Messe pascale ; nous y renouvelons nos vœux par congrégation.

Il ne reste que quelques jours de retraite, c’eût été dommage de prendre une grande détente. La journée s’écoule dans un silence heureux, aux repas de midi et du soir nous bavardons amicalement.

*

La contemplation des derniers mystères de l’Évangile nous resitue au sein de la vie active. Celle-ci n’avait pas changé, mais nos regards avaient changé.

L’Ascension du Seigneur, son face à face avec le Père, mettait le comble à notre joie et fortifiait notre espérance. L’Esprit de la Pentecôte vivait en nous l’impatience de Jésus d’aller à ses frères : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jean, 20,21). Cette retraite voulue « pour Dieu tout seul » nous avait remises au cœur du monde, mais « autrement »...

Le dernier soir, père et retraitantes réunis chantent ensemble leur Magnificat. Les cœurs sont lourds de trop de choses, et les mots ne viennent pas toujours !

Jeudi huit novembre, départ pour Marche-les-Dames. Accueil du Carmel, longue promenade dans les bois.

Le lendemain prolonge notre action de grâces. Il est pareil à celui d’un jour de grande fête, d’une profession de foi, d’une noce, d’une rencontre unique. Au repas eucharistique, nous prions pour celui qui fut le témoin privilégié des merveilles de Dieu en nous, pour les promoteurs du troisième an, pour nos congrégations, nos communautés, et tous ceux qui sentent notre absence. Enfin, deux réunions nous permettent d’élucider tel ou tel point de la retraite.

*

Ces trente jours peuvent se résumer en quelques mots : « Nous autres, nous avons connu Dieu. »

Nous avions le temps devant nous. Que nous importait la durée de la messe : soixante ou soixante-dix minutes, on ne les comptait pas ; l’homélie était suivie d’un silence, nos intentions formulées goutte à goutte étaient intériorisées, le baiser de paix transmis quand cela était suggéré, une longue action de grâces avant de poursuivre la célébration. Rien ne lassait.

Tout était pensé pour recevoir Dieu : la liberté de prier où l’on voulait, les expositions du Saint Sacrement, les psaumes et les lectures des Laudes et des Vêpres choisis en fonction du thème de la journée, les disques entendus aux repas, la salle à manger garnie de fleurs, les plats toujours soigneusement préparés, les sorties, les répétitions de chants, tout portait à la louange de Dieu.

On s’est servi de tout, sans user, sans abîmer, sans abuser.

Quelques jours plus tard, un après-midi bien sympathique réunissait, avec les organisateurs de ce recyclage, nos supérieures majeures et nos supérieures locales. L’une d’entre nous se fit l’interprète de toutes pour dire notre merci, qui était aussi une pressante demande : que toutes les religieuses puissent, une fois dans leur vie, bénéficier d’une retraite de trente jours dans le cadre d’un troisième an.

Pour l’immédiat, notre expérience se poursuit. Nous continuons à en recevoir la grâce à travers les célébrations liturgiques et les rencontres fraternelles. A travers les cours qui nous sont donnés : études d’exégèse, de théologie, de certains décrets conciliaires. A travers encore nos recherches sur les grands problèmes qui se posent aujourd’hui à l’Église et à la vie religieuse, recherches sous forme de conférences, de travaux en groupes, de mises en commun. Un seul regret : les semaines passent trop vite !

Enfin, pour illustrer les quelques pages qui précèdent, voici deux témoignages plus personnels.

Premier témoignage

« J’ai posé ma main sur elle, je l’ai regardée longuement, je lui ai parlé en cœur à cœur, mon amour l’a acculée à m’écouter, à enfin se taire, et j’ai pu être réponse vivante en elle. » – Ainsi Jésus pourrait résumer son œuvre en moi.

Au départ, ma réticence a quelque peu retardé son heure ! Mais il m’aimait, il respectait donc entièrement ma liberté. Il s’est abaissé jusqu’à mettre ses pas dans les miens, à mon rythme, sans reproche, sans forcer.

Son regard m’interpellait, tantôt avec insistance, tantôt plus discrètement, tantôt même il semblait ne plus rien attendre, mais toujours, à mon insu, à travers toutes mes résistances, toutes mes contestations, mûrissait déjà ce « oui » qu’il dirait lui-même en moi par la suite.

Le Seigneur ne m’a pas donné un cours d’Écriture Sainte pour me permettre d’accueillir sa Parole. Il s’est contenté de revivre, avec moi et pour moi, tout son mystère d’amour.

Me faisant voir, entendre, toucher jusqu’où il avait pu m’aimer, jusqu’à la croix, actualisant même cet amour par plusieurs délicatesses personnelles..., Il m’a amenée à prendre position. Car, en fait, L’avais-je déjà vraiment regardé ? L’avais-je déjà bien écouté ? L’avais-je déjà réellement « choisi », « préféré » à tout ?

C’était trop fort. Je capitulai. Alors, les chaînes dénouées, les barrières repliées, je compris de jour en jour qu’il me fallait abandonner toutes mes prétentions, toutes mes vues étroites, et me laisser descendre dans la pauvreté de ce Jésus qui, de premier qu’il était, se montrait le dernier des derniers.

Il me restait à continuer à le contempler, non plus pour le découvrir – je l’avais trouvé –, mais pour l’aimer, me laisser aimer, pour le laisser confirmer l’engagement repris.

Et voici que mes pas se trouvaient dans les siens...

Sûre de son amour, attendant tout de sa main, je vais prolongeant son regard, interrogateur et vivifiant, là où Il me conduit.

Deuxième témoignage

Depuis longtemps, j’aspirais à quitter quelques mois ma communauté, afin de trouver une réponse à deux questions qui me poursuivaient : « La vie religieuse avait-elle encore un sens ? – Étais-je bien à ma place ? » Tant de choses semblaient remises en question, j’avais besoin de me « re-situer ». Mais comment obtenir cette halte ?

Ma Supérieure générale, qui ignorait cependant tout de mon désir, me propose d’aller trois mois à Wépion. J’accepte. Pourtant mes sentiments sont partagés. À la fois, je regrette de quitter mon cadre habituel et je me réjouis à l’approche de ce recyclage : j’ai tellement besoin de Dieu ! Je veux passer de longues heures devant lui, comme pour suppléer toutes celles que je lui ai volées.

Dans ces sentiments, je commence les Exercices de saint Ignace.

Dès les premiers jours, très souvent au pied du Tabernacle, silencieuse, je me remets sous le regard de Dieu. Je prends le temps de L’aimer, et face à Lui mon âme se déplie, se simplifie. J’expérimente que me remettre devant le Seigneur, c’est redevenir vraie. C’est me laisser mettre à nu par lui, c’est reprendre conscience de mon péché fondamental : vouloir réaliser mon plan personnel et ignorer celui de Dieu. Une nouvelle fois, par ses sacrements, le Seigneur rétablit avec moi son Alliance. Il me remet tout près de Lui (Exode 33,21).

Alors, comme cela se passe entre amis, Jésus m’interroge : « Viens-tu avec moi... ou pars-tu ? Veux-tu retourner dans le monde ?... » Ainsi, il dévoile mes questions secrètes. Son offre, je la calcule, je la soupèse...

Jésus patiente. Mais il laisse son regard sur moi, et ma prière se modifie : « Seigneur, veuille mettre dans ma volonté ce que tu attends de moi. » Plus ma demande se fait suppliante, plus aussi Jésus répond. Imperceptiblement, il fait monter en moi la certitude d’être aimée. Je ne veux plus hésiter. Son amour suffit à motiver ma décision. Il devient l’Élu, je suis à Lui sans résistance.

« Jésus aima les siens jusqu’au bout... » Les grands derniers moments, lus avec le « cœur », renforcent mon attrait pour Lui et me révèlent le Père : « Je les ai aimés comme tu m’as aimé » (Jean 17). Le Seigneur approfondit ma décision de le suivre. Je veux être à l’image du Fils consentement au Père et don total à mes frères.

Le Jésus de l’Évangile, Celui que précédemment j’évitais de nommer par respect humain, était redevenu vivant pour moi. Il était redevenu Quelqu’un, au service duquel j’avais mis toute ma personne.

Au cours de cette expérience religieuse, mon corps s’était libéré. Avec une grande souplesse, il avait épousé, exprimé mes sentiments d’adoration et de supplication. Sans honte et sans forcer, je m’étais assise, prostrée, agenouillée... au gré des moments, des lieux, du degré de fatigue.

Tout me conduisait au Seigneur, mais le prêtre à un titre tout particulier. Comme Jean-Baptiste montrait l’Agneau de Dieu aux disciples, ainsi celui qui donnait la retraite me montrait Jésus, il me disait d’aller à Lui, de me contenter de Lui. Par là s’est estompée mon habituelle tentation de chercher, avec de bonnes raisons, un intermédiaire. Devant le Seigneur, j’ai été sans aucun appui, et le Seigneur s’est communiqué.

En terminant, j’ai envie de crier : Vous, religieuses, prêtres, religieux,... vous qui ne savez plus prier, vous qui êtes découragés, peu heureux là où vous travaillez, aigris peut-être, vous qui doutez même de votre vocation, arrêtez-vous, remettez-vous durant un mois dans les meilleures conditions pour retrouver le Seigneur.

Sœur Pierre-Marie, c.s.v.
72, rue Chevaufosse
Liège

II. Présence contemplative dans la vie de l’Église [1]

Nous voulons, en tant que paroisse universitaire, faire avec des jeunes, des intellectuels, l’expérience d’une vraie vie en Église.

La situation de fait – population continuellement changeante de jeunes dont l’expérience de la vie est limitée, dont la tendance intellectuelle est critique, scientifique, rationnelle... – pourrait avoir comme conséquence que l’on ne dépasse jamais l’étape des pré-valeurs, des conditions humaines pour pouvoir « être » d’Église ; approfondissement de l’expérience de la vie, recherche de l’engagement social, étude et discussions sur la foi, activités diverses. Ajoutons que le fait de considérer actuellement tout sous l’angle fonctionnel ne facilite pas la tâche. Cette situation de fait empêche souvent le travail en profondeur et c’est ainsi que la prière et l’intériorisation, dont notre vie paroissiale a un urgent besoin, ne trouvent pas spontanément leur place en elle.

Si nous désirons mener une réelle vie d’Église, si nous optons pour une activité paroissiale allant plus en profondeur, il nous faudra avant tout découvrir les valeurs essentielles de cette vie et voir ensuite sous quelles formes cette vie spirituelle, propre à notre paroisse, pourra s’exprimer de façon compréhensible pour nos paroissiens. Il faudra vouloir être une Église dont le style interpelle, invite à l’approfondissement.

Notre paroisse est « active », nos paroissiens ont l’habitude de « travailler » pour elle ; c’est pourquoi il est de première importance d’approfondir cette communauté, de l’enrichir d’un noyau contemplatif.

Un petit groupe personnalisera au milieu de nous les valeurs essentielles de la vie d’Église : la prière, la contemplation, l’abandon confiant à Dieu, la gratuité au service du Seigneur.

Il faut qu’à l’intérieur de notre communauté paroissiale ces valeurs essentielles soient vécues de façon intense et continue afin que la communauté entière puisse en être pénétrée. Il faut au milieu de nous des personnes qui soient le signe de la présence de Dieu vivant, qui soient les témoins des valeurs spirituelles qui nous échappent sans cesse.

C’est là le cœur de notre paroisse, un cœur ne peut être étranger, encore moins être repoussé au loin. La contemplation ne peut être étrangère à l’entièreté de notre paroisse, elle doit être un battement de cœur partout sensible, particulièrement au « centre d’intériorisation ». Il ne suffit donc pas que cet approfondissement spirituel se fasse quelque part dans la paroisse ; il doit atteindre toute la communauté, c’est pourquoi la vie contemplative doit y avoir une expression compréhensible : que la prière y interpelle les fidèles ; elle interpellera à condition d’être l’expression d’une vie, vie qui en elle-même déjà aura parlé.

Ce dont notre paroisse a le plus besoin est un dialogue avec Dieu qui soit une réponse à ce que nous disons de Dieu. Il nous faut des personnes qui nous parlent de Dieu par leur manière de vivre et qui ouvrent notre communauté à l’action du Seigneur qui vit dans son Église.

Le centre doit devenir le signe de l’importance que prennent la prière et l’intériorisation dans notre paroisse tout entière en tant que communauté vivante ; il doit en même temps faire problème et être une invitation constante à l’approfondissement religieux.

Ce lieu est donc bien plus qu’un centre d’approfondissement que possède la paroisse universitaire, il est l’expression de ce que veut être notre communauté d’Église et elle veut l’être si intensément que quelques personnes se rendront entièrement disponibles dans ce but. Ces personnes seront pour toute la Paroisse universitaire, l’invitation constante à l’approfondissement religieux, à la prière, à la réflexion, à ne pas se perdre dans le contingent, à rechercher le Royaume de Dieu, à vivre pour le Royaume.

Ceci n’est réalisable qu’à condition de voir le centre faire partie de la structure même de la paroisse ; il est donc bien plus qu’un service rendu à une Église locale.

Il est plus qu’un groupe de travail chargé de l’étude de tel aspect particulier de notre œuvre. Il doit être un élément déterminant de toute notre spiritualité, de l’esprit, du climat, de l’atmosphère, du sens que nous voulons donner à notre assemblée chrétienne.

Dire que les religieuses de cette assemblée priante façonnent avec nous tel visage de notre Église, signifie qu’elles apportent ce qui leur est propre, c’est un apport autre que celui des « permanents ». C’est par leur style de vie, par leur entière disponibilité qu’elles signifieront à la communauté paroissiale ce qu’est « vivre en priant ».

La réalisation de ce projet exigera sans doute de la réflexion, des rencontres, le partage des expériences, une recherche en commun des formes de vie possible.

  • En tant que communauté, les religieuses formeront à elles seules une équipe spirituelle ayant son propre style de vie, sa forme propre de prière.
  • En même temps elles seront une communauté ouverte, répondant pleinement aux besoins de la paroisse universitaire et à tout ce que celle-ci pourra lui demander comme service.
  • Il importe qu’elles partagent avec les « permanents » le souci de l’orientation fondamentale et des projets de la paroisse (réunions régulières).
  • Les responsables de la paroisse universitaire, les « permanents », les paroissiens, doivent se sentir chez eux au centre, mis en confiance, « concernés », à tel point qu’ils puissent y parler spontanément de leurs problèmes.
  • Il faut que les religieuses soient intégrées dans l’action paroissiale afin qu’elles puissent parler d’expérience aux groupes de recherche en vue de l’approfondissement religieux de la paroisse.
  • L’activité propre des religieuses, l’expérience qu’elles font doit être portée et soutenue par la paroisse universitaire en particulier par l’équipe des « permanents ». Les religieuses sont des « permanentes », mais d’une manière autre, spécifique.

La présence des religieuses au centre dans la serviabilité et la disponibilité sont conditions de réussite. Une vie contemplative à « l’état pur » ne semble pas indiquée. Il faut que leur vie religieuse puisse parler et le langage sera celui de l’accueil, de l’« accompagnement » des personnes et du « soin » du petit château. L’accueil sera le lieu concret de la « rencontre », la disponibilité des sœurs trouvera sa source dans quelque chose de plus profond que la simple cordialité.

Il ne s’agit pas d’un service, ni même de la prière en elle-même ou d’apprendre aux autres à prier ; il s’agit d’une disponibilité qui montre que l’on voudrait donner bien plus encore qu’on ne peut réellement le faire.

[1Ces lignes sont extraites de la lettre par laquelle le Président (laïc) d’une paroisse universitaire invite une Congrégation religieuse à prendre spirituellement en charge le « centre d’intériorisation » acquis par cette paroisse non loin de la ville universitaire. On comprendra que nous ayons supprimé toute précision locale. Nous remercions l’auteur et les destinataires de cette lettre de nous avoir aimablement autorisés à la reproduire.

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