Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Vie consacrée et unité chrétienne

Sister Verena

N°1968-2 Mars 1968

| P. 109-116 |

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N.D.L.R. L’auteur est une religieuse anglicane (Community of the Holy Name), que nous remercions pour sa collaboration. À notre demande, elle a fait référence à Perfectae Caritatis là où sa pensée est plus particulièrement en accord avec celle du décret.

« En même temps, Notre-Seigneur me donna une vue spirituelle de son amour intime... Il me montra un petit objet gros comme une noisette, dans la paume de la main ; il était rond comme une bille. Je le contemplai du regard de mon entendement et de ma pensée : me disant en moi-même : « Qu’est-ce donc cela ? » Et il me fut répondu :

« C’est tout ce qui est créé. » Je m’émerveillai de ce qu’une si petite chose pût subsister car il me semblait qu’elle aurait pu disparaître dans le néant, tant elle était minuscule ; elle aurait pu être soudain réduite à néant à cause de sa petitesse. Et il me fut répondu dans mon entendement : « Elle subsiste et subsistera à jamais parce que Dieu l’aime. » En elle, je vis trois aspects. Le premier : Dieu l’a créée, le second : Dieu l’a aimée, le troisième : Dieu l’a gardée » [1].

Vie et unité sont centrées en Dieu. Dieu est, tel est le fait primordial. « Je suis celui qui suis » (Ex 3,14). « C’est moi l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, ‘Il est, Il était et Il vient’, le Maître-de-tout » (Ap 1,8).

« Au commencement, Dieu » (Gn 1,1).

« Au commencement, le Verbe était » (Jn 1,1).

« Au commencement..., l’Esprit de Dieu » (Gn 1,1-2).

Depuis ce commencement, l’unité de la Sainte Trinité, Dieu fit l’homme à son image. Dieu l’a formé, il a insufflé dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. Les mots ne suffisent pas à exprimer le façonnement de l’homme par Dieu, la parenté de l’homme avec Dieu et l’action de Dieu dans l’histoire de l’humanité. C’est là une action en continuel déroulement, qui échappe au langage de l’espace et du temps, de la naissance et de la croissance, car elle aboutit au Dieu qui est « autre » ; elle s’accomplit dans l’ici et le maintenant, et pourtant au-delà de ceux-ci. L’homme est façonné à cette image dont la plénitude est Jésus-Christ lui-même.

Nous avons touché ici deux points doctrinaux fondamentaux de tout aspect de l’unité chrétienne : le mystère de l’Incarnation, dans lequel le Fils de Dieu, parfaite image du Père, s’est fait homme ; et la doctrine de l’Église du Christ, Peuple de Dieu, dans laquelle tous les hommes, créés à nouveau à l’image du Christ, sont attirés à l’unité au sein de son Corps.

Dans la vie religieuse d’aujourd’hui, il y a un accent renouvelé mis sur les points fondamentaux [2], et surtout sur la doctrine de l’Incarnation et celle de l’Église comme Corps Mystique du Christ, Peuple de Dieu. Une spiritualité christocentrique, une vie attirée à l’amour par Dieu et vouée à la prière et à l’action pour lui seul, doit se baser sur une saine théologie. Prière et doctrine se complètent et se sauvegardent mutuellement. Une pensée juste mène à une prière juste, et vice versa. Et le tout constitue une vie chrétienne qui trouve dans le Christ seul ses racines et sa plénitude. Par cet accent renouvelé, la vie religieuse comme vocation chrétienne particulière a été remise en valeur dans la structure et l’unité de l’Église dans sa totalité. Chaque vocation chrétienne a son propre charisme et sa propre structure et comporte une discipline particulière. Pour le religieux, comme pour tout chrétien, l’appel est celui d’une consécration totale à Dieu. Mais il est vécu explicitement dans l’esprit des conseils évangéliques de charité : pauvreté, chasteté et obéissance. La forme ou la discipline adoptée par cette vie a varié considérablement au cours des siècles ; néanmoins, sa structure essentielle se trouve dans les trois conseils, qu’ils soient explicitement formulés par les trois vœux dans la vie cénobitique ou la solitude, ou qu’ils soient vécus uniquement en esprit. Dans ses formes contemporaines, cette vie consacrée est d’ordinaire une vie commune menée selon une règle, et insérée dans la vie commune de l’ensemble de l’Église ; elle est un organisme vivant, qui croît et se développe. En effet, le Corps du Christ implique une vie commune, une vie de rapport mutuel dans l’unique vie du Christ. Toute vocation chrétienne, y compris la vocation religieuse [3], est appelée à être une part de cette vie, et à être sauvée en elle comme membre d’un unique Corps dont le Christ est la tête.

« Totalité et unité » sont des concepts qui découragent l’individualisme, dans le sens de séparatisme. Elles n’étouffent pas la vie et les traits caractéristiques de l’individu. Bien plutôt elles les développent, mais comme partie intégrée d’un tout bien plus vaste que tout développement unilatéral ou que la contribution de n’importe quelle vocation spécialisée ou de n’importe quel accent religieux particulier. La vie religieuse, telle qu’elle se développe aujourd’hui, est devenue moins une « poursuite de la perfection » qu’une volonté de réaliser plus pleinement une vocation donnée et reçue dans l’amour par la médiation de Jésus-Christ, et de réaliser cela dans le cadre de l’Église tout entière. L’Incarnation est un profond mystère. En Jésus-Christ nous rencontrons Dieu comme homme, objectivement mis en face de nous, nous les hommes. Mais comme chrétiens nous sommes insérés dans le cadre de cette vie du Christ, et là nous trouvons Dieu en nous ; c’est là une réalité qui, prise isolément, est plus subjective, mais qui, prise en son universalité, est la puissance d’intégration qui fait l’union de tout le Peuple de Dieu.

À présent, il y a un notable renouveau de la vie religieuse, à la fois dans ses formes traditionnelles et dans les nouvelles formes qui sont en train de surgir, non seulement dans les traditions catholiques, mais aussi parmi les communautés chrétiennes de l’après-Réforme. C’est comme si l’appel de Dieu à tout quitter pour le suivre, lui seul, de cette manière spécifique était devenu un mouvement unifiant qui franchit tous les obstacles à l’unité, en raison d’une même racine et d’un même but. Ce renouveau a grandi dans un contexte particulier. Il y a aujourd’hui une tendance générale à revenir à l’essentiel, et à voir celui-ci à la lumière de la vie chrétienne contemporaine en son déroulement quotidien [4], à enraciner le christianisme dans le fait de l’Incarnation de Jésus-Christ, et dans ses implications sur le baptême et la vocation chrétienne, et dans le pouvoir unifiant de l’image du Corps du Christ, le Peuple de Dieu. Il y a un renouveau de l’étude des Écritures et la mise de l’Eucharistie au centre du culte : car dans l’Eucharistie [5], le Christ lui-même est donné et reçu dans un acte communautaire de culte, de sacrifice et de partage. Ainsi au milieu des tensions du vingtième siècle, et d’une société désacralisée, la vie menée selon les vœux de pauvreté, chasteté et obéissance, ou leur équivalent moderne [6], s’est redécouverte avec une nouvelle vitalité dans le contexte de l’Église entière. Il y a un sentiment général d’émergence qui ne va pas à l’encontre des traditions de nombreux siècles, mais qui rend la vie religieuse très présente dans le monde tel qu’il est aujourd’hui ; une vie religieuse qui regarde au dehors, ancrée dans le Christ complet, incarné, crucifié, ressuscité et glorifié. Il y a là un sens renouvelé de la communauté, de chaque vocation individuelle comme élément de celle d’un groupe religieux spécifique placé dans la plénitude vivante du Peuple de Dieu. Les vœux de religion ne sont pas seulement la règle de vie d’un individu orientée vers l’union avec Dieu. Mais ils font partie du cadre de la vie de l’Église dans laquelle le Christ est en train de conduire les hommes vers la Rédemption qu’il a déjà accomplie.

Une communauté religieuse est un membre vivant du Corps du Christ et comme telle est soumise aux lois universelles qui gouvernent tout organisme vivant. Vie dit mouvement, croissance, changement et fécondité, traits que, à première vue, l’on ne mettrait pas en rapport avec la vie sous le régime des vœux. Quel est le rôle de ce cadre des trois vœux, s’il n’est pas en premier lieu la poursuite de la perfection personnelle ? Les vœux libèrent un homme pour une vie de consécration totale à Dieu d’une manière particulière. En même temps ils le libèrent en faisant de lui un foyer d’unité au sein de l’Église dans son ensemble et au service de tous les hommes. La vocation chrétienne comporte un sacrifice (rendre sacré) une mort en vue de surgir à une nouvelle vie dans la vie du Christ, en union à son sacrifice qui imprègne le monde entier. Ce sacrifice n’explique pas la racine du mal, de la souffrance et de la douleur, mais il indique la direction à prendre pour les dépasser. Le complet désespoir et la complète nuit de Gethsémani et du Calvaire sont le lieu d’où découlent les eaux vives. C’est sur le Calvaire que nous avons été acceptés tels que nous sommes. Les circonstances ont enserré le Christ dans un étau. Devant une telle souffrance il n’a pas demandé grâce, mais par elle il fut capable de parler et de donner une liberté créatrice. « Et moi, élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jn 12,32). C’est dans ce contexte que les trois vœux prennent leur signification positive et deviennent un lien qui oriente le religieux vers Jésus-Christ et, de ce centre d’unité, vers l’homme. L’amour jaillit de Dieu et retourne à Dieu emportant avec lui toute l’humanité. Il n’y a pas ici de dichotomie entre l’« apostolat » et la vie « intérieure », car l’exclusion de l’homme de l’amour exclut Dieu.

Comment la théologie des trois vœux s’intègre-t-elle dans une réflexion fondamentalement renouvelée sur le sens de l’Incarnation et sur l’Église comme Peuple de Dieu ? Les vœux libèrent le religieux pour une consécration totale à Dieu [7] ; ils le libèrent pour qu’il vive sa vocation, non dans un isolement spirituel, mais au centre de la vie de l’Église [8]. En même temps, les vœux séparent le religieux de certains aspects de la vie quotidienne, de façon à le libérer de toutes manières possibles pour un service direct de Dieu. Le but et l’accent est positif et non négatif. Toute maison religieuse est, dans l’Église, un foyer d’unité en une vie de prière, d’adoration et de culte où le monde entier est rassemblé. Comme chrétiens, nous sommes tous membres les uns des autres. Toute vocation chrétienne complète les autres et reçoit sa force de l’ensemble. Mener une vie de pauvreté, c’est être disponible, plus réceptif aux besoins des autres. La pauvreté modifie l’attitude religieuse d’un homme [9] : il devient plus humble, plus respectueux, plus attentif aux motions de l’Esprit de Dieu. La pauvreté rend l’homme libre pour Dieu seul, et, en cela, elle est en rapport étroit avec la chasteté et l’obéissance. La pauvreté rend l’homme sensible à son ultime dépendance totale à l’égard de Dieu, pas tant par un manque négatif de propriété ou par le sentiment de puissance et d’auto-suffisance que la propriété apporte avec elle, que par une meilleure conscience de l’amour gratuit de Dieu qui donne la vie et la foi. Là où la pauvreté rend l’homme libre pour Dieu seul, elle est complétée par la chasteté, qui exige un cœur non partagé, qui est le centre de l’unité chrétienne sous son aspect humain. Un cœur non partagé est l’explication de la pauvreté religieuse et, en même temps, exige l’obéissance religieuse : une volonté non partagée. Par le vœu de chasteté, l’amour se fait universel [10] et désintéressé. Il voit en premier lieu l’amour et les besoins de tous les hommes comme membres du Christ unique, et, ensuite, ses propres besoins uniquement comme une toile de fond de cet ensemble. Tout amour est naturellement et normalement fécond. En un sens vrai, la chasteté représente un état de la vie ressuscitée. Libérée par la pauvreté et mue par l’obéissance, il y a, dans cette expérience de la vie ressuscitée [11], une expérience complémentaire de la présence immédiate de la Sainte Trinité. D’une certaine façon, l’homme est entraîné dans l’unité qui existe dans la Sainte Trinité elle-même et, de ce centre profond, il se porte vers l’amour de toutes les créatures de Dieu.

La vie de l’homme ne lui appartient pas en propre. Sa mesure est à la mesure de la vie du Christ. La liberté est donnée à l’homme par l’intermédiaire d’un autre, le Christ. Non seulement elle est donnée par l’intermédiaire d’un autre, mais elle est possédée par celui-ci. « Si je vis, ce n’est plus moi, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu » (Gal 2,20). De même la volonté de l’homme, cette part de lui-même qui est essentielle à toutes ses activités humaines les plus hautes, est possédée par ce même Christ, donnée et reçue par ce même Christ, libre et pourtant du Christ. Vouer l’obéissance est libérer la volonté, de telle façon qu’elle croisse et se développe dans la volonté du Christ [12]. Insérer sa volonté dans la volonté du Christ, c’est en venir, par le moyen de son amour, à partager sa puissance, son activité et son initiative créatrice. En substituant le mot « chrétien » au mot « religieux » selon cette signification des vœux, on les met dans le contexte universel de toute vocation chrétienne. Ce ne sont plus alors des vœux explicites, ni des vœux en un sens réel ; mais cette aspiration sous-jacente à rendre l’homme libre pour Dieu, en quelque vocation qu’il vive sa vie, est une aspiration universelle.

Pauvreté, chasteté et obéissance, tel est le cadre libérateur qui attire le religieux vers l’unité de Dieu, en le faisant entrer dans les mystères du Seigneur Incarné et de son Église, le Peuple de Dieu. « Alors que toutes choses étaient plongées en un profond silence et que la nuit était au milieu de sa course rapide, ta Parole Toute-Puissante, ô Seigneur, s’élança du ciel depuis ton trône royal » (Introït du dimanche dans l’octave de la Nativité). Cet élan hors de l’obscurité dans la lumière, qui est tellement mis en évidence dans la pensée de l’Évangile de S. Jean, appelle tous les hommes à leur destinée authentique. Ils ont à devenir, à la lettre, des membres du Christ. Il ne s’agit pas de l’appartenance statique à un corps institutionnel, mais de l’incorporation à une vie, pour être le prolongement et la continuation de la vie du Christ sur la terre. L’homme est racheté dans ce corps, non comme un individu isolé, mais comme un membre d’un tout dont le Christ est la tête et pour l’unité duquel il a prié.

L’unité. Nous ne pouvons la faire, nous la recevons et nous devons y être réceptifs, telle qu’elle nous est donnée chaque jour par la vie du Christ. Par lui nous recevons quelque chose de sa puissance créatrice, une puissance qui guérit, apporte une vie nouvelle, sert de pont entre l’homme et l’homme, apporte l’unité là où l’homme est divisé et déchiré en lui-même par les forces de désagrégation de la vie quotidienne. Partager la puissance créatrice du Christ, c’est expérimenter pour une part l’intense conflit de la vie dominant la mort, la lutte par où il a passé pour réaliser l’unité pour nous et en nous. Dans ce pouvoir créateur unifiant du Christ, nous sommes appelés à la sainteté, pas seulement à une sainteté individuelle et personnelle, mais comme membres de l’Église une sainte, catholique et apostolique. Cette sainteté est l’aboutissement d’un très authentique repentir. Dans le Christ nous devenons une part de son offrande et de son action de grâces dans l’Eucharistie, dans laquelle le conflit de la vie surmontant la mort est ressenti de la façon la plus vive et le scandale d’une chrétienté divisée est poussé à sa dernière limite, car, non seulement nous sommes divisés les uns des autres, mais nous ne pouvons prendre part ensemble au sacrement dans lequel le Christ se donne à nous. Dans le Christ nous devenons porteurs d’esprit, vivifiants et créateurs. Comme son Corps, nos vies, notre prière, nos actions entrent en rapport ici et maintenant avec le concept du Royaume de Dieu et son accomplissement dans le temps. Toutes ces choses sont des aspects d’une vocation chrétienne et plus spécialement d’une vocation religieuse, qui, hautement éprouvée par la discipline des vœux, libère l’homme en vue de l’obéissance à la volonté de Dieu et à son pouvoir unifiant.

La Rédemption se trouve dans le Christ. Une relation est immédiatement établie ici entre le rédempteur et le racheté, de personne à personne. L’action, l’initiative vient de Dieu, et c’est dans son pouvoir que l’homme y répond. Il y a un mouvement en deux sens d’une vie au contact de l’autre, d’une vie transformant et façonnant l’autre jusqu’à ce que celle-ci soit rachetée dans la commune vie de tout le Corps. Ici se trouve la racine de l’unité dans la foi : la foi s’élance pour atteindre Dieu, pour l’atteindre personnellement, mais, en même temps, pour l’atteindre en communauté. Elle tend vers lui parce qu’elle est d’abord attirée par lui. Du même mouvement par lequel Dieu va à l’homme et l’attire à lui, du côté de l’homme, la foi va à Dieu et le rencontre aussi en tous les hommes.

Fondé dans le Christ et, par là, dans la plénitude de son Corps, l’Église, l’homme est racheté, tous les hommes le sont partout ; c’est une rédemption universelle en son sens cosmique et, en même temps, une rédemption individuelle. Tout chrétien est, en un sens bien réel, un « autre Christ ». Chaque rencontre avec un frère humain est, d’une certaine façon, une rencontre avec le Christ et devient ainsi une action unifiante. Baptisé et, par là, inséré dans le Corps du Christ, né à nouveau en lui et marqué du signe de la croix au nom de la Sainte Trinité, tout être humain est remodelé à l’image du Christ. La valeur de la vie humaine est à la mesure de la valeur de la vie du Dieu incarné. Voyons-nous le Christ en tout chrétien que nous rencontrons ? Dieu s’est incarné pour nous donner la vie et pour être reconnu par nous pour ce qu’il est. Elle était vraiment sienne, la vie humaine du Fils de Dieu dans laquelle on peut voir les deux dimensions caractéristiques de toute vie humaine tournée vers Dieu. Il y avait la dimension cachée et retirée que nous vivons de plus en plus profondément : « Car vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu » (Col 3,3) [13] ; cet aspect, nous ne l’épuiserons jamais. Et il y avait la dimension tournée vers tous les hommes, en tous les temps et en toute situation, selon laquelle le Christ a guéri, enseigné et s’est donné jusqu’à la mort. Tels sont les deux aspects de la même vie qui se reflètent dans la vie de tout chrétien : la vie du Christ dans l’homme. Tous les hommes, d’une certaine façon, ont à être attirés dans la vie du Père, par le Fils et, de la profondeur de ce foyer, ils se mettent en branle pour aimer toute la création. Telle fut la prière du Christ dans la nuit où il fut livré : « Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17,21).

Dans ce contexte, la vie religieuse a son rôle spécifique à jouer. De par le sens de sa vocation, elle est un foyer d’unité d’où doit rayonner l’amour de Dieu qui embrasse tous les hommes. Le Christ est l’unité en laquelle tout a son centre et le religieux ne peut impunément substituer au Christ quelque idole que ce soit. Il se trouve en une relation objective de face à face avec Jésus-Christ et ici il n’y a pas place pour des demi-mesures ou la médiocrité, mais seulement pour une unité croissante qui devient un foyer grandissant d’unité partant de Dieu pour atteindre l’homme, et, par là, les hommes. Cette unité est bien présente dans le monde d’aujourd’hui ; elle est ouverte sur le monde et efficace dans la mesure où elle a son centre en Dieu et dans le Verbe fait chair.

Community of the Holy Name
Malvern Link
(Angleterre)

[1Julienne de Norwich, Révélations de l’amour de Dieu, chap. V, première révélation.

[2Cf. Perf. Car., 2.

[3Cf. Perf. Car., 2, c.

[4Cf. Perf. Car., 2, d.

[5Cf. Perf. Car., 6, 2 ; 15, 1.

[6Cf. Perf. Car., 11, 1.

[7Cf. Perf. Car., 1, 2 ; 5, 1 ; Lum. Gent., 44, 1.

[8Cf. Perf. Car., 5, 2.

[9Cf. Perf. Car., 13, 2.

[10Cf. Perf. Car., 12, 1.

[11Cf. Lum. Gent., 44, 2.

[12Cf. Perf. Car., 14, 1-2.

[13Cf. Perf. Car., 6, 1.

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