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Expériences communautaires et apostoliques

Nouvelle organisation d’un hôpital en vue du contact personnel des sœurs avec les malades

Vies Consacrées

N°1968-5 Septembre 1968

| P. 299-300 |

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On connaît le problème posé par les hôpitaux : leur développement croissant a amené bien souvent des sœurs à perdre le contact avec les malades. Certaines sœurs ont dû être affectées à des postes de pure administration ; ou encore elles ont été placées à la tête de services, et cette tâche de direction, bien qu’elle puisse leur permettre une grande influence, les empêche parfois d’être suffisamment proches de ceux pour le bien desquels elles se dévouent.

Nous citons ici l’expérience faite depuis plus d’un an dans un hôpital de plusieurs centaines de lits, hôpital général comprenant toutes les possibilités de traitements. Cette expérience, que nous ne décrirons que très brièvement, peut se définir par trois points caractéristiques :

1. À la direction de l’hôpital, auparavant géré uniquement par les sœurs, a été constitué un comité d’administration composé de six laïcs, représentatifs de la région (chef de personnel, ingénieur, secrétaire du Mouvement Ouvrier Chrétien, deux docteurs en droit, directeur commercial), d’un aumônier et de trois religieuses. Ce comité a pour mission de faire connaître les réactions de l’extérieur, de délibérer sur les décisions importantes à prendre, de gérer le budget, tout ceci en accord avec le comité de direction. La gestion journalière, en effet, est confiée à deux religieuses et à deux laïcs (le responsable administratif et le responsable économique).

2. Les laïcs occupent des postes-clés, notamment en ce qui concerne les tâches d’administration et les rapports avec le personnel. Outre les 60 religieuses, il y a 440 laïcs dans le personnel, chiffre où ne sont pas comptés les 50 à 60 médecins qui travaillent à l’hôpital.

On veut éviter aux sœurs de se trouver, même en apparence, à l’égard du personnel laïc, dans la position de « patrons » à l’égard d’employés. Cette position peut être exigée ailleurs par les conditions de l’institution, et elle n’a rien de répréhensible, mais elle comporte des inconvénients. Ici, on veut permettre aux sœurs d’avoir avec le personnel des relations qui correspondent mieux à leur vie consacrée, à la mission de charité et d’animation spirituelle qui leur incombe.

3. Des infirmières laïques sont chefs de service. On a donc voulu, dans cette nouvelle organisation, assurer la possibilité pour les laïcs d’obtenir une promotion dans une institution tenue par les sœurs. Un religieuse est présente dans chaque service : elle a pour rôle d’animer le service, de nouer des contacts avec les malades, en même temps d’ailleurs qu’avec leurs familles, de se tenir proche du personnel, proche des médecins. Le poste subordonné de la religieuse requiert l’humilité ; si la sœur consent à ce rôle plus effacé, moins flatteur pour l’amour-propre, mais dans la ligne de l’Évangile, elle se voit offrir de fort belles possibilités de contact personnel. Des réussites remarquables ont été observées jusqu’à présent.

On notera la différence qui existe entre cette solution du problème et celle qui a parfois été adoptée ailleurs, là où des sœurs ont simplement abandonné un hôpital en renonçant à faire entendre leur voix dans la gestion et en ne voulant prendre qu’un travail d’infirmière au même titre que les infirmières laïques. Cette dernière solution peut présenter ses propres avantages ou s’imposer en raison de certaines circonstances. Mais ici, la communauté des sœurs reste présente à l’hôpital : elle garde la possibilité d’y conserver une ambiance proprement chrétienne, et la nouvelle organisation a justement pour but d’assurer mieux encore cette ambiance, en réservant autant que possible les sœurs à des tâches de contact et d’animation. Un travail d’infirmière assumé par une religieuse dans un hôpital laïque a une valeur de témoignage ; mais son efficacité apostolique risque d’être entravée par une ambiance sur laquelle des efforts isolés, individuels, peuvent difficilement exercer une influence notable. La présence d’une communauté qui imprègne l’hôpital de son esprit contribue à former un véritable milieu chrétien où les malades sont davantage soutenus, réconfortés par la charité du Christ, manifestée de façon plus collective.

L’avenir dira si les heureux résultats acquis jusqu’à présent par la nouvelle organisation se confirment selon l’espérance qu’elle a fait naître.

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