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Tribune libre : La chasteté

Georges Paradis, s.j.

N°1968-6 Novembre 1968

| P. 353-368 |

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Sans se déclarer solidaire de toutes les opinions de l’auteur de l’article ci-dessous, Vie consacrée a pensé que le contenu positif de ces pages susciterait d’utiles réflexions et contribuerait à un heureux approfondissement du sens de la chasteté.

La Chasteté

Que « Vie Consacrée » publie un article sur la chasteté paraîtra sans doute bien normal aux lecteurs de la Revue. Cela va de soi, tout comme il sied d’y consacrer un paragraphe dans toute règle de vie religieuse. Et, penseront certains, enfin un article qui va nous reposer de toutes ces contestations et remises en question que suscitent parmi nous obéissance et pauvreté : comme chacun sait, la chasteté n’a pas besoin d’explication.

En sommes-nous bien sûrs ? Qui de nous n’a pas été séduit – et vaguement troublé – par la célébration de la chasteté conjugale, et ne s’est interrogé sur le sens et la valeur de son vœu de chasteté ? Chasteté consacrée, chasteté conjugale étaient-elles de même nature ? y avait-il un lien, un rapport entre elles ? et, question plus angoissante, notre témoignage de chasteté consacrée offre-t-il au peuple chrétien d’aujourd’hui cette séduction, cet appel du Royaume des cieux que l’Église a de tout temps exigé de ses religieux ? Ces questions ne peuvent rester sans réponse, et cet article n’est qu’un essai de réponse parmi d’autres...

Partant d’une définition de la vertu de chasteté, telle qu’elle s’offre à tout chrétien, nous tenterons d’en dégager et les exigences communes à tous et les manifestations propres aux divers états, mariage, vie religieuse, célibat laïc ou sacerdotal.

La chasteté est une vertu surnaturelle que le Seigneur nous donne pour enfanter des fils de Dieu. Par la chasteté, le chrétien, membre du corps du Christ, est appelé à participer à la croissance de ce corps. Comme nous le verrons, toutes les exigences de la chasteté convergent vers ce but premier.

Qui dit vertu, dit force, dynamisme. Le chrétien est chaste par la puissance de l’Esprit Saint. La chasteté est un dynamisme, elle est le dynamisme de l’amour divin qui nous a été donné en Jésus-Christ. La chasteté est ainsi intérieure à la charité – elle en est la fine fleur – et la perfection de la charité inclut la perfection de la chasteté. S’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime, c’est par la chasteté que s’opère en nous la croissance de la charité, cette invitation à nous donner chaque jour de plus en plus « de tout notre corps, de tout notre cœur, de tout notre esprit, de toute notre âme ». Le dynamisme de la chasteté est tel qu’il libère et décape d’un même mouvement ces forces vives qui ont nom aujourd’hui libido, affectivité, agressivité, pour que la charité du Christ les anime et qu’ainsi la plénitude du Christ habite le chrétien tout entier.

Dans la mesure où la chasteté nous fait croître dans la charité du Christ, dans cette même mesure la chasteté manifeste sa fécondité. Une fécondité tellement étonnante que l’on a peine à croire que la chasteté en soit la cause. Et pourtant, si l’amour humain est seul capable d’enfanter et de mener à l’âge adulte, l’amour divin est seul capable d’enfanter des fils de Dieu. Ce que « ni la chair, ni le sang, ni la volonté des hommes » ne peuvent atteindre, le dynamisme de l’amour divin l’opère dans la chasteté, par la chasteté. Les personnalités chastes – « les cœurs purs » – rendent témoignage à la Lumière et sont révélatrices de l’amour qui habite en leur cœur. En les voyant vivre et agir dans la grâce et la vérité du Christ, les hommes voient la gloire de Dieu et reconnaissent leur Sauveur. C’est ainsi que s’opère la croissance de l’Église.

Telle est la chasteté, telles sont les perspectives dans lesquelles il convient de se situer si l’on veut comprendre en quoi consiste la chasteté. Partant de la définition que nous venons d’en donner, nous allons tenter de confirmer la justesse de notre propos en étudiant ses incidences et ses prolongements.

La chasteté, manifestation de la puissance de l’Esprit Saint

Est-il besoin de rappeler que la chasteté est pour les gens du monde chose irréalisable, qu’elle leur apparaît comme une des composantes des mythes et des contes qui permettent à l’humanité de rêver d’un paradis perdu, d’une innocence originelle.

« Rien n’est impossible à Dieu », affirme l’ange Gabriel à Marie qui vient d’avouer d’un même élan et la pureté de son cœur et la bassesse de sa condition. Quelques mots ont suffi à Marie pour comprendre d’où lui venaient cette simplicité, cette droiture qui l’animaient depuis toujours, et réaliser la grandeur de cette virginité que méprisaient les gens de village scandalisés de voir cette jeune fille pas encore mariée [1].

La chasteté de Marie manifeste le choix privilégié du Seigneur à son égard. En elle se condense tout l’amour du Seigneur pour les pauvres d’Israël. C’est cet amour qui l’a rendue « sainte et irréprochable à ses yeux », Marie, la pauvre de Yahvé par excellence, qui vit dans l’humiliation d’une promesse de mariage non encore réalisée, dans le sentiment d’une impuissance, d’une inutilité radicales, mais aussi dans l’attente de la « consolation d’Israël », dans l’espérance du Sauveur promis à ses pères. La chasteté de Marie est ainsi faite d’une pauvreté fondamentale – elle n’est rien aux yeux du monde – et d’une ouverture exceptionnelle au dessein de Dieu – elle est « pleine de grâce » [2].

La chasteté de Marie est la manifestation éclatante de la puissance de l’Esprit Saint. Dès le premier instant de sa conception, l’Esprit Saint était avec elle : sans savoir à quoi elle était destinée, au fil des années, Marie grandissait dans la foi et l’espérance dans le temps même où l’ombre montait sur son avenir. L’Annonciation révèle à Marie la puissance du Saint-Esprit qui l’a disposée à devenir la mère du Sauveur. Un renversement des valeurs s’opère alors en elle : au cri de détresse et d’humiliation – « Je ne connais pas d’homme ! » – répond le cri de joie du Magnificat – « Il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante ! ». Sa virginité même change de sens : Marie avait gardé la foi sans tenir compte de sa condition de vierge humiliée, désormais sa virginité devient le signe de sa chasteté, de son appartenance totale au Seigneur. Si Marie est la Vierge-Mère, c’est à cause de sa chasteté, de la pureté de son cœur acceptant la bassesse de sa condition, écartant toute plainte, toute demande intéressée, communiant simplement à l’espérance d’Israël.

L’exemple de Notre-Dame est suffisamment éloquent pour nous faire comprendre comment la chasteté manifeste la puissance de l’Esprit Saint. A contrario, nous pourrions prendre l’exemple de la pécheresse et de la Samaritaine. Un regard en passant dans une rue, une conversation au bord d’un puits suffisent au Seigneur pour les mettre dans la vérité de leur condition et creuser en chacune une soif ardente du Dieu vivant. Comme pour Marie, l’accès à la charité passe par la chasteté du cœur, par ce dépouillement qui révèle son néant à la créature et la fait s’ouvrir dans la joie à la plénitude du Christ.

Nous le savons, nous aussi, seul l’Esprit Saint est capable d’opérer en nous ce renversement des valeurs, cette conversion du cœur qui nous fait désirer suivre le Seigneur, quels que soient les détachements et les humiliations qui s’en suivront. Aussi ne faut-il pas s’étonner si la chasteté est pour le non-chrétien un signe de contradiction, le scandale qui le force à s’interroger. On pourrait citer de nombreux cas où les gens ont spontanément déclaré avoir été frappés par la chasteté de chrétiens qui étaient pourtant venus à eux sans penser particulièrement à cette forme de témoignage.

Dans la mesure où le chrétien prend conscience de la puissance de l’Esprit Saint qu’il a reçue au baptême et à la confirmation, dans cette mesure il découvre un appel du Seigneur à la suivre malgré sa faiblesse et sa misère. La chasteté est la conjonction de l’impuissance humaine et de la puissance divine. C’est pourquoi elle est la vertu des pauvres et des petits, de ceux qui ont réalisé qu’ils ne sont rien et ne peuvent rien sans le Seigneur. Qu’un enfant se précipite dans les bras du Seigneur et se consacre à lui tout entier, voilà qui ne doit pas nous étonner. Il ne sait peut-être pas en quoi consiste le célibat ou la virginité, mais il sait l’essentiel qui est que le Seigneur est son berger, sa force. « Si vous ne devenez comme ces petits enfants »...

La chasteté, vertu de croissance dans le Christ

De même que la chasteté de Marie permet à l’Esprit Saint d’opérer l’Incarnation, de même la chasteté de l’Église permet à l’Esprit Saint d’opérer une nouvelle naissance au cœur du baptisé. Cette vie divine qui éclot tel un bourgeon est destinée à grandir et à croître au sein même de notre vie humaine. Le baptisé est appelé à devenir un adulte dans le Christ, une pierre vivante dans l’édifice ecclésial. La croissance du chrétien va ainsi être provoquée par l’Esprit Saint qui habite en lui : c’est l’Esprit qui va le mettre en communion avec l’Église, avec ses frères, avec l’humanité. Dans cette communion spirituelle le néophyte aura à découvrir la place que le Seigneur lui réserve, dans sa vocation ainsi reconnue les exigences d’une spiritualisation progressive de tout son être charnel, de toute sa personnalité.

Le dynamisme de la chasteté consiste précisément à permettre au chrétien de vivre de plus en plus de l’Esprit et dans l’Esprit d’amour qui veut faire de lui un autre Christ, un membre actif de son Corps. On a trop souvent réduit la chasteté à une purification de sens, purification envisagée la plupart du temps de façon négative (ne rien voir, ne rien entendre, ne rien sentir...). Or c’est le propre de la chasteté d’engager tout l’être dans un processus de purification et de spiritualisation qui ne laisse rien de côté. « Da amantem, et sentit quod dico » [3] : pour un chrétien qui se laisse pénétrer par la charité du Christ, cela ne doit pas faire objection.

Purifier notre être, qu’est-ce à dire sinon permettre à l’Esprit Saint d’informer progressivement toutes nos facultés pour devenir un homme « spirituel », un homme où la chair est assumée par l’Esprit, vivifiée par l’Esprit pour devenir corps et sang du Christ. Quand le Seigneur proclame la béatitude des cœurs purs, il ne veut pas dire autre chose. La vision du Seigneur passe par la purification de notre personnalité tout entière – cœur est à prendre au sens sémitique où il est synonyme de personne –. Aussi devons-nous faire porter tous nos efforts sur une conversion de l’intelligence, de la volonté et de la mémoire, en d’autres termes sur une conversion de notre conscience d’autrui et de nous-mêmes. Nous oublions trop souvent que nous n’avons de connaissance réelle de nous-même et des autres que par Jésus-Christ. Comme le dit saint Paul, il faut nous laisser saisir par le Christ dont l’Esprit sera en nous principe d’unification et de communion.

Dans la mesure où le chrétien chaste s’efforce, en s’appuyant sur le dynamisme de l’Esprit qui l’habite, de comprendre, de connaître et d’agir « spirituellement », dans cette mesure s’opère un décapage de sa personnalité : d’égocentrique il devient peu à peu christocentrique ; à force d’écouter la voix de l’Esprit qui sourd au tréfonds de sa conscience, son regard s’épure et se fait plus limpide, son oreille devient plus attentive, plus accueillante aux appels d’autrui. Ses sens se purifient et deviennent ainsi la porte par laquelle il découvre tout un monde qui gémit dans les douleurs de l’enfantement, tout un monde où l’Esprit est au travail. Dès lors, son affectivité, sa sexualité, sa libido, son agressivité, ces forces vives qui s’expriment sans cesse que nous le voulions ou non, trouvent leur sens non pas dans un assouvissement possessif, mais dans la charité oblative du Seigneur qui grandit en lui et l’appelle à participer à son œuvre de rédemption.

Que le Christ vive en moi, qu’il informe et anime de plus en plus ce qui me fait être cet homme ou cette femme avec son histoire et ses complexes, avec ses qualités et ses défauts, tel est l’objet de la chasteté. Il n’est pas de croissance dans le Christ sans un détachement, sans un dépouillement progressif de notre moi égoïste et possessif. Ce moi doit être sacrifié, c’est-à-dire offert pour que toutes ses puissances, décapées au feu de l’amour divin, deviennent la manifestation de la puissance de l’Esprit. La chasteté consacre la mort du moi pour sa résurrection dans la plénitude du Christ.

La chasteté est ainsi une vertu essentiellement positive, un dynamisme spirituel qui nous oriente vers une plénitude d’amour du Seigneur. Aussi est-il juste et logique que des chrétiens veuillent aller au-devant de cette plénitude que le Seigneur leur offre, en lui vouant la chasteté de tout leur être. Aussi est-il normal que des prêtres chargés de consacrer la peine des hommes au corps et au sang du Christ, veuillent par un chaste célibat imiter de plus près le geste du Seigneur.

Par la chasteté, foi, espérance et charité adhèrent progressivement à notre être tout entier. Il s’agit en effet d’être fidèle comme le Seigneur est fidèle, d’une fidélité qui sauve sans rien exiger en retour, il s’agit dans la pauvreté et le dépouillement d’être témoin de la joie et de l’espérance, il s’agit de servir et d’aimer en portant sans peser, en accueillant sans accaparer, en donnant et pardonnant. C’est ainsi que la chasteté structure l’homme intérieur et le fait accéder à la vraie liberté des enfants de Dieu. Les gens du dehors sont souvent frappés de la joie qui illumine le visage des chrétiens au cœur pur : ne nous y trompons pas, il ne s’agit pas d’un épanouissement purement humain, mais bien de l’expression de la plénitude du Christ qui les anime.

Fécondité spirituelle de la chasteté

Nous avons dit dans notre essai de définition de la chasteté qu’elle était une force divine qui nous permettait d’enfanter des fils de Dieu. De fait, si la chasteté nous fait croître dans le Christ au point que notre chair, notre sang, notre vouloir d’homme deviennent peu à peu membres vivants du corps du Christ, pierre vivante s’intégrant dans le plan d’édification de l’Église, nous sommes appelés à participer à la croissance de ce corps.

Cette fécondité spirituelle de la chasteté concerne tout chrétien, marié ou non, et est basée essentiellement sur le sacrifice. De même que l’Église est née de la passion et de la mort du Christ, de même tout homme naît à la vie divine grâce au sacrifice d’un ou des chrétiens en union au sacrifice de notre chef le Christ. Or la chasteté est féconde parce que son dynamisme permet au chrétien de se livrer à la charité du Christ en s’oubliant totalement.

Dans le mariage, « l’union chaste des époux » vise un renouvellement spirituel de l’un par l’autre. La grâce du sacrement greffe l’amour humain sur l’amour divin pour que les époux en portent les fruits. Et les fruits seront d’autant plus savoureux – pour eux et surtout pour les autres – que leur union se traduira chaque jour en délicatesse, en tendresse, en détachement de soi pour l’autre, en sacrifice. Que peut signifier « union chaste » sinon que l’union des corps doit être le signe de l’union des cœurs, et que le dépouillement des corps doit être le signe d’un dépouillement spirituel où l’un se livre à l’autre dans la pauvreté et l’abandon. Les fruits de la chasteté des époux sont conversion, communion et croissance dans le Christ, ils sont aussi renouvellement, transformation des relations de l’un et de l’autre avec le monde qui les entoure.

Par la chasteté l’amour créateur devient rédempteur. On a trop souvent laissé entendre qu’enfanter des fils de Dieu était le résultat quasi automatique de la mise au monde des enfants. C’était oublier que l’enfant, même né de parents chrétiens, doit renaître dans le baptême, et que le mariage chrétien, s’il est un moyen privilégié, n’est pourtant pas l’unique moyen de croissance du corps du Christ. Il est assez remarquable de constater dans le Nouveau Testament une insistance très grande sur l’union des époux et un silence total sur l’enfant fruit de cette union. La raison en est qu’enfanter des fils de Dieu comporte les mêmes exigences de chasteté que ce soit dans le mariage, dans la vie religieuse ou le célibat sacerdotal et laïc. En ce domaine tous les chrétiens sont sur un pied d’égalité.

Pour les époux le témoignage des chrétiens non-mariés est le rappel constant que c’est le Père qui leur envoie son Esprit pour qu’ils croissent dans le Christ, pour que leurs enfants, nourris des fruits de leur chaste union, croissent eux aussi dans le Christ et aient ainsi la révélation de l’Esprit du Père. La chasteté des époux ne consiste pas à faire évoluer leur paternité et leur maternité charnelles en une sorte de paternité spirituelle, mais bien en une fraternité dans le Christ. Le mot surprendra, et pourtant la réalité s’impose à nous qui sommes tous destinés à être dès maintenant les fils adoptifs de Notre Père, les frères de son Fils bien-aimé. Nous connaissons les fruits amers que donne une paternité qui se perpétue ou s’impose plus qu’il ne faut même pour des motifs excellents. « Dieu seul est Père » nous rappelle l’Évangile, et la chasteté des parents est la condition d’une éducation qui conduit les enfants vers le Père. C’est un truisme de dire qu’une éducation est réussie lorsque les enfants sont devenus capables de réaliser à leur tout leur vocation. Dans l’Église, l’éducation est réussie lorsque parents et enfants communient dans un même amour du Père, lorsque les parents savent s’effacer devant la paternité divine, lorsque les enfants savent quitter la maison pour répondre à l’appel du Père : alors parents et enfants se découvrent également fils du même Père.

Tel est le fruit de la chasteté dans le mariage, une chasteté qui engage deux chrétiens à se témoigner mutuellement l’amour du Christ sauveur et à en témoigner dans leurs relations avec les autres, particulièrement avec leurs enfants. Engagement et détachement, don de soi et oubli de soi, douleur et joie de l’enfantement, mort et résurrection, la chasteté se situe à la charnière, elle est le lien de la charité qui unit le cep aux sacrements taillés pour porter du fruit. Que les époux aient des enfants ou n’en aient pas, leur chasteté demeure tout aussi féconde, car, encore une fois, mettre des enfants au monde n’est pas l’unique moyen d’enfanter des fils de Dieu.

Lorsqu’on parle de la fécondité spirituelle de la chasteté à des religieux ou à des prêtres, il est très difficile d’éviter la confusion qui s’établit inconsciemment entre fécondité et paternité, comme si le renoncement à la paternité (ou à la maternité) charnelle incluait automatiquement la possibilité d’une paternité (ou d’une maternité) spirituelle. A mon humble avis, il est permis de se demander si cette paternité spirituelle n’est pas elle aussi « charnelle », non pas parce qu’elle révèle un besoin de compensation affective, mais surtout parce qu’elle est au fond une sublimation de la paternité charnelle – se situant donc dans la même perspective – et dénote une méconnaissance de l’absolu de la paternité divine.

Le Concile a rappelé que l’autorité dans l’Église était non pas paternelle mais christique : les évêques sont les vicaires du Christ, serviteurs des serviteurs, responsables de la communion dans le Christ, de la fraternité des fils adoptifs en Jésus-Christ de Notre Père. Nous avons à peine commencé à entrevoir les conséquences de ce rappel. Encore pourrions-nous commencer par évacuer tout un vocabulaire qui nous maintient dans des perspectives où le Père de Notre Seigneur est assimilé et identifié à d’innombrables pères spirituels. Il serait facile de faire le procès d’un paternalisme et de dénoncer les équivoques et les ambiguïtés suscitées par la paternité spirituelle. Qui ne voit ce qu’il y a de contradictoire dans les termes quand on parle de « paternité sacerdotale » ? Il n’est pas possible de fonder une spiritualité du prêtre sur une telle antinomie. Le prêtre est un autre Christ à la fois par sa fonction ministérielle et par son être de chrétien ; en aucune manière il ne représente le Père ; comme le Christ et en son nom, dans l’Esprit Saint il accomplit les mêmes gestes qui conduisent au Père par l’imitation de son Fils, c’est une tout autre perspective. Que dire d’une paternité spirituelle lorsqu’elle est exercée par des célibataires qui ont voulu précisément consacrer tout leur être au service du Seigneur et à qui l’Église demande d’être les témoins de la fraternité en Jésus-Christ ? L’histoire de l’Église nous montre que les grands mouvements spirituels qui ont traduit une volonté de renouveau sous l’inspiration de l’Esprit Saint, se sont tous manifestés sous le signe de la fraternité de vie évangélique : « frères » et « sœurs » au XIIe siècle, « compagnons » et « compagnes » au XVIe siècle, « petits frères » et « petites sœurs » sous nos propres yeux. Le choix délibéré de ces vocables n’aurait-il donc aucune signification [4] ?

D’aucuns objecteront la maternité de Marie et de l’Église d’où découlerait une maternité spirituelle. C’est oublier que nous ne sommes ni Marie, ni l’Église. La maternité charnelle de Marie trouve son accomplissement en maternité spirituelle aux pieds de la croix où nous nous trouvons aux côtés de saint Jean. La maternité spirituelle de l’Église naît en Marie au Calvaire par la volonté expresse du Christ. Qu’il s’agisse de l’Église ou de Marie – qui en est la figure personnifiée – leur maternité spirituelle nous est révélée par le Christ, non pas pour en tirer argument d’une maternité spirituelle qui nous serait accordée, mais bien pour manifester que notre filiation adoptive voulue par le Père est le fruit de l’union, réalisée dans la mort et la résurrection, du Christ et de l’Église.

Au reste nous ne trouvons pas trace de paternité ou de maternité spirituelle dans le Nouveau Testament. Le Seigneur insiste sur le Père – « mon Père et votre Père » – le Père qui est unique, qui nous aime et pour qui il faut précisément quitter son père, sa mère. Saint Paul et saint Jean qui auraient pu se prévaloir d’une certaine paternité vis-à-vis de ceux qu’ils avaient enfantés dans le Christ, se gardent bien de succomber à cette tentation. Les néophytes sont pour eux des « filioli », c’est-à-dire de tout jeunes fils du Père et non pas leurs petits enfants comme le laisse entendre la traduction française. Tout apôtres qu’ils sont, ils se considèrent eux aussi comme des fils, comme les frères aînés chargés de guider les premiers pas de ces néophytes.

La fécondité spirituelle de la chasteté n’a donc rien à voir avec une prétendue paternité ou maternité spirituelle. Ni sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, ni le Père de Foucauld n’ont eu de telles prétentions : qui refuserait de leur accorder une fécondité spirituelle authentique ? L’expérience montre que cette notion de paternité spirituelle est toujours ambiguë et souvenir stérilisante pour le père comme pour la fille ou le fils spirituels. Le malaise qu’éprouvent les laïcs un peu vigoureux à l’idée d’une paternité spirituelle devrait nous alerter. Le refus assez général de la direction spirituelle semble bien être le signe que cette direction avait souvent une saveur plus paternelle que vraiment fraternelle.

Or la chasteté donne au témoignage cette force qui consiste à n’être que témoin, cette intelligence et cette sagesse spirituelles qui consistent à révéler à l’autre le Christ qui l’habite et à s’effacer peu à peu devant le Christ qui grandit en lui.

« Il faut qu’il croisse et que je disparaisse », tel est le secret de la véritable fécondité spirituelle. Le maître spirituel authentique est comme Jean-Baptiste et tant d’autres au cœur pur : il se contente de montrer l’Agneau de Dieu, de le révéler au passage, et sa joie est de voir ses disciples le quitter pour marcher à la suite du Seigneur. Que la condition de persévérance dans le Christ de ses jeunes frères soit de disparaître dans la souffrance et la mort, le maître acceptera cet enfantement douloureux à l’exemple du Seigneur. L’arrestation et la décapitation de Jean-Baptiste ne furent-elles pas la condition de l’attachement des disciples à Jésus ? Et le Seigneur lui-même ne leur dira-t-il pas : « Il vous est bon que je m’en aille » ? La meilleure preuve de la fécondité spirituelle de la chasteté est encore de s’entendre dire : « Ce n’est plus sur tes dires que nous croyons, nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde » (Jn 4,42). Tel est le dynamisme de la chasteté qu’elle entraîne le chrétien au sacrifice de tout son être, à ce point de non-retour et pour soi et pour l’autre.

Pour des raisons pédagogiques saint Paul rappelle à plusieurs reprises les souffrances qu’il a endurées pour la croissance du corps du Christ. Une fois ou l’autre, il parle d’une « parturition » douloureuse, mais il souligne qu’il s’agit d’un enfantement dans le Christ dont il n’est que le dernier des Apôtres. C’est la puissance de l’Esprit qui permet un tel enfantement et qui fait crier au baptisé nouveau-né dans le Christ : « Abba ! Père ! » – et non pas « Paul ! » ou « Apollos ! ».

La chasteté est féconde parce qu’elle fait du chrétien l’ami de l’Époux et de l’Épouse, l’invité aux noces du Christ et de l’Église. Il n’est ni époux, ni épouse, il n’est pas la Lumière, il est le témoin appelé aux noces pour rendre témoignage à la Lumière, il est le messager poussé par l’Esprit à travers le monde pour diffuser cette invitation aux noces, il est la vierge sage fidèle à la Lumière dans les ténèbres, prête à se lever au moindre appel pour aller à la rencontre de l’Époux et l’accompagner dans la salle du festin.

« Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu »

La chasteté est la charité du Christ pénétrant et animant peu à peu toutes les fibres de notre être. A l’homme charnel se substitue peu à peu l’homme spirituel, l’homme purifié au feu de l’amour divin dont il vit de plus en plus totalement. Ce qui fait sa séduction des personnalités chastes, c’est qu’elles apparaissent – et elles le sont effectivement – comme en marche vers le Royaume, comme ayant déjà accès au Royaume.

La signification eschatologique de la chasteté trouve précisément sa source dans la plénitude de charité qu’elle manifeste. Nous savons avec saint Paul que la charité du Christ ne passe pas. Ce dynamisme de l’amour divin qu’est la chasteté ne passera pas non plus. Bien mieux, par la chasteté les liens de la chair et du sang deviennent liens spirituels : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus d’esclave ni d’homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme : nous sommes tous un dans le Christ Jésus » (Ga 3,28).

Ainsi, dès maintenant, le chrétien est appelé à anticiper le Royaume : par delà les liens charnels qui unissent les époux, il est un lien de charité qui les unit dans le Christ et les invite à devenir tous deux des amis de l’Époux, frère et sœur du Seigneur par la puissance du Saint Esprit. Entendons-nous bien, l’union chaste des époux n’a pas pour fin essentielle de les faire vivre comme frère et sœur selon la chair – ce que le Seigneur ne leur demande pas – mais elle vise à les rendre progressivement frère et sœur selon l’Esprit, anticipant ainsi le Royaume où il n’y a plus ni époux ni épouse. Dans cette démarche vers la perfection évangélique, la sainteté du mariage prend modèle et appui sur la perfection de la chasteté consacrée.

Le chrétien qui consacre tout son être au Seigneur par le vœu de chasteté, renonce à être époux ou épouse, père ou mère, fils ou fille ; le seul lien qu’il accepte est le lien de la charité du Christ qui l’unit à tous les hommes. Il est et désire devenir « le petit frère universel » selon l’expression du Père de Foucauld. Il anticipe le Royaume et s’y oriente en envisageant toute relation avec le monde dans la perspective d’une réunion totale dans le Christ ressuscité. Ce projet d’être par la puissance de l’Esprit en communion avec le Christ dans les hommes, il le réalise en partageant et mettant tout en commun, en ne faisant qu’un cœur et qu’une âme avec les aspirations du peuple qui l’entoure. Il est ainsi le témoin de l’espérance des hommes en une fraternité, il est le témoin de la promesse du Père réalisée en Jésus-Christ et s’accomplissant chaque jour dans la charité. Telle est la fonction prophétique de ces hommes et de ces femmes qui, entendant l’appel du Seigneur à le suivre dans la chasteté consacrée, se sont spontanément constitués en fraternités dans le temps et dans l’éternité.

La portée eschatologique de la chasteté se manifeste également chez les chrétiens qui sont restés célibataires pour un service plus exclusif de l’Église ou de la société. Qu’ils soient prêtres ou laïcs, la vigueur et le sérieux de leur engagement sont le signe de l’Esprit qui habite en leur cœur. Leur chasteté, que d’aucuns auraient tendance à voir en négatif dans la simple abstention de relations charnelles, est à la mesure de leur charité et de leur fidélité dans l’exercice de leur fonction. Faiseurs de ponts entre Dieu et les hommes dans le sacerdoce, créateurs de liens politiques, économiques et sociaux dans le laïcat, ils sont eux aussi les témoins de l’espérance d’une humanité régénérée dans le Christ.

Si la chasteté permet aux chrétiens d’annoncer et d’anticiper le Royaume, c’est parce qu’elle relève du respect dû à Dieu et à toute sa Création. Selon l’Évangile il n’y a pas de plus grande joie pour un cœur pur que de voir Dieu. Or le respect est ce regard d’amour et de joie que Dieu porte sur sa création. L’Évangile nous révèle le regard du Père qui se pose sur son Fils au jour de son baptême par Jean. Toute la vie du Seigneur est un enseignement sur la manière dont nous devons à son exemple et à sa suite regarder tout homme.

L’Esprit nous est donné qui purifie notre regard et nous aide à voir les hommes et le monde du même respect que Dieu leur porte. Il faut un regard simple et neuf pour admirer les merveilles de la nature et louer le Créateur. Il faut un détachement continuel pour découvrir les merveilles que l’Esprit Saint ne cesse d’accomplir et de susciter au cœur des hommes. Il faut un dépouillement de notre moi charnel, une attention constante aux manifestations de l’Esprit pour vivre et agir dans la grâce et la vérité du Christ.

On reconnaît ainsi un cœur pur, une personnalité chaste à la délicatesse et à l’acuité de son regard qui, par delà les apparences, entrevoit l’essentiel, et révèle du même coup la source qui ne tarit jamais. Et ce respect du meilleur d’eux-mêmes porté sur les autres est signe du feu qui brûle et brille au cœur de l’homme chaste. À la lumière du feu de l’amour divin il va vers les hommes, et les hommes à sa lumière voient la gloire de Dieu et reconnaissent le Sauveur qui les regarde et les appelle chacun par leur nom.

Vive flamme d’amour, splendeur de la charité, la chasteté est révélatrice de la beauté des êtres et des hommes, et de l’Époux et de l’Épouse, je veux dire du Christ et de l’Église. C’est dans la chasteté, par la chasteté que l’ami de l’Époux réalise les œuvres bonnes et belles que l’Époux avait disposées pour parer son Épouse. Par la puissance de l’Esprit, l’homme au cœur pur devient capable de voir et d’entendre le Christ présent dans l’Église et le monde, et de participer à son œuvre de salut. Comme le répète saint Jean, il n’y a pas de plus grande joie pour l’ami de l’Époux. Et cette joie éclate comme la lumière au lever du soleil, toutes les ressources de la culture et de la science sont mises à contribution pour manifester aux hommes la beauté et la bonté inépuisables de notre Créateur et Seigneur. Les hommes savent d’instinct qu’il faut un certain état de grâce pour réaliser un chef-d’œuvre qui soit communion dans la beauté, et seuls ceux qui ont le regard suffisamment dépouillé, savent déceler dès sa naissance l’œuvre qui est éternelle, « ktèma eis aei », en qui les hommes d’ici et là, d’aujourd’hui et de demain communient dans un même amour de grâce et de vérité.

La chasteté embellit tout ce qu’elle voit, tout ce qu’elle entend, tout ce qu’elle touche : à son contact tout prend une parure de résurrection et d’éternité. « Voici que je rends toutes choses nouvelles ». À son contact l’homme nouveau se lève dans l’éternelle jeunesse de l’Église et de son céleste Époux, et court de par le monde annoncer la bonne nouvelle : « Venez, le festin est prêt, le Maître vous attend ! ».

Telles sont les perspectives que nous ouvre la chasteté, pour peu que nous fassions l’effort de discernement qui s’impose : perspectives d’union totale au Christ dans la foi, l’espérance et la charité, perspectives d’anticipation et d’annonce du Royaume, perspectives de révélation et de vison des noces de l’Époux et de l’Épouse. On comprend dès lors pourquoi saint Paul et surtout saint Jean, le disciple que Jésus aimait, n’ont pas hésité à engager les chrétiens sur cette voie royale de la chasteté où néant – plénitude, nuit – lumière, mort – résurrection s’unissent en couple contrasté pour manifester la gloire de Dieu.

En ces temps post-conciliaires où l’Église se dépouille des oripeaux que les siècles avaient posés sur elle et découvre dans la joie la robe nuptiale que lui tend son Époux, des hommes de toute race et de toute condition cherchent avec une divine impatience la robe baptismale qui leur donnera accès au banquet. Aux chrétiens d’aujourd’hui d’être les témoins de la lumière, les amis qui aplanissent les sentiers et préparent la venue de l’Époux.

St-Hugues-de-Biviers
38 - Montbonnat (France)

[1Plusieurs raisons ont milité pour l’adoption de cette interprétation que d’aucuns trouveront peut-être nouvelle :la première réside dans les constatations que l’auteur a pu faire au cours d’un séjour prolongé en Algérie où il a retrouvé les situations et les attitudes si souvent décrites dans l’Écriture : mépris de la femme stérile, fiançailles des enfants en bas âge décidées par les familles, surveillance constante de la jeune fille qu’il faut mener intacte au mariage pour assurer la pureté du sang... ;la deuxième raison se réfère aux études des ethnologues et sociologues qui ont travaillé les mœurs et coutumes de la société endogamique installée depuis des millénaires sur tout le pourtour du bassin méditerranéen, et dont le peuple hébreu fait partie. L’ouvrage de vulgarisation de Germaine Tillon, Le Harem et les Cousins, édité au Seuil, donne un aperçu suggestif des manifestations les plus typiques de cette structure endogamique ;enfin l’auteur a trouvé confirmation de cette interprétation dans l’article que L. Legrand, m.e.p., a publié dans la Nouvelle Revue Théologique en Sept.-Oct. 1962 sur « La fécondité virginale selon l’Esprit dans le Nouveau Testament ». Dans les pages 790 à 794 de cet article, le Père Legrand rappelle la similitude de condition entre la stérile et la vierge chez les juifs, et le parti qu’en tire S. Luc en rapprochant, par l’utilisation des mêmes mots, et l’abaissement du Christ (Ph 2,5) et celui de Marie.

[2« En juive authentique, Marie ne considère pas sa virginité comme une qualité, un titre de gloire ou de mérité, mais comme une anéantissement, une forme d’indigence, une condition humiliée... La virginité de Marie est pauvreté, mais pauvreté au sens biblique du mot... » Le Père Legrand poursuit en citant A. Gelin (Les Pauvres de Yahvé, Paris, 1953, p. 153-154) : « cette pauvreté est en sa profondeur dernière... ‘désistement radical’ (Régamey), humilité totale et, en conséquence, confiance éperdue devant Dieu... Elle est foi abandonnée, confiante et joyeuse ; elle est proche de l’humilité, elle se résume en une attitude d’attente religieuse... Elle est silence, disponibilité, vide, appel ». Art. cité, p. 793-794.

[3« Donnez-moi quelqu’un qui aime, il saisit ce que je dis ».

[4L’auteur de ces ligues a nettement conscience d’aller ici à contrecourant d’une tradition spirituelle fortement enracinée dans l’Église, et particulièrement dans les familles religieuses. Cette tradition ne lui paraît pas cependant relever de la Tradition authentique de l’Église. Les historiens de la spiritualité soulignent tous l’influence non négligeable de cet archétype qu’a été et qu’est encore le pater familias romain. Comme plus haut pour la virginité, une étude et une connaissance sérieuses de la société méditerranéenne et de ses structures révéleraient des contaminations dont nous sommes loin d’avoir pris conscience et, par suite, de nous être dégagés. D’autre part, si l’on se place au niveau de la doctrine, on est en droit de se demander si le terme de « théologie » spirituelle est adéquat pour définir la démarche du chrétien vers le Père. En stricte rigueur de termes, il serait peut-être plus exact de parler d’« économie » spirituelle. Si l’économie du salut, telle qu’elle nous est révélée dans l’Esprit Saint par Jésus-Christ, doit nous conduire à la théologie des relations trinitaires – qui donne à cette économie son objet et sa fin –, cette théologie ne nous est cependant accessible que par l’économie de la révélation. « Nul ne va au Père que par moi », nous dit le Christ. Or, parler de paternité spirituelle, c’est se situer peut-être dans la théologie, certainement pas dans l’économie. Est-on bien sûr d’aller et de diriger dans la bonne voie, en sous-estimant ainsi concrètement celui qui s’est affirmé la Voie ? Une exigence de précision de notre vocabulaire spirituel nous éviterait bien des erreurs et nous obligerait peut-être à accorder notre conduite à notre foi. (Sur ce point, on pourra consulter avec profit l’article du Père I. de la Potterie, S.J. : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6), paru dans la Nouvelle Revue Théologique, 1966, p. 907-942).

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